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jeudi 29 décembre 2016

HAITI, LE CRI DE LA SOCIETE CIVILE : ENJEUX ET NECESSITE D’UNE ENTENTE NATIONALE


HAITI, LE CRI DE LA SOCIETE CIVILE: ENJEUX ET NECESSITE D'UNE ENTENTE NATIONALE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
29 DECEMBRE 2016

A. LE CONTEXTE 

Au moment de la préparation en Juin 2016 de l’événement annuel du Conseil de la Société Civile de la BID en Haïti (CONSOC), il a été demandé à l’Ing. JR JEAN-NOEL de faire une présentation pour le compte de la société civile sous le thème : « LE CRI DE LA SOCIETE CIVILE[1] ». 

Ce cri devrait se baser sur la plupart des petites expériences réussies ayant une influence sur l’eau de boisson et/ou sur l’eau d’irrigation.

Entre temps, le pays (i) a subi les assauts de l’ouragan Matthew (4-5 Octobre 2016) qui a causé des pertes et dommages équivalant à 22% du PIB global[2] et à 7% du PIBA (PIB-Agricole), soit un montant de 25.8 M USD dans le secteur eau et assainissement et de 603.8 M USD dans le secteur agricole, (ii) a organisé le 20 Novembre des « élections acceptables » mais contestées dès le comptage des votes et surtout dès l’annonce, le 28 Novembre 2016, des résultats préliminaires de la présidentielle donnant le candidat du Parti Haïtien Tet Kalé (PHTK), Jovenel Moïse, large vainqueur du scrutin (55.67%),(iii) est rentré dans une crise post-électorale que le Conseil Electoral tente de juguler avec la décision du Bureau Contentieux Electoral National (BCEN) de vérifier de manière aléatoire 12% des procès-verbaux.


Cette situation post-électorale a tendance à occulter les problèmes de développement du pays[3] par rapport à la lutte des clans pour le pouvoir politique. Ce qui m’oblige à déborder le cadre restreint du thème de l’événement, qui d’ailleurs n’a pas jugé bon d’utiliser ce texte, pour tirer des leçons non seulement en relation avec l’eau de boisson et d’irrigation, mais aussi et surtout avec d’autres aspects de développement du pays. D’où cet ajout au titre « Enjeux et nécessité d’une entente nationale».


B. LA VULNERABILITE DU PAYS, UN PROBLEME SERIEUX

Un pays vulnérable à tous les points de vue

Haïti est un pays vulnérable à tous les points de vue, les ressources humaines exposées à des problèmes de santé avec une espérance de vie autour de 60 ans, pas bien éduquées avec une fuite énorme des cerveaux, mal organisées socialement, vivant dans un environnement physique dégradé et insalubre et mal aménagé, dans des infrastructures non normalisées et insuffisantes, avec une économie rachitique malgré des ressources en sous-sol estimées à plus de 100 trillions de USD et gangrénée de corruption, et dans un système politique non adapté organisé autour d’une gouvernance au petit bonheur tant au niveau national, déconcentré et décentralisé (?). En résumé, le capital humain sans soins adéquats, le capital social non organisé, le capital environnemental vulnérable et non aménagé, le capital infrastructurel non normalisé et très insuffisant, le capital économique/financier rachitique et le capital politique galvaudé et prédateur.


C. LES LECONS APPRISES 


C1. LES PETITES LECONS A GENERALISER


L’Agr Carl Mondé a fait une expérience sur la mise en défens des terres autour d’une source, Source Laval à Anse à Veau, soustraites à l’intervention de l’ homme et des animaux, moyennant la mise à disposition de 180000 HTG aux occupants des terres sur une période de 5 ans sous forme de location. Les résultats après 22 mois sont extraordinaires, une augmentation significative du débit de la source, une végétation abondante, des couleuvres, des oiseaux, un vrai écosystème, un modèle. 

