HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS
(37) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ;
HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU « BWA KALE » EST-IL LE PREMIER PAS
VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
2 MAI 2023
Dans la conclusion de la
36e chronique, je
m’interrogeais sur ce qui pourrait se passer en Haïti : « Va-t-on
vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un
appui musclé de la Communauté Internationale ? ».Biden envisage de transférer le dossier
d’Haïti à nouveau à l’ONU, et Abinader, le président dominicain, notre voisin
de l’Est, persiste et signe, la communauté internationale devra « Pacifier Haïti » ; en
tout cas, c’est ce qu’il a déclaré lors du sommet Ibéro-américain qu’il a
hébergé cette année. »
Effectivement,
le dossier d’Haïti est retourné au niveau de l’ONU à la fin du mois d’Avril 23.
Et l’on parle d’une probable intervention urgente, la nouvelle représentante du
BINUH, Mme Salvador l’a clairement demandé dans son dernier rapport sur Haïti,
surtout parce que le peuple a déclenché de manière inattendue une opération de
déchoucage des bandits, plus connue sous le vocable « BWA KALE[1] ».
Dans
cette 37e chronique, la guerre en Ukraine occupe toujours le
devant de la scène, avec la guerre
d’attrition dans le Donbass, en particulier à Bakhmuth, qui est presque
encerclée par les russes ; Biden a
déclaré sa candidature à sa succession. Concernant l’actualité nationale
haïtienne, le règne des bandits semble en passe de s’achever à partir de
l’opération Bwa kale déclenchée spontanément par la population le 24 avril 23,
au niveau de la zone de Canapé Vert, un quartier de Port-au-Prince, la
capitale. D’où le titre de cette 37e chronique : « HAITI
ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (37) ? LE MONDE : GUERRE EN
UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ( ?) ; HAITI : L’INSTABILITE
POLITIQUE ET L’INSECURITE OU « BWA KALE»
EST-IL LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?
I. SITUATION
AU NIVEAU MONDIAL
1.1. Biden vs Trump en
2024 ?
Biden
a annoncé sa candidature pour la présidentielle américaine de 2024 en dépit
d’une opinion publique défavorable à 70%. En principe, le parti au pouvoir ne
présente pas de candidat en face du président en fonction. Dans le cas de
Biden, il aura à faire face à un Kennedy prénommé Robert Jr, 69 ans, fils de
Robert Kennedy, le frère et ministre de la Justice de John Fitzgerald Kennedy (JFG), comme le président Carter en 1980 face à
Edouard Kennedy, un autre frère de JFK. Ce Robert Kennedy Jr ne semble pas
faire le poids face à Biden qui sera désigné le candidat du parti démocrate.
En
face de Biden, il y aura Trump qui est en ballotage favorable face à ses
adversaires du parti républicain. Les problèmes de justice que confronte Trump
blindent sa campagne. Et, quand bien même, il sera condamné pour ses nombreux
crimes, il pourra quand même redevenir président si le peuple américain le
préfèrera à Joe Biden. C’est la loi. En cas de la prise de pouvoir par Trump
2024, si la guerre en Ukraine ne se termine pas entre temps, l’appui de
l’administration américaine à l’Ukraine sous Trump sera très compromis.
1.2. La guerre[2] en Ukraine,
l’imminence de la contre-offensive(?)
Le
24 avril 2023, c’était le 14e mois de cette guerre qui rentre
dans son 15e mois. On constate une certaine évolution de la
situation par rapport au mois dernier. La guerre d’attrition se concentre
toujours dans le Donbass sur environ 800 km, en particulier sur la ville
de Bakhmuth à 88% russe aux dernières nouvelles. C’est une ville
presqu’entièrement rasée par les russes pour éviter les ripostes des tireurs
d’élite ukrainiens, qui, cachés dans ces grands bâtiments, ont causé des pertes
énormes dans les rangs de la milice Wagner et dans l’armée russe (20,000 morts
selon des sources occidentales). Jusqu’à
présent, la ville ne tombe pas encore totalement, puisque les ukrainiens
occupent 12% de la ville presque encerclée par les russes et procèdent par des
raids pour reprendre certaines positions. Cette fois-ci, on sent que la fin est
proche.Mais… Les ukrainiens avaient-ils raison
de sacrifier autant d’hommes aguerris pour une ville sans importance stratégique? En
tout cas, cette ville est devenue un symbole de la résistance ukrainienne face
à l’agression russe. Elle a permis de fixer une grande concentration de l’armée
russe à cet endroit et d’en éliminer une quantité considérable d’hommes. A un
moment donné, on parlait de pertes à raison de 1 pour 10 en faveur des
ukrainiens.
