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samedi 2 juillet 2016

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PEUT NOUS SORTIR DE CET IMBROGLIO

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PEUT NOUS SORTIR DE CET IMBROGLIO
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 JUIN 2016


Le 14 Juin 2016, comme le 14 Mai, n’a pas vu partir le Président Privert qui a remis son sort entre les mains du Parlement selon l’article 7 de l’accord du 6 Février 2016. Le Parlement s’est réuni difficilement en Assemblée Nationale, mais n’a su et pu arrêter une décision sur le sort du Président qui est devenu depuis cette date un « président de facto ». La raison évoquée, la majorité et la minorité n’ont pas su s’entendre sur la simple question de vote séparé ou non de la feuille de route et de la prorogation du mandat du Président Privert. Ce qui a conduit à la mise en continuation de la séance en Assemblée Nationale. Est-ce la seule explication à cette mise en continuation de l’Assemblée Nationale (AN)? Il faut aller chercher ailleurs la vraie explication à ce désaccord entre pouvoir et opposition. D’ailleurs, la lettre de la minorité au Sénat à l'officiel panaméen, Roberto Zuniga BRID, pour dénoncer la présence du Président Privert parmi ses pairs à l’inauguration de l'extension du canal de Panama préludait déjà ce qui allait se passer à cette séance en assemblée nationale, mainte fois convoquée et renvoyée.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes circonstances
L’actuel groupe minoritaire au Senat pro martelliste (Latortue, Cantave, Foucand, Jacques Sauveur Jean, Onondieu Louis, Zenny), agit comme le G6 (Moïse, Bien-Aimé, Polycarpe, Exius, John Joel Joseph, Jeanty ( ?) ), le groupe minoritaire, qui, sous l’administration Martelly, bloquait toutes les initiatives gouvernementales, en particulier le processus électoral, en infirmant le quorum, en s’absentant du parlement pour ne pas voter la loi électorale amendée (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/03/haiti-le-dialogue-inter-haitien-lunion.html ).
Ce groupe à l’époque était qualifié d’extrémiste, de jusqu’au boutiste, de radical ainsi que ses alliés politiques (LAVALAS, le MOPOD), opposants farouches à Martelly. Voici ce que j’avais écrit au sujet du G6, le 31 Aout 2014: « En dépit de la mise en place  de ce CEP « acceptable » réclamé par la plupart des acteurs politiques, le Sénat n’a pas encore voté, plus de 158 jours depuis son vote par la Chambre Basse, la loi électorale amendée. La grande majorité des haïtiens y inclus certains anti-Martelly, attendent impatiemment  ce vote. A chaque fois, le Groupe des six Sénateurs radicaux (G6), qui réclame l’application de l’article 289 pour la mise en place d’un CEP constitutionnel, infirme le quorum pour empêcher ce vote" (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/08/haiti-imbroglio-politique-desras.html .
Baton ki bat chien blan se li ki bat chien nwa. Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes circonstances. C’est ce que pensent nos politiciens de l’actuelle opposition, proche de Martelly. C’est l’explication à leur comportement. C’est notre perception de l’actuelle opposition. C’est le groupe minoritaire au Senat et ses alliés politiques, opposants farouches à Privert, qui veulent à tout prix le capoter. Le groupe minoritaire actuel du Senat se comporte de la même manière que le G6, il bloque la prolongation du mandat du Président Privert en infirmant le quorum. Eux qui taxaient de radical le G6 par rapport au boycott de l’administration Martelly, au refus de voter la loi électorale amendée, à la velléité de pousser Martelly à la démission, font  la même chose que le G6, pousser le Président, J. Privert à l’abandon de son poste de président provisoire, même si le groupe minoritaire actuel dispose de « quatre (4) ministres au sein du gouvernement actuel et en veut quatre (4) autres », selon le Sénateur Bien-Aimé. Ce qu’a catégoriquement nié le Sénateur Latortue. En tout cas, le Sénateur Bien-Aimé crie fort à ceux qui veulent l’entendre et persiste dans sa vérité. Il qualifie de tous les adjectifs l’actuel groupe minoritaire du Sénat présidé par le Sénateur Jacques Sauveur Jean, le rend responsable de tous nos malheurs actuels et l’accuse avec PHTK d’être à la base des actes de banditisme et de terrorisme enregistrés au pays ces derniers temps.

