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samedi 28 novembre 2015

HAITI:"JOVENEL MOISE NE PEUT PAS ETRE PRESIDENT"



HAITI:"JOVENEL MOISE NE PEUT PAS ETRE PRESIDENT"
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
28 NOVEMBRE 2015

L'État islamique (EI) met le monde à feu et à sang: les attentats de Paris (130 morts), les attentats au Liban, au Mali, en Tunisie. Tout ceci, à la veille de la COP21 (21e Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) qui aura lieu à Paris du 30 novembre  au 11 décembre 2015, avec la participation  des principaux Chefs d'Etat du monde dont M. Obama des USA. En Haïti, la zone métropolitaine de Port-au-Prince s'enflamme, compte ses morts et ses blessés (3 morts à date dont 1 policier et des blessés dont 2 candidats à la présidence) et le reste du pays est globalement calme et dans l'expectative, suite (i) aux résultats préliminaires; (ii) à la vérification des vote au niveau du centre de tabulation obtenue par Maryse Narcisse contestant sa 4e position et un autre candidat contestant le nombre de votes qui lui est attribué par le CEP, à noter  que cette vérification résulte du jugement en leur faveur par le bureau du contentieux électoral national (BCEN) et confirme les suspicions  de fraudes massives et d'irrégularités dans le processus électoral, et (iii) aux résultats définitifs des élections du 25 octobre 2015 conduisant à l'élection des maires (un seul tour), des députés et sénateurs (2e tour), et à un deuxième tour controversé de la présidentielle prévu pour le 27 décembre 2015 entre Jovenel Moïse, candidat du pouvoir en place, et Jude Célestin, l'un des contestataires du Groupe des huit candidats, le G8, qui exige l'exclusion du candidat du pouvoir de la course électorale prétendument être l'unique bénéficiaire des fraudes massives. Maryse Narcisse  et les partisans de la table rase ou Front du refus également.

Cette alliance de l'opposition contre le candidat J. Moise peut-elle l'empêcher de devenir président, soit par son exclusion de la course électorale, soit par sa défaite au deuxième tour, si deuxième tour il y en aura? Avant d'essayer de répondre à cette double interrogation, voyons certains faits saillants du mois de novembre 2015.


            A.        FAITS SAILLANTS DU MOIS DE NOVEMBRE 2014

Le pape de la sécurité alimentaire en Haïti, Garry Mathieu , est décédé à 50 ans
Quelle qu'en soit  la réponse  à cette double question, la situation du pays se complique davantage (politique/économie). Nos politiciens ne se rendent même compte. Le dollar a tendance à déraper par rapport à la gourde. L'inflation aussi. Malgré les pluies, la situation de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois ne s'annonce pas rose. Justement, le pape de la sécurité alimentaire en Haïti, le fameux agronome, Pierre Garry Mathieu est décédé à New York, Manhattan, le 22 novembre 2015, à l'âge de 50ans. Le coordonnateur de la commission nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) est foudroyé par un cancer du pancréas qui ne lui a laissé aucune chance. Haïti, la tourmentée, pleure l'un de ses plus beaux esprits après la disparition de l'Agr Henriot Nader. Le ministère de l'Agriculture pleure l'un de ses fleurons, car la CNSA est sous la tutelle du Ministre de l'Agriculture.

L'étude de la Banque interaméricaine de développement (BID) sur le secteur agricole, une vraie découverte
Justement, le Ministère de l'agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR) et la BID ont organisé un atelier de restitution et de complémentarité sur une étude du secteur agricole, du 18 au 20 novembre 2015, avec la participation d'une cinquantaine de cadres du MARNDR (structures centrale, déconcentrée, et décentralisée), de la BID, du secteur privé (petit et gros), du Comité interministériel de l'aménagement du territoire (CIAT). "L'Etude exhaustive et stratégique du secteur agricole et des investissements publics requis pour son développement", menée de main de maitre par  CIRAD-FRANCE, a fait un diagnostic très sérieux  et sans complaisance  de la situation du secteur agricole par rapport à la situation globale du pays et la situation internationale. L'atelier s'est réalisé en six grands moments, (i) Présentation succincte des 15 chapitres du document; (ii) Présentation des trois (3) scénarii, a) le statu quo actuel fait de saupoudrage qui pourrait être qualifié d'Etat ONG, b) un Etat fort à la manière de Rwanda, d'Ethiopie,  d'Equateur, de Bolivie, et de Venezuela, c) un Etat incitateur, régulateur combinant les éléments prometteurs  des deux premiers et ses éléments propres (l'idéal quoi !); (iii) Organisation Atelier-Restitution, un double atelier-restitution sur des questions clés sur lesquelles ont réfléchi quatre groupes: le secteur privé, le MARNDR central, le MARNDR déconcentré, le Groupe en appui au Parlement, réfléchissant  sur  des propositions thématiques et  des mesures de politiques publiques et leur viabilité environnementale, socio-économique, financière, institutionnelle et politique  et le financement des ces mesures, ces réflexions de groupes seront versées dans le dossier; (iv) Présentation en profondeur de certains chapitres du document tard dans la soirée comme la macro économie/ la croissance économique (PIB/HAB 1960-2014), le flux financier, gouverner l'agriculture haïtienne autrement; ce qu'il y a à retenir, entre autres, cette économie rentière/humanitaire ne peut favoriser le développement du pays car " là où il y a beaucoup d'aide publique au développement (APD), il y a moins d'investissements privés", selon un des intervenants; (v) Une belle séance de commentaires et d'échanges sur l'atelier et l'étude en question avec accent sur des thématiques importantes, le foncier, la réforme du MARNDR, le fonctionnement des structures déconcentrées, en particulier les bureaux agricoles communaux, etc.; (vi) La clôture de l'Atelier  par Gilles Damais de la BID qui voit dans cette étude, une aide en vue de mieux définir la politique publique du secteur agricole, tandis le Directeur Général du MARNDR, Edie Charles, voit dans l'étude du CIRAD, "un nouvel éclairage sur les décisions à notre portée". Cet atelier a permis de jeter un regard neuf sur le secteur agricole à partir des données existantes et mises en relation par le CIRAD, une vraie découverte.

