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mercredi 26 décembre 2012

HAITI, BILAN 2012 ET PERSPECTIVES 2013: D’UNE FAIBLE CROISSANCE ECONOMIQUE A LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)



HAITI, BILAN 2012 ET PERSPECTIVES 2013: D’UNE FAIBLE CROISSANCE ECONOMIQUE A LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

26 DECEMBRE 2012

Après la lecture du bilan 2012 de Michel Soukar, je m’étais dit que je n’allais pas faire un bilan de plus. En relisant l’ensemble de mes textes de 2011 et 2012, (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com et Haïti Marche) je me suis dit : pourquoi pas ? Alors, il me fallait trouver un titre qui résume tout. Après avoir couché plusieurs titres sur le papier, j’ai retenu celui-ci : « Haïti, Bilan 2012 et Perspectives 2013: D’une faible croissance économique à la route du développement (?) ». Ce dernier article de l’année 2012 étalera les faits saillants après l’article du mois de novembre, fait un clin d'oeil au cadre théorique du bilan 2012, analysera certains éléments du bilan 2012, dégagera des perspectives de 2013 et débouchera sur des recommandations aux parties prenantes du développement d’Haïti.

Faits saillants depuis mon dernier article
Après le voyage en Europe et à Cuba, le Président Martelly a été au Japon et le Premier Ministre au Vietnam toujours dans le souci de renforcer des liens de coopération pour mieux diversifier les rapports d’Haïti avec ses partenaires internationaux en termes d’assistance technique et financière. La plupart de nos partenaires financiers traditionnels se faisant de plus en plus réticents, il faut frapper à d’autres portes surtout après ces catastrophes naturelles en cascades. Ce n’est certes pas l’interprétation de l’opposition qui y voit du gaspillage d’argent dans une période « soit disant d’austérité ». Il faut noter les 17.5 M USD annoncés par La BID pour aider à la réhabilitation d’infrastructures de transport affectées par Sandy et les 47 M d’Euros mobilisés ces derniers mois par l'Allemagne en Haïti à travers ses ONG  dont  Agro Action Allemande (AAA) dans le secteur agricole et dans le secteur de l’énergie (réparation à Péligre). C’est la visite en Haïti du Premier Ministre d’Antigua et de Barbuda, Baldwin Spencer. C’est fin Novembre 2012 le lancement du cadre de coordination de l’aide externe au développement (CAED), une entité du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) avec un Coordonnateur Haïtien, qui remplace la CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti). C’est la réouverture de l’Aéroport Toussaint Louverture réhabilité. C’est le séjour même trop court de Murielle Leconte en Haïti, toujours malade mais quel courage ! C’est la qualification de la sélection haïtienne pour la Gold Cup aux USA en 2013 en se classant 3e au Championnat de la Caraïbe et 39e mondiale au classement de la FIFA. C’est l’inauguration  de l’Hôtel 5 étoiles Royal Oasis. C’est la pose de la première pierre de l’Hôtel 4 étoile Marriott à Turgeau  sous financement du Groupe Digicel. C’est l’annonce de la compensation électronique des chèques, ce qui fera tomber de 10 jours (chèques de province) et de 5 jours (chèques Capitale) à 2 jours le temps mis pour rendre disponibles les fonds à partir de Janvier 2013, selon le Gouverneur de la Banque Centrale (BRH). C’est le départ de l’Ambassadeur français, Didier Lebret, honoré de l’Ordre National de Grand Croix par Haïti. C’est l’accord trouvé entre le Parlement et l’Exécutif pour la mise en place d’un autre CEP provisoire (Collège Transitoire). C’est l’affaire du présumé viol de Me Josué Pierre-Louis, Président du CEP, sur Mlle Danièle Bernadin, son assistante (un mois d’actualité). C’est aussi malheureusement l’augmentation de l’insécurité malgré les efforts de la Police Nationale d’Haïti.C'est la manifestation du 16 Décembre 2012 de la FANMI LAVALAS qui a été émaillée de violences, en dépit de la démarcation tardive des responsables du Parti par rapport à ces violences. C’est l’annonce manquée de la fin du monde (21/12/2012) ; Dieu merci, notre planète est encore en train de tourner.  C’est enfin, au début du mois de Décembre 2012, l’atelier sur la politique législative auquel j’ai eu la chance de participer et qui va, entre autres, me servir de cadre d’analyse pour cet article.

Cadre théorique d’analyse du bilan 2012
Au cours de ce séminaire organisé par le Ministre délégué chargé des relations avec le Parlement à l’Hôtel Montana, 5 et 6 Décembre 2012, j’ai beaucoup appris, en particulier que toutes les politiques publiques sectorielles et la politique législative découlent de la politique générale du Premier Ministre. J’ai donc ajouté cette approche aux diverses théories qui guident mes réflexions comme l’approche participative, l’approche bassin Versant, l’approche territoriale, l’approche hexagonale développée par la FONHDLAC avec ses 6 axes (i) humain, (ii) social et culturel, (iii) environnemental, (iv) infrastructurel, (v) économique et financier, et (vi) politique (gouvernance) et ses 36 éléments de croisement pour aboutir au développement intégral : (http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/lapproche-hexagonale.html ). Ce dernier cadre engloberait parfaitement les 5 E du programme gouvernemental du Président Martelly. Et le Groupe auquel j’appartiens, la FONHDILAC, a proposé en avril 2011 au gouvernement Martelly un « document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne (http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html ). Pour être honnête, certains éléments de ce document d’orientation ont été pris en compte dans les énoncés de politique générale des deux Premiers Ministres (MM. Conille et Lamothe) du Président Martelly en Octobre 2011 et Avril 2012 (http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/10/haiti-politique-generale-du-dr-conille.html ). Essayons maintenant d’analyser le bilan 2012.

A.      BILAN 2012 : MEFAITS SOCIOPOLITIQUES+CATASTROPHES NATURELS= REDUCTION DE LA CROISSANCE

Résultats macroéconomiques et amateurisme politique
Le bilan 2012 sera analysé eu égard aux politiques générales qui avaient prévu des taux de croissance autour de 9% du PIB revus à la baisse pour se situer, en réalité et au final, autour de 2.8% du PIB. Le Taux d’inflation a atteint 7% en glissement annuel(6.5% selon C. CASTEL de BRH, Interview Leslie Delatour, Radio Metropole 2 janvier 2013). Le taux de change du dollar par rapport à la gourde s’est stabilisé autour de 42 gourdes (une bande de 2-3% acceptable pour la Banque Centrale, BRH), les reserves de change correspondant à 6 mois d'importation(1.2 Mrds nette et 2.2 Mrds brute, BRH) . Les investissements dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires n’ont pas eu tout le financement nécessaire, avec quand même 168 M USD d'investissement direct étranger (Réf. BRH). Malgré tout, sur le plan macroéconomique, Haïti reste l’une des meilleures économies de la Caraïbe. Ce manque de performance de l’économie est lié (i) à une gestion de type amateurisme de la Présidence (reconnue par le Président lui-même, interview avec Alex St-Surin, Radio MEGA, Mai 2012), (ii) à une attitude globalement hostile du Parlement par rapport à la Présidence , (iii) à une vassalisation du Pouvoir Judiciaire par les deux autres pouvoirs en dépit de certains succès indéniables dans la mise en place du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPG), de la nomination de l’ensemble des membres de la Cour de Cassation et de la tentative de mettre en place un conseil électoral permanent selon les prescrits de la Constitution amendée, (iv) à une gouvernance un peu brouillonne des divers événements sociopolitiques et naturels qui ont caractérisé la période sous observation, (v) à une gestion clanique du pays tant au niveau de l’Exécutif, du Parlement que du Pouvoir Judiciaire, et (vi) à une insécurité présente à travers le pays (manifestations impromptues sur les routes nationales et dans les rues, morts d’hommes, de femmes et de policiers, banditisme ).

