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jeudi 29 mars 2012

HAITI: EN ATTENTE DU VERDICT DU PARLEMENT, DES INTERROGATIONS SANS REPONSES POU LE SAUVEUR LAMOTHE?


HAITI: EN ATTENTE DU VERDICT DU PARLEMENT,  DES INTERROGATIONS SANS REPONSES POU LE SAUVEUR LAMOTHE?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
29 MARS 2012

C’est le 25e anniversaire de la Constitution aujourd’hui. Ce jour-là, on avait tellement d’espoir ! On était tellement content ! 25 ans plus tard, quel désenchantement! La constitution amendée sera-t-elle publiée ? Et puis, publiée ou pas, qu’est-ce qu'on en gagnerait ? « Constitusyon se papye, bayonet se fè ». On continuerait à la violer, à en abuser comme notre chère Haïti ? Où est donc passé mon optimisme proverbial ? En tout cas, bonne fête à notre Constitution ! Voyons ce qui s’est passé durant ce mois.

Depuis l’annonce de la démission du Dr CONILLE comme Premier Ministre, le pays fonctionne au ralenti. Le Président MARTELLY a désigné un nouveau Premier Ministre en la personne de Mr Laurent Salvador LAMOTHE, qui a déjà déposé ses pièces par devant la commission sénatoriale créée à cet effet. Mr  LAMOTHE, ami et associé du Président, vu l’aversion de certains parlementaires vis-à-vis du Président, et cette grande solidarité constatée au sein du Parlement  dans son duel avec l’Exécutif, en particulier avec le Président, quel sera le sort de LAMOTHE ? Combien de temps cela va durer avant le verdict du Parlement ? Après les fêtes de Pâques ? « Après le départ des dinosaures du Parlement en mai 2012 » ? Pour répéter Daly VALET  et Valéry NUMA de Radio Vision 2000. Et avec «  le départ des dinosaures », la majorité changera de camp. LAMOTHE ne subira-t-il pas le sort de ROUZIER et de GOUSSE ? En tout cas, Mr CONILLE, lui, il en marre de liquider les affaires courantes. Il en aurait fait part au Président du Sénat. Que faire en de pareil cas ? Agir comme le Président PREVAL durant son premier mandat après la démission du Premier  Ministre, R. SMART et sa cessation de liquider les affaires courantes ? C’est à devenir fou ! Quel singulier petit pays !!! Continuons.

Parallèlement à tout ce cirque, le pays périclite au grand dam de la majorité silencieuse qui se terre dès 7 h du soir avec le changement d’heure qui revient avec le Président MARTELLY. Serge Beaulieu protesterait contre ce sacrilège de changer « l’heure nationale ». Laissons Serge dans sa tombe. Il est certainement mieux que nous là où il est !

 Toujours est-il que le Président a soumis ses passeports à la Commission Sénatoriale sur la double nationalité par l’intermédiaire du groupe interreligieux «  Religion pour la paix » après « un show médiatique » au Palais National. Selon l’ambassadeur américain présent à ce show, le Président MARTELLY n’est pas américain. Le doute sur la nationalité du Président, tout au moins sur sa nationalité américaine, est donc levé? Aussitôt, le principal adversaire du Président saute  sur l’occasion pour accuser le Président de frauder car sur sa carte de résidence il se prénomme « Michael » et non  Joseph Michel. Si fraude il y avait, cette fraude concernerait-elle Haïti ou les USA ? Combien de temps va encore durer cette affaire ? Que faudra-il faire pour l’évacuer définitivement ?

 Au niveau de la Chambre basse, c’est le rapport mitigé sur « l’affaire Bélisaire » qui met en exergue la responsabilité du Président dans l’arrestation du Député. Mais  la Chambre basse « renonce, au nom de la Nation, à enclencher la procédure de destitution du Président Michel MARTELLY », tout en se réservant «  le droit de prendre telle mesure que de droit en temps opportun ». La menace de destitution est donc différée. Pour combien de temps ? Mr BELISAIRE est revenu à la charge en accusant le Président de se prénommer «  Olivier » et qu’il irait jusqu’à la  destitution du Président  pour fraude du fait d’avoir utilisé aux USA le prénom d’Olivier. Il détiendrait des « preuves irréfutables » comme l’autre. Là encore au cas cela se révèlerait vrai, est-ce à la Chambre des députés de statuer sur cette fraude qui concernerait au premier chef les USA ? A notre connaissance, c’est Joseph Michel qui est président et non Olivier. Que faire ?

Au niveau du Pays, en attente de son nouveau Premier Ministre, c’est la remontée de l’insécurité ; c’est l’ « ancienne armée d’Haïti » qui fait les siennes en paradant dans les rues et en occupant les locaux publics, en particulier dans le Nord du Pays là où l’Etat concentre ses investissements (environs 500 M USD), une zone qui aurait dû être sécurisée. Qui a donc intérêt à montrer que cette zone prioritaire en termes d’investissements n’est  pas sure ?  Alors, quelles sont les mesures appropriées à arrêter pour adresser ce problème d’insécurité ? Comment mieux utiliser la MINUSTAH et la Police Nationale pour faire face à l’insécurité même en période de crise ? Encore que démission ou pas du souffrant Chef de la Police avant la fin de son mandat en août 2012 ? Août c’est demain, pourquoi vouloir une démission de ce Monsieur maintenant ? Quelle est l’économie d’une telle démission ? Que de mauvais signaux adressés aux méchants loups !

C’est aussi l’arrivée des premières pluies avec les dégâts que l’on sait. La saison pluvieuse arrive plus tôt que prévu. Est-ce le phénomène « El Nino » comme l’a annoncé la CNSA ? En tout cas, le ministère de l’agriculture en a profité pour commémorer avec ses partenaires « la journée mondiale de l’eau » sous le thème : « l’eau et la sécurité alimentaire »,  et pour lancer la campagne de Printemps, 825 M GHT selon la CNSA, avec  la probabilité d’une bonne réussite vu les conditions climatiques favorables qui pourraient provoquer des pluies abondantes très bonnes pour l’agriculture pluviale de loin la plus importante en Haïti, mais aussi avec des risques d’inondations en aval au niveau des périmètres irrigués, des terres agricoles, des villes et villages à cause de la vulnérabilité du pays liée à la dégradation des bassins versants. Haïti, pays de paradoxes !

Au cours de cette campagne de printemps, le ministère de l’agriculture avait préparé un programme spécial pour l’augmentation de la production de maïs avec des investissements importants. A ce qu’il parait, les fonds espérés n’ont pas été mis à disposition, le projet WINNER et la FAO qui  investissent beaucoup dans cette campagne de maïs (environ 20,000 ha emblavés en bonnes semences de maïs) avec l’aval du ministère de l’agriculture, permettront-ils au pays de garantir une production  de 60 à 70,000 TM en plus de la production paysanne qui se fait à base de grains comme semences? Le programme ABA GRANGOU permettra-t-il d’avoir accès à des financements pour ces genres de programmes qui devraient marcher de paire avec les campagnes agricoles ? Ne serait-il pas bon désormais d’exiger que les agences de coopération, les projets/programmes agricoles financés par la communauté internationale, les ONGs contribuent à la réussite de ces campagnes agricoles et qu’ils en tiennent compte dans leurs programmes annuels ?