            B-        PLACE A LA SITUATION POLITIQUE
Et maintenant, plein feu sur la situation politique haïtienne et la déchéance morale qui en découle. Mais tout de même une lueur d'espoir pour garder le moral, rester positif et ne pas sombrer.
L'exclusion de Jovenel Moise de la course électorale
Au cours de ce mois de novembre 2015, le Conseil Electoral provisoire (CEP), a donné les résultats préliminaires et définitifs des élections  du 25 Octobre 2015, le pays s'enflamme et le sang a coulé une fois de plus. Les maires, les députés, les sénateurs sont élus ou sont en contestation. Au niveau de la présidence, tous les principaux candidats, y inclus Jude Celestin arrivé en 2e position (25.27%), contestent la première position (32.81%)  de Jovenel MOISE, le candidat du pouvoir, l'accusant d'être l'unique bénéficiaire des fraudes électorales. Mis à part  FANMI LAVALAS et un autre candidat  à la présidence, qui ont choisi la voie légale de contestation, les autres candidats choisissent les manifestions de rue comme mode de contestation; FANMI LAVALAS aussi, donc il joue sur les deux tableaux. Les manifestations séparées dans un premier temps se sont vite transformées  en des manifestions regroupées, incluant tout le monde, le groupe des huit candidats (le G8), LAVALAS et les partisans de la table rase ou Front du refus ( transition), et exigeant l'exclusion de Jovenel MOISE de la course électorale, très certainement en souvenir des élections de 2010 où cette stratégie a favorisé le candidat MARTELLY, actuel président d'Haïti.
... l'ampleur des fraudes malheureusement profitables à tous
Suite aux plaintes déposées pour vérification de la sincérités du vote et l'exclusion pure et simple de Jovenel Moïse de la course électorale par devant le BCED qui s'est déclaré incompétent et le BCEN qui a tranché pour la vérification du vote et non pour l'exclusion de Jovenel Moise, il s'est révélé que 100% de l'échantillon vérifié sont soit frauduleux, soit irréguliers. Devant l'ampleur des fraudes et irrégularités malheureusement profitables à tous ou, tout au moins, à l'ensemble des principaux candidats, incluant Jovenel Moïse, le G8 et  Maryse Narcisse, le CEP a décidé, après l'élimination de certains votes, de poursuivre le processus électoral qui ne reste qu'une étape, le 2e tour de la présidentielle entre J. Moise et J. Celestin, et les collectivités territoriales (Conseils des sections communales ou CASEC), le 27 décembre 2015.
Mettre dehors tous les fraudeurs...ou sauver le processus, un vrai choix cornélien
Cette décision du CEP de poursuivre avec la processus a indisposé les puristes, ce qui est normal car contraire au décret électoral qui prévoit des sanctions contre les fraudeurs. Selon toute logique, il aurait fallu exclure la majorité des candidats et à tous les niveaux; car s'il y a fraudes au niveau de la présidentielle, à plus forte raison, il y en a  au niveau de l'ensemble du processus (maires, députés et sénateurs). Mettre dehors tous les fraudeurs équivaudrait à l'annulation pure et simple de l'ensemble du processus. Légalement, c'est ce qui aurait dû être fait, mais politiquement, les contestataires, excepté le Front du Refus qui est pour la table rase (annulation des élections, renvoi du CEP, de Martelly et son administration), semblent opter soit pour l'exclusion de Jovenel Moise, soit pour l'annulation de la  présidentielle, soit pour la nomination de l'un des trois candidats qui viennent après Jovenel Moise, mais pas pour l'annulation de l'ensemble du processus. Pour la présidentielle, tout le monde a déclaré l'avoir gagnée. D'autant que  une firme brésilienne a déclaré, selon un sondage effectué à la sortie des urnes, le 25 octobre, Jovenel Moise serait en 4e position avec seulement 6.5% des votes exprimés, Célestin étant premier, J C Moise en deuxième et M. Narcisse en 3e position. Ce qui est venu mettre de l'eau au moulin de ceux-là qui veulent l'exclusion du candidat du pouvoir. Mais le CEP a choisi de violer son propre décret pour sauver le processus électoral, un vrai choix cornélien, en dépit des protestions des uns et de l'incompréhension des autres.
Une sorte  de fatalité!
Comme à leurs habitudes, nos politiciens se mettent ensemble en général contre quelque chose et jamais pour Haïti, la lutte pour le pouvoir, la bataille des clans étant plus importante que tout le reste. Le pouvoir en place parle de continuité pour renforcer les acquis, corriger les erreurs et permettre à Haïti de continuer à aller de l'avant. L'opposition veut sauver Haïti des griffes de ce "pouvoir corrompu" qui n'a rien foutu si ce n'est qu'amplifier la corruption en faveur de son clan. Mais, quant il s'agit de se mettre ensemble pour aller aux élections et faire échec à ce pouvoir, elle y va en ordre dispersé. Elle a accusé tout l'appareil d'Etat de se liguer en faveur de Jovenel Moise, mais ne prend aucune disposition jusqu'à date pour faire échec au pouvoir en place si ce n'est l'organisation de manifestations de rue, la même stratégie durant tout le mandat de Martelly. L'administration et le CEP sont accusés de "fraudes massives", de "coup d'Etat électoral" en faveur du candidat du pouvoir. Quand on regarde de manière objective, tout le monde a fraudé comme l'a fait remarqué l'Ex Senateur Lambert, battu à plate couture aux sénatoriales dans le Sud-Est, qui a eu l'élégance de reconnaitre sa défaite. Selon l'ex-ministre de l'intérieur, Réginald Delva, parmi les votes annulés par le CEP, "8% sont attribuables au candidat du pouvoir", donc par déduction 92% aux autres. C'est bien triste de voir un pays recourir à des élections frauduleuses pour renouveler son personnel politique. Et qui pis est, nous sommes obligés de faire avec cette situation. Une sorte de fatalité! Et les honnêtes gens  comme Henry Bazin (paix à son âme) sont partis sans avoir vu leur modèle de sérieux, d'honnêteté, d'amour profond pour Haïti se généraliser et triompher!
Alors que faire?
Les cas de figure
Le CEP a tranché en quelque sorte. Puisque tout le monde a fraudé, on maintient le cap vers la finalisation du processus électoral avec des "élections honnêtes, démocratiques et inclusives". Jovenel sera opposé à Jude le 27 décembre 2015. La campagne pour le 2e tour de la présidentielle est ouverte le 26 novembre et prendra fin le 22 décembre 2015. Donc c'est la poursuite du processus sans aucune  autre forme de procès.
L'opposition semble opter jusqu'à présent pour les manifestations de rue au lieu de faire bloc derrière Jude Célestin en vue de canaliser toute l'énergie de ses partisans et sympathisants vers un seul but, gagner le second tour des élections; car mathématiquement elle est en mesure de le faire. "Cette option est impossible", selon un observateur averti de la politique haïtienne. "Si Jude choisit d'aller au second tour, il sera lâché par ses pairs et aura du mal à battre Jovenel", a-t-il ajouté avec une confiance aveugle dans ses prévisions.
Au cas où Jude Célestin désisterait, on suppose que Jean Charles Moise ferait la même chose et Maryse Narcisse, ne faisant pas partie du G8, n'hésiterait pas à affronter seule Jovenel Moise, confiante en la force lavalassienne (?). "Elle serait battue, crierait au scandale et rejoindrait les autres dans les manifestations de rue", a poursuivi mon observateur averti.
Les principaux candidats désisteraient, mais, comme en 2000 face à Aristide, un des "petits candidats"  à la manière du pasteur Dumas J. Arnold, accepterait le pari d'affronter J. Moise qui gagnerait sans coup férir le 2e tour. Ce sera la crise assurée tout le long de son mandat jusqu'à sa chute avant l'heure comme en 2004.
L'opposition ferait bloc, intensifierait les manifestations, l'économie deviendrait de plus en plus anémiée, le peuple ayant faim se mêlerait de la partie, Martelly partirait dans le désordre. Ce sera la transition qui n'en finirait pas avec le wait and see de la communauté internationale et tout ce que cela comporte de retour en arrière (2004), mais cette fois-ci sans les Alexandre, les Latortue (trop vieux) et surtout sans Ricot Bazin (décédé), qui, on l'a reconnu un peu tard, ont fait du bon travail, en renforçant l'arsenal législatif du pays (environ 60 décrets et autres actes législatifs) donc initiation de la réforme de l'Etat, en permettant à l'économie de renouer avec la croissance (taux de croissance positif, augmentation de la réserve de change, réduction de l'inflation, taux de change stabilisé), et en organisant des élections acceptables en 2006.
"Jovenel Moise ne peut pas être président, en tout cas  pas cette fois-ci".

