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vendredi 31 décembre 2021

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (22) ? BILAN 2021, PERSPECTIVES 2022, DE L’ANNEE DE TOUS LES DANGERS A L’ANNÉE DE TOUTES LES INCERTITUDES (?).

 

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (22) ? BILAN 2021, PERSPECTIVES 2022, DE L’ANNEE DE TOUS LES DANGERS A L’ANNÉE DE TOUTES LES INCERTITUDES (?).

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

31 DECEMBRE 2021

              L’année 2021, l’année de tous les dangers, qui aurait dû être la dernière de la présidence de Jovenel Moïse, s’est déroulée sous cette présidence seulement les six (6) premiers mois. En effet, le 7 juillet 2021, Jovenel Moïse a été assassiné crapuleusement par un commando colombien avec de fortes complicités haïtiennes. Remplacé dans un premier temps par le Premier Ministre, Claude Joseph, ce dernier a dû céder sa place au Premier Ministre issu de l’opposition plurielle, Ariel Henry, nommé par le défunt juste avant son assassinat. Depuis, le pays va de choc en choc. On en a dénombré 7: (i) l’assassinat du président Moïse, (ii) le tremblement de terre du 14 août, (iii) le passage de la tempête Grace sur le grand sud, le 17 août, (iv) la crise migratoire haïtienne à Del Rio, au Texas, en septembre, (v) La crise du carburant, (v) le kidnapping des 17 étrangers en Octobre, et (vii) l’explosion d’un camion-citerne au Cap-Haïtien, le 14 décembre, bilan: 90 morts et une soixantaine de blessés graves et légers. Quand on se rappelle les violences  qui ont accompagné les six premiers mois de l’année, avec son lot de morts spectaculaires, à Martissant (massacre de paisibles citoyens ), à Village de Dieu (massacre de policiers), à Cité Soleil, prises de commissariats et d’antennes de police (massacre de policiers et destruction), à Bel air, à Delmas 40, massacre de paisibles citoyens (une vingtaine de personnes  dont Antoinette Duclair et Diego Charles), on a donc dénombré durant toute l’année plus de 500 morts violentes par balles, sans compter les morts par accidents et les victimes du Covid-19 qui se traduisent par 530 cas de mortalité, tendance à la hausse surtout avec le variant Omicron qui fait des ravage dans le monde entier à partir d’un niveau de contagiosité exceptionnel de 1 pour 10. D’un autre côté, l’ouragan politique, qui prend une forme moins violente depuis la mort de Jovenel Moïse et qui stagne sur notre pays à travers la bataille des accords politiques « non inclusifs » dont l’ambition vise la mise en place d’un « Etat inclusif », risque d’envenimer  la situation en 2022, en continuant le règne de l’instabilité politique , le responsable de tous nos malheurs. D’où  le titre de cet article : « COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (22) ? BILAN 2021, PERSPECTIVES 2022, DE L’ANNEE DE TOUS LES DANGERS A L’ANNÉE DE TOUTES LES INCERTITUDES (?). »

              Avant de tenter une analyse  sociopolitique et socioéconomique de l’année 2021 et dégager des perspectives pour 2022, passons en revue rapidement  la prise de pouvoir par Jovenel Moïse jusqu’à la fin de 2020.

1.       PRÉSIDENCE DE JOVENEL MOÏSE 2017-2020

              En effet, Jovenel Moïse a accédé au pouvoir le 7 février 2017, avec l’étiquette d’ « inculpé », sans la participation des quatre (4) sénateurs de l’opposition, Beauplan, Cassy, Chéramy et Pierre (l’actuel ministre de la planification) à la cérémonie d’investiture au Parlement, ces sénateurs et leur parti politique n’ont jamais reconnu la victoire aux urnes du président Moïse et n’ont pas donné de période de grâce à ce dernier. Comme l’avait prédit, l’un de leur allié, Me André Michel, le pays sera réduit en cendre si  Jovenel Moïse arrive à accéder au pouvoir. Durant la première année de cette présidence, le président Moise a pu travailler dans une paix relative (grèves au niveau de la justice, OAVC, salaire minimum, etc.), il a mis en place un gouvernement avec Jack Guy Lafontant, lancé sa stratégie de la Caravane du changement, dans l’Artibonite, dans le grande Sud, lancé les travaux de la Route Hinche-St Raphaël sous financement de l’Union Européenne, continuer les Travaux de la Route Cayes-Jérémie, achever les travaux de la route Cap-Labadie, doter les directions départementales des Travaux publics et du ministère de l’agriculture de 123 M d’USD d’équipements et récupérer environ 200 équipements lourds de l’Etat dont des usines d’asphalte, et lancer des travaux sur près de 700 km de route en terre dont la route Carrefour-Joffre-Port-de-Paix.

