HAITI, DU PAYS LOCK 2 A LA NOMINATION D’UN NOUVEAU PM, M. F.W. MICHEL, A L’ARRESTATION
DU PUISSANT CHEF DE GANG, ARNEL JOSEPH, ET A LA NECESSITE D’UN NOUVEAU SYSTEME
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 JUILLET 2019
La situation haïtienne du mois de
juillet 2019 a été dominée, au début, par le football. Haïti a obtenu la 3e à la Gold Cup après son
élimination par le Mexique qui a battu les USA (1-0) en finale ; tandis
que Brésil a été sacré Champion de la Copa América aux dépens du Pérou (2-0).
Cette équipe haïtienne a fait la fierté de l’ensemble des Haïtiens et a
favorisé un rare moment de communion entre nous, ce qui, avec la victoire du
Brésil à la Copa America et le travail de sensibilisation réalisé par le
ministre de l’ éducation nationale au sujet des examens d’Etat (un succès
malgré certaines carences et les tentatives de destabilisation), a permis de
casser la mobilisation politique relative à l’opération Pays lock 2[1],
pour déloger le Président Jovenel Moïse au Palais National. La tentative par
les petro-challengers de relancer la mobilisation en vue de fêter le premier
anniversaire des événements des 6, 7, 8 Juillet 2018, et l’adhésion de l’opposition
politique à cette mobilisation dans le cadre de l’ « opersyon
amagedon », n’ont pas eu le succès escompté malgré un bon travail
médiatique. La période d’accalmie qui s’en est suivie, en dépit de quelques
épisodes d’insécurité (Croix-des-Bossales, abandon du marché par les marchandes
sous les exactions des gangs, Matissant des tirs nourris et sporadiques),
l’administration Moïse a choisi la date du 22 Juillet 2019 pour annoncer la
démission du Premier Ministre (PM) Lapin, la nomination d’un nouveau premier
ministre et l’arrestation de Arnel Joseph, le caïd le plus recherché du pays,
ces derniers temps, tout en proposant, pour plus tard, un gouvernement d’ «
Union Nationale ». D’où le titre de l’article du mois de juillet
2019 : « Haïti, du pays lock 2 à la nomination d’un nouveau PM,
Fritz Michel William, à l’arrestation du chef de gang, Arnel Joseph, et à la
nécessité d’un nouveau système ».
Dans cet article, on passera à pieds-joints sur les conséquences de l’opération
pays lock, en y faisant un clin sur les examens d’Etat; on s’attardera sur la
nomination du nouveau premier ministre et de son gouvernement dans le cadre de
l’ancien système qui ne veut pas mourir, les tweets attribués au nouveau PM qui
en a porté un démenti formel, et les
révélations/rumeurs éclaboussant sur le plan médiatique la rapidité des actions
du 22 Juillet 2019 de l’administration Moïse; et, enfin, on tournera vers la
nécessité d’un nouveau système avec une vision claire et un équilibre parfait
entre les composantes fondamentales du
système.
1.
Pays lock 2 et ses conséquences
On ne va pas s’attarder sur le pays lock 2e version largement traité
dans l’article du mois de Juin 2019[2]
. Comme il est de mise dans de pareil cas, le pays a été paralysé. Le
gouvernement intérimaire de M. Lapin n’a pas eu l’aval du Parlement, qui a tout
fait pour l’empêcher de fonctionner durant les quatre (4) mois de son existence,
les services de l’Etat n’avaient pas
fonctionné durant la période de pays lock. Les services de la douane et de la
direction générale des impôts (DGI) ont eu beaucoup de difficultés à
fonctionner, le pays (secteurs étatique et privé) a eu toutes les peines du
monde à avoir un semblant de fonctionnement normal. Il en résulte un
effondrement de l’économie lié à un
manque de production, à une crise de change, à un déficit budgétaire, à une Inflation/stagflation :
18.6% au mois de juin 2019 ; ce qui met le pays à la limite d’une crise
humanitaire, selon un économiste bien connu, d’autant que, selon les dernières
informations (FAO/CNSA), 2.6 millions de personnes en insécurité alimentaire
(AI) dont 2 millions en situation de crise (niveau 3) et 571,000 en situation d’urgence (niveau 4) dont 50% en milieu rural.