Microéconomie : résultats mitigés
 Il faut noter aussi les succès en matière d’infrastructures routières, aéroportuaires (Cap, PAP. Jacmel), d’irrigation (5e Section St Marc, Savane Diane, PIA-Quinte, etc.), de mise en place de lacs collinaires (retenues collinaires à Ennery, Plateau Central), du village de l’espoir à Savane Diane, d’eau potable, d’électricité, de logements sociaux, scolaires et sportives, hôtelières (Best Western, Royal Oasis et autres),  hospitalières (Mirebalais), industrielles (le Parc Caracole), des travaux d’endiguement de rivières (en terre et en gabions) et de contrôle de ravines dont la plupart ont été endommagés ( routes, ponts, canaux), embourbés (Irrigation et drainage) par les cyclones Isaac et Sandy. Les principales places publiques ont été dégagées de leurs occupants. La production agricole, malgré un manque d’investissement notoire, aurait connu un succès indéniable sans les phénomènes naturels comme la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy qui ont causé des pertes évaluées finalement à 254 M USD (CNSA, Déc. 2012). La gestion par le GOH de ces phénomènes a été acceptable en dépit d’un manque flagrant de l’aide des amis d’Haïti et de la communauté internationale en général.

Sur le plan socioculturel et économique, les deux grands événements populaires comme le Carnaval national et le carnaval des fleurs ont été des succès indéniables. Il en a été de même pour le RARA, la semaine de la diaspora. Sur le plan social, de nombreuses actions ont été menées (Ti Maman Chéri, ABA GRANGOU, Katié Pam Pozé et autres) apparemment sans articulation, on se perd  si on essaie de se remémorer l’ensemble de ces programmes qui semblent ne pas avoir de liens entre eux. Ils sont là soulageant une frange de la population, minime soit-elle. C’est l’essentiel. Beaucoup d’emplois HIMO ont été créés et d’autres emplois aussi tant au niveau des villes qu’en milieu rural pour recapitaliser les bénéficiaires et/ou victimes durant les campagnes agricoles et après le passage des cyclones et des inondations tant au niveau du secteur agricole qu’au niveau des secteurs des Travaux publics, de l’environnement, du Tourisme et de l’Industrie, etc.

A coté de ces actions dont la plupart ont démarré sous les gouvernements précédents (continuité de l’Etat), certaines politiques publiques ont été mises en place et/ou renforcées (MARNDR, ENERGIE, SANTE, TOURISME, EDUCATION, etc.), des études, des conférences réalisées, des voyages effectués. Malheureusement, certains méfaits politiques, catastrophes naturelles ont conduit à une forte réduction du taux croissance par rapport aux prévisions de départ.

1.       Les méfaits sociopolitiques
L’amateurisme politique dont a fait preuve la Présidence s’est fait sentir dans une série de déclarations et d’actions. En premier lieu, il faut noter qu’au départ, le Président n’avait pas bien compris le régime politique haïtien tel que décrit par la Constitution de 1987. Elu sous la bannière de « répons peyizan », il ne dispose à la chambre basse que de 3 députés. Il fallait faire des alliances au sein du Parlement pour constituer une majorité parlementaire en vue de gouverner le Pays (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/04/inite-et-martelly-ou-le-changement-dans.html ). Il n’a pas pris d’actions en ce sens et a fait des déclarations maladroites qui avaient plutôt antagonisé les positions. D’où le sort réservé à ses deux premiers ministres désignés par le Parlement plus par souci de blocage, de démonstration de forces que pour des raisons valables. D’ailleurs, par la suite, le Parlement a approuvé M. Conille qui n’avait pas un meilleur profil politique que les deux premiers désignés (5 ans de résidence affilée dans le pays). Ecarts de langage du Président par rapport à un journaliste, amplifiés à outrance, arrestation d’un Député après une prise de gueule au Palais, mauvaise gestion de relations interpersonnelles avec un Sénateur qui en a fait un opposant farouche au point de chercher par tous les moyens à « démettre le Président » (accusation de double nationalité, accusation de mise en place d’une armée rose, manifestations de rues, alliances politiques, etc.).

Il faut noter que, dès le départ, la presse dans sa globalité n’avait pas accordé les 100 jours de sursis au Président. De plus, les relations interpersonnelles avec le Premier Ministre Conille n’étaient pas bonnes, les clans constitués au sein du Pouvoir Exécutif (Primature, Présidence et Première Dame) et la mise à pied du Premier Ministre  Conille après le succès du Carnaval National aux Cayes ont ruiné les espoirs d’une grande réussite du « pouvoir martelliste » (mauvais calcul politique). Entre temps certains membres de l’ancienne armée d’Haïti accompagnés de jeunes recrus ont occupé des espaces publics et circulé armés dans le pays. Ils se sont même arrogés le droit de pressurer le Parlement pour la ratification « vite et pressée » du Premier Ministre Lamothe.

Les leçons apprises par Martelly par rapport aux tractations précédentes avec le Parlement ont certes permis la ratification du Premier Ministre Lamothe. Mais à quel prix ! Un « Gouvernement HIMO » pour payer le prix des négociations avec le Parlement et les autres forces politiques et qui pèse très lourd en matière de budget, la mise à pied de certains ministres clés et non des moindres, l’adaptation des nouveau venus, la crainte de se voir éjecter de son poste, autant de signaux inquiétants envoyés par le Gouvernement Martelly-Lamothe (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/05/haiti-lheure-de-verite-2-le-style.html ) . Et c’est seulement en mai 2012 que le Président Martelly a pu faire ratifier son premier budget à cinq (5) mois de la fin de l’exercice 2011-2012. La réduction du taux de croissance de l’économie était donc prévisible. Peut-être pas à ce point. Mais les catastrophes naturelles, la bataille de clans au sein du Pouvoir Exécutif avec la victoire apparente du PM Lamothe (dernier remaniement ministériel), les manifestations de rues contre la vie chère (prétexte) et contre Martelly (réalité) sont venues mettre plus à mal une économie en manque de financement externe et en manque sévère de fonds propres.

2.       Les catastrophes naturelles
Au cours de la période sous étude, Haïti a connu trois phénomènes naturels majeurs : la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy. Il est à noter que depuis 2004, Haïti a connu une fréquence plus rapprochée des phénomènes naturels : Fonds Verrettes, Gonaïves avec la Tempête Jeanne (3000 morts), les 4 cyclones de 2008, le tremblement de terre de 2010 et les récents cyclones. Soient deux cyclones sérieux tous les 4 ans. 2008 avec ses 4 cyclones en moins d’un mois était tout simplement exceptionnel. En 2004, la croissance économique était négative, en 2005 elle était autour de 1.5%, en 2006 autour de 1.8, en 2007 autour de 3.2%, en 2008 autour de 0.8, en 2009 autour de 2.9%, en 2010 autour de -5.4%, en 2011 autour de 5.6%, et en 2012 autour de 2.8%.

