Rechercher dans ce blog et le WEB

dimanche 17 janvier 2016

HAITI: BILAN 2015, PERSPECTIVES 2016, DE MARTELLY A L'EXACERBATION DE LA BATAILLE DES CLANS OU A UNE ENTENTE POUR LE DÉVELOPPEMENT(?)


HAITI: BILAN 2015, PERSPECTIVES 2016, DE MARTELLY  A L'EXACERBATION DE LA BATAILLE DES CLANS OU A UNE ENTENTE POUR LE DÉVELOPPEMENT(?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
16 JANVIER 2016
                                
Le  mois de Décembre 2015 et le début de Janvier 2016 ressemblent à ce qui s’est passé à la même époque il y a un an avec quelques légères différences.  « La commission d’évaluation électorale » a remis son rapport comme « la commission consultative présidentielle » ; mais ses recommandations n’ont pas été totalement prises en compte par le Président Martelly comme l’année dernière. Le peuple, qui a été convoqué en ses comices sans succès pour le 2e tour de la présidentielle, le 27 décembre 2016, est re-convoqué par le Président Martelly pour le 24 Janvier 2016 sur fond de démission au sein du CEP. La rentrée parlementaire (branche Chambre des Députés)  se fait le dimanche 10 Janvier 2015, tandis que le Sénat a fait sa rentrée le 11 Janvier 2016. Cette rentrée et surtout l’élection du président du Sénat, M. Privert, et du président de la Chambre des Députés, M. Chancy, font émerger une nouvelle donne politique. L’opposition, constituée de l’ensemble des candidats arrivés après Jovenel Moise, le candidat du pouvoir, et du « Front de refus » (table rase et transition), programme des manifestations de rue contre la rentrée parlement (sans succès) et en réponse à la Présidentielle du 24 Janvier. La situation politique qui prévalait l’année dernière et qui s’est perpétuée tout au long de l’année 2015 connait une éclaircie due à un retour d’un certain équilibre des trois pouvoirs de l’Etat. Cette situation politique a influé sur tout le reste, en particulier sur l’économie du pays. D’où le titre de cet article : « Haïti, bilan 2015 et perspectives 2016, de Martelly à la continuité de la bataille des clans ou à une entente pour le développement(?)».

Cet article s’attardera sur le Bilan 2014-2015 avec des clins  d’œil sur le bilan de Martelly en matière sociopolitique et socioéconomique, dégagera les perspectives 2016 en matière sociopolitique et économique, et se terminera sur des conclusions et recommandations appropriées

A.     BILAN 2014-2015 ET CLINS D’ŒIL SUR L’ADMINISTRATION MARTELLY

La vision de Martelly selon le document « le courage de changer »

Comme l’année dernière, rappelons la vision de Martelly avant sa prise de fonction. Cette vision exprimée dans « le courage de changer » est axée sur : (i) La Relance de la production agricole nationale, (ii) la Sécurité des personnes et des biens, (iii) l’Education et la formation pour tous, (iv) Replacer Haïti sur la carte du monde, (v) Tourisme et culture, (vi) Santé préventive et soins pour tous, (vii) Dynamiser l’économie et le secteur privé. (Réfhttp://jrjean-noel.blogspot.com/2011/04/inite-et-martelly-ou-le-changement-dans.html ). Selon le bilan de l’année 2013-2014 (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/12/haiti-bilan-2014-perspectives-2015-du.html), « cette vision s’est exprimée dans l’énoncé de politique générale du Premier Ministre Conille et appliquée dans celui du Premier Ministre Lamothe dans son programme axé sur les cinq (E) : Education, Emploi, Etat de droit, Environnement, et Energie. Ce programme est lui-même ancré dans le Plan d’Action pour le Relèvement et le Développement National d’Haïti (PARDNH), transformé en Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH). Il faut noter que  le programme de Martelly était estimé à 15 Mrds USD, soit un montant annuel d’environ 3 Mrds USD. Il faut souligner que le budget annuel durant la période Martelly  s’est rapproché de ce montant et est toujours mis en œuvre en retard à cause des divergences politiques avec le Parlement ». Il a été de même pour l’exercice 2014-2015 sous étude, en termes de montant (2.7 Mrds d’USD) et, comme il n’est resté qu’un embryon du Parlement avec 10 Sénateurs dont deux candidats à la présidence, on ne peut pas imputer le retard dans les décaissements à des querelles avec le Parlement pour l’exercice écoulé.
A1.       LA SITUATION SOCIO POLITIQUE 2014-2015

Comme signalé à l’introduction de cet article, la situation politique vécue au cours de ce mois de Décembre 2015 et début de Janvier n’est pas tellement différente de celle des autres mois de l’année si ce n’est cette lueur d’espoir avec la rentrée parlementaire de la 50e législature en  janvier 2016 qui marque un retour à un jeu d’équilibre entre les trois pouvoirs d’Etat, tout au moins théoriquement.

Une Entropie Politique persistante

L’année 2015 a prolongé l’année 2014 sur le plan politique, les manifestions de rue ont été une constante, sauf au moment où le Conseil électoral Provisoire inspiré de l’article 289 de la Constitution a lancé le processus d’inscription. Cette mesure a eu pour effets de déstabiliser l’opposition politique qui a décidé, contre toute attente, d’aller aux élections en ordre dispersé. C’était le calme avant la tempête. Tout le processus d’inscription, de rejet de candidats à tous les niveaux s’est fait plutôt dans le calme avec quelques incidents graves et sporadiques jusqu’aux élections parlementaires du 9 aout 2015 et les élections du 25 Octobre 2015. De 9 aout 2015 jusqu’à date, la tempête politique a renforcé cette entropie politique qui a caractérisé le  pouvoir de l’administration Martelly, surtout à partir de 2012. C’est une entropie politique persistante qui a influé tous les aspects de la vie nationale.


A2.       SITUATION POLITIQUE SOUS L’ADMINISTRATION MARTELLY

Pour comprendre 2015 et 2016, il faut remonter à la prise de pouvoir de Martelly en Mai 2011. Au début, on avait cette impression que l’équipe de Martelly ne comprenait rien à rien. Elle a sous-estimé la puissance du Parlement dans le rouage de la gouvernance du pays. Avec seulement, trois députés, l’administration Martelly pensait pouvoir appliquer sa vision « le courage de changer », en imposant les choses au parlement. Il faut souligner aussi que la façon d’agir de l’équipe rappelait plus la manière des Duvalier qu’autre chose. Ce qui a fait dire au Sénateur Lambert que Martelly agit « comme un éléphant dans un magasin de porcelaine ». Toujours est-il que l’administration a dû se contenter du gouvernement de Bellerive jusqu’en octobre 2011 après deux tentatives d’imposer deux premiers ministres, Rouzier et Gousse.

La ratification du Premier Ministre Conille était plus perçue comme une action de la communauté internationale qu’un choix de Martelly. La preuve c’est qu’après six mois d’une collaboration plutôt conflictuelle, le Président  a mis à pied le PM Conille et l’a remplacé en mai 2012 par son ami Laurent Lamothe qui était le ministre des affaires étrangères de Conille. C’est Lamothe qui va appliquer la vision de Martelly. De mai 2012 jusqu’à son départ en décembre 2014, le couple Martelly-Lamothe a fonctionné à plein régime après avoir constitué une certaine majorité au parlement, en particulier au niveau de la chambre basse.

Sur le plan politique, cette administration a pris la décision controversée de publier la constitution amendée, la mise en place d’un conseil électoral permanent tel que le veut la constitution amendée. Devant une opposition tout azimut, l’administration Martelly a dû mettre en place trois conseils électoraux provisoires. Cette opposition s’est renforcée au fil des événements jusqu’à renverser le PM Lamothe à la faveur des querelles intestines au sein du pouvoir (Palais National, Primature, etc.) et malgré les tentatives de Dialogue (El Rancho et autres réunions dans des grands hôtels de Pétionville). C’est pendant cette période que notre pays a connu  cette entropie politique. Avec le remplacement de Lamothe par Evans Paul, l’entropie politique, qui a persisté et s’est renforcée sous l’administration Martelly-Paul,  a influencé les actions de développement du pays et, en particulier, la situation socioéconomique tant au niveau macro, méso et microéconomique.

A3.       LA SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE 2014-2015 ET CLINS D’ŒIL SUR L'ADMINISTRATION MARTELLY

L’analyse de la situation économique et financière de 2014-2015 se référera aux prévisions budgétaires et aux résultats en termes macroéconomique et microéconomique.

A3.1.  Les prévisions financières 2014-2015

Deux aspects seront pris en compte en termes de prévisions financières : (i) la situation économique projetée et (ii) la performance de l’économie

La situation économique projetée en 2014-2015

Le Projet de loi de finances 2014-2015  (Réfhttp://jrjean-noel.blogspot.com/2014/07/haiti-football-gogo-beaucoup-de-bonnes.html ). Le projet de loi de finances 2014-2015, non voté par le Sénat comme pour l’exercice précédent mais mis en œuvre par le GOH à partir du 1er Octobre 2014, a fixé le montant global du budget à 122.7 milliards de gourdes (122.7 Mrds HTG ou 2.7 Mrds USD). Le budget se répartit comme suit : le secteur économique (44.3%), le secteur politique (18.8%), le secteur socioculturel (27.8%), et autres dépenses (9.1%) dont 4.1% pour le service de la dette externe. Les hypothèses de départ visent un taux de croissance du PIB de 4.6%, un taux de change en adéquation avec le taux de croissance, un taux d’inflation de 7.5%. Le taux de croissance de 4,6% du PIB, « sera supporté par les secteurs de l’agriculture +2,5%, de l’industrie +6 % et de la construction +8% » (Réf. Le Nouvelliste du 22/07/2014). Dans le budget rectificatif, le taux de croissance a été revu à la baisse à 3.5%, le taux d’inflation à 6%, etc.