« D’un autre côté, Selon Mondé, l’analyse du climat et en particulier de la pluviométrie de la majeure partie du pays montre que la végétation naturelle peut se développer sans intervention de l‘homme sur des périodes relativement courtes (moins de 5 ans). De ce fait, la reconstitution d’une couverture ligneuse compacte peut être réalisée par une simple mise en défens. Il suffit de soustraire des parcelles à l’exploitation de l’homme et des animaux pour que la végétation naturelle se développe. Point n’est besoin alors de mettre en place des programmes complexes de reboisement ou de protection des bassins versants. Cette stratégie de mise en défens peut être appliquée n’importe où mais elle est particulièrement adaptée à des problématiques spécifiques : Protection des sources, des ravines, etc. » 

Le cas de gestion du système d’eau potable de Saint Marc par un groupe Privé qui est une expérience à corriger, à renforcer et à répliquer.

La gestion depuis plus de 20 ans du système d’irrigation de l’Arcahaie (6500 ha) par l’Association d’Irrigants de la Plaine de l’Arcahaie (AIPA), qui a déjoué toute tentative de récupération de l’association à des fins politiques.

La gestion du système de Croix-Fert, Belladère, par le Komité Izaje Sistèm Irigasyon Croix-Fer (KISIC) depuis 1986, soit 30 ans de gestion paysanne sans interférence de l’Etat. A noter que ce système d’irrigation de 250 ha a été réalisé par les paysans avec l’aide d’une ONG, le Comité Haïtien de développement (CHADEV).


C2. LES GRANDES LECONS A UTILISER

1. Gonaïves, un cas d’espèce très intéressant, mais malheureusement partiellement appliqué 

Gonaïves a connu deux inondations majeures en l’espace de 4 ans, 2004 et 2008[4], causant au total 3700 morts. Un plan a été mis en place par des techniciens haïtiens ((Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html ) et appliqué partiellement avec un certain succès. 

Gonaïves se développe différemment au niveau des plateaux et des piedmonts, les maisons sont à étage ; le réseau de drainage est plus dense ; les drains de ceinture sont de plus grande capacité ; la rivière La Quinte a une capacité 10 fois supérieure ; Pont Mapou et Pont Gaudin ont été reconstruits pour favoriser l’écoulement de 1000 m3 d’eau par seconde ; les berges de la rivière La Quinte ont été renforcées, très certainement pas assez, mais elles tiennent jusqu’à présent. Des interventions ont été éparpillées sur les 70000 ha du bassin versant, trop minimes certes, mais réalisées quand même. Le modèle gonaïvien a servi de modèle pour d’autres régions du pays.
 
En effet, la Direction des infrastructures agricoles du ministère de l’agriculture a répliqué partiellement ce modèle sur la Ville de Cabaret, de Jacmel, de Léogane avec un certain succès, car certaines composantes essentielles n’ont pas été prises en compte faute de moyens financiers et de manque de volonté politique (vision et planification). 

2. Le plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH 2010-2030)

C’est un des résultats de l’évaluation conjointe des besoins post-désastres qui, à la demande et sous la direction du Gouvernement de la République d’Haïti, a été conduite du 18 février au 24 mars en Haïti, avec le soutien technique de l’ONU, la BID, la CEPAL, la Banque Mondiale et la Commission Européenne.

Voici la vision telle qu’exprimée par le Premier Ministre d’alors, JM Bellerive, lors du lancement du processus d’élaboration du PDNA (Post desater needs assessment) : « voir Haïti comme un pays émergent d’ici 2030, société de la simplicité, équitable, juste et solidaire, vivant en harmonie avec son environnement, sa culture et une modernité maîtrisée où l’État de droit, la liberté d’association et d’expression et l’aménagement du territoire sont établis, dotée d’une économie moderne, forte, dynamique, compétitive, ouverte et à large base territoriale, où l’ensemble des besoins de base de la population sont satisfaits et gérés par un État unitaire, fort, garant de l’intérêt général, fortement déconcentré et décentralisé. »

Les priorités du Plan d’Action Post Séisme, qui s’articulera autour de vingt (20) chantiers et qui nécessitent 34.50 USD, sont de faire face à l’urgence dans l’immédiat, redémarrer les activités économiques gouvernementales et sociales, réduire la vulnérabilité du pays face aux catastrophes naturelles et relancer Haïti sur la voie du développement.