              « Le budget criminel » a ébranlé les bases du pouvoir de Jovenel Moïse

Il s’apprêtait à étendre la caravane sur l’ensemble du pays et a doté le pays d’un budget à la hauteur de ses ambitions, quand le 12 septembre 2017, son opposant farouche, Jean Charles Moïse, ayant profité de la grogne entourant le « budget criminel », pour paralyser la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Cette grande manifestation a surpris tout le monde et ébranlé les bases du pouvoir en place.

6,7 juillet 2021, le tournant de la présidence de Moise

Le pouvoir a dû faire face à plusieurs soubresauts politiques jusqu’à l’explosion populaire des 6,7 juillet 2018, liée à l’augmentation des cours du carburant qui a marqué  le tournant de la présidence de Jovenel Moïse. Les petrochallengers se sont mêlés de la partie, l’opposition politique s’est renforcée et a mené la vie dure à cette présidence, a paralysé le pays en 2019, avec le phénomène pays-lock, et les diatribes des oppositions politiques à la radio, la TV, les réseaux sociaux et les médias en ligne. Le pouvoir a perdu la bataille médiatique et le président, qui a entrepris une valse de changement de premiers ministres, s’est vu coller l’étiquette  de mal absolu. L’instabilité politique s’est installée avec acuité et s’est aggravée avec le constat par Jovenel Moïse de la « caducité du parlement », le 13 janvier 2020. Il s’ensuivait la rébellion policière, le corona virus avec 236 cas de mortalité recensé à la fin de 2020, l’augmentation spectaculaire des cas de kidnapping (3000 au cours de la seule année 2020[1]), la prise de plus d’une quarantaine de décrets par le président Moïse, qualifiés de « liberticides » par Le Nouvelliste, les assassinats spectaculaires de paisibles citoyens, dont le plus criant demeure celui du bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Dr  Monferrier Dorval, tous ces assassinats étaient attribués, à tort ou à raison, au pouvoir en place et au président Moïse lui-même.

Résultats en termes de PIB

              Tout cet ouragan politique, cette instabilité politique, cette entropie, s’est soldé, en fonction de son ampleur par des résultats en termes de PIB de : (i) 2.5% en 2017 (calme précaire), (i) 1.7% en 2018 (accentuation de la précarité politique), (iii) -1.7% en 2019 (Pays-lock et paralysie de l’activité économique), et en (iv) -3.3% en 2020 (crise politique aigüe, multiforme, multidimensionnelle, insécurité globale et kidnapping). Il est à remarquer que les résultats économiques sont inversement proportionnels à l’instabilité politique. En fin de compte, Haïti s’est retrouvée, à la fin de 2020, avec deux (2) années consécutives de décroissance économique totalisant un PIB de -5%, alors que la population continue  de croitre à un rythme de 1.33% (2017), 1.30% (2018), 1.27% (2019), 1.25% (2020), donc Haïti s’enfonce dans la pauvreté durant deux années consécutives de récession économique.

Année

2017

2018

2019

2020

2021

Taux de Croissance PIB

2.5%

1.7%

-1.7%

-3.3%

-1.8%

Taux de Population

1.33%

1.30%

1.27%

1.25%

1.37%

Situation Politique

Calme précaire

Détérioration de la situation

Pays-Lock

Aggravation crise/kidnapping

Aggravation Crise/kidnapping  

Sources : IHSI, Banque Mondiale et reconstruction par l’auteur.

C’est dans cette ambiance d’instabilité politique et de décroissance économique qu’a démarré l’année 2021, l’année de tous les dangers.  Que s’est-il passé en 2021 sur les plans sociopolitique et socioéconomique ?

2.       SITUATION SOCIOPOLITIQUE HAITIENNE

              Pour analyser la situation sociopolitique, il faut la  regarder  en deux temps, les six premiers mois sous la présidence de Jovenel Moïse, et les six derniers mois sous le leadership de Ariel Henry et ses alliés, en grande majorité, anti-Jovenel.