Selon Michel Soukar dans le « Bilan 2015 » : « Un pays que l’on disait ouvert aux affaires (open for business) trébuche à cause de l’insécurité, de la violence, de l’instabilité politique et de la mauvaise gouvernance. En début d’année fiscale 2014-2015, les prévisions économiques tablaient sur un taux de croissance du PIB de 3.5%, un taux d’inflation de 6 à 8% en rythme annuel et un taux de change oscillant entre 48 et 50 gourdes pour un dollar américain. Sans doute, ces prévisions n’avaient pas tenu compte de facteurs internes comme la sécheresse, les manifestations politiques, les grèves et de facteurs externes comme la baisse du prix du baril de pétrole sur le marché international et la raréfaction de l’aide externe à Haïti ».

La performance de l’économie en 2015

Selon l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique dans  « LES COMPTES ECONOMIQUES EN 2015 » (Estimations Préliminaires) (Réf. http://www.ihsi.ht/pdf/comptes_economiques_en_2015.pdf),
« L’économie haïtienne a pâti en 2015 de la morosité qui a caractérisé l'environnement sociopolitique du pays ainsi que des déréglementations climatiques marquées par une sécheresse relativement rude. Cette situation se traduit par un ralentissement du rythme de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) qui, selon les estimations préliminaires, a enregistré une hausse, en volume, de 1.7% en 2015, contre 2.8% en 2014. La décélération a été observée dans la quasi-totalité des branches d'activité qui ont affiché des accroissements moins prononcés que ceux de l’année dernière ».

Pour les secteurs soutenant la croissance, il faut souligner, « l'Agriculture a grandement subi les effets distributifs négatifs des régions qui ont été très touchées par la sécheresse, provoquant ainsi une chute, en termes réels, de 3.5% de la valeur ajoutée agricole. Les industries manufacturières sont parmi les branches d'activité qui ont le plus contribué à la croissance du PIB en 2015 avec une hausse de 4.5%, supérieure à celle de l'année dernière (2.7%). Viennent ensuite la Construction (Bâtiments et Travaux Publics) et la branche Commerce Restaurant et Hôtel qui ont augmenté chacune de 2.3% et 3.5%, même s'il faut noter que leurs performances étaient meilleures l'année dernière avec des taux de croissance respectifs de 7.9% et 4.2% ».

Toujours selon les comptes économiques : « Du point de vue de la demande interne, malgré les effets néfastes de l'inflation, la consommation finale totale a progressé en volume de 1.1 %, bénéficiant notamment de la hausse, en valeur courante, de 11% des envois de fonds des travailleurs de la diaspora et de l'accroissement de 22% des traitements et salaires dans l'Administration Publique. L'investissement global, de son côté, a crû, en termes réels de 3.3%, particulièrement grâce au renchérissement de l'investissement direct étranger (5.3%)  et à certaines autres initiatives des secteurs public et privé. Pour ce qui a trait à la demande externe, en dépit de l'incertitude qui a marqué l'année fiscale 2015, les exportations haïtiennes se sont mieux comportées qu’en 2014 avec une augmentation, à prix constant de 4.6%, contre 4.5% précédemment ».

Enfin, les comptes économiques fournissent  les informations suivantes sur la consommation et l’inflation : « En ce qui concerne l'évolution des prix à la consommation, l'année fiscale 2015 s'est terminée avec 11.3% d'inflation en glissement annuel, un taux nettement supérieur à l'objectif de 6% qui était fixé dans le budget rectificatif de 2014-2015. Cette accélération des prix est consécutive, entre autres, à la rareté des produits locaux sur le marché et à la décote de la gourde par rapport au dollar américain » qui évolue dans une fourchette de 55 à 60 HTG pour 1 USD. « L’indice des prix a augmenté de 17% », selon Wayne Camard, représentant du FMI en Haïti.


A3.2. CLINS D’ŒIL SUR LA VISION DE MARTELLY ET SON APPLICATION

Les sept axes de la vision et leur niveau d’application en termes de perception : (i) La Relance de la production agricole nationale, (ii) la Sécurité des personnes et des biens, (iii) l’Education et la formation pour tous, (iv) Replacer Haïti sur la carte du monde, (v) Tourisme et culture, (vi) Santé préventive et soins pour tous, (vii) Dynamiser l’économie et le secteur privé,
(i)  La Relance de la production agricole nationale fait l’objet de plusieurs  documents élaborés par le ministère de l’agriculture, dont « le programme triennal  de relance agricole (2013-2016). Des actions intéressantes sont menées en matière de réforme institutionnelle, la création de nouvelles directions et d’unités au sein du ministère de l’agriculture, la mise à la retraite de certains anciens, le recrutement de jeunes cadres ; en matière de mise en valeur agricole, des efforts sont consentis tant du point de vue de l’agriculture familiale ( subvention engrais, crédit, voucher, assurance), que de l’agriculture à caractère commercial ( accompagnement des entrepreneurs agricoles à travers l’Unité de promotion des investissements privés dans le secteur agricole (UPISA). Toutefois les résultats obtenus sont en dent de scie. Ce qui est normal par rapport au montant du budget alloué au secteur (5-7%), sauf pour l’exercice 2015-2016 (9.7%) en tant que « locomotive de la croissance ». Il faut noter que (i) les décaissements se font toujours en retard et ne correspondent pas à l’année agricole, (ii) une grande instabilité institutionnelle s’est installée au sein du secteur depuis la prise de pouvoir de Martelly (6 ministres en 5 ans).

(ii) La Sécurité des personnes et des biens. Tout le long de la durée de cette administration, il y a eu des efforts soutenus pour sécuriser les personnes et les biens. Malheureusement, les résultats ont évolué en fonction de la crise politique permanente qui a caractérisé cette administration. En période de manifestations de rue, le taux d’insécurité (morts par balles, biens saccagés, voitures incendiées) suit la courbe ascendante. En période normale c’est l’inverse. Les résultats sont au-dessus de la moyenne, grâce à des efforts de la Police Nationale. Avec la remise en route de l’Armée à la fin du mandat, peut-être  que cela va aller s’améliorant.

(iii) L’Education et la formation pour tous. Malgré l’instabilité institutionnelle (4 ministres en 5 ans),  cette administration a toujours accordé beaucoup d’importance à l’éducation. On peut reprocher beaucoup de choses à cette administration mais pas sa volonté d’accorder une place prépondérante à l’éducation. Tous les ministres qui se sont succédé à ce poste ont fait des efforts pour améliorer la situation. Comme je l’ai écrit dans le bilan de l’année dernière, « pour le dernier en date, M. Nesmy Manigat, il m’a personnellement impressionné par son ouverture d’esprit et son courage. Non seulement, il a continué le travail de ses prédécesseurs, mais il l’a grandement amélioré en posant la problématique de la qualité de l’Education. On a accusé ce gouvernement d’utiliser les fonds de la Diaspora  à des fins d’enrichissement illicite. Mais personne n’a pu prouver jusqu’ici ces faits. L’avenir justifiera si oui ou non, les fonds de la Diaspora ont été dilapidés par cette administration ou mal utilisés ».

(iv) Replacer Haïti sur la carte du monde.  A mon humble avis, les résultats obtenus sont plutôt acceptables. L’administration a « bien vendu Haïti » à l’extérieur. Malgré la crise politique, les autorités ont pu attirer les investissements privés dans plusieurs secteurs, en particulier dans le Tourisme et l’agriculture. Il faut aussi signale les divers voyages effectués par les hautes autorités du pays, les fonctions occupées au niveau régional, les démarches effectuées au niveau des gouvernements étrangers, le slogan « Haïti is open for business », autant d’actions de cette administration qui témoignent des efforts consentis pour replacer Haïti sur la carte du monde. Certes, on reproche à cette administration de gaspiller de l’argent dans des « voyages inutiles ». Peut-être qu’il y eu gaspillage, mais on ne peut pas dire qu’elle n’a pas obtenu de résultats  en termes d’organisation de diverses activités internationales en Haïti. Il faut signaler enfin, la réhabilitation de l’Aéroport International de Port-au-Prince, la mise en service de l’aéroport international du Cap, l’initiation de la construction de l’aéroport international des Cayes, de l’Ile à Vache, de l’aéroport de Jérémie, d’autres actions achevées et en cours pour replacer notre pays sur la carte du monde.

(v) Tourisme et culture. Si cette administration peut s’enorgueillir de quelque chose, ce seront le Tourisme et la Culture. A ce niveau, on peut tout simplement parler de réussite. Durant toute la durée du mandat, il a été procédé à un ensemble d’activités culturelles et touristiques. Par exemple, les périodes carnavalesques ont été des moments extraordinaires de communion et de démonstration de notre riche culture en dépit des critiques de l’opposition politique. Ces moments ont favorisé grandement le tourisme intérieur et la venue de touristes étrangers et de la Diaspora haïtienne. Le travail au niveau de ce secteur est tout simplement fantastique tant au niveau de la grande terre qu’au niveau des îles. Mme Stéphanie Villedrouin, ministre du Tourisme, fait l’unanimité par son travail, sa compétence et sa détermination. Selon les observateurs avertis, le nombre de chambres d’hôtel a plus que doublé sous cette administration. En tout cas, cette administration a  vu l’ouverture de l’hôtel Oasis, de Servotel, de Best Western, l’agrandissement de Caribe Convention Center, la rénovation de Kinam, la présence  de la prestigieuse chaine  d’hôtel Mariott en Haïti, à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien. Sans compter les divers investissements privés dans les villes de province dans l’hôtellerie.