La Russie a
actuellement occupé 14% du territoire ukrainien et n'a gagné que 70 km2 ces
derniers jours. Cependant, les Occidentaux continuent de soutenir
financièrement et en armes l'Ukraine, qui prépare activement sa
contre-offensive. Personne ne sait quand cette contre-offensive commencera,
mais il est important de noter que 98% des véhicules de combat[3]
promis par les Occidentaux sont déjà sur place. Avec ces armes, les Ukrainiens
ont réussi à frapper des dépôts de munitions à Sébastopol en Crimée, dans le
sud, ainsi qu'à Belgorod en Russie, en face de Kharkiv dans le nord-est de
l'Ukraine, à saboter des trains de munitions en territoire ruse, à 60 km de la
frontière. Certains considèrent ces frappes comme le début de la
contre-offensive ukrainienne, malgré les conditions climatiques difficiles. Le
président ukrainien, Zelensky[4],
a clairement déclaré que "les
principales batailles sont imminentes", la raspoutitsa. Certaines
sources évoquent même une date possible pour le début de cette
contre-offensive. Prigogine parle de 15 mai 2023. Il reste à voir si cette date
est exacte ou si elle n'est qu'une supposition. Quoi qu'il en soit, il est
clair que quelque chose est en route et que les événements dans la région
continuent d'évoluer rapidement.
La Russie est en état d’alerte. Ils ont
annulé le défilé traditionnel du 1er mai 23 sur la place rouge. Elle se prépare à
faire face à la contre-offensive ukrainienne. Comme le front s’étend sur plus
de 800 km, il sera difficile pour les russes d’être fortement représentés sur
toute la ligne de front.
Il est impossible de savoir exactement quelle est le
niveau de préparation russe face à la contre-offensive ukrainienne, car les
informations à ce sujet sont souvent contradictoires ou incomplètes. Cependant,
on peut présumer que la Russie se prépare également à l'éventualité de cette
contre-offensive ukrainienne, étant donné qu'elle a déjà déployé d'importants
moyens militaires dans la région, notamment des troupes, des armes et des
équipements, et elle peut compter sur ses bateaux de guerre en mer noire, en mer
caspienne et sur ses bases pour frapper à distance l’Ukraine.
Il est possible que la Russie renforce par endroits ses défenses le long
de la ligne de front pour se protéger contre des attaques, ou qu'elle prépare
des contre-mesures pour neutraliser les forces ukrainiennes. Elle pourrait
également chercher à consolider ses positions dans les zones qu'elle a déjà
occupées en Ukraine, afin d'éviter toute avancée ukrainienne.
En outre, la Russie a essayé sans succès d’exercer une pression
psychologique sur les alliés de l'Ukraine, en invoquant la menace nucléaire,
pour les dissuader de fournir un soutien militaire supplémentaire à Kiev. Elle
a également intensifié sa propagande pour influencer l'opinion publique
internationale et justifier son intervention en Ukraine.
Cependant, il est important de noter que les informations sur les
préparatifs russes ne sont pas publiques et que certaines informations peuvent
être des rumeurs ou des spéculations. Par conséquent, il est difficile de
déterminer avec précision quelle est la préparation russe face à une éventuelle
contre-offensive ukrainienne.
Lula en Chine et au Portugal
En effectuant des visites aux USA, en Chine et au
Portugal, le président brésilien Lula Da Silva remet son pays sur la scène
internationale. En Chine, il plaide pour des échanges directs entre les pays à
partir de leur monnaie et non à partir du dollar, tandis qu'au Portugal, il a
de bons échanges avec l'ancienne puissance coloniale du Brésil, en dépit d'une
différence d'approche sur le dossier ukrainien, en raison de son appartenance
au BRICS.
L’ONU et le dossier Haïti
Lors des séances de l'ONU sur le dossier Haïti, l'affrontement entre l'Occident et ses deux principaux rivaux, la Russie et la Chine, est palpable. Ces deux géants anti-occidentaux n'hésitent pas à monter au créneau contre les États-Unis, considérés comme le principal responsable de la situation en Haïti décrite dans le rapport du secrétaire général sur Haïti, qui réclame le bénéfice de l'urgence pour notre pays. Il est à noter que le dernier développement de la situation haïtienne en lien avec l'opération de déchoucage des bandits, plus connue sous le vocable "Bwa Kale", y est très certainement pour quelque chose.
