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samedi 31 décembre 2022

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (33). BILAN 2022 ET PERSPECTIVES 2023. LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (10) ET SES CONSEQUENCES MONDIALES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, DES INCERTITUDES QUI PERDURENT.

 

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (33). BILAN 2022 ET PERSPECTIVES 2023. LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (10) ET SES CONSEQUENCES MONDIALES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, DES INCERTITUDES QUI PERDURENT.

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

31 DECEMBRE 2022

              Dans mon bilan 2021 et perspectives 2022, intitulé « de l’année de tous les dangers à l’année de toutes les incertitudes[1] », j’avais fait le tour de la situation haïtienne de la fin de la présidence de Jovenel Moïse jusqu’à son assassinat, le 7 juillet 2021, pour les 6 premiers mois de l’année, et pour les 6 derniers mois 2021, j’avais analysé la gouvernance d’Ariel Henry ou sa non-gouvernance. Pour les perspectives 2022, je ne voyais que des incertitudes. Je ne m’étais pas trompé. En effet, La guerre en Ukraine est venue troublée l’ordre mondial avec des conséquences sur l’économie  et la géopolitique mondiales, avec des répercussions sur la situation sociopolitique et économique d’Haïti. L’instabilité politique haïtienne, qui s’est empirée depuis l’assassinat du président Moïse, s’est envenimée et s’est traduite par une descente aux enfers de l’ensemble du peuple pris dans l’engrenage d’une insécurité globale où tous les coups sont permis et qui le plonge dans un chaos indescriptible, source de tous les malheurs du pays. Ces malheurs ont été momentanément atténués, du 20 novembre au 18 décembre 2022, par le Mondial du Qatar gagné aux tirs au but par l’Argentine contre la France (3-3), après un match épique de 120 minutes, que Pelé a eu le temps de visionner avant son décès survenu, le 29 décembre 2022, à l’âge de 82 ans. Qui pis est, toutes les incertitudes, découlant de ce chaos généralisé haïtien, s’orientent de plus en plus vers d’autres incertitudes beaucoup plus graves. D’où le titre de  cette 33e chronique, la dernière consacrée au covid-19, « COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (33)?. BILAN 2022 ET PERSPECTIVES 2023. LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE ET SES CONSEQUENCES MONDIALES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, DES INCERTITUDES QUI PERDURENT. »

              Dans cette chronique sur le bilan 2022 et perspectives 2023, on passera en revue 1) la situation au niveau mondial avec accent particulier sur (i) le covid-19, (ii) la guerre en Ukraine, (iii) ses répercussions sur la situation mondiale ; 2) on s’attardera sur la situation d’Haïti, avec accent particulier sur : 2.1) le chaos lié à l’instabilité politique, l’insécurité 2.2.) L’indexation de certains  politiciens et des membres du secteur des affaires impliqués dans le trafic des armes et de la drogue, 2.3.) Les tentatives de solutions, 2.4) les conséquences du chaos haïtien sur la situation socio-économique. On achèvera ce bilan en dégageant un certain nombre de conclusions et des perspectives plutôt sombres pour l’année 2023, mais qu’on voudrait être l’année de redémarrage du pays Haïtien vers l’Horizon 2054, en tant que « pays phare du monde », apôtre d’un modèle de démocratie solidaire réduisant drastiquement les écarts entre les riches et les pauvres.

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

On ne va pas trop s’attarder sur certains faits qui méritent d’être analysés comme les élections à mi-parcours aux USA qui ont vu une courte victoire des républicains au Congrès et un renforcement de la position des démocrates au niveau du Sénat. Biden ne s’en sort pas si mal d’un point de vue historique. La mort de l’ex-pape Benoit XVI  est survenue ce 31 décembre. Trump qui perd de plus en plus les pédales, accusé d’être responsable du semi échec du parti républicain aux dernières élections, mais qui se déclare quand même candidat à la présidentielle de 2024, malgré les multiples dossiers judiciaires en cours le concernant. Ceci peut-être explique cela. Le célèbre Dr Fauci, rendu encore plus célèbre par sa lutte contre le Covid-19, a décidé de prendre enfin sa retraite. Notre grand-mère nationale, Mme Odette Roy Fombrun, qui est partie nous laissant avec nos incertitudes et nos inquiétudes.

1.1. Le covid-19 toujours présent mais on s’y habitue

Depuis 33 chroniques, je parle systématiquement du Covid-19[2] ou coronavirus. C’est la dernière fois que j’en parle, sauf s’il y aura des informations extraordinaires y relatives. La situation se présente ainsi au niveau mondial : 660,327,746 cas de contamination, 6,690,049 cas de mortalité. Les USA sont toujours en tête suivis de l’Inde, de la France et de l’Allemagne. Pour ce qui a trait à Haïti, la situation se présente ainsi : 33,893 cas de contamination et 860 cas de mortalité. Comparativement à l’année dernière à pareille époque, où Haïti a enregistré 25,985 cas de contamination et 766 cas de mortalité, il y a une augmentation de 7,908 cas de contamination et de 94 cas de mortalité par rapport à 2021.  Le covid-19  est donc toujours présent mais on s’y habitue.

