DOCUMENT
D’ORIENTATION POUR LA REFONDATION DE L’ETAT D’HAÏTI SELON UNE VISION HAÏTIENNE
FONHDILAC
Avril 2011
Avril 2011
Actualisé par JR
JEAN-NOEL
7 Février 2017
Remerciement.
La Fondation Haïtienne pour le
Développement Intégrale Latino-Américain et Caribéen (FONHDILAC) tient à
remercier celles et ceux qui ont rendu ce document possible. Ce document est le
second de la série ; il a été revu, corrigé, augmenté, donc actualisé en
Février 2017, et se veut être un humble
hommage à la mémoire des trop nombreuses victimes du séisme du 12 janvier 2010
et des ouragans, dont Matthew de catégorie 4 (3-4 Octobre 2016), qui ont ravagé
Haïti. La fondation tient à manifester également sa gratitude au Forum Agricole
Goâvien (FAG) qui a facilité une validation certaine des communautés rurales et
périurbaines de cet exercice en Mai 2011. Ce document est repris en ce début
d’année de grâce 2017 pour dire à tous
et à toutes qu’il y a encore de l’espoir pour notre pays.
I. CONTEXTE
La République d’Haïti occupe le tiers
occidental de l’île d’Haïti (Quisqueya) dans la Mer des Caraïbes sur une
superficie totale de 27 750 km2. La population haïtienne était estimée à 10,
911,819 habitants en 2015 alors que le pays ne comptait que 3 millions de
personnes en 1950 (IHSI). Cette forte croissance démographique se traduit en
une forte densité d´environ 393 habitants par km2. Malgré une tendance à
l’urbanisation progressive (52%), la population en milieu rural représente
environ 48% de la population totale.
Le pays est administrativement divisé en
dix (10) départements. Parmi ces 10 départements, celui de l’Ouest à lui seul
absorbe 37% de la population totale avec une très forte concentration dans
l’aire métropolitaine de Port-au-Prince (25% de la population).
Située sur la route des cyclones, Haïti
est régulièrement victime des ouragans. En 2004, elle a fait les frais de deux
inondations majeures suite à des phénomènes climatiques exceptionnels à
Mapou/Fond Verrettes en mai et aux Gonaïves en septembre qui ont fait plus de
4,000 morts. En 2008, elle a été dévastée par quatre tempêtes tropicales (Fay,
Gustave, Hanna, Ike) ayant frappé neuf (9) des dix (10) départements du pays.
Ces ouragans dévastateurs avaient fait, d’après les organisations humanitaires,
plus de 800 morts, 800,000 sinistrés, et causé des pertes matérielles estimées
à environ 1 milliard de dollars américains (15% du PIB). En dépit de cette
situation, des efforts du Gouvernement et ceux de la communauté internationale avaient permis, contre toute attente, à des
résultats surprenants en 2009 (taux de croissance du PIB de 2.9%), le seul PMA
de la région Amérique Latine et Caraïbe (ALC) venait de surprendre tout le
monde dans une année de récession mondiale.
Malheureusement, Haïti a subi, le 12
janvier 2010, un violent séisme de magnitude 7.3, dont l’épicentre se trouvait
à 10 Kms de profondeur aux environs de la ville de Léogâne. Ce séisme a
provoqué des dégâts dans plusieurs villes haïtiennes dont la Capitale,
Port-au-Prince, et l’effondrement de la quasi-totalité des symboles physiques
de l’État (120% du PIB de 2009 selon le PDNA 2010). Il a été enregistré, selon
les autorités compétentes, 316,000 morts, 3,5 millions d’individus en situation
d’urgence médicale, 4,000 amputés, 1,3 million de sans abri. Dans le cadre du
plan national pour la relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH),
il est prévu 34.5 milliards d’USD pour la reconstruction du Pays durant 22 ans.
Ce plan présenté à New York, le 31 Mars 2010, a reçu 9.9 milliards d’USD de
promesse de la Communauté Internationale (CI). La continuité des travaux prévus
dans le cadre du document stratégique pour la croissance et la réduction de la
pauvreté (DSNCRP2008-2011) et les premières actions humanitaires et de
relèvement dans le cadre du PARDNH, n’ont certes pas permis de maintenir le
taux de croissance du PIB de 2009, mais ont évité un taux de croissance négatif
à deux chiffres (taux de croissance 2010 : -5.1% ). Des 9.9 milliards d’USD,
37.2% ont été engagés jusqu’en mars 2011, selon Bill Clinton, dans la cadre de
la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH). Avec ce taux
de croissance négatif, la situation de la population haïtienne (taux de
croissance de population 2.5%
1982-2003 selon IHSI) s’est donc aggravée :
augmentation de la pauvreté, insécurité alimentaire, « 55% de la population vit dans des conditions infrahumaines liées
à la faiblesse institutionnelle nationale et locale et aux inégalités spatiales
dans l’offre des équipements collectifs » (Guichard Doré in Le Matin
du 15 au 21 avril 2011).