3.       La réduction de la croissance
Remarquez que dans les années de catastrophes, il y a toujours une réduction de la croissance de l’économie. Et quand on combine catastrophes et méfaits sociopolitiques, cela devient encore plus grave. Les deux années les plus frappantes sont 2004 et 2010. Dans les deux cas, on a connu la chute violente du gouvernement du Président Aristide et le cyclone Jeanne, le tremblement de terre de 2010 et les manifestations politiques tout au long de l’année électorale 2010.

Il faudra retenir ces leçons pour mieux gérer le pays, en évitant, dans la mesure du possible, les querelles sans lendemain, les batailles de clans au sein du Pouvoir Exécutif, du Pouvoir Législatif et du Pouvoir judiciaire, et les prétextes fallacieux pour envenimer les relations entre les trois (3) pouvoirs,  et empêcher la mise en œuvre de politiques publiques (politique de chaises vides au Parlement), le vote de lois et conventions susceptibles de contribuer à un meilleur fonctionnement de l’appareil étatique et au développement du pays.

B.      PERSPECTIVES 2013 = LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)

Par rapport à la situation de 2012 décrite précédemment, 2013 s’annonce plutôt difficile. La situation de pauvreté a frisé la stagnation avec une augmentation de la population (10.2 M de personnes en octobre 2012) et un taux de croissance de 2012 de l’économie autour de 2.8% du PIB, Haïti est certes devenue beaucoup moins pauvre qu’auparavant (Taux de croissance de la population 2-2.2%), mais l'économie n'a pas cru assez vite pour un décollage réel et irreversible. Alors que le gouvernement Conille tablait sur un taux de croissance autour de 9 à 10% de l’économie et revu à la baisse par le Gouvernement Lamothe au cours de l’exercice écoulé, on avait quand même envisagé l’avenir avec une certaine sérénité. Les catastrophes naturelles sont venues anéantir nos espoirs en ramenant la croissance de l’économie à un taux de 2.8% nettement inférieur aux prévisions (contraction du PIB agricole de -2.2%). Il est donc capital d’avoir une politique économique axée sur une forte croissance et continue sur une période plus ou moins longue, une sorte de « révolution de croissances » pour répéter un économiste haïtien et en même temps une politique de réduction du taux de croissance de la population. Les effets des catastrophes de l’exercice 2011-2012 n’étaient pas finis d’être évalués que le pays a du faire face à une nouvelle catastrophe, Sandy, au premier mois du nouvel exercice, octobre 2012. On comprend dès lors toute la difficulté pour le gouvernement et pour le pays de faire face à autant de problèmes sans l’aide et des promesses sérieuses de financements de la communauté internationale. Ce qui pourrait nuire à la croissance projetée.  

Taux de croissance projeté
En effet, le taux de croissance projeté de l’économie est de 6.9% avec un taux d’inflation inférieure à 10% (6-7%) et un taux de change autour de 42 HTG pour 1 USD dans le cadre d’un budget annuel de plus de 3.25 Mrds d’USD dont 31% de fonctionnement et 69% d’investissement. « Les principaux secteurs bénéficiant des priorités de ce budget sont le secteur économique (53% du total du budget) avec notamment des investissements de l’ordre de 18.2 milliards  HTG pour les infrastructures de transport, 2.3 milliards pour l’eau, 4.2 milliards pour l’énergie, et le secteur social (25% du total du budget) dont des investissements de 12.3 milliards pour l’éducation et de 9.5 milliards pour la santé. Le développement territorial disposera d’un programme d’investissement de 12.9 milliards ». (Réf. Communiqué de Presse du MEF, Dépôt Loi de Finance 2012-2013 au Parlement. 29 Juin 2012).

 C’est beaucoup plus réaliste, selon certains observateurs, de projeter des taux de croissance proches de ceux qu’on a déjà atteints. Les politiques publiques prévues au niveau du secteur agricole, le principal pilier de la croissance, s’articulent autour d’un programme triennal 2012-2015 de relance de 62 Mrds de Gourdes (1.5 Mrds USD) sur les 3 prochaines années (500 M USD/an supérieurs à 10% du Budget National mais non inscrits tel quel dans le budget de cet exercice 2012-2013). Sans entrer dans une analyse exhaustive des autres secteurs contribuant à la croissance de l’économie, les secteurs de la construction et autres secteurs (Tourisme, industries, énergie, éducation) dans cette phase  de développement devraient substantiellement contribuer à cette croissance projetée. Une bonne politique de population (non prévue (?) et à mettre en place en urgence) articulée à une politique de sécurité plus constante (contrôle des moindres parcelles du territoire national) et surtout à une politique environnementale dans le cadre  de la déclaration, par le gouvernement en accord avec l’opposition  et autres parties prenantes, d’un état d’urgence environnementale, devrait renforcer davantage la croissance de l’économie (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html).

Il est clair que, pour mettre le pays sur les rails du développement, il ne suffit pas d’avoir une bonne politique de propagande qu’il ne faut pas confondre avec une politique de communication et des slogans sans contenus. Il faut savoir que le développement est un processus bien planifié exigeant des sacrifices, de la créativité, de l’innovation, des politiques publiques soutenues par une politique législative et des actes administratifs,  et des moyens et stratégies pour une mise en œuvre du plan de développement adopté. Depuis 2010, le pays dispose d’un plan développement transformé par cette administration (en 2012) en plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH) avec son cadre de coordination (CAED). Ce plan peut être renforcé, dans le cadre d’une grande concertation nationale, par les divers plans de la société civile haïtienne y inclus ceux de  la diaspora et du secteur privé. Ce plan consensuel marquerait une rupture dans notre façon de faire de la politique et déboucherait sur le développement du pays tant souhaité par tous les haïtiens dignes de ce nom et fiers de l’être.

Recommandations aux parties prenantes du développement d’Haïti

Pour cela, il faudrait avant toute chose la primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt des clans et/ou individuels.

(i)       D’où la nécessité d’une grande concertation nationale (conférence nationale, pacte de gouvernabilité, etc.) pour se mettre d’accord sur une vision d’Haïti ou consolider celle qui existe (appropriation) dans le cadre de ce plan consensuel et des moyens à mettre en œuvre  pour atteindre le niveau de développement lié à cette vision et au plan consensuel finalement accepté par tous comme notre cadre de référence pour le développement de notre pays.

