HAÏTI ET LE
MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (46) : ANALYSE DES CONFLITS, DES CRISES
POLITIQUES ET DES ENJEUX MONDIAUX ET HAITIENS
JEAN-ROBERT
JEAN-NOEL
9 OCTOBRE 2024
Le monde est en pleine ébullition, traversant une période marquée par des
conflits militaires, des crises politiques et des élections décisives qui
redéfiniront l'équilibre global. Pendant ce temps, Haïti, à l'ombre de ces
bouleversements mondiaux, continue de faire face à une situation intérieure
particulièrement instable. Cette 46e chronique examine les grandes
questions internationales actuelles et leur impact sur la scène haïtienne.
A-SITUATION AU NIVEAU MONDIAL
1.
Le Conflit en Ukraine et l’Occupation Partielle de Koursk
La guerre en Ukraine reste l’un des conflits les plus marquants sur la
scène internationale. Après des mois de résistance, les Ukrainiens ont réussi à
lancer une contre-offensive contre les forces russes, occupant partiellement la
région de Koursk, un oblast clé à la frontière entre l’Ukraine et la Russie.
Cette avancée représente un tournant majeur dans la guerre, en déstabilisant
davantage les lignes de ravitaillement russes. L’occupation partielle de cette
région par l’Ukraine montre que le conflit est loin d’être résolu, malgré les
efforts diplomatiques internationaux pour parvenir à un cessez-le-feu.
Les répercussions de cette guerre s’étendent au-delà de l’Europe de l’Est,
affectant les marchés mondiaux de l’énergie, les relations entre les grandes
puissances et la stabilité de l’Europe, d’autant que l’occident, en particulier
les USA, la Grande Bretagne et le France, fournit un appui substantiel à Israël
depuis le déclanchement de sa riposte
contre le HAMAS, après le 7 octobre 2023.
2.
La Guerre Israélo-Hamas/Hezbollah/Iran et ses Proxys
Un an après le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre
2023, la région du Moyen-Orient reste plongée dans une situation extrêmement
tendue. En Israël, des commémorations ont lieu tandis que le pays fait face à
des attaques simultanées du Hamas à Gaza et du Hezbollah au Liban. Les pertes
humaines sont considérables : plus de 41 000 Palestiniens et 1 200 Israéliens
ont été tués. Gaza est dévastée, avec presque toute la population déplacée, et
la crise humanitaire s’aggrave.
Au Moyen-Orient, la guerre entre Israël et le Hamas, avec l'implication
indirecte du Hezbollah et des proxys iraniens, continue de se complexifier. Le
soutien de l'Iran à ses alliés régionaux a intensifié les tensions, élargissant
le conflit et menaçant de déstabiliser l’ensemble de la région. Israël mène des
frappes aériennes contre les infrastructures du Hamas et Hezbollah à Gaza et au
Liban et se prépare également à une potentielle intervention à la frontière sud
du Liban pour continuer son travail de décapitation du Hezbollah après
l’élimination physique de sa direction. Ce conflit récurrent a des implications
non seulement pour les relations israélo-arabes, mais aussi pour l’équilibre
des forces au Moyen-Orient, déjà marqué par les rivalités entre l'Iran,
l'Arabie Saoudite et d'autres puissances régionales.
Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, intensifie ses attaques contre Israël
depuis le sud du Liban, créant un deuxième front. L'armée israélienne mène des
frappes intensives pour limiter les menaces sur ses frontières nord. Des
milliers de personnes ont été déplacées au Liban et des centaines de morts sont
déjà à déplorer.
La situation au Yémen continue d'être marquée par une guerre civile
dévastatrice entre les Houthis, soutenus par l'Iran, et les forces
pro-gouvernementales appuyées par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite.
Ce conflit a exacerbé la crise humanitaire au Yémen, tandis que la situation
géopolitique régionale rend les perspectives de paix encore plus difficiles.
L'Iran joue un rôle clé dans ces conflits, notamment par son soutien aux
mouvements armés au Liban et en Palestine, en attaquant Israël à base de drones
et de missiles de croisière. Les tensions avec Israël sont élevées, et la
possibilité d'un élargissement du conflit à toute la région reste une menace
imminente. L'escalade pourrait mener à une déstabilisation encore plus grande
du Moyen-Orient, ce qui inquiète la communauté internationale, malgré son
incapacité à enrayer la violence, et les USA qui, en pleine période électorale,
sont obligés avec le reste de l’Occident, Grande Bretagne, France, etc.) d’aider
Israël dans son conflit pratiquement ouvert et direct avec l’Iran.