C’est l’amplification des répliques du tremblement de terre du 12 janvier 2010, et de petits séismes inférieurs à 5. Donc, il y a risques sismiques et conséquemment de tsunamis qui pourraient atteindre des vitesses de 280 Km/h et des hauteurs d’eau de 3 à 5 m dépendant de la magnitude des séismes les provoquant. Heureusement il y a une prise de conscience au niveau de la population et, en principe, au niveau de l’Etat. Mais cette prise de conscience est-elle suffisamment forte pour conduire à l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques y relatives ?

La Quinzaine de la Francophonie a été un succès. Une fois de plus, la culture haïtienne a montré sa force. Franck Etienne, ce vieillard qui chante, qui danse, qui débite sa poésie dans une langue propre à lui, est à lui seul tout un pays, toute une culture. Alors pourquoi ne pas baser notre développement sur notre culture, Haïti l’exception culturelle de la Caraïbe ?

Durant la Semaine de la Diaspora, la culture haïtienne a été à l’honneur. Le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger a fait de son mieux  pour la réussite de ces grandes retrouvailles annuelles. Jimmy Jean-Louis, le grand acteur haïtien qui triomphe sur la scène internationale et particulièrement dans le film Toussaint Louverture, était de la partie. Il y a de quoi en être fier. Revivre cette tranche d’histoire à travers le film, quel régal !!! Nos politiciens actuels sont-ils trop petits pour atteindre la dimension de Toussaint ? Ont-ils cette ambition de marquer leur temps, ne serait-ce qu’un tout petit peu ? Si c’en avait-été le cas, ils se seraient comportés autrement vis-à-vis de ce coin de terre, en lui témoignant un amour indéfectible jusqu’au sacrifice  dans la dignité et malgré la privation. C’est cela, l’haïtien profond, le vrai qui sommeille en chacun de nous, qui pense pays et non clan. Surpassons-nous, prenons de la dimension pour mieux gérer cet héritage légué par Toussaint, Dessalines, Christophe et Pétion. Pourquoi ne pas passer ce film sur toutes les chaines de télévision en même temps et aux mêmes heures pour toucher les fibres au tréfonds de chacun de nous ? MM le Président, les Membres du Gouvernement démissionnaire, les Membres du Parlement et les Membre du Corps Judiciaire, ne pouvez-vous pas vous mettre d’accord sur ce minimum en attendant le grand consensus national prôné par l’autre et rêvé par tous ?

Voilà des interrogations qui nous interpellent tous, en particulier, nos gouvernants, et spécifiquement M. LAMOTHE Laurent Salvador, ce jeune de 39 ans au prénom prédestiné (Sauveur en francais), soit seulement 6 ans de plus que Jésus Christ 33 ans, ce Sauveur, ce révolutionnaire que nous avons sacrifié il y exactement 2012 années, 21 ans de moins que Toussaint Louverture (60 ans) qui s’est sacrifié il y a exactement 209 ans en espérant que les racines de l’arbre de la liberté des noirs allaient favoriser la récolte des fruits de l’Indépendance de cet Etat Nègre en 1804 avec Dessalines (48 ans), et 9 ans de moins que ce Grand Général qui a humilié la plus grande armée de l’époque, l’armée française, et que nous avons sacrifié il y a environ 206 ans. Consentirions-nous à nous regrouper autour de ce jeune Homme sans partisannerie pour en faire notre prochain Premier Ministre dans le cadre d’un autre consensus minimum pour répondre à ces interrogations et autres qui sont fondamentales pour la relance de l’économie haïtienne et sauver notre Haïti Chérie ? S’il arrive à se surpasser pour se positionner en Homme d’Etat et non en homme de clan, deviendra-t-il peut-être le "Sauveur d’Haïti" ? Que d’interrogations pour en arriver là !

lundi 27 février 2012

HAITI : DEMISSION DU PM CONILLE, BELLES LEÇONS DU PARLEMENT ?



HAITI : DEMISSION DU PM CONILLE, BELLES LEÇONS DU PARLEMENT ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
27 FEVRIER 2012

