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lundi 2 août 2021

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (17) : L’ASSASSINAT CRAPULEUX DU PRESIDENT JOVENEL MOISE, LA FIN D’UNE EPOQUE OU LE DEBUT D’UNE ERE NOUVELLE (?)

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (17) : L’ASSASSINAT CRAPULEUX DU PRESIDENT JOVENEL MOISE, LA FIN D’UNE EPOQUE OU LE DEBUT D’UNE ERE NOUVELLE (?)

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

2 AOUT 2021 ; REVU, CORRIGE LE 5 AOUT 21

              Le contexte d’un assassinat crapuleux

On est en pleine période de recrudescence du covid-19[1], avec l’apparition du variant Delta, qui bouleverse encore plus le monde et Haïti par rapport à l’augmentation des cas de contamination (Monde :198,707,823 ; Haïti :20,157), des cas de mortalité (Monde :4,229,662 ; Haïti :555), et des cas de récupération (Monde: 129,993,646 ; Haïti :12,961), malgré la progression de la vaccination (Haïti s’y mêle). On est en pleine période d’inquiétude liée, au niveau mondial, à cette nouvelle forme de guerre froide  basée sur le renforcement des alliances entre les puissances mondiales (USA et Alliés occidentaux d’un côté et l’axe Chine/Russie et Alliés de l’autre). On en pleine période d’incertitude et de peur panique, en Haïti, liée à cette polarisation entre les protagonistes politiques. Cette polarisation favorise le grand banditisme à une échelle de contrôle territorial par les bandits au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ce qui met  en nette minorité les forces de l’ordre sous équipées et paralyse les activités économiques à l’échelle du pays. Elle  focalise (bataille de communication gagnée par l’opposition et alliés) tous les déboires d’Haïti sur un seul individu, le président J. Moïse, le diable personnifié, l’unique responsable de la situation chaotique haïtienne, d’où cette haine viscérale vis-à-vis de lui conduisant à son brutal assassinat. La 17e  chronique  du mois de Juillet 21, consacrée à la thématique « Haïti et le monde à la croisée des chemins », la dernière liée à cette administration si controversée et si combattue, s’irrigue donc du sang de Jovenel.  En effet, le fait dominant de ce mois  de Juillet 2021 reste l’assassinat crapuleux du 58e  président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse[2], 53 ans, par un commando parlant espagnol dans sa résidence privée, à pèlerin 5, Pétionville, dans la nuit du 6 au 7 Juillet 2021, décidément une date maudite pour Jovenel Moïse, rappelez-vous les événements des 6,7 et 8 Juillet 2018, marquant le tournant dans les déboires de cette présidence.

Le choc

Ma femme m’a réveillé pour m’annoncer la nouvelle. Pour confirmation, J’ai capté Radiotélévision Caraïbes (RTVC) qui l’a confirmée vers 5h 30 du matin suite à un appel téléphonique un peu plus tôt au Premier Ministre ai Claude Josep. C’est un choc terrible pour le monde, pour Haïti et pour moi! J’étais abasourdi ! Un ami, qui connait mes relations de travail avec le défunt en tant que consultant du ministère de l’agriculture dans le cadre de la CASDA[3] et en tant que membre  de la Cellule de Pilotage de la Caravane du changement, m’a appelé au téléphone. Je lui ai répondu dans un murmure ironique : « Comme il était le problème selon ses adversaires et ennemis politiques, la crise haïtienne est donc maintenant résolue ». On a pris congé et je suis retourné un peu hagard aux nouvelles. Sa femme Martine Moïse, 47 ans, donnée pour morte dans un premier temps, n’est que blessée et évacuée par les soins des nouvelles autorités haïtiennes dans un hôpital en Floride aux USA et les trois enfants du couple présidentiel, Jovelain, Jormalie et Jovenel Jr sont en sécurité (une sorte de soulagement). Ces informations sont confirmées un peu plus tard dans la journée par le Premier Ministre ai. Claude Joseph, qui, dans un point de presse et après un conseil des ministres en urgence, a déclaré que « tout est sous contrôle » et que «  le pays est en état de siège  pour une période de 15 jours». Cet assassinat crapuleux, est-ce la fin d’une époque ou le début d’une ère nouvelle?