1.2. La guerre en Ukraine[3]

Le 24 décembre 2022 marque le 10e mois de cette guerre et amorce le 11e. En effet, le 24 février 2022, la Russie s’est autorisée à envahir l’Ukraine pour une guerre éclair comme en 2008 contre la Géorgie. Au début de la guerre, elle a rasé des villes entières comme Marioupol et Severodonetsk. Malheureusement, la résistance ukrainienne enfonce de plus en plus la Russie dans une sorte de bourbier. L’Ukraine qui, jusque-là, subissait les assauts russes en se défendant du bec et des ongles et en se préparant à une contre-offensive avec l’aide de l’occident, s’est lancée dans cette contre-offensive à la fin du mois de juillet 2022.

A date, elle a repris toutes les grandes villes  passées sous contrôle russe dont  la ville de Kharkiv dans le nord et celle de Kherson dans le sud, et aussi a récupéré plus de 20,000 km2 des territoires dont la plupart font l’objet d’annexions par la Russie suite à des référendums-bidons. Actuellement, les combats font rage dans le Donbass, la ligne de front s’étend sur plus de 800 km, avec des pertes énormes des deux côtés[4], les ukrainiens parlent de plus de 100,000 morts du côté russe ; selon d’autres sources, il est comptabilisé entre 70 et 80,000 du côté russe, de plus de 50,000 du côté ukrainien. Du côté civil, on parle de plus de 120,000 tués ukrainiens et plus de 200,000 enfants déportés en provenance de la Région de Kherson. Plus de 7,000,000 d’ukrainiens ont dû se réfugier à l’étranger, en particulier les femmes, dont la plupart reçoivent le fameux TPS américain sans dépenser un sou contrairement aux haïtiens qui dépensent plus de 600 USD pour y avoir accès.

Par rapport à la résilience ukrainienne, la Russie a dû se rabattre sur des méthodes peu orthodoxes et condamnables par les lois de la guerre. Elle bombarde à distance les infrastructures vitales de l’Ukraine, en particulier les centrales électriques, privant par ainsi plus de 60% d’ukrainiens d’électricité à l’approche de l’hiver et aussi d’eau potable. La plupart des ukrainiens ont dû recourir à des eaux de puits, de pluies ou de rivières. C’est une véritable catastrophe humanitaire. Toute l’Ukraine est constamment sous les missiles et drones russes, causant des pertes aux infrastructures et aussi en vies humaines.

L’occident a dû aider l’Ukraine en lui fournissant des matériels anti-missiles et anti-drones. Avec les nouvelles armes fournies par l’occident, l’Ukraine frappe des objectifs stratégiques  à plus de 500 km à l’intérieur de la Russie, à l’aide des drones de fabrication russe améliorés par l’Ukraine. C’est l’escalade.

Les pays de l’Occident, avec les américains en tête, fournissent des armes de plus en plus sophistiquées à l’Ukraine et mettent des moyens financiers considérables à sa disposition (plus de 50 milliards de dollars). La Russie se préparerait à une contre-offensive sur la capitale, Kiev, en massant des troupes et des armes en Biélorussie sur la frontière nord, ce qui oblige l’Ukraine à disperser ses forces pour ne pas être prise au dépourvu comme au début de la guerre où la Russie était à quelques dizaines de kilomètres de Kiev, avant de battre en retraite en massacrant les populations ukrainiennes, en laissant des matériels au profit de l’armée ukrainienne et des prisonniers de guerre.

 A noter que l’une des pourvoyeuses d’armes à l’Ukraine est la Russie qui a abandonné des milliers de matériels lourds (2500 pièces), électroniques et informatiques en se retirant de la zone nord, en particulier à Kharkiv et à Lyman et un peu moindre à Kherson dans le sud.

1.3. Ses répercussions sur le monde

Cette guerre n’affecte pas seulement la Russie et l’Ukraine. L’Occident a pris une série de sanctions contre la Russie pour cette agression dont un 9e train de sanctions le 16 décembre 2022. Ces sanctions frappent de plein fouet l’économie russe, mais elles ont des contrecoups sur l’économie mondiale, en particulier sur l’Europe. Elles ont des effets sociopolitiques, économiques et géopolitiques. Il en résulte des visions beaucoup plus marquées, de nouvelles dispositions de jeux d’alliances (Occident vs BRICS, G7, G20), et des crises à n’en plus finir,  la crise alimentaire, la crise énergétique, la crise économique dont le principal indicateur demeure l’inflation généralisée, la crise financière, le yo-yo des principaux marchés boursiers mondiaux. Selon les économistes, la récession mondiale sera terrible. Et Haïti en donne le ton avec sa 4e année consécutive de récession.

II.                  SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

2.1. Le chaos, l’instabilité politique et l’insécurité généralisée

En ce qui concerne Haïti, il ne saurait être autrement. Le pays est en crise depuis des décennies. La crise globale haïtienne est multiforme et multidimensionnelle. Les élites haïtiennes n’ont pas pu bien administrer la transition  de la dictature au processus de démocratisation du pays.  En dotant le pays d’une constitution exclusiviste (art.291 et autres contre la diaspora), elles ont renforcé la mentalité de division de l’haïtien. Faute d’un travail éducatif en profondeur, le peuple a confondu la licence avec la démocratie, la majorité avec l’unanimité, les devoirs avec les droits, etc. Ce qui a conduit le pays dans la profondeur du chaos actuel.