Plus spécifiquement : (i) Assurer la préparation de la saison cyclonique et des pluies 2010, particulièrement pour les populations déplacées ; (ii) Inscrire systématiquement les aspects environnementaux dans toutes les décisions liées au processus de redressement et de développement ; (iii) Assurer l’intégration de la gestion des risques et des désastres dans toutes les activités de reconstruction pour tous les secteurs ; (iv) Mettre en place une politique active de l’emploi en appuyant les micro-entreprises, en renforçant la formation professionnelle, en intégrant les principes de haute intensité de main d’œuvre (HIMO) et en associant l’entreprenariat haïtien, la main d’œuvre locale ainsi que les communautés ; (v) Placer de façon accrue l’État comme prestataire de services de base déconcentrés et décentralisés, tout en assurant un renforcement substantiel de son autorité auprès des entités non étatiques. A cet égard, amorcer la création d’un filet de protection sociale pour les plus démunis ; (vi) Décongestionner la zone métropolitaine de Port-au-Prince par une politique de déconcentration et de décentralisation en mettant en place des incitations pour la sédentarisation de la population autour de pôles de croissance ; (vii) Continuer d’apporter assistance et soutien à 1.3 million d’haïtiens qui ont tout perdu et à 3 millions de personnes affectées par le désastre, tout en accélérant le processus de relèvement pour éviter une dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure.

Ce plan se décline en deux temps. Soit l’immédiat qui porte sur une période d’une année et qui constitue la période de transition avant que tout le mécanisme de la refondation de l’État ne soit opérationnel. Le second temps s’ouvre sur une perspective temporelle de dix ans, permettant ainsi de tenir compte de trois cycles de programmation des Stratégies Nationales de Croissance et de Réduction de la Pauvreté.
Commentaire : Ce plan n’a été appliqué que partiellement.

3. Cadre programmatique et budgétaire du secteur agricole 2015-2018

Une démarche priorisant des pôles de croissance et de développement

L’idée de soutenir cette nouvelle démarche de priorisation des pôles de croissance vise une mise en valeur des territoires selon leur potentiel à partir de l’approche transversale intégrée de gestion de bassin versant et de l’approche d’intercommunalité. Une mobilisation des actions de l’Etat, de manière complémentaire et synergique, centrée sur ces pôles, devrait avoir le mérite de rationaliser les investissements et de produire un meilleur impact dans les différents segments de production et ceci selon les spécificités de chaque bassin de vie et des différentes zones agro-écologiques et économiques, en encourageant, encore plus et entre autres, l’investissement privé dans le secteur.
Intérêts pour les capitaux privés dans le secteur agricole

L’investissement privé non paysan a significativement augmenté dans le secteur agricole, ce qui traduit l’importance des opportunités offertes par ce secteur et que les autorités du MARNDR n’ont jamais cessé de clamer haut et fort depuis 2012. Le secteur privé (en dehors des petits et moyens exploitants agricoles) apporte une part importante au financement du secteur, notamment dans la fourniture des biens et des services aux nombreux acteurs du secteur impliqués. Ils interviennent également dans certains cas directement dans la production et la transformation. Depuis 2012, de grands efforts ont été consentis pour inciter des investisseurs privés tant nationaux qu’étrangers à profiter des opportunités offertes par le secteur agricole dans le cadre de l’approche PPP (partenariat public privé). Ils visent d’attirer plus de capitaux privés[5] (le gros capital) dans le secteur agricole, particulièrement dans des filières porteuses et spécifiques à certaines zones situées dans les cinq (5) pôles de croissance et de développement tel que schématisé par la figure 1 en tant qu’actions en cours et la perspective d’une meilleure imbrication et d’intégration de ces actions dans le développement durable du pays.

Critères de choix des pôles de croissance

Dans cette perspective, cinq (5) pôles de croissance ont été définis selon des critères précis (voir Fig. 1).

