Rechercher dans ce blog et le WEB

lundi 15 août 2011

Document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne

Document d'orientation pour la refondation de l'Etat d'Haiti selon une vision haitienne.

FONHDILAC
Avril 2011

Remerciement.

La FONHDILAC tient à remercier celles et ceux qui ont rendu ce document possible. Ce document est le second de la série et se veut être un humble hommage à la mémoire des trop nombreuses victimes du séisme du 12 janvier 2010. La fondation tient à manifester également sa gratitude au Forum Agricole Goâvien (FAG) qui a facilité une validation certaine des communautés rurales et périurbaines de cet exercice.


I. CONTEXTE

La République d’Haïti occupe le tiers occidental de l’île d’Haïti (Quisqueya) dans la Mer des Caraïbes sur une superficie totale de 27 750 km2. La population haïtienne était estimée à 10 millions d’habitants en 2010 alors que le pays ne comptait que 3 millions de personnes en 1950. Cette forte croissance démographique se traduit en une forte densité d´environ 360 habitants par km2. Malgré une tendance à l’urbanisation progressive, la population en milieu rural représente environ 60% de la population totale.

Le pays est administrativement divisé en dix (10) départements. Parmi ces 10 départements, celui de l’Ouest à lui seul absorbe 39% de la population totale avec une très forte concentration dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince (25% de la population).

Située sur la route des cyclones, Haïti est régulièrement victime des ouragans. En 2004, elle a fait les frais de deux inondations majeures suite à des phénomènes climatiques exceptionnels à Mapou/Fond Verrettes en mai et aux Gonaïves en septembre qui font plus de 4,000 morts. En 2008, elle a été dévastée par quatre tempêtes tropicales (Fay, Gustave, Hanna, Ike) ayant frappé neuf (9) des dix (10) départements du pays. Ces ouragans dévastateurs avaient fait, d’après les organisations humanitaires, plus de 800 morts, 800,000 sinistrés, et causé des pertes matérielles estimées à environ 1 milliard de dollars américains (15% du PIB). En dépit de cette situation, des efforts du Gouvernement et ceux de la communauté internationale, avaient permis, contre toute attente, à des résultats surprenants en 2009 (taux de croissance du PIB de 2.9%), le seul PMA de la région amérique latine et caraïbe (ALC) venait de surprendre tout le monde dans une année de récession mondiale. Haïti s’est donc replacée sur la carte mondiale du business.

Malheureusement, Haïti a subi, le 12 janvier 2010, un violent séisme de magnitude 7.3, dont l’épicentre se trouvait à 10 Kms de profondeur aux environs de la ville de Léogâne. Ce séisme a provoqué des dégâts dans plusieurs villes haïtiennes dont la Capitale, Port-au-Prince, et l’effondrement de la quasi-totalité des symboles physiques de l’État (120% du PIB de 2009 selon le PDNA 2010). Il a été enregistré, selon les autorités compétentes, 316,000 morts, 3,5 millions d’individus en situation d’urgence médicale, 4,000 amputés, 1,3 million de sans abri. Dans le cadre du plan national pour la relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH), il est prévu 34.5 milliards d’USD pour la reconstruction du Pays durant 22 ans. Ce plan présenté à New York, le 31 Mars 2010, a reçu 9.9 milliards d’USD de promesse de la Communauté Internationale (CI). La continuité des travaux prévus dans le cadre du document stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP2008-2011) et les premières actions humanitaires et de relèvement dans le cadre du PARDNH, n’ont certes pas permis de maintenir le taux de croissance du PIB de 2009, mais ont évité un taux de croissance négatif à deux chiffres (taux de croissance 2010 : -5.1% ). Des 9.9 milliards d’USD, 37.2% ont été engagés jusqu’en mars 2011, selon Bill Clinton, dans la cadre de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH). Avec ce taux de croissance négatif, la situation de la population haïtienne (taux de croissance de 2%) s’est donc aggravée : augmentation de la pauvreté, insécurité alimentaire, 55% de la population vit dans des conditions infrahumaines liées à la faiblesse institutionnelle nationale et locale et aux inégalités spatiales dans l’offre des équipements collectifs (Guichard Doré in Le Matin du 15 au 21 avril 2011).

De plus, en 2010, Haïti a du faire face à d’autres problèmes découlant du choléra (plus de 5000 morts depuis novembre 2010), du cyclone Tomas, des résultats des élections du 28 novembre 2010 (100 M d’USD de dommages) et du 20 mars 2011 (perturbations au niveau de certaines villes et sur les routes nationales). Malgré tout, lors des journées de la finance (4-8 Avril 2011) organisées par le Group Croissance et la Banque de la République d’Haïti (BRH), le Ministre de l’économie et des finances affirme que, en dépit des perturbations politiques enregistrées au cours du premier semestre de l’exercice fiscal 2010-2011, le taux de croissance du PIB de 8.9% prévu sera autour de 8% à la fin de l’exercice, à moins que l’on enregistre des catastrophes graves avant septembre 2011. D’un autre coté, le mercredi 4 avril 2011, à la cérémonie d’ouverture de cet événement, le Gouverneur de la BRH table sur des hypothèses de taux de croissance de 7% du PIB durant les 10 prochaines années pour passer de 700 USD du PIB per capita à 1400 USD per capita. Et l’économiste, Charles Clermont, pense qu’avec une politique axée sur le développement des PME, Haïti pourrait doubler son PIB per capita tous les cinq (5) ans avec une hypothèse de taux de croissance annuel de 15% du PIB, tous les six(6) ans avec une hypothèse de taux de croissance de 12% du PIB selon le Banker, Carl Braun , du Groupe UNIBANK.

Lors de la réunion mensuelle du deuxième dimanche du mois de la FONHDILAC, le 9 avril 2011, les cadres de l’institution, comme ils ont fait après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ont pris la résolution de mettre en place un comité de rédaction pour l’élaboration d’un document d’orientation qui pourrait contribuer à orienter le pays durant les 25 prochaines années y inclus le quinquennat du nouveau président SEM Michel Joseph Martelly.

Ainsi, ce changement de gouvernement et de vision politique a poussé les cadres de la FONHDILAC à réfléchir, suite à leur Plaidoyer pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision Haïtienne, sorti en février 2010, sur ce présent document intitulé : Document d’orientation pour la Refondation de l’ Etat D’Haïti selon une vision haïtienne, 14 mois plus tard. Ce document, qui se veut une suite logique du premier sorti d’il y a environ un an, s’articule autour d’une vision, des objectifs, d’un cadre philosophique, des principes directeurs, des résultats attendus, des grandes lignes d’orientation, des actions, d’une stratégie globale de mise en œuvre, du chiffrage des actions, d’un chronogramme des actions, des risques et de leur gestion.
C’est un document basé sur des hypothèses optimistes (8-12% de croissance économique annuelle et 1% de croissance annuelle de la population) en dépit du fait que Haïti, pays de surprises négatives mais aussi capable d’exploits les plus extraordinaires et de résultats les plus surprenants dans des contextes mondiaux hostiles, puisse faire mentir les plus pessimistes et entrainer ses fils et filles vers des résultats axés sur une vision d’ensemble assez claire et des objectifs précis basés sur des hypothèses de travail certes optimistes, mais réalistes dans un contexte haïtien de réconciliation nationale et d’envie de vivre ensemble en vue de refaire de notre pays, la perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbe, et être un pays émergent à l’horizon 2035

II. LA VISION ET LES OBJECTIFS

La vision de cette Haïti de demain n’est pas différente de celle exprimée dans le document stratégique national pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP 2008-2011). Cette vision a été exprimée dans le discours de lancement du PDNA 2010, le 18 février 2010, à Karibe Convention Center, Pétion ville : Nous partageons un rêve : celui de voir Haïti comme un pays émergent d’ici 2030, société de la simplicité, équitable, juste et solidaire, vivant en harmonie avec son environnement, sa culture et une modernité maîtrisée où l’Etat de droit, la liberté d’association et d’expression et l’aménagement du territoire sont établis, dotée d’une économie moderne, forte, dynamique, compétitive, ouverte et à large base territoriale, où l’ensemble des besoins de base de la population sont satisfaits et gérés par un Etat unitaire, fort, garant de l’intérêt général, fortement déconcentré et décentralisé.

Cette vision gouvernementale n’est pas trop différente de celle déjà exprimée par la société civile tant en Haïti que dans la diaspora. En tout cas, elle résume bien le texte de plaidoyer de la FONHDILAC, et sied parfaitement à la vision exprimée par la FONHDILAC et à la philosophie dégagée dans le cadre de l’approche hexagonale.

Objectif Principal

L'objectif principal du Document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne est de formuler des propositions concrètes aux instances concernées par la refondation de l’Etat d'Haïti, en se basant sur des réflexions menées de manière participative tant au niveau de la FONHDILAC qu’au niveau d’autres entités de l’Etat, de la société civile et de la communauté internationale collaborant avec Haïti, et en profitant au maximum des expertises et sensibilités disponibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.

Objectifs spécifiques

1. Promouvoir les actions visant la refondation de l’Haïti de demain, plus équitable, fondée sur le droit, le partage, la solidarité, l'éducation, le respect de l'environnement et le culte du bien commun;

2. Promouvoir la mise en place d’un système tendant vers un citoyen responsabilisé dans une société économiquement riche, socialement équitable et politiquement responsable ».

3. Promouvoir le développement d'Haïti par une planification stratégique basée sur l’humain, le social, l’environnemental, sur l’infrastructurel, et sur une bonne gouvernance économique, financière et politique, et tenant compte de l’utilisation efficace des ressources humaines disponibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ainsi que des ressources naturelles à l’intérieur d'Haïti;

4. Mettre en place des mécanismes permettant une solidarité internationale plus efficiente à l'égard d'Haïti dans le cadre de la réforme de l’Etat visant une meilleure distribution de la justice, une meilleure distribution de la richesse du pays, la déconcentration administrative, la décentralisation et l’aménagement du territoire selon 4 régions (Nord, Centre, Ouest et Sud), 10 départements, 42 arrondissements, 140 communes et 570 sections communales.

III. LE CADRE PHILOSOPHIQUE ET LES PRINCIPES DIRECTEURS

Approches philosophiques

Le cadre philosophique de ce document d’orientation s’articule autour des approches participatives, territoriales et se base surtout sur l’approche hexagonale développée par la FONHDILAC. « L’approche hexagonale est étroitement liée aux approches Bassin Versant, territoriale, Cluster, à l’approche participative et ses diverses dérivées : le partenariat, la synergie, la responsabilisation individuelle et collective, la mise en réseau aux niveaux local, national, régional et mondial. Elle peut constituer le cadre de diagnostic, d’analyse et d’application de tout le processus de développement durable à ces divers niveaux » D’où les principes directeurs retenus.

Principes Directeurs

Dans le cadre de ce document, nous avons adopté les six principes du groupe GRAHN :

1. Justice sociale et participation citoyenne : reconstruire une citoyenneté partagée qui permet à chaque Haïtienne/Haïtien de jouir pleinement de ses droits, sans aucune forme de discrimination, tout en assumant pleinement ses devoirs envers la société;

2. Droit et accessibilité aux services de base : reconnaître le droit de tout citoyen à des services de base tels l'éducation, la santé, l'alimentation, l'eau potable, le logement, et entreprendre les actions nécessaires visant à terme l'accessibilité de ces services de base à tous les Haïtiennes/Haïtiens, sans exclusive;

3. Continuité des actions positives : identifier, valoriser et poursuivre les bonnes initiatives qui ont cours dans le pays, en évitant de faire table rase des expériences édifiantes pour repartir de zéro;

4. Arrimage avec le pays intérieur comme manifestation de la solidarité nationale : prendre en compte les aspirations et les préoccupations de la société civile haïtienne afin de contribuer à la réalisation de celles-ci et de les porter au devant de la scène internationale;

5. Urgence compatible avec le long terme : régler les problèmes urgents d'aujourd'hui en ayant recours à des solutions intelligentes et responsables qui n'hypothèquent pas l'avenir du pays;
6. Développement durable : privilégier les choix de reconstruction et de développement qui préservent les générations futures.