Ce chaos, qui est le summum de l’instabilité politique, se traduit par cette insécurité globale et cette impunité qui fait croire à la majorité des haïtiens, en particulier les élites politiques qu’elles sont des intouchables et peuvent se permettre un langage violent et développer des stratégies de violences dont « le Krazebrize » pour accéder au pouvoir. D’où l’insécurité globale et  chronique que vit le pays depuis la chute de la dictature des Duvalier jusqu’à date où elle a atteint le sommet de la cruauté et de l’inhumanité.

Les gangs, qui étaient à la solde des secteurs politiques (pouvoirs et oppositions) et des secteurs d’affaires, s’affranchissent de leurs tutelles, s’autonomisent de plus en plus et défient tout le monde. C’est le règne des bandits. Ils visent surtout le peuple et les policiers, se battent entre eux pour de nouveaux territoires, s’entretuent, s’accaparent des biens privés, violent, volent, tuent et filment leurs forfaits en se mettant en scène sur les réseaux sociaux.

On dénombre grosso modo des milliers de kidnappings, de massacrés et d’assassinats dont 54 policiers pour l’année 2022 et au moins 2 politiciens de grand renom, Eric Jean-Baptiste et l’ex-sénateur Buisreth, d’exilés internes et externes dont des dizaines de milliers vers des zones de province et vers des cieux plus cléments (République Dominicaine, USA, Bahamas, Canada, Mexique, Brésil, Chili, les Antilles). Et ces pays, en particulier la République Dominicaine et les USA, rapatrient les compatriotes sans ménagement et les retournent sans vergogne vers l’enfer haïtien qu’ils ont contribué à créer en s’ingérant dans les affaires internes du pays.

2.2. L’indexation de politiciens[5] et d’hommes d’affaires[6] dans le trafic d’armes et de la drogue

Ces pays, en particulier les soi-disant amis d’Haïti, sont impliqués jusqu’au cou dans le chaos haïtien par l’intermédiaire de leurs commandeurs haïtiens qu’ils ont mis en place dans les hautes sphères des pouvoirs politiques et économiques. Ces suppôts de l’international, regroupés en clans, ne se battent que pour leurs clans, rejetant Haïti au second plan. Le développement d’Haïti demeure le cadet de leur souci. Et le pays périclite au grand dam des patriotes conséquents, pleurant  de rage et, en conséquence, développant des maladies cardiovasculaires qui les paralysent ou les conduisent à la tombe, car trop lâches pour se lancer dans la bataille politique, laissant le champ libre à ces vagabonds, vendeurs de pays et accros à toutes sortes et formes de raquettes pour s’enrichir au détriment de la majorité, dont la politique à l’haïtienne, le trafic de la drogue et des armes.

Ce sont ces leaders politiques et hommes d’affaires, dont Joseph Lambert, Youri Latortue, Laurent Lamothe, Michel Martelly, Gilbert Bigio, Reynold Deeb et Shérif Abdallah, que le Canada et les USA ont indexés, parce qu’ayant l’habitude de les pratiquer et ayant constitué des dossiers sur eux. Face à la dégradation de la situation haïtienne qui échappe à leur contrôle, ces pays amis, qui ne savent plus à quel saint se vouer, décident de sévir et de frapper un grand coup en offrant en holocauste leurs anciens suppôts intérieurs, favorisant par ainsi une décantation de la situation, en vue de tenter certaines solutions susceptibles d’atténuer le chaos actuel.   

2.3. Les tentatives de solutions, exigences de la communauté internationale

Depuis l’assassinat crapuleux du président Moïse, ce crime transnational, impliquant Haïti, la République Dominicaine, la Colombie et les USA, on a comme l’impression que la communauté internationale veuille trouver une solution différenciée vis-à-vis d’Haïti par rapport aux solutions cosmétiques du passé. Des missions se succèdent avec le même discours, la nécessité d’une entente inter-haïtienne. C’est comme si cette communauté internationale se sent un peu coupable du malheur de cet état nègre qui, par sa révolution, a façonné et favorisé le monde d’aujourd’hui, et dont les grandes puissances économiques, comme la France et les USA, les pays riches d’aujourd’hui, se sont liguées pour le maintenir dans la crasse à cause de ce forfait.

 On sent aussi que cette communauté internationale est à court de solutions sérieuses susceptibles de sortir Haïti définitivement de ce bourbier, de ce chaos sans nom dont les effets les affectent eux-aussi en tant que partenaires de longue date de ce petit pays qui a façonné l’histoire du monde. La société civile, avec la plate-forme POTOMITAN qui y va de ses assises communales et départementales pour déboucher sur la grande Assise Nationale en phase préparatoire en vue de dégager les grands chantiers de développement d’Haïti, et le gouvernement avec la dernière trouvaille, l’accord du 21 décembre 22[7] ou « Consensus National pour une transition inclusive et des élections transparentes », avec deux entités : le haut conseil de transition (HCT) et L’Organe de contrôle de l’action gouvernementale (OCAG) essaient de trouver des solutions à la situation catastrophique actuelle.