              L’Assassinat du Président Moïse par un commando colombien et les implications possibles, Dr Sanon et Co, « un véritable complot »

              Sans anticiper les réponses à cette double interrogation, la mort d’un président met fin d’une manière ou d’une autre à quelque chose, une époque, une période. Ce n’est plus le même interlocuteur, ni le même discours. Rappelez-vous la mort de Duvalier père (Papa DOC), Jean Claude Duvalier, le fils ou Baby Doc, avait certes continué "la révolution duvaliériste" mais en lui donnant une orientation économique et une certaine détente au niveau politique. Pour ce qui concerne la situation actuelle, cet assassinat brutal, crapuleux où la victime, en l’occurrence, Jovenel Moïse, a été le président en exercice, a donné lieu, dans un premier temps, à son remplacement par Dr Claude Joseph[4] qui a sollicité « une intervention militaire américaine », et, dans un second temps, par Dr Ariel Henry, un ancien du parti de l’UNITE, dans les deux cas avec l’aval de la communauté internationale, en particulier les USA, « le commandeur » selon le professeur A. D’Meza[5]. Normalement, cet assassinat devrait déboucher sur une réorientation de la chose politique, d’autant que Ariel Henry est le résultat de négociations en sous mains avec l’opposition politique. L’assassinat du président, chez lui, dans sa chambre, par un commando colombien[6] accompagné par deux étrangers d’origine haïtienne, implique forcément  la complicité interne, en particulier des services de sécurité de la présidence haïtienne[7],  et d’autres entités, en témoigne la complicité d’un pasteur, Dr Emmanuel Sanon[8] et d’autres personnes complices[9] comme un dirigeant d’agence de sécurité, soit une quarantaine de personnes actuellement en prison (44 personnes), et  en cavale comme l’ex-sénateur John Joël Joseph, l’ancienne Juge de la Cour de Cassation mise à la retraite pour complicité lors de la tentative de coup d’état du 7 Février 2021, Mme Wendelle Coq Thélot, etc., soit une dizaine  de personnes en cavale.

Aux dernières nouvelles, selon Le Nouvelliste, le dossier est « déféré au Cabinet d’instruction[10] ». On a appris dans cet article que Martine Moïse a été interrogée par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), et l’implication  d’autres acteurs religieux, politiques et du secteur privé. « En plus du mandat d'amener décerné contre cinq nouvelles personnalités, à savoir Paul Denis, responsable du parti politique INIFOS; Liné Balthazar, président du PHTK, le parti au pouvoir ; les pasteurs Gérald Bataille et Gérard Forges Janvier et de l'homme d'affaires Samir Handal, notre source au parquet de Port-au-Prince a fait savoir que d'autres mandats seront bientôt décernés ». Très certainement, il y a d’autres complices comme les auteurs intellectuels, les financeurs. C’est en ce sens que Me Michel André (interview avec Valéry Numa[11]), opposant farouche à Jovenel Moïse et qui l’a rendu et continue de le rendre responsable de tous les malheurs du pays, en insistant, une fois de plus,  sur sa responsabiliité dans les « massacres de La Saline, de Belair, de Cité Soleil,.. et l’assassinat de Me Dorval, qualifie de « véritable complot » l’assassinat du « président de facto ». Ce qui est sûr, c’est un crime transnational impliquant au moins 4 états : Colombie, USA, République Dominicaine et Haïti. D’où la présence de FBI américain et des enquêteurs colombiens à côté des services spécialisés de la Police Nationale d’Haïti (PNH).