Auxquels, nous ajoutons les principes directeurs définis par la FONHDILAC en relation avec les axes fondamentaux de l’approche hexagonale :

Axe humain
Le principe fondamental est la satisfaction des droits humains fondamentaux en référence à la déclaration universelle des droits de l’homme, la constitution de 1987 et les objectifs du millénaire pour le développement.

Axe socio-culturel
Au niveau de cet axe, nous avons deux principes fondamentaux
1. Participation-responsabilisation
2. Promotion et Protection de la culture nationale

Axe environnemental
Le principe fondamental est le développement durable, exploitation « conservatrice » des ressources naturelles.

Axe infrastructurel
Au niveau de cet axe, nous avons deux principes fondamentaux :
1. l’aménagement du territoire doit respecter le principe du développement durable
2. les investissements doivent être répartis de manière équilibrée sur l’ensemble du territoire (déconcentration économique).

Axe économique et financier
Le principe fondamental est l’accès équitable aux biens et services résultant des activités de production et de distribution.

Axe politique
Le principe fondamental est une répartition équitable, socialement (principe démocratique) et géographiquement (décentralisation, déconcentration administrative), de la participation de la population aux décisions et de leur mise en œuvre.

En référence, au cadre philosophique et aux principes directeurs retenus et développés, on peut s’attendre à des résultats tels détaillés au point 4.

IV. LES RESULTATS ATTENDUS

Les résultats attendus le sont eu égard à l’approche hexagonale. L’approche hexagonale vise, tout en s’appuyant sur la démarche participative, à développer un cadre harmonieux pour l’évolution de l’humain dans un cadre social équitable, dans un cadre naturel régénéré et bien équipé par des infrastructures adaptées, dans un cadre économique et financier incitatif et dans un cadre politique responsable et démocratique. D’où l’accent mis sur les six capitaux : le capital humain, le capital social, le capital environnemental, le capital infrastructurel, le capital financier et économique et le capital politique. Ce qui peut se schématiser de manière logique avec l’humain à l’intérieur du social, les deux à l’intérieur de l’environnemental, et l’aménagement de l’environnemental de manière telle à ce que l’ensemble soit en harmonie, le système financier et économique pour réaliser cet ensemble et le perpétuer dans le cadre d’une gouvernance économique régulatrice et incitatrice, et le système politique pour la gestion globale et le maintien de l’équilibre harmonieux du système global.

En clair, le résultat final se traduira par la mise en place d’un nouveau système favorisant une Haïti émergente et moderne à l’horizon 2035 axé sur :

(i) Le capital humain comme tenant et aboutissant du processus de développement local et national avec un taux de croissance de population en deçà de 2% ; Ce qui se traduira par une masse critique de gens éduqués (90% de la population) tant au niveau primaire (100%), secondaire (100%), universitaire (70%) et professionnel (100%), en bonne santé disposant de services de santé, d’eau potable, d’électricité, de communication, d’emploi (90%) à leur portée et leur permettant de satisfaire leurs besoins primaires (se nourrir, se loger, s’éduquer, se divertir) ;

(ii) Le capital social comme élément fondamental du système social et de socialisation (60% de la population regroupés dans des associations) ; en promouvant sa force culturelle, l’haïtien se regroupe en société selon sa religion, son métier, ses intérêts, ses champs de compétences, de loisirs ;

(iii) Le capital environnemental ou naturel comme cadre naturel, environnemental et géographique d’évolution de l’humain et des groupes sociaux ; l’haïtien procède à la régénération de son environnement naturel (25% de forêt primaire ajouté au 29% de couverture végétale actuelle ) qu’il perpétue avec amour à l’intérieur de ses organisations sociale, culturelle, écologique, économique et politique, en réseaux entre elles et avec des organisations de mêmes types au niveau de la caraïbe, de l’Amérique Latine et du monde ;

(iv) Le capital physique et infrastructurel comme cadre de confort de l’humain et de l’humain regroupé en société ; avec l’aide de la communauté internationale, l’Etat d’Haïti, à travers ses gouvernements, procède, à partir d’un excellent plan d’aménagement du territoire, à la réhabilitation, la construction des équipements (logements (70%), bâtiments administratifs (100%), scolaires (100%), universitaires (4 grandes universités dans 4 régions), sanitaires (70%), industriels (50%), commerciales (50%) et touristiques (40%), réseaux d’irrigation (100%), de routes (100%), d’eau potable (100%), d’électricité (90%), de télécommunications (70%), etc.

(v) Le capital financier et économique ( taux de croissance du PIB 8-12% par an, PIB 2035 : 3.5-4500 USD/Hab., à partir de la bonne gouvernance et avec l’appui de la communauté internationale dans un premier temps, et du secteur privé tant haïtien qu’étranger, comme cadre de financement de l’ensemble et cadre d’évolution des activités économiques et financières susceptibles de contribuer à l’autonomisation de l’humain et des catégories sociales évoluant dans le système et le perpétuer, et

(vi) Le capital politique comme cadre fondamental de planification, de conception, de coordination, d’incitation, d’orientation et de régulation grâce à la bonne gouvernance, s’oriente vers une Haïti compétitive exploitant à fonds ses richesses naturelles en les répartissant de manière la plus équitable possible grâce à une politique de décentralisation et de déconcentration administrative basée sur les potentialités des différentes régions du pays et d’une vingtaine de pôles de développement.

V. LES GRANDES ORIENTATIONS

Les grandes orientations stratégiques de ce document d’orientation s’articulent autour des grandes lignes suivantes :

(i) Une politique de population et de développement des ressources humaines axée sur le respect des règles de la vie associative, de la gestion financière et économique, et de la vie politique, sur le respect de l’environnement et des infrastructures mises en place avec et pour la population, et se basant sur un taux de croissance avoisinant 1% au lieu de 2% actuellement, sur une politique sanitaire visant la couverture sanitaire de tout le pays depuis la section communale la plus reculée jusqu’au niveau de la ville , sur une politique de sécurité alimentaire et nutritionnelle visant la satisfaction des besoins de la population en la matière jusqu’au niveau de souveraineté alimentaire le plus élevé possible et tenant compte des aspects sanitaires, éducatifs, environnementaux, agricoles, culturaux, économiques et financiers ;

(ii) Une politique de mise en place d’un système social plus équitable basé sur l’éducation visant la compétitivité, en passant par la scolarisation universelle, le nouveau secondaire, l’université, tenant compte de la culture haïtienne avec des ouvertures sur l’extérieur, en particulier la Caraïbe, l’Amérique Latine, l’Afrique, l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Asie et le monde, et promouvant une vie associative riche et bien régulée par une gouvernance sérieuse et incitative, des structures de gestion de l’environnement, des infrastructures, des structures de participation à la vie économique et à la vie politique avec des investissements importants dans le système social ;

(iii) Une politique de protection de l’environnement et des ressources naturelles axée sur l’éducation au respect de l’environnement, sur la gestion des risques et désastres, sur la participation de la population et de ses organisations à la gestion de l’environnement, sur sa réhabilitation totale, sur la promotion de l’écotourisme, du tourisme culturel, sur la mise en place des structures de gestion de l’environnement tant au niveau étatique, que des collectivités territoriales et de la société civile, et sur des investissements importants au niveau de l’environnement ;

(iv) Une politique d’aménagement du territoire agressive axée sur l’éducation au respect des infrastructures, sur la participation des structures sociales, de la société civile, des collectivités territoriales et étatiques dans la gestion des infrastructures, avec un zoning strict des aménagements (logements, routes, irrigation, eau potable, hôpitaux, etc.) respectueux des normes environnementales, tenant compte de la nature montagneuse de la République d’Haïti et de la situation de la vulnérabilité de l’environnement haïtien et de ses nombreux risques et des investissements importants y relatifs ;

(v) Une politique économique et financière visant un système financier et économique non inflationniste (taux d’inflation < 10%), protectionniste au même niveau que la Caraïbe sur certains aspects et libérale sur d’autres aspects, basée sur des grands choix économiques et financiers, sur l’harmonisation des politiques fiscales (taux de taxation autour de 15%) et monétaires (taux de change autour de 40 HTG pour 1 USD) et des taux de crédit incitatifs et favorables au développement des petites et moyennes entreprises (PME) et une couverture d’assurance à toutes épreuves couvrant tous les risques auxquels fait face le Pays Haïtien. Tout ceci est soutenu par une éducation économique et financière à la base, une incitation à la vie économique, à la priorisation de la protection de l’environnement, à la répartition équitable des infrastructures sur tout le territoire national ;

(vi) Une gouvernance politique visant le bien être de la population haïtienne et axée sur l’éducation politique de la population, sur sa participation à la vie politique, à la gestion de l’environnement, à la gestion des infrastructures, à la gestion des ressources financières, sur la déconcentration administrative, sur la décentralisation à partir de 4 régions, des 10 départements et des 42 arrondissements, sur une justice équitable , sur la reforme de l’Etat, sur la répartition des richesses eu égard aux potentialités de chaque région et des pôles de développement susceptible de garantir une croissance soutenue du PIB autour de 8-12% sur une période de 25 ans.


VI. LES ACTIONS

De ces grandes orientations découlent les actions suivantes articulées autour des ressources humaines comme tenants et aboutissants du processus de développement durable. Partant de la gouvernance politique qui englobe l’éducation politique, la participation à la vie politique, à la gestion de l’environnement, des infrastructures, des ressources financières, les politiques d’Etat axées autour des six axes et exprimées en termes d’éducation, de gestion, de respects des normes et des règles du jeu établies et en termes d’investissements publics et privés, ne visent qu’au renforcement du cadre de vie de l’Haïtien et de ses associations. Toutes les actions exprimées et articulées autour des six axes sont autant de politiques publiques à renforcer et à mettre en œuvre pour aboutir à l’Haïti de demain rêvée par tous les haïtiens.


VII. LA STRATEGIE DE MISE EN OEUVTRE

La stratégie de mise en œuvre du nouvel Etat d’Haïti selon une vision haïtienne, tout en s’inspirant de certaines propositions de réformes de l’Etat glanées ça et là et de certaines pratiques en cours au niveau de l’actuel Etat d’Haïti pour faciliter la transition et la continuité, se base sur deux points importants à notre avis : A) la réorganisation de l’Etat d’Haïti, et B) la gestion des grandes catégories d’actions.

A. La réorganisation de l’Etat d’Haïti

Pour la mise en œuvre de l’ensemble des actions ou politiques publiques décrites plus haut, il faudrait procéder par une réorganisation profonde de l’appareil étatique et gouvernemental. La constitution de 1987 modifiée, le plan stratégique de sauvetage National (PSSN), les travaux de réformes de la commission Nationale de reforme administrative (CNRA), les travaux du Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle (GRAHN), les Travaux des diverses commissions présidentielles, les travaux de la société Civile et du secteur privé Haïtien pourront contribuer à la mise en œuvre de ce document d’orientation.

Le regroupement des ministères selon leurs missions et attributions

L’ensemble des services de l’Etat seront regroupés en onze (11) grands ministères : (i)Le Ministère de l’intérieur, de la défense nationale et des collectivités territoriales,(ii) le Ministère des affaires étrangères, de la coopération externe et des Haïtiens vivant à l’Etranger,(iii) le Ministère de la planification, de l’Aménagement du Territoire, de la fonction publique, (iv) le Ministère de l’économie, des finances, du commerce et de l’industrie, (v) le Ministère des travaux publics, transports et Communications, (vi) le Ministère de l’éducation Nationale, de la jeunesse, des sports et des Services civiques,(vii) le Ministère de la Santé publique, de la population et de la condition Féminine, (viii)) le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles, de l’environnement et de la pêche, (ix) le Ministère de la culture, de l’Information et du Tourisme,(x) le Ministère des affaires sociales, humanitaires, des cultes et de l’emploi. (xi) Le Ministère de la justice et de la Sécurité publique.

