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mardi 31 décembre 2024

HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS N°49 : BILAN DES EVENEMENTS DE 2024 ET PERSPECTIVES 2025

 

HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS N°49 : BILAN DES EVENEMENTS DE 2024 ET PERSPECTIVES 2025

JEAN-ROBERT JEAN-NOËL

31 DECEMBRE 2024

 

L’année 2024 a été marquée par des bouleversements profonds, tant sur le plan mondial qu’en Haïti. Cet article examine les crises climatiques, les tensions géopolitiques, et les défis économiques qui ont redéfini les priorités globales, tout en explorant la situation en Haïti, notamment sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire. Les crises climatiques, les tensions géopolitiques, et les défis économiques ont redéfini les priorités des nations et des populations. En Haïti, la conjoncture est marquée par une insécurité croissante, une crise économique sans précédent, et des besoins humanitaires urgents. Cet article présente un bilan chiffré des événements mondiaux et nationaux en 2024, tout en explorant les perspectives possibles pour 2025. Il vise à fournir une vue d’ensemble claire et concise, appuyée par des données pertinentes et des analyses critiques.

1. Contexte Mondial : Bilan 2024

1.1. Climat et Environnement

L’année 2024 a été marquée par une aggravation des crises climatiques. Les émissions mondiales de CO₂ ont atteint 36,8 milliards de tonnes, soit une augmentation de 0,8 % par rapport à 2023 (Réf. 1). Ces émissions continuent d’exacerber les phénomènes climatiques extrêmes, affectant plus de 320 millions de personnes à travers le monde (Réf. 2). Les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles ont été évaluées à plus de 300 milliards de dollars (Réf. 3).

Malgré ces défis, des efforts internationaux se sont intensifiés, notamment dans les énergies renouvelables. En 2024, les investissements mondiaux dans les technologies propres ont franchi la barre des 1 300 milliards de dollars, un pas significatif vers la transition énergétique (Réf. 4).

1.2. Économie Globale

L’économie mondiale a enregistré une croissance modérée de 2,4 %, freinée par les tensions géopolitiques et les incertitudes énergétiques (Réf. 5). Par exemple, la guerre en Ukraine a continué de perturber les chaînes d'approvisionnement en énergie, avec une hausse de 15 % des prix du gaz en Europe et des difficultés pour sécuriser des approvisionnements stables dans plusieurs pays (Réf. 6). L’inflation mondiale s’est maintenue à un niveau élevé, avec une moyenne de 5,6 %, impactant davantage les économies émergentes (Réf. 6). Dans le même temps, les flux commerciaux ont diminué de 2 %, en raison de l’augmentation des coûts logistiques et des barrières commerciales.

L’accès à l’emploi est resté un défi : le taux de chômage mondial a atteint 7,3 %, tandis que les inégalités sociales et économiques se sont creusées, notamment dans les pays les plus vulnérables (Réf. 7).

1.3. Géopolitique et Sécurité

Sur le plan géopolitique, les conflits et tensions ont dominé l’actualité. En Ukraine, plus de 40 000 morts ont été recensés en 2024, alors que les efforts diplomatiques ont échoué à instaurer un cessez-le-feu durable (Réf. 8). Dans le même temps, les tensions en mer de Chine méridionale ont entraîné une augmentation de 25 % des dépenses militaires dans la région Asie-Pacifique (Réf. 9).

Par ailleurs, la crise des réfugiés a atteint un niveau critique : le nombre de déplacés forcés à travers le monde a dépassé les 46 millions, soit une hausse de 12 % par rapport à 2023 (Réf. 10).

1.4. Événements marquants de 2024

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a marqué un tournant dans les relations internationales (Réf. 11). Son retour pourrait remodeler les priorités stratégiques et renforcer des politiques protectionnistes. Par ailleurs, la disparition de l’ancien président américain Jimmy Carter à l’âge de 100 ans a été largement saluée comme la fin d’une ère de diplomatie humanitaire (Réf. 13).

2. Situation en Haïti : Bilan 2024

2.1. Économie

Haïti demeure l’une des économies les plus fragiles de la région des Caraïbes. Le produit intérieur brut (PIB) est estimé à 10,5 milliards de dollars, enregistrant une contraction de 2 % par rapport à l’année précédente (Réf. 20). Cette récession s’explique par l’instabilité politique, la violence des gangs et l’érosion des activités économiques formelles.