              Le monde entier en émoi et l’indignation haïtienne à son comble (photos)

              Revenons aux effets immédiats de l’assassinat de Jovenel Moïse. En ce matin du 7 Juillet 2021, la nouvelle de l’assassinat du Président a causé une onde de choc à travers le monde et en Haïti. Cette onde a causé un tsunami mondial. Toutes les grandes chaines de TV  mondiales ne parlaient que de cela et diffusaient les réactions des personnalités mondiales. L'Organisation des Nations Unies (ONU) a rendu quelques jours plus tard un hommage grandiose  au prisident Moïse dans une cérémonie digne de ce nom et surout émouvanteoù défileront sur la tribune, avec des propos élogieux, les représentants de toutes les régions du mondeQuant aux réseaux sociaux, ils étaient inondés de cette nouvelle fracassante. Le monde entier était en émoi et l’indignation haïtienne était à son comble, surtout après la diffusion des photos de cet assassinat crapuleux où la victime a été écrabouillée, 12 balles dans ce frêle corps (15 balles selon HPM[12], une agence en ligne), un œil crevé, bras  et pieds fracturés. Cet assassinat était signé et contenait un message très clair pour les futurs présidents haïtiens et du monde (surtout dans le monde noir, selon l’ex-sénateur et chanteur Jacques Sauveur Jean sur Radio Télé Métropole) qui oseraient agir à la manière de Jovenel Moïse. C’était aussi le résultat  de la haine distillée tout le long de ce mandat par des adversaires et ennemis politique de Jovenel Moïse.

              On nous faisait croire que ce président était le plus impopulaire des présidents haïtiens et que son départ  du pouvoir causerait une explosion de joie.  A l’annonce de l’assassinat crapuleux du président, il n’en était rien. En ce jour du 7 Juillet 2021, une bonne partie de la population a plutôt accompagné la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans la recherche des assaillants et a même lynché deux d’entre eux. C’est ce qu’on a relevé au niveau de la zone métropolitaine réputée hostile au président Moïse. Quant aux provinces, l’attitude de la population traduisait une hostilité vis-à-vis de tout ce qui pourrait représenter les assaillants, au point qu’il a été nécessaire de mettre en garde la population pour qu’elle ne tue pas des personnes à peau claire, en particulier les coopérants cubains vu leur ressemblance avec les  assaillants colombiens.

              Les réactions de ses adversaires et ennemis politiques et du simple citoyen

              Les adversaires et les ennemis politiques du feu président se sont mis de la partie pour condamner cet acte crapuleux ou ont gardé un silence prudent et complice. En tout cas, aucun n’a osé réclamer le pouvoir après cet assassinat pour ne pas être taxé de complice ou d’auteur intellectuel de cet acte crapuleux. Certes, sur les réseaux sociaux, certains partisans de ces leaders  ont osé exprimer leur joie, même là encore ils étaient en minorité. La condamnation de cet acte crapuleux était presque unanime. Il a fallu attendre 2 à 3 jours avant des sorties anti-Jovenel. Pour la plupart, des secteurs anti-Jovenel, religieux, barreaux des avocats, droits humains et autres) ont brillé par leur silence prudent et complice. Quant au simple citoyen interrogé, il était plutôt indigné et globalement en mode revanche. La voix de Martine de l’hôpital américain où elle est soignée, condamnant l’assassinat de son mari, a jeté une sorte de controverse et a réveillé l’opposition anti-Jovenel et un organe de presse a même affirmé que sa voix a été trafiquée. Certains médias et journalistes de renom ainsi que le gouvernement de Claude Joseph ont dû se jeter dans la bataille pour éclaircir la situation et confirmer la prise de position de Martine Moïse. Entre temps, ce qui reste du Sénat et certains partis politiques  y inclus le PHTK, le parti du feu président Moïse, ont appuyé un pouvoir à deux têtes, avec le Sénateur Lambert comme président et Ariel Henry, le premier ministre nommé et non installé par Jovenel Moïse et qui était contesté du vivant du défunt, comme premier Ministre, avec pour mission première d’annuler tous les actes posés par Jovenel Moïse.