Que Dieu protège Haïti !” écrivent les Présidents du Senat et de la Chambre des députés dans leur « Appel à la Nation » après la démission de Garry Conille, l’ex-Premier Ministre Haïtien. Ce texte est publié dans Le Nouvelliste sous le titre évocateur : « Pour l’obéissance aux lois de la cité et le respect de l’ordre constitutionnel, légal et démocratique. »
Après avoir évoqué l’histoire pour  rappeler comment la citoyenneté de la cité grecque a été élevée «à la dimension d'un sacerdoce », les deux responsables, co-dépositaires de la souveraineté nationale, se sont posé ces questions : « Qui aujourd'hui refuse de se soumettre à l'ordre démocratique ? Qui sont ceux qui font souffler un vent de fronde au sommet de l'État ? ». C’est clair et net. L’Exécutif, qui s’est donné en spectacle depuis « l’affaire Bélisaire » jusqu’à la démission de Conille, en passant par l’incident chez le Premier Ministre, vient de permettre au Parlement de marquer de nouveaux points dans sa bataille contre la Présidence depuis la prise du pouvoir par le Président Martelly, le 14 mai 2011.
Plus loin, dans leur appel à la nation, les deux signataires visent haut et fort et le font savoir au Président de la République avec un « p » minuscule, en sollicitant le concours de tout le monde, en particulier ceux-là qui ont fait 1990 :
« NATION HAÏTIENNE, CONCITOYENNES ET CONCITOYENS, c'est pour nous, leaders du Parlement, un devoir sacré et un honneur particulier d'affirmer à la face du monde que vous êtes une entité emblématique chargée d'histoires.-Vous étiez debout en 1804, en 1934, en 1986 et en 1990. - Soyez debout aujourd'hui pour le respect du préambule de la Constitution de 1987 et le respect des lois votées par le Parlement!-Soyez debout pour appeler le président de la République au respect de son serment d'observer et de faire observer fidèlement la Constitution et les lois de la République! »
Enfin de compte, le Président est rendu responsable du non respect des délais électoraux et est présenté comme un danger pour la démocratie :
« Soyez debout pour sauvegarder les acquis démocratiques, en exigeant des élections libres, honnêtes et démocratiques dans les délais prescrits par la loi et la Constitution. »
Belles leçons à la Présidence, au Président et à l’Exécutif réduit à une seule tête, alors que  le Parlement s’est arrangé pour garder sa cohérence et a su retourner intelligemment la situation en sa faveur en minant avec l’aide de la Presse le peu de popularité que le Président dispose et qu’il n’a pas su gérer. Or, après avoir rejeté politiquement les deux premiers « Premiers Ministres présentés par le Président, tout le monde regardait le Parlement avec suspicion, commençait à parler de méchanceté, d’esprit de groupe, d’intérêts mesquins, de vagabondage et de sabotage.
La Présidence et le Président n’ont pas su gérer cette situation en leur faveur jusqu’à la ratification de Conille comme Premier Ministre. Cet avantage a été galvaudé par un ensemble de gaffes commises par le Président avec la Presse, le Parlement, et liées à des paroles et actions non conformes à l’image que se font des Haïtiens vis-à-vis de leur  Président de la République. En tout cas, le Président et son équipe sont actuellement dos au mur en dépit de la réussite du Carnaval 2012. Il aurait dû trouver, en Homme d’Etat, une formule pour diriger le pays avec le Premier  Ministre Garry  Conille et ne pas laisser le fossé s’élargir entre lui et son Premier Ministre après l’apparition des premières fissures que le Parlement a su exploiter à fond. N’est-ce pas un parlementaire qui a alerté le Président lors de cette fameuse réunion chez le Premier Ministre ? Ce geste était-il partisan ou faisait-il partie d’un plan machiavélique sachant le coté impulsif et bulldozer du président de la République ?
En tout cas, notre pays rentre,une fois de plus,   dans une période d’incertitude avec la démission de Mr Garry Conille qui pourrait aggraver la situation globale, augmenter l’insécurité, ralentir l’économie, favoriser le "wait and see" de la Communauté internationale et conduire notre pays vers l’abime, avec le gel du budget 2012 en attendant la ratification d'un autre Premier Ministre, ou la reconduction du budget de l'exercice 10-11 dans le cas d'une liquidation trop longue des "affaires courantes" par le PM Conille, compromettant par ainsi les objectifs du budget 2012 et le programme gouvernemental y relatif . Mais d’un autre coté, cette démission pourrait permettre au Président de choisir un de ses hommes s’il arrive à trouver un accord avec le Parlement qui reste le maître du jeu politique depuis l’affaire Bélisaire. Et dans la deuxième hypothèse, on espère que le Président aura appris les leçons du Parlement qui a su rester solidaire avec ses énergumènes les plus irréductibles par le sacro saint esprit de corps, esprit d’équipe, et pour des intérêts mesquins sous couvert d'intérêts nationaux. Belles leçons en vérité du Parlement dans une Haïti de trahison pour des broutilles et individualiste !!!


dimanche 29 janvier 2012

HAITI : BUDGET 2012, DEMARRAGE RECONSTRUCTION OU DEBUT PROCESSUS DE DESTITUTION ?


HAITI : BUDGET 2012, DEMARRAGE  RECONSTRUCTION OU DEBUT PROCESSUS DE DESTITUTION ?

JEAN ROBERT JEAN-NOEL
29 JANVIER 2012

D’un côté le Gouvernement s’agite présentant son bilan devant l’assemblée nationale et, par la suite, dégageant des perspectives pour l’exercice en cours à partir d’un budget de 121.00 Mrds de Gourdes (3 Mrds USD environ). Le 12 janvier 2012, Haïti a reçu ce beau bâtiment universitaire de Lyonel Fernandez d’une capacité de 10,000 étudiants et localisé à Limonade dans le Nord d’Haïti. La Présidence a présenté son programme « ABA GRANGOU » en s’appuyant sur l’ensemble des programmes ayant une incidence sur la sécurité alimentaire, en particulier sur le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN 2010-2025). Le Ministre des affaires étrangères, accompagné des Ministres du Commerce, du Plan et du Tourisme, a visité la France et est reçu avec honneur au Quai d’Orsay . Le Président a été au Forum de Davos pour promouvoir Haïti dans le cadre de sa politique de « diplomatie des affaires et du développement » et parler de cette armée en soutien au développement dont le rôle principal s’articulerait autour de la protection des investissements et qui aurait reçu l’appui de La France.

D’un autre coté, le Parlement a ouvert sa session du 2e lundi de janvier 2012 avec la participation du Président et du Premier Ministre et en procédant aux élections au niveau des deux chambres avec des victoires du Groupe GPR renforçant par ainsi sa position au Parlement et ses moyens de négociation avec le gouvernement. Le Senat, sur fond d’un scandale financier (questure), mène une enquête sur la nationalité du Président et de certains ministres avec possibilité de destitution du Président  en cas de véracité des révélations. La Chambre des députés enquête sur « l’affaire Bélisaire » avec convocation de ministres qui pourraient être destitués et peut-être le Président. Qu’en est-il des membres du Parlement qui auraient la double nationalité ? La question n’est même pas agitée. Et puis, quand  bien même cela serait, qui oserait agiter une telle question ? En tout cas pas l’Exécutif qui a le dos au mur et qui n’aimerait pas entrer en conflit avec un Parlement si fort et si puissant drapé dans son immunité et capable, si se sentant menacé, de tout chambarder y inclus le budget!

Le budget 2012 non idéal mais acceptable
Avec près de 3 Mrds d’USD de budget pour l'exercice en cours, le Gouvernement Conille respecte la déclaration de politique générale du Premier Ministre. La croissance du PIB prévue est autour de 8% au lieu de 9% prévue par la politique générale. Les autres éléments macroéconomiques restent les mêmes (réf. http://www.jrjean-noel.blogspot.com/2011/12/haiti-bilan-2011-et-perspectives-2012.html et http://www.jrjean-noel.blogspot.com/2011/10/haiti-politique-generale-du-dr-conille.html). Ce budget a été présenté au grand public grâce à l’initiative du Group Croissance. L’initiative est historique. Bravo Kesner Pharel et Bravo Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances qui s’est prêté au jeu de bon cœur ! Le budget devient l’affaire de tout le monde et on peut se positionner par rapport aux orientations données dans ce projet de loi budgétaire. Il y a beaucoup de critiques et pas des moindres. L’important c’est que le Gouvernement s’est donné les moyens de sa politique, tout au moins pour certains secteurs comme l’éducation avec environ 15% du budget. L’agriculture, l’un des piliers de la croissance, n’a pas reçu les 10% souhaités globalement, mais on n’ y est pas trop loin si on se réfère à la composante investissement du budget ; en tout cas, c’est nettement meilleur par rapport aux budgets précédents. Il faut continuer à sensibiliser les Dirigeants par rapport à cette problématique : 10 à 15% du budget national par rapport à un secteur qui représente 25% du PIB, c’est plutôt acceptable et un petit peu équitable ! La balle est maintenant dans le camp du Parlement qui aura à faire de ce budget une loi.