3.
Les Élections Américaines : Trump vs Kamala Harris
Les élections américaines de 2024 promettent de redéfinir la trajectoire
politique des États-Unis. Le retrait de Joe Biden de la course présidentielle a
modifié le paysage électoral, laissant Kamala Harris, actuelle vice-présidente,
en lice contre l’ancien président Donald Trump. Ce duel entre Harris et Trump
cristallise les divisions profondes au sein de la société américaine. Trump,
représentant une frange populiste et conservatrice, espère un retour en force
après sa défaite de 2020, tandis que Harris mise sur la continuité des réformes
progressistes et la mobilisation des minorités et des jeunes électeurs.
Les résultats de cette élection auront des implications mondiales,
notamment en matière de politique étrangère, d'engagement militaire et de lutte
contre le changement climatique, un élément clé de la 79e Assemblée
de l’ONU.
4.
La 79e Assemblée Générale de l’ONU
Lors de la 79e Assemblée Générale des Nations Unies, les chefs d'État et de
gouvernement du monde entier se sont réunis pour discuter des défis globaux, y compris
les conflits, le changement climatique, les droits humains et les crises
humanitaires. Le conflit en Ukraine, la situation au Moyen-Orient, et la montée
de l’instabilité en Afrique ont dominé les débats. Pour Haïti, la participation
à cette assemblée est cruciale, car elle offre une plateforme pour attirer
l'attention internationale sur la crise sécuritaire et politique qui ronge le
pays. Ce qu’Edgard Leblanc, alors président du Conseil Présidentiel de
Transition (CTP), a exploité avec panache. Son discours a suscité la fierté Haïtienne
à un moment où Donald Trump a accusé les Haïtiens de Springfield (OHIO) de « manger
les chiens et les chats » des habitants de cette petite ville, alors que,
en réalité, la présence haïtienne a grandement contribué à la relance
économique de cette petite ville.
B. HAÏTI : LA
CRISE POLITIQUE ET LA MENACE DES GANGS
Depuis la formation du Conseil Présidentiel de Transition en mai, la
nomination de Garry Conille au poste de Premier ministre, et l'arrivée
des forces kényanes en Haïti dans le cadre d’une mission internationale
visant à rétablir l’ordre, la situation sociopolitique et économique du pays
reste marquée par une instabilité profonde.
1.
Contexte Sociopolitique :
Malgré les efforts du gouvernement de transition, la violence des gangs
persiste à un niveau alarmant. Depuis mai, les gangs continuent de défier
ouvertement le gouvernement, opérant en toute impunité dans plusieurs régions
du pays, notamment à Port-au-Prince et dans l'Artibonite. Ces
groupes armés se livrent à des actes de banditisme, y compris des vols, kidnappings,
et des violences sexuelles ciblant particulièrement les femmes et les
filles. Les récits de viols, de meurtres et d'attaques brutales sont courants,
et la population, déjà vulnérable, vit dans un climat de peur constant.
Le massacre dans l'Artibonite, où plus de 100 personnes innocentes
ont été tuées, illustre l'incapacité du gouvernement à restaurer l’ordre.
Malgré l’appui des forces kenyanes, les efforts de stabilisation sont encore
loin d’aboutir à des résultats concrets. Les populations locales perdent
confiance dans les autorités, tandis que les gangs élargissent leur contrôle
sur des zones stratégiques, y compris des routes principales et des quartiers
résidentiels.
Sur le plan politique, l’arrivée de Garry Conille a suscité quelques
espoirs pour la réforme et la stabilisation, mais son administration est
confrontée à des défis majeurs. La transition politique reste fragile, et le
manque de dialogue entre les différentes forces politiques et la société civile
empêche la mise en œuvre de réformes essentielles. La faiblesse des
institutions publiques complique les efforts pour organiser de futures
élections crédibles.
2.
Contexte Économique :
Sur le plan économique, Haïti continue de s'enfoncer dans une crise
profonde. Depuis mai, l’économie reste toujours paralysée par l’insécurité,
avec des secteurs clés comme l'agriculture, le commerce et les services en
souffrance. Les gangs contrôlent certaines routes commerciales, imposant des "taxes"
illégales et perturbant les chaînes d'approvisionnement. Cette situation
aggrave l’inflation, déjà hors de contrôle, et conduit à des pénuries de biens
essentiels, y compris de nourriture et de carburant.