(vi) Santé préventive et soins pour tous.  Ce secteur n’a pas connu d’incertitude institutionnelle, la même ministre durant toute la durée du mandat. Là encore, c’est un des secteurs où l’on peut parler de réussite, tout au moins en matière de construction d’hôpitaux, de centres de santé, de dispensaires. Certes en matière de santé préventive et de soins pour tous, on est encore loin. Mais les éléments de base sont là. Il suffit de bien les agencer, les renforcer et de les étendre. L’opposition politique peut reprocher à Mme Duperval son accointance avec la Première Dame, Sophia Martelly, on ne peut dire qu’elle n’a pas bien fait son travail. Ceci explique peut-être cela.

(vii) Dynamiser l’économie et le secteur privé. Rappelons que le secteur économique se compose des ministères de l’Economie, de la Planification, du Commerce et de l’Industrie, des Travaux publics, de l’Agriculture, de l’Environnement,  et du Tourisme. Ce secteur a toujours bénéficié  d’une part importante du budget national (40-50%). L’administration Martelly a appliqué la même politique budgétaire que les administrations passées. D’un autre côté, cette administration n’a pas réussi sur le plan environnemental. Elle a redynamisé le ministère du commerce, en accordant une place prépondérante à l’entreprenariat, l’initiation de la mise en place des « Micro Parcs » et autres mécanismes, et a donné des résultats en dents de scie en agriculture, et plus qu’acceptables en matière touristique, etc. Les mesures prises au niveau de la plupart de ces ministères du secteur économique ont incité le secteur privé à investir dans l’économie haïtienne. Quant au MTPTC, durant toute la durée de cette administration et malgré les difficultés de toutes sortes, il a plutôt bien tiré son épingle du jeu si l’on excepte le cas de l’énergie électrique qui est un défi à relever par la prochaine administration. Ces résultats sont dus aussi à la présence de l’Ing. J. Rousseau à la tête du ministère des Travaux publics durant toute l’administration Martelly. En général, c’est le premier secteur contribuant à la croissance et à l’emploi. Il faut noter que, depuis la prise de pouvoir de cette administration, si l’emploi n’a pas été l’objet de politique systématique (non documenté et même négligé), la croissance économique a toujours été au rendez-vous, très certainement en deçà des prévisions et pas suffisante pour nous sortir de la pauvreté, avec un taux de croissance de la population de 1.5 %/an.

La plus faible croissance de cette administration

Rappelons les taux de croissance du PIB obtenus par l’administration Martelly : 2011 (5.5%) avec un apport de l’administration Préval ; 2012 (2.9%) : une année de catastrophes naturelles ; 2013 (4.2%) : une année plutôt normale ; 2014 (2.8%) : une année de catastrophe politique ; 2015 (1.7%) : la plus faible croissance de cette administration en une année électorale, de persistance   de l’entropie politique et de grande sécheresse. Ces résultats sont, à mon humble avis, plutôt acceptables quand on se réfère à la vulnérabilité du pays en matière environnementale (changement climatique et autres) et surtout à cette crise politique qui a été une constante de l’administration Martelly.

Normalement, à la lumière de ces résultats, on devrait changer le titre du document de vision. C’aurait été mieux de le titrer « le courage de continuer » en lieu et place de « le courage de changer ». En effet, en matière d’actions de développement, Martelly a continué les actions entreprises par le Président Préval. Certes, son administration a son propre actif ; mais il a surtout appliqué le principe de continuité de l’Etat. Même son comportement comme Chef de l’Etat, c’est une combinaison de Jean Claude Duvalier, d’Aristide et de Préval : la tendance dictatoriale et fastueuse de Duvalier, la tendance à trop parler d’Aristide, le « naje pou soti » et « le koule anbayo » de Préval. Martelly a su utiliser le système à son avantage et placer ses pions dans tous les rouages, le Pouvoir Exécutif y incluse la Primature, le Pouvoir Législatif, le pouvoir Judiciaire, la Banque centrale, la BNC, le système de sécurité (Police et l’Armée), et la Communauté Internationale. En attendant le 24 janvier 2016, il s’est positionné comme l’homme fort du pays. Pourra-t-il résister au poids d’une telle combinaison de charges ? Le séisme politique claironné par l’opposition, s’il a lieu, détermine si sa force est herculéenne ou ne représente qu’un château de carte.


B. PERSPECTIVES 2016

La rentrée parlementaire change la donne politique

Sur le plan politique, la rentrée parlementaire tant au niveau de la Chambre basse que du Sénat, et les élections au niveau du Parlement changent totalement la donne politique. Le nouvel interlocuteur qu’est le Parlement va peser très lourd dans les décisions politiques. C’est le rééquilibrage au niveau des trois pouvoirs de l’Etat, tout au moins sur le plan formel. La mosaïque que constitue le Parlement reflète la configuration politique du pays, certes avec un certain avantage pour l’équipe « Tet Kalé », qui a su apprendre des leçons du passé et placer ses pions au sein du Parlement,  en faisant des alliances naturelles avec des partis de même tendance, et ceci bien avant les élections controversées du 9 et du 25 octobre 2015. L’élection du Député Cholzer Chancy (Ayiti An Aksyon) comme président de la Chambre basse et de Jocelerm Privert (Lavalas) à la Chambre haute, deux hommes modérés, traduit la tendance à la modération, à la conciliation, au dialogue et à l’entente dont le pays a besoin. C’est la meilleure chose qui pourrait arriver au pays dans cette conjoncture difficile et incertaine. En cas de vacance probable à la présidence en février au cas où la présidentielle n’aurait pas lieu le 24 janvier, on aurait plus de chance de trouver une solution à l’amiable au niveau du Parlement pour la mise en place du gouvernement provisoire de transition dont le mandat serait d’évaluer le processus électoral, de l’achever et d’initier le dialogue politique entre haïtiens sans exclusive. Pas de place pour les extrêmes, tout se règlerait au centre.

Un budget citoyen ( ?)

Sur le plan économique, l’enveloppe budgétaire de 122.6 Mrds HTG (2.30 Mrds USD), soit une augmentation de 11.8% par rapport au budget rectificatif 2014-2015,  vise un taux de croissance de 3.6 % de l’économie réelle.  Il faut souligner que : (i) « les dépenses courantes seront de 58.3 milliards de gourdes, les dépenses en personnel, en biens et services augmenteront respectivement de 12.3 % et de 15.3 % ; (ii) les dépenses de capital seront de 64.3 milliards de gourdes soit une augmentation de 8.1 % par rapport à l’année précédente ; (iii) les investissements les plus importants se feront dans les infrastructures agricoles et dans le secteur de la construction afin de soutenir la croissance ; (iv) les ressources courantes sont projetées à 77.2 milliards de gourdes soit une augmentation de 26.9 % par rapport à l’année fiscale précédente,(v) le financement interne est impératif, car les dons et emprunts seront réduits de 20 % ». D’où la nécessité de faire appel (i) « au sens civique des citoyens et des entreprises pour s’acquitter de leurs redevances fiscales afin de générer des revenus destinés au financement du développement national et à l’amélioration des services publics », et (ii) « à l’engagement citoyen dans la mise en œuvre des politiques publiques » et… des « entreprises à conjuguer leurs efforts afin de tirer le maximum de profit provenant de l’amélioration du cadre des affaires».(Réf.http://www.mef.gouv.ht/index.phppage=D%C3%A9tails%20de%20l%27actualit%C3%A9&id_article=416).

L’économie et la responsabilité citoyenne de la classe politique
Par rapport à sa mise en application durant les premiers mois, l’enveloppe budgétaire aura du mal à permettre à l’économie d’atteindre ses objectifs, d’autant que l’économie retourne à ses démons  inflationnistes à deux chiffres depuis septembre 2015, et d’autant que la plupart des mesures qui devraient permettre de financer le budget ont dû être mises en veilleuse pour ne pas aggraver la situation politique. Le taux de change a franchi le cap de 55 HTG pour 1 USD avec une tendance haussière vers 60 HTG pour 1 USD. Le panier de la ménagère (17% d’augmentation en 2015) s’en ressent  et les familles les plus vulnérables ont du mal à joindre les deux bouts. En outre, la classe paysanne, qui a été durement frappée par la sécheresse, fait face maintenant à un fléau, des insectes qui attaquent le petit mil et tout ce qui lui est associé. Ce qui affecte encore davantage notre économie anémiée et au bord de l’effondrement. Avec une exploitation malsaine de la situation économique par les politiciens s’accusant mutuellement d’en être la cause, Haïti pourrait connaitre des moments de turbulences susceptibles d’aggraver davantage la situation globale de notre pays. Pour une fois, nos politiciens devraient faire preuve de modération tant au niveau du langage qu’au niveau des actions politiques à mener sur le terrain pour ne pas mettre le feu aux poudres. C’est leur responsabilité citoyenne. 
     
C. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Martelly a eu le mérite de projeter une vision « le courage de changer » qui s’est transformée en « le courage de continuer » par son comportement et ses actions qui rappellent étrangement ceux de Duvalier, d’Aristide et de Préval, ses trois prédécesseurs. Il a, en ce sens, appliqué le principe de continuité de l’Etat avec du bon, du moins bon et du mauvais. A mon humble avis, Martelly n’a pas échoué comme l’opposition politique veut le faire croire. Un musicien dans l’arène politique ne pouvait pas faire mieux, d’autant que, dès le départ, il a été attaqué de toutes parts comme « un vagabond », « un usurpateur », « un éléphant dans un magasin de porcelaine ». Il faut souligner que son incompréhension du système politique haïtien découlant de la Constitution de 1987, son langage grivois de Sweet Micky, son côté artiste lui ont joué de mauvais tours. Malgré son côté plutôt sympathique et bon enfant, sa volonté de bien faire, l’opposition politique ne lui a jamais fait confiance, en particulier à cause de son entourage immédiat et ses fréquentations. Il a dû très certainement traverser des moments difficiles, très difficiles face à son entourage immédiat et à ses irréductibles adversaires politiques.