Les grands dossiers du Parlement et l’urgence du budget 2012
Le Parlement est tellement occupé dans l’agitation de grands dossiers, de grandes questions comme l’affaire Bélisaire, la double nationalité de certains membres du Gouvernement, la triple nationalité du Président. On se demande s’il aura le temps de se pencher  sur ce petit dossier de budget national ! Trêve d’ironie ! Nous pensons que le budget est l’urgence des urgences pour Haïti actuellement. Le Gouvernement a fait son travail c’est au Parlement de faire le sien et de donner une réponse urgente à ce dossier. Il y va du développement de notre pays, de cette révolution de croissance à la mesure de nos ambitions avec une bonne répartition des fruits de cette révolution de croissance (Réf. http://www.jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html), et, ce,  indépendamment de la nationalité réelle ou supposée de nos dirigeants tant au niveau du Gouvernement qu’au niveau du Parlement. Au moins avec cette loi budgétaire,  l’Etat se donnera les moyens d’une certaine politique qui pourrait amorcer une politique certaine tournée vers le développement durable de notre pays si on s’y mettait tous sans exclusive. Alors, évitons coûte que coûte de lier ces dossiers. Nous insistons auprès du Parlement pour l’inciter à se pencher sur le budget toutes affaires cessantes. Il y va des moyens de notre politique.

Les moyens de notre politique
L’exercice précédent, la loi budgétaire prévoyait 8.9% de croissance. Malgré nos turpitudes, des querelles sans grandeur, des luttes de chapelle, nous avons atteint 5.5% de croissance avec des dégâts électoraux dépassant 100 M USD selon nos économistes. Cette année 2012, il est possible de faire mieux et même de nous rapprocher de la prévision de 7.8% de croissance  si nous acceptons de nous battre pour Haïti et non pour nos petits intérêts mesquins, en commençant par voter la loi budgétaire certes avec quelques légères modifications allant dans le sens de sa bonification mais rapidement. Ainsi nous nous donnons les moyens de notre politique, malgré notre éducation.

Les traits dominants de l’Haïtien liés à son éducation
Et, si malgré tout, nous accordons plus d’importance au dossier de destitution ? En Haïti, les questions économiques sont toujours tributaires de la politique. C’est lié à notre éducation. Cela explique en partie notre sous développement. Nous aimons trop les débats creux, les phrases bien tournées qui ne veulent rien dire. Nous préférons étudier, réétudier les choses, 3 à 4 fois par peur d’affronter la réalité. Nous gaspillons du temps et de l’argent. Et, quand, enfin, nous nous décidons à agir, nous constatons que, malgré tout, les résultats ne traduisent que 50 à 65% des études effectuées. Souvent, nous mettons les études de coté pour mieux gargoter. De toute manière, pour réaliser de grandes choses, il faut bien les étudier, bien les exécuter avec les moyens disponibles et dans les délais impartis. L’improvisation ne mène qu’à de piètres résultats à moins d’être des génies. Or les génies ne courent plus les rues. D’où nos malheurs.

Le principal responsable de nos malheurs, les faiblesses institutionnelles
Bref, si l’Etat était bien organisé, bien structuré et muni de tous ses instruments de contrôle , aucune personne n’oserait violer la loi impunément. Ce qu’on vit actuellement en termes de doute, d’incertitude, de révélations (?) ne permettrait pas de parler de destitution de nos dirigeants. La loi aurait sévi contre les contrevenants. Ils n’auraient pas  passé le cap car ils auraient été stoppés à un niveau ou à un autre. Malheureusement, les faiblesses institutionnelles nous ont contraient à valider l’invalidable. Dans l’état actuel des choses, on ne peut se permettre d’aller jusqu’au bout de nos questionnements sous peine de déboucher sur des situations ingérables et préjudiciables à l’ordre public haïtien. Aussi serait-il sage de considérer tous les haïtiens comme des haïtiens d’origine et leur permettre d’accéder à n’importe quelles fonctions eu égard à leurs qualifications et expériences. Ce qui conduirait Haïti et ses fils  à une forme d’entente non suicidaire.

L’entente pour éviter le suicide
La reconstruction ne pourra se réaliser dans le désordre. Aussi prions-nous le Parlement de faire son travail d’enquêtes sur l’Exécutif dans la discrétion et l’efficacité en évitant de donner cette impression de régler son compte a l’Exécutif. Et puis au cas où les révélations se seraient vérifiées, il faudrait mettre en place le processus de destitution qui nécessiterait du temps, des négociations, des dispositions légales, etc. Nous ne pouvons  pas nous payer le luxe de tout arrêter sous prétexte de destituer. La reconstruction ne peut donc être suspendue au rythme indolent d’un hypothétique processus de destitution. Alors, essayons de trouver un consensus autour de la notion d’Haïtien d’origine sans limitation de fonction. Et la Constitution dans tout ça ? Changeons-la ou amendons-la dans le cadre d’une grande concertation nationale semi-souveraine dont les résultats seraient d’application immédiate. Comme aurait dit mon feu père, « une mauvaise entente vaut mieux qu’un bon procès » !Trouvons donc une mauvaise entente pour sauver Haïti au lieu de continuer à nous chamailler. Ne voyez-vous pas qu’on est vraiment au bord de l’abime ? Ne soyons donc pas suicidaires !!!

samedi 31 décembre 2011

HAITI, BILAN 2011 ET PERSPECTIVES 2012 : UN APPORT PARTICULIER DU SECTEUR AGRICOLE ?


HAITI, BILAN 2011 ET PERSPECTIVES 2012 : UN APPORT PARTICULIER DU SECTEUR AGRICOLE ?

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

31 DECEMBRE 2011

L’exercice 2010-2011 a commencé avec des perspectives heureuses pour Haïti : Taux de croissance de 9.8% du PIB, taux de change autour de 40 G. pour 1 USD, taux d’inflation de 9.1% en glissement annuel. Selon les dernières estimations, le taux de croissance est  de 4%, donc très, très inférieur par rapport au taux de 9.8% prevu, 5.5% de taux de croissance selon le Gouverneur de la Banque centrale dont 1% de contribution du secteur agricole (Emission du 2 Janvier 2012, Radio Metropole avec Kesner Pharel). Encore meilleur que les 4% annonces par une note du Premier Ministre  aux Ministres  en Decembre 2011, mais toujours inferieur par rapport aux previsions. Cette situation économique est tributaire de la situation politique du Pays.

En effet, dès  le 28 Novembre 2010, date des élections présidentielles et Parlementaires, Haïti qui venait d’enregistrer les premiers cas de choléra, rentra dans une crise électorale qui allait culminer en décembre 2010 avec la proclamation des résultats du premier tour des élections .