2.4. Les conséquences de la situation catastrophique sur la socio-économie

Ce n’est un secret pour personne qu’Haïti est dans le gouffre. Ses efforts pour s’en sortir seule se révèlent jusqu’à date sans succès. Au contraire, la crise politique et ses dérivées débouchent sur le retour du choléra, la crise du carburant, le blackout, le manque d’accès à l’eau potable, l’aggravation de la situation économique, la vie chère, l’inflation de 47.2% (oct. 22), la récession économique pour la 4e année consécutive où le PIB a encore chuté à (-1.7%) en 2022. L’activité économique est au plus bas. Les Haïtiens  partent en avion, sur de frêles embarcations, traversent la frontière vers la République Dominicaine, causent des problèmes de réfugiés dans toute l’Amérique du nord au sud en passant par l’Amérique Centrale et la Caraïbe,  et même en Europe (France, Turquie). D’où les rapatriements forcés de nos compatriotes (143,333 de la seule RD depuis janvier 22, selon  les autorités dominicaines, rapporte Le Nouvelliste, sans compter ceux en provenance des USA et d’autres pays), sous l’œil indifférent du gouvernement en place qui ne gère que son ombre.

III.                CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

On s’habitue avec le covid-19. On en a plus peur. On en parle presque plus. Même si ses diverses mutations continuent d’infecter, de tuer surtout des personnes souffrant de comorbidités. Depuis le 24 février 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie occulte tout, en particulier le covid-19, sauf le mondial du Qatar remporté par l’Argentine et le décès  plus ou moins attendu de Pelé, l’immortelle star mondiale du football.

Le Covid-19, dans un premier temps, et surtout la guerre en Ukraine, dans un second temps, bouleversent totalement la donne au niveau mondial et en Haïti tant sur les plans socioéconomique, politique et géopolitique, avec l’émergence d’une plus forte solidarité entre les BRICS par rapport à l’Occident et une polarisation plus marquée entre les 5 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU. Citons entre autres le dossier d’Haïti.

En effet, Haïti, qui se débattait avec ses démons de division, ses crises multiformes et multidimensionnelles, a vu sa situation globale s’aggraver à partir de 2020 avec la mondialisation du Covid-19, même si elle a déjoué les pronostics par rapport aux prévisions pessimistes des effets de cette pandémie sur le peuple haïtien,  et s’envenimer à partir de l’assassinat crapuleux du président Moïse, le 7 juillet 2021,  et les effets de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale et ses répercussions sur notre pays.

Vu les impacts du covid-19 et de la guerre en Ukraine sur le monde et sur notre pays, l’instabilité politique qui engendre l’insécurité et l’impunité, plonge Haïti dans un chaos indescriptible où les gangs à sapâtes et à cravate font la loi par la capture de l’Etat et l’occupation de certaines zones stratégiques du pays, en particulier l'encerclement de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Heureusement, l’indexation de la plupart d’entre eux, dont certains politiciens, hommes d’affaires et chefs de gangs, provoque une certaine décantation par rapport à la situation globale qui, malgré tout, demeure préoccupante et très incertaine.

Les diverses missions américaines et de la communauté internationale n’ont pas permis des avancées spectaculaires sur le plan politique. Ariel Henry, qui remplit les fonctions de chef d’Etat et de gouvernement à la faveur d’un concours de circonstances, demeure la clef du problème, s’il  n’est pas considéré tout simplement comme le problème, comme Aristide et Moïse en leur temps.  Dans les deux cas cités en exemples, l’un a été exilé, l’autre a été assassiné sans que la crise ne soit résolue.

Perspectives 2023 : l’année de redémarrage d’Haïti

Pour sortir du chaos actuel, faudrait-il trouver une formule originale, incluant l’ensemble des protagonistes de la crise, naturellement sans les indexés (gangs à cravate et gangs à sapâtes), avec un appui musclé de la communauté internationale en vue de redémarrer le pays ?

Cette formule inclusive permettrait de :

(i)                  Rétablir, avec les forces de l’ordre haïtien, la sécurité au niveau de l’ensemble du pays ;

(ii)                Mettre en place un programme minimum de relance de l’économie dont, entre autres, une forte composante de création d’emplois ;

(iii)               Organiser la grande concertation d’Haïti ou l’assise nationale haïtienne en vue de dégager les piliers de développement du pays ;

(iv)               Jeter les bases d’un nouvel Etat d’Haïti selon la vision 2054, acté par une nouvelle constitution, et mis en œuvre  en trois phases bien articulées et bien intégrées, 1) 88% de souveraineté alimentaire en 2032, 2) pays émergent en 2042 selon le modèle de la Scandinavie, et 3)  consécration d’Haïti comme pays phare du monde en 2054 en terme de démocratie solidaire ;

(v)                Organiser des consultations populaires pour l’approbation de la nouvelle charte fondamentale ;