L’inflation a atteint un niveau alarmant de 48 %, rendant l’accès aux biens essentiels de plus en plus difficile pour la majorité de la population (Réf. 21). De plus, le chômage affecte environ 60 % de la population active, une situation qui touche particulièrement les jeunes (Réf. 19).

2.2. Sécurité et Gouvernance

La sécurité reste un enjeu majeur. Les gangs armés contrôlent environ 80 % de Port-au-Prince, paralysant les activités économiques et humanitaires (Réf. 18). En 2024, plus de 2 500 homicides et 4 000 enlèvements ont été signalés (Réf. 19).

Le paysage politique a été marqué par des bouleversements : la chute d’Ariel Henry en début d’année a conduit à la formation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) dirigé par Leslie Voltaire (Réf. 15). Garry Conille, initialement nommé Premier ministre, a vu son mandat écourté en raison de tensions politiques et d’allégations de mauvaise gestion (Réf. 16). En septembre 2024, Didier Fils-Aimé a été désigné Premier ministre pour redresser la situation, mais les défis persistent (Réf. 17).

2.3. Social et Humanitaire

Près de 4,9 millions de personnes (43 % de la population) ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence (Réf. 22). L’accès à l’éducation reste gravement perturbé, avec plus de 3 millions d’enfants déscolarisés (Réf. 22).

Les migrations forcées se sont accrues, avec plus de 200 000 Haïtiens ayant tenté de rejoindre des pays comme les États-Unis, le Brésil ou le Chili (Réf. 23). Et  ceci, malgré les refoulements d’Haïtiens de la République Dominicaine, son voisin de l’est et d’autres pays de l’Amérique et de la Caraïbe, dont les USA et les Bahamas pour ne pas les citer.

3. Conclusions et Perspectives 2025

3.1. Conclusions

L’année 2024 a été marquée par des défis complexes et interconnectés, mettant à l’épreuve la résilience des nations et des individus. En Haïti, la crise multiforme qui perdure nécessite une mobilisation sans précédent. Mais le monde est tellement occupé dans ses échauffourées et sa défense pour faire face à une éventuelle 3e guerre monde. Aura-t-il un petit regard pour Haïti ?

3.2. Perspectives 2025

Les perspectives pour 2025 au niveau mondial incluent une réduction des émissions de CO₂ de 2,5 % grâce à des politiques climatiques plus strictes (Réf. 4) et une stabilisation économique progressive avec une croissance mondiale projetée à 3 % (Réf. 5).

En Haïti, des efforts accrus pour la sécurité et la gouvernance, soutenus par des réformes structurelles, seront indispensables pour espérer un redressement durable (Réf. 26). Cela ne peut se faire sans une solide assistance de la communauté internationale.


Annexe : Références

  1. Rapport climatique mondial 2024.
  2. ONU, rapport sur les catastrophes naturelles.
  3. Banque mondiale, données économiques.
  4. IEA, investissements dans les énergies propres.
  5. FMI, rapport sur la croissance mondiale.
  6. Banque centrale européenne, analyse des marchés énergétiques.
  7. Organisation internationale du travail, rapport 2024.
  8. Institut pour l'étude de la guerre, statistiques sur le conflit en Ukraine.
  9. SIPRI, dépenses militaires en Asie-Pacifique.
  10. UNHCR, statistiques mondiales sur les réfugiés.
  11. The New York Times, rapport sur l'élection présidentielle américaine.
  12. Washington Post, couverture sur Donald Trump.
  13. Fondation Carter, hommage à Jimmy Carter.
  14. Le Nouvelliste, analyse de la chute d'Ariel Henry.
  15. Conseil Présidentiel de Transition, communiqué officiel.
  16. Discours officiel de Garry Conille, août 2024.
  17. Déclaration de Didier Fils-Aimé, octobre 2024.
  18. Human Rights Watch, rapport sur la sécurité en Haïti.
  19. Ministère de la Justice haïtien, statistiques criminelles.
  20. Banque de la République d'Haïti, données économiques.
  21. Observatoire Haïtien des Politiques Publiques, rapport sur l'inflation.
  22. UNICEF, état de l'éducation en Haïti.
  23. OIM, rapport sur les migrations haïtiennes.
  24. SIPRI,

jeudi 5 décembre 2024

HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (48) : CRISES GÉOPOLITIQUES, DÉSORDRE ÉCONOMIQUE ET QUÊTE DE STABILITÉ

 HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (48) : CRISES GÉOPOLITIQUES, DÉSORDRE ÉCONOMIQUE ET QUÊTE DE STABILITÉ

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

5 DECEMBRE 2024 

L’année 2024 illustre un monde en profonde mutation, marqué par des crises géopolitiques majeures, des tensions économiques et des défis humanitaires sans précédent. Les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que les bouleversements politiques aux États-Unis, redéfinissent les équilibres internationaux dans un contexte de grande incertitude. Haïti, déjà plongée dans une crise économique et sécuritaire sans précédent, ressent directement les effets de ces dynamiques mondiales. Plus que jamais, l’interconnexion des crises révèle la fragilité de nombreux pays, et l’avenir d’Haïti dépend autant de décisions locales que de la coopération internationale. Cet article analyse les grandes crises mondiales actuelles, les défis spécifiques auxquels Haïti est confrontée et les perspectives pour un avenir incertain. 

1. La situation mondiale : des crises géopolitiques aux tensions économiques 

Le conflit en Ukraine reste l’un des foyers majeurs d’instabilité mondiale en 2024. Après plus de deux ans de guerre, le mois de novembre a vu une escalade significative des hostilités, notamment à l’Est, les forces russes ont intensifié leurs frappes contre les infrastructures stratégiques ukrainiennes. La région de Kursk, bien que située sur le territoire russe, a également subi des attaques de drones ukrainiens, ciblant des dépôts d’armes et des installations logistiques. Les conséquences humanitaires sont alarmantes : plus de 10 millions de personnes en Ukraine dépendent de l’aide humanitaire pour survivre, selon l’ONU. L’approche de l’hiver aggrave les besoins en abris, en énergie et en nourriture. 

D’un point de vue économique, la guerre a un impact mondial. L’Ukraine, autrefois surnommée le grenier de l’Europe, a vu sa production céréalière chuter de plus de 40 % en raison de la destruction des terres agricoles et du blocus des ports de la mer Noire. Cette situation a engendré une hausse des prix des céréales sur les marchés mondiaux, affectant de manière disproportionnée les pays en développement, dont Haïti, qui dépend largement des importations. De plus, les sanctions économiques imposées à la Russie ont contribué à des perturbations sur les marchés de l’énergie, le pétrole atteignant 95 dollars le baril en novembre, tandis que les prix du gaz naturel en Europe ont bondi de 20 % par rapport à l’année précédente. 

Dans le même temps, le Moyen-Orient est en proie à une escalade des tensions. La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l’offensive surprise du Hamas en octobre 2023, a entraîné des répliques militaires massives dans la bande de Gaza, faisant plus de 30 000 morts, principalement parmi les civils, selon les données du ministère de la Santé palestinien et d’autres sources. Le Hezbollah, basé au Liban, malgré le dernier cessez-le-feu obtenu grâce à des concessions vis-à-vis du premier ministre Israélien, et certains groupes pro-iraniens ont également intensifié leurs attaques contre Israël, et les rebelles syriens, qui ont profité de la situation pour mettre à mal le régime syrien, transforment le conflit en une crise régionale aux implications géopolitiques profondes. Ces hostilités ont exacerbé l’instabilité politique au Liban et aggravé la situation des réfugiés syriens, qui représentent déjà l’une des populations les plus vulnérables au monde. 

Les États-Unis, traditionnellement considérés comme un acteur stabilisateur sur la scène mondiale, traversent également une période d’incertitude sous la nouvelle administration de Donald Trump. Le retour de Trump à la présidence, après une élection marquée par des polarisations internes, suscite des inquiétudes à l’échelle mondiale. Ses choix pour les postes clés de son cabinet, notamment au département d’État, au département de la Justice et au Pentagone, laissent présager un repositionnement stratégique des États-Unis, avec un retrait potentiel de certains engagements internationaux, dont éventuellement ceux vis-à-vis de l’OTAN et autres. Les premières mesures annoncées incluent une réduction significative de l’aide bilatérale aux pays en développement, une décision qui affectera directement Haïti, déjà dépendante de cette assistance pour financer des programmes sociaux et sécuritaires. 

