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mercredi 2 octobre 2019

PAYS LOCK PHASE 3 : HAITI AU BORD DE L’ASPHIXIE



PAYS LOCK PHASE 3 : HAITI AU BORD DE L’ASPHIXIE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 SEPTEMBRE 2019 .Revu le 3 Octobre 2019


On  avait annoncé que le lundi 30 septembre 2019 serait beaucoup terrible que  le vendredi 27 septembre 2019. Tout le monde était sur le qui-vive. Heureusement, c’était moins grave que le 27 septembre. Dieu nous en a préservés.

En effet, depuis environ  trois semaines, le pays est fermé. Rien ne fonctionne. Le gouvernement de Michel, qui a passé l’épreuve de la Chambre Basse, n’a pu se présenter à la Chambre Haute. Les Sénateurs de l’opposition en ont décidé ainsi par des moyens peu orthodoxes, l’invitation de leurs partisans, armés pour la plupart,  au sein du Parlement : la casse des matériels de bureau, l’utilisation par leurs partisans  de matières fécales pour décourager les autres  Sénateurs à participer aux séances programmées et avortées grâce à ces manœuvres.  La dernière séance s’est soldée par des tirs, dont ceux d’un Sénateur proche du pouvoir, le Sénateur Féthière, avec, à la solde, la blessure par balle de deux personnes dont un journaliste photographe, et par un sauve-qui-peut indescriptible des Sénateurs proches du pouvoir sous la pression des partisans des Sénateurs de l’opposition. Le Sénateur de l’opposition, Anthonio Cheramy (Don Kato), en a profité pour lancer une manifestation improvisée, qui a été l’annonciatrice de toutes les autres manifestations durant les trois semaines de pays lock phase 3. Ce pays lock 3 est plus terrible que les deux premiers (Février et Juin 2019), la crise du carburant, entre autres, aidant.

Le Mois de Septembre 2019 est un mois perdu (les économistes nous en diront plus). Durant, la première semaine, l’opposition politique a affiné sa stratégie unitaire dans le département du Centre pour obtenir le « rache mayok » du Président Moïse, le diable personnifié. Le dimanche 8 septembre, c’était le dernier round à Mirebalais[1]. Le 9 septembre 2019, l’UNOH (l’Union des Normaliens Haïtiens), a lancé timidement, à Port-au-Prince, les premières escarmouches. Une huitaine de jours après les premiers mots d’ordre, le pays s’est embrasé de manière progressive jusqu’à la date fatidique du vendredi 27 septembre 2019 et jusqu’à la journée de la peur, de la frayeur du lundi 30 septembre 2019.

Il faut noter qu'avant la date fatidique du 27 septembre, le Président est intervenu pour proposer un ènième dialgue à ses adversaires politiques et un gouvernement d'union nationale. Il a replacé Lapin à la tête d'un gouvernement d'austérité, qu'il a réduit et regroupé autour de 12 ministres, fermant par ainsi la parenthèse du gouvernement Michel. Il a aussi mis à pied le Directeur Général du ministère de l'intérieur, M. Monchéry, et le Délégué Départémental de l'Ouest, M. Duplan, tous les deux indexés dans le dossier du massacre de La Saline.  On dirait que cette intervention et ces mesures ont plutot jeté de l'huile sur le feu.

Pour revenir aux 27 et 30 septembre, il faut signaler que la veille au soir et dans la nuit, les pneus enflammés ont rendu l’atmosphère irrespirable et les fumées des caoutchoucs ont noirci les recoins les plus intimes des maisons situées à proximité des barricades enflammées, les tirs sporadiques ont poussé les familles à se mettre à l’abri dans des endroits les plus surs de leur maison et ont empêché mêmes les plus braves à dormir tranquille. Cela a été un exercice à répétition durant toute cette période. On comprend pourquoi la majorité des haïtiens se sont terrés chez eux .

De plus, les nouvelles sur les réseaux sociaux, à la radio, à la télévision,  ont fait état d’incendies et de pillage de magasins,  d’institutions publiques (postes et commissariats de police,  écoles, etc.), de casse de véhicules,. La circulation était réduite à quelques rares véhicules privés et des motos qui  pétaradaient dès 5h am jusqu’à 7-8h pm, et, souvent tout de suite après leur passage, des tirs, des crépitements de balles. Dans ces conditions, l’école, le commerce, l’industrie, l’administration publique n’ont pas fonctionné. Le pays a été, une fois de plus, une fois de trop, bloqué, sans aucune considération pour les malades, les femmes enceintes (émissions grand boulevard de Radio Caraïbe), les centres hospitaliers, les ambulances (Invité du Jour de Radio Vision 2000), les écoles (certains écoliers ont même  été fouettés selon Rosny Desroches sur Radio Métropole). A noter enfin, aucune liaison terrestre entre les départements géographiques du pays, routes barricadées, pénurie de carburant, de médicaments et autres. Les banques de province sont en panne de liquidités. Que dire des gens qui ne pouvaient pas s'approvisionner en nourriture, soit ils ne pouvaient pas sortir, soit ils n'avaient pas d'argent.  Un tableau très sombre de l'Haïti d'aujourd'hui. Heureusement, on a cette accalmie depuis mardi 1er octobre 2019! Pour combien de temps?