              La lutte pour le pouvoir politique : Claude Joseph, Ariel Henry

              Ce pouvoir à deux têtes n’a pas eu l’aval de la Communauté Internationale et des américains qui ont endossé le premier Ministre ai, Claude Joseph. Cette lutte pour le pouvoir entre Claude Joseph et Ariel Henry n’a pas duré longtemps. Juste après le retour de Martine Moïse, le 17 Juillet 21, avec un bras en écharpe  qui a fait polémique (bras gauche avant, bras droite maintenant, tout est scruté à la loupe pour continuer l’assassinat de caractère de ce couple présidentiel), venue spécialement pour organiser les funérailles  de son mari, Dr Claude Joseph a donné sa démission au profit du Dr Ariel Henry qui l’a reconduit comme ministre des affaires au sein du nouveau gouvernement dont la mission essentielle est d’organiser les élections présidentielles et législatives. Parallèlement, une équipe de la société civile travaille sur une solution haïtienne à la crise de succession du président assassiné. Entre temps, le gouvernement démissionnaire de Claude Joseph a mis  le cap sur l’organisation des funérailles du président assassiné.

              Les funérailles de Jovenel Moïse au Cap-Haïtien et les incidents

              Selon le vœu du défunt, il devrait être enterré à côté de son père au Cap-Haïtien. C’est pourquoi, il y a eu d’abord une cérémonie funèbre à Port-au-Prince avec la présence de deux anciens présidents, Martelly et Avril, et ensuite, les funérailles au Cap-Haïtien, le 23 Juillet, émaillées d’incidents, avec la présence de la famille du défunt, d’une délégation de haut niveau des USA conduite par l’Envoyé Spécial américain en Haïti, M. Daniel Foote , de deux anciens PM, Evans Paul et Jack Guy Lafontant, des partisans de PHTK local  et d’un seul leader de l’opposition politique, Jean Charles Moïse, qui est arrivé à faire sourire Martine Moïse par un quelconque tour de parole, ce qui a donné lieu à des commérages sur les réseaux sociaux, et l’absence remarquée du secteur privé.

La plupart des gens du Nord ne voulaient pas que le feu président soit enterré avant la condamnation des coupables de cet assassinat crapuleux commis  par les gens de l’Ouest qui avaient assassiné, depuis Dessalines, 5 Chefs d’Etat venus du Nord dont Salnave, Saincinatus Lecomte, Vilbrun Guillaume Sam et Jovenel Moïse. Pour arriver à leur fin, ils ont bloqué, la veille, le jour même et le lendemain des funérailles, les routes, endommagé les ponts, brulé des véhicules, le magasin de Valério Canez au Cap-Haïtien et même un hôtel. Certaines délégations sur place n’ont pas pu participer aux funérailles, la délégation américaine a dû laisser précipitamment les funérailles  pour retourner à Port-au-Prince par voie aérienne car insultée par des badauds dont un quidam  en particulier accueilli comme un héros sur certains réseaux sociaux. Ces gens ont lancé des slogans séparatistes vis-à-vis de l’Ouest et ont programmé de mettre en place une république séparatiste dans le Nord du Pays (N, NE, NO et Centre). Peut-être l’Artibonite. On serait revenu au Royaume du Nord avec Christophe (1807-1820) et la République de l’Ouest avec Pétion (1807-1818), après l’assassinat de Dessalines le 17 Octobre 1806.

En tout cas, lors de ces funérailles, la famille de Jovenel Moïse[13], avec Martine Moïse en tête, a eu des prises de parole traduisant leur grande tristesse, leurs grandes frustrations, contenant un message on ne peut plus politique et réclamant justice. Et après son départ pour l’étranger, quelques jours après les funérailles, « avec enfants et même son chien » selon Matin Débat, Martine Moïse a donné une interview au Journal, Le New-York Times[14], où elle a raconté le film[15] de l’assassinat de son mari selon ce qu’elle a pu constater et entendre. Ce qui retient l’attention de tout le monde, c’est sa probable candidature à la présidence aux prochaines élections. Ce à quoi Dr Jean Fils Aimé[16] attribue à une sorte d’utilisation du personnage, Martine Moïse, veuve du défunt, par l’occident, en particulier les USA, pour arriver à perpétuer le système actuel, avec la candidature du Dr Claude Joseph ou, à défaut, avec celle d’un autre personnage tout acquis à leur cause et à celle des oligarques locaux. Il faut noter qu’avec le suicide de Me Gassant et l’arrestation de sa femme en République Dominicaine (libérée depuis), les partisans de l’opposition enflamment les réseaux sociaux et souhaitent l’arrestation de Martine Moïse pour l’assassinat de Jovenel Moïse. En tout cas, la famille Moïse et Martine en tête semblent assumer pleinement l’héritage de la présidence de  Jovenel Moïse.