Les secrétaireries d’Etat

Chaque Ministère sera subdivisé en secrétaireries d’Etat. Les ministères actuels regroupés sous le label d’un un autre ministère seront dirigés automatiquement par un Secrétaire d’Etat. Chacun des services de l’État se retrouve déconcentré au niveau des 10 départements et des 42 arrondissements avec tout le personnel et l’équipement nécessaire pour faire fonctionner le service au niveau local et satisfaire les besoins de la population concernée en la matière.

Ce mode d’organisation de l’Etat permettrait un fonctionnement optimum jusqu’à l’adaptation finale qui correspondrait à la vision de changement du nouveau pouvoir. Le changement ne devrait pas être seulement un changement de certaines personnes, mais aussi et surtout un changement de mentalité et de structure organisationnelle de l’Etat avec obligation de résultats périodiques et finaux.

L’organisation des Collectivités Territoriales en 4 régions et 42 arrondissements

Les collectivités territoriales seront regroupées dans 4 régions Nord, Centre, Ouest et Sud et administrées au niveau de 42 arrondissements regroupant communes et sections communales avec 20 grands pôles de développement bien équipés , dotés de tous les services de base (hôpitaux, écoles, centres de formation professionnelle, industries, centres de loisir, etc.), et entourés de villes satellitaires tampons bien dotées elles aussi, mais à un degré moindre que les arrondissements, ainsi de suite jusqu'au niveau des sections communales. Les 4 régions seront dotées de 4 campus universitaires garantissant l'avantage compétitif de notre pays dans des domaines bien spécifiques.

B. La mise en œuvre des grandes catégories d’actions de l’Etat

Pour y parvenir, la nouvelle administration, issue des élections, tout en contrôlant, de manière stricte, la question d’insécurité, devrait s’atteler à quatre (4) grandes catégories d’actions. Il en sera de même pour toute nouvelle administration durant les 25 prochaines années avec les mêmes catégories d’actions, mais un peu différentes du point de vue thématique d’un quinquennat à l’autre. Peut-être que l’on n’aura plus besoin d’une grande concertation nationale (réf.7.B.3) après la première qu’aura organisée cette nouvelle administration issue des élections du 20 mars 2011. De toute manière, attardons-nous sur les 4 catégories d’actions.

1. La gestion des actions d’urgences

Les actions d’urgences se regroupent en actions liées au choléra, le déplacement des sans abri dans des endroits décents, en attendant de les héberger définitivement dans des logements dignes de ce nom au niveau des pôles développement, de préférence loin de Port-au-Prince, d’où nécessité d’un travail de recensement très sérieux des sans abri et de leurs lieux d’origine et de ce dont ils disposaient avant le séisme ; la préparation de la saison cyclonique 2011 avec plan de contingence, la poursuite des travaux de protection des villes contre les inondations périodiques, l’assainissement des villes, des villages, la réparation des rues, des routes de pénétration, des pistes rurales, l’enlèvement des débris dans les zones affectées par le séisme, le curage des drains et des canaux, etc. ; la préparation des campagnes agricoles de printemps, d’été et d’hiver en s’appuyant sur le plan préparé par le ministère de l’agriculture, le cluster agriculture pourrait grandement aider, le traitement des ravines, des rivières, des versants, la mise en place des structures biologiques et mécaniques, etc. ; la création d’emplois temporaires dans les domaines d’assainissement , d’adoquinage de rues, d’irrigation, de conservation de sols et de l’eau, d’enlèvement des débris, de construction de logements sociaux, etc. Il faudrait que les travaux d’urgences aient des liens de continuité avec les actions durables.

2. La gestion des actions durables et structurantes

Certaines actions sont en cours d’exécution au niveau des grands chantiers routiers, d’irrigation, d’eau potable, d’électricité, de constructions d’écoles, de centres administratifs, de santé, d’universités, de centres de stockage. Le Gouvernement a intérêt à poursuivre ces actions, à mettre en œuvre les études, à faire d’autres études, à réaliser d’autres projets. Le plan national d’éducation, le plan national d’investissement agricole, le plan national de sécurité alimentaire, le plan directeur de vulgarisation, les travaux des diverses commissions, les 74 projets approuvés par la CIRH, les réformes entamées au niveau de l’Etat, au niveau du système bancaire, au niveau du système d’assurance, les projets de lois, les décrets, la reforme constitutionnelle, tous ces travaux, toutes ces actions devront se faire dans un souci de continuité de l’Etat. Il a été programmé un certain nombre d’actions dans le cadre de la CIRH dont le mandat arrive à terme en octobre 2011. Cette structure devra être remplacée à cette date par une agence de développement d’Haïti (ADH). Il ne faudra pas trop se battre avec la communauté internationale par rapport à cette entité. On pourrait facilement renégocier tout cela au moment de la création de l’Agence de développement.

3. La grande concertation nationale

Haïti dispose d’un ensemble de plans dont le PARDNH, le PSSN, le GRAHN, les plans de la société civile, du secteur privé, la grande concertation devrait en faire un plan consensuel sur 25 ans, s'attaquer à l'inégalité sociale, la justice, la déconcentration administrative, la décentralisation à partir des arrondissements, l'aménagement du territoire, l'axe capitale tel que proposé par la FONHDILAC, la mise en place de cette agence de reconstruction en lieu et place de la CIRH avec droit de regard et d'appui de la communauté internationale, les nouveaux amendements de la constitution, la réforme de l’Etat, sa réorganisation pour lui permettre d’être plus performant, le modèle de décentralisation pour Haïti par rapport aux arrondissements, les 20 pôles de développement à mettre en place dans le cadre de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, leur découpage, celui des quatre régions, les villes Tampons par rapport aux pôles de développement, la validation d’un ensemble de dossiers sur lesquels Haïti n’a pas encore de consensus, etc.

Cette concertation nationale qui viserait le regain de confiance entre les haïtiens, la réconciliation nationale, devrait être inclusive, semi souveraine, car elle ne doit pas remettre en question les résultats des élections qui ont mis en place la nouvelle administration ni toute la constitution de 1987, car cette constitution est aussi une conquête démocratique et traduit une certaine vision de l’Haïti de demain par rapport à cet Etat prédateur mis en place après 1806. Les résultats de cette grande concertation nationale seront dans la mesure du possible d’application immédiate, sauf le plan consensuel qui devra prendre en compte le plan quinquennal de la nouvelle administration.

Ce plan stratégique sera suivi d’un ensemble de plans opérationnels qui seront exécutés par les ministères regroupant un certain nombre de secrétaireries d'Etat et/ou organismes autonomes sous tutelle de ces ministres avec des structures déconcentrées et décentralisées couvrant tout le pays.

4. L’Organisation des élections municipales, sénatoriales partielles et indirectes

La Nouvelle administration aura à organiser des élections au cours de cette année en vue de renouveler le tiers du Senat, la mise en place de nouveaux maires élus, des CASECs et des institutions prévues pour la mise en place des Collectivités Territoriales (CT). L’amendement constitutionnel prévoit comment mettre en place le CEP permanent, une fois fait, il faudrait rapidement procéder à la mise en place de ce nouveau CEP et le Conseil Constitutionnel prévus par les amendements. La nouvelle administration pourrait, par la suite, procéder à l’organisation des élections sénatoriales, municipales et indirectes telles que prévues par les amendements constitutionnels.

Il faut noter et souligner que le Nouveau Pouvoir aura à organiser durant sa dernière année de Mandat de 5 ans, les élections générales telles que prévues par les amendements et qui pourraient être confirmés et même renforcés par la grande concertation semi souveraine avec des résolutions d’application quasi immédiate.
Quant aux autres quinquennats qui viendront après, les élections générales se feront durant la dernière année de la présidence selon le « calendrier harmonisé » prévu par les amendements actuels et peut-être par d’autres issus de la Grande Concertation du Premier quinquennat.

VIII. LE CHIFFRAGE, LE FINANCEMENT

Dans notre exercice de chiffrage, nous nous inspirons des réflexions et estimations faites par des professionnels aussi bien haïtiens qu’étrangers. La proposition d’érection d’une ville universitaire de 50,000 habitants près de Ganthier se chiffre à 6 milliards de dollars américains. Le document d’orientation sur Gonaïves reste dans ces ordres de grandeur. Le DSNCRP a prévu pour sa part 4.3 milliards de dollars américains sur trois ans. Ainsi, compte tenu de tout ce qui précède, nos projections pour la construction de cette nouvelle Haïti ont été de 40 milliards de dollars américains sur une période de 10 années. Ce qui correspond à des investissements moyens de 4 milliards par an.

Maintenant que nous prévoyons la mise en œuvre du document d’orientation sur une période beaucoup plus longue de 25 ans au lieu de 10 ans, il faudra revoir à la hausse les chiffres. Le Plan Stratégique de Sauvetage National (PSSN) a prévu 100 milliards USD sur une période de 25 ans. Le Plan d’action pour le Relèvement et le développement National d’Haïti (PARDNH) a prévu 34.5 milliards d’USD sur 22 ans.
Naturellement, on aurait tendance à se baser sur le montant de financement négocié par le pouvoir actuel et sur lequel il a déjà des promesses de 9.9 milliards d’USD dont 37.2% auraient été décaissés et engagés dans le cadre de la CIRH. Toutefois, il serait plus réaliste de revoir les chiffres à la hausse et les situer au niveau du PSSN, soit 100 milliards, qui correspondent au montant prévu par la FONHDILAC par extension. D’autant que, selon les hypothèses de taux croissance annuel du PIB (8-12%) prévues par la FONHDILAC, il faudra des investissements annuels (APD, publics et privés) de l’ordre de 4 milliards d’USD/an pour soutenir cette croissance sur une période de 25 ans pour faire d’Haïti, « un pays émergent et moderne » à l’horizon de 2035.

IX. LA DUREE

La mise en œuvre de la refondation de l’Etat d’Haïti se fera en trois phases : l’urgence sur 6 mois, le relèvement sur 18 mois et la reconstruction sur 23 ans subdivisés en périodes quinquennales. Dans la réalité, les trois phases ne sont jamais aussi séquentielles et rigides. En effet, à cause de la vulnérabilité du pays, durant au moins les dix premières années de la reconstruction, l’Etat aura à gérer les urgences annuelles liées aux intempéries, et même au-delà, il y aura toujours des urgences à gérer. C’est pourquoi, il faudra des phases parfaitement imbriquées, articulées et intégrées de façon à former un tout cohérent conduisant au développement durable de notre pays. Ce calendrier doit tenir compte des investissements prévus dans le cadre du DSNCRP, du PARDNH, des investissements des secteurs privés haïtiens et étrangers, de la diaspora haïtienne. Une période de 5 à 7 ans serait suffisante pour atteindre la vitesse de croisière, si nous arrivions à bien gérer les risques inhérents à une telle entreprise aussi ambitieuse de refonder un Etat, et pas n’importe lequel, le plus imprévisible de tous et aussi le plus surprenant.

X. LES RISQUES ET LA GESTION DES RISQUES EN GUISE DE CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Avec l’Etat d’Haïti actuel, les risques en temps normal se retrouvent à chaque pas. Dans le cas qui nous concerne de promouvoir la mise en place d’un nouvel Etat, la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne, il faudra les multiplier par 4 sinon plus. Aussi allons-nous sélectionner quelques uns qui pourraient surgir à n’importe quelle phase du processus de refondation de l’Etat.

La gestion des risques et désastres

Haïti fait face à des risques cycloniques et sismiques, car elle est sur la route des cyclones et basée sur un réseau de failles sismiques susceptibles de provoquer des tremblements de terre assez violents (7, 8 de magnitude) et d’éventuels tsunamis. Son degré de dégradation environnementale la rend encore plus vulnérable. Ces données doivent être prises en compte dans les politiques publiques. C’est pourquoi, chaque année, dans le budget de la République, les fonds pour la mise en œuvre d’un plan annuel de contingence doivent être inscrits pour gérer ces risques jusqu’à ce que le pays atteigne un niveau de développement qui tienne compte de ces données et qui permettent, une fois le niveau de vulnérabilité jugé assez réduit, de diminuer proportionnellement les coûts prévus pour manager ces risques et désastres. Donc, il faut éviter de refaire pareil.