Ce sont des zones (i) dominées par les 5 principaux châteaux d'eau du pays ( 1-Massif du Nord incluant Marmelade, 2- Montagnes Noires, 3- Chaine des Matheux et la chaine du Trou d'eau, 4-Massif de la Selle en passant par les Palmes jusqu'à Miragoâne, et 5- le Massif de la Hotte incluant le Plateau de Rochelois; (ii) constituées des différentes plaines alluviales dominées par ces châteaux d'eau; (iii) disposant de ressources suffisantes en sols, en eaux pour valoriser des investissements importants et permettant la création significative de richesse; (iv) pouvant favoriser l'association des plaines irrigables en vue d'une valorisation intensive et sécuritaire et des zones de montagne à aménager pour assurer une gestion durable et un approvisionnement régulier en eau; et (v) disposant au préalable d'une infrastructure minimale de transport (susceptible d'amélioration et d'extension) permettant l'acheminement des produits des centres de production vers les centres de consommation qui se retrouvent beaucoup plus au niveau des grandes agglomérations urbaines.

Aussi, le Ministère de l’agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) s’évertue-t-il à créer autour de ces pôles une dynamique incluant les opérateurs économiques du secteur privé et une articulation intersectorielle pour livrer des services publics que ce soit en matière de sécurité sanitaire, l’amélioration de la pénétration des zones de production et leur connexion aux marchés.

Figure 1 : Géo localisation des pôles de croissance et leurs potentiels




Concentration des investissements par pôles de croissance

Ce choix se justifie en vue de: (i) éviter la dispersion et le saupoudrage qui ont caractérisé les budgets antérieurs; (ii) maximiser les synergies entre les projets pour améliorer leurs impacts; (iii) réduire les coûts administratifs des projets d'investissement et engager le maximum de ressources pour les investissements directs; et (iv) assurer une meilleure coordination technique et une meilleure valorisation des ressources humaines engagées.

Les investissements du secteur agricole s'articuleront autour de 12 Programmes Phares qui seront exécutés dans les 5 pôles de croissance en même temps, ou dans un, deux et trois pôles en fonction des spécificités des actions constituant ces programmes. En clair, certains programmes s'exécuteront dans plusieurs pôles parallèlement et d'autres seront spécifiques à tel ou tel pôle.
Les actions complémentaires par d'autres ministères dans les pôles

Selon le principe d'articulation des actions et d’intégration au sein de l'Etat pour une meilleure cohérence de l'action gouvernementale, le ministère de l'agriculture, en tant que " locomotive de la croissance" ou un des piliers de la croissance, suggère qu'il y ait une complémentarité des actions au niveau des pôles de croissance. Et à titre d'exemples, prenons le pôle 1:

MTPTC: (i) la réhabilitation des routes : Route Trou du Nord-Ste Suzanne-Dupiti,; Terrier-Rouge- Perches-Valières; Ouanaminthe-Capotille-Montorganisé-Carice; Fort Liberté-Ferrier; (ii) la Construction de la route Carice-Valières- Ste Suzanne; (iii) Energie Renouvelable: l'exploitation du potentiel d'énergie éolienne dans la baie de Fort Liberté; la construction ou la réhabilitation d'un port fonctionnel dans le Nord est pour écouler des produits sur l'extérieur

MDE: (i) La gestion de zones réservées comme le Parc des 3 baies, (ii) la protection de Lagon aux Bœufs, (iii) l'appui à la protection des bassins versants et la gestion des châteaux d'eau, (iv) l'identification de nouvelles zones réservées au niveau des châteaux d'eau. 

MTIC: En matière touristique, (i) la Valorisation de la Baie de Fort Liberté, Ancien fort Anglais, les vestiges des villages indiens, (ii) la valorisation du Palais Sans Souci et de la Citadelle.

MEF/BRH : Cadre macro-économique approprié en faveur de la production nationale, politique tarifaire adéquate, financement assurance agricole.

MCI: Gestion des Parcs, programme d'entreprenariat agricole, politique tarifaire adéquate.

MJSP : Mise en place de la police des sections communales et de la police frontalière au sein de la PNH.

MICT : Implication des collectivités territoriales dans les comités de gestion de bassin versant, des systèmes d’irrigation, d’eau potable, etc.

Ces exemples pourraient se répéter à l'infini et ce travail pourrait se faire pour chaque pôle de croissance. D'où la nécessité de priorisation dans le cadre de ce budget 2015-2018 et la nécessité d'application par la suite du principe de continuité de l'Etat pour ne pas recommencer à chaque fois.
Commentaire : Cette nouvelle démarche plutôt révolutionnaire du ministère de l’agriculture n’a été appréciée que de manière très différenciée par les 3 derniers ministres qui se sont succédé au ministère sur une période d’environ 1 an, en violation du principe de continuité de l’Etat.