En nous basant sur ces hypothèses (ces cas de figure), il est plutôt difficile pour Jovenel Moise de devenir président, à moins que l'opposition s'entête à ne pas parler d'une seule voix. En fait, ce qu'elle veut par dessus tout,  c'est éviter coûte que coûte la continuité de Martelly à travers J. Moise. Elle n'a pas un problème particulier avec la personne de Jovenel qui est plutôt un gars sympathique avec un discours apaisant et rassembleur, mais elle veut à tout prix évincer cet "usurpateur de Martelly", ce "vagabond"qui a osé entrer dans l'arène politique "comme un éléphant dans un magasin de porcelaine". En tout cas, à mon humble avis, la meilleure stratégie pour barrer la route à Martelly, c'est de participer au second tour de la présidentielle  à travers Jude Célestin et de manière vraiment unie, en s'organisant pour contrôler les fraudes et en évitant de frauder (mais il faut faire vite). Ainsi, en cas de fraudes massives du pouvoir, même gagnant, le candidat du pouvoir serait exclu si le CEP applique, cette fois-ci à la lettre et sans état d'âme, le décret électoral. Et, comme le souhaite l'ex-sénateur Annacacis Jean Hector, "Jovenel Moise ne peut pas être président, en tout cas  pas cette fois-ci". A moins qu'il y ait une entente entre Jovenel et les autres candidats pour partager le pouvoir ou, à la manière de Balaguer et de Pena Gomes, pour se succéder l'un l'autre ou les uns les autres. N'est-ce Clarens Renoit et Paul Gustave Magloire? Cette entente  suivie d'une grande concertation nationale pour "bâtir ensemble la nouvelle Haïti et la rendre possible" (Lucien Borges de TeleGinin et Valérie Numa de Vision 2000) étonnerait le monde et redonnerait espoir au pays, aux honnêtes gens qui souffrent de cette déchéance, de cette descente aux enfers. Faut rester positif et garder le moral pour ne pas sombrer dans la dépression collective. N'est-ce pas, Messieurs et Dames? Que Dieu bénisse Haïti!!!

samedi 31 octobre 2015

HAITI ELECTIONS 25 OCTOBRE 2015, LA PLUPART DES PRETENDANTS ANNONCENT LA COULEUR DU SANG


HAITI ELECTIONS 25 OCTOBRE 2015, LA PLUPART DES PRETENDANTS ANNONCENT LA COULEUR DU SANG
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 OCTOBRE 2015

Revu le 2 Novembre 2015

En dépit des mises en garde du décret électoral, la plupart des candidats à la présidence n'ont pas attendu les résultats du Conseil Electoral Provisoire (CEP) pour monter au créneau et annoncer la couleur. Pourtant, selon l'ensemble des observateurs du processus électoral, la journée du 25 octobre 2015 a été calme (0 mort si l'on excepte la mort accidentelle d'un policier), sans incidents majeurs (sauf quelque 285 arrestations, la question de vote des mandataires des partis politiques et des organisations d'observateurs électoraux, et autres petites anicroches relatives aux élections haïtiennes). Alors que s'est-il passé pour pousser certains prétendants au pouvoir et non des moindres  à dénoncer des fraudes massives, accuser le pouvoir en place de "coup d'Etat électoral ", à demander de mettre dehors le candidat du pouvoir Jovenel Moïse pour "fraudes massives", et de préparer à investir la rue au cas où le vote du peuple serait travesti? Il y en a même qui veulent la table rase (démission de Martelly et du CEP). A écouter le président du CEP, les résultats pour les présidentielles seront proclamés le 3 Novembre 2015 (le 5/11/15 pour se donner le temps d'analyser les pleintes des partis politiques) et refléteront le vote du peuple, car le système va rejeter tous les cas de fraudes et pourra même permettre d'identifier les fraudeurs tant du système qu'en dehors du système.  Ce qui est plutôt rassurant. Alors? 

FAITS SAILLANTS DU MOIS D'OCTOBRE 2015

Avant de rentrer dans le vif du sujet, passons en revue quelques faits saillants du mois. (i) La visite en Haïti de John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, n'est pas, à mon humble avis, innocente à la "réussite de la journée électorale" tout au moins sur le plan sécuritaire. (ii) Le retrait du décret créant la commune des Arcadins qui a paralysé partiellement le pays durant près de deux mois à cause du blocage de la Nationale No 1 par la population de l'Arcahaie. (iii) La visite du Président Martelly en République Dominicaine où il a rencontré son homologue dominicain sur les questions bilatérales, en particulier la mesure adoptée par Haïti sur les 23 produits interdits par voie terrestre (voir  http://jrjean-noel.blogspot.com/2015/09/haiti-elections-2015-le-secteur.html ) et la déportation des haïtiens et dominicains d'origine haïtienne. (iv) Le gouvernement a confié à une firme israélienne dénommée HLSI la gestion des frontières du pays pour une période de 10 ans. En ce sens, un protocole d’accord a été signé, le vendredi 23 octobre 2015, au ministère de l’Economie et des Finances, entre le gouvernement représenté par Wilson Laleau, titulaire dudit ministère et la représentante de la firme Eva Peled, vice-présidente de HLSI. La firme investira environ 49,3 M USD dans la restructuration et la modernisation d’une dizaine de postes douaniers et aussi dans l’acquisition de matériels et équipements pour la gestion des frontières.  (v) La prise d'un décret par le pouvoir en place favorisant la mise à disposition, aux ministres et secrétaires d'Etat,  des primes de 50 à 40,000 USD pour leur permettre de retourner dignement à la vie normale; ce décret a fait couler beaucoup de salives, vu la situation économique du pays actuellement. (vi) Haïti vient de rentrer dans une phase inflationniste à deux chiffres (10.3% d'inflation en rythme annuel); on comprend notre inquiétude au cas où nos politiciens, candidats à la présidence, qui se déclarent gagnants des élections du 25 octobre, passent de la parole aux actes après la proclamation des résultats par le CEP. Ce sera tout simplement terrible pour l'économie rachitique et malade d'Haïti. Maintenant, revenons à la question électorale.