Dans une émission de Mise au Point, le 22 Juillet 2019, sur la TNH,
Etzer Emile[3] a fourni
toutes les informations en rapport avec la dégradation de l’économie
haïtienne : 55% de chômage, taux de change 94 G pour 1 USD, prévision de
croissance 0.4% pour 2018-2019 ; la situation d’oligopole qui structure
l’économie haïtienne où, par exemple, 6 importateurs contrôlent le marché du
riz. C’est à peu près la même chose pour les autres secteurs, comme le secteur bancaire
par exemple. Il a décrit un Etat d’Haïti « en captivité ». Il pense
qu’il faudrait une cassure, une sorte de rupture vers un « Etat
visionnaire ». On y reviendra à la fin de cet article.
Malgré tout, les Examens d’Etat ont eu lieu
En dépit de cette situation décrite plus haut, les examens d’Etat à travers le pays ont pu
avoir lieu. Le mérite revient en partie au ministre de l’éducation nationale
sortant, M. Agénor, qui a mené une bonne
bataille médiatique. Les manœuvres de l’opposition politique et de certains
syndicats n’ont pu empêcher la réalisation de ces examens. Il faut aussi mentionner la détermination des parents qui, pour la plupart, ont
accompagné leurs enfants jusqu’aux lieux de ces examens et ont veillé jusqu’à
la fin des épreuves au péril de leurs vies.
A noter que le retrait de la plupart des petro-challengers par rapport à
la mobilisation programmée pour les 6 et 7 Juillet 2019 a handicapé la mise en
route de l’operasyon amagedon de l’opposition politique, lancée pour la même
période et au-delà, avec un objectif clair de saboter les examens d’Etat ;
puisque cette opération, qui aurait dû couvrir toute la période d’examens,
aurait été tout simplement fatale pour l’organisation des examens d’Etat. On en
prend pour preuves les perturbations de ces examens dans certaines écoles à
Saint-Marc.
Il faut signaler aussi le parcours extraordinaire de la sélection
haïtienne à la Gold Cup et du Brésil à la Copa America. Cette ambiance
footballistique a créé un climat favorable à l’organisation des examens d’Etat.
Et, enfin, la lassitude de la population haïtienne face à cette bataille
politique beaucoup plus pour le pouvoir que pour le changement du système et
Haïti. A entendre, certaines personnes engagées dans la bataille, soit disant,
pour changer le système, le focus est beaucoup plus mis sur la démission de
Jovenel Moïse et la mise à côté de PHTK. Comme quoi, dès qu’on se débarrasse de
ce régime, le problème d’Haïti serait résolu. Cela nous laisse un parfum de
2004, avec Aristide et Lavalas comme le problème. On sait ce qu’il en est résulté.
C’est vrai que le système, mis en place en 1804 et affiné en 1806 après le
parricide du 17 octobre 1806 (assassinat du père de la nation Jean Jacques
Dessalines le Grand), a permis, de régime politique et régime politique,
un ensemble de pratiques de prébendes, de prédation, de corruption, etc., qui
conduisent à la situation d’aujourd’hui, ce qui nécessite un changement du
système, car l’ancien a atteint ses limites.
2.
La nomination du nouveau Premier Ministre et de
son gouvernement
Bien avant les pétro- challengers, les esprits avisés avaient réclamé le
changement du système, et la FONHDILAC, se basant sur certaines réflexions des
auteurs haïtiens et étrangers, avait proposé, fin des années 1990 et début des
années 2000, toute une approche, l’approche hexagonale[4],
pour le diagnostiquer, le faire fonctionner mieux et/ou le changer,
malheureusement vingt ans plus tard, le système se perpétue parce que mis sous
perfusion par ses profiteurs et vrais maitres[5].