(vi)               Mettre en place un conseil électoral permanent (CEP) ;

(vii)             Organiser les élections générales dans le pays selon les nouvelles directives de la nouvelle charte fondamentale (Novembre-Décembre 2023) ;

(viii)           Passer le pouvoir aux nouveaux élus, issus des élections générales, le 7 Février 2024. Ce qui permettrait de contempler cette consécration d’Haïti, à l’horizon 2054, en tant que pays phare du monde en matière de démocratie solidaire, réduisant drastiquement, sur une période de 30 ans, les écarts entre les riches et les pauvres.

lundi 6 février 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (34) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (11) ET SES INCERTITUDES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, ENCORE DES INCERTITUDES

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (34) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (11) ET SES INCERTITUDES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, ENCORE DES INCERTITUDES

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

6 FEVRIER 2023

              Dans mon bilan 2022 et perspectives 2023[1], j’avais prévu  « des incertitudes qui perdurent », malgré la petite voix qui m’incitait à croire que l’année 2023 serait « l’année de redémarrage d’Haïti ». Cette 34e chronique est encore consacrée à l’interrogation, Haïti et le Monde à la croisée des chemins (?). Elle n’est plus liée au covid-19 définitivement mis de côté, sauf en cas d’informations qui en vaillent la peine. Elle est liée actuellement, au niveau mondial, à la guerre en Ukraine (11), et, en Haïti, à l’instabilité politique et ses dérivées, l’insécurité et l’impunité. Au cours de ce mois de Janvier 2023, les signes s’orientent beaucoup plus vers des incertitudes tant en Ukraine qu’en Haïti. En effet, la guerre en Ukraine est partie pour durer, avec une possible escalade impliquant plus à fond l’OTAN, tandis qu’en Haïti, les gangs passent à une vitesse supérieure, assassinant plus d’une quinzaine de policiers et une vingtaine de civils, continuent leurs forfaits en termes de kidnappings, de pillages, de viols et défient tout simplement le gouvernement en place. D’où le titre de  cette 34e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (34) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (11) ET SES INCERTITUDES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, ENCORE DES INCERTITUDES.»

              Dans cette chronique, on passera en revue 1) la situation au niveau mondial avec accent particulier sur (i) la guerre en Ukraine et (ii) quelques éléments de la politique américaine. 2) On s’attardera sur la situation d’Haïti, avec accent particulier sur : (i) le chaos lié à l’instabilité politique, l’insécurité ; (ii) le programme humanitaire de Biden et la ruée vers l’eldorado américain ; (iii) la situation économique du pays à la lumière des grands rendez-vous de Kesner Pharel. 3) On achèvera cette chronique en dégageant  des conclusions et des perspectives plutôt sombres pour Haïti à la lumière des turbulences du mois de janvier 23.

            1.     SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

1.1. La guerre en Ukraine[2]

Le 24 Janvier 2023 marque le 11e mois de cette guerre et amorce le 12e mois. A date, la situation est très complexe et difficilement explicable. La guerre d’attrition se concentre sur le Donbass avec un certain avantage pour la Russie qui a repris la ville minière de Soledar, tente de prendre la ville  de Vouhledar (15,000 habitants avant la guerre) et grignote des territoires autour de Bakhmouth. C’est une dynamique qui change de camp, grâce, en partie, à la massification de l’armée russe (mobilisation de nouveaux conscrits). Environ 300km2 gagnés au cours du mois de janvier par la Russie.

C’est vrai que Vouhledar est une petite ville, mais elle a une importance stratégique. C’est un nœud ferroviaire, une sorte de voie d’accès d’alimentation et d’approvisionnement entre Donetsk  (Route H20, T0509) et vers la Crimée. L’Ukraine frappe à distance les nœuds et ponts ferroviaires favorisant l’approvisionnement par la Russie de ces zones en armes, munitions et hommes. Tandis que la Russie continue de bombarder à distance toutes les grandes villes d’Ukraine, Kiev, Kharkiv, Zaporijia, Kherson, Odessa, etc. C’est un travail systématique de destruction d’un pays, sans épargner les infrastructures civiles, les installations électriques et d’eau potable, les complexes résidentiels et autres. Tout cela se fait à l’aide de drones et missiles de croisière tirés depuis  des  bases militaires de la Russie et des bateaux de guerre.

Par rapport à la résilience ukrainienne, la Russie a dû se rabattre sur ces méthodes peu orthodoxes et condamnables par les lois de la guerre. L’Ukraine a sollicité et obtenu de l’Occident des armes un peu plus sophistiquées pour se protéger et continuer de résister. Aux dernières nouvelles, les pays de l’occident commencent à fournir, même en retard, des chars de guerre modernes sollicités depuis belle lurette. Ce qui indispose les dirigeants russes, qui promettent de les détruire. Dans le cas d’un dérapage russe ou d’une  défaite de l’Ukraine (?), l’OTAN serait prête à une « confrontation directe » avec la Russie.

A un moment donné, la dynamique était du côté ukrainien, l’Occident aurait dû en profiter pour fournir à l’Ukraine les moyens sollicités pour bousculer davantage les Russes et les forcer, face à une possible défaite, à négocier. Malheureusement, l’Occident a trop tergiversé au début et même pendant la guerre, car paralysé par les menaces nucléaires russes.