Pourtant, si on analyse ses réalisations en comparaison par rapport à ce qu’il a hérité du 12 janvier 2010, on ne peut pas parler d’échec mais de résultats mitigés. Il ne faut pas nous voiler la face par la perception de la corruption, qui a été beaucoup plus forte sous Martelly qu’avant, mais qui demeure une constante de la vie politique haïtienne, pour affirmer qu’ « il n’a rien foutu ». Certes, il aurait pu faire mieux avec les moyens dont il disposait avec une gouvernance tournée vers Haïti, en lieu et place d’une gouvernance tournée vers la satisfaction de son clan. Malheureusement, la politique clanique a été la plus forte et les actions de développement ont couté beaucoup plus chères au pays qu’au paravent. Si sur le plan économique, le pays a connu une période de croissance positive même inférieure aux prévisions, les effets de la croissance ont été beaucoup plus au bénéfice des nantis que des démunis. Ce qui a permis à l’opposition politique d’ébranler le pouvoir de Martelly,  mais n’a pu l’empêcher de terminer son mandat comme Préval et de pouvoir amorcer une continuité à travers ses pions placés dans tout le système étatique haïtien comme ses prédécesseurs, et mieux que ces prédécesseurs, en tissant des relations « basées sur des intérêts » avec la plupart des grands de la communauté internationale.

L’économie a toujours crû sous Martelly même avec une répartition non équitable des effets de la croissance. Sur le plan politique, le pays est divisé et au bord du gouffre. Le parlement devient l’un des éléments clé de la donne politique. Il nous faut faire preuve d’intelligence pour ne pas enfoncer davantage notre pays dans le désarroi. Il faudrait agir comme les politiciens vénézuéliens qui ont su se sacrifier pour sauver leur pays de la déroute économique. Sans quoi, « l'incertitude se poursuit avec le nouvel exercice fiscal 2015-2016 dont le premier trimestre a été surtout dominé par des turbulences post-électorales, handicapant du coup le bon fonctionnement des agents économiques. Cette situation, si elle perdure, risque d'hypothéquer l'objectif de croissance de 3.6% du PIB, fixé pour l'année fiscale 2016 ».

En termes de recommandations, il serait capital de :

(i)       Faire tous les sacrifices nécessaires pour éviter au pays cet avenir sombre qui se profile à l’horizon, en évitant coûte que coûte cette bataille des clans sans grandeur qui nous a conduit à ce « kafou danjiré » pour répéter le journaliste chevronné, Marvel Dandin ;
(ii)      Trouver une entente entre nous pour achever en beauté le processus électoral et éviter une crise majeure au pays qui se terminerait comme en 2004 ;
(iii)    Se tourner vers le Parlement qui est le parfait reflet de la classe politique actuelle pour enclencher le processus de résolution de la crise haïtienne permanente de manière globale.

Ainsi avec la fin du mandat de Martelly, Haïti amorcerait un virage à 90 degré vers une courbe de croissance ascendante et de développement équitable et durable au bénéfice de toutes les composantes de la société sans exclusive. Toutefois, sommes-nous assez grands pour des sacrifices pour Haïti au détriment de nos clans et de nos petits intérêts mesquins et individuels?

samedi 28 novembre 2015

HAITI:"JOVENEL MOISE NE PEUT PAS ETRE PRESIDENT"



HAITI:"JOVENEL MOISE NE PEUT PAS ETRE PRESIDENT"
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
28 NOVEMBRE 2015

L'État islamique (EI) met le monde à feu et à sang: les attentats de Paris (130 morts), les attentats au Liban, au Mali, en Tunisie. Tout ceci, à la veille de la COP21 (21e Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) qui aura lieu à Paris du 30 novembre  au 11 décembre 2015, avec la participation  des principaux Chefs d'Etat du monde dont M. Obama des USA. En Haïti, la zone métropolitaine de Port-au-Prince s'enflamme, compte ses morts et ses blessés (3 morts à date dont 1 policier et des blessés dont 2 candidats à la présidence) et le reste du pays est globalement calme et dans l'expectative, suite (i) aux résultats préliminaires; (ii) à la vérification des vote au niveau du centre de tabulation obtenue par Maryse Narcisse contestant sa 4e position et un autre candidat contestant le nombre de votes qui lui est attribué par le CEP, à noter  que cette vérification résulte du jugement en leur faveur par le bureau du contentieux électoral national (BCEN) et confirme les suspicions  de fraudes massives et d'irrégularités dans le processus électoral, et (iii) aux résultats définitifs des élections du 25 octobre 2015 conduisant à l'élection des maires (un seul tour), des députés et sénateurs (2e tour), et à un deuxième tour controversé de la présidentielle prévu pour le 27 décembre 2015 entre Jovenel Moïse, candidat du pouvoir en place, et Jude Célestin, l'un des contestataires du Groupe des huit candidats, le G8, qui exige l'exclusion du candidat du pouvoir de la course électorale prétendument être l'unique bénéficiaire des fraudes massives. Maryse Narcisse  et les partisans de la table rase ou Front du refus également.

Cette alliance de l'opposition contre le candidat J. Moise peut-elle l'empêcher de devenir président, soit par son exclusion de la course électorale, soit par sa défaite au deuxième tour, si deuxième tour il y en aura? Avant d'essayer de répondre à cette double interrogation, voyons certains faits saillants du mois de novembre 2015.


            A.        FAITS SAILLANTS DU MOIS DE NOVEMBRE 2014

Le pape de la sécurité alimentaire en Haïti, Garry Mathieu , est décédé à 50 ans
Quelle qu'en soit  la réponse  à cette double question, la situation du pays se complique davantage (politique/économie). Nos politiciens ne se rendent même compte. Le dollar a tendance à déraper par rapport à la gourde. L'inflation aussi. Malgré les pluies, la situation de la sécurité alimentaire pour les prochains six mois ne s'annonce pas rose. Justement, le pape de la sécurité alimentaire en Haïti, le fameux agronome, Pierre Garry Mathieu est décédé à New York, Manhattan, le 22 novembre 2015, à l'âge de 50ans. Le coordonnateur de la commission nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) est foudroyé par un cancer du pancréas qui ne lui a laissé aucune chance. Haïti, la tourmentée, pleure l'un de ses plus beaux esprits après la disparition de l'Agr Henriot Nader. Le ministère de l'Agriculture pleure l'un de ses fleurons, car la CNSA est sous la tutelle du Ministre de l'Agriculture.

L'étude de la Banque interaméricaine de développement (BID) sur le secteur agricole, une vraie découverte
Justement, le Ministère de l'agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR) et la BID ont organisé un atelier de restitution et de complémentarité sur une étude du secteur agricole, du 18 au 20 novembre 2015, avec la participation d'une cinquantaine de cadres du MARNDR (structures centrale, déconcentrée, et décentralisée), de la BID, du secteur privé (petit et gros), du Comité interministériel de l'aménagement du territoire (CIAT). "L'Etude exhaustive et stratégique du secteur agricole et des investissements publics requis pour son développement", menée de main de maitre par  CIRAD-FRANCE, a fait un diagnostic très sérieux  et sans complaisance  de la situation du secteur agricole par rapport à la situation globale du pays et la situation internationale. L'atelier s'est réalisé en six grands moments, (i) Présentation succincte des 15 chapitres du document; (ii) Présentation des trois (3) scénarii, a) le statu quo actuel fait de saupoudrage qui pourrait être qualifié d'Etat ONG, b) un Etat fort à la manière de Rwanda, d'Ethiopie,  d'Equateur, de Bolivie, et de Venezuela, c) un Etat incitateur, régulateur combinant les éléments prometteurs  des deux premiers et ses éléments propres (l'idéal quoi !); (iii) Organisation Atelier-Restitution, un double atelier-restitution sur des questions clés sur lesquelles ont réfléchi quatre groupes: le secteur privé, le MARNDR central, le MARNDR déconcentré, le Groupe en appui au Parlement, réfléchissant  sur  des propositions thématiques et  des mesures de politiques publiques et leur viabilité environnementale, socio-économique, financière, institutionnelle et politique  et le financement des ces mesures, ces réflexions de groupes seront versées dans le dossier; (iv) Présentation en profondeur de certains chapitres du document tard dans la soirée comme la macro économie/ la croissance économique (PIB/HAB 1960-2014), le flux financier, gouverner l'agriculture haïtienne autrement; ce qu'il y a à retenir, entre autres, cette économie rentière/humanitaire ne peut favoriser le développement du pays car " là où il y a beaucoup d'aide publique au développement (APD), il y a moins d'investissements privés", selon un des intervenants; (v) Une belle séance de commentaires et d'échanges sur l'atelier et l'étude en question avec accent sur des thématiques importantes, le foncier, la réforme du MARNDR, le fonctionnement des structures déconcentrées, en particulier les bureaux agricoles communaux, etc.; (vi) La clôture de l'Atelier  par Gilles Damais de la BID qui voit dans cette étude, une aide en vue de mieux définir la politique publique du secteur agricole, tandis le Directeur Général du MARNDR, Edie Charles, voit dans l'étude du CIRAD, "un nouvel éclairage sur les décisions à notre portée". Cet atelier a permis de jeter un regard neuf sur le secteur agricole à partir des données existantes et mises en relation par le CIRAD, une vraie découverte.