La crise électorale, qui a perturbé  les derniers mois  de 2010 et les premiers mois de 2011, allait trouver un semblant de solution avec l’élection de Mr Martelly par rapport à Mme Manigat. Pourtant la prise de pouvoir par Mr Martelly a mué la crise électorale  en une crise gouvernementale liée à une lutte acharnée entre la Présidence et le Parlement dominé par l’INITE et ses alliés du Groupe GPR. Cette bataille a duré 5 longs mois avec le rejet de deux Premiers Ministres désignés présentés par le Président, jusqu’à la ratification du Dr Conille comme Premier Ministre et l’investiture de son Gouvernement en octobre 2011. Entre temps, le Choléra a  atteint plus de 6000 morts.

Les anciens chefs d’Etat, Jean Claude Duvalier et Jean Bertrand Aristide, ont débarque en pleine crise électorale durant les 3 premiers mois de 2011. Heureusement, leur présence n’a pas trop influencé le 2e tour des élections. Durant toute cette période troublée, l’économie a fonctionné au ralenti sous couvert de lutte acharnée entre le Parlement et la Présidence, l’insécurité est montée en flèche, l’insécurité alimentaire aussi.

La présidence a pu quand même , sans Premier Ministre, marquer un bon point avec le lancement de la scolarisation universelle, en dépit des critiques en lien avec la création du fonds d’éducation. Le nouveau gouvernement, en pleine tempête entre le Parlement et la présidence concernant l’affaire Bélisaire, a pu aussi organiser la 2e rencontre avec les entrepreneurs étrangers, et tout de suite après l’affaire Bélisaire, organiser (Ministère de l’agriculture avec l’appui de l’IICA) le colloque sur la Serriculture en décembre 2011. On a aussi appris lors de la crise du dollar que le pays dispose de 1.2 millards de reserve de change.

Le pouvoir judiciaire, qui a pu enfin avoir son Président de cour de cassation, est resté très discret. Il a tenté de rappeler à l’ordre les deux autres pouvoirs dans leur querelle sans grandeur, surtout lors de l’affaire Bélisaire  qui, selon plus d’un, pourrait rebondir à la faveur de la nouvelle rentrée parlementaire du 2e lundi de janvier 2012.

On est plutôt heureux d’atteindre les 4% ou 5.5% de croissance du PIB au cours de cet exercice plutôt troublé et dominé par la politique comme toute année électorale. « L’inflation en glissement annuel a atteint 10.6% dépassant le niveau projeté (9.1%) en début d’exercice », a écrit le Premier Ministre, Conille, dans sa note adressée aux Ministres en Décembre 2011. Heureusement du point de vue de la perception, « les recettes fiscales ont augmenté de 30% par rapport aux prévisions » a poursuivi la note du Premier Ministre, ce qui a permis de compenser le faible niveau de décaissement de l’aide externe. Le niveau  de dépenses a dû donc baisser de 3% par rapport à l’exercice précédent.

On comprend dans ces conditions l’importance de ce taux de 5.5 % de croissance du PIB. Si ce taux se confirme, ce sera le taux de croissance le plus élevé depuis plus d’une décennie. Ce taux augure un taux de croissance encore meilleur en 2012 si les conditions d'investissement sont meilleures que pour l'exercice 2010-2011.

En vue d’accentuer la reprise de l’économie haïtienne et de créer  les conditions susceptibles de promouvoir les investissements et la création d’emplois durables dans les diverses régions du pays, le Gouvernement Conille table sur des dépenses d’investissement de 73 milliards de gourdes. D’où les objectifs macro-économiques suivants : taux de croissance du PIB de 7.8%, tiré essentiellement de l’agriculture, des bâtiments et travaux publics, et l’industrie manufacturière, taux d’inflation de 9% en glissement annuel, taux de change de 41 G. pour 1 USD, taux de pression fiscale de 14%, limitation du déficit public a 4%, le niveau de réserve de change correspondant à  3 mois d’importation.

Les réformes fiscales permettraient  d’atteindre 45.6 milliards de gourdes. Ce niveau de recettes fiscales correspondrait à l’objectif de 14% de pression fiscale.

Le budget 2011-2012, selon la note du Premier Ministre, se décline prioritairement en : (i) la promotion de la croissance économique et la création d’emplois, (ii) la dotation des diverses régions du pays d’infrastructures de support à la croissance économique, (iii) la contribution à la réduction de la vulnérabilité des populations et des territoires, (iv) la poursuite et le renforcement de l’accès aux services de base à la population, (v) l’accès à l’éducation fondamentale pour tous, (vi)  et le renforcement de l’Etat de droit. Remarquez en passant les quatre E du programme du President Martelly a travers ces 6 points.

Pour atteindre les objectifs du Gouvernement  en 2012, chaque secteur devra affiner son plan d’action annuel. Les secteurs prioritaires devraient en principe bénéficier la plus grosse part du budget. Le secteur agricole devrait bénéficier au moins  de 10% du budget pour contribuer très fortement comme en 2009 à la croissance de 7.8% du PIB au niveau national. Les décideurs sont-ils en mesure de comprendre le bien fondé d’une telle allocation ? La balle est dans le camp du Ministre de l’agriculture pour bien défendre ce dossier auprès de l’ensemble du Gouvernement et du Parlement. Obtiendra-t-il gain de cause ? On l’espère pour Haïti et les Haïtiens, capables du meilleur comme du pire !

mercredi 28 décembre 2011

DES ASSOCIATIONS D’IRRIGANTS (AI) AU RESEAUTAGE, LA BATAILLE POUR LE TRANSFERT DE LA GESTION DES PÉRIMETRES AUX AI, UNE NOUVELLE ETAPE ?


DES ASSOCIATIONS D’IRRIGANTS (AI) AU RESEAUTAGE, LA BATAILLE POUR LE TRANSFERT DE LA GESTION DES PÉRIMETRES AUX AI, UNE NOUVELLE ETAPE ?

BERNARD ETHEART ET
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
27 /12/2011

L’élaboration d’un texte pareil répond à une double nécessité : celle de rendre hommage à tous ceux-là qui se sont battus pour asseoir l’approche participation-responsabilisation au niveau du monde rural, en particulier au sein des associations irrigants, et celle de permettre au grand public de comprendre le sens d’une bataille pour la démocratisation à la base en nous appuyant sur le sous-secteur irrigué qui a pris plus de 30 ans pour favoriser l’émergence d’une lueur d’espoir en terme de codification. Ce texte s’articule autour de deux thématiques complémentaires, (a) la méthodologie de mise en place des associations d’irrigants et (b) le réseautage des associations d’irrigants lié au transfert de la gestion des systèmes d’irrigation.

A.   Méthodologie
La méthodologie de transfert de gestion aux associations d’irrigants (AI) a été élaborée par le projet PPI-1 et appliquée par les partenaires du projet. Ensuite, elle a été reprise, affinée et amplifiée de manière consensuelle par l’ensemble des entités concernées par le sous-secteur des périmètres irrigués. Elle a été validée par les plus hautes autorités du ministère de l’agriculture en l’année 2000. Depuis, elle est appliquée en principe par l’ensemble des intervenants dans le sous secteur.

