HAITI, JOVENEL MOISE ELU AU PREMIER TOUR, APRES LES CATASTROPHES
NATURELLES, EVITEZ-NOUS LA CATASTROPHE POLITIQUE (?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 NOVEMBRE 2016
Au cours de ce mois de
Novembre 2016, la politique a repris ses droits de cité par rapport aux
conséquences des intempéries (ouragan Matthew et pluies torrentielles dans le
Nord). Notre pays était revenu en mode élection avec la programmation de la
présidentielle pour le 20 Novembre, suite aux élections américaines du 8
Novembre qui a vu la victoire surprise de Donald Trump sur la favorite Hilary
Clinton. Comme en de pareils cas, la politique relègue tout au second plan, les
candidats les plus en vue repartaient en campagne, malgré le manque de moyens
des uns et l’abondance des autres. C’est comme si tout se passait dans un pays
normal. On ne dirait pas que le pays venait de subir deux chocs, le passage de
Matthew et l’inondation dans le Nord, en particulier au Cap-Haitien, la 2e
ville d’Haïti, inondée, depuis quelque temps, chaque année. En effet, tout le
monde était branché élection. On avait cette impression que le pays avait envie
de finir avec ce processus qui a trop duré et qui imprime une certaine paralysie
dans son fonctionnement normal. L’économie est à plat avec 13% d’inflation
en rythme annuel, le dollar franchit le cap de 67.50 gourdes. L’insécurité
alimentaire s’accentue après le passage de Matthew. Le Plan de réponse sur le
moyen et le long tarde à venir. Ca y est, le 20 Novembre, on a eu une bonne
journée électorale sans incidents majeurs. Et après une semaine ponctuée, sur
le plan international, par la mort à 90 ans du dernier géant politique mondial,
Fidel Castro de Cuba, et caractérisée, en Haïti, par une tension presqu’insoutenable
soldée par une remontée de l’insécurité avec des morts, des blessés, des
incendies, des menaces de toutes sortes, les résultats préliminaires du 1er
tour de la présidentielle sont prononcés, le 28 Novembre 2016, par le CEP :
Jovenel Moise est élu à 55.67%
des votes valides, en
attendant les résultats définitifs après contestations. Qu’est-ce qui explique
la réussite jusqu’ici de cet énième processus électoral ? Que faut-il
faire pour éviter la catastrophe politique ?
La première explication, c’est le travail remarquable du CEP réalisé dans la transparence la plus totale. Ce CEP a affiché un profil d’indépendance à nul autre pareil, évitant tous les soupçons de partisannerie, offrant une sérénité à toute épreuve grâce à des mesures opportunes pour améliorer le fonctionnement de la machine électorale, et montrant une solidarité de tous les instants, sauf le jour de la prononciation des résultats du 1er tour de la présidentielle (6/9 ont signé). Il faut dire aussi que des institutions comme la police, les parquets de la république, le gouvernement à travers le ministère de l’intérieur et les délégués départementaux ont joué leur partition. Ce sont donc la volonté et la compétence du CEP ainsi que la neutralité de ces institutions étatiques qui ont contribué à cette réussite. Il faut aussi et surtout souligner la neutralité affichée du Président Privert.
Les interventions déterminantes de Privert
Le Président Privert, soupçonné d’être en faveur de l’ancienne opposition à Martelly dont le discours électoral est en majeure partie anti PHTK, le parti de l’ex-président Martelly, et naturellement anti Jovenel Moise, a surpris tout le monde dans un discours où il a déclaré la neutralité de son administration par rapport au processus électoral. Un vrai discours d’homme d’Etat dans lequel il a instruit la police, les commissaires du gouvernement et les délégués départementaux, représentants régionaux du pouvoir exécutif, à garder leur neutralité dans le processus électoral sous peine de sanction (Réf. http://newslakay.com/message-qui-fait-du-president-privert-un-grand-homme-regardez/ ). Ce discours a marqué un tournant majeur dans le processus électoral et s’est démarqué de la sortie de l’ex-président Aristide accusant le Conseil Electoral Provisoire (CEP) de préparer « un coup d’Etat électoral » avec l’aide d’une minorité « zuitt » qui utilise de faux sondages et autres stratagèmes, et incitant le peuple à procéder au « déchoucage électoral » au cas où la candidate de la majorité, en l’occurrence Mme Maryse Narcisse de LAVALAS, n’aurait pas gagné la présidentielle.
Et la tension montait jusqu’au 20 Novembre 2016, le jour J des élections qui se sont déroulées sans incidents majeurs. Tout le monde a salué le travail du CEP, de la police nationale, de la neutralité affichée de l’administration Privert. Pourtant, dès la fin du processus de comptage des votes, les partisans de LAVALAS ont gagné les rues pour proclamer leur victoire et le PHTK a fait de même le lendemain dans le cadre d’une conférence de presse, malgré les interdictions du décret électoral. Et durant toute la semaine avant la proclamation officielle des résultats preliminaires et malgré les notes de rappel du ministère de la Justice et de la sécurité publique, les partisans de LAVALAS ont continué à manifester et ont proféré des menaces, créant ainsi une situation de panique. Cette situation a favorisé une remontée de l’insécurité soldée par l’incendie du marché de Pétionville à Frère, des morts (une dame sortant de la banque, un bandit armé, un partisan de PHTK à Carrefour), la tentative d’assassinat de l’ex-premier ministre Yvon Neptune à Williamson sur la Nationale No 1, l’attaque de la UNIBANK de Pétionville, etc.