LES ELECTIONS DU 25 OCTOBRE 2015

Le taux de participation autour de 25 à 30%
L'ensemble des observateurs ont reconnu que les élections présidentielles, sénatoriales 2e tour, et municipales se sont déroulées dans le calme le plus parfait sous la haute surveillance de la police nationale appuyée par la MINUSTAH, la force des Nations Unies. Le CEP a tenu compte des erreurs commises aux élections parlementaires du 9 aout 2015 et des recommandations des organisations de la société civile et des droits humains. La journée électorale du 25 octobre a été mieux organisée par le CEP, mise à part la question des mandataires qui a fait couler beaucoup d'encre. Les 17 organisations d'observation ont fait les mêmes constats et ont estimé le taux de participation autour de 25 à 30%, dont plus de la moitié des votants (14-16%) sont des mandataires et des observateurs qui, semble-t-il, se sont amusés à voter plusieurs fois et dans divers bureaux de vote (BV) avec la complicité de certains responsables de BV.

Accusations sans preuves 
Il est donc admis par l'ensemble des observateurs qu'il y a eu beaucoup d'irrégularités à cause de la présence des mandataires des partis politiques, des observateurs nationaux dont la pluparts ont commis beaucoup d'impairs. Pour les mandataires, il est rapporté au cours de la semaine suivant la journée du 25 octobre que certains ont utilisé leur statut pour voter plusieurs fois; il y a même une coalition d' observateurs qui est impliquée dans   des fraudes et des irrégularités. Il faut noter que ces fraudes et irrégularités ne peuvent avoir lieu sans la complicité des responsables de Bureaux de vote (BV). Les compables se sont donc désignés. Il serait difficile sinon impossible de trouver les auteurs intellectuels de "ce crime" dont on accuse le pouvoir en place; comme quoi l'ensemble des mandataires, qui sont de partis politiques différents, et des observateurs, neutres en principe, auraient perpétré ce forfait pour le compte du pouvoir. Il en est de même pour les bourrages d'urnes et le changement de bulletins en faveur du candidat du pouvoir dans des bureaux de vote dont les responsables sont des représentants de partis politiques. Réussir un tel coup à la barbe de tous les observateurs tant internationaux que nationaux, de tous les mandataires des autres partis politiques relèverait tout simplement du génie ou de la fiction. Un observateur averti n'accepterait jamais de telles accusations sans des preuves tangibles. Mais pauvre peuple haitien! Comment peut-il saisir de telles nuances dans les accusations et fournies en plus avec un tel luxe de details et une telle assurance par nos prétendants au pouvoir suprême?

"Jovenel Moise ne peut pas être président"
Parmi les 54 candidats à la présidence, les 36 candidats au Sénat, les multiples candidats à la Députation et aux communales, il y en a qui se sont déclarés vainqueurs de ces élections sans attendre les résultats du CEP. Certains ont mis dehors leurs partisans pour protester et intimider en vue d'infléchir les tendances  des votes affichés dans les centres de vote (CV) en leur faveur, en dépit de l'interdiction formelle du CEP. Quand on spécule à partir des premières déclarations, il ressort que quatre(4) candidats à la présidence émergent de ces élections. Il s'agit, par ordre alphabétique, de Jude Célestin (LAPEH), Jean Charles Moise (Pitit Dessalines), de Jovenel Moise (PHTK) et de Maryse Narcisse (LAVALAS). Il est à signaler que le premier à protester a été J.C. Moise et ses partisans ont occupé les rues du Cap-Haitien, la 2e ville du pays. Le parti LAVALAS a aussi dénoncé le candidat du pouvoir et a clairement demandé au CEP son éviction de la course sans autre forme de procès. Quant à LAPEH, ils ont dénoncé un "coup d'Etat électoral" et déclaré par la voix de l'ancien sénateur Anacassis que "Jovenel Moise ne peut pas être président, en tout cas peut-être plus tard, mais pas à ces élections" , a précisé l'ancien sénateur. Mises à part la réaction du ministre de la communication qualifiant de "mauvais perdants" certains candidats à la présidence, la réponse de Me  G. Mayard Paul au Sénateur Anacassis, et la conférence de presse de Monchéry, un allié de PHTK,  on n'a pas de réaction officielle de PHTK et, en particulier, du candidat de PHTK. Une chose est claire, on va vers un 2e  tour avec deux des candidats dont les tendances du vote placent dans le peloton de tête.

Le pays à feu et à sang comme en décembre 2010?
Quant aux autres candidats de second niveau, selon les premières tendances, ils ont dénoncé "le coup d'Etat électoral", les fraudes et les magouilles orchestrées par le pouvoir, et semblent prêts à  se rallier aux partisans de la table rase. Concernant ceux-là qui n'ont pas participé aux élections du 25 Octobre 2015, ils ont crié victoire et se sont donnés un certificat de satisfécit pour avoir prédit ce qui allait se passer. Ils se sont attribué le faible taux de participation  enregistré et ont déduit que plus de 70% de l'électorat sont pour la transition. Et ils vont se mobiliser pour obtenir le départ de Martelly et du CEP. Naturellement, après les résultats du CEP, ils vont très certainement avoir l'appui de la majorité des perdants pour mettre le pays à feu et à sang (?) comme en 2010 en faveur de Martelly. Mais à la différence de 2010, ce sera contre Martelly et encore contre le pouvoir en place. Et bonjour madame l'inflation et le renforcement du marasme économique dans lequel nous pataugeons!

CONCLUSION

Les rumeurs et informations rapportées par les médias soulèvent beaucoup d'inquiétudes. Les déclarations des candidats créent une situation de confusion et de peur. On se demande qu'est-ce qui va se passer à l'annonce des résultats par le CEP. Comme presque tout le monde avait déclaré avoir gagné les élections, on est sur d'une chose: quels que soient les résultats proclamés par le CEP, il y aura beaucoup d'insatisfaits, et s'ils mettent en application leurs menaces, Haïti va connaitre des moments difficiles sinon catastrophiques.

Il faut rappeler à nos politiciens que notre économie est dans une phase inflationniste ascendante(10.3%). Ce qui est de très mauvais augure pour toute la population. Avec les événements annoncés, la situation du pays sur le plan économique pourrait devenir intenable. Nos hommes politiques doivent en tenir compte dans leurs réactions et mots d'ordre à la population à travers le pays. C'est bien de défendre son vote, il est malsain et irresponsable de pousser la population à mettre le pays à feu et à sang au cas où tel candidat ou tel autre ne gagnerait pas les élections. Il ne peut y avoir qu'un gagnant par poste électif. Et, pour les présidentielles, il ne peut y avoir un 2e tour à quatre (4) candidats. Est-ce que nos politiciens ont bien compris tout cela?

Autre chose, aucun parti politique n'a le droit de décider qui a le droit d'être président ou pas. Seul le vote de la population peut décider du sort d'un candidat. Ce qui s'est passé en 2010 n'était pas du tout démocratique, c'était un accident  de parcours. On n'a pas le droit de le reproduire sous aucun prétexte. Au CEP de trouver la meilleure formule pour contrecarrer les fraudes perpétrées; de faire punir les coupables quels qu'ils soient, sans tenir compte de leur appartenance politique et sans exclusive; de corriger les fraudes et irrégularités,  et de donner les résultats correspondant au vote de la population. A nos politiciens d'accepter le verdict des urnes et non leur verdict personnel!