              Les six premiers mois de l’année 2021 sous le leadership de Jovenel    

              Le président Moïse s’est fixé trois priorités, le 1er janvier 2021 : (i) Energie, (ii) Référendum et (iii) Elections. Durant ces six (6) mois, tout en faisant face à cette opposition plurielle, il s’est concentré sur les priorités qu’il s’est fixées, en particulier sur les travaux routiers ( Cayes-Jérémie, Carrefour-Joffre-Port-de-Paix, Camp-Coq-Cap-Haïtien, sans parler des multiples routes en terre, la mise en place et la réhabilitation des centrales électriques sur l’ensemble du pays, le remplacement des pompes d’irrigation à énergies fossiles par des pompes solaires, la reconstruction du barrage de la Tannerie, à Grande Rivière du Nord, la réalisation du barrage de retenue de Marion. Son gouvernement a beaucoup encouragé des travaux de rénovations urbaines aux Cayes, à Camp-Perrin, à Jérémie, à Port-au-Prince, à Delmas, Pétion Ville, aux Gonaïves, à Port-de-Paix, à Belladère, au Cap-Haïtien, au Trou du Nord, à Ouanaminthe, etc. Il en a profité à chaque visite de terrain pour s’adresser au peuple et dénoncer le système pezesouse. Quand il est à Port-au-Prince, il en profitait pour parler directement au peuple via les réseaux sociaux  pour expliquer le sens de son combat. Il a fourni des tas d’informations sur la capture de l’Etat par les oligarques corrompus.

              Ce qu’il faut retenir durant cette période, surtout après ce qu’on a appelé, le coup d’Etat manqué du 7 février 2021, déjoué, parait-il, par un certain Dimitri Hérard,  c’est la radicalisation des positions des antagonistes politiques. On aurait dit que Jovenel Moïse s’est retrouvé seul face à son combat pour changer le système pezesouse. L’opposition plurielle l’a traité de tous les noms et l’a accusé de tous les malheurs du pays. Lorsqu’il a insisté pour organiser le referendum, le 27 juin 2021, la bataille a pris une toute autre tournure et les menaces fusaient de toutes parts. Comme il l’a fait au fort de la crise en 2019 (pays lock), il a tendu la main en plusieurs occasions à l’opposition plurielle. Malheureusement, le niveau de haine était tellement élevé, le manichéisme était tellement à fleur de peau, que personne ne pouvait même oser parler d’entente sans être taxé de partisan de Jovenel. Un de mes collègues est allé jusqu’à demander aux « 12 M d’haïtiens de se constituer en opposants à M. Moïse ». Il faut noter que trois mois avant son assassinat, les gangs avaient pratiquement le pays en main, tout au moins au niveau de la zone métropolitaine, kidnappant, violant, rançonnant et tuant de paisibles citoyens, sans des réponses proportionnelles de la part de l’Etat. Le Président, accusé d’être « le principal chef de Gang », a fait appel à l’OEA et a décidé, après la démission du PM Jouthe pour convenance personnelle et son remplacement ad intérim par le ministre des affaires étrangères, Claude Joseph,  d’ouvrir le pouvoir à l’opposition plurielle qui a, officiellement et catégoriquement, refusé toute collaboration avec le pouvoir en place. Il a fini par nommer, après son voyage à Antalya, en Turquie, un premier Ministre proche de l’opposition en la personne d’Ariel Henry. Il a été sauvagement assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.

Les six derniers mois  de l’année 21 sous le leadership d’Ariel Henry

              Tout de suite après l’assassinat de Jovenel Moïse, Claude Joseph a tenu le poste de premier ministre jusqu’à l’enterrement du défunt et a passé le maillet à Ariel Henry. Durant ces six derniers mois, Haïti a connu sept (7) chocs y inclus l’assassinat du président Moïse, comme nous les avons énumérés à l’introduction. J’ai fait un certain nombre de vidéos pour expliquer ces chocs qui sont venus envenimer la crise multiforme et multidimensionnelle que traverse le pays[2].

              Avec la mort brutale du président Moïse, la bataille politique a pris une autre tournure. Au lieu de s’exercer dans la rue à coup de manifestations, de krazebrize, elle s’est concentrée sur des accords politiques. On en a dénombré au moins quatre (4). Les deux plus importants demeurent l’accord du 30 août 2021, dit de Montana, et celui du 11 septembre 2021, dit de la Primature ou d’Ariel Henry. Toujours est-il que, sur la base de cet accord, l’opposition plurielle (radicale (SDP) et modérée) a intégré le gouvernement tout en exigeant la mise à pied des « Jovenelistes ». Ce qui a été fait, en pleine crise de carburant. Après une trêve donnée par le gang G9 et alliés, le nouveau gouvernement en a profité pour augmenter les cours du carburant sur le marché local (Gazoline 250 G/gal, Kérosène 352 G/gal et Gasoil 350 G/gal). Tout ceci s’est fait sans incidents majeurs.