            B-        PLACE A LA SITUATION POLITIQUE
Et maintenant, plein feu sur la situation politique haïtienne et la déchéance morale qui en découle. Mais tout de même une lueur d'espoir pour garder le moral, rester positif et ne pas sombrer.
L'exclusion de Jovenel Moise de la course électorale
Au cours de ce mois de novembre 2015, le Conseil Electoral provisoire (CEP), a donné les résultats préliminaires et définitifs des élections  du 25 Octobre 2015, le pays s'enflamme et le sang a coulé une fois de plus. Les maires, les députés, les sénateurs sont élus ou sont en contestation. Au niveau de la présidence, tous les principaux candidats, y inclus Jude Celestin arrivé en 2e position (25.27%), contestent la première position (32.81%)  de Jovenel MOISE, le candidat du pouvoir, l'accusant d'être l'unique bénéficiaire des fraudes électorales. Mis à part  FANMI LAVALAS et un autre candidat  à la présidence, qui ont choisi la voie légale de contestation, les autres candidats choisissent les manifestions de rue comme mode de contestation; FANMI LAVALAS aussi, donc il joue sur les deux tableaux. Les manifestations séparées dans un premier temps se sont vite transformées  en des manifestions regroupées, incluant tout le monde, le groupe des huit candidats (le G8), LAVALAS et les partisans de la table rase ou Front du refus ( transition), et exigeant l'exclusion de Jovenel MOISE de la course électorale, très certainement en souvenir des élections de 2010 où cette stratégie a favorisé le candidat MARTELLY, actuel président d'Haïti.
... l'ampleur des fraudes malheureusement profitables à tous
Suite aux plaintes déposées pour vérification de la sincérités du vote et l'exclusion pure et simple de Jovenel Moïse de la course électorale par devant le BCED qui s'est déclaré incompétent et le BCEN qui a tranché pour la vérification du vote et non pour l'exclusion de Jovenel Moise, il s'est révélé que 100% de l'échantillon vérifié sont soit frauduleux, soit irréguliers. Devant l'ampleur des fraudes et irrégularités malheureusement profitables à tous ou, tout au moins, à l'ensemble des principaux candidats, incluant Jovenel Moïse, le G8 et  Maryse Narcisse, le CEP a décidé, après l'élimination de certains votes, de poursuivre le processus électoral qui ne reste qu'une étape, le 2e tour de la présidentielle entre J. Moise et J. Celestin, et les collectivités territoriales (Conseils des sections communales ou CASEC), le 27 décembre 2015.
Mettre dehors tous les fraudeurs...ou sauver le processus, un vrai choix cornélien
Cette décision du CEP de poursuivre avec la processus a indisposé les puristes, ce qui est normal car contraire au décret électoral qui prévoit des sanctions contre les fraudeurs. Selon toute logique, il aurait fallu exclure la majorité des candidats et à tous les niveaux; car s'il y a fraudes au niveau de la présidentielle, à plus forte raison, il y en a  au niveau de l'ensemble du processus (maires, députés et sénateurs). Mettre dehors tous les fraudeurs équivaudrait à l'annulation pure et simple de l'ensemble du processus. Légalement, c'est ce qui aurait dû être fait, mais politiquement, les contestataires, excepté le Front du Refus qui est pour la table rase (annulation des élections, renvoi du CEP, de Martelly et son administration), semblent opter soit pour l'exclusion de Jovenel Moise, soit pour l'annulation de la  présidentielle, soit pour la nomination de l'un des trois candidats qui viennent après Jovenel Moise, mais pas pour l'annulation de l'ensemble du processus. Pour la présidentielle, tout le monde a déclaré l'avoir gagnée. D'autant que  une firme brésilienne a déclaré, selon un sondage effectué à la sortie des urnes, le 25 octobre, Jovenel Moise serait en 4e position avec seulement 6.5% des votes exprimés, Célestin étant premier, J C Moise en deuxième et M. Narcisse en 3e position. Ce qui est venu mettre de l'eau au moulin de ceux-là qui veulent l'exclusion du candidat du pouvoir. Mais le CEP a choisi de violer son propre décret pour sauver le processus électoral, un vrai choix cornélien, en dépit des protestions des uns et de l'incompréhension des autres.
Une sorte  de fatalité!
Comme à leurs habitudes, nos politiciens se mettent ensemble en général contre quelque chose et jamais pour Haïti, la lutte pour le pouvoir, la bataille des clans étant plus importante que tout le reste. Le pouvoir en place parle de continuité pour renforcer les acquis, corriger les erreurs et permettre à Haïti de continuer à aller de l'avant. L'opposition veut sauver Haïti des griffes de ce "pouvoir corrompu" qui n'a rien foutu si ce n'est qu'amplifier la corruption en faveur de son clan. Mais, quant il s'agit de se mettre ensemble pour aller aux élections et faire échec à ce pouvoir, elle y va en ordre dispersé. Elle a accusé tout l'appareil d'Etat de se liguer en faveur de Jovenel Moise, mais ne prend aucune disposition jusqu'à date pour faire échec au pouvoir en place si ce n'est l'organisation de manifestations de rue, la même stratégie durant tout le mandat de Martelly. L'administration et le CEP sont accusés de "fraudes massives", de "coup d'Etat électoral" en faveur du candidat du pouvoir. Quand on regarde de manière objective, tout le monde a fraudé comme l'a fait remarqué l'Ex Senateur Lambert, battu à plate couture aux sénatoriales dans le Sud-Est, qui a eu l'élégance de reconnaitre sa défaite. Selon l'ex-ministre de l'intérieur, Réginald Delva, parmi les votes annulés par le CEP, "8% sont attribuables au candidat du pouvoir", donc par déduction 92% aux autres. C'est bien triste de voir un pays recourir à des élections frauduleuses pour renouveler son personnel politique. Et qui pis est, nous sommes obligés de faire avec cette situation. Une sorte de fatalité! Et les honnêtes gens  comme Henry Bazin (paix à son âme) sont partis sans avoir vu leur modèle de sérieux, d'honnêteté, d'amour profond pour Haïti se généraliser et triompher!
Alors que faire?
Les cas de figure
Le CEP a tranché en quelque sorte. Puisque tout le monde a fraudé, on maintient le cap vers la finalisation du processus électoral avec des "élections honnêtes, démocratiques et inclusives". Jovenel sera opposé à Jude le 27 décembre 2015. La campagne pour le 2e tour de la présidentielle est ouverte le 26 novembre et prendra fin le 22 décembre 2015. Donc c'est la poursuite du processus sans aucune  autre forme de procès.
L'opposition semble opter jusqu'à présent pour les manifestations de rue au lieu de faire bloc derrière Jude Célestin en vue de canaliser toute l'énergie de ses partisans et sympathisants vers un seul but, gagner le second tour des élections; car mathématiquement elle est en mesure de le faire. "Cette option est impossible", selon un observateur averti de la politique haïtienne. "Si Jude choisit d'aller au second tour, il sera lâché par ses pairs et aura du mal à battre Jovenel", a-t-il ajouté avec une confiance aveugle dans ses prévisions.
Au cas où Jude Célestin désisterait, on suppose que Jean Charles Moise ferait la même chose et Maryse Narcisse, ne faisant pas partie du G8, n'hésiterait pas à affronter seule Jovenel Moise, confiante en la force lavalassienne (?). "Elle serait battue, crierait au scandale et rejoindrait les autres dans les manifestations de rue", a poursuivi mon observateur averti.
Les principaux candidats désisteraient, mais, comme en 2000 face à Aristide, un des "petits candidats"  à la manière du pasteur Dumas J. Arnold, accepterait le pari d'affronter J. Moise qui gagnerait sans coup férir le 2e tour. Ce sera la crise assurée tout le long de son mandat jusqu'à sa chute avant l'heure comme en 2004.
L'opposition ferait bloc, intensifierait les manifestations, l'économie deviendrait de plus en plus anémiée, le peuple ayant faim se mêlerait de la partie, Martelly partirait dans le désordre. Ce sera la transition qui n'en finirait pas avec le wait and see de la communauté internationale et tout ce que cela comporte de retour en arrière (2004), mais cette fois-ci sans les Alexandre, les Latortue (trop vieux) et surtout sans Ricot Bazin (décédé), qui, on l'a reconnu un peu tard, ont fait du bon travail, en renforçant l'arsenal législatif du pays (environ 60 décrets et autres actes législatifs) donc initiation de la réforme de l'Etat, en permettant à l'économie de renouer avec la croissance (taux de croissance positif, augmentation de la réserve de change, réduction de l'inflation, taux de change stabilisé), et en organisant des élections acceptables en 2006.
"Jovenel Moise ne peut pas être président, en tout cas  pas cette fois-ci".