Il y va de l'avenir du pays et non de celui de quelques clans politiques se réclamant l'exclusivité de l'amour de la patrie. Pensons Haïti d'abord et avant tout. Et pour cela, cessons d'annoncer la couleur du sang! N'est-ce pas, Messieurs et Dames, les prétendants aux destinées de la patrie commune, notre chère et unique Haïti?



mercredi 30 septembre 2015

HAITI ELECTIONS 2015: LE SECTEUR AGRICOLE, "LOCOMOTIVE DE LA CROISSANCE"?

HAITI ELECTIONS 2015: LE SECTEUR AGRICOLE, "LOCOMOTIVE DE LA CROISSANCE"?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

30 SEPTEMBRE 2015

Revu le 3/10/2015

Haïti a vécu ce mois de Septembre 2015 dans la douleur de la disparition du principal représentant du Vodou, l' "Ati" national, Max Beauvoir qui a  eu droit  à des funérailles nationales. Dans une conjoncture marquée par les activités électorales, manifestations de rue contre les élections du 9 Aout 2015 et contre le CEP, campagnes électorales des candidats à la présidence et  aux communales dont le premier tour est prévu pour le 25 Octobre 2015, le ministère de l'économie et des finances (MEF) a finalisé le budget 2015-2016 et présenté aux candidats à la présidence  le budget triennal articulé autour du secteur agricole comme  "locomotive de la croissance".  Dans ce budget, selon les dires du ministre Laleau, le ministère de l'agriculture aura droit à 20 Mrds HTG sur trois (3) ans, soit en moyenne un montant de 6.67 Mrds HTG/an. Est-ce suffisant pour ce nouveau rôle de "locomotive de la croissance"?  Comme à mes habitudes, avant d'essayer de répondre à cette question, passons en revue quelques faits saillants du mois dont l'adoption par l'ONU des 17 objectifs de développement durable (ODD), attardons-nous  sur le processus électoral, analysons les enjeux liés au rôle de locomotive de croissance du secteur agricole et terminons sur des conclusions appropriées.

Les faits saillants du mois

Le Président Martelly a effectué un voyage en Jamaïque dans le cadre d'une rencontre sur le PETROCAIBE. Il s'est fait accompagner  de son fils Olivier qu'on disait en prison en Floride. C'était une sorte de réponse à cette rumeur persistante.

Le Premier Ministre Paul  a été aux USA rencontrer certaines personnalités américaines dont le Secrétaire d'Etat J. Kerry ,très certainement en relation avec le processus électoral et en lien avec la nomination de Kenneth Merten, ancien ambassadeur américain en Haïti et actuel responsable du dossier Haïti au Département d'Etat américain. A noter que, en 2010, M. Merten était partie prenante des élections de 2010; c'est un Monsieur qui maîtrise le "dossier Haïti". Sa nomination n'est donc pas le fait du hasard.

Un léger  remaniement est intervenu au sein du gouvernement. Mario Dupuy a remplacé R. Francois Jr à la Communication, et Lyonel Valbrun a remplacé F. Dorcin au Ministère de l'agriculture. Valbrun est le 5e ministre de l'agriculture de l'administration Martelly. Cette instabilité au niveau institutionnel s'étend à l'ensemble de l'administration Martelly, si l'on excepte le Ministère des Travaux Publics (MTPTC), le  Ministère du Tourisme (MTIC) et le Ministère de la Santé (MSPP).

Le ministère de l'économie et des finances a pris des mesures d'interdiction contre 20 produits qui ne pourraient entrer au pays que par voie maritime, Ports  de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien. Ces mesures sont un peu controversées. Elles favoriseraient les gros commerçants de Port-au-Prince au détriment de ceux des autres départements frontaliers, en particulier ceux du Nord Est. Elles  créeraient une situation de monopole, et favoriseraient un petit groupe de commerçants. Ces mesures sont aussi perçues comme des représailles vis-à-vis de la République Dominicaine. En ce sens, elles son plutôt bien accueillies.

C'est l'adoption à l'ONU des 17 objectifs de développement durable (ODD) qui remplacent les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et ses 8 objectifs avec une atteinte mitigée des cibles visés. Ramenés à l'échelle d'un pays, ces objectifs pourraient  presque tous appliquer à Haïti. Voyons voir:

1) Mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes, partout ; 2) Éradiquer la faim, garantir la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition, et promouvoir l’agriculture durable ; 3) Garantir la bonne santé et promouvoir le bien-être de tous, à tous les âges ; 4) Garantir une éducation de qualité sans exclusion et équitable et promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous ; 5) Parvenir à l’égalité entre les sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ; 6) Assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous ; 7) Garantir l’accès à une énergie abordable, fiable, durable, et moderne pour tous ; 8) Promouvoir une croissance économique soutenue, sans exclusion, viable, le plein-emploi productif et un travail décent pour tous ; 9) Construire des infrastructures résilientes, promouvoir l’industrialisation sans exclusion et durable et encourager l’innovation ; 10) Réduire les inégalités au sein des pays et entre les pays ; 11) Faire des villes et des établissements humains des endroits sans exclusion, sûrs, résilients et durables ; 12) Garantir des modèle de consommation et de production durables ; 13) Agir d’urgence pour lutter contre le changement climatique et ses impacts (en tenant compte des engagements pris dans le cadre de la CCNUCC) ; 14) Préserver et utiliser de manière durable les océans, mers et ressources marines pour le développement durable ; 15) Protéger, restaurer et promouvoir une utilisation durable des écosystèmes terrestres, gérer les forêts de manière durable, lutter contre la désertification stopper et combattre la dégradation des terres et mettre fin à la perte de la biodiversité ; 16) Promouvoir des sociétés pacifiques sans exclusion dans le cadre du développement durable, permettre un accès à la justice pour tous et mettre en place des institutions efficaces, responsables et sans exclusion à tous les niveaux ; 17) Renforcer les moyens de mise en œuvre et revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable.

Pour être applicables ici en Haïti, il faudrait des politiques publiques nationales très sérieuses à mettre en œuvre sur une période de 15 ans. Nos politiciens devraient s'en approprier dans le cadre d'une grande concertation nationale de laquelle sortirait un programme national qu'ils s'engageraient à appliquer à tour de rôle.  Ce qui nécessiterait des ressources importantes tant internes qu'externes pour l'atteinte de ces objectifs à l'échelle du pays. Or on est dans une conjoncture de rétrécissement de l'aide externe pour le développement envers Haïti ( seulement 500 M USD actuellement selon le Ministre Laleau vs 1 Mrd USD juste après le tremblement de terre).

Il faut noter que, à l'échelle de la planète,  ces 17 objectifs nécessiteraient 3500 Mrds USD/an pour être mis en œuvre  du 1er   janvier 2016 au 31 Décembre 2030. Or, actuellement, selon ce qu'a rapporté Alain Faujas, " L’aide publique demeure indispensable, mais elle plafonnera à 150 milliards de dollars, ce qui est une goutte d’eau, commente Bertrand Badré...Quand on cumule l’aide publique au développement (135 milliards de dollars en 2014), l’argent envoyé chez eux par les émigrés (de l’ordre de 440 milliards), les dons et les prêts des organismes multilatéraux, on parvient à 1 000 milliards de dollars disponibles par an. C’est beaucoup, mais insuffisant, affirme le rapport « From Billions to Trillions : Transforming Development Finance » élaboré par la Banque africaine de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d’investissement, la Banque interaméricaine de développement, le FMI et la Banque mondiale".