Les résultats à date (2011) sont encourageants selon le colloque organisé par la Fondation Haïtienne de l’Irrigation (FONHADI) en novembre 2011 à Villa MAMIKA (Croix-des-Bouquets) avec la participation des représentants des associations  et des fédérations d’irrigants de 7 départements sur 10, des représentants d’ONG, d’organisations nationales et internationales, des représentants du Parlement en la personne du  Député Ronald Oscar et du Sénateur Willy Jean-Baptiste, et du représentant de l’Exécutif en la personne du Secrétaire d’Etat à la production végétale, Fresner Dorcin.

Dépendant du diagnostic fait de l’association, cette méthodologie peut être appliquée sur une période variant de 2 à 8 ans avec l’implication de l’ensemble des acteurs concernés par les 4 phases, les 14 étapes et les 3 niveaux de contractualisation qui en constituent l’essence et les exigences pour une mise en œuvre acceptable avec des résultats durables .

C’est cette méthodologie qui est à la base du projet de loi sur le transfert de gestion des périmètres irrigués aux associations d’irrigants qui sera soumis au Parlement en l’année 2012. Le transfert d’un périmètre ou d’un groupes de périmètres à une association ou à une fédération ne se fera pas sans l’application préalable de cette méthodologie.

A.   Le réseautage des associations d’irrigants lié au transfert de la gestion des systèmes d’irrigation

Tel est le thème d’un atelier organisé par la Fondation Haïtienne de l’Irrigation (FONHADI) le vendredi 25 novembre à la Villa Mamika, Croix-des-Bouquets. Pour les non-initiés, cela peut paraitre du charabia, aussi allons nous devoir commencer par expliciter quelques concepts, et en premier lieu celui de transfert de gestion.

Au départ, il faut se rappeler que l’eau, en tant que ressource naturelle, est propriété de l’Etat au nom du peuple haïtien. De ce fait, toute exploitation de l’eau est sujette à une autorisation de l’Etat. Dans le cas spécifique des systèmes d’irrigation, même quand l’infrastructure a été financée par une institution privée, elle reste propriété de l’Etat, qui en assure la gestion. Cette gestion est assurée par un syndic d’irrigation, un employé du Ministère de l’Agriculture, qui assure la distribution de l’eau aux usagers du système et veille au bon état de l’infrastructure.

Dans la pratique, la formule a mal fonctionné, et ce à deux niveaux :
1)      Au niveau du syndic, les usagers se plaignent d’une mauvaise distribution de l’eau, le syndic favorisant des usagers plus « importants », probablement en échange de certains avantages ;
2)      Au niveau de la redevance que les usagers doivent verser à la Direction Générale des Impôts et qui est censée servir à financer l’entretien et la maintenance de l’infrastructure, les usagers se plaignent du fait que, une fois que ces sommes sont versées au Trésor Public, il est très difficile d’obtenir un décaissement quand ils en ont besoin pour effectuer des travaux d’entretien ou de maintenance.

D’où une double revendication de la part des usagers :
1)      Que la gestion des systèmes soit assurée par les usagers eux-mêmes ;
2)      Que la redevance soit gardée par les usagers eux-mêmes, de manière qu’ils puissent en disposer quand c’est nécessaire.

Dans l’histoire du transfert de la gestion, le premier cas connu est celui du canal d’Avezac, dans la plaine des Cayes. On parle d’une première autorisation datant du gouvernement de Paul Magloire, puis d’une autorisation accordée par l’agronome Frantz Flambert, Ministre de l’Agriculture du gouvernement de Jean-Claude Duvalier. Mais c’est avec l’Association des Irrigants de la Plaine de l’Arcahaie (AIPA) que l’agronome Gérald Mathurin, Ministre de l’Agriculture du premier gouvernement Préval, signe le premier contrat de transfert de gestion. Par la suite, l’agronome Sébastien Hilaire, Ministre de l’Agriculture du gouvernement Aristide, a signé des contrats de transfert avec des associations d’irrigants de la zone goâvienne et de la vallée des Trois Rivières.

La signature d’un contrat avec un Ministère suppose l’existence d’une association bien structurée et dotée de la personnalité civile ; or nous sommes encore loin du compte.

En ce qui concerne la structuration, le Programme de Réhabilitation des Petits Périmètres Irrigués (PPI 1) a proposé une méthodologie très élaborée. Elle n’a été adoptée que du bout des lèvres par la Direction des Infrastructures Agricoles (DIA) du MARNDR, heureusement validé par la suite au plus haut niveau du ministère ; mais tous les initiés retiennent les fameuses « 4 phases, 14 étapes et 3 niveaux de contractualisation ». Sans entrer dans les détails, on retiendra les « 3 niveaux de contractualisation », car l’idée est que, à chaque niveau de structuration de l’association, celle-ci se voit confiée par contrat un certain nombre de responsabilités, et le troisième niveau est celui où on lui confie la responsabilité de gérer le système par un contrat de transfert de gestion.

En ce qui concerne la personnalité civile, c’est plus compliqué. Il faudrait, en effet qu’une loi fixe (i) les conditions que devraient remplir une association d’irrigants, pour obtenir le statut d’association reconnue légalement, et (ii) les attributions qui doivent lui permettre de remplir ses fonctions.

Or il se trouve que dans ce beau pays il n’existe aucune législation sur les associations, d’une manière générale, voire sur les associations d’irrigants ! Le Groupe de Réflexion sur l’Irrigation (GRI), devenu par la suite la Fondation Haïtienne de l’Irrigation (FONHADI), en avait fait son cheval de bataille ; un avant-projet de loi a été élaboré et plusieurs fois remanié ; ces travaux ont culminé avec l’organisation, les 2, 3 et 4 juin 2004, d’un colloque sur le « Transfert de la gestion des systèmes irrigués en Haïti » et les actes de ce colloque ont été remis officiellement au Ministre de l’Agriculture le jeudi 14 avril 2005 (voir Conclusion du colloque sur l’irrigation, HEM Vol 19 # 12 du 20-26/04/2005). Mais il ne s’est encore jamais trouvé un Ministre de l’Agriculture qui présente cet avant-projet au Parlement.

En principe, au niveau des dirigeants, on est d’accord avec le transfert de la gestion des systèmes d’irrigations aux associations d’irrigants ; cela va dans le sens du « désengagement » du Ministère, devenu très à la mode à partir du retour du Président Aristide en 1994. On entend encore Philippe Mathieu, alors Directeur Général Adjoint, proclamer à tout moment, avec sa voix de stentor, que le Ministère doit devenir un ministère normatif et que les actions de terrain seront le fait d’opérateurs spécialisés.