II.
SITUATION AU NIVEAU D’HAITI
En
ce mois d’avril 2023, je m’étais proposé de consacrer une bonne partie de cette
chronique à l’événement annuel du Group Croissance, Sommet International de la
finance, en particulier me pencher, entre autres, sur l’intervention de Paul
Latortue, que je résume à une des personnes qu’il a citée, Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée,
tout se transforme ». Malheureusement, l’opération Bwa Kale lui a
volé la vedette.
Un
revirement spectaculaire de la situation haïtienne
En effet, l’opération BRA KALE a surpris tout le monde par sa spontanéité, sa soudaineté et ses effets immédiats sur le règne sans partage des gangs. Le règne des bandits à sapâtes,à souliers et à cravate semble prendre un coup d’arrêt. Les chasseurs deviennent des gibiers. Pourtant au début du mois, personne ne s’attendait à un tel revirement de la situation. Les bandits régnaient en maitres et rendaient la vie impossible à la population haïtienne sous l’œil indifférent des autorités haïtiennes et de la communauté internationale. La zone métropolitaine de Port-au-Prince et le bas Artibonite sous l’emprise totale des bandits regardaient les populations de la majorité des quartiers de ces 2 zones se faire voler, violer et massacrer par ces terroristes. On a dénombré au niveau de Cité Soleil plus de 70 morts, au niveau de Source Matelas plus d’une cinquantaine de morts violentes, et au niveau du pays des maisons, des commissariats de police, des véhicules incendiés. Des médias traditionnels, des médias en ligne et réseaux sociaux rapportaient comme des faits divers ces atrocités commises par ces terroristes improprement qualifiés de bandits, de gangs. Ces terroristes rançonnaient la population, l’agaçait en se mettant en scène sur des réseaux sociaux. C’était l’enfer.
Et
puis Ti Makak, le puissant chef terroriste de Laboule 12 a été tué. Ses
ouailles ont pris peur et s’enfuyaient avec armes et bagages. Ces
terroristes ont été interceptés par la
police au niveau de Pétionville et ont été conduits au commissariat de
Canapé-vert. La population, ayant appris la nouvelle, a débarqué dans ce
commissariat, s'est emparée de 14 bandits et les ont brulés vifs. C’était le
déclic, le début de l’opération de déchoucage des bandits. Le peuple a donné un
nom succulent à cette opération, « Bwa Kale ».
Bwa
Kale, une déformation de Bukele
J’ai
essayé de comprendre ce nom. Je n’ai pas vu le rapport avec la signification créole
de cette expression. Et puis j’ai vu une vidéo sur Tik Tok qui fait la
comparaison avec le président « » du Salvador, BUKELE, qui mène une lutte
sans merci contre les gangs dans son pays et qui a offert son aide à Haïti deux
mois auparavant. J’ai compris que « BWAKALE » est une déformation de
« BUKELE ». En tout cas, ce
qui est sûr, c’est que plus de 200 bandits ont déjà perdu la vie dans des
conditions atroces depuis le 24 avril à date. Et ça continue ! Les images
de ces assassinats sont insoutenables. De plus, les foules de justiciers sont
accompagnées par la police nationale d’Haïti (PNH).
On
comprend la panique de ces terroristes qui essaient par tous les moyens de
s’échapper, de laisser la zone métropolitaine pour des cieux plus cléments.
Malheureusement ou heureusement, la plupart ont pu être appréhendés par la PNH
et par la population pour être « passés à l’infinitif ». On rapporte
qu’un jeune bandit pris de panique s’est réfugié chez ses parents qui n’ont pas
hésité à le tuer tout simplement. Ce cas exprime tout simplement le niveau de
souffrance et de rejet qu’a dû endurer la population face aux exactions de ces
bandits.
Face
à ces atrocités qui choquent le monde civilisé, l’ONU décide
d’ « agir en urgence ». Il faut dire aussi que certaines personnes
commencent à demander aux foules de s’orienter vers les anciens commanditaires
de ces bandits, de ces gangs, de ces terroristes, que je qualifie de « gangs
à cravate ». Il s’agit de politiciens au pouvoir et dans les oppositions
et de brasseurs d’affaires en Haïti, dont la plupart sont sanctionnés par le
Canada, les USA, la République Dominicaine, et l’ONU.