Tentation de refaire pareil

Dans le cas d'Haïti dévastée, il ne peut s'agir seulement, ni d'abord, de reconstruction technique d'infrastructures et de structures. Il s'agit fondamentalement de reconstruction politique et sociale orientant la reconstruction économique et technique. Ce serait gaspiller l'aide internationale et toute la solidarité citoyenne partout mobilisée à tous les niveaux, si l'on se contentait de refaire une copie neuve sur papier vélin de la société d'avant le séisme.

Dans cette perspective, il ne suffit point de déclarer dans des discours politiquement corrects qu'on reconnaît et respecte la souveraineté d'Haïti. Il faut le montrer dans la pratique et les formes d'aide. C'est d'autant plus nécessaire que l'État haïtien, fragilisé avant le séisme, s'est quasiment effondré après le séisme. Ainsi blessé presque à mort, il est devenu une proie facile pour tous les États forts tentés de se conduire en redresseurs d'États fragiles. La nouvelle administration devra être très vigilante dans ses rapports avec ses partenaires de la communauté internationale.

Les rapports avec la communauté internationale

L'extrême fragilisation du gouvernement Bellerive et de l'État pourrait faire croire à certains qu'Haïti n'a plus les moyens de s'autogouverner dans le court terme. D’où la CIRH. Nous n’avons pas de problème avec cette entité au sein de la FONHDILAC, surtout si elle constitue une sorte de garantie pour la communauté par rapport à notre réputation de corruption. Nous insistons aussi pour la mise en place d’un Fonds Fiduciaire Multi Bailleurs (FMB) unique tel que souhaité par le gouvernement Bellerive, mais mis en place comme un fonds en plus. Tel n'est pas notre point de vue, car nous voulons avoir des relations équilibrées avec la communauté internationale telles que prévues par les principes de la déclaration de Paris. Le peuple haïtien n'a besoin d'aucun «consortium» de pays amis pour gérer la crise à sa place, ce qui mettrait entre parenthèses la souveraineté d'Haïti. Même si l’expertise technique ainsi que l’appui financier de ces pays demeurent incontournables. Donc, ni protectorat déclaré, ni tutelle déguisée! La refondation de l’Etat d’Haïti exige des rapports harmonieux, mais aussi équilibrés entre partenaires.

La lenteur de l’Etat à décider

Pour avoir une chance de réaliser ce rêve de refonder Haïti, l’Etat doit se départir de sa lenteur proverbiale. Il est impératif que l’Etat Haïtien entame des démarches pour sauvegarder l’intérêt collectif en mettant en place cette Agence de développement d’Haïti qui pourrait remplacer la CIRH en octobre 2011. Ce faisant, il éviterait que les haïtiens, individualistes invétérés, en l’absence de l’État, ne recommencent à construire n’importe comment comme ils le font déjà, selon le « common sense » et en fonction purement de leurs intérêts égoïstes, il donnerait un signale fort à la CI sur son intention d’investir dans le durable. Dans le cas contraire, un travail de sensibilisation auprès des trois (3) pouvoirs de l’Etat devrait être entrepris par tous ceux qui se retrouvent un tant soit peu dans ce document d’orientation et qui y adhèrent même informellement.

La résurgence des vieux démons de division

Durant les premières heures après le séisme, la solidarité entre haïtiens a été vantée par les observateurs étrangers. Beaucoup de gens se sont sacrifiés pour sauver d’autres frères et sœurs. Avant l’arrivée des secours, on a partagé même un morceau de pain. Mais, depuis quelque temps, on sent venir la division. Avec la période électorale, on est retombé dans les vieux démons de division. Le pays paie les pots cassés. La bataille pour le pouvoir a fait des morts et des dégâts estimés à plus de 100 M d’USD. Avec les premiers décaissements sur les milliards de dollars de promesses d’aide, la proclamation définitive des résultats des élections du 20 mars 2011, les blessures de division risquent de prendre du temps pour se cicatriser. D’où la nécessité de cette grande concertation nationale pour nous réconcilier avec nous-mêmes . Il faut à tout prix arriver à gérer cette montée de la division en nous concentrant sur l’essentiel, la reconstruction du pays, la refondation de l’Etat d’Haïti.

La mainmise d’un petit groupe avec l’appui de la communauté internationale

La communauté internationale (CI) a sa clientèle en Haïti, un petit groupe qui le plus souvent voit ses intérêts avant ceux du pays. Il faut qu’elle change sa façon d’opérer pour se mettre à la hauteur de l’évènement et s’ouvre un peu plus sur d’autres catégories de gens. Les gens de bien qui veulent voir changer les choses pour de bon doivent se liguer contre ce petit groupe. Et la CI doit faire l’effort aussi de s’ouvrir à d’autres groupes qui, certes, ne maitrisent pas son jargon mais qui ont les compétences et l’honnêteté nécessaire pour accompagner cette refondation de l’Etat dans le sens de la collectivité.

La lutte hégémonique entre les grands pour des raisons économiques et géostratégiques

Ce séisme montre déjà la volonté des grands de se battre pour avoir le leadership de la refondation/reconstruction. Cette bataille entre les grands pourrait compromettre cette reconstruction ou la conduire dans des directions opposées à cette vision à l’haïtienne. Les haïtiens doivent faire preuve d’intelligence pour tirer le meilleur parti pour Haïti dans cette lutte des grands. Selon certains experts, il est de plus en plus sûr que notre sous sol dispose de certaines matières assez rares et même du pétrole ; en tout cas, notre pays est placé dans une position stratégique par rapport au reste de la Caraïbe et de l’Amérique Latine. Il nous faudrait avoir une conscience informée de notre réalité pour bien négocier cette solidarité internationale conduite par les grands de ce monde ou tout au moins la gérer pour le mieux.

La barrière constitutionnelle

La constitution de 1987 pourrait constituer une barrière sur certains aspects liés à la refondation de l’Etat suivant la vision dégagée. Il faut voir cette refondation au-delà du prisme de la Constitution de 1987. Il faudrait, si nécessaire, soit la modifier, soit la changer. Même si en tant qu’élément de notre lutte démocratique, il serait préférable de l’amender dans le cadre d’une grande concertation nationale semi souveraine au lieu de la changer pour préserver son coté symbole.

L’amélioration de l’image du pays

L’image du pays n’a cessé de se dégrader au cours de ces dernières 25 années. Les agences internationales dans leur évaluation périodique continue à considérer Haïti comme un endroit à risque de plus en plus élevé. Ces considérations ne sont pas sans conséquences sur la gestion de la collaboration avec les bailleurs de fonds. Les conditions se durcissent, rendant du coup la mise en œuvre des projets et programmes de développement plus compliqués à se mettre en œuvre dans des délais convenables. Un effort sensible au niveau de la gouvernance s’avère être aussi important qu’urgent. Des actions visibles visant la réduction de la corruption et/ou tout au moins sa perception, par exemple, seraient de grande utilité pour amorcer un changement positif de l’image que nous portons au monde.

La résistance au changement

La résistance au changement va être l’obstacle le plus difficile à gérer, selon Charles Cadet, l’ex-responsable de la très sérieuse Commission Nationale de la Réforme administrative (CNRA) qui avait fait des propositions pertinentes et innovantes pour la restructuration et la refondation de l’Etat, oubliées jusqu’à cette minute dans les tiroirs de l’administration de l’Etat. Il faudrait plus qu’un simple groupe comme la FONHDILAC, mais l’adhésion de la Nation Haïtienne pour porter cette vision de la refondation/reconstruction/construction de l’Etat d’Haïti qui doit redevenir, à terme, La perle des Antilles ou l’exception culturelle de la Caraïbe, et rentrer dans le cercle des pays émergents à l’horizon 2035.

FONHDILAC. Avril 2011.

www.fonhdilac.webs.com

mercredi 27 juillet 2011

HAITI, SORTIRA-T-ON DE L’AUBERGE ?

JEAN ROBERT JEAN-NOEL
Le 27 juillet 2011

La situation haïtienne est des plus complexes ces trois derniers mois. C’est la rentrée parlementaire ; c’est l’amendement constitutionnel raté ; c’est la prise du pouvoir par le nouveau président de la République ; c’est la saison cyclonique ; c’est la recrudescence du choléra, de l’insécurité ; c’est le rejet de Mr ROUZIER comme Premier Ministre pressenti et désigné ; c’est l’expectative en matière politique durant une à deux semaines ; c’est la désignation d’un nouveau Premier Ministre en la personne de Me Bernard GOUSSE sur fond de confrontation entre le Parlement et la Présidence ; c’est la multiplication des voyages du Président MARTELLY à l’étranger . C’est le succès de l’évènement ”Livres en folie” ; c’est l’organisation des examens d’Etat ; c’est l’anniversaire de naissance des anciens chefs d’Etat, Jean Claude DUVALIER (60 ans) et Jean Bertrand Aristide (58 ans) ; c’est le début des fêtes champêtres d’Eté ; C’est la disparition de notre Azor, le Trésor national en matière de musique traditionnelle. C’est la poursuite des négociations avec le Parlement sur la ratification du Premier Ministre désigné. C’est l’annonce d’une probable prorogation d’un an de la CIRH sur fond de contestation de certaines organisations. C’est la visite du couple présidentiel dans le Nord du pays ponctuée de ”jets de pierres ” selon une certaine presse, de ”deux bouteilles lancées par des membres de la Base « Renfort »” selon le réseau citadelle . C’est la mort d’un député, celui de Beaumont. C’est enfin de compte le ralentissement de l’économie haïtienne sans apparemment une conscience claire de la part du Parlement et de la Présidence. Sortira-t-on de l’auberge ? Et que faire pour s’en sortir ?

Remarques

Dans cette grisaille politique qui surplombe notre pays, les aspects les plus encourageants restent et demeurent la culture et l’éducation. On peut certes reprocher les failles relevées dans l’organisation des examens d’Etat, mais on constate avec plaisir que ces examens sont organisés en temps et lieu, malgré les multiples problèmes que confronte le pays haïtien.

D’un autre coté, l’évènement culturel annuel « Livres en folie »a eu, une fois de plus cette année, un succès fou. Toutes les catégories sociales se sont déplacées comme pour dire au monde entier, « ça c’est notre force, aucune puissance étrangère ne peut nous l’enlever ». Cette puissance culturelle s’exprime encore plus dans les fêtes champêtres qui connaissent chaque année un succès extraordinaire mais qui, cette année, grâce à l’amélioration des réseaux routiers, enregistrent beaucoup plus d’affluence de gens de l’intérieur du pays (tourisme local) et de la diaspora haïtienne. Les fêtes d’anniversaire de deux anciens chefs d’Etat (réf. Haïti en Marche)avec leurs amis dans leur pays après des années d’exil, les funérailles nationales de notre Azor, un trésor culturel haïtien dans l’art du maniement du tambour, ce sont là des traits culturels haïtiens qui nous confortent et nous permettent de traverser dignement des moments de grisaille politique.

L’éducation d’un coté, la culture de l’autre, les deux piliers sur lesquels devra s’appuyer notre pays pour se refonder, en commençant par la résolution tout de suite de la crise gouvernementale en puisant dans notre culture et dans notre histoire de peuple capable d’étonner le monde quand il le fallait.