Processus électoral

C'est dans cette conjoncture ponctuée de la visite de Kenneth Merten en Haïti, de lancement de campagnes électorales pour les présidentielles, les communales et le 2e  tour des législatives après la publication surprise des résultats définitifs y relatifs que le Ministre Laleau a décidé de présenter le budget 2015-2016 (122.7 Mrds HTG ou 2.35 Mrds USD) aux candidats à la présidence avec comme toile de fond, le secteur agricole comme "la locomotive de la croissance".  Avant d'y arriver, jetons un coup d'œil sur le processus électoral.

Le CEP a annulé les élections dans plusieurs communes du pays. Tout le monde s'est accordé sur un taux de participation assez faible aux élections du 9 Août 2015. Les résultats préliminaires ont donné lieu à des manifestations de rue à travers le pays. La Plate-forme VERITE s'est retirée de la course électorale malgré ses avances aux législatives du fait que le CEP refuse de réintégrer son candidat à la présidence, Jacky Lumarque. La FUSION DES SOCIAUX DEMOCRATES semble faire de même. LAVALAS veut l'annulation des élections du 9 Août tout en faisant campagne pour les présidentielles: le parti de l'ex-président Aristide joue sur les deux tableaux. Pourtant le CEP a profité de la conjoncture pour donner les résultats définitifs des législatives du 9 Août avec l'élection de deux Sénateurs Youri Latortue dans l'Artibonite et Renel Sénatus dans l'Ouest, en dépit du fait de l'annulation des élections dans plusieurs circonscriptions dans l'Artibonite et dans l'Ouest.

A mon humble avis, il serait beaucoup plus sage de reprendre d'abord les élections partielles au niveau de ces circonscriptions avant la proclamation de résultats définitifs. Très certainement, la reprise des élections dans ces circonscriptions aurait changé la donne, peut-être pas pour Sénatus, peut-être pas pour Latortue, mais aurait permis une bataille plus équitable pour la 2e place. Prenons le cas de l'Artibonite, le Bas Artibonite n'aura pas de représentant à la Chambre Haute. Ce qui est une injustice quand on sait que les élections ont été annulées par le CEP principalement au niveau des communes du Bas Artibonite. Et puis d'ailleurs si les résultats sont définitifs, il n'y aura plus nécessité de reprendre les élections sénatoriales au niveau de ces circonscriptions. La reprise de ces élections changerait quoi? Par contre, on ne voit pas d'inconvénient à la proclamation des résultats définitifs pour les députés. On espère que ces résultats définitifs ne viennent pas perturber encore le processus électoral et nuire à la journée du 25 Octobre. Ce sera la faute au CEP qui semble confronter de sérieuses divisions internes (démission d'un des 9 conséillers).

Pour les élections présidentielles, communales et législatives 2e tour, les candidats mettent les bouchées doubles surtout pour les présidentielles.  Jude Célestin, Moise Jean-Charles, Jovenel Moïse, Steve Khawly, Sauveur Pierre Etienne, Jean Henry Céant,  Maryse Narcisse, Steven Benoit, Mario Andresol... sillonnent le pays pour des meetings électoraux; des photos géantes sont un peu  partout; les murs sont placardés de photos de candidats , sans ménager les murs des résidences privées et des services publics. C'est la fièvre électorale. Tout laisse croire que les élections auront lieu le 25 Octobre, en dépit des protestations des uns et des autres. Le Premier Ministre  Paul est très confiant. Le CEP aussi. Pour la majorités des candidats, l'agriculture est la priorité des priorités. Parlons en justement.

Rôle et enjeux du secteur agricole comme "locomotive de la croissance"

L'agriculture  a une forte contribution au PIB global 23-25 % , mais  est traitée en parent pauvre dans le budget national (entre 4 et 7 % du budget national  depuis plus de 20 ans) avec des décaissements en retard sans tenir compte des deux grandes campagnes d'Hiver (25% de la production agricole) et de Printemps (60% de la production). Il est à noter que les décaissements pour le ministère de l'agriculture se font en général durant la 2e moitié de l'exercice et souvent à la fin de l'exercice. Les 6.67 Mrds HTG prévus en moyenne annuellement pour les trois prochaines années (5.5% du budget) restent dans la même fourchette  depuis la prise du pouvoir par l'administration Martelly. Avec un tel montant, il serait difficile pour le secteur agricole de jouer ce nouveau rôle. En effet, une locomotive doit en principe être assez puissante pour entrainer les wagons du train national de développement. Avec 5.5% du budget global, ce serait difficile pour ne pas dire impossible. Heureusement, selon le document final du budget 2015-2016 (Ref. MEF), le MARNDR est crédité de 11,9 Mrds HTG, soit 9.7% du budget global. 

Durant la présidence de M. Martelly, la seule et unique fois que le pays a connu un taux de croissance de 4.3% (2012-2013), si l'on exclut le taux de croissance de 5.5% pour l'exercice 2010-2011 en partie due à la présidence de M. Préval ( le Premier Ministre Conille fut nommé en octobre 2011), c'est quand, à coté du budget normal accordé au ministère, il y a eu un programme d'urgence post-Sandy de 1.4 Milliards de gourdes et une bonne pluviométrie durant l'exercice 2012-2013, cette combinaison de facteurs favorables a permis au secteur agricole de contribuer  au PIB global à hauteur de 4.6%.

10% du budget au ministère de l'agriculture
Etant désigné comme la locomotive de la croissance pour l'exercice 2015-2016, le secteur agricole devrait avoir, à mon humble avis, au moins 10% du budget national pour mener à bien sa nouvelle mission (9.7% du budget est acceptable pour cet exercice). Le MARNDR devrait elaborer un budget triennal avec des tranches annuelles autour de 12 Milliards de HTG ou plus (selon le montant du budget), pour rester en phase avec sa nouvelle orientation basée sur des pôles de croissance articulés autour des 5 châteaux d'eau du Pays et des périmètres irrigués  et irrigables en aval de ces châteaux d'eau.

Dans le cas où l'administration issue des élections voudrait vraiment voir le ministère de l'agriculture jouer son rôle de "locomotive de la croissance", il  faudrait lui donner les moyens de sa politique, à savoir 10% du budget national pour les 3 années à venir dont 5 Milliards de gourdes annuellement du Trésor public  à décaisser selon un calendrier fourni par le ministère et discuté avec les  ministères du plan (MPCE) et  de l' économie et des Finances  (MEF) qui ont très peu fait cas du calendrier agricole durant la présidence de M. Martelly et même avant. Sera-ce différent à la fin de l'administration Martelly?