Le
gouvernement haïtien qui était indifférent au sort de la population a réagi par
la voix du premier ministre. La communauté internationale, qui tergiversait
récemment encore, lors des exactions des bandits, des gangs et de ces
terroristes, réagit à cette situation qualifiée improprement de guerre civile
et propose d’intervenir en urgence en Haïti. Comme l’a sollicité le mois
dernier, le président dominicain Abinader, l’ONU va venir « pacifier Haïti ». Va-t-elle intervenir pour finir avec
les terroristes ou pour protéger les bandits à sapâtes et à cravate. Faut noter
que, jusqu’à présent, aucun des chefs de gangs connus n’a encore été victime de
l’opération Bwa kalé. Au contraire, certains promettent de faire des
représailles sur la population.
Ce
mouvement doit être transformé en une révolution et non stoppé
Ce
mouvement spontané devrait être canalisé pour débarrasser le pays de tous ces
terroristes à cravate et à sapâtes. Certes, la méthode utilisée est trop violente ;
mais il faut remarquer que c’est une réaction naturelle de la population face à
ses oppresseurs, ses violeurs, ses bourreaux, des accapareurs de ses biens,
face à tout ce système d’exploitation mis en place en 1806 et dont elle est la victime
expiatoire. Ce système, qui est un prolongement du système esclavagiste contre
lequel nos ancêtres se sont sacrifiés, exploite les plus faibles depuis cette
date. A rappeler que les gangs ont été mis en place par des brasseurs
d’affaires, des politiciens au pouvoir et des politiciens dans les oppositions
pour préserver les intérêts de leurs clans respectifs tout en capturant l’Etat.
Rappelez-vous les propos du sénateur Hyacinthe le 12 décembre 2017, qui a
pointé du doigt ces trois catégories qui actuellement sont sous sanctions
internationales. Ce mouvement doit être transformé en une révolution et non
stoppé comme par le passé par la communauté internationale et les USA.
3.
III. CONCLUSIONS ET
PERSPECTIVES
L’Ukraine
se prépare à la contre-offensive. Le monde occidental souhaite la réussite de
cette contre-offensive. La Russie se prépare à lui faire échec pour s’accaparer
de ce grand pays totalement ou partiellement contrairement à toutes les lois
internationales. Les USA sont embourbés dans ses contradictions internes
républicaines et démocrates, caractérisées par deux vieillards, TRUMP, 78 ans,
et BIDEN 80 ans. Tout cela n’annonce rien de bon. L’occident est esseulé. Les
non-occidents se renforcent. Les BRICS se battent pour un monde multipolaire
qui fasse des échanges dans leur propre monnaie au détriment du dollar-roi. Le
monde est vraiment à la croisée des chemins. La guerre en Ukraine favorise le
début de ce nouveau monde en gestation. Ses effets sont mondialisés et tout le
monde en paie les conséquences.
Haïti
qui est devenue un enfer par l’entremise de ses propres fils à la solde de la
communauté internationale, en particulier l’occident colonisateur, semble dire
adieu au règne odieux de gangs à souliers, à cravate et à sapâtes, et semble
s’orienter vers sa propre croisée des chemins Ce mouvement spontané Bwa Kalé, qui est une
réaction à tant d’atrocités subies en silence par un peuple résilient plutôt
pacifique mais poussé à bout par des terroristes, met tout le monde au pied du
mur.
Est-ce
le premier pas vers la vision 2054 ?
J’avais
écrit en décembre 22 que l’année 2023 devra être l’année de « redémarrage d’Haïti ». Je
n’avais aucun argument sérieux pour l’écrire. Je le sentais tout simplement.
Dans un show vidéo avec Jean Victomé, on s’était fixé une date, mars 2023, pour
amorcer ce changement. Après mars, on s’est dit que tout était foutu. Et puis
le 24 avril 23, contre toute attente, le peuple réagit et sort de sa torpeur,
c’est l’opération Bwa Kale. Est-il possible d’appuyer ce mouvement pour changer les
choses, changer Haïti et jeter les bases pour concrétiser cette vision 2054, en
faisant de notre pays, « le pays phare du monde en matière de
démocratie solidaire, réduisant drastiquement l’écart entre les riches et les
pauvres », en atteignant une première étape en 2032, avec 88% de souveraineté
alimentaire, et une deuxième étape en 2042, un pays émergent
à la manière de la Scandinavie, avant l’étape finale de 2054 ?
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