Or, en politique l’évidence n’est pas forcément la vérité
A la faveur de cette crise politique sans fin, et malgré les intermèdes footballistiques, Copa America Centenario remporté aux tirs au but par le Chili au détriment de l’Argentine, la Coupe d’Europe au stade de quart de finale, les forces rétrogrades ont repris du service. Les bandits passent à l’attaque, le vol, le viol, le kidnapping, la raquette ; le terrorisme aussi : l’attaque contre les grandes entreprises étrangères et nationales, notamment l’hôtel Marriott, la Digicel, la Natcom, Bermahn Motors, Automeca, la Sogebank à Delmas 30; un mois plus tôt l’attaque du commissariat des Cayes, l’incendie des pompes à essence. Pour les partisans du pouvoir en place, c’est l’opposition politique qui opère à travers ses sbires. C’est tellement évident que dans de telles circonstances l’accusée devrait être automatiquement l’opposition. Et certains alliés du pouvoir, et non des moindres, ont vite fait d’accuser PHTK et alliés. Et le commun des mortels a tendance à sauter sur ces genres de conclusions trop évidentes à mon goût. Or, en politique, l’évidence n’est pas forcément la vérité. Qui est-ce qui veut entretenir  cette division entre nous ? Qui en a intérêt ? A qui profite le crime ? En tout cas, cette radicalisation de la situation politique qui favorise les actes de banditisme et de terrorisme pourrait être exploitée par les ennemis du pays pour nous enfoncer davantage, et, plus grave encore, pourrait attirer le terrorisme international dans le back yard américain pour mieux frapper « le Grand Satan » comme il  le fait déjà en Europe (France, Belgique, Turquie). Ce que ne comprennent pas nos politiciens qui s’accusent mutuellement sans une analyse approfondie et au second degré de ces actes apparemment sans liens.

Essayer de « Vivre ensemble »
Alors qu’en réalité, il aurait fallu d’abord penser pays des deux côtés au lieu de penser clans. Ce qui est en train de se passer je l’avais déjà prévu à la fin de mon bilan 2014-2015 sur Haïti, où j’avais fait un certain nombre de recommandations pour sortir de la crise ou, tout au moins, pour essayer de « vivre ensemble ».
Lisez plutôt : « Ces recommandations n’auraient de sens que dans le cas d’une entente entre Haïtiens pour Haïti. Dans le cas d’un déchoucage du clan de Martelly (« opération Boukina Faso »), le clan de l’opposition radicale jubilerait et aurait tout gagné sans aller aux élections. Mais il aurait toutes les difficultés du monde à (i) mettre en place un Gouvernement qui n’aurait d’autre choix que  de « diriger par décret », (ii) maintenir une trajectoire positive de la croissance économique et (iii) surtout organiser les élections inclusives à tous les niveaux en 2015 à moins d’un miracle. Haïti retombera tôt ou tard dans la même crise sous une forme ou une autre avec cette fois-ci le clan Martelly en face, n’est-ce pas le cas actuellement de Lavalas en souvenir de 2004 ? Alors pourquoi ne pas s’entendre maintenant avec un Martelly affaibli pour une Haïti forte et unie? Au lieu d’hériter  d’une Haïti faible, désunie et susceptible de retomber dans les mêmes antagonismes dans un avenir pas trop lointain ? Elections avec ou sans Martelly ? La balle est dans le camp du MOPOD et alliés » (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/12/haiti-bilan-2014-perspectives-2015-du.html ).