Le 28 Novembre 2016, le
Président Privert est revenu à la rescousse dans un autre discours pour
rappeler la neutralité de son administration et inviter les protagonistes à
utiliser les voies de recours offertes par la constitution et le décret
électoral au lieu de choisir le chaos pour faire les réclamations en cas de non
satisfaction par rapport aux résultats préliminaires. Il a aussi instruit le
CEP de tenir compte de toutes les réclamations des partis s’estimant lésés par
la proclamation des résultats préliminaires (Ref. https://www.youtube.com/watch?v=gMPWFttK9iA). Ces
interventions de Privert ont été déterminantes dans la réussite du processus.
Jovenel Moise est donc
élu en principe au 1er tour des élections
Tard dans la soirée du 28
Novembre 2016, 11h 30 PM, le CEP a enfin donné le verdict tel que rapporté par
Le Nouvelliste : « Selon les résultats de
la présidentielle fournis au CEP par le Centre de tabulation des votes, Jovenel
Moïse totalise 595 430 votes, soit 55,67% ; Jude Célestin obtient 208 836
votes, soit 19, 52% ; Moïse Jean Charles de Pitit Dessalines obtient 118 142
votes, soit 11,04% ; Maryse Narcisse de Fanmi Lavalas obtient 96 121, soit
8,99%. » (Réf. http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/165741/Jovenel-Moise-aux-portes-du-palais-national#sthash.YRpHI9sn.emOrO7w7.dpuf). Jovenel Moise est donc élu en principe au 1er tour des
élections, si les contestations ne changent pas les résultats préliminaires bas és sur environ 21% des votes valides.
Manifestations de rue,
période contentieuse, c’est la responsabilité de tous pour sauver Haïti
Bien avant la proclamation des résultats
préliminaires, le Parti LAVALAS avait annoncé la couleur. Il a grandement
contribué à la semaine de tension qui a précédé la proclamation des résultats
par des menaces verbales, des manifestations de rue. Depuis la proclamation des
résultats, le parti par l’organe même de Mme Narcisse a déclaré la mobilisation
générale contre ce qu’elle appelle « le coup d’Etat électoral »,
mais se réserve le droit de contester légalement les résultats. Comme l’année
dernière, LAVALAS joue sur les deux tableaux, manifestations violentes de rue
et contestation légale pour influencer les résultats en sa faveur ou l’annulation
de tout le processus (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2015/11/haitijovenel-moise-ne-peut-pas-etre.html
). Il est rejoint par LAPEH de Jude Célestin et Pitit Desalin de Jean Charles
Moise qui, cette fois-ci, parle de manifestations pacifiques. On est donc
revenu à la case départ comme l’année dernière. Arriveront-ils à l’annulation du processus ou
à un hypothétique second tour? Dans les deux cas, les chances sont minces vu l’écart
entre eux et Jovenel Moise. Mais, on ne sait jamais. En Haïti, tout est
possible. Comme les trois parlent de contester légalement les résultats par
devant le CEP et ses instances contentieuses, ce qui n’a pas été le cas l’année
dernière et qui est en soi un progrès, il faudra attendre la fin de la période
contentieuse pour voir ce qui va réellement se passer. En attendant, il faut
prendre les dispositions pour éviter de mettre le pays à feu et à sang, en
particulier la zone métropolitaine de Port-au-Prince. C’est la responsabilité
de l’administration Privert et des forces de l’ordre, c’est celle de LAVALAS,
de Pitit Desalin et de LAPEH et surtout de leur leader, Maryse Narcisse et Jean
Bertarnd Aristide, Jean Charles Moise, Jude Célestin et Jean Hector Anacacis,
et aussi celle de Jovenel Moise et de Michel Martelly. C’est celle de la presse
et de la société civile. Manifestations de rue, période contentieuse, c’est la
responsabilité de tous pour sauver Haïti. Notre pays a besoin de calme, de
sérénité et de stabilité. Après les catastrophes naturelles, s’il vous plait,
évitez-nous la catastrophe politique !