La Russie en a profité pour entreprendre quatre actions plutôt cohérentes : (i)   mobiliser 300,000 conscrits et même plus, (ii) annexer officiellement les territoires conquis, les 4 régions de Donetks, de Louhans, de Zaporijia et de Kherson, (iii) obtenir des partenaires comme l’Iran, la Corée du Nord, les armes et munitions dont elle a besoin pour intensifier ses bombardements à distance de l’Ukraine, en particulier des infrastructures clés de l’Ukraine, bâtiments militaires et surtout bâtiments civiles comme les centrales électriques, les ouvrages de transport, d’irrigation et d’eau potable, et, enfin, (iv) se réorganiser (massification des troupes au niveau de ses frontières et des frontières de la Biélorussie avec l’Ukraine et aussi à l’intérieur des territoires occupés, en vue de reprendre la dynamique et même d’envisager une contre-offensive d’envergure visant, tout au moins dans le discours, ses objectifs de départ, à savoir la prise de Kiev, le changement de régime (dénazification) et le démantèlement de l’armée ukrainienne.

Dans le cas d’une victoire russe, envisageable à partir de la nouvelle dynamique en faveur des russes, l’Occident décide de franchir  une nouvelle étape, en promettant et en fournissant des armes de plus en plus sophistiquées à l’Ukraine, des chars modernes allemands, des chars modernes américains, des missiles longue portée (150 km)[3] et possiblement des avions[4]français et de chasse F16 américains (?), et en envisageant une « confrontation directe » entre l’OTAN et l’Ukraine ; car, selon Zelenski, Poutine ne se contenterait pas de prendre l’Ukraine, mais envisagerait de retrouver les frontières de l’URSS, donc de repousser les frontières actuelles de l’OTAN. Tout ceci appuyé par les déclarations à peine voilées de Poutine[5]  et confortées par les déclarations de Lavrov[6] vis-à-vis de la Moldavie. D’où des incertitudes par rapport à une escalade plutôt sérieuse pouvant déboucher sur une troisième guerre mondiale. 

1.2. Quelques éléments de la politique américaine

Ce qui pousse l’administration américaine, malgré la prise effective de la Chambre Basse(Le Congrès) par les républicains, à intensifier son aide à l’Ukraine et à renforcer ses liens avec l’Europe et l’OTAN pour, à partir de la guerre en Ukraine, affaiblir la puissance russe. La visite de Zelenski aux USA suivie de celle de Macron, le président français, a favorisé cette intensification et ce renforcement de la politique américaine vis-à-vis de l’Ukraine et de l’Europe.

30,000 migrants en provenance de 4 pays latino-américain et caribéen

 Sur le plan interne, Biden, malgré ses démêlés en relation avec des documents « top secret » trouvés chez lui et les dispositions de la justice pour jeter la lumière sur cette affaire, multiplie des initiatives au niveau social et infrastructurel et innove en matière de politique migratoire, en mettant en place un programme humanitaire, visant 30,000 migrants par mois durant 2 ans, le reste de son 1er mandat, en provenance de 4 pays, Venezuela, Nicaragua, Cuba et Haïti. Ce programme devrait permettre à l’administration Biden de refouler, sans aucune forme de procès, tous les migrants en provenance de ces pays et qui ne respectent pas les critères liés à ce programme humanitaire de 2 ans.

A noter que ce programme fait suite à un programme similaire qui permettait à l’administration Biden de recevoir 30,000 vénézuéliens par mois. A noter aussi que mensuellement, environ 15,000 haïtiens tentent leur chance de rentrer illégalement aux USA, en particulier au niveau des côtes de la Floride, Keys et Miami. Ce programme permettrait à l’administration Biden de réduire le nombre d’illégaux au niveau de la frontière américaine, tout au moins ceux en provenance de ces 4 pays. En effet, l’administration Biden n’aura à recevoir que 7,500 migrants/mois/pays, soit un total de 30,000 migrants/mois. Les adversaires républicains ne pourront plus claironner cette histoire de barrière libre vis-à-vis des immigrants, tolérée par l’administration Biden, qui pourrait appliquer les mesures de refoulement systématique mises en place par les républicains sous l’administration Trump.

Le survol du territoire américain par un « ballon espion » chinois 

Pourtant, à la faveur du survol du territoire américain par un « ballon espion » chinois, les républicains n’ont pas hésité une seconde à solliciter la démission de Joe Biden et Kamala Harris, à cause de la non-protection des frontières terrestres et aériennes des USA. Sous les conseils des militaires américains, le ballon a été abattu sur l’Océan Atlantic, près de Caroline du Nord, pour éviter des dégâts collatéraux. A la faveur de cet événement, on a appris que l’espace aérien américain a été violé trois fois par des ballons chinois sous l’administration Trump, sans aucune réaction publique de l’administration. Une remarque, en cas de démission de Biden et de Harris, c’est le speaker de la chambre basse qui aurait hérité du pouvoir, Kevin McCarthy. De là à demander la démission de l’administration actuelle, il n’y avait qu’un pas. Les républicains l’ont franchi mais sans succès.