C’est dans ce système que vont évoluer le nouveau Premier Ministre,
Fritz William Michel, 38 ans, le 4e PM
de Jovenel Moïse[6],
et son gouvernement, composé de neuf (9) femmes, plutôt jeunes. Le nouveau PM nommé et non encore ratifié par
le Parlement, a fait le dépôt de ses pièces au Parlement. Bien avant
cette étape, M. Guichard Doré, conseiller spécial du Président Jovenel Moïse, a
présenté le gouvernement de M. Michel comme un gouvernement de transition en
vue de permettre le fonctionnement de l’Etat, et après, il sera remplacé par un
gouvernement d’union nationale, qui sera issu des négociations avec
l’opposition politique (Chita tande).
Rapidité des actions de l’administration stoppée par les « tweets
du PM » et les « révélation/rumeurs » d’Arnel Joseph
La démission du PM Lapin et la nomination du PM Michel et de son
gouvernement ont été faites avec une
rapidité étonnante. Ainsi que l’arrestation d’Arnel Joseph, le caïd le plus
recherché du pays. Cette rapidité dans l’action de la part du pouvoir en place a
été stoppée nette par des « révélations/rumeurs » sur des tweets
attribués au PM nommé et datant de plus de dix (10) ans. Malgré le démenti
apporté par le PM et son secrétaire d’Etat à la communication, M. Alexis, les
réseaux sociaux se sont emparés de ces tweets. Il en a été de même pour les
prétendues révélations du bandit Arnel Joseph, tout au moins au niveau des
réseaux sociaux. La remarque c’est que ces «révélations » viendraient
conforter la thèse développée par l’opposition politique et les organisations
des droits humains. Les noms cités sont tous des gens proches de PHTK ou des
conseillers du Président Moïse. Le Président, lui-même, aurait été en contact
direct avec le caïd. C’est un peu insensé pour un esprit avisé de s’entendre
dire qu’une administration utilise les services des bandits pour se
déstabiliser, car c’est de cela qu’il s’agit, payer des bandits pour escroquer
la population, pour kidnapper, pour détourner des camions de marchandises. Cela
dépasserait l’entendement.
Si le cas de massacre de La Saline s’avérait ainsi que les attaques
perpétrées par les bandits contre les marchandes de Croix-des-Bossales, on
aurait tendance à croire que toutes révélations mettant en cause cette
administration pourraient se révéler vraies. Même si, en ce qui concerne le marché
de la Croix-des-Bossales, un groupe de trois marchandes a révélé, au micro de
Marie Lucie Bonhomme de Vision 2000, que ce qui se passe au niveau du marché est le
résultat de la bataille pour le contrôle du marché par deux groupes de bandits
qui, tous les deux, avaient l’habitude de les rançonner sous une forme ou une
autre, et que ces bandits ne sont pas forcément liés à l’administration. Où est
la vérité dans cet imbroglio ? Toujours est-il qu’un marché, qui brasse
plus d’un million de dollars américains
par jour, et qui aide des milliers de marchandes à se tirer d’affaire sans
l’appui de l’Etat, serait l’objet d’attaques de la part des bandits à la solde
des gens de l’administration en place. Tout ceci laisserait tout esprit avisé
ébahi.
« L’incertitude est l’ennemi no 1 de l’activité économique ».