Solutionner la crise gouvernementale

Après l’échec de Rouzier, le Président Martelly avait dit qu’il allait demander au Premier Ministre, Bellerive, de faire plus que liquider les affaires courantes. Depuis, on ne sent pas « ce faire plus ». Au contraire ! Les ministres laissent le gouvernement petit à petit. Ceux qui sont là fonctionnent au ralenti. Le Président a-t-il organisé un Conseil des Ministres pour confirmer ses dires et donner plus de marge de manœuvres au gouvernement ? En tout cas, on ne sent pas le gouvernement de Bellerive. D’où le ralentissement de l’économie qui se traduit par le manque d’emploi, une réduction de la production nationale, une impression de manque sécurité (assassinats spectaculaires, Toussaint, Dorvil), une insécurité alimentaire qui pointe à l’horizon et qui pourrait déboucher sur les émeutes de la faim et favoriser une exploitation politique. En attendant la ratification de Me Gousse ou le choix d’un autre Premier Ministre, un Conseil des Ministres pourrait statuer sur un programme minimum à exécuter par le gouvernement démissionnaire. Il y va de la nécessité de sauver ce qui peut l’être d’un exercice fiscal partiellement compromis et de préparer le prochain exercice fiscal 2011-2012. Le Sénateur PRIVERT, en tant que l’un de nos meilleurs spécialistes de la question, si ce n’est le meilleur tout au moins en matière fiscale, a le devoir de convaincre ses collègues du Parlement de s’élever à leur niveau d’hommes et de femmes d’Etat pour doter le pays, avant octobre 2011, d’un budget pour l’exercice fiscal 2011-2012, naturellement en accord avec le Président Martelly. Sinon, on sera obligé, à la fin de cet exercice, de reconduire le budget de 2.6 milliards de USD, alors qu’il nous faudrait, selon la FONHDILAC, un budget de l’ordre de 4 milliards d’USD pour soutenir une croissance économique de 8 à 12% pour l’exercice 2011-2012. Or il est possible de trouver une partie de cet argent dans le cadre de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) qui sera probablement prorogée pour une période d’au moins 1 an. Réalisme politique et économique oblige ! Il faudrait solutionner la crise gouvernementale par la nomination d’un nouveau gouvernement ou l’élargissement du mandat du Gouvernement Bellerive.

Alors, peut-on sortir de l’auberge ?

Le jusqu’auboutisme ne nous mènera nulle part. La Présidence le sait. Le Parlement aussi. Alors, pour sauver ce pays qui est nôtre, il faudrait :

1) Continuer les négociations en évitant la confrontation ouverte : modération du langage des deux cotés car Haïti l’exige, il y va du bien-être de la nation. Nous avons besoin de paix et de sérénité.

2) Convoquer un Conseil des Ministres pour permettre au Gouvernement Bellerive de faire plus que liquider les affaires courantes en l’instruisant de mettre en application les points non pris en compte dans les recommandations de l’article :” Haïti, une cigarette allumée aux 2 bouts”(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/06/haiti-une-cigarette-allumee-aux-2-bouts.html. Journal le Matin et Haïti en Marche)

3) Continuer le processus de ratification de Me Gousse ou d’un autre Premier Ministre sur la base des négociations avec les deux parties relatives à la décision arrêtée en termes de partage de responsabilités au sein du Gouvernement avec les trois (3) ministères accordés au Groupe GPR, Economie et Finance, Agriculture et Santé, selon le Sénateur Zeni (Radio Vision 2000).

4) Encourager le Président, le Premier Ministre désigné, le Premier Ministre sortant et son gouvernement, et les parlementaires à s’investir dans la création d’un climat de confiance entre les deux (2) parties en donnant au pays l’impression que tout va pour le mieux.
5) Donner au Premier Ministre désigné les mains libres pour dégager une majorité au Parlement sur la base de négociations et non sur la base de chantage. En aucun cas, les négociations ne doivent dépasser les limites de l’indécence.

6) Se garder (Présidence et Parlement ), durant la période de négociations, de toutes déclarations intempestives susceptibles de jeter de l’huile sur le feu. Certains Sénateurs et le Président doivent se contrôler durant leur prise de parole.

7) Procéder (Le Parlement )à l’analyse des pièces du PM désigné qui, une fois ratifié, procédera à la présentation de sa politique générale qui sera adoptée à coup sûr par les deux chambres parce qu’elle sera le fruit d’un compromis.

8) Procéder (Le Président) à l’investiture officielle du nouveau gouvernement qui rentrera en fonction en remplacement de celui de Bellerive.

Haïti, comme en 1803 après le Congrès de l’Arcahaie, sortira de l’auberge pour entamer, cette fois-ci et pour de bon, sa refondation en toute tranquillité. Ce sera l’heure de la délivrance et notre pays sera sauvé parce que, comme Pétion et Dessalines, le Parlement et la Présidence auront compris qu’il faudra privilégier la concertation à la confrontation pour sauver ce qui peut l’être encore de cette nation en lambeaux. Nos actuels dirigeants ont-ils cette grandeur d’âme et ce sens du bien commun pour rééditer le passé ? A eux de le prouver !!!

mardi 21 juin 2011

HAITI, UNE CIGARETTE ALLUMEE AUX 2 BOUTS

JEAN ROBERT JEAN-NOEL
21 JUIN 2011

Le 14 Mai 2011, M. Michel MARTELLY est investi comme le 56e Président d’Haïti. Le « changement » est en marche. Mais l’ancienne administration fortement représentée au Parlement à travers le groupe parlementaire du renouveau (GPR) avait laissé, « continuité » oblige, des dossiers brulants non suffisamment traités :(i) le choléra (+5000 morts depuis novembre 2010) et son pic épidémique à l’approche de la saison pluvieuse et cyclonique 2011, (ii) les nombreuses familles encore sous les tentes, en particulier au niveau de l’ensemble des places publiques de la Capitale,(iii) la crise électorale issue des résultats électoraux définitifs du 20 avril 2011, (iv) la crise constitutionnelle avec la publication du « faux amendement constitutionnel » dans le Moniteur du 13 mai 2011. De quoi inciter l’apôtre du « changement » à opérer dans la « continuité » !Une bonne cigarette allumée au deux (2) bouts ! Que fallait-il faire ? Et que faire maintenant ?

Eviter la confrontation ?
Sweet Micky a toujours été perçu comme un « bagarreur ». Mr Martelly en campagne ne s’est pas trop départi de cette image. Le jour de son investiture comme Président, son discours est resté électoraliste donc bagarreur. Donc, l’autre camp l’attendait au tournant comme cet ”éléphant dans un magasin de porcelaine ». Selon un principe acquis de ma longue expérience, il ne faut jamais laisser les autres utiliser vos défauts contre vous. Ainsi, on arrivera à déjouer tous les pièges tendus par des amis et par des ennemis. Donc, le Président aurait dû choisir la coopération à la confrontation, et sur la base de cette « Haïti d’abord ! »,amorcer le « changement dans la continuité ». Mon article sous le même titre donnait la recette. Malheureusement, les conseils n’ont pas été suivis. On est donc en pleine confrontation alors que le pays a besoin de coopération. Que fallait-il faire ?

Couper la cigarette en trois (3) parties
Plus spécifiquement, au nom de son amour déclaré pour ce pays, au nom du changement prôné, le Président aurait du couper la cigarette en 3 parties : (i) reconduire le gouvernement Bellerive avec le même objectif de 8% de croissance prévu par le budget 2010-2011, en exigeant la gestion par le gouvernement reconduit de l’ensemble des dossiers brulants en cours et la préparation du budget 2011-2012 autour des 4 milliards de USD engagés dans le cadre de la CIRH ; (ii) Mettre en place avec son équipe un « schadow gouvernement » à coté du gouvernement reconduit pour roder cette équipe et faciliter le contrôle de l’ancienne dans la gestion des affaires de l’Etat , et (iii) se placer au dessus de la mêlée pour mieux voir et mieux coordonner tranquillement la mise en place du nouveau Gouvernement prévu pour la fin de l’exercice en cours avec parallèlement l’entame du processus de ratification du nouveau Premier Ministre. Pour agir de cette manière, il fallait une grande maitrise de la situation politique, un grand esprit de sacrifice et un grand leadership pour expliquer ses choix au peuple haïtien si impatient. C’aurait été une grande leçon de coopération, une bonne manière de rétablir la confiance entre nous, une grande opportunité ratée de bien amorcer le changement.

Alors, maintenant que faire ?
La Présidence et le Parlement n’ont qu’un seul choix : Haïti d’abord ! Il leur faut coute que coute éviter la confrontation en faisant taire leur orgueil de groupe et en pensant Haïti. Haïti ne peut plus se permettre de perdre un autre mois dans cette grisaille politique. Certes, il n’est plus possible de contempler un taux de croissance de 8%, mais il est encore possible de sauver les 3 derniers mois de l’exercice en cours. Nos hommes politiques doivent au moins comprendre cela. Nos experts financiers et le Group Croissance en tête nous ont déjà fourni assez d’éléments pour comprendre ce minimum en matière économique. Alors, chers Messieurs et Dames, arrangez vous pour que le pays soit doté d’un gouvernement durant cette fin de mois de juin 2011. Ce gouvernement, tout en sollicitant l’aide de l’ancienne administration pour au moins 3 mois et en créant des conditions pour rétablir la confiance entre les haïtiens, aura un cahier de charge en quatorze (14) points pour les trois derniers mois de l’exercice en cours, en vue de :

1) Gérer les affaires du pays à partir du budget 2010-2011 avec le souci d’atteindre un bon niveau de croissance économique en septembre 2011 ;

2) Gérer les urgences liées à la flambée de cholera, la saison cyclonique, les gens sous les tentes, en restructurant le service national des Endémies majeures (SNEM), en renforçant les structures de gestion des risques et désastres, en restructurant l’EPPLS (logements sociaux), en restructurant le SPPREN (Service d’entretien routier) ;

3) Organiser les examens officiels de l’Education Nationale et Préparer la réouverture des classes en Septembre 2011 tout en bien expliquant au grand public que l’école gratis est un processus progressif sur une période relativement longue ;

4) Préparer et lancer les campagnes agricoles d’Eté et d’Hiver pour réduire l’insécurité alimentaire ;

5) Préparer le budget 2011-2012 d’un montant de 4 milliards de USD avec les hypothèses suivantes : un taux de croissance de 10%, un taux d’inflation <10%, un taux de change stable de 40 gourdes pour 1 USD ;

6) Nommer le Président de la Cour de Cassation ;

7) Mettre en place le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire ;

8) Trouver des solutions à la crise électorale, à la crise constitutionnelle ;

9) Mettre en place le Conseil Electoral Permanent une fois la crise constitutionnelle résolue ;

10) Mettre en place le Conseil Constitutionnel tel que prévu par la Constitution amendée ;


11) Assurer une coordination sérieuse des actions des ONG et des agences de Coopération technique tant bilatérales que multilatérales ;

12) Préparer les élections Sénatoriales partielles, les Mairies, les CASEC et les élections indirectes ;

13) Mettre en branle le processus pour transformer la CIRH en cette agence de développement d’Haïti (ADH) prévue par le plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH) en octobre 2011 ;

14) Engager la responsabilité de la MINUSTAH en matière de l’introduction du choléra en Haïti et un processus de dédommagement pour des pertes en vies humaines et économiques encourues et pour aider à combattre le déficit d’image du pays à l’extérieur, tout ceci en vertu des conventions en la matière.

La mise en application de ce cahier de charge par le nouveau gouvernement permettra au pays d’éviter la confrontation et d’amorcer le processus de changement qui débouchera à coup sûr sur le processus de mise en marche de la nouvelle Haïti qui deviendra à l’horizon 2030, « un pays émergent et moderne », et à nouveau ”la Perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbe.” C’est le rêve de tout Haïtien digne de ce nom et ce devrait être le rêve de tous nos politiciens, surtout ceux qui sont au pouvoir. Alors, Messieurs et Dames, Marquez la rupture par rapport à l’ancien système mis en place depuis 1806 ! Haïti ne l’oubliera jamais !!!

lundi 30 mai 2011

HAITI, NECESSITE D’UNE REVOLUTION DE CROISSANCE ECONOMIQUE

Jean Robert JEAN-NOEL
29 Mai 2011

EN 2010, Haïti, avec 360 Hab./km2 et avec un PIB de 700 USD/Hab., est considérée comme un pays surpeuplé et extrêmement pauvre. La croissance démographique du pays est supérieure à 2% et se maintient presque constamment autour de ce pourcentage. Sa croissance économique a décru pendant longtemps au point d’être comparée à celle d’un pays en guerre durant ces 40 dernières années. L’économiste, Kesner Pharel, a titré un article en décembre 2009 sur l’économie haïtienne relative à la décennie 2000-2010 comme « une décennie perdue ». Alors comment expliquer une telle situation ? Et que faut-il faire pour s’en sortir ?