En première conclusion, Procéder à la généralisation des cas de réussite 
Il faut aller au-delà de ces cas d’espèces, tenir compte des petites et grandes expériences partiellement réussies liées à la mise en défens, l’exploitation des forêts énergétiques dans certaines zones du pays (Nippes, Sud), la mise en place des retenues collinaires et leur exploitation. Il faudra procéder à la généralisation des cas de réussite au niveau d’une commune, d’un département, d’une région et du pays. D’où la nécessité d’applique le Principe de continuité de l’Etat.

D. LE PRINCIPE DE CONTINUITE DE L’ETAT, UNE NECESSITE

Haïti a produit un certain nombre de documents de réflexions, d’approches, de plans, de stratégies. Toutefois, Haïti n’évolue pas en vase clos, mais dans un contexte régional et mondial. Généralement, les gouvernements haïtiens (GOH) n’appliquent pas le principe de continuité de l’Etat. Quand un GOH succède à un autre, la tendance naturelle c’est de prendre le contrepied de l’action de l’autre ou de s’arranger pour faire ses propres actions en laissant de côté les actions de l’autre. Parfois, même quand le GOH applique le principe de la continuité de l’Etat, il a tendance à modifier les noms des concepts sans modifier le contenu juste pour ne pas donner l’impression de faire comme l’autre. Heureusement, du Gouvernement de transition (Alexandre-Latortue) en passant par les autres Gouvernements qui se sont succédé de 2004 à 2016, il y a eu l’application de certains aspects du principe de la continuité de l’Etat ; par exemple, la mise en application de la plupart des décrets élaborés par le GOH de transition comme le décret sur la réforme de l’Etat ou autres, ou encore la continuation des travaux d’infrastructures d’un GOH à un autre. Par contre, il est regrettable qu’on n’ait pas senti la mise en application stricte du plan d’action pour le relèvement et le développement National d’Haïti (PARDNH 2010-2030). Ce document, s’il était appliqué à la lettre par les divers gouvernements (Bellerive, Conille, Lamothe, Paul et Jean-Charles), aurait aidé à réduire le niveau de vulnérabilité du pays et atténuer les impacts du dernier ouragan, Matthew qui a ravagé notre pays en début d’octobre 2016.

E. LE PLAN DE REPONSE A LA SITUATION ACTUELLE DU PAYS

La démarche à adopter

Le Plan national de réponse devrait englober l’ensemble des plans ou éléments de plans déjà réalisés, couvrir l’ensemble du pays avec accent particulier sur les départements touchés par Matthew , tenir compte des aspects de déconcentration et de décentralisation, et se référer (i) au plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti de 34.50 Mrds USD (PARDH 2010-2030), (ii) au cadre budgétaire du ministère de l’agriculture basé sur les cinq (5) châteaux d’eau du pays dont celui du Grand Sud qui desserve trois départements (Sud, Grand-Anse et Nippes), (iii) aux six (6) capitaux humain, social, environnemental, infrastructurel, économique/financier et institutionnel (gouvernance), (iv) aux objectifs de Développement Durable (ODD), (v) aux divers documents de référence produits sur Haïti et/ou par Haïti, Comité interministériel de de l’aménagement du territoire (CIAT), Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle (GRAHN-Monde/Haïti), Fondation Haïtienne pour le Développement Intégral Latino-Américain et Caribéen (FONHDILAC), etc. Comme je l’ai expliqué dans un de mes articles (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/10/haiti-le-vrai-debat.html) , « Haïti est un pays développé sur le papier ». Pour cette raison, il faudra mettre en place un secrétariat technique permanent, inventorier l’ensemble des propositions sur Haïti pour en tirer les éléments les plus pertinents en vue de produire le plan national de réponse ou Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH 2016-2040), de s’en assurer la mise en œuvre et d’en assurer le suivi.