En tout cas, ces tweets et ces « révélations » ont détourné
l’attention du grand public de la mise en place du nouveau gouvernement. On
attend la semaine en cours pour voir ce qui va se passer. Pour l’opposition
« institutionnelle », au niveau de la Chambre basse et du Sénat, il
est question plutôt de la mise en
accusation du Président de la République pour haute trahison (Chambre Basse) et de sa
démission pour se mettre à la
disposition de la Justice. On est donc très loin des demandes formulées contre le gouvernement
de Lapin, à savoir de nouvelles personnalités qui n’ont pas prêté leurs
services au plus haut niveau de l’Etat (ministres et autres). C’était la
principale raison évoquée pour boycotter le gouvernement de Lapin. Or ce
gouvernement nommé répond à deux exigences, (i) de nouveaux visages pour les
petro-challengers, et (ii) de nouveaux ministres pour le Sénat. Pourtant, on a de sérieux doutes sur
l’organisation des séances au Parlement et surtout sur la ratification de la politique générale du PM. Donc, on nage
en plein dans l’incertitude. Pour répéter, Etzer Emile, « l’incertitude est l’ennemi
no 1 de l’activité économique ».
3.
La
nécessité d’un nouveau système
Dans le système actuel, à bout de souffle à cause de ses pratiques
prédatrices de prébendes et de corruption, producteur de pauvreté et de
banditisme, et basé sur des oligopoles, il est pratiquement impossible pour
Haïti de faire « yon pa kita, yon pas nago ». C’est pourquoi
l’opposition politique et les petro-challengers exigent au préalable la
démission du Président pour se mettre à la disposition de la Justice. C’est
cette bataille, depuis juillet 2018, contre le pouvoir en place qui nous a valu
la situation actuelle, la mise à pied d’un PM (Jack G Lafontant), la résiliation d’un autre (Ceant), la
non ratification du dernier en date (Lapin), et la nomination de ce dernier jeune loup (Michel); donc
la gourde a perdu 40% de sa valeur par rapport au dollar américain (94 G= 1
USD), l’inflation est à 18.6%, 55% de la population en âge de travailler au
chômage, 2. 6 millions d’haïtiens en insécurité alimentaire. C’est normal puisque la bataille pour le
pouvoir est plus importante que notre chère Haïti: 229 M d’USD de la FMI en
attente d’un nouveau gouvernement, 150 M d’USD de Taïwan (accord non encore
ratifié par le Parlement), les services de la Douane et de la DGI n’ont pas pu
atteindre les objectifs fixés à cause du ralentissement de l’économie en
général. C’est vrai ce n’est pas la nomination d’un nouveau gouvernement qui va
nous permettre de changer le système actuel, est-ce une raison pour laisser
pourrir la situation dans le seul but d’obtenir la démission du Chef de
l’Etat ?
En passant par le nécessaire
dialogue inclusif entre nous
L’administration par l’organe de M Doré parle d’un gouvernement de
transition en vue de faire fonctionner l’Etat. Pourquoi ne pas le prendre au
mot ? D’autant que, jusqu’à présent, il n’y a pas encore d’alternative au
remplacement du Président actuel. Comme
le disait mon ami, B. Ethéart, en 1986, en se servant du cas de Jean Claude
Duvalier, "pourqu'il y ait départ d'un président, il faut 3 conditions, (i) la volonté du Président de partir, (ii) la
mobilisation de la rue, et (iii) le lâchage du Président par l’administration
américaine". Cette assertion a été vérifiée avec Aristide en 2004. Actuellement,
deux des conditions ne sont pas réunies, la rue seule ne peut pas évincer le
Président actuel. Dans ce cas, il ne reste que la négociation, le chita pale,
le nécessaire dialogue entre nous, la conférence nationale. Il y a un point sur
lequel, les politiques et les pétro-challengers sont d’accord, il faut changer le système. A
l’Arcahaie, Jovenel Moïse s’est considéré comme un accident du système.
Guichard Doré a parlé de la possibilité d’un gouvernement d’Union Nationale,
issu des négociations avec l’opposition politique. Qu’est-ce qui empêche aux
politiciens de jouer le jeu, aux petro-challengers, aux représentants des
droits humains, à la Société civile, aux représentants des syndicats et des
organisations populaires, etc., d’entrer dans ce jeu pour Haïti ?