En nous basant sur ces hypothèses (ces cas de figure), il est plutôt difficile pour Jovenel Moise de devenir président, à moins que l'opposition s'entête à ne pas parler d'une seule voix. En fait, ce qu'elle veut par dessus tout,  c'est éviter coûte que coûte la continuité de Martelly à travers J. Moise. Elle n'a pas un problème particulier avec la personne de Jovenel qui est plutôt un gars sympathique avec un discours apaisant et rassembleur, mais elle veut à tout prix évincer cet "usurpateur de Martelly", ce "vagabond"qui a osé entrer dans l'arène politique "comme un éléphant dans un magasin de porcelaine". En tout cas, à mon humble avis, la meilleure stratégie pour barrer la route à Martelly, c'est de participer au second tour de la présidentielle  à travers Jude Célestin et de manière vraiment unie, en s'organisant pour contrôler les fraudes et en évitant de frauder (mais il faut faire vite). Ainsi, en cas de fraudes massives du pouvoir, même gagnant, le candidat du pouvoir serait exclu si le CEP applique, cette fois-ci à la lettre et sans état d'âme, le décret électoral. Et, comme le souhaite l'ex-sénateur Annacacis Jean Hector, "Jovenel Moise ne peut pas être président, en tout cas  pas cette fois-ci". A moins qu'il y ait une entente entre Jovenel et les autres candidats pour partager le pouvoir ou, à la manière de Balaguer et de Pena Gomes, pour se succéder l'un l'autre ou les uns les autres. N'est-ce Clarens Renoit et Paul Gustave Magloire? Cette entente  suivie d'une grande concertation nationale pour "bâtir ensemble la nouvelle Haïti et la rendre possible" (Lucien Borges de TeleGinin et Valérie Numa de Vision 2000) étonnerait le monde et redonnerait espoir au pays, aux honnêtes gens qui souffrent de cette déchéance, de cette descente aux enfers. Faut rester positif et garder le moral pour ne pas sombrer dans la dépression collective. N'est-ce pas, Messieurs et Dames? Que Dieu bénisse Haïti!!!

samedi 31 octobre 2015

HAITI ELECTIONS 25 OCTOBRE 2015, LA PLUPART DES PRETENDANTS ANNONCENT LA COULEUR DU SANG


HAITI ELECTIONS 25 OCTOBRE 2015, LA PLUPART DES PRETENDANTS ANNONCENT LA COULEUR DU SANG
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 OCTOBRE 2015

Revu le 2 Novembre 2015

En dépit des mises en garde du décret électoral, la plupart des candidats à la présidence n'ont pas attendu les résultats du Conseil Electoral Provisoire (CEP) pour monter au créneau et annoncer la couleur. Pourtant, selon l'ensemble des observateurs du processus électoral, la journée du 25 octobre 2015 a été calme (0 mort si l'on excepte la mort accidentelle d'un policier), sans incidents majeurs (sauf quelque 285 arrestations, la question de vote des mandataires des partis politiques et des organisations d'observateurs électoraux, et autres petites anicroches relatives aux élections haïtiennes). Alors que s'est-il passé pour pousser certains prétendants au pouvoir et non des moindres  à dénoncer des fraudes massives, accuser le pouvoir en place de "coup d'Etat électoral ", à demander de mettre dehors le candidat du pouvoir Jovenel Moïse pour "fraudes massives", et de préparer à investir la rue au cas où le vote du peuple serait travesti? Il y en a même qui veulent la table rase (démission de Martelly et du CEP). A écouter le président du CEP, les résultats pour les présidentielles seront proclamés le 3 Novembre 2015 (le 5/11/15 pour se donner le temps d'analyser les pleintes des partis politiques) et refléteront le vote du peuple, car le système va rejeter tous les cas de fraudes et pourra même permettre d'identifier les fraudeurs tant du système qu'en dehors du système.  Ce qui est plutôt rassurant. Alors? 

FAITS SAILLANTS DU MOIS D'OCTOBRE 2015

Avant de rentrer dans le vif du sujet, passons en revue quelques faits saillants du mois. (i) La visite en Haïti de John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, n'est pas, à mon humble avis, innocente à la "réussite de la journée électorale" tout au moins sur le plan sécuritaire. (ii) Le retrait du décret créant la commune des Arcadins qui a paralysé partiellement le pays durant près de deux mois à cause du blocage de la Nationale No 1 par la population de l'Arcahaie. (iii) La visite du Président Martelly en République Dominicaine où il a rencontré son homologue dominicain sur les questions bilatérales, en particulier la mesure adoptée par Haïti sur les 23 produits interdits par voie terrestre (voir  http://jrjean-noel.blogspot.com/2015/09/haiti-elections-2015-le-secteur.html ) et la déportation des haïtiens et dominicains d'origine haïtienne. (iv) Le gouvernement a confié à une firme israélienne dénommée HLSI la gestion des frontières du pays pour une période de 10 ans. En ce sens, un protocole d’accord a été signé, le vendredi 23 octobre 2015, au ministère de l’Economie et des Finances, entre le gouvernement représenté par Wilson Laleau, titulaire dudit ministère et la représentante de la firme Eva Peled, vice-présidente de HLSI. La firme investira environ 49,3 M USD dans la restructuration et la modernisation d’une dizaine de postes douaniers et aussi dans l’acquisition de matériels et équipements pour la gestion des frontières.  (v) La prise d'un décret par le pouvoir en place favorisant la mise à disposition, aux ministres et secrétaires d'Etat,  des primes de 50 à 40,000 USD pour leur permettre de retourner dignement à la vie normale; ce décret a fait couler beaucoup de salives, vu la situation économique du pays actuellement. (vi) Haïti vient de rentrer dans une phase inflationniste à deux chiffres (10.3% d'inflation en rythme annuel); on comprend notre inquiétude au cas où nos politiciens, candidats à la présidence, qui se déclarent gagnants des élections du 25 octobre, passent de la parole aux actes après la proclamation des résultats par le CEP. Ce sera tout simplement terrible pour l'économie rachitique et malade d'Haïti. Maintenant, revenons à la question électorale.

LES ELECTIONS DU 25 OCTOBRE 2015

Le taux de participation autour de 25 à 30%
L'ensemble des observateurs ont reconnu que les élections présidentielles, sénatoriales 2e tour, et municipales se sont déroulées dans le calme le plus parfait sous la haute surveillance de la police nationale appuyée par la MINUSTAH, la force des Nations Unies. Le CEP a tenu compte des erreurs commises aux élections parlementaires du 9 aout 2015 et des recommandations des organisations de la société civile et des droits humains. La journée électorale du 25 octobre a été mieux organisée par le CEP, mise à part la question des mandataires qui a fait couler beaucoup d'encre. Les 17 organisations d'observation ont fait les mêmes constats et ont estimé le taux de participation autour de 25 à 30%, dont plus de la moitié des votants (14-16%) sont des mandataires et des observateurs qui, semble-t-il, se sont amusés à voter plusieurs fois et dans divers bureaux de vote (BV) avec la complicité de certains responsables de BV.

Accusations sans preuves 
Il est donc admis par l'ensemble des observateurs qu'il y a eu beaucoup d'irrégularités à cause de la présence des mandataires des partis politiques, des observateurs nationaux dont la pluparts ont commis beaucoup d'impairs. Pour les mandataires, il est rapporté au cours de la semaine suivant la journée du 25 octobre que certains ont utilisé leur statut pour voter plusieurs fois; il y a même une coalition d' observateurs qui est impliquée dans   des fraudes et des irrégularités. Il faut noter que ces fraudes et irrégularités ne peuvent avoir lieu sans la complicité des responsables de Bureaux de vote (BV). Les compables se sont donc désignés. Il serait difficile sinon impossible de trouver les auteurs intellectuels de "ce crime" dont on accuse le pouvoir en place; comme quoi l'ensemble des mandataires, qui sont de partis politiques différents, et des observateurs, neutres en principe, auraient perpétré ce forfait pour le compte du pouvoir. Il en est de même pour les bourrages d'urnes et le changement de bulletins en faveur du candidat du pouvoir dans des bureaux de vote dont les responsables sont des représentants de partis politiques. Réussir un tel coup à la barbe de tous les observateurs tant internationaux que nationaux, de tous les mandataires des autres partis politiques relèverait tout simplement du génie ou de la fiction. Un observateur averti n'accepterait jamais de telles accusations sans des preuves tangibles. Mais pauvre peuple haitien! Comment peut-il saisir de telles nuances dans les accusations et fournies en plus avec un tel luxe de details et une telle assurance par nos prétendants au pouvoir suprême?

"Jovenel Moise ne peut pas être président"
Parmi les 54 candidats à la présidence, les 36 candidats au Sénat, les multiples candidats à la Députation et aux communales, il y en a qui se sont déclarés vainqueurs de ces élections sans attendre les résultats du CEP. Certains ont mis dehors leurs partisans pour protester et intimider en vue d'infléchir les tendances  des votes affichés dans les centres de vote (CV) en leur faveur, en dépit de l'interdiction formelle du CEP. Quand on spécule à partir des premières déclarations, il ressort que quatre(4) candidats à la présidence émergent de ces élections. Il s'agit, par ordre alphabétique, de Jude Célestin (LAPEH), Jean Charles Moise (Pitit Dessalines), de Jovenel Moise (PHTK) et de Maryse Narcisse (LAVALAS). Il est à signaler que le premier à protester a été J.C. Moise et ses partisans ont occupé les rues du Cap-Haitien, la 2e ville du pays. Le parti LAVALAS a aussi dénoncé le candidat du pouvoir et a clairement demandé au CEP son éviction de la course sans autre forme de procès. Quant à LAPEH, ils ont dénoncé un "coup d'Etat électoral" et déclaré par la voix de l'ancien sénateur Anacassis que "Jovenel Moise ne peut pas être président, en tout cas peut-être plus tard, mais pas à ces élections" , a précisé l'ancien sénateur. Mises à part la réaction du ministre de la communication qualifiant de "mauvais perdants" certains candidats à la présidence, la réponse de Me  G. Mayard Paul au Sénateur Anacassis, et la conférence de presse de Monchéry, un allié de PHTK,  on n'a pas de réaction officielle de PHTK et, en particulier, du candidat de PHTK. Une chose est claire, on va vers un 2e  tour avec deux des candidats dont les tendances du vote placent dans le peloton de tête.