La situation socio-économico-politique

En comparant l’économie haïtienne par rapport à elle-même de 1980 à 2011, on constate une augmentation constante de la pauvreté avec toutes les conséquences que cela implique sur l’environnement physique du pays. La dégradation de l’environnement haïtien, qui a débouché sur la vulnérabilité proverbiale du pays, est étroitement liée, entre autres, à notre manière de faire de la politique et à l’ignorance de la majorité de nos hommes politiques des concepts économiques liée, elle-même, à notre système éducatif qui n’a pas pris en compte notre éducation financière et économique depuis l’école primaire. J’en prends pour preuve le mot d’ordre des ainés dans la lutte contre la dictature des Duvalier qui nous disaient inlassablement « lèse’l pouri » (laissez les choses se gâter en français). En d’autres termes, même si vous avez la possibilité de faire les choses correctement, ne le faites pas pour embarrasser le gouvernement et provoquer à terme un mécontentement généralisé qui devrait déboucher sur une révolution politique sans tenir compte des effets désastreux de cette stratégie sur l’économie du pays. Cette stratégie ajoutée à la corruption endémique a beaucoup nui à l’avancement du pays. Car elle a amplifié la pauvreté et complexifié la situation socio- économico-politique du pays.

La politisation à outrance pour se servir avec le peuple comme leader

Depuis, les années 1980, notre pays est entré dans un cycle d’instabilité politique qui va s’aggraver à partir de 1986. Le départ de Duvalier Fils va nous permettre d’amorcer un cycle de démocratisation qui s’articule autour de la politisation du pays avec des luttes acharnées pour le pouvoir politique non pour apporter le changement souhaité inscrit dans la Constitution de 1987 mais pour continuer à s’enrichir ou s’enrichir tout cours à partir de la politique. La politique pour se servir et non pour servir. La multiplication des partis politiques de type familial ou autour d’un homme providentiel va s'amplifier en lieu et place de vrais partis politiques avec des idéologies clairement définies tel que prôné par la Constitution de 1987. Avec ces groupuscules politiques, les démons de la division vont s’installer plus profondément dans l’âme haïtienne. Et pour arriver à gagner les élections, nous allons laisser faire le peuple au lieu de le guider. En conséquence, la situation globale du pays se dégrade au fil des ans pour aboutir, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, à la situation d’aujourd’hui. Alors, que faire ?

Prendre appui sur le PARDNH et réviser à la baisse le taux de croissance de 2010-2011

En Mars 2010, Haïti avec l’appui de la communauté internationale s’est dotée d’un plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH) de 34.5 milliards de USD sur 22 ans dont 9.9 milliards ont été promis par la Communauté Internationale en mars 2010 à la Conférence de New York. Actuellement, près de 40% des fonds liés à cette promesse sont soit engagés soit décaissés. Et le gouvernement de Mr Bellerive a prévu des investissements (y inclus le fonctionnement) de l’ordre 2.65 milliards de USD pour l’exercice en cours pour atteindre un taux de croissance de 8.9% du PIB après une contraction de l’économie de (-5% du PIB) pour l’exercice écoulé. La situation politique actuelle exige de revoir à la baisse le taux de croissance. Le Ministre des finances prédisait , en avril 2011, que l’on pourrait atteindre 8% à la fin de l’exercice si rien n’est venu perturber la situation. Avec les tractations plutôt difficiles pour la mise en place du nouveau gouvernement et l’adaptation obligatoire des nouveaux ministres à leur fonction, il faudrait présumer que le taux de croissance serait encore plus bas. L’idéal pour le Président Martelly serait de reconduire le gouvernement actuel jusqu’à la fin de l’exercice en cours pour avoir une chance de se rapprocher des 8% de croissance prévus par l’actuel Ministre des Finances. Mais ce ne serait pas « politiquement correct », même s’il favorisait l’amorce d’ « une révolution de croissance économique ».

Amorcer « la révolution de croissance économique » à partir de 2011-2012

De toute manière, si l’on veut sortir de cette situation et contempler le développement de ce pays d’ici 2035, il faudrait viser haut en matière de croissance économique. Comme l’a rapporté la Fondation Haïtienne pour le développement intégrale latino américain et caribéen (FONHDILAC) dans son « document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne. Avril 2011 », les économistes, Charles CASTEL, Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), Carl BRAUN, PDG de l’UNIBANK, et Charles CLERMONT, PDG du Fonds d’Opportunité et du Renouveau d’Haïti (FORH),pensent respectivement que notre pays peut doubler son PIB en 10 ans avec 7% de croissance l’an, en 6 ans avec 12% de croissance par an, et en 5 ans avec 15% de croissance l’an. Ces économistes ont appuyé leurs prévisions sur leur longue expérience du marché financier haïtien et de l’économie haïtienne. Carl Braun pense qu’il faudrait « une révolution de croissance » pour arriver à développer ce pays. Au sein de la FONHDILAC, nous pensons qu’il faudrait des investissements de l’ordre de 4 milliards de USD par an pour des taux annuels de croissance économique dans une fourchette de 8 à 12% du PIB. Pour soutenir le développement du pays, jusqu’à en faire un pays émergent à l’horizon 2035, les investissements devraient se faire dans les six axes de développement adoptés par la FONHDILAC, l’humain, le social, l’environnemental, l’infrastructurel, l’économique et la gouvernance (politique) avec une répartition équitable des effets de cette révolution de croissance économique. Ces six axes englobent parfaitement les quatre (4) axes de l’administration Martelly ou 4 E, à savoir : Education, Emploi, Environnement et Etat de Droit. Alors ? En avant donc pour cette révolution de croissance économique tout en réduisant notre croissance démographique et en répartissant de manière équitable la richesse issue de cette croissance économique soutenue ! Kote sa nou pa ka fè la ?

vendredi 29 avril 2011

INITE ET MARTELLY OU LE CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE ?

Jean Robert Jean-Noël

Le 28 avril 2011

Le candidat Michel Joseph Martelly a fait campagne sous le thème « changement ». Très critique par rapport au système en place qui a produit tant de misère et tant de souffrance, Il a promis de le changer. Par contre, l’INITE a mené campagne sous le thème « continuité ». En d’autres termes, le Parti du Président Préval croyait dur comme fer qu’il était sur la bonne voie. Il faudrait tout simplement améliorer certaines choses. Le 28 novembre 2010, le peuple est sorti voter. Le 7 décembre 2010, les résultats ont été prononcés. Le peuple estimant avoir été volé avait mis le pays à feu et à sang causant des dommages et pertes estimés à 100 M d’USD par les économistes. Une crise électorale s’est installée et avait du attendre l’intervention de l’OEA pour trancher contre le candidat de l’INITE en faveur de Mr Martelly au 2e tour. Le 2e tour opposa M. Martelly à Mme Manigat arrivée en première position au 1er tour. Le 20 mars 2011, le 2e tour a eu lieu couronné par la victoire de Mr Martelly aux présidentielles au verdict préliminaire du CEP prononcé le lundi 4 avril 2011. Ce verdict a consacré un grand nombre d’élus de l’INITE et d’autres entités aux législatives et laissé en ballotage favorable d’autres entités par rapport à l’INITE. Tout s’est passé dans la joie ce 4 avril 2011 et sans heurt. Malheureusement, les choses allaient se gâter le 20 avril 2011, lorsque les sénateurs et députés en ballotage favorable se sont retrouvés en position de vaincus par rapport à l’INITE au verdict final du CEP. Ce qui a conduit, une fois de plus, à des casses et une rentrée parlementaire sans les contestés en attendant de trouver une solution avec la fameuse OEA pour compléter le parlement.
Alors, comment se présente la situation au niveau du Parlement qui déterminera la configuration du Gouvernement ? Quelle marge de manœuvre aura le Président Martelly avec un Parlement à majorité dominée par l’INITE? Analysons la situation au Parlement, la situation du développement laissé par le Président Préval, la vision de changement de l’administration Martelly, et dégageons comme perspective le changement dans la continuité.

La configuration du Parlement
Avec la validation des pouvoirs , ce lundi 25 avril 2011, de 79 députés sur 99, la 49e législature est constituée. Le lendemain, c’était le tour des sénateurs élus. Et les observateurs ont une idée assez claire de la configuration du Parlement . Sous la plume de Victor Jean Junior dans Le Nouvelliste du 25 avril 11, Le processus électoral loin d'être bouclé, il est écrit ceci : « Avec 17 représentants au Sénat et - si l'on en croit les récents propos du sénateur Joseph Lambert - environ 70 élus et alliés à la Chambre basse, INITE est l'organisation politique majoritaire au Parlement. Viennent ensuite LAVNI, AAA, Alternativ et Ansanm nou fò. Deux candidats de la plateforme INITE, Jean Edzer Valentin (La Vallée de Jacmel, Sud-Est) et Jude Destiné Pierre (Ganthier/Fonds-Verrettes, Ouest) sont encore dans la course. Outre ces circonscriptions, les législatives auront lieu aussi le 29 mai prochain à Verretes (Artibonite) ».
Le samedi 23 avril 2011, l’Agence HPH a rapporté que : « La plateforme INITE et ses alliés ont présenté samedi le "Groupe parlementaire du renouveau" avec plus de 70 députés et 17 sénateurs faisant du GPR le groupe majoritaire au parlement. Les élus de la plateforme INITE et leurs alliés ont participé à une journée de travail qui a consacré la formation de ce nouveau groupe parlementaire, le premier de la 49e législature. Celle-ci devrait entamer ce lundi ses activités. “Nous sommes à un carrefour qui exige l’unité et la solidarité,” a déclaré le sénateur Joseph Lambert, coordonateur de la plateforme INITE à l’ouverture de la rencontre. »

Sur la base de ces informations, en attendant la décision de l’OEA et les élections complémentaires, la Plate-forme INITE semble incontournable dans la constitution d’une majorité présidentielle pour la mise en place du gouvernement. Le parti du Président élu n’ayant que 3 députés à la Chambre basse ne peut que faire des alliances pour constituer une majorité présidentielle pour gouverner le pays. Avec qui ? Probablement avec INITE et alliés. Car, en constituant le groupe parlementaire du renouveau (GPR), l’INITE se positionne comme la première force au Parlement et est en mesure de négocier avec le Président élu. Quand on dit négociation, c’est donnant-donnant. Tant au niveau vision, programme et gouvernement. Ce sera une bataille serrée et sérieuse pour le partage du pouvoir. Or le Président veut le changement et l’INITE la continuité. Qu’est-ce que l’INITE a son actif ou tout au moins quel est l’héritage du Président Préval ?

La situation du développement du pays
Si sur la plan politique, on peut parler d’échec partiel de Préval car il n’est pas arrivé, comme prévu, à placer son héritier à la présidence de la République, la configuration du Parlement actuel lui laisse quand même des marges de manœuvre assez importantes au niveau gouvernemental, tout au moins son équipe au parlement si elle fait preuve de discipline de parti ou de groupe ( souvenez-vous du CPP). Par contre, sur le plan de développement, les trois (3) gouvernements de Préval ont laissé un bilan « acceptable » qui n’a pas été suffisamment exploité par le Président sortant politiquement parlant. Oyez.

Sur le plan macro économique, la discipline a toujours été au rendez-vous. De 37% l’héritage du Président Aristide, l’inflation a été ramenée à 16% par Boniface-Lotortue en 2006 avec des réserves de change supérieures à 200 M d’USD avec un des taux de change autour de 42 GHT pour 1 USD. Les 3 gouvernements de Préval ont stabilisé le taux de change autour de 40 GHT pour 1 USD, un taux d’inflation à 1 chiffre qui a atteint un seuil négatif à certain moment, même le taux actuel de 7% en glissement annuel est plus qu’importé que produit par l’économie haïtienne (Kesner Pharel, Investir du 23 avril 2011). Malgré une gestion politique plutôt catastrophique pour notre économie, le taux de croissance de 8.9% pour l’exercice n’est pas tout à fait compromis et pourrait se chiffrer en fin d’exercice à 8% selon le Ministre de l’économie. Les réserves de change sont autour de 800 M d’USD, soit 3 mois et demi d’importation. L’économie haïtienne est plutôt « saine » pour répéter le Ministre Baudin. Le système bancaire haïtien est un modèle du genre au niveau de la Caraïbe, une vraie paradoxe pour un pays corrompu. C’est un atout précieux pour n’importe quel gouvernement. Le gouvernement a entamé un certain nombre de réformes pour rendre le système global plus performant et surtout plus transparent en informatisant la Direction Général des Douanes, la direction général des impôts (DGI), l’administration centrale et déconcentrée (processus en cours), selon le ministère de l’économie et des finances (MEF).