Ainsi, on pourrait mettre à profit la proposition de la plupart de ces
secteurs visant, entre autre, le changement du système, selon ce qu’a rapporté en
primeur Le Nouvelliste[7] : « Mettre en place une gouvernance de la
transition qui sera désignée par les secteurs représentatifs et organisés de la
société ; un organe de contrôle des actions gouvernementales sera
constitué de la même façon ; organiser la conférence nationale dont
l’objectif est de trouver des solutions appropriées pour engager la rupture
avec le système actuel ; organiser le pré-dialogue, établir les thèmes de
référence de la conférence… »
« Equilatéralité » du
nouveau Système
On termine cet article pour dire que toute structure ne vaut que par ses
composantes et les personnes qui l’intègrent. Il en est de même pour un
système. Quant au système actuel, caractérisé principalement par les trois pouvoirs
d’Etat, l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, il souffre d’un profond
déséquilibre, la constitution fait du Législatif le maitre du jeu, l’Exécutif, son otage, et le Judiciaire, l’otage des
deux. C’est une sorte de triangle quelconque, avec un grand côté (le Pouvoir législatif), un moyen côté (le Pouvoir exécutif) et un petit côté (le pouvoir Judiciaire). Il faudrait rééquilibrer le système par la mise en place d’un
triangle équilatéral, avec le pouvoir judiciaire à la base, et les deux autres
pouvoirs constituant les deux autres côtés. Le cercle Haïti serait circonscrit autour
de ce triangle parfait avec « une vision de croissance et d’emploi »
pour répéter Etzer Emile. C’est pourquoi je qualifierais ce nouveau système, de
système équilatéral, et que j’inventerais le concept « Equilatéralité du
Système ».
Ce nouveau système se baserait, selon l’approche hexagonale, sur six axes
fondamentaux avec : « (i)Le capital
humain comme tenant et aboutissant du processus de développement local et
national ; (ii) Le capital social et culturel comme élément fondamental de
socialisation ; (iii) Le capital environnemental ou naturel comme
cadre naturel, environnemental et géographique d’évolution de l’humain et des
groupes sociaux ; (iv) Le capital physique et infrastructurel comme cadre
de confort de l’humain et de l’humain regroupé en société ; (v) Le
capital financier et économique, à partir de la bonne gouvernance,
comme cadre de financement de l’ensemble et cadre d’évolution des activités
économiques et financières susceptibles de contribuer à l’autonomisation de
l’humain et des catégories sociales évoluant dans le système et le perpétuer,
et (vi) Le capital politique comme élément fondamental de
coordination d’incitation, d’orientation et de régulation grâce à la bonne
gouvernance ». Tout ceci avec des objectifs
bien précis et des résultats concordants soutenus[8]
et mis en œuvre à partir d’une stratégie participative, imbriquant les actions
intra-sectorielles, articulant les actions intersectorielles et intégrant ces
actions à l’action gouvernementale, pour aboutir à des effets et impacts positifs sur la population haïtienne dans son ensemble, "sans exclusive", pour reprendre l'expression du professeur Manigat.
[3] Interview d’Etzer Emile avec Sergihio Lyndor : https://www.youtube.com/watch?v=LA_wo8HDCe8&feature=youtu.be
[6] https://lenouvelliste.com/article/204849/qui-est-fritz-william-michel-le-4e-premier-ministre-de-jovenel-moise
[7] https://lenouvelliste.com/article/205099/les-secteurs-prive-des-affaires-syndical-des-droits-humains-et-des-organisations-populaires-proposeront-un-projet-commun-de-transition
[8] Document d’orientation pour la
refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne. https://jrjean-noel.blogspot.com/search?q=Document+d%27orientation+pour+la+refondation+de+l%27Etat+d%27Haiti+selon+une+vision+haitienne
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