(ii)   La nécessité pour l’Exécutif (Présidence, Primature, Première Dame) d’offrir une image d’unité ne serait-ce qu’au niveau de la perception et de fonctionner dans le cadre de la politique générale définie ainsi que les politiques publiques sectorielles et politique législative y relative (une entente en ce sens à rechercher coûte que coûte) ; tout changement de gouvernement, en particulier du Premier Ministre actuel, compromettrait définitivement les chances de réussite de la présidence de Martelly, à moins que ce soit le sacrifice (fruit) d’un consensus vraiment national et non clanique ;

(iii)   La nécessité pour le Parlement de fonctionner dans le cadre d’une politique législative en relation avec la politique générale du Premier Ministre, d’exercer son pouvoir de contrôle  de l’exécutif sans souci de blocage et sans la volonté délibérée d’obtenir des avantages personnels et de remplacer les collectivités territoriales dans leurs taches quotidiennes et de développement ;

(iv)    La nécessité pour le Pouvoir Judiciaire de jouer son rôle d’arbitre entre les deux autres pouvoirs dans les limites de la Loi et de fortement contribuer à la construction de cet Etat de droit rêvé par tous, en commençant par mettre de l’ordre en son propre sein, éliminer les poches de corruption, prendre ses distances par rapport au ministère de la justice, et s’ériger contre vents et marées en un vrai pouvoir d’Etat comme les deux autres pouvoirs ;

(v)   La nécessité pour les collectivités territoriales (CT) de prendre en charge les urgences, le relèvement et le développement de leurs communautés respectives dans le cadre de plans communaux et de plans de sections communales bien ficelés dans le cadre d’un plan global d’aménagement du territoire imbriqué dans des politiques de décentralisation de l’Etat et de déconcentration de l’administration publique haïtienne ;

(vi)   La nécessité pour la société civile  de s’impliquer davantage dans la gestion des affaires de l’Etat en faisant les pressions nécessaires  pour le respect des engagements dans le cadre de l’énoncé de politique générale du Premier Ministre, des politiques publiques et de la politique législative y afférentes;

(vii)   La nécessité pour la communauté internationale d’accompagner le Gouvernement Haïtien (GOH) dans le cadre de la vision du Président, de la politique générale du PM, en fournissant l’assistance technique et financière nécessaire à la mise en œuvre  des politiques publiques sectorielles et de la politique législative y relatives.

En guise de conclusion, la situation de 2013 ne s’annonce pas rose. On peut la changer. Nous savons quoi faire pour la changer. Par exemple, pour éviter une cherté de la vie plus sévère en 2013 par rapport à 2012, il nous faudra financer le programme d’urgence post Sandy durant la saison sèche (4 Mrds HTG), le programme triennal de relance agricole (62 Mrds HTG), et importer suffisamment de produits alimentaires avant mars 2013 pour éviter des émeutes de la faim au cours de la période comprise entre janvier et juin 2013. On espère que les voyages au Japon et au Vietnam des hauts responsables de l’Etat ont été faits dans cet esprit. Sur un plan plus macro, il nous faudra bien gérer (i) la situation politique (élections 2013, entente politique, partis politiques), (ii) la situation économique (campagnes agricoles 2013, investissements dans les infrastructures, tourisme, saison cyclonique etc.) et (iii) la situation sociale (sécurité, élèves, étudiants, groupes de pression, santé, éducation, loisir, etc.). Ainsi, bonne gestion socio-économique et politique + bonne gestion des  catastrophes naturelles = Augmentation de la croissance économique et bonne répartition de ses retombées. N’est-ce cela la route du développement ? Prenons-la, Bonne journée du 26 Décembre à V. NUMA et Bonne Année 2013 à tous!

dimanche 25 novembre 2012

HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?



HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
25 NOVEMBRE 2012

Après le passage de Sandy qui a ravagé la cote Nord-est des USA, les américains ont décidé, le Mardi 6 Novembre 2012, de donner un second mandat à Obama. La bataille s’annonçait rude et très serrée. Au final, OBama l’a emportée haut la main avec 332 /538 de  votes des Grands électeurs et 50.51% de votes populaires contre 47.85% à Romney. Le peuple américain a fait son choix sans ambigüité. Le monde entier a semblé soulager.

En Haïti, après les dégâts de Sandy (750 M USD) et l’inondation dans le Nord du Pays qui a fait une quinzaine de morts au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, je nous croyais prêts pour « un complot positif » pour le « Haïtian Dream », (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/10/haiti-apres-sandy-le-complot-pour-le_31.html). Comme je l’avais écrit, « Nous sommes trop petits pour voir aussi grand ». Pour être plus positif,  voyons quelques éléments d’actualité avant de remonter le temps pour voir les réponses données à ces genres de situation et les résultats obtenus, interrogeons-nous sur la situation actuelle, et essayons de proposer quelques solutions.

Le voyage du Président Martelly en Europe et le Premier Ministre aux Caraïbes
Au cours de ce mois de novembre 2012, le Président Martelly a visité officiellement l’Espagne dans le cadre du Sommet Ibéro-Américain où Haïti est unanimement admise comme membre observateur, a été au Parlement Européen à Strasbourg (France), a été reçu, en Italie, avec Femme et enfants, par le Pape Benoit XVI au Vatican, et en a profité pour avoir des discussions avec les agences de Rome, en particulier la FAO. D’où cet extrait : « La FAO et le gouvernement de Haïti espèrent obtenir, au cours des 12 prochains mois, 74 millions de dollars pour la réhabilitation du secteur agricole à la suite de l'ouragan Sandy, de la tempête tropicale Isaac et de la sécheresse qui a sévi plus tôt cette année. Ensemble, ces trois phénomènes climatiques extrêmes ont causé des dommages colossaux à l'agriculture et à la pêche. Depuis le mois d'octobre, deux millions de Haïtiens souffrent d'insécurité alimentaire et de malnutrition ».

Entre temps, l’insécurité de type banditisme semble reprendre du poil de la bête ; le Premier Ministre Lamothe a été à St Thomas, en particulier à l’Université du même nom, là où il a fait sa maitrise, pour parler d’Haïti ; le 18 Novembre 2012 n’a pas été commémoré comme par le passé à cause de l’absence au pays des  deux principales autorités , de plus le monument des Héros de Vertières a été « profané en rose et blanc » ; la sélection haïtienne est qualifiée pour la phase finale de la Coupe de la Caraïbe, une bonne chose dans cette grisaillerie haïtienne du mois de novembre (temps maussade comme la population, on dirait que la nature est triste pour nous) ; les manifestions estudiantines de rues suite à l’assassinat de l’un d’entre eux ; la tentative de certains Députés de présurer le Premier Ministre pour une affaire de 10 M HTG/député qui seraient distribuées à des députés progouvernementaux (?) ; l’état d’urgence d’un(1) mois décrété par le Gouvernement Lamothe en réponse à Sandy pour l’application d’un programme de réponse post-Sandy, etc. Après le passage de Jeanne en 2004 et les 4 cyclones de 2008, aux réponses gouvernementales, quelles autres réponses Haïti a connues et avec quels résultats ?