Le pays à feu et à sang comme en décembre 2010?
Quant aux autres candidats de second niveau, selon les premières tendances, ils ont dénoncé "le coup d'Etat électoral", les fraudes et les magouilles orchestrées par le pouvoir, et semblent prêts à  se rallier aux partisans de la table rase. Concernant ceux-là qui n'ont pas participé aux élections du 25 Octobre 2015, ils ont crié victoire et se sont donnés un certificat de satisfécit pour avoir prédit ce qui allait se passer. Ils se sont attribué le faible taux de participation  enregistré et ont déduit que plus de 70% de l'électorat sont pour la transition. Et ils vont se mobiliser pour obtenir le départ de Martelly et du CEP. Naturellement, après les résultats du CEP, ils vont très certainement avoir l'appui de la majorité des perdants pour mettre le pays à feu et à sang (?) comme en 2010 en faveur de Martelly. Mais à la différence de 2010, ce sera contre Martelly et encore contre le pouvoir en place. Et bonjour madame l'inflation et le renforcement du marasme économique dans lequel nous pataugeons!

CONCLUSION

Les rumeurs et informations rapportées par les médias soulèvent beaucoup d'inquiétudes. Les déclarations des candidats créent une situation de confusion et de peur. On se demande qu'est-ce qui va se passer à l'annonce des résultats par le CEP. Comme presque tout le monde avait déclaré avoir gagné les élections, on est sur d'une chose: quels que soient les résultats proclamés par le CEP, il y aura beaucoup d'insatisfaits, et s'ils mettent en application leurs menaces, Haïti va connaitre des moments difficiles sinon catastrophiques.

Il faut rappeler à nos politiciens que notre économie est dans une phase inflationniste ascendante(10.3%). Ce qui est de très mauvais augure pour toute la population. Avec les événements annoncés, la situation du pays sur le plan économique pourrait devenir intenable. Nos hommes politiques doivent en tenir compte dans leurs réactions et mots d'ordre à la population à travers le pays. C'est bien de défendre son vote, il est malsain et irresponsable de pousser la population à mettre le pays à feu et à sang au cas où tel candidat ou tel autre ne gagnerait pas les élections. Il ne peut y avoir qu'un gagnant par poste électif. Et, pour les présidentielles, il ne peut y avoir un 2e tour à quatre (4) candidats. Est-ce que nos politiciens ont bien compris tout cela?

Autre chose, aucun parti politique n'a le droit de décider qui a le droit d'être président ou pas. Seul le vote de la population peut décider du sort d'un candidat. Ce qui s'est passé en 2010 n'était pas du tout démocratique, c'était un accident  de parcours. On n'a pas le droit de le reproduire sous aucun prétexte. Au CEP de trouver la meilleure formule pour contrecarrer les fraudes perpétrées; de faire punir les coupables quels qu'ils soient, sans tenir compte de leur appartenance politique et sans exclusive; de corriger les fraudes et irrégularités,  et de donner les résultats correspondant au vote de la population. A nos politiciens d'accepter le verdict des urnes et non leur verdict personnel!

Il y va de l'avenir du pays et non de celui de quelques clans politiques se réclamant l'exclusivité de l'amour de la patrie. Pensons Haïti d'abord et avant tout. Et pour cela, cessons d'annoncer la couleur du sang! N'est-ce pas, Messieurs et Dames, les prétendants aux destinées de la patrie commune, notre chère et unique Haïti?



mercredi 30 septembre 2015

HAITI ELECTIONS 2015: LE SECTEUR AGRICOLE, "LOCOMOTIVE DE LA CROISSANCE"?

HAITI ELECTIONS 2015: LE SECTEUR AGRICOLE, "LOCOMOTIVE DE LA CROISSANCE"?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

30 SEPTEMBRE 2015

Revu le 3/10/2015

Haïti a vécu ce mois de Septembre 2015 dans la douleur de la disparition du principal représentant du Vodou, l' "Ati" national, Max Beauvoir qui a  eu droit  à des funérailles nationales. Dans une conjoncture marquée par les activités électorales, manifestations de rue contre les élections du 9 Aout 2015 et contre le CEP, campagnes électorales des candidats à la présidence et  aux communales dont le premier tour est prévu pour le 25 Octobre 2015, le ministère de l'économie et des finances (MEF) a finalisé le budget 2015-2016 et présenté aux candidats à la présidence  le budget triennal articulé autour du secteur agricole comme  "locomotive de la croissance".  Dans ce budget, selon les dires du ministre Laleau, le ministère de l'agriculture aura droit à 20 Mrds HTG sur trois (3) ans, soit en moyenne un montant de 6.67 Mrds HTG/an. Est-ce suffisant pour ce nouveau rôle de "locomotive de la croissance"?  Comme à mes habitudes, avant d'essayer de répondre à cette question, passons en revue quelques faits saillants du mois dont l'adoption par l'ONU des 17 objectifs de développement durable (ODD), attardons-nous  sur le processus électoral, analysons les enjeux liés au rôle de locomotive de croissance du secteur agricole et terminons sur des conclusions appropriées.

Les faits saillants du mois

Le Président Martelly a effectué un voyage en Jamaïque dans le cadre d'une rencontre sur le PETROCAIBE. Il s'est fait accompagner  de son fils Olivier qu'on disait en prison en Floride. C'était une sorte de réponse à cette rumeur persistante.

Le Premier Ministre Paul  a été aux USA rencontrer certaines personnalités américaines dont le Secrétaire d'Etat J. Kerry ,très certainement en relation avec le processus électoral et en lien avec la nomination de Kenneth Merten, ancien ambassadeur américain en Haïti et actuel responsable du dossier Haïti au Département d'Etat américain. A noter que, en 2010, M. Merten était partie prenante des élections de 2010; c'est un Monsieur qui maîtrise le "dossier Haïti". Sa nomination n'est donc pas le fait du hasard.

Un léger  remaniement est intervenu au sein du gouvernement. Mario Dupuy a remplacé R. Francois Jr à la Communication, et Lyonel Valbrun a remplacé F. Dorcin au Ministère de l'agriculture. Valbrun est le 5e ministre de l'agriculture de l'administration Martelly. Cette instabilité au niveau institutionnel s'étend à l'ensemble de l'administration Martelly, si l'on excepte le Ministère des Travaux Publics (MTPTC), le  Ministère du Tourisme (MTIC) et le Ministère de la Santé (MSPP).

Le ministère de l'économie et des finances a pris des mesures d'interdiction contre 20 produits qui ne pourraient entrer au pays que par voie maritime, Ports  de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien. Ces mesures sont un peu controversées. Elles favoriseraient les gros commerçants de Port-au-Prince au détriment de ceux des autres départements frontaliers, en particulier ceux du Nord Est. Elles  créeraient une situation de monopole, et favoriseraient un petit groupe de commerçants. Ces mesures sont aussi perçues comme des représailles vis-à-vis de la République Dominicaine. En ce sens, elles son plutôt bien accueillies.

C'est l'adoption à l'ONU des 17 objectifs de développement durable (ODD) qui remplacent les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et ses 8 objectifs avec une atteinte mitigée des cibles visés. Ramenés à l'échelle d'un pays, ces objectifs pourraient  presque tous appliquer à Haïti. Voyons voir:

1) Mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes, partout ; 2) Éradiquer la faim, garantir la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition, et promouvoir l’agriculture durable ; 3) Garantir la bonne santé et promouvoir le bien-être de tous, à tous les âges ; 4) Garantir une éducation de qualité sans exclusion et équitable et promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous ; 5) Parvenir à l’égalité entre les sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ; 6) Assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous ; 7) Garantir l’accès à une énergie abordable, fiable, durable, et moderne pour tous ; 8) Promouvoir une croissance économique soutenue, sans exclusion, viable, le plein-emploi productif et un travail décent pour tous ; 9) Construire des infrastructures résilientes, promouvoir l’industrialisation sans exclusion et durable et encourager l’innovation ; 10) Réduire les inégalités au sein des pays et entre les pays ; 11) Faire des villes et des établissements humains des endroits sans exclusion, sûrs, résilients et durables ; 12) Garantir des modèle de consommation et de production durables ; 13) Agir d’urgence pour lutter contre le changement climatique et ses impacts (en tenant compte des engagements pris dans le cadre de la CCNUCC) ; 14) Préserver et utiliser de manière durable les océans, mers et ressources marines pour le développement durable ; 15) Protéger, restaurer et promouvoir une utilisation durable des écosystèmes terrestres, gérer les forêts de manière durable, lutter contre la désertification stopper et combattre la dégradation des terres et mettre fin à la perte de la biodiversité ; 16) Promouvoir des sociétés pacifiques sans exclusion dans le cadre du développement durable, permettre un accès à la justice pour tous et mettre en place des institutions efficaces, responsables et sans exclusion à tous les niveaux ; 17) Renforcer les moyens de mise en œuvre et revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable.

Pour être applicables ici en Haïti, il faudrait des politiques publiques nationales très sérieuses à mettre en œuvre sur une période de 15 ans. Nos politiciens devraient s'en approprier dans le cadre d'une grande concertation nationale de laquelle sortirait un programme national qu'ils s'engageraient à appliquer à tour de rôle.  Ce qui nécessiterait des ressources importantes tant internes qu'externes pour l'atteinte de ces objectifs à l'échelle du pays. Or on est dans une conjoncture de rétrécissement de l'aide externe pour le développement envers Haïti ( seulement 500 M USD actuellement selon le Ministre Laleau vs 1 Mrd USD juste après le tremblement de terre).