7600 faux diplômes d’infirmiers fournis par une école en Floride

Alors que le FBI vient de démanteler un réseau de fraudeurs haïtiens qui, à travers des instituts de nursing (écoles de sciences infirmières), ont vendu 7600 faux diplômes pour plus de 100 millions de dollars américains à raison de 16,000 USD/diplômes, dans l’Etat de la Floride, plus de 2000 haïtiens ont déjà obtenu leur approbation pour rentrer aux USA dans le cadre du programme humanitaire de Biden. 25 responsables[7] de ces 3 écoles sont condamnés à 20 ans de prison et une note est passée aux 50 États américains pour procéder à la révocation de ces faux diplômés. Ce dossier a été traité par un procureur américain d’origine haïtienne, Mackenzie Lapointe PHD, récemment nommé par Biden en septembre 2022.  Une note de recrutement d’infirmières pour le système de santé en Floride fait mention clairement : « Pas d’Haïtiens ». Tous les haïtiens de cette branche de métier paient pour les fraudeurs. La note est bien salée pour Haïti. 

        2.     SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

La situation haïtienne en ce mois de janvier 2023 n’est pas  différente  des cinq derniers mois de l’année 2022. On dénote une détérioration de la situation liée à l’instabilité politique et ses corollaires, l’insécurité et l’impunité. On sent de plus en plus la mainmise des gangs sur la zone métropolitaine de Port-au-Prince et de la zone du Bas-Artibonite, qui, jusqu’à date, opère en toute impunité. Quant aux haïtiens, ils perdent de plus en plus d’espoir et considèrent le programme humanitaire comme une bouée de sauvetage. Cela se comprend vu la situation socioéconomique catastrophique  du pays.

(i)                  Le chaos, l’instabilité politique et l’insécurité généralisée

Le brin d’espoir lié en partie à l’accord du 21 décembre 2022 tarde à se concrétiser. Le Haut Conseil de Transition (HCT), qui devrait jouer un rôle clé, connait des difficultés de concrétisation. En tout cas, aux dernières nouvelles, il est installé. L’insécurité est montée d’un cran et les gangs se donnent à cœur joie dans l’assassinat de policiers, une quinzaine au total depuis le début du mois de janvier, avec une grande accélération à la fin du mois. La vie des policiers ne tient qu’à un fil (commissariats envahis par bandits GranGrif, exemples de Liancourt en janvier, Petite Rivière en l’année 2022 ; Commissariat démoli par Gang Vitelhomme, l’exemple de Pernier). Je me rappelle cette petite phrase d’Evans Paul, ex-premier ministre et leader politique, «  la durée de vie d’un bandit est d’environ une semaine ». La tendance est inversée maintenant avec beaucoup plus d’acuité. En effet, c’est celle d’un policier qui dure une semaine et même moins, si on se réfère au mois de janvier 2023.

On a dénombré l’année dernière 54 cas d’assassinat de policiers, et pour le seul mois de janvier, 14 cas d’assassinat de policiers, Radio Métropole parle d’une vingtaine de cas. Si cette tendance se maintient, l’année 2023 sera terrible pour cette entité régalienne, la seule force vraiment impliquée dans la guerre contre les gangs, la communauté internationale étant réticente par rapport à l’armée d’Haïti. Tous les spécialistes haïtiens de la question sont d’accord, le dossier d’insécurité tel qu’il se présente est un cas militaire et non de police. Comme certains membres de la police nationale d’Haïti (PNH) semblent de connivence avec des groupes de gangs et même partiellement inféodés de Gangs (Fantom-509), on ne comprend pas cette réticence de la communauté internationale, qui, en connaissance de cause, est en train d’envisager une force d’intervention militaire en Haïti, sous l’obédience de l’ONU, malgré la grande réticence de certains pays à envoyer des troupes en Haïti, sauf Jamaïque et Salvador. En attendant, un avion de la « Royal Air Force » du Canada a sillonné le ciel haïtien soit-disant pour identifier les zones de localisation des bandits et informer la PNH. Pourquoi ne pas renforcer l’armée d’Haïti pour lui permettre de se colleter à les bandits ? Parallèlement, les actions des bandits et autres problèmes connexes poussent les haïtiens à rêver au programme humanitaire de Biden et à se ruer vers l’eldorado américain.

(ii)                Le programme[8] humanitaire de Biden[9] et la ruée vers l’eldorado américain

Le Programme humanitaire est bien réel et plus de 2000 haïtiens sont déjà qualifiés, sans oublier les cubains majoritairement qualifiés et les nicaraguayens. Pour avoir accès à ce programme, il suffit d’avoir un sponsor qualifié, c’est-à-dire quelqu’un qui réalise annuellement entre 18,000 et 30,000 USD. Deux ou plusieurs personnes peuvent se mettre ensemble pour sponsoriser un migrant haïtien ou plusieurs, dépendant de leurs capacités financières et de leur situation par rapport aux services de fiscalité américaine (IRS). Les haïtiens investissent le service d’immigration pour obtenir leur passeport à raison de plus de 4000 par jour. Ceci crée un désordre énorme au niveau des bureaux d’immigration à travers le pays. Les téléphones des haïtiens vivant aux USA grésillent à longueur de journée à cause des coups de fil des haïtiens de l’intérieur à la recherche de sponsors. C’est la ruée vers l’eldorado américain à la recherche d’un mieux-être. 