Sur le plan des grandes actions en cours dans le cadre du DNSCRP (4.3 milliards USD) et du plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH 34.5 milliards d’USD) dont 9.9 milliards d’USD ont été promis à New York par la communauté internationale (CI) le 31 mars 2010, il faut noter le décaissement/engagement de 37.2% selon Bill Clinton, les 74 projets approuvés par la CIRH, la retour à l’école, à l’université, la relocalisation de 700,000 sans abri, l’enlèvement d’une bonne partie des débris, la création de près d’un million d’emplois temporaires selon le PAM, la réhabilitation et la réalisation des grands axes routiers comme Port-au-Prince-Hinche, Port-au-Prince-Gonaïves, Port-au-Prince-Cayes-Jérémie, Miragoâne-Petit-Trou de Nippes, qui favorisent (même en situation de construction en cours) la réduction de moitié le temps mis dans certains cas pour atteindre la destination finale et vice versa , la construction achevée du tronçon Ouanaminthe-Cap-Haïti, de l’Aéroport de Jacmel, de l’Aéroport du Cap (en cours), la construction du Warf de Labadie, le processus de mise en place d’une zone franche dans le Nord du pays, la réhabilitation et construction de systèmes d’irrigation, d’eau potable, d’hôpitaux, de centres de santé etc. Autant d’actions en cours et achevées qui ouvrent la voie au développement du pays sans parler des actions mises en œuvre par le secteur privé haïtien et étranger, les ONGs, les agences de coopération.

En parcourant le pays en dehors de Port-au-Prince, on a cette favorable impression que les choses bougent mais qu’il manque cette coordination de l’Etat. Certes, on est loin de l’idéal souhaité mais on n’est pas non plus dans une situation catastrophique et sans espoir. En tant que Gonaïvien, les travaux entrepris aux Gonaïves depuis 2004 et continués par l’administration Préval commencent à donner de très bons résultats. En grande partie toutes ces actions réalisées sont à l’actif de l’administration sortante donc d’une certaine manière au groupe ESPWA/INITE. On ne peut les rejeter d’un revers de main quel qu’en soit notre sentiment par rapport au Président Préval qui n’a pas su capitaliser dessus et a laissé cette impression de quelqu’un qui n a rien foutu. Or en politique impression vaut fait. En tout cas quelle qu’en soit la vision du développement du Président élu, elle ne peut être en totale rupture par rapport à l’ensemble de ces actions décrites plus haut selon le principe même de continuité de l’Etat.

La vision du changement de l’administration Martelly
La vision de M. Martelly est exprimée dans ses prises de parole, celles de ses conseillers et dans son programme, Le courage de changer. Cette vision est axée sur : (i) La Relance de la production agricole nationale,(ii) la Sécurité des personnes et des biens,(iii) l’Education et la formation pour tous, (iv) Replacer Haïti sur la carte du monde, (v)Tourisme et culture, (vi) Santé préventive et soins pour tous, (vii) Dynamiser l’économie et le secteur privé.

Sans entrer dans une analyse exhaustive du programme de M Martelly par rapport au PARDNH, pour l’observateur averti, ces sept (7) axes du programme se retrouveraient sans grande difficulté dans les quatre piliers du PARDNH, la refondation sociale, la refondation économique, la refondation territoriale et la refondation institutionnelle. C’est peut-être la façon d’opérer qui va être différente avec un leadership différent, peut-être une meilleure coordination et plus de transparence. Mais dans le fond, il y a matière à négociation. Prenons, l’exemple de l’agriculture, l’administration Martelly ne peut pas mettre de coté tout le travail accompli en termes de documents stratégiques visant la relance de la production nationale agricole, la politique de développement agricole (PDA 2010-2025), le plan national d’investissement agricole 2010-2016 (PNIA 790 M USD) dont au moins 250 M USD sont négociés et prêts à être décaissés, le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle 2010-2025(PNSAN), le Plan Directeur de Vulgarisation agricole (PDVA).La finalité de ces documents c’est de projeter « une Haïti sans faim à l’horizon 2025 ». Il ne peut pas non plus mettre de coté : le plan national d’éducation, le Maillage routier national, les travaux des diverses commissions présidentielles en termes de compétitivité, d’éducation, d’amendement constitutionnel, les travaux du CIAT dont une bonne partie est exprimée dans le document Haïti Demain mars 2010. Alors, en toute logique, les négociations entre les deux parties devraient déboucher sur une sorte de compromis que l’on pourrait appeler « changement dans la continuité ».

Le changement dans la continuité
Sur la base de l’analyse précédente, le jeu politique entre l’équipe Martelly et le Groupe GPR devrait être très serré et très sérieux avec comme enjeu certes le partage du pouvoir entre élus mais dans un but bien précis le développement du Pays Haïtien. Le compromis basé sur le changement dans le continuité devrait s’appuyer sur les éléments les plus pertinents des actions en cours, et les marier avec les axes fondamentaux du programme le courage de changer pour en faire un programme gouvernemental de 5 ans ancré dans une vision plus large de 25 ans. Ce programme gouvernemental aborderait (i) les questions urgentes liées à l’amendement constitutionnel, au choléra, aux sans abri, à la prochaine saison cyclonique 2011 et aux autres saisons cycloniques durant les 5ans, à la gestion des risques et désastres, à l’insécurité alimentaire, à la création d’emploi ; (ii) les questions structurantes liées à la poursuite et au renforcement des actions de développement en cours (Agriculture, éducation, santé, route, irrigation, eau potable, électricité, école, université, centre de santé, hôpital, reforme institutionnelle, la stabilité macroéconomique, etc.), (iii) la grande concertation nationale ( la confiance entre Haïtiens, la réconciliation nationale, la vision de 25 ans et la refonte des divers plans pour en faire un plan consensuel, la constitution de 1987 et les nouveaux amendements , etc) ; (iv) l’organisation des élections sénatoriales partielles, des collectivités territoriales et des élections indirectes. Ne seraient-ce pas là des éléments pertinents pour un compromis vers le changement dans la continuité ?

dimanche 27 mars 2011

HAITI-ELECTIONS 2e TOUR, RESULTATS 31 MARS 2011, HAITI D’ABORD !

HAITI-ELECTIONS 2e TOUR, RESULTATS 31 MARS 2011, HAITI D’ABORD !
Jean Robert JEAN-NOEL
27 Mars 2011

Le 7 décembre 2010, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) proclama les résultats des élections du 1er tour des présidentielle et législatives du 28 novembre 2010. Ces élections et leurs résultats provoquèrent près d’une dizaines de morts et des dégâts matériels estimés à 100 M d’USD par nos économistes et une crise électorale qui a mis à nue la dépendance du pays vis-à-vis de la Communauté Internationale (CI). Face à la désolation ressentie durant ces deux jours d’émeute, je me suis permis, le 10 décembre 2010, en tant que citoyen haïtien vivant en Haïti, de ramasser les cinq (5) propositions citoyennes sur cette crise et d’y ajouter deux (2) propositions après une analyse très judicieuse dégageant la responsabilité du pouvoir en place dans cette crise électorale, dont une, la 6e sera reprise par l’OEA proposant de remplacer le candidat du pouvoir par Mr Martelly au 2e tour (www.jrjean-noel.blogspot.com), .
En effet, face à l’aggravation de la situation globale du pays en ce mois de décembre 2010, malgré l’implication directe de la CI dans cette crise, en particulier l’OEA, le Président de la République, Mr Préval, a fait appel à des experts de cette institution pour aider Haïti à trouver une solution à la crise électorale. Par des artifices de calculs qui s’apparentaient beaucoup plus à une solution politique, les « experts de l’OEA » ont proposé de remplacer Mr Célestin par Mr Martelly au 2e tour des élections présidentielles, solution avalisée par la CI dans son ensemble et appliquée par le CEP. Ce qui nous a valu deux mois de retard sur le calendrier électoral et l’organisation de ce 2e tour, ce 20 mars 2011, entre Mme Manigat et Mr Martelly. La proclamation des résultats de ces élections est prévue pour ce 31 mars 2011. Qu’en sera-t-il ? Le pays aura-il à payer à nouveau les pots cassé de notre inconscience ?

La position des deux camps

Selon les premières estimations des médias basés sur les dépouillements le soir même des élections, et sur certains procès verbaux affichés aux centres de vote, les tendances seraient plutôt favorables à Mr Martelly dont la photo est publiée en première page de l’Hebdomadaire Haïti en Marche (Haïti en Marche # 09 ), Premiers chiffres : Michel Martelly pourrait l’emporter jusqu’à 60%, selon HEM. Sur cette base et d’autres, disent-ils en leur possession, les partisans de Mr Martelly ont crié victoire. Sur les médias en ligne, c’est l’empoignade. Chacun se dit en possession d’informations les plus fiables. Sur ces entrefaites, le camp Manigat a fait sortir un communiqué signé de Mr Patrice Dumont disant détenir d’informations laissant croire que Mme Manigat est dans une position confortable pour gagner les élections. Les alliés de Mme Manigat, en l’occurrence MM Latortue et Beauplan, invitent d’aller débattre au centre de tabulation. Un groupe appartenant à « Repons Peyizan » a tenu aussi sa conférence en clamant la victoire de Mr Martelly. Toutes ces interventions ont eu pour effet de rétablir « l’équilibre » et de forcer les observateurs et le commun des mortels à un certain attentisme et à spéculer aussi sur « d’éventuelles magouilles » du CEP qui a interdit de publier les tendances.

D’un autre coté, en écoutant les déclaration des uns et des autres, en lisant les empoignades sur le net, on a cette désagréable impression que les deux camps sont prêts à en découdre et sont prêts à lâcher leurs sbires dans la rue pour « faire respecter le vote du peuple ». On a comme l’impression, que notre pays, notre chère Haïti, n’est pas l’enjeu principal de ces élections, que chaque camp se bat pour sa chapelle et non pour cette Haïti meurtrie par un tremblement de terre qui a fait officiellement 316,000 morts, malade du choléra, dévastée par des cyclones, gangrenée de corruption, fragilisée par sa vulnérabilité environnementale et son positionnement sur la route des ouragans , et ses risques de tremblement et/ou de tsunami . L’observateur averti que je suis est inquiet, d’autant que hier samedi 26 mars 2011, j’ai vécu, à Miragoâne, à la localité de Chalon un incident qui pourrait se révéler le signe avant coureur de ce qui va se passer après le 31 mars 2011.

L’incident de Miragoâne

En effet, ce 26 mars, j’ai été dans la zone de Miragoâne pour une consultation sur l’irrigation. Vers midi, j’ai vu des barricades sur la Nationale no 2. J’ai demandé à mon chauffeur d’avancer prudemment. On a été accueilli par des jets de pierres et des tirs d’armes à feu au niveau de Chalon. La raison de cet incident est simple. Le PAM qui a ouvert des chantiers « cash for work » au niveau de la zone, a eu un retard de paiement. Voilà la raison pour laquelle, on a du perdre deux heures de temps à négocier avec des mécontents et certains ont vu la vitre de leur véhicule briser. Qu’est-ce qu’un usager de la route a à voir avec un retard de paiement d’une organisation internationale qui a ouvert des chantiers pour essayer de recapitaliser la population de la zone ?

L’état d’esprit avant la proclamation des résultats le 31 mars 2011.