              Eléments de bilan et l’héritage de Jovenel Moïse

              Il est difficile d’établir un bilan clair de la présidence de Jovenel Moïse, tellement l’homme touchait à tout et a beaucoup promis sans avoir les  moyens de sa politique, dans une conjoncture sociopolitique et économique à la limite de la catastrophe (PIB 2017 et 2018= 2.6% et PIB 2019-2020= -5%), marquée par l’entropie politique et la dégringolade de la gourde par rapport au dollar (+100 G pour 1 USD) ; quant à l’exercice 2021, il se soldera par une croissance faible ou négative. Les deux documents de référence qui pourraient aider à l’établissement d’un bilan objectif, « Le document de synthèse des plans d’action départementaux. 2018» et « le plan National de Sécurité alimentaire et Nutritionnelle-PNSAN actualisé 2018-2030 », n’ont pas été appliqués à la lettre. D’ailleurs, en toute logique, ces deux documents nécessitaient et  nécessitent, pour leur mise en œuvre, des fonds largement supérieurs aux budgets d’investissement des cinq ans de l’administration du président Moïse. Les éléments d’action tirés de ces documents et réalisés de manière partielle ont été confrontés à certaines contraintes majeures de la gouvernance haïtienne, le manque de ressources humaines qualifiées, le manque de planification, le manque de ressources financières au niveau des secteurs en charge de la mise en œuvre, et aussi à cette instabilité chronique et exacerbée tout le long de cette présidence. Il faut noter aussi qu’il est encore plus difficile, dans le cadre d’un article consacré principalement à l’assassinat brutal et crapuleux d’un président de la République, de donner un bilan exhaustif sur l’action globale d’une présidence de 4 ans et 5 mois interrompue de cette manière. N’ayant pas suffisamment d’informations sur les 150 établissements scolaires, dont a parlé ministre Agénor, ni sur les infrastructures d’eau potable (DINEPA a été plutôt dynamique) et hospitalières (Covid-19 oblige), je me concentre, juste pour donner une idée sur certaines actions entreprises dans 4 domaines : route, électricité, infrastructures agricoles et réforme institutionnelle.

Au niveau des infrastructures routières, en plus de la réhabilitation des routes en terre (+1500 Km) au niveau  de l’ensemble des départements géographiques grâce à l’achat de 123 M de dollars américains d’équipements lourds et la récupération d’environ 200 équipements dont 4 usines d’asphalte, 1 à Camp Perrin (Sud), 1 à Roseau (Grande-Anse), 1 à Gros Morne (Artibonite) et 1 à Trou du Nord (NE) réalisée mais non encore inaugurée, il faut aussi mentionner des routes revêtues (asphalte et béton). Grâce à ces usines et à d’autres du secteur privé, les réalisations phares en matière de routes revêtues avoisinent 200 km dont Cayes-Jérémie (Nationale No 7) 43 Km réalisés sous l’administration Moïse ; Carrefour Joffre-Port-de-Paix 80 Km dont 60 % de tronçons achevés selon le ministre Nader Joisséus  du MTPTC ; Hinche-St Raphaël (45 Km) sous financement UE ; Camp-Coq-Cap-Haïtien (36 Km), pour ne citer que ces tronçons ;  et des travaux de rénovations urbaines aux Cayes (centre-ville) ; Camp-Perrin (centre-ville et alentours) ;  Jérémie centre-ville, route de l’aéroport et aéroport de Jérémie ; Port-au-Prince (cité administrative, rues asphaltées et bâtiments publics) ; rues asphaltées et/ou bétonnées à Delmas , Tabarre, Pétionville, Gonaïves, L’Estère, Port-de-Paix, Trou du Nord, Ouanaminthe, Belladère, etc. Il faudrait aussi parler de places publiques construites et/ou rénovées dans diverses villes du pays.