Cela faisait aussi l’affaire de certains cadres du ministère qui se sont dépêchés de créer des « boites de techniciens », souvent avec un label ONG, prêtes à signer des contrats d’exécution avec le ministère ou les grandes organisations finançant des projets d’irrigation. Mais, d’un autre côté, l’idée de confier des responsabilités à des associations de paysans dérange ; cela va à l’encontre d’une vieille tradition de confiscation du pouvoir, de tout pouvoir, par une certaine catégorie sociale ; sans parler de la crainte de certains cadres intermédiaires de perdre leur job si les paysans « deviennent trop forts ».

En fait, ce ne sont que des combats d’arrière-garde. Le principe de la participation-responsabilisation, qui guide tous ceux qui appuient les associations d’irrigants fera son chemin même si cela déplait à quelques uns. A la Villa Mamika, selon la liste qu’on a pu obtenir et qui n’est peut-être pas complète, ils étaient plus de 80 participants dont une quarantaine venus de 7 départements : Nord-Ouest (5), Nord (4), Artibonite (14), Centre (1), Ouest (5), Sud-Est (5), Sud (8).

Quand on sait que de nombreuses zones n’ont pas pu être touchées, souvent parce que les organisations ne sont pas encore bien solides ou simplement pas connues des organisateurs du colloque, on peut imaginer quel potentiel cela représente ; et c’est là qu’apparait une autre cause de la réticence ; la cause politique.

Le sénateur de l’Artibonite, Willy Jean-Baptiste, lui-même agronome, spécialiste en gestion des systèmes d’irrigation, et qui a été Directeur de l’ODVA, a cité des chiffres. 20.000 hectares irrigués dans la plaine de l’Artibonite, avec des parcelles de moins d’un hectare, cultivées par un paysan à la tête d’une famille de 6 à 7 personnes, on peut calculer quelle population et combien d’électeurs potentiels cela représente ! Vous comprenez maintenant pourquoi l’Artibonite est une zone politiquement « chaude ».

Mais revenons aux associations d’irrigants. Au cours des réunions préparatoires de cet atelier, les membres de la FONHADI se sont penchés sur les services que l’association peut offrir à ses membres :
-          Des services pour une meilleure valorisation de l’eau :
v  accès aux intrants (engrais, semences, pesticides …),
v  machinisme (attelage, motoculteur, tracteur ...) pour faciliter le travail de la terre,
v  regroupement de la production,
v  transformation de la production,
v  commercialisation, recherche de marchés …. ;
-          Un service de gestion des exploitations agricoles (travailler sur la rentabilité de la production) ;
-          Des actions de plaidoyer pour un meilleur accès aux intrants, pour davantage d’investissement de l’Etat, un meilleur accès au crédit …

Dans l’idée des membres de la FONHADI, les associations seraient encore plus efficientes si, au lieu d’agir chacune de son côté, elles conjuguaient leurs efforts en se regroupant en fédérations régionales et à terme nationales. Il en existe déjà dans l’Artibonite, dans le Sud-Est, dans la zone goâvienne, sans parler de la grande Association des Irrigants de la Plaine de l’Arcahaie. C’est là un premier niveau de « réseautage » ; l’objectif est d’étendre ce mouvement à l’ensemble du pays.

Et comme on ne se refait pas, B.Ethéart ne peut s’empêcher de reprendre ce slogan qu’il a lancé à l’issue du colloque sur le « Transfert de la gestion des systèmes irrigués en Haïti » en juin 2004 (voir Conclusion du colloque sur l’irrigation, HEM Vol 19 # 12 du 20-26/04/2005), « Irrigants de tout le pays unissez vous ! »

Pour finir une bonne nouvelle : le nouveau Secrétaire d’Etat à la Production Végétale du MARNDR, l’agronome Fresner Dorcin, qui était présent à l’atelier, a promis son appui pour faire avancer le dossier de la loi sur les associations d’irrigants. Le Député Ronald Oscar et le Sénateur Willy Jean-Baptiste en ont fait de même. Aux dernières nouvelles, le Ministre  de l’agriculture, l’Ing/AGR Hébert Docteur, a passé des instructions pour inscrire le projet de loi dans la liste des projets de loi à soumettre à la Primature et à inscrire dans l’agenda législatif de 2012. Franchira-t-on cette nouvelle étape si cruciale dans la bataille pour la démocratisation du monde rural ? Ces hommes qui auront aidé à la franchir seront très certainement récompensés par l’histoire.

lundi 28 novembre 2011

ET SI L’EXECUTIF ET LE PARLEMENT SE BATTENT DESORMAIS POUR UNE AUTRE HAITI?


ET SI L’EXECUTIF ET LE PARLEMENT SE BATTENT DESORMAIS POUR UNE AUTRE HAITI?

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

27 NOVEMBRE 2011.

Haïti traverse une période difficile depuis la prise du pouvoir par le gouvernement Conille. L’altercation entre le Président Martelly et le Député Bélisaire au Palais National, suivie de l’arrestation et du relâchement de ce dernier, a poussé le Parlement , qui n’était déjà pas en odeur de sainteté  avec le Président (rappelez-vous le sort réservé à ses deux premiers ministres désignés, Gousse et Rouzier), en a profité pour complexifier un incident certes grave mais qui , à mon humble avis, vu la problématique haïtienne, ne devait pas déboucher sur la crise  actuelle (blocage implicite du pays, menaces  à peine voilées de destitution du Président, de renvoi  du gouvernement,  de renvoi de ministres, et en fin de compte, démission du ministre de la justice, Me Pierre-Louis, en plus, possibilité de rebondissement en janvier 2012 avec la réouverture de la session  parlementaire). Durant cette période de trouble, Haïti a connu la hausse de l’insécurité, le ralentissement des activités économiques, un gouvernement qui n’a pas pu démarrer vraiment. La retraite gouvernementale du Club Indigo a débouché sur un plan d’actions gouvernementales 2011-2012. Ce plan annuel sera suivi d’un plan quinquennal. Du coté du Sénat, la commission mise en place  pour établir la vérité a sorti un rapport très bien écrit et détaillé pour confirmer tout ce que tout le monde doué de bon sens sait déjà que les acteurs impliqués dans cette affaire ont menti. Le ministre de l’Intérieur, Me Mayard Paul a été épargné, le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Me Brunache, aussi, tandis que le ministre de la justice a été épinglé et a « démissionné » quelques heures  avant  la séance d’interpellation programmée par le Sénat, le 22 Novembre 2011.

La saga Bélisaire-Martelly qui a mis à mal l’image du pays a-t-elle terminé ? Le Parlement et l’Exécutif ont-ils compris enfin qu’Haïti est plus importante que ces querelles sans grandeur qui ont émaillé les six premiers mois de la présidence de Martelly ? Et vont-ils s’arranger pour que les trois pouvoirs de l’Etat restent dans leurs limites constitutionnelles, en menant des actions imbriquées dans chaque pouvoir, articulées par rapport à chaque pouvoir et intégrée dans le grand ensemble qu’est Haïti pour déboucher, en finale, sur le développement harmonieux d’Haïti ?