Cet incident témoigne de l’état d’esprit qui prévaut actuellement dans le pays où la moindre étincelle peut provoquer une explosion incontrôlable favorable aux éternels fauteurs de trouble . Les nerfs sont donc à fleur de peau. Quand on sort travailler ou vaquer à ses occupations, on ne sait pas si on va rentrer sain et sauf à la maison. On est tout le temps sur le qui vive. On n’a pas la tranquillité d’esprit nécessaire pour réfléchir aux grands défis qui attendent le pays. Et nos intellectuels sur le net, surtout ceux-là qui vivent à l’extérieur au lieu d’y pencher car en principe plus à même de le faire en lieu et place de nous autres qui confrontons la réalité quotidienne de terrain, s’entredéchirent pour des questions sans grandeur de partisannerie politique. Que l’élu soit Manigat ou Martelly, les défis d’Haïti ne changeront pas. Alors, s’il vous plait, évitez d’alimenter les antagonismes au sein de la population, noir-mulâtre, riche-pauvre, partisan Manigat-partisan Martelly, Haïtien de l’intérieur-Haïtien de l’extérieur, intellectuel-simple d’esprit, etc. Haïti a besoin de tous ses fils et filles pour affronter ses défis et se refonder. Ce ne sont pas les résultats des élections qui vont changer quoi que ce soit en Haïti ! Les deux protagonistes auront à confronter les mêmes problèmes et les mêmes défis surtout ceux liés la refondation d’Haïti. Qu’ils convient leurs partisans à ne pas empirer la situation du pays en brisant et en cassant quelle que soit l’issue de ce 2e tour. Rappelez-vous que ce 2e tour n’est autre qu’un compromis politique suite à la gargote électorale du 1er tour ! Rien d’autre !

Haïti d’abord !

Tacitement, nous avons accepté ce compromis d’aller à ce 2e tour car nous sommes fatigués. Nous avons accepté de laisser Mr Préval aller jusqu’au 14 mai 2011 car nous sommes fatigués. Nous avons accepté le retour de MM Aristide et Duvalier car nous sommes fatigués. Nous avons accepté la hausse du prix du carburant qui va avoir des répercussions sur le cours de notre vie car nous sommes fatigués. Nous acceptons de vivre dans cette précarité car nous sommes fatigués. Alors, acceptons les résultats de ce soit disant 2e tour comme une première étape vers cette grande concertation nationale pour jeter les bases d’un grand sauvetage national de l’Haïti de demain, moderne, émergeante, décentralisée et souveraine. Haïti d’abord, c’est notre cri de ralliement dorénavant ! Vous vous retrouvez dans ce cri, alors « faisons la route ensemble » et laissons les autres se battre pour leur chapelle, tout en les suppliant de ne pas briser et casser le petit reste qui reste. Ils nous doivent bien cela, n’est-ce pas ? Après tout, c’est leur pays aussi ! Donc Haïti d’abord s’il vous plait !!!

vendredi 10 décembre 2010

HAITI-ELECTIONS DU 28 NOVEMBRE 10, LES SEPT OPTIONS DE SORTIE DE CRISE

HAITI-ELECTIONS DU 28 NOVEMBRE 10, LES SEPT OPTIONS DE SORTIE DE CRISE
Jean Robert JEAN-NOEL
10 Décembre 2010

2010 est à ma connaissance l’année la plus terrible qu’Haïti ait connue. En effet, notre pays fut victime du tremblement de terre qui a fait plus de 250000 morts et des dommages estimés à 120% du PIB de 2009;le cyclone Tomas a fait une dizaine de victimes et des dommages estimés à des dizaines de millions de dollars américains ; le choléra a franchi le cap de 2000 morts, et les résultats des élections du 28 novembre ont provoqué près d’une dizaine de morts et des dommages importants aux Cayes, au Cap, à Port-au-Prince, à Pétionville et une paralysie du pays depuis la proclamation de ces résultats. Les résultats de ces élections viennent exacerber la crise haïtienne. Quelles sont les options possibles pour s’en sortir ?

La crise électorale et ses racines historiques
Cette crise est en grande partie provoquée par le pouvoir en place. En effet, après la prise du pouvoir en 2006, au lieu de réaliser les élections indirectes pour la mise en place du Conseil Electoral Permanent (CEP), le Président Préval et son Premier Ministre, Jacques Edouard Alexis, avec la complicité de certains leaders politiques, préférèrent procéder à la mise en place d’un nouveau conseil électoral provisoire(CEP). Ce nouveau CEP avait organisé les sénatoriales contestées de 2009. Ces sénateurs « mal élus » ont permis au pouvoir d’asseoir sa mainmise sur le Parlement qu’il avait déjà dominé au niveau de la chambre basse grâce à un contrôle du groupe parlementaire CPP. Cette mainmise permit au Président de se débarrasser de Mme Pierre-Louis, la Première Ministre qui, entre temps, avait remplacé Mr Jacques Edouard Alexis, lui-même lâché par le Président et renvoyé par le Senat alors dominé par les Sénateurs qui allaient par la suite se considérer comme des opposants au Président Préval, et qui, paradoxalement, allaient prendre position pour Mme Pierre-Louis lorsque le Président décida de s’en débarrasser. Cet appui à Mme Pierre-Louis et les bons résultats obtenus par cette dernière(2.9% de croissance du PIB en 2009) n’avaient pas empêché le Président de la renvoyer malgré l’avis contraire de la plupart des haïtiens et de la communauté internationale, et de la remplacer par Mr Jean Max Bellerive, le Premier Ministre actuel. Le Président, sûr de ses forces et ayant le vent en pourpre, créa le Parti INITE et procéda à un léger remaniement du CEP qui avait prévu d’organiser les législatives en février 2010, et ce, malgré les protestations de l’opposition. Ces législatives n’avaient pu avoir lieu à cause du tremblement de terre du 12 janvier 2010, et ont du être fusionnées avec les Présidentielles pour être organisées le 28 Novembre 2010, malgré le refus de participation d’une frange de l’opposition à cause même, disent-ils, de la mainmise du pouvoir sur le CEP. Ces élections ont pu avoir lieu en effet ce 28 novembre 2010 avec beaucoup d’irrégularités et de fraudes, de l’avis de tout le monde et même du Président de la République lui-même. Sur la crise globale haïtienne vient donc se greffer une crise électorale sérieuse.

Comment sortir de la crise électorale ?
Haïti est au bord du gouffre cette fois-ci depuis la proclamation des résultats préliminaires de ces élections, le 7 Décembre 2010. Pour sortir de la crise électorale actuelle qui a déjà provoqué des dégâts considérables et des pertes en vies humaines, et qui pourrait avoir des conséquences incalculables pour notre pays, il y a plusieurs propositions/options sur le tapis (i) L’annulation des élections du 28 novembre 2010 ;(ii)L’organisation d’un second tour à 4 candidats ;(iii) L’organisation d’un second tour à 3 candidats;(iv) Le renvoi pur et simple du Président Préval ;(v) Le remplacement du Gouvernement tout en conservant le Président jusqu’au 7 février 2010 ; (vi) L’organisation d’un second tour sans le candidat du pouvoir ; (vii)Un compromis entre le pouvoir et Martelly pour « l’élection de Mme Manigat » au 1er tour. Ces deux dernières options sont miennes.

(i) L’annulation des élections du 28 novembre 2010
Cette proposition vient du groupe des 12 candidats à la présidence qui , le 28 novembre 2010, avait lancé un appel à l’annulation des élections pour cause d’irrégularités et fraudes massives. Quand on écoute la déclaration de l’ensemble des candidats, on a l’impression que tout le monde accuse le CEP sans distinction, y incluse la plate-forme INITE qui réclame la victoire à 52%. Cette proposition s’accompagnerait du renvoi du CEP. Cette proposition devrait avoir l’aval du pouvoir et de la communauté internationale pour être mise en application.

(ii) L’organisation d’un second tour à 4 candidats classés en tête de liste par le CEP
Cette proposition a été faite par Gérard Daniel Rouzier avant même la proclamation des résultats des élections du 28 Novembre 2010. Si le CEP en avait tenu compte, cela nous aurait évité la situation actuelle. Mais face à cette situation, cette option peut-elle encore être appliquée? D’autant que Céant qui vient en 4e position reste un farouche défenseur de l’option annulation.

(iii) L’organisation d’un second tour à 3 candidats
Cette proposition est déduite d’une interview de Valérie Numa sur Vision 2000 avec Mme Odette Roy Fombrun. Elle est reprise par certaines personnes qui croient que, face à l’ampleur de la crise électorale, il faudrait une solution politique pour sauver ce qui peut encore l’être.

(iv) Le renvoi pur et simple du Président Préval
C’est ce que demande la frange de l’opposition qui n’a pas été aux élections, c’est ce qu’exigent certains manifestants, c’est ce que proposent certains cadres sur les sites de la diaspora et de certains médias en ligne. Cette proposition n’est pas réaliste pour la bonne et simple raison qu’il ne reste que deux mois à Mr Préval pour laisser constitutionnellement le pouvoir. La mise en application d’une telle proposition dépendrait de la volonté du Président de partir avant l’heure, de la disposition de la communauté à accepter une telle option et de la capacité des manifestants à rester mobilisés sur une période plus au moins longue avec les conséquences désastreuses que l’on sait. Cette option, à mon avis, est à écarter.

(v) Le remplacement du Gouvernement tout en conservant le Président Préval jusqu’au 7 février 2010
Cette proposition prévoit la mise en place d’un nouveau gouvernement qui accompagnerait le Président jusqu’au 7 février 2011. Le Président serait remplacé à partir de cette date par le Président de la Cour des Cassations qui aurait trois à six mois pour organiser les élections. Il est aussi prévu tout un agenda pour ce nouveau gouvernement. Cette proposition sans le dire annulerait les élections du 28 Novembre 2010 et renverrait le CEP. A coté du remplacement du gouvernement qui me parait irréaliste à 2 mois de la fin du mandat du Président Préval, je pense que cette proposition ne permettrait pas d’apaiser la tension actuelle liée en grande partie à l’élimination de Mr Michel Martelly. L’annulation des élections satisferait les 12 candidats, la frange de l’opposition qui n’a pas participé aux élections, certains manifestants, certains cadres de la diaspora, mais lèserait les trois premiers candidats en lice.

(vi) L’organisation d’un second tour sans le candidat du pouvoir
Cette proposition se base sur les conséquences des 2 premières journées de protestation qui traduisent un ras le bol par rapport au pouvoir en place et qui se traduit par le rejet de Mr Jude Célestin en procédant à la mise à feu du local de la plate-forme INITE, des photos géantes de ce candidat du pouvoir, et en lui vouant une hostilité frisant la haine. En fonction de ce constat, Mr Célestin s’effacerait au profit de Mr Martelly. Cette proposition exigerait beaucoup de sacrifices de la part du pouvoir en place qui s’est arrangé pour en garder le contrôle à travers Mr Célestin. Trop d’intérêts de groupes seraient en jeu au détriment de ceux du pays pour l’application d’une telle option. Il faudrait un sens poussé de l’Etat et une compréhension profonde des intérêts supérieurs de la nation haïtienne de la part des tenants du pouvoir pour la mise en application d’une telle proposition. Une déclaration de renoncement de Mr Célestin au profit de Martelly serait l’une des meilleures options pour calmer la tension actuelle selon moi.

(vii) Un compromis entre le pouvoir et Martelly pour « l’élection de Mme Manigat » au 1er tour
C’est une option purement politique pour sauver la situation et ce qui reste de l’intégrité du pays. Jude Célestin (48 ans) et Michel Martelly (49 ans) feraient une déclaration commune qu’ils accordent leurs voix à Mme Manigat (70 ans). Le Président Préval, le CEP et la Communauté internationale prendraient acte et cautionneraient cette solution négociée. Le groupe des 12 ainsi que la frange de l’opposition qui n’a pas participé à ces élections applaudirait cette solution dans un élan patriotique. La société civile prendrait position publiquement pour cette solution politique négociée. Et Haïti étonnerait une fois de plus le monde.
Sommes-nous capables d’une telle grandeur d’âme et d’un tel élan patriotique ? Moi, Jean Robert JEAN-NOEL, je le Crois, et vous ??? A moins que ces leaders qui nous gouvernent ou qui aspirent à le faire n’aient aucune considération pour cette pauvre Haïti « tant chérie » par eux !!!