L’opération Bagdad/le Kidnapping érigé en mode opératoire quotidien
En tout cas, en 2004, en réponse au ravage de Jeanne aux Gonaïves, alors que le Gouvernement de transition de Latortue se battait pour donner une réponse à la mesure du défi environnemental gonaïvien, on a eu « la fameuse opération Bagdad » qui a érigé en mode opératoire quotidien le kidnapping qui jusqu’ici était quelque chose de sporadique. Que de dégâts, que de ravage psychologique, que de larmes nous a coûtés et nous coûte encore le kidnapping ! Heureusement, le Président Préval, après les quatre cyclones de 2008, a continué, sous le gouvernement de Mme Pierre-Louis, même avec quelques modifications, la politique d’Alexandre-Latortue vis-à-vis des Gonaïves (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html). Actuellement, avec l’agrandissement de la rivière La Quinte dont la capacité est passée à plus de 1000 m3 /s, la reconstruction des ponts  au niveau de Pont Gaudin et de Mapou et les interventions même partielles au niveau du bassin versant (70,000 ha) dans le cadre de plusieurs programmes dont le Programme PIA-Ennery-Quinte financé par la BID, la problématique gonaïvienne est en voie de solution. Il reste certes beaucoup à faire. Si les efforts sont maintenus et intensifiés, on finira par solutionner définitivement le problème gonaïvien, toujours dans le cadre de ce mariage savant de la gestion de l’urgence et du développement.

Manifestations estudiantines, l’autre opération (?) et/ou Etat d’urgence environnementale (?)
En 2012, alors que le Gouvernement de Lamothe se bat pour trouver des fonds pour la mise en œuvre du programme post Sandy,  la réponse à Sandy, en dehors du gouvernement, semble s’acheminer vers des manifestations estudiantines de rues sous prétexte de réclamer justice pour leur camarade tué par un policier déjà mis aux arrêts par le Gouvernement avec promesse de le juger. Alors que veulent réellement les étudiants ? Sont-ils conscients de la situation actuelle de leur pays en matière environnementale ? Et Sur quelle opération, cette fois-ci, cela va-t-il déboucher, si on analyse au second degré les prises de position de certains parlementaires et de la plupart de nos politiciens ? En tout cas, pas sur ce « complot positif » tant rêvé par le grand naïf que je suis, pas sur « cette déclaration d’Etat d’urgence environnementale » discutée lors de la dernière réunion mensuelle de la FONHDILAC (11/11/2012) et débattue à l’émission  de « Mélodie and Company » du mardi 13/11/2012 entre 5.30-7h PM, animée par Bernard Ethéart sur Mélodie FM! Sommes-nous vraiment trop petits pour oser envisager nous-mêmes la manière de sauver notre pays ?

La réponse gouvernementale et le ministère de l’agriculture
Haïti essaie de se relever difficilement. L’Etat, par l’intermédiaire du Premier Ministre Lamothe, a estimé à 750 M USD les dommages causés par l’Ouragan Sandy. Par rapport à la sécheresse et au passage d’Isaac et de Sandy, les pertes au niveau du secteur agricole sont estimés à environ 400 M USD par le secrétaire d’Etat Dorcin  lors du dernier conseil de gouvernement (14 Novembre 2012). Le Gouvernement a déclaré l’Etat d’urgence pour un mois et mis sur pied un programme autour de trois ministères, le ministère de l’Environnement (MDE), le ministère des Travaux Publics, transports et Communication (MTPTC) et le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR). Le MARNDR a présenté  un programme de réponse post Sandy de 4 Mrds de HTG dont le financement n’est que partiellement assuré, la communauté internationale tarde à répondre au « flash appeal » lancé par la FAO et le MARNDR. Ce programme d’urgence post-Sandy est imbriqué dans un programme triennal plus large de relance agricole de 62 Mrds de HTG (2012-2015). Sera-ce une fois de plus un mariage savant de l’urgence et du développement comme aux Gonaïves ? En tout cas, la solution actuelle au problème du pays haïtien passe par trois piliers fondamentaux.

Les piliers Fondamentaux du développent national
En Haïti, tout est prioritaire à cause de la vulnérabilité, de la pauvreté et de l’extrême pauvreté du pays, la santé, l’éducation, l’infrastructure, l’économie, etc. Les trois piliers prioritaires pour amorcer le développement d’Haïti demeurent,  à mon avis, la sécurité, l’environnement et la population. Analysons la situation eu égard à ces piliers.

(i)                 La Sécurité
Après 1986, le phénomène d’insécurité a pris de l’ampleur. Du banditisme d’Etat, l’insécurité est passée aux mains des groupes organisés et armés, des réseaux de malfaiteurs. Ce qui a favorisé l’évolution du phénomène  d’insécurité du simple banditisme en kidnapping bien sophistiqué, et tous autres phénomènes désagréables et connexes confrontés par le pays haïtien actuellement. A partir de 2004, le phénomène va s’aggraver avec « l’opération Bagdad » jusqu’à devenir un phénomène de société. Depuis, l’insécurité se conjugue au quotidien, fait beaucoup de dégâts au pays et à la société haïtienne et ralentit les investissements en Haïti. Le développement d’Haïti passe par la mise en place d’un système de sécurité performant. Ce système de sécurité doit prendre en compte l’ensemble des aspects de la sécurité et se baser sur des politiques publiques permettant le contrôle des moindres parcelles du territoire national. Il faudrait un consensus national sur cette question, un « complot positif » contre l’insécurité sous toutes ses formes y incluse l’insécurité environnementale.

(ii)               L’environnement
L’ensemble des bassins versants méritent d’être réhabilités. La vulnérabilité environnementale est à la base des inondations fréquentes qui font des ravages au pays à la moindre averse. Avec moins de 2% de couverture forestière primaire en particulier au niveau des châteaux d’eau et plus de 25% de couverture végétale plus qu’au niveau des plaines qu’au niveau des mornes, Haïti est dans une situation très critique du point de vue environnemental. La position d’Haïti sur la route des cyclones et sur des failles techtoniques nécessite des politiques publiques environnementales y afférentes et susceptibles de favoriser une amélioration de la situation environnementale du pays dans les trois (3) à cinq (5) prochaines années et au delà. La réhabilitation de l’environnement haïtien doit se faire dans le cadre d’une « déclaration d’état d’urgence environnementale » à prendre  par le gouvernement Martelly-Lamothe avec l’appui inconditionnel de l’ensemble des forces vives de la nation haïtienne. Il faudra viser haut : la récupération de 25% de la couverture végétale du pays durant les 25 prochaines années, et ce dans le cadre d’une politique de population bien pensée et appliquée de manière rigoureuse.

(iii)             La population
Avec plus de 10 M d’individus actuellement sur nos 27750 km2 en 2012, il nous faudra deux choses (i) une révolution des taux de croissance économique autour de 10%/an et plus (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html) , et (ii) une réduction du taux de croissance de la population autour de 1%/an et moins, durant les 25 prochaines années. Ce qui nous conduira à une augmentation de 25% de la population pour 250% d’augmentation de croissance économique, une réduction drastique de la pauvreté extrême et de la pauvreté tout court, et une marche ascensionnelle et irréversible vers le développement intégral de notre pays.

En conclusion : Ainsi, avec un plan de développement très sérieux axé sur l’humain, le social/culturel, l’environnemental, l’économique/financier et la politique/gouvernance (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html), on a de fortes chances d’atteindre un niveau de développement équivalent à celui  d’un pays émergent, même sur une période plus longue. Pour cela, il nous faudra contrôler notre sécurité, notre environnement et notre population, et marier savamment urgence et développement. Pour un gouvernement haïtien dans le cadre d’un mandat de 5 ans, c’est difficile sinon impossible. Pour l’Etat et la nation haïtienne unis autour d’un rêve de grandeur (tous ensemble sans exclusive sur une période de 25 à 50 ans avec des gouvernements successifs appliquant le même plan par tranche de 5 ans), c’est un jeu d’enfant. Et c’est là que ça se complique. N’ai-je pas raison ? Commençons par nous mettre d’accord sur les 3 piliers fondamentaux du développement national. Pour le reste, on verra plus tard. N’est-ce pas un bon deal entre nous ?

mercredi 31 octobre 2012

HAITI: APRES SANDY, LE “COMPLOT” POUR LE « HAITIAN DREAM » ?