Pour la première interrogation, rien n’est moins sûr si l’on en croit les propos de certains députés et sénateurs qui veulent aller jusqu’au bout, c'est-à-dire,  la destitution du président pour violation de la Constitution. Pour d’autres députés et sénateurs, il faudra passer l’éponge, si le président s’excuse. Ce qu’il a fait d’une certaine manière dans son discours à la Nation tout de suite après le vote du rapport de la commission parlementaire. Comme toujours en Haïti, ce n’est jamais suffisant d’utiliser un langage voilé pour reconnaitre ses torts ; il faut s’abaisser et s’humilier devant l’ennemi. Et même là encore, on n’est jamais tout à fait pardonné. En tout cas, pour le bien-être de notre pays, il serait bon de fermer cet épisode ridicule qui a le bon coté de nous faire prendre conscience des limites de chacun des pouvoirs. Comme dirait l’autre, « seul le pouvoir arrête le pouvoir ». En Haïti, il faudrait un équilibre réel des pouvoirs d’Etat et non la prééminence de l’un sur l’autre. Or le pouvoir judiciaire est inféodé par les deux autres qui se sont arrangés pour le partager jusqu’ici. Donc, il faudrait trouver la formule idéale pour qu’il fonctionne sans interférence des deux autres.

Pour la deuxième interrogation, on a cette impression que le Parlement et l’Exécutif comprennent la nécessité d’éviter les querelles sans grandeur. Ces querelles, axées sur les intérêts de groupes, font plus de mal au pays que de bien. Le sous développement d’Haïti s’explique en grande partie par ces querelles intestines qui se sont déclarées dès le lendemain de l’indépendance du pays haïtien. Actuellement, ces querelles entre le Parlement et l’Exécutif ne font que reproduire ce qui s’est passé tout le long de notre histoire tumultueuse de « Peuple Rebelle », capable d’aller jusqu’au bout, sans considérations aucunes. L’impression dégagée des deux cotés , c’est qu’ils ont compris le message de la Nation ( non pas celui des groupes d’intérêts-au contraire) qui a assisté douloureusement à cette mascarade qui, pendant un mois, a occupé l’actualité au détriment des multiples problèmes que confronte Haïti à la veille de 2012. Cette mascarade a favorisé la sortie des loups de leur tanière pour kidnapper, voler et tuer en toute impunité. En déclenchant cette affaire, l’Exécutif et le Parlement savaient très bien que le pays allait en pâtir, que le « zenglendisme » allait en profiter au maximum. A moins qu’ils ne connaissent pas bien la réalité haïtienne ou qu’ils la connaissent très bien et qu’ils agissent en connaissance de causes ! Dans les deux cas, ils sont condamnables. En tout cas, dans la conjoncture actuelle, il faut faire avec ce qu’on a et continuer avec eux en leur demandant de ne plus jamais recommencer ce petit jeu malsain susceptible de nuire à nous tous. Et qu’ils sachent aussi qu’ Haïti appartient à chacun de ses enfants et qu’ils n’ont aucun droit, aucun, sous prétexte d’être des élus, d’offrir au monde entier ce spectacle hideux et sans grandeur !

Pour la troisième interrogation,  après ce spectacle hideux, il serait bon, en premier lieu, pour ces personnes qui ont acquis le droit de nous gouverner par voie élective (magouille ou pas) de s’asseoir ensemble, en surmontant leurs différends, pour définir le contour de ce « vivre ensemble », de ce « pacte de gouvernabilité », de ce « plan de 25 ans »  dont les éléments sont disponibles (PARDNH 2010-2032, PSSN, GRANH, etc. )et les objectifs assez clairs et précis (FONHDILAC, http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html). On peut tout reprocher à la Constitution de 1987, elle a au moins le mérite de définir les limites de chacun des pouvoirs d’Etat. C’est notre acquis démocratique le plus important depuis 1986. On l’a violée, vilipendée, amandée en fonction des intérêts contrairement à l’excellent travail réalisé par la commission présidentielle présidée par Claude Moïse. Elle résiste parce qu’elle porte en elle, en dépit de ses faiblesses, le germe du changement souhaité par la majorité des Haïtiens. En l’appliquant intégralement et sans volonté délibérée de la violenter, on aurait déjà obtenu  certains résultats. En tout cas meilleurs que ceux dont on a obtenu jusqu’ici !. Malheureusement, nous nous sommes confortés dans cette idiotie « constitisyon se papye, bayonet se fè ». Nous devons, à la faveur de cette affaire Bélisaire-Martelly, qui nous fait tant de mal, nous mettre ensemble pour favoriser l’harmonisation entre les 3 pouvoirs, appliquer la stratégie d’imbrication, d’articulation et d’intégration des actions (SIAA) au niveau des 3 pouvoirs, en permettant à chacun des pouvoirs d’agir de manière à imbriquer les actions en son sein, de les articuler par rapport à l’autre pouvoir et de les intégrer ensemble dans le plan de développement de notre chère Haïti. Ce travail exige beaucoup de sacrifices et aussi de la  personnalité de la part de chacun des représentants des 3 pouvoirs pour exercer le leadership éclairé nécessaire pour la bonne marche de chacun des pouvoirs d’Etat. En articulant les actions imbriquées dans chacun des pouvoirs et en les intégrant dans le grand ensemble Haïti, le pays rêvé par tous les Haïtiens dignes de ce nom verra le jour à l’horizon 2035.

Et l’affaire Bélisaire-Martelly aura été utile à quelque chose,  le Parlement et l’Exécutif auront gagné la bataille pour la mise en place, avec le Judiciaire, de l’Etat de droit prévu par la Constitution et après lequel nous courons depuis 1986. Et Haïti sera vue autrement grâce à l’harmonie enfin retrouvée entre les trois (3) pouvoirs d’Etat, et le développement durable de ce pays ne sera plus ce rêve d’intellectuels en quête d’évasion pour éviter cette hideuse réalité haïtienne! Nos Dirigeants actuels ont cette occasion unique, cette dernière occasion, après cette mascarade, de nous permettre de contempler cette image lointaine de l’autre Haïti en lançant cette bataille dès aujourd’hui pour se faire pardonner. Puissent-t-ils s’inspirer de Dessalines et de Pétion pour devenir des bâtisseurs comme Christophe et des visionnaires comme Toussaint ? C’est peut-être trop demander à ces petits hommes. Qu’ils nous étonnent en nous démontrant le contraire ! Et Haïti leur sera éternellement reconnaissante ! C’est tentant ! N’est-ce pas, Messieurs et Dames ? A moins que….