Tout cela pour obtenir la démission d’un Président élu et qui refuse de céder à la pression de la rue. Pour obtenir cette démission, ce déchoucage, l’opposition décide d’asphyxier le pays. Elle est arrivée à faire croire à tout le monde que c’est le Président, le seul responsable de la situation, puisqu’il est un inculpé, un voleur, un mal élu, un incompétent, un arrogant, un assassin. Bref, le diable personnifié. Une fois parti, le pays deviendrait une sorte de paradis. Car, elle promet de mettre en place un gouvernement de transition de trois ans,  qui organiserait la conférence nationale souveraine, le procès PETROCARIBE, et de changer le système peze souse dont Jovenel Moïse est le garant. L'opposition a déjà mis en place sa commission de passation de pouvoir pour recevoir la démission du Chef de l'Etat. Comme ce dernier n’arrive pas, jusqu’à présent, et ce, depuis les 6,7 et 8 juillet 2018, à diriger ni même à contrecarrer les manœuvres de l’opposition, on est amené à croire et à accepter qu’il est le problème, et que la solution passe par son départ. L'appel au dialogue du Core Group fait à l'opposition représentée en la circonstance par M.M. Latortue, Lambert, Leblanc, Mme Beauzile, et à "l'allié rebel" du pouvoir, M. Paul, a été rejeté d'un revers de main, sauf "un départ ordonné et immédiat de Jovenel" pourrait être accepté par l'opposition.

Quand j’ai vu, dans une vidéo, ce jeune homme de 31 ans, père d’un enfant qu’il n’a pu envoyer à l’école faute de moyens, et qui demande un révolver  pour aller tuer le Président, j’ai compris le niveau de haine transmise à ce malheureux. Quand j'ai vu, dans une autre vidéo, certains éléments d'une unité d'élite de la police prendre la fuite devant un groupe de manifestants armés de roches, de batons, etc., et quand j’ai entendu les menaces à peine voilées de certains leaders politiques, et non des moindres, vis-à-vis du Président de la République, j’ai compris que le sort réservé à Dessalines, Salnave, Vilbrun Guillaume Sam, etc., pourrait se répéter. Je suis arrivé à la conclusion que Jovenel devrait partir. Ce serait tellement triste et douloureux de voir ce bon peuple assassiner un Président de la République en plein 21e siècle! Quand j'ai lu la position de certaines institutions religieuses, de la société civile, etc., et quands j'ai lu certains textes de nos écrivains les plus célèbres et ceux de certaines personnalités moins connues, avec des diatribles anti-Jovenel et anti-PHTK, ma conviction s'est renforcée davantage: Jovenel devrait démissionner pour éviter le pire au pays et à lui-même.

En tout cas, le Président, une fois parti ou crucifié (victime expiatoire), les problèmes liés au ravage de ce cyclone politique exigeront des solutions urgentes, des solutions de long terme et la nécessité de mettre en place ce nouveau système (voir Fig. ci-contre ) réclamé par les jeunes de Petrochallengers et toute la jeunesse haïtienne ainsi que par la majorité silencieuse, un système favorisant un équilibre parfait entre les trois pouvoirs d’Etat, un système équilatéral, capable de produire un autre haïtien, en parfaite santé (sécurité alimentaire et nutritionnelle), bien éduqué, vivant dans un environnement régénéré et sécuritaire,  bien équipé (infrastructures bien normées et suffisantes), économiquement équitable et politiquement responsable, avec une gouvernance économique, financière et politique orientée vers le bien-être du peuple haïtien où, grâce à un système judiciaire aussi fort que les deux autres pouvoirs d’Etat, la corruption serait réduite à sa plus simple expression.

Qui est-ce qui va expliquer tout cela au peuple haïtien ? Car, il est beaucoup plus facile pour nos politiciens de se mettre ensemble contre quelque chose ou quelqu’un, de trouver des stratégies pour renverser leurs adversaires politiques par la diabolisation de l’autre, sans aucun égard pour le pays. C’est une constante tout le long de notre histoire de peuple. La bataille pour le pouvoir a toujours été privilégiée par rapport à la bataille pour le développement du pays. C’est pourquoi le résultat est ce qu’il est aujourd’hui. Naturellement, comme l’avait prévu, Fritz Jean[2], c’est Jovenel Moïse qui porte le chapeau, car il a hérité de cette situation et n’étant pas en mesure d’y remédier comme promis (campagne électorale), il en est donc perçu comme le principal responsable, ses adversaires politiques aidant (bâtons dans les roues et bataille médiatique gagnée).

J’ose espérer que, cette fois-ci, mettre Haïti au bord de l’asphyxie pour obtenir le départ du « diable » Jovenel Moïse en vaudrait la peine et déboucherait sur la mise en place de «  la 3e République » pour répéter Michel Soukar, une République plus solidaire, plus égalitaire et plus libre où ses fils et filles vivraient en harmonie les uns avec les autres et en parfait amour les uns pour les autres. Sans déchoucage cyclique. 

Cette République est possible si et seulement si nos hommes politiques actuels, qui se battent pour renverser l’actuelle administration, accusée de tous les maux d’Israël, ne visent pas uniquement le pouvoir pour leurs clans respectifs au détriment de la pauvre Haïti. Si le développement d’Haïti n’est pas vraiment l’enjeu de cette lutte acharnée, alors, mes frères, je vous garantis que vous connaitrez le même sort réservé à votre adversaire (ennemi) d’aujourd’hui et même pire encore. Soyez responsables et ne vous faites pas traités de menteurs à votre tour. HAITI D’ABORD ET AVANT TOUT ! A bon entendeur, Salut !!!