Le taux de pauvreté continue d'augmenter, et la majorité des
Haïtiens luttent pour survivre dans un contexte où les prix des denrées de base
flambent. Le manque d'investissement, aussi bien local qu'international, et
l'absence de programmes de relance économique pèsent lourdement sur le
quotidien des Haïtiens. Le chômage atteint des niveaux critiques, et de plus en
plus de familles sombrent dans une précarité extrême.
Sur le plan national, Haïti traverse une période de grande instabilité.
Après la mise en place du Conseil présidentiel de transition (CPT), le
remplacement d'Edgard Leblanc par Leslie Voltaire marque une nouvelle étape
dans la tentative de stabilisation du pays. Le Premier ministre Garry Conille
fait face à des défis titanesques, notamment la lutte contre les gangs armés
qui sèment la terreur dans plusieurs régions, notamment dans l’Artibonite, où le
massacre d'une centaine de personnes innocentes a récemment eu lieu.
La riposte du gouvernement haïtien, avec l’aide des forces kenyanes et d'autres
partenaires internationaux, vise à reprendre le contrôle des zones dominées par
les gangs. Le déploiement des troupes kényanes sous mandat des Nations Unies
témoigne de la gravité de la situation et de la reconnaissance par la
communauté internationale de la nécessité d’intervenir pour éviter une
déstabilisation totale du pays.
CONCLUSIONS
ET PERSPECTIVES
1.
Conclusions
À la lumière des événements mondiaux et de la situation haïtienne,
plusieurs conclusions peuvent être tirées :
1. Le Conflit en Ukraine continue de redéfinir les relations géopolitiques
en Europe, avec des répercussions économiques globales. La contre-offensive
ukrainienne, bien que symbolique, montre que la guerre est loin d'être terminée
et que la stabilité de la région reste fragile.
2. La guerre au Moyen-Orient, avec l'implication de l'Iran et de ses
proxys, reste une menace pour la paix régionale et mondiale. L'intensification
des conflits entre Israël, le Hamas et le Hezbollah pourrait entraîner une
escalade difficile à contenir.
3. Les élections américaines de 2024 sont un tournant important pour la
politique mondiale. L'issue de cette élection influencera non seulement la
politique intérieure des États-Unis mais aussi leur rôle sur la scène
internationale, en particulier dans la gestion des crises mondiales.
4. Pour Haïti, la lutte contre les gangs armés et la tentative de
stabilisation politique nécessitent un soutien international accru. La
transition politique en cours, symbolisée par le Conseil présidentiel et le
rôle du Premier ministre Garry Conille, sera cruciale pour restaurer l’ordre et
reconstruire l’État.
De mai à aujourd'hui, la situation sociopolitique et économique en Haïti
demeure extrêmement préoccupante. Le Conseil Présidentiel de Transition et le
Premier ministre Garry Conille peinent à restaurer l’autorité de l’État et à
ramener la stabilité. Les forces kenyanes, bien que présentes, n’ont pas encore
eu un impact décisif sur la sécurité. Les violences des gangs continuent
d’échapper à tout contrôle, tandis que la crise économique exacerbe la misère
de la population.
2.
Perspectives pour Haïti
Dans ce contexte, la situation en Haïti est à la croisée des chemins, et
des actions plus robustes, tant sur le plan de la sécurité que des réformes
politiques et économiques, sont nécessaires pour éviter un effondrement encore
plus profond du pays.
Il est donc impératif pour Haïti de se concentrer sur plusieurs priorités :
renforcer la sécurité en collaborant avec les partenaires internationaux,
reconstruire les institutions politiques fragilisées, et engager un dialogue
national inclusif pour restaurer la confiance et préparer des élections
crédibles. Le succès de ces efforts déterminera en grande partie si le pays
peut se relever de sa crise actuelle et éviter un effondrement total.
La conjonction des crises mondiales et des luttes internes place Haïti et
le monde à un moment décisif. Il s'agit maintenant de savoir si les dirigeants,
tant nationaux qu'internationaux, seront capables de trouver des solutions à
ces défis complexes et interdépendants.
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