HAITI: APRES SANDY, LE “COMPLOT” POUR LE « HAITIAN DREAM » ?
Texte remanié, revu, corrigé et augmenté
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 OCTOBRE 2012

Le titre de mon article pour ce mois d’octobre 2012 est une combinaison de mots empruntés à trois (3) personnages importants qui se sont signalés au cours de ce mois d'Octobre. En effet, (i) l’Ouragan Sandy a ravagé Haïti les 25 et 26 octobre 2012, laissant, après son passage, 54 morts, 20 disparus (Réf. MICT), et des dégâts matériels beaucoup plus importants que la tempête ISAAC (aout 2012) ; (ii)le Ministre de l’Education Nationale, M. PIERRE, après une séance de travail avec le Parlement, a parlé de « complot pour l’éducation »,  et (iii) Mme Clinton a insisté sur le thème «  Haitian dream » dans son discours à l’inauguration du Parc Industriel de Caracol au Nord d’Haïti (22/10/12), « le plus grand Parc Industriel de la Caraïbe » lorsqu’il sera achevé.

Après toutes les agitations politiques et sociales du mois d’octobre 2012, les manifestions contre la vie chère et contre Martelly, la rencontre des forces politiques de l’opposition le 17 octobre 2012 au Cap-Haïtien, en essence contre la présidence de Martelly, puisque ces forces politiques seraient prêtes à « suivre le peuple », leur leader, si ce dernier continue à réclamer la tête du Président ou de n'importe quel Président élu et en fonction contrairement à la Constitution (Ref. Haiti En Marche de cette semaine)http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html, la participation du président au 14e Sommet de la Francophonie organisé à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012, au Congo, en Afrique, l’arrestation de Cliford BRANDT comme chef d’un puissant réseau de kidnapping, etc., et, comme nous avons cette fâcheuse tendance à nous mettre ensemble contre quelque chose ou quelqu’un, http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/09/haiti-cherte-de-la-vie-quelles-solutions.html, je me suis dit pourquoi pas un complot pour le rêve haïtien après le passage de Sandy ?

« The Haitian Dream » ?
Y-a-t-il un rêve haïtien ? Oui. C’est un rêve légué par nos ancêtres, en particulier, l’Empereur Jean Jacques Dessalines (assassiné le 17 Octobre 1806), qui voulait faire de ce coin de terre un refuge pour tous les opprimés de la terre. Tous avaient allié la parole aux actes en aidant les autres. Par la suite,  des grands hommes avec de grandes idées ont tenté et réalisé de grandes choses, http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/04/larticulation-technique-et-politique-ou.html. Plus près de nous, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, nous avons dégagé une certaine vision d’Haïti, celle d’un « pays émergent à l’horizon 2030 », http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/03/haiti-apres-le-seisme-la-conference-de.html. Certes, on peut dire que ce n’est pas réaliste, que c’était l’affaire du Pdt. Préval, du PM Bellerive. C’est une belle vision dans laquelle se retrouverait la majorité des haïtiens . Il faudrait la réaliser sur une période plus longue tout simplement.  Le secteur Privé a eu un plan. La diaspora en a eu deux, le PSSN et le GRAHN. La FONHDILAC aussi a sorti un plaidoyer et un plan d’orientation avec une vision très claire de refaire de notre pays, « La Perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbes », à partir d'un "système visant un citoyen responsabilisé dans une société économiquement riche, socialement équitable et politiquement responsable". Nous avons donc assez de matériaux pour une grande concertation nationale comme le réclame depuis des lustres, notre cher ami, Tunep DELPE. De Préval à Martelly, on n’a pas senti ce souci de nous mettre ensemble pour asseoir cette vision haïtienne, ce rêve haïtien, d’autant que nous faisons face de manière périodique à ces valses de cyclones qui effacent en un clin d'oeil des efforts de toute une année de travail, modeste contribution à la réalisation de ce rêve lointain. C'est ce qui, jusqu'ici, a poussé peut-être nos dirigeants, de manière consciente ou inconsciente, à se concentrer de préférence sur les urgences (avec en prime des bénéfices politiques immédiats) au détriment du développement donc  d'un quelconque rêve haïtien lointain.  

Sandy, dégâts autour de 10% du PIB ?
Sandy a tout ravagé sur son passage. Les premières évaluations pour le secteur agricole sont terribles. A titre d’exemple, la zone goâvienne au niveau des périmètres irrigués est ravagée à 80% (bananeraies), les infrastructures d’irrigation sont endommagées et sédimentées, les pertes en bétails sont considérables (104 M USD). Pour les autres secteurs c’est la même chose. Les routes, les ponts, les maisons d’habitation dans l’Ouest, le Sud-Est, les Nippes, le Sud et la Grande Anse sont endommagés, emportés ou embourbés. Une amie qui a survolé ces départements en hélicoptère n’a vu que la désolation. Un collègue qui a survolé la Plaine du Cul de Sac a fait le même constat. Ce ne serait pas étonnant que les coûts des dégâts globaux avoisineraient les 700 M USD(?) (750 M USD, a confirmé le Premier Ministre), si on se réfèrait aux estimations faites pour Gonaïves au passage de Jeanne, entre 800 M. USD et 1 Mrd. USD. De plus, c’est la recrudescence du choléra et l’augmentation du nombre de morts (Et ça n’a pas de prix). Avec ces milliers de tonnes d’eau déversées par Sandy, c’était prévisible.

Réduire la vulnérabilité physique du pays par la HIMO
Des Sandy, on en aura encore et encore, Haïti étant sur la route des cyclones. Le niveau de vulnérabilité d’Haïti, c’est cela notre problème. Il est bien identifié et bien cerné. En 25 ans, avec une récupération vigoureuse de 1%/l'an (27,750 ha) de notre couverture végétale, on aura récupéré 25% (693,750 ha) comme l’a proposé la FONHDILAC dans son document d’orientation. Dans le programme Martelly, il a été prévu de récupérer 5% en 5 ans, soit un total de 138,750 ha. Où est-ce qu’on en est ? Il n’existe pas, à ma connaissance, d’information à ce sujet. Le ministère de l’Agriculture a prévu dans le plan national d’investissement agricole (PNIA 2010-2016) $US 2500/ha pour le traitement des bassins versants. Dans le cadre des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), on peut récupérer des terres  pour ameliorer la couverture végétale; mais, pour cela,  il faut faire de la HIMO et non du WOY-WOY comme on a l’habitude de le faire au niveau de l’Etat : ministère de l’agriculture, ministère des TPTC, ministère de l’Environnement. Le Manuel du ministère de l’Agriculture adopté par le MTPTC et ABA GRANGOU montre clairement comment on fait de bons travaux HIMO. Mais les habitudes ont la dent dure. Et nous n’avons pas le courage d’en changer. Certes, on faisait la HIMO en payant par jour, et les gens travaillaient. Maintenant, il faut passer des contrats payables sur base d’extrants (à la tache), car les gens ne veulent plus travailler quand on les paie par jour. Qu’est-ce qui nous empêche de généraliser cette méthode? La HIMO est un mode d’exécution noble, il ne faut pas continuer à la dénaturer au point de la faire considérée comme une mauvaise approche. Il est à noter que, dans le monde, pour exécuter les travaux, il n’y a que deux grandes approches : La HIMO et la HIEQ (Haute intensité d’équipements). Or ce dont on dispose en abondance ici en Haïti, c’est la main d’œuvre. Donc, il nous faudra bien utiliser notre main d’œuvre et donc la HIMO (entre autres) pour développer notre pays, en commençant par réduire sa vulnérabilité physique. Et cessons le gaspillage dans des woy-woy sans lendemain visant uniquement à favoriser l’appétit féroce de certains groupuscules qui utilisent « la pression des armes, la pression politique » pour faire de l’argent facile.