Ainsi, le ministère de l'agriculture pourrait espérer réussir sa nouvelle mission de locomotive de la croissance, avec (i) cet apport de 10% du budget national, (ii) la bonne  pluviosité attendue après le passage d'Erika, (iii) les investissements  des gros entrepreneurs privés prévus dans le secteur ( Ex: AGRITRANS dans la banane),et (iv) les investissements privés traditionnels de nos petits agriculteurs qui investissent, bon gré mal gré, plus d'un milliard de dollars (1 Mrd USD) annuellement dans le secteur agricole selon les estimations  de certains cadres du ministère de l'Agriculture (plus d'un million d'exploitations agricoles, Réf. RGA).

Bonne gouvernance + moyens appropriés = résultats
Dans le cas où cette tendance à la hausse (9.7% du budget global de 2015-2016) ne se maintiendrait pas par la nouvelle administration qui sortirait des urnes et que le MPCE et le MEF ne tiennent pas compte du calendrier agricole  et de l'année agricole (Mars- Février), les résultats pour 2015-2016 (décaissements à temps) et pour les deux autres exercices à venir 2016-2017 et 2017-2018 (10% du budget et décaissements à temps), ne relèveraient que du miracle . Et les miracles ne dépendent que de Dieu.  Quant aux hommes, sans une bonne planification, une bonne gouvernance et les moyens appropriés, les résultats ne suivront pas.

Conclusions


La plupart des candidats à la présidence misent sur l'agriculture pour amorcer le développement du pays. Il y  en a qui sont ou étaient des agriculteurs ou issus de la classe paysanne. De plus les ODD accordent une place prépondérante à l'agriculture qui nécessite des politiques publiques appropriées. Il serait donc intéressant que, une fois les élections terminées, l'administration qui en sera issue maintienne cette vision  de "locomotive de la croissance" allouée au secteur agricole par l'administration  Martelly, et prenne les dispositions budgétaires en lien avec cette vision, tout en articulant les politiques publiques des autres secteurs autour du secteur agricole, en les intégrant dans un programme de long terme axé sur les ODD dans le cadre d'une grande concertation nationale pour accorder  nos violons en vue de déboucher sur une Haiti sans faim en 2025 et une Haïti émergente à l'horizon des années 2030.

lundi 31 août 2015

HAITI: LES SCENARII SUR LE TAPIS APRES LES ELECTIONS DU 9 AOUT 2015


HAITI: LES SCENARII SUR LE TAPIS APRES LES ELECTIONS DU 9 AOUT 2015
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 AOUT 2015

Tout le long de ce mois d'Août 2015, l'actualité haïtienne a été dominée par les résultats des élections législatives du 9 Aout.  Bien avant la publication des résultats, le Conseil Electoral Provisoire  (CEP) a été accusé d'avoir failli à sa mission. En effet, le processus a été entaché d'irrégularités. Le CEP était accusé d'avoir favorisé les partis proches du pouvoir dans la livraison  des mandats aux mandataires des partis politiques. Au jour J, les mandataires ont été les plus nombreux dans les bureaux et centres de vote que les électeurs. Selon les observateurs, ils ont été pour beaucoup dans les irrégularités relevées. De plus, certains candidats se sont arrangés pour rendre la situation intenable. Ils sont arrivés à perturber le processus dans plusieurs centres de vote (54/1508) et à pousser le CEP à mettre hors course une quinzaine d'entre eux,  à programmer la reprise du processus dans plusieurs villes du pays, à ne pouvoir déclarer l'élection d'un quelconque sénateur au premier tour. De plus, les tendances en lien avec les résultats préliminaires sont en faveur des partis proches du pouvoir comme PHTK, BOUCLIER, VERITE, KID, AAA. Ce qui crée une situation de malaise. Alors, quels sont les scénarii sur le tapis? Avant d'y arriver, attardons-nous un peu sur les faits saillants du mois, passons en revue tout le processus jusqu'aux réactions des principaux acteurs, et terminons avec les scenarii.

Les faits saillants du mois d'Août 2015
La CARIFIESTA, durant une semaine, a permis la fraternisation des pays de la Caraïbe en Haïti. C'était la fête de la culture caribéenne. Elle était riche en couleur  comme le carnaval des fleurs  qui n'a pas eu lieu cette année. La CARIFIESTA a été l'occasion pour le Gouvernement de nous faire revivre le Congrès du Bois Caïman, à Bois Caïman même, avec la promesse de la construction d'un mémorial  sur ce site pour matérialiser cet événement  qui ouvrit la porte à la libération de notre pays par rapport au système esclavagiste.
C'est le processus d'élaboration du budget 2015-2016 avec le secteur agricole comme  locomotive de la croissance. On caresse l'espoir que, cette fois-ci, il sera mis au moins 10% du budget national à la disposition du secteur agricole. Sans quoi, il n'aura pas la capacité de jouer son nouveau rôle de "locomotive de la croissance", à moins que cela veuille dire autre chose dans l'esprit des décideurs. Rappelons que notre pays traverse une période de sécheresse depuis environ trois ans et qu'une telle disposition budgétaire aiderait énormément le secteur agricole et le pays tout entier.
Pour comble de malheur ou de bonheur un autre phénomène naturel vient de frapper Haïti, ce 28 aout 2015, le cyclone Erika. Le passage de ce phénomène a causé quelques dégâts (une dozaine de blesses, Route nationale No 1 coupée, ravage au niveau des plantations), mais a donné un second souffle au pays, car Erika a versé assez d'eau sur Haïti atténuant un peu les effets de la sécheresse. Espérons qu'Erika favorisera une pluviosité plus ou moins acceptable durant la 2e moitié de la saison cyclonique (Septembre-Novembre 2015), favorisant ainsi la réussite de la campagne d'automne et surtout celle d'Hiver.
Il faut noter que cette  deuxième moitié de la période cyclonique  correspond à la période électorale. Il serait intéressant que le secteur agricole encourage les parties prenantes du secteur à profiter de la probabilité de cette bonne pluviosité pour relancer l'agriculture dans le pays. Ainsi, nos politiciens, qui jusqu'à présent ne proposent pas grand 'chose pour sortir le pays de sa crise permanente, pourraient continuer à en découdre soit pour  annuler les élections du 9 aout, soit  pour la continuation du processus, avec l'espoir de pouvoir donner à manger au peuple (même partiellement) après leur accession à ce pouvoir tant convoité.
Le processus électoral
Revenons sur ce qui s'est passé le 9 Aout. Voici ce que j'ai écrit sur FB tout de suite après la déclaration des autorités  électorales et politiques. Je le reproduis textuellement:
"Le 1er Tour des Législatives haïtiennes /appréciation à chaud"
"Aujourd'hui, 9 Aout 2015, Haïti a connu une journée électorale assez mouvementée, en particulier à cause des mandats qui n'ont pas été remis a la plupart des partis politiques à temps. Il en manquait 300,000 mandats sur 800,000 jusqu'à samedi 8 Aout 2015. On a appris plus tard par le CEP que quelqu'un du système l'a sciemment saboté dans l'intention de nuire au processus électoral."
"Ce n'était pas le seul obstacle au processus. Des gens mal intentionnés auraient voulu voir le processus se disloquer et ont agi en conséquence au niveau de certains centres de vote. D'autres ont utilisé toutes sortes de stratagèmes pour arriver à leur fin."
"Heureusement, une grande majorité voulait de ces élections et n'ont pas hésité à faire leur devoir civique, comme moi qui ai appelé le 8830 de DIGICEL pour savoir ou aller voter vers 2h 30 de l'après midi au Centre de vote (CV), Lycée Jacques 1er de la Croix-des-Bouquets et au bureau de vote (BIV # 46).Mon devoir accompli, je suis revenu tranquillement à la maison. Le vote aurait été beaucoup plus significatif en province qu' a la Capitale. Les élections ont bien eu lieu."
"J'ai appris plus tard que 54 CV/1508 (4%) ont du suspendre les opérations de vote avant l'heure, une majorité dans l'Ouest suivi de l'Artibonite, les deux départements les plus peuples; que la mairie de Limbe a été incendiée; qu'une personne a été tuée selon le gouvernement, 3 ou 4, selon Radio Métropole; que , peut être dans 10 jours, on aurait les résultats de ces élections après que les procès verbaux aient été acheminés et traités au niveau du centre de tabulation. Tout ca n'est qu'un bilan partiel."
"On attend les résultats pour voir comment nos hommes politiques vont réagir et si ces élections ont valu la peine d'être réalisées ce 9 aout 2015. Que les meilleurs gagnent!" JR JEAN-NOEL
C'était ma réaction à chaud. Je me suis trompé en parlant "de grande majorité"; le taux de participation officielle , selon le  CEP, est de 18% au niveau national, il est de 8% dans la zone métropolitaine. Ceux-là qui qualifient de "mascarade" ces élections parlent d'un taux de participation inférieur à 10% et ils demandent tout simplement l'annulation de cette mascarade. Quant à celui qui a été accusé, il a par la suite accusé le Président du CEP d'avoir menti. Par rapport aux réactions de nos hommes politiques, je ne pense qu'il ait valu la peine d'organiser ces élections qui nous divisent encore davantage. Analysons les résultats et leurs conséquences.