(iii)               La situation économique du pays à la lumière des grands rendez-vous de Kesner Pharel

Cette fuite des haïtiens à la recherche d’un mieux-être est directement liée à la situation socioéconomique et politique du pays. C’est pourquoi, dans ma dernière chronique, j’avais écrit : « la crise politique et ses dérivées débouchent sur le retour du choléra, la crise de carburant, le blackout, le manque d’accès à l’eau potable, l’aggravation de la situation économique, la vie chère, l’inflation de 47.2% (oct. 22), la récession économique pour la 4e année consécutive où le PIB a encore chuté à (-1.7%) en 2022 ».  La situation s’est encore détériorée en décembre 2022 : « Le taux d’inflation en décembre 2022 par rapport à décembre 2021 a atteint le niveau de 48.3% et s’est rapproché du niveau de 3% (2.9%) en décembre 22 par rapport au mois de novembre 2022, selon le dernier rapport de l’IHSI » a twitté l’économiste Kesner Pharel. Il a conclu son tweet ainsi : « Une détérioration continue du pouvoir d’achat de la majorité des Haïtiens ».

Le budget initial de 2022-2023 de 267.5 Mrds de gourdes tient compte de la situation économique actuelle et propose des solutions en relation avec la sécurité alimentaire (Filet de sécurité sociale, Agriculture, tourisme, etc.). En effet, « De septembre 2022 à février 2023, quelque 19000 personnes sont estimées en catastrophe (phase 5 du cadre intégré de classification de l’insécurité alimentaire ou l’IPC). 18% de la population analysée, soit environ 1,8 million de personnes sont classées en phase 4 de l’IPC (urgence) et 29% (environ 2 900 000 personnes) en phase 3 (crise), soit 48% de la population dans le besoin d’une action urgente. » Selon la Commission Nationale de Sécurité Alimentaire, CNSA, rapportée par DEVHaïti.

Quand on écoute les interviews des grands rendez-vous économiques de Pharel, avec le ministre des Finances, Michel Patrick Boisvert[10], avec le gouverneur de la Banque Centrale, Jean Baden Dubois[11], avec l’éditorialiste du Nouvelliste, Frantz Duval[12], avec le représentant du secteur privé, Pierre Marie Boisson[13], on comprend mieux ce qui s’est passé en matière politique et économique en 2022, et, avec eux, on perçoit mieux ce qui pourrait se passer à l’avenir, en particulier en 2023. A mon humble avis, tout professionnel évoluant en Haïti ou qui s’intéresse à la problématique haïtienne devrait écouter chaque année ces interviews.

3        3.     CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Le 24 février 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie connaitra sa première année. Du train où ça va, cette guerre va durer longtemps. L’année 2023 sera décisive. L’Otan a intérêt à soutenir l’Ukraine pour stopper la Russie. Dans le cas contraire, la Russie n’attendra pas longtemps avant d’annexer une autre ancienne république soviétique. Le monde donc va continuer à subir les conséquences de cette guerre, en particulier l’Ukraine et la Russie, mais aussi l’Occident et notre grand voisin américain, le leader de l’occident. Et la situation catastrophique haïtienne se verra empirée, elle restera le théâtre d’affrontement, au sein de l’ONU, entre la Russie et la Chine d’un côté et les USA, le Canada et la France de l’autre.

En effet, Haïti, qui se débattait avec ses démons de division, ses crises multiformes et multidimensionnelles, aura à subir les conséquences de ce qui se passera dans le monde et surtout aux USA. De plus sur le plan interne, on s’achemine beaucoup plus vers un affrontement entre les protagonistes politiques que vers une entente qui atténuerait les effets négatifs de l’instabilité politique. L’insécurité, qui en est un corolaire, est montée à pic ces derniers jours et semble subir une accélération à l’approche du 7 février 2023.

Je voudrais comme à mes habitudes regarder avec optimisme l’avenir immédiat de mon pays. Du train où ça va, je préfère attendre les deux prochains mois pour voir si les lignes vont bouger. Un diplômât dominicain, C. Gabriel affirme que « 70% du territoire haïtien est contrôlé par les gangs ». Quand on regarde la configuration du pays, en particulier les points clés des routes d’accès à l’ensemble du territoire, on a tendance à lui donner raison, même quand, à l’intérieur des grandes zones, on jouit encore d’une relative liberté.

Je reste persuadé que, et, avec moi, 69% de la population haïtienne, Haïti ne pourra pas sortir de ce bourbier sans un appui musclé de la communauté internationale. Et la solution à la problématique haïtienne passera forcément par une proposition collective haïtienne en termes de programme d’urgence et de long terme appuyée par la communauté internationale. C’est la porte de salut pour Haïti ! Mais quand commencera-t-on?