              Parallèlement, les tenants de l’accord de Montana fait des mises en place pour arriver à l’application de l’accord, qui prévoit « l’élection » d’un président de la République, d’un premier ministre et le choix d’un gouvernement de technocrates. Comment, ils vont faire pour évincer Ariel Henry ? Personne ne sait. En tout cas, la manifestation du 29 décembre pour la libération des prisonniers politiques qui s’est transformée en manifestation anti Ariel Henry et anti André Michel,  donne un avant-goût de ce qui pourrait se passer en début d’année de 2022. Le prochain test de l’administration Ariel Henry se fera aux Gonaïves, le 1er janvier 2022, pour le 118e  anniversaire de l’indépendance d’Haïti. Attendons voir.

3.       SITUATION SOCIOECONOMIQUE

L’exacerbation de la bataille politique n’a pas totalement empêché le pouvoir en place, tout au moins durant les six premiers mois de l’année et avant, de mener certaines activités socioéconomiques : en matière de renforcement du système de santé publique, selon Dr Pape (Covid-19 oblige) ; en matière de construction et de réhabilitation d’établissements scolaires (222 unités), de recrutement et de régularisation de 15,000 enseignants et d'élaboration de 6 documents de politiques publiques dans le secteur de l’éducation, si l’on en croit les propos de l’ex-ministre de l’Education nationale, Agénor Cadet[3] ; en matière de réhabilitation et de construction de routes sur environ 2000 km dont 250 km asphaltées et/ou bétonnée tant au niveau de certains axes qu’au niveau des rénovations urbaines ; en matière d’énergie électrique, la mise en place d’un certain nombre de centrales hybrides dans les villes moyennes telles : Les Irois, Tiburon, les anglais, Chardonnières, Môle saint Nicolas, Jean Rabel, Bonbadopolis, etc. ; de centrales de grandes capacités dans les grandes villes telles : Port-de-Paix, Fort Liberté, zone métropolitaine de Port-au-Prince avec la mise en place de la plus grande centrale électrique du pays, centrale de Carrefour (60 MW). Malheureusement, mise à part l’énergie électrique où les travaux continuent au niveau de certaines petites villes, c’est l’arrêt de l’ensemble des activités entreprises par le président défunt. Par contre, après le tremblement du 14 août, l’administration d’Ariel Henry a dû intervenir au niveau de la Péninsule Sud d’Haïti,  et encourager les ONG à intervenir dans cette région du pays. Il faut noter l’évaluation des effets du tremblement de terre et du cyclone Grace par le gouvernement avec l’aide de la communauté internationale. D’où le PDNA de 2021 avec des effets estimés à 1.6 Mrds d’USD et des besoins de 1.97 Mrds d’USD pour le relèvement et la reconstruction.

Ce qui se traduit par une chute du PIB de -1.8% pour la troisième année consécutive ; une dégringolade de la gourde par rapport au dollar américain, environ 100 G pour 1 USD officiellement, 110 G pour 1 USD sur le marché parallèle ; une inflation de 24.6% en rythme annuel (novembre 2021), « le coût de la vie est donc plus cher aujourd’hui en Haïti de 24.6% qu’au mois de novembre 2020 », selon Radio Télé Métronome.

Sur un autre plan, on a dénombré plus de 1000 cas de kidnapping, c’est donc une industrie plutôt florissante qui décapitalise la classe moyenne et les masses ; selon @CardhHaiti, du 1er janvier au 27 décembre 2021, 498 morts par balles contre 297 en 2020, rapporté par Radio RFM.

En ce qui a trait au Coronavirus, au 31 décembre 2021, Haïti a enregistré 25,985 cas de contamination et 766 cas de mortalité dont plus 530 cas en 2021, tandis que le monde a franchi le cap de 286, 613,638 cas de contamination et 5, 432,140 de mortalité. Le variant Omicron fait des ravages au niveau mondial et pourrait affecter la reprise économique mondiale. Officiellement, ce variant n’est pas encore en Haïti, mais il fait des siennes aux USA et en République Dominicaine ainsi que le variant Delta encore là. Ce qui est de mauvais augure pour le pays d’Haïti dont les USA et la République Dominicaine demeurent les deux principaux partenaires économiques.