Plan National de réponse ou PSDH 2016-2040

Le Plan Stratégique de développement d’Haïti (PSDH 2016-2040) devrait être un plan de 100 Mrds USD déclinés en plans quinquennaux de 20 Mrds USD et en plan annuel de 4 Mrds USD. Les plans des secteurs seront pris en compte dans le plan global. A titre d’exemple, pour le secteur agricole, qui est le pilier de la croissance ou déclaré locomotive de la croissance, il faudrait lui accorder 10% du budget, soit environ 2 Mrds USD sur 5 ans, si on voulait arriver à une vraie relance du secteur sur cette période. Rapidement, pour éviter tout malentendu, il faut expliquer que les investissements dans le secteur ne seront pas tous gérés par le ministère de l’agriculture comme on a tendance à le croire, mais son rôle se limitera, entre autre, à une coordination désormais sérieuse du secteur. Il en sera de même pour les autres ministères et les secteurs y relatifs.
 

F. ENJEUX ET NECESSITE D’UNE ENTENTE NATIONALE

Haïti est certes le pays le plus inégalitaire de la Caraïbe et de l’Amérique latine. La classe dominante économiquement n’a pas conscience du danger qui la guette, en voulant conserver à tout prix ses privilèges et en évoluant en vase clos dans un monde à part. La classe moyenne est décapitalisée et désemparée. La masse est dans la misère la plus abjecte et exploitée à souhait. C’est une situation explosive, exploitée par nos politiciens sans la volonté réelle de changer quoi que ce soit, encouragés par nos « amis de la communauté internationale » pour pouvoir nous citer en exemple et rire de nous en sous-main, et non profitable à la longue à l’élite économique et à l’économie en général. Nous avons l’obligation de nous entendre pour changer tout cela et jeter les bases du développement de notre pays au lieu de nous entre-déchirer pour nos clans respectifs et les broutilles du pouvoir politique. Les vrais enjeux sont la mise sur pied d’un plan de réponse à toute cette situation désastreuse qui passe obligatoirement et impérativement par une entente nationale et un pacte de vivre ensemble favorisant la mise en application de ce plan en vue d'un mieux être du peuple haïtien sans exclusion. Nos politiciens, notre élite économique, notre élite intellectuelle (la plupart), les couches moyennes et les masses rurales et urbaines en ont-ils vraiment conscience ? Prions que nous en prenions conscience à temps en vue d’une révolution tranquille, à la manière du Canada, basée sur une entente et un plan de réponse national, en lieu et place d’une révolution violente basée sur les frustrations. A bon entendeurs, salut !!!



[1] Ce titre a été commandité par le CONSOC lors de la rencontre de juin 2016. 

[2] « Evaluation rapide des dommages et des pertes occasionnés par l’ouragan Matthew et éléments de réflexion pour le relèvement et la reconstruction. Ministère de l’Economie et des Finances- Octobre 2016.» 

[3] Taux de croissance du PIB pour l’exercice 2015-2016 très faible (1.4%), taux d’inflation en rythme annuel (12.5%), taux de change autour de 68 HTG pour 1 dollar américain avec des perspectives très sombres pour l’exercice 2016-2017 qui a démarré avec le passage de Matthew, les inondations dans le Nord du pays et la crise post-électorale susceptible de prolonger l’entropie politique qui a caractérisé la situation haïtienne ces derniers temps. 

[4] Les pertes et dommages causés par les 4 cyclones de 2008 avoisinent 15% du PIB. 

[5] A noter que les petits exploitants investissent environ 1 milliard de dollars américains annuellement dans le secteur.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Je pense que les informations fournies et decrivees dans ce commentaire sont d'extreme importance, et Je felicite Bob mon vieux ami et confrere pour un travail bien fait.
Cependant j'en profite aussi de cette occasion pour demander a tous, especialment aux dirrigeants haitiens qu'en est il devenu de notre Vallee? Haiti, un pays agricole possedant toute la capacite a produire pour son people, ne devrait pas etre aujourd'hui dependant de la Republique Dominicaine. C'est un honte. Je me rappelle bien dans les annees 80 il y avait L'ODVA, une organization au centre meme de la vallee de l Artibonite don't le seul but consistait a promouvoir et a developer le systeme d'irrigation. Nous avons un pays riche, c'est a nous de se mettre ensemble pour le diiriger. Rien n'a chamge. C'est notre mentalite que nous, haitiens, devons changer.