Que faire ?
Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, au lieu de nous mettre ensemble pour penser Haïti, nous avons préféré faire bandes à part. Le pouvoir d’alors s’est recroquevillé sur lui-même en gérant la situation comme une affaire privée, en n’exploitant pas à fond le momentum de solidarité qui se manifestait. Quant à l’opposition, après une trêve, elle s’est manifestée contre la gestion du pouvoir de la catastrophe. Et la mauvaise organisation des élections de novembre 2010 allait aiguiser les antagonismes entre le pouvoir et l’opposition jusqu’à l’arrivée au pouvoir de M. Martelly. Maintenant, avec les ravages de Sandy, a-t-on une chance de nous asseoir ensemble « pour panser et penser Haïti » ?  Les plaies béantes de notre pays méritent notre attention. Va-t-on continuer à nous battre politiquement pour les transformer en cancer sans aucune chance de récupération ? Comme nous n’aimons pas les mots tels que : consensus, grande concertation nationale, conférence nationale, alors, faisons tous ensemble (pouvoir/opposition) et avec l’appui de nos amis de la communauté internationale, « un complot » contre la vulnérabilité de notre pays, contre le chômage, contre la pauvreté, contre la division qui nous ronge, contre la corruption qui nous gangrène, contre la façon dont nous gérons jusqu’ici notre espace de vie, nos 10 M d’habitants, nos groupes sociaux, culturels et politiques, nos maigres infrastructures, notre chétive économie et notre capital politique dilapidé tout au long de notre existence de peuple , enfin contre le sous-développement de notre pays. Ainsi, nous arriverons à coup sûr à matérialiser le « Haitian Dream », la vision d’une«Haïti émergente à l’horizon 2060 » redevenue par la finalité de ce « complot »  « La Perle des Antilles, l’Exception Culturelle de la Caraïbe ».

Et notre génération de nains aura mérité de la Patrie de Jean Jacques Dessalines, le Grand, l’enfant terrible de l’histoire universelle qui a su, par sa seule volonté, ouvrir des brèches fatales dans l’édifice esclavagiste mondial, en créant cet Etat Nègre ouvertement anti-esclavagiste !!! C’est énorme ! Quelle est, pour nous autres de la génération actuelle, la signification d’un tel exploit? Rien. Nous sommes trop petits pour voir aussi grand. Après la lecture de cet article, si vous, politiciens haïtiens et aussi toi-même, vous ne vous sentez pas interpellés par rapport à la réalisation de ce « Complot positif», pour répéter un officiel à qui j’avais parlé de mon intention d’élaborer cet article, il est compréhensif que l’on soit le bon dernier en tout avec votre complicité agissante et votre appartenance plus qu’à votre clan qu’à notre chère Haïti! En tout cas, même si vous vous complaisez  dans votre zone de confort (clan), faites un geste de grandeur, en partageant ce texte avec vos amis. Et ainsi de suite, on contribuera, après Sandy, à la réalisation de ce « Complot » contre les maux d’Haïti, et… pour le « Haitian Dream ».

dimanche 30 septembre 2012

HAITI: CHERTE DE LA VIE, QUELLES SOLUTIONS ?



HAITI: CHERTE DE LA VIE, QUELLES SOLUTIONS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 SEPTEMBRE 2012

Singulier petit pays ! Depuis le Congrès de l’Arcahaie, le 18 mai 1803, où Dessalines et Pétion se sont mis d’accord pour la lutte en vue de  l’indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804, face à la plus grande puissance coloniale de l’époque, la France,  l’histoire n’a pas rapporté d’autres dates où nous nous sommes mis ensemble pour quelque chose. C’est comme si la leçon fondamentale retenue de ce Congrès est la lutte « contre la puissance française » et non « pour l’indépendance d’Haïti ». En effet, deux ans 10 mois  et 17 jours après l’indépendance, nous nous sommes mis d’accord contre le père de l’indépendance, en tuant l’Empereur Dessalines. Ce « parricide » a ancré  dans notre subconscient, peut-être pour  payer  ce crime expiatoire, la tendance à nous mettre toujours d’accord contre quelque chose ou quelqu’un et jamais pour Haïti. Au lieu de construire, nous nous sommes mis à détruire. Jusqu’à réduire à une peau de chagrin notre espace de vie. Haïti est tellement devenue vulnérable que, eu égard à nos luttes intestines pour le pouvoir politique, la moindre averse se traduit par des inondations et des dizaines de morts. Nos efforts pour nous donner à manger se heurtent aux phénomènes naturels et anthropiques  susceptibles de les anéantir mais aussi et surtout de nous apporter d’autres sources de souffrances.

Cette semaine, à la faveur de la cherté de la vie, un phénomène mondial qui, vu notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur, nous frappe de plein fret, surtout les plus vulnérables, on dénombre des manifestations au Cap, aux Cayes et à Port-au-Prince contre la vie chère, et de plus en plus contre le Président Martelly. La ville des Gonaïves, baromètre politique depuis 1985, s’est prononcée pour le Président Martelly, pendant combien de temps encore ? D’un phénomène économique sur lequel on aurait dû se mettre d’accord consensuellement pour trouver des solutions de court, moyen et long termes pour notre pays exsangue, on l’a transposé sur le plan politique pour mieux nous antagoniser et régler nos comptes politiques avec le pouvoir en place.  Alors, la cherté de la vie en Haïti, quelles solutions ? Techniques ou politiques ?

Les racines de la vie chère en Haïti en 2012

La situation de la vie chère n’est pas particulière à Haïti. Cette sécheresse qui a touché les grands pays producteurs de céréale comme les USA, la Russie, a permis d’augurer cette situation de vie chère. Certes, la situation n’est pas comparable à 2008. En 2008, la tonne de riz sur le marché international était autour de 1000 USD, actuellement elle est autour de 500 USD. Le baril de carburant est loin d’être comparable à 2008. Les émeutes de 2008 se sont produites au Printemps à partir d’une exploitation politique de la situation  de l’époque : http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/haiti-08-vie-chere-causes-consequences.html. En ce mois de septembre 2012, on vit une période post sécheresse et post cyclone Isaac. On estime à plus de 40% les pertes de production liées à la sécheresse. Les pertes réelles liées au passage d’Isaac sont de 160 M USD (CNSA). Il en résulte, en Haïti, une augmentation des prix  de 48.5% des produits stratégiques (riz, maïs, pois, farine de blé) de septembre 2011 à septembre 2012 (CNSA).