Quant à l’énergie électrique, c’est un pays en chantier. La construction phare demeure la centrale de Carrefour 57 MW non encore inaugurée donc plus importante que Péligre (54 MW), celle de Port-de-Paix, celle de  Fort Liberté (6 MW), la réhabilitation de la Centrale hydroélectrique de Drouet (+ 3 MW), celle de ST Marc (en cours), celle du Cap-Haïtien (Sainte Philomène : 10 MW en cours), celle de Petit-Goâve, celle des Cayes, celle de Jérémie, celle de Jacmel, sans compter les petites centrales mixtes (Thermiques et Solaires) de 200 à 500 KW (Irois, Tiburon, Les Anglais, Chardonnières, etc.), et la distribution des kits solaires à des familles nécessiteuses dans des endroits isolés du monde rural.

Au niveau des infrastructures agricoles : Systèmes d’irrigation et Centres semenciers et de germoplasme, en plus des barrages phares de Marion  et de Grande Rivière du Nord (90% achevé), il faut noter la mise en place d’une cinquantaine de pompes à énergie solaire aux Gonaïves, à Anse-Rouge, à Port-de-Paix, Caracol, Ferrier/Fort Liberté, Plaine du Cul de Sac, dans les Nippes, etc. Soit environ 2500 ha. L’administration Moïse a mis en place 3 centres semenciers (Artibonite, NE et Sud) d’une capacité de 20,000 TM. Signalons aussi la mise en place de 5 centres de Germoplasme pour la production des plantules (Sud, GA, Nippes, NO et  N) d’une capacité de 4.5 M de plantules chacun par an.

Pour la réforme institutionnelle, elle se traduit par le vote et l’adoption d’une soixantaine  de lois, de décrets et d’arrêtés. Ces actes législatifs pour la plupart contestés plus par opposition à M. Moïse que pour des raisons vraiment valables. En tout cas, avec très peu de corrections, ces actes législatifs amélioreront l’arsenal législatif haïtien. De même, la réforme constitutionnelle entamée pourrait se concrétiser par de simples ajouts ou retraits du document élaboré par le Comité Consultatif Indépendant (CCI) mis en place par Jovenel Moïse. En fait, ce document était beaucoup plus contesté parce qu’initié par Moïse et non par l’opposition politique qui en avait parlé bien avant lui.

Conclusions et Perspectives

              Jovenel Moïse est brutalement assassiné par des mercenaires recrutés par des haïtiens et aidés dans leur salle besogne par des haïtiens chargés de sa protection. L’opposition à Jovenel n’a pas osé revendiquer le pouvoir plus par crainte d’être épinglée comme complice que par un quelconque regret d’y avoir contribué, mais manœuvre pour récupérer le pouvoir et annuler les actes posés par Jovenel dont certains décrets controversés. Il est difficile à date d’établir toutes les responsabilités dans le cadre de cet assassinat crapuleux, surtout les auteurs intellectuels. Les personnes écrouées jusqu’ici n’ont pas les moyens pour financer une telle entreprise. Le dossier « déféré au cabinet d’instruction » pourrait favoriser une belle avancée de l’enquête dans les prochains jours, semaines et mois.