Sur le plan économique, les États-Unis font face à des défis structurels, notamment une dette publique dépassant les 35 000 milliards de dollars. Cette situation limite leur capacité à maintenir leur rôle traditionnel de bailleur de fonds dans les crises humanitaires internationales, ce qui pourrait aggraver les vulnérabilités des nations en crise, notamment Haïti. 

2. La situation en Haïti : effondrement économique et chaos sécuritaire 

Sur le front intérieur, Haïti continue de sombrer dans une crise sans précédent. Le remplacement de Garry Conille par Didier Fils-Aimé au poste de Premier ministre, bien qu’accueilli comme une tentative de stabilisation politique, n’a pas permis d’enrayer la dégradation des conditions de vie. Le nouveau gouvernement hérite d’une économie en chute libre : Haïti est en récession pour la sixième année consécutive, avec une contraction estimée à 3,5 % en 2024 par la Banque mondiale. L’inflation, qui dépasse 40 %, rend les biens essentiels inaccessibles pour une grande partie de la population, tandis que 70 % des Haïtiens vivent dans une pauvreté extrême. 

La situation sécuritaire est tout aussi alarmante. Les gangs armés contrôlent une grande partie de la capitale (+80%), Port-au-Prince, et de nombreuses zones rurales, notamment dans le Bas-Artibonite. Ces groupes criminels, responsables de plus de 1 200 kidnappings depuis le début de l’année selon le CARDH, imposent un climat de terreur qui paralyse les activités économiques et sociales. Les récents sabotages, comme les tirs sur les lignes électriques et aériennes, ont provoqué la suspension des vols internationaux, isolant davantage le pays et réduisant les perspectives de relance économique. 

Les efforts des forces kényanes, déployées dans le cadre d’une mission internationale pour soutenir les autorités haïtiennes, peinent à produire des résultats tangibles. Bien que leur présence ait apporté un certain espoir, leur efficacité est entravée par le manque de coordination avec les forces locales et la complexité du terrain. 

Sur le plan international, Haïti a reçu l’attention du président français Emmanuel Macron, qui a traité les politiciens haïtiens de cons et a appelé à une mobilisation accrue pour résoudre la crise. Cependant, les appels à l’action n’ont pas encore été traduits en initiatives concrètes, et la communauté internationale semble hésitante face à l’ampleur des défis. 

3. Conclusion et perspectives : redéfinir un avenir incertain 

Haïti et le monde sont à un tournant décisif. Les crises géopolitiques, économiques et sécuritaires révèlent des vulnérabilités systémiques qui exigent des réponses globales et concertées. Pour Haïti, les priorités doivent inclure une action immédiate pour restaurer la sécurité et répondre aux besoins humanitaires, mais également des réformes structurelles à long terme pour relancer l’économie et renforcer la gouvernance. 

Au niveau mondial, la communauté internationale doit repenser ses approches face aux conflits prolongés et aux crises humanitaires. Les grandes puissances, comme les États-Unis, doivent jouer un rôle plus proactif en combinant diplomatie, aide au développement et mécanismes de prévention des conflits. De plus, des solutions innovantes, telles qu’un plan Marshall pour les pays les plus touchés, pourraient offrir une lueur d’espoir pour des nations comme Haïti. 

L’avenir d’Haïti dépend non seulement de ses propres choix, mais aussi de la capacité du monde à reconnaître que la stabilité de chaque région est essentielle à la stabilité globale. En ce sens, Haïti pourrait devenir un symbole de la solidarité internationale ou, à défaut, un exemple des dangers de l’indifférence collective. 

Annexe : Références 

  1. Organisation des Nations unies (ONU), rapport sur la situation humanitaire en Ukraine, novembre 2024. 

  1. Banque mondiale, rapport économique pour Haïti, octobre 2024. 

  1. Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), indices des prix alimentaires, novembre 2024. 

  1. Ministère de la Santé palestinien, statistiques des victimes à Gaza, novembre 2024. 

  1. Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), rapport sur les budgets militaires mondiaux, 2024. 

  1. Observatoire haïtien des droits humains (CARDH), rapport sur l’insécurité en Haïti, 2024.