Les résultats et leurs conséquences
Tout était pratiquement calme le lendemain du vote. Les choses allaient se gâter lorsque le CEP a donné les résultats, le 20 Août 2015. D'ailleurs, mis à part certains députés qui sont élus au premier tour, le CEP n'a jamais dit qui va au second tour parmi les candidats au Sénat. En fonction de nos connaissances du système, nous avons déduit que tel ou tel candidat va au second tour. Le CEP a parlé de reprise des élections dans plusieurs communes du pays où il avait du désordre. Par conséquent, il ne peut pas avoir d' élus dans ces communes ni au niveau des départements concernés.
Après ces annonces, Les Irois,  Aquin, une partie du Sud Est ont donné le ton en brisant, en mettant le feu, en bloquant la circulation et l'accès à certaines zones et localités. Dans la nuit du 26 Août 2015,les tirs sporadiques ont réveillé tout le monde, et j'ai pu remarquer, au matin, qu'on a mis des pneus enflammés dans les rues durant la nuit, tant à Croix-des-Bouquets qu'à Tabarre. Toute la dernière semaine du mois a été émaillée de manifestations de rue  de LAVALAS et d'autres candidats frustrés par rapport aux résultats  contre le CEP et pour l'annulation des élections du 9 Août 2015. C'est à se demander, par rapport à cette situation d'incertitudes faites de violences, de vie chère, de malaise électoral,  de contestations émaillées d'incidents malheureux au bureau de contentieux électoral départemental (BCED), en attendant de porter les contestations au niveau du bureau de contentieux électoral national ( BCEN), et d'alliances électoralistes de ceux qui sont en position inférieure contre ceux  qui sont en tête et contre le CEP, qu'est-ce va se passer?
    Les réactions
Mis à part les partis qui ont une certaine avance, le CEP est sur la sellette condamné à revoir sa copie par la grande majorité. Les candidats qui se sentent lésés se sont ligués contre ceux-là qui ont une avance et contre le CEP accusé de favoritisme. D'autant que, à bien analyser les tendances des votes, les partis proches du pouvoir sont en avance par rapport aux autres, mais il faut noter que les votes reflètent les impressions d'avant le 9 Août, et les sondages qui les avaient précédés à quelques différences prêtes. Les partis les plus agressifs sont les plus en vue comme PHTK, VERITE, BOUCLIER. Mais, il faut le remarquer, tout le monde a trouvé un petit quelque chose. Comme ce sont les partis proches du pouvoir qui mènent la danse, les autres ont crié au scandale et à la magouille. Donc, selon eux, il faudra annuler le 1er tour, organiser les élections générales le 26 octobre, renvoyer le CEP, renvoyer l'administration Martelly, et mettre en place un gouvernement de transition. Un petit groupe est pour la reprise des élections dans les communes où il  y avait du grabuge. Ce sont ses options qui sont proposées par nos politiciens. Pour les organismes des droits humains, il faut faire évaluer le processus par une commission indépendante, prendre les sanctions contre les fauteurs de troubles en appliquant strictement le décret électoral. Pour la communauté internationale, certes il y a eu des irrégularités, des saccages de centres de vote, mais le processus est jusqu'ici acceptable. Quels sont "les scénarii sur le tapis après les élections du 9 août 2015"?

Les scenarii sur le tapis
La reprise des élections au niveau des communes où il y a eu des turbulences politiques avant les résultats définitifs parait une option assez raisonnable, parallèlement aux corrections à apporter au processus. Ce scénario ne plairait naturellement pas à l'ensemble des candidats qui ne sont pas en position de force.
L'annulation de ce 1er tour au profit des élections générales le 25 octobre. Ce scénario couperait court à toutes les manifestations de rue actuelles pour donner lieu à d'autres manifestations organisées, cette fois-ci, par ceux-là qui avaient une avance, par les partis proches du pouvoir et par le pouvoir lui-même. Quelles seraient les réactions des organismes des droits humains et de la communauté internationale?
La remise en question du processus dans son ensemble. Cette remise en question provoquerait probablement  un grand chambardement, remettant en cause la fragile stabilité issue des négociations qui ont débouché sur le choix d'Evans Paul comme Premier Ministre. Elle pourrait même déboucher sur la mise à pied du Président Martelly et de son administration. Ce qui arrangerait certains de nos politiciens qui tenteraient "une percée louverturienne" pour ne pas rester trop longtemps "en réserve de la République". Ce serait un moindre mal si on arrivait là, à une transition à la manière de Gérard Latortue et Boniface Alexance, soit un retour en arrière de 11 ans.  Ce qui nous attristerait encore plus, ce serait tenter cette aventure qui, à cause de nos divisions et nos turpitudes de peuple, déboucherait sur une perte de souveraineté  totale 100 ans après l'occupation américaine de 1915.

Ce serait de l'inconscience de la part de nos politiciens engagés pour la grande majorité dans la bataille électorale pour défendre leurs propres intérêts et ceux de leur clan au détriment de ceux de notre pays. Alors, pour Haïti d'abord et avant tout, trouvons ensemble la bonne option pour terminer en beauté ces "foutues élections". De toute manière, il y aura des gagnants et des perdants, c'est le principe même de la démocratie. Pensez-y mesdames et messieurs!!!