Toutefois, il est clair que le président Moise a été victime de l’intolérance des hommes et femmes politiques et alliés, aussi de la plupart des structures organisées du pays, qui ont toujours été hostiles à son administration et à sa personne. Il suffit de relire  certains écrits, de revoir certaines vidéos et de réécouter certains enregistrements pour comprendre le niveau de propos haineux et de violences vis-à-vis de ce fils de l’arrière-pays, du pays en dehors. C’est ce qu’on qualifie de l’assassinat de caractère. Il en a parlé en plusieurs occasions. Sa femme également. L’ex-PM Evans Paul en a fait de même et en qualifiant Jovenel de "martyr" qui devient ainsi un problème sans fin contrairement à ce qui se passerait si on l'avait laissé terminer son mandat le 7 Février 2022. Bref, avec l'assassinat de caractère, le terrain était donc préparé pour son assassinat physique. Je vous réfère à mon article du 30 Septembre 2019[17] où j’avais pressenti l’assassinat du président Moïse. Et, quelles que soient les dérives de sa présidence, il ne méritait pas cette dégradante et macabre fin!

Donc, il est clair que la façon dont on fait jusqu’ici de la politique en Haïti est mauvaise, contreproductive et préjudiciable au pays et à la population. Une personne que je connais a développé une haine viscérale contre ce monsieur au point de déclarer être très contente de sa disparition, tout simplement elle a épousé la thèse de l’opposition politique et alliés que ce monsieur était responsable de tous les malheurs du pays. En 2004, cette personne avait la même attitude vis-à-vis d’Aristide qui avait subi le même matraquage médiatique. Aurait-elle été aussi contente de la disparition physique d’Aristide, prêtre défroqué de son état? Comment une chrétienne, disciple de l’apôtre de l’amour, pouvait-elle arriver à cette extrémité vis-à-vis de quelqu’un dont le seul péché a été d’occuper le fauteuil présidentiel? L’explication se retrouverait, selon moi, dans les discours haineux distillés par la majorité de nos hommes et femmes politiques et amplifiés par les médias de tous types et de toutes catégories.

Or Aristide et Moïse se battaient, tout au moins au niveau du discours (parfois haineux chez Aristide), pour les plus faibles, pour le changement du système « pezesouse » (surtout Jovenel), pour la réduction des écarts entre les riches et les pauvres (réduction des inégalités sociales et économiques), pour un système en équilibre, ce que j’appelle : « un système équilatéral avec un équilibre parfait entre les trois pouvoirs d’Etat ». La meilleure façon d’arriver à cela, c’est de produire ensemble une nouvelle constitution en améliorant l’avant-projet constitutionnel existant sans penser à celui qui l’avait initiée.

En tout cas, cet assassinat devrait nous permettre de mettre fin à une époque (l’intolérance politique) et de rentrer dans une nouvelle ère à partir d’une grande concertation nationale nous conduisant à une stabilité politique selon un seul leitmotiv : Haïti d’abord et avant tout, et débouchant sur une vision d’une Haïti Emergente en 2040 et Phare du monde en 2054, l’année du 250e anniversaire du premier Etat Nègre du monde. 

Ainsi, on ne dira plus « ki mò ki touye Lanperè ? » à propos de la non-élucidation jusqu’à date de la mort de l’Empereur Dessalines, le premier chef d’Etat Haïtien assassiné, car Jovenel Moïse, le dernier en date, trouvera justice d’une manière ou d’une autre, et on ne dira pas non plus « M’ap Jovenel ou » (« Tu auras le sort de Jovenel »), pour tout autre président, qu’il soit haïtien ou étranger, qui n’aurait pas respecté un deal avec des partenaires haïtiens (oligarques et autres) et étrangers (communauté internationale, « pays amis »), au cas où le deal se révélerait plus tard non conforme au bien-être  de la majorité des citoyens  d’Haïti ou de n’importe quel autre pays du monde, nègre ou pas.



[3] Cellule d’Appui Stratégique au Développement de l’Agriculture (CASDA)

[7] Gary Pierre Paul Charles Actes 1 : https://youtu.be/FtcbLCDAf-M  et 2 https://youtu.be/BmDEikrpw2E

[15] /lenouvelliste.com/article/230687/lassassinat-de-son-mari-et-son-intention-de-se-porter-candidat-a-la-presidence-martine-moise-se-confie-au-new-york-times

[16] Les magouilles de la candidature  de Martine Moïse : https://youtu.be/g46rUXMnspg