Les outils à disposition actuellement

En référence au lien internet plus haut, nous avons analysé, en 2008, le phénomène de la vie chère tant sur le plan conjoncturel, qui est un peu différent maintenant, que sur le plan structurel, qui reste fondamentalement le même, mais qui est mieux cerné maintenant et qui dispose d’outils de réponse. Ces outils, même appliqués entièrement, ne pourront donner leur pleine mesure que sur le long terme (horizon 2025). Actuellement, Haïti dispose  de toute une batterie de réponses, le plan d’action pour le relèvement et le développement national (PARDN 2010-2032), le Plan Stratégique de développement d’Haïti (PSDH non encore validé), le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN 2010-2025), la politique de développement agricole (PDA 2010-2025), le plan national d’investissement agricole (PNIA 2010-2016), le Plan Directeur de vulgarisation agricole (PDVA 2010-2016), le programme de développement agricole du gouvernement actuel basé en grande partie sur le PNIA, le programme de réponse post sécheresse et post cyclone Isaac de 1.87 Mrds HTG (Sept 2012-Février 2013) actuellement en application.

La situation de la sécurité alimentaire d’Haïti et quelles solutions immédiates ?

En outre, en 2011 selon la CNSA, Haïti ne produit  que 50% de ses besoins alimentaires, reçoit 4% d'aide alimentaire et importe, par l'intermédiaire des commerçants, 46% de ses besoins pour être en équilibre alimentaire. Pour agir immédiatement sur la situation actuelle, il a fallu envisager une approche de subvention comme pour le carburant et comme, récemment, pour l'engrais. En clair, l'Etat subventionne et fixe les prix des produits stratégiques sur tout le territoire, ne serait-ce que pour un temps limite? Combien de temps? Combien d'argent ? Et ou trouver cet argent?

En tout cas, c’est cette solution qui est actuellement en application accouplée au programme post sécheresse/cyclone Isaac : http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/09/haiti-savanne-dianee-et-isaac-de.htm. L’Etat a décidé de subventionner un ensemble de produits stratégiques (riz, maïs, pois, huile, etc.).  La solution subvention ne peut être que provisoire car l'Etat d'Haïti, contrairement aux grands pays industrialisés et grands producteurs de denrées alimentaires, n'a pas les moyens d'une subvention permanente du secteur agricole. Nos amis n'accepteraient jamais de financer la subvention du secteur agricole haïtien. Le programme post sécheresse/cyclone ne reçoit qu’une partie des financements nécessaires de l’Etat d’Haïti. Il faudrait trouver le GAP du coté de la communauté internationale. Ce qui nécessiterait des négociations dans une ambiance non surchauffée. Or la situation politique qui se développe actuellement ne permet pas d’avoir une ambiance sereine propre aux négociations. Au contraire ! Donc si le Gouvernement ne trouve pas de moyens propres et quelques dons sans trop grandes conditionnalités de la communauté internationale, la situation aura de préférence tendance à s’empirer.

Les solutions à moyen et long termes

De plus, il faudrait envisager, à coté de ces solutions de court terme, des actions de long terme contenues dans le plan national de sécurité alimentaire, le plan national d'investissement agricole, le programme agricole du GOH actuelPour arriver à avoir des réponses durables à la vie chère, Haïti a tiré les leçons des émeutes de la  faim de 2008. Malheureusement, tous les GOH, mis à part l'exercice 2008-2009 à partir des apports extrabudgétaires avec des résultats que l’on sait : http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/12/haitibilan-2009-du-secteur-agricole-un.html, n'ont pas su doter le secteur de 10% du budget national pour favoriser la relance de l'économie haïtienne. C'est un secteur porteur utilisé au niveau du discours et négligé dans la réalité des faits. D'ou notre situation actuelle de vie chère. Pour la changer définitivement, il faut prendre des mesures appropriées de court, moyen et long termes. Or ces solutions existent heureusement.  Donc il nous faudrait tout simplement nous donner les moyens financiers de notre politique en la matière. En avons-nous la volonté? Préférerions-nous des solutions de chambardements politiques comme en 2004 ou comme en 2008 ?

Les solutions politiques

En 2004, l’année de nos 200 ans d’indépendance, nous nous sommes mis d’accord pour renvoyer le Président Aristide. Car nous croyions dur comme fer que son depart était la solution à nos problèmes. Il est effectivement parti pour revenir 7 ans plus tard nous retrouver dans une situation encore plus alarmante. C’était la même chose en 2008. Haïti a été le seul pays à renvoyer son gouvernement en la personne de M. ALEXIS pour cause de cherté de la vie. En réalité, le renvoi de M. ALEXIS a été fondamentalement politique. Dans les deux cas cités, au lieu de trouver un consensus politique pour avancer, nous avons choisi de chambarder politiquement pour reculer. Notre économie ressemble à celle d’une « économie en guerre », et nous nous foutons pas mal de caracoler en queue du classement mondial en tout. On dirait même que nous en sommes fiers ! C’est toujours l’autre, le responsable!

C’est en fonction de ces expériences vécues, profitables plus à des clans politiques qu’au pays, que j’avais prévu qu’il pourrait y avoir une exploitation politique de la situation post sécheresse et post cyclonique. Cette exploitation politique pourrait être liées à certaines mesures administratives arrêtées par le GOH à l’encontre de ses alliés naturels, ou, tout  au plus, certains d’entre eux. En tout cas, certains membres du Parlement, adversaires politiques du Président Martelly, s’en donneraient à cœur joie  et s’en donnent effectivement (Ramasse de Radio Caraïbes du 29 Sepembre 2012). Il en est de même au niveau de l’opposition politique, les alliances politiques commencent à se dessiner. Comme en de pareilles circonstances, les facteurs combinés conduisent toujours à une augmentation du taux d’insécurité. Ça y est. On est en plein là-dedans, au point que nos amis  des USA, du Canada et de la France ont jugé bon de mettre en garde leurs ressortissants à ne pas faire le voyage en Haïti, si ce n’est strictement nécessaire et d’éviter certaines zones pour ceux-là qui sont sur place. Ce qui complique la tache de l’actuelle administration (open for business) qui fait du tourisme un des piliers de son programme.

La mise à pied du pouvoir exécutif actuel ?

Pour certains parlementaires, partis politiques et personnalités politiques, le départ de l’actuel exécutif est la principale réponse à la cherté de la vie. D’autres, en sourdine, pensent qu’il serait bon que le Président parte en laissant le champ libre au Premier Ministre (diviser pour régner) ou l’inverse (probable position des gens au sein du pouvoir actuel (?), Ex : le cas du PM CONILLE). Or, tous, nous savons que la cherté de la vie a tres peu à voir avec le pouvoir Martelly. Aucun gouvernement (ni actuel ni nouveau) n’a et n’aura de solutions magiques à la cherté de la vie. C’est un problème complexe qui demande du temps, de l’argent et des politiques publiques pour être solutionné. La mise à pied du pouvoir actuel ne résoudra rien. Au contraire ! A moins que... Bon appétit, Messieurs !