L’entente nationale pour éviter la catastrophe politique
Matthew a causé des pertes et dommages estimés à 22% du PIB dont 7% dans le secteur agricole (chouchou du président élu) avec des dégâts dépassant 600 M USD (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/10/haiti-matthew-bilan-et-plan-de-reponse.html ). Les inondations dans le grand Nord, en particulier au Cap-Haitien, viennent aggraver la situation. Le pays ne s’est pas encore relevé du tremblement de terre de 2010 dont les pertes et dommages étaient estimés à 120% du PIB. De 2010 à nos jours, on a connu d’autres catastrophes naturelles, la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy ainsi que les conséquences de nos turpitudes politiques débouchant sur une instabilité chronique depuis 2012 avec la bataille politique pour le renversement de Martelly qui a terminé son mandat dans les conditions que l’on sait. L’opposition politique a jeté son dévolu sur le sénateur Privert dont le règne n’a pas été traversé par des manifestations violentes de rue jusqu’au 21 Novembre 2016. Avec les résultats partiels en faveur de PHTK, va-t-on vers une catastrophe politique, le chaos et l’instabilité politique ? Ça en a tout l’air. D’où la nécessité de cette entente nationale pour éviter la catastrophe politique.
Matthew a causé des pertes et dommages estimés à 22% du PIB dont 7% dans le secteur agricole (chouchou du président élu) avec des dégâts dépassant 600 M USD (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/10/haiti-matthew-bilan-et-plan-de-reponse.html ). Les inondations dans le grand Nord, en particulier au Cap-Haitien, viennent aggraver la situation. Le pays ne s’est pas encore relevé du tremblement de terre de 2010 dont les pertes et dommages étaient estimés à 120% du PIB. De 2010 à nos jours, on a connu d’autres catastrophes naturelles, la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy ainsi que les conséquences de nos turpitudes politiques débouchant sur une instabilité chronique depuis 2012 avec la bataille politique pour le renversement de Martelly qui a terminé son mandat dans les conditions que l’on sait. L’opposition politique a jeté son dévolu sur le sénateur Privert dont le règne n’a pas été traversé par des manifestations violentes de rue jusqu’au 21 Novembre 2016. Avec les résultats partiels en faveur de PHTK, va-t-on vers une catastrophe politique, le chaos et l’instabilité politique ? Ça en a tout l’air. D’où la nécessité de cette entente nationale pour éviter la catastrophe politique.
Nos nains politiques actuels sont-ils en mesure de comprendre la grandeur d’un tel enjeu politique vital pour notre pays?
Le pays a l’obligation de donner une réponse sérieuse à cette situation catastrophique. Le plan de réponse à ces catastrophes concerne tout le monde. En tant que technicien, nous avons essayé de donner quelques pistes. Nous rappelons les éléments essentiels de ce plan : « Les éléments du nouveau Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) de 100 Mrds d’USD sur 25 ans, déclinés en plans quinquennaux, devraient permettre d’avoir une croissance soutenue et un développement harmonieux du pays, si, au niveau politique, on arrivait à nous entendre sur ce minimum, en basant notre développement sur les cinq (5) châteaux du pays, dont celui du grand sud allant du Plateau de Rochelois (Paillant) jusqu’au Pic Macaya (Massif de la Haute). Cette nouvelle vision du développement, esquissée par le ministère de l’agriculture et basée sur les cinq (5) pôles de croissance et de développement à renforcer et à ériger au niveau des cinq (5) châteaux d’eau, devrait être l’élément clé de ce plan de réponse.» La balle est dans notre camp, faut-il continuer à se battre pour les broutilles de pouvoir en faveur de tel ou tel clan, ou faut-il nous mettre ensemble pour sauver Haïti ? Nos nains politiques actuels sont-ils en mesure de comprendre la grandeur d’un tel enjeu politique vital pour notre pays?
2 commentaires:
Au lecteur,
Je lis et relis cet article du 30 Novembre dernier et je ne peux m'empecher de penser a la situation chaotique qu'a connu Haiti depuis l'investiture du President de 1990. Le problem d'Haiti c'est l'haitien meme. Nous tous, Haitiens, devons faire un mea culpa interne, pour faire sortir de notre inne personel l'egoisme el l'hyposrisie de notre facon de penser politiquement. Par example, comment comprendre dans un pays aussit petit que le notre, pour une election i'y avait eu a peu pres 60 a 70 candidats. Pour faire quoi? Comment comprendre que jusqua'a present après que Monsieur Moise ait ete elu que certains membres de partis opposes refusent d'accepter le resultat. Les soi-disant intellectuels de cette section adverse, en depit de soi disant education, ont toujours l'esprit atrophie par l'ignorance. C'est triste. ( a continuer)
Il faut qu'il ait un cri national pour faire comprendre aux elus de la derniere election leur role en tant que representants de leur constituent. Jovenel Moise est seulement une personne. A lui seul, qu'il le veuille ou non, il ne peut rien faire sans la cooperation de tous.
Par example, un departement est represente par un ou deux senateurs, un depute et un maire. Leur role est de travailler a un but commun, non a satisfaire leur interet personnel. Il faut qu'il y ait pour ce departement, cette commune, un plan politique et social etudie pour satisfaire le besoin de ce departement ou commune. Je ne suis pas un politicien, mais je peux etudier et comprendre la politique. Haiti n'a pas besoin de 50 partis politiques, Haiti m'a pas besoin de 75 candidats pour une election presidentielle. Haiti a besoin d'un programme social el agricole pour le sortir de cette impasse horrible. Haiti a besoin d'un grand bargain. ( a suivre)
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