4.       CONCLUSIONS BILAN 2021 ET PERSPECTIVES 2022

Comme on le constate, la 22e rubrique consacrée à la thématique : Covid-19, Haïti et le monde à la croisée des chemins (?) ne trouve pas toujours de réponse satisfaisante tant en Haïti qu’au niveau mondial. Le monde se débat avec le coronavirus qui mute à chaque fois, et les variants sont différents d’une mutation à une autre. Ce qui donne du fil à retordre aux spécialistes, les divisent et nous laissent dans la perplexité et l’incertitude la plus totale, d’autant que, question de religion, de politique ou autres, le simple mortel que nous sommes, nous sommes perdus.

Jusqu’à présent, malgré l’augmentation de plus de 200% des cas de mortalité liés au Covid-19, Haïti est loin d’être frappée aussi fort que ses voisins immédiats. Nous sommes beaucoup plus préoccupés par l’insécurité globale liée directement à cette instabilité politique, responsable de tous nos malheurs. L’insécurité alimentaire, qui touche très certainement plus de 5 M d’entre nous, en est un corollaire. Les cas de kidnapping de plus d’un millier de personnes en 2021 est en nette baisse par rapport à 2020 (3000 cas) , mais beaucoup plus juteux et meurtriers cette année. Ce qui poussera les tenants de cette industrie à vouloir continuer à tout prix, donc à forcer les dignes filles et fils du pays à s’expatrier pour fuir l’enfer haïtien, au plaisir de nos amis qui ne cessent  de nous enfoncer en nous bombardant de déportés (réservoirs des bandits), d’haïtiens illégaux, et de nos réfugiés économiques, en favorisant l’accès à l’achat d’armes à feu sophistiquées et de munitions chez eux par les acolytes des bandits et en privant nos forces de l’ordre de l’accès à ces mêmes armes  pour les combattre.

 Toutefois, en dépit de la  détérioration de la situation économique, avec un PIB de -1.8%, la situation est moins grave que l’année 2020 avec un PIB de -3.3%, malgré les divers chocs subis par Haïti en 2021. C’est vrai que le PIB per capita chute à 697 USD et que le PIB global se chiffre à 8.1 milliards de dollars américains et que 58.5% de nos compatriotes vivent sous le seuil de la pauvreté absolue, mais il demeure possible de retourner la situation en nous battant pour une vraie entente nationale en vue de rétablir la stabilité politique, « le premier des biens publics », pour répéter le défunt président.

Nous venons de plonger notre pays dans une récession économique de -6.8% durant trois années consécutives 2019, 2020 et 2021 principalement par nos luttes intestines pour les broutilles du pouvoir, il est temps de stopper l’hémorragie et de nous libérer des vieux démons de la division qui nous a conduits à cette croisée des chemins. C’est à nous de nous en sortir en nous battant désormais pour Haïti et non pour nos clans respectifs. L’ôte-toi que je m’y mette ne nous mènera qu’à la disparition certaine du navire haïtien. Sommes-nous si suicidaires pour aller jusqu’au bout de notre propre destruction?

En tout cas, si l’année 2021 a été l’année de tous les dangers, faisons en sorte que celle de 2022 ne soit pas celle de toutes les incertitudes. En continuant à nous battre pour le triomphe de tel accord par rapport à tel autre, avec le seul souci de la prise de pouvoir d’un clan par rapport à un autre, ce sera l’année de toutes les incertitudes. Dans le cas contraire, c’est-à-dire, une vraie entente entre nous pour : (i) un combat sans merci contre l’insécurité, (ii) la fusion des accords, (iii) la mise en place d’un nouveau système en équilibre (nouvelle constitution) axé sur le peuple comme tenant et aboutissant du processus de développement d’un « Etat Haïtien Inclusif », (iv) l’organisation des élections générales, et (v)  la remise du pouvoir aux nouveaux élus pour la prise en charge du nouvel Etat d’Haïti. Ce nouvel Etat nous permettrait de contempler non un taux de croissance du PIB de 1% comme le prévoit la Commission Economique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (CEPALC) en 2022 (0.5 % selon le ministre de l'économie et des finances (MEF), Patrick Boisvert, mais des taux de croissance à deux chiffres pour les années à venir, comme le réalisent actuellement la République Dominicaine (11%) et le Panama (11.9%). Soyons donc ce peuple haïtien dont « la mission est de rétablir la dignité humaine dans le monde », selon l’Ati national Carl Henry Desmornes.