Il faut noter que, à l'échelle de la planète,  ces 17 objectifs nécessiteraient 3500 Mrds USD/an pour être mis en œuvre  du 1er   janvier 2016 au 31 Décembre 2030. Or, actuellement, selon ce qu'a rapporté Alain Faujas, " L’aide publique demeure indispensable, mais elle plafonnera à 150 milliards de dollars, ce qui est une goutte d’eau, commente Bertrand Badré...Quand on cumule l’aide publique au développement (135 milliards de dollars en 2014), l’argent envoyé chez eux par les émigrés (de l’ordre de 440 milliards), les dons et les prêts des organismes multilatéraux, on parvient à 1 000 milliards de dollars disponibles par an. C’est beaucoup, mais insuffisant, affirme le rapport « From Billions to Trillions : Transforming Development Finance » élaboré par la Banque africaine de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d’investissement, la Banque interaméricaine de développement, le FMI et la Banque mondiale".

Processus électoral

C'est dans cette conjoncture ponctuée de la visite de Kenneth Merten en Haïti, de lancement de campagnes électorales pour les présidentielles, les communales et le 2e  tour des législatives après la publication surprise des résultats définitifs y relatifs que le Ministre Laleau a décidé de présenter le budget 2015-2016 (122.7 Mrds HTG ou 2.35 Mrds USD) aux candidats à la présidence avec comme toile de fond, le secteur agricole comme "la locomotive de la croissance".  Avant d'y arriver, jetons un coup d'œil sur le processus électoral.

Le CEP a annulé les élections dans plusieurs communes du pays. Tout le monde s'est accordé sur un taux de participation assez faible aux élections du 9 Août 2015. Les résultats préliminaires ont donné lieu à des manifestations de rue à travers le pays. La Plate-forme VERITE s'est retirée de la course électorale malgré ses avances aux législatives du fait que le CEP refuse de réintégrer son candidat à la présidence, Jacky Lumarque. La FUSION DES SOCIAUX DEMOCRATES semble faire de même. LAVALAS veut l'annulation des élections du 9 Août tout en faisant campagne pour les présidentielles: le parti de l'ex-président Aristide joue sur les deux tableaux. Pourtant le CEP a profité de la conjoncture pour donner les résultats définitifs des législatives du 9 Août avec l'élection de deux Sénateurs Youri Latortue dans l'Artibonite et Renel Sénatus dans l'Ouest, en dépit du fait de l'annulation des élections dans plusieurs circonscriptions dans l'Artibonite et dans l'Ouest.

A mon humble avis, il serait beaucoup plus sage de reprendre d'abord les élections partielles au niveau de ces circonscriptions avant la proclamation de résultats définitifs. Très certainement, la reprise des élections dans ces circonscriptions aurait changé la donne, peut-être pas pour Sénatus, peut-être pas pour Latortue, mais aurait permis une bataille plus équitable pour la 2e place. Prenons le cas de l'Artibonite, le Bas Artibonite n'aura pas de représentant à la Chambre Haute. Ce qui est une injustice quand on sait que les élections ont été annulées par le CEP principalement au niveau des communes du Bas Artibonite. Et puis d'ailleurs si les résultats sont définitifs, il n'y aura plus nécessité de reprendre les élections sénatoriales au niveau de ces circonscriptions. La reprise de ces élections changerait quoi? Par contre, on ne voit pas d'inconvénient à la proclamation des résultats définitifs pour les députés. On espère que ces résultats définitifs ne viennent pas perturber encore le processus électoral et nuire à la journée du 25 Octobre. Ce sera la faute au CEP qui semble confronter de sérieuses divisions internes (démission d'un des 9 conséillers).

Pour les élections présidentielles, communales et législatives 2e tour, les candidats mettent les bouchées doubles surtout pour les présidentielles.  Jude Célestin, Moise Jean-Charles, Jovenel Moïse, Steve Khawly, Sauveur Pierre Etienne, Jean Henry Céant,  Maryse Narcisse, Steven Benoit, Mario Andresol... sillonnent le pays pour des meetings électoraux; des photos géantes sont un peu  partout; les murs sont placardés de photos de candidats , sans ménager les murs des résidences privées et des services publics. C'est la fièvre électorale. Tout laisse croire que les élections auront lieu le 25 Octobre, en dépit des protestations des uns et des autres. Le Premier Ministre  Paul est très confiant. Le CEP aussi. Pour la majorités des candidats, l'agriculture est la priorité des priorités. Parlons en justement.

Rôle et enjeux du secteur agricole comme "locomotive de la croissance"

L'agriculture  a une forte contribution au PIB global 23-25 % , mais  est traitée en parent pauvre dans le budget national (entre 4 et 7 % du budget national  depuis plus de 20 ans) avec des décaissements en retard sans tenir compte des deux grandes campagnes d'Hiver (25% de la production agricole) et de Printemps (60% de la production). Il est à noter que les décaissements pour le ministère de l'agriculture se font en général durant la 2e moitié de l'exercice et souvent à la fin de l'exercice. Les 6.67 Mrds HTG prévus en moyenne annuellement pour les trois prochaines années (5.5% du budget) restent dans la même fourchette  depuis la prise du pouvoir par l'administration Martelly. Avec un tel montant, il serait difficile pour le secteur agricole de jouer ce nouveau rôle. En effet, une locomotive doit en principe être assez puissante pour entrainer les wagons du train national de développement. Avec 5.5% du budget global, ce serait difficile pour ne pas dire impossible. Heureusement, selon le document final du budget 2015-2016 (Ref. MEF), le MARNDR est crédité de 11,9 Mrds HTG, soit 9.7% du budget global. 

Durant la présidence de M. Martelly, la seule et unique fois que le pays a connu un taux de croissance de 4.3% (2012-2013), si l'on exclut le taux de croissance de 5.5% pour l'exercice 2010-2011 en partie due à la présidence de M. Préval ( le Premier Ministre Conille fut nommé en octobre 2011), c'est quand, à coté du budget normal accordé au ministère, il y a eu un programme d'urgence post-Sandy de 1.4 Milliards de gourdes et une bonne pluviométrie durant l'exercice 2012-2013, cette combinaison de facteurs favorables a permis au secteur agricole de contribuer  au PIB global à hauteur de 4.6%.

10% du budget au ministère de l'agriculture
Etant désigné comme la locomotive de la croissance pour l'exercice 2015-2016, le secteur agricole devrait avoir, à mon humble avis, au moins 10% du budget national pour mener à bien sa nouvelle mission (9.7% du budget est acceptable pour cet exercice). Le MARNDR devrait elaborer un budget triennal avec des tranches annuelles autour de 12 Milliards de HTG ou plus (selon le montant du budget), pour rester en phase avec sa nouvelle orientation basée sur des pôles de croissance articulés autour des 5 châteaux d'eau du Pays et des périmètres irrigués  et irrigables en aval de ces châteaux d'eau.

Dans le cas où l'administration issue des élections voudrait vraiment voir le ministère de l'agriculture jouer son rôle de "locomotive de la croissance", il  faudrait lui donner les moyens de sa politique, à savoir 10% du budget national pour les 3 années à venir dont 5 Milliards de gourdes annuellement du Trésor public  à décaisser selon un calendrier fourni par le ministère et discuté avec les  ministères du plan (MPCE) et  de l' économie et des Finances  (MEF) qui ont très peu fait cas du calendrier agricole durant la présidence de M. Martelly et même avant. Sera-ce différent à la fin de l'administration Martelly?

Ainsi, le ministère de l'agriculture pourrait espérer réussir sa nouvelle mission de locomotive de la croissance, avec (i) cet apport de 10% du budget national, (ii) la bonne  pluviosité attendue après le passage d'Erika, (iii) les investissements  des gros entrepreneurs privés prévus dans le secteur ( Ex: AGRITRANS dans la banane),et (iv) les investissements privés traditionnels de nos petits agriculteurs qui investissent, bon gré mal gré, plus d'un milliard de dollars (1 Mrd USD) annuellement dans le secteur agricole selon les estimations  de certains cadres du ministère de l'Agriculture (plus d'un million d'exploitations agricoles, Réf. RGA).

Bonne gouvernance + moyens appropriés = résultats
Dans le cas où cette tendance à la hausse (9.7% du budget global de 2015-2016) ne se maintiendrait pas par la nouvelle administration qui sortirait des urnes et que le MPCE et le MEF ne tiennent pas compte du calendrier agricole  et de l'année agricole (Mars- Février), les résultats pour 2015-2016 (décaissements à temps) et pour les deux autres exercices à venir 2016-2017 et 2017-2018 (10% du budget et décaissements à temps), ne relèveraient que du miracle . Et les miracles ne dépendent que de Dieu.  Quant aux hommes, sans une bonne planification, une bonne gouvernance et les moyens appropriés, les résultats ne suivront pas.

Conclusions


La plupart des candidats à la présidence misent sur l'agriculture pour amorcer le développement du pays. Il y  en a qui sont ou étaient des agriculteurs ou issus de la classe paysanne. De plus les ODD accordent une place prépondérante à l'agriculture qui nécessite des politiques publiques appropriées. Il serait donc intéressant que, une fois les élections terminées, l'administration qui en sera issue maintienne cette vision  de "locomotive de la croissance" allouée au secteur agricole par l'administration  Martelly, et prenne les dispositions budgétaires en lien avec cette vision, tout en articulant les politiques publiques des autres secteurs autour du secteur agricole, en les intégrant dans un programme de long terme axé sur les ODD dans le cadre d'une grande concertation nationale pour accorder  nos violons en vue de déboucher sur une Haiti sans faim en 2025 et une Haïti émergente à l'horizon des années 2030.