Se démarquer du lot pour proposer…un accord politique, la voie proposée et indiquée aux décideurs politiques
A cette phase de radicalisation de la crise comme aujourd’hui qui a des répercussions sur la situation économique du pays (inflation et taux de change à la hausse, budget rectifié non voté, non élaboration du nouveau budget au mois de Juin 2016, le Sénateur Privert avait su, face à une situation similaire en Novembre 2014, se démarquer du lot pour proposer.
Lisez avec attention ce que j’avais écrit  à l’époque  à propos de la prise de position du Sénateur Privert :
« Face à cette radicalisation politique, notre ami, le Sénateur Privert, propose une sorte de sortie de crise même s’il s’en défend : « Face à cet imbroglio politique et l’imminence du vide institutionnel qui s’annonce à partir du deuxième lundi de janvier 2015, seul un accord politique, avec les partis et regroupements politiques de l’opposition et sous l’œil vigilent des secteurs organisés de la société, est capable d’éviter au pays de sombrer dans l’inconstitutionnalité, l’incertitude et le chaos avec toutes ses conséquences pour les acquis démocratiques, la stabilité politique, la croissance économique et la paix sociale ». Le Sénateur s’est servi de l’expérience de M. Préval en 2010 tout de suite après le tremblement de terre, pour faire la proposition d’éviter le vide institutionnel. Dans cette proposition axée en grande partie sur la Constitution, on sent l’Homme d’Etat qui veut à tout prix éviter le chaos. Mais, du côté du G6 au Parlement, du G6+ partis politiques de l’opposition radicale, voient-ils les choses de la même manière ? De plus, M. Préval avait la majorité au Parlement donc il pouvait compter sur le Parlement, ce qui n’est pas le cas pour M. Martelly. De toute manière, pour éviter le vide institutionnel et… le chaos, aucun sacrifice ne devrait répugner les vrais Hommes d’Etat. Il a conclu sa proposition ainsi : « Ce n’est pas une proposition de sortie de crise. C’est uniquement la voie proposée et indiquée aux décideurs politiques pour éviter, au pays, ce vide institutionnel et évacuer le spectre grimaçant de l’instabilité et du chaos qui se profile à l’horizon ». Port-au-Prince, le 20 novembre 2014 ». (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/11/haiti-se-conjugue-en-tion-une-lueur.html ).

Sortez nous de cet imbroglio, Monsieur Le Président !

Qu’est-ce qui empêche à notre ami et condisciple, une fois au pouvoir, de se souvenir de cette magnifique proposition  pour sortir le pays de l’imbroglio actuel ? Est-ce que, comme disait souvent mon papa, « l’homme aux abords du pouvoir n’est pas l’homme au pouvoir » ? En tant que Président Provisoire, mon ami a-t-il oublié son profil de sénateur « homme d’Etat » ? Ou encore n’a-t-il-pas le temps de se relire ? Ou est-il tout simplement sous l’influence des groupes et des clans politiques qui l’empêchent de penser pays ? Mon ami, on est en pleine « instabilité…, le chaos se profile à l’horizon ». Mon cher Président, ne me dites pas que vous ne pouvez pas choisir cette « voie proposée et indiquée aux décideurs politiques » au plus fort de la crise. Cessez de projeter l’image d’un président trop liée à l’ancienne opposition à Martelly, trouvez un accord politique ou , tout au moins, une entente avec votre « ami » Martelly et alliés (Evans Paul, Latortue) pour et au nom du pays, et passer des instructions au CEP pour introduire le vote électronique dans le processus électoral, en demandant aux pays comme le Brésil, le Venezuela de nous aider (ils en ont l’expertise) ; et pourquoi pas la République Dominicaine toute proche ? Pour répéter Ricardo Seitenfus, il ne s’agit en fin de compte que de 13,000 bureaux de vote à équiper d’appareils électroniques (une bagatelle pour un pays comme le Brésil). Cette décision réduirait les possibilités de fraudes et donnerait plus de confiance aux 27 candidats qui ont reconfirmé leur candidature à la présidence, dont Jovenel Moïse du PHTK, ainsi que les candidats pour le renouvellement du tiers du Sénat au processus électoral. Rappelons que le vote électronique est une des recommandations de la Commission Indépendante d’Évaluation et de Vérification Electorale (CIEVE). Alors faites cet accord politique ou cette entente et sortez nous de cet imbroglio, Mr Le Président ! C’est votre responsabilité de  Président et d’Homme d’Etat.

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