De plus, en 2010, Haïti a dû faire face à
d’autres problèmes découlant du choléra (plus de 10,000 morts (?) depuis novembre 2010), du cyclone Tomas, des résultats des
élections du 28 novembre 2010 (100 M d’USD de dommages et pertes) et du 20 mars
2011 (perturbations au niveau de certaines villes et sur les routes
nationales).
Malgré tout, lors des journées de la finance (4-8 Avril 2011) organisées par le Group Croissance et la Banque de la République d’Haïti (BRH), le Ministre de l’économie et des finances, Ronald Baudin, affirmait que, en dépit des perturbations politiques enregistrées au cours du premier semestre de l’exercice fiscal 2010-2011, le taux de croissance du PIB de 8.9% prévu serait autour de 8% à la fin de l’exercice, à moins que l’on enregistre des catastrophes graves avant septembre 2011. Contrairement aux prévisions du ministre Baudin, il a été enregistré en réalité un taux de croissance de 5.1% du PIB.
D’un autre côté, le mercredi 4 avril 2011, à la cérémonie d’ouverture de cet événement, le Gouverneur de la BRH, Charles Castel, tablait sur des hypothèses de taux de croissance de 7% du PIB durant les 10 prochaines années pour passer de 700 USD du PIB per capita à 1400 USD du PIB per capita. L’économiste, Charles Clermont, pensait qu’avec une politique axée sur le développement des PME, Haïti pourrait doubler son PIB per capita tous les cinq (5) ans avec une hypothèse de taux de croissance annuel de 15% du PIB. Quant au banker, Carl Braun, du Groupe UNIBANK, il pensait que Haïti pourrait doubler son PIB per capita tous les six(6) ans, avec une hypothèse de taux de croissance annuel de 12% du PIB.
Malgré tout, lors des journées de la finance (4-8 Avril 2011) organisées par le Group Croissance et la Banque de la République d’Haïti (BRH), le Ministre de l’économie et des finances, Ronald Baudin, affirmait que, en dépit des perturbations politiques enregistrées au cours du premier semestre de l’exercice fiscal 2010-2011, le taux de croissance du PIB de 8.9% prévu serait autour de 8% à la fin de l’exercice, à moins que l’on enregistre des catastrophes graves avant septembre 2011. Contrairement aux prévisions du ministre Baudin, il a été enregistré en réalité un taux de croissance de 5.1% du PIB.
D’un autre côté, le mercredi 4 avril 2011, à la cérémonie d’ouverture de cet événement, le Gouverneur de la BRH, Charles Castel, tablait sur des hypothèses de taux de croissance de 7% du PIB durant les 10 prochaines années pour passer de 700 USD du PIB per capita à 1400 USD du PIB per capita. L’économiste, Charles Clermont, pensait qu’avec une politique axée sur le développement des PME, Haïti pourrait doubler son PIB per capita tous les cinq (5) ans avec une hypothèse de taux de croissance annuel de 15% du PIB. Quant au banker, Carl Braun, du Groupe UNIBANK, il pensait que Haïti pourrait doubler son PIB per capita tous les six(6) ans, avec une hypothèse de taux de croissance annuel de 12% du PIB.
Lors de la réunion mensuelle du deuxième
dimanche du mois de la FONHDILAC, le 9 avril 2011, les cadres de l’institution,
comme ils ont fait après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ont pris
la résolution de mettre en place un comité de rédaction pour l’élaboration d’un
document d’orientation qui pourrait contribuer à orienter le pays durant les 25
prochaines années, y inclus le quinquennat du nouveau président SEM Michel
Joseph Martelly.
Malheureusement, à cause de la crise
politique qui s’est maintenue durant tout le règne de Martelly, Haïti a certes
connu des taux de croissance positifs mais très, très loin des prévisions (5.1%
en 2011, 2.9% en 2012, 4.2% en 2013, 2.8% en 2014, 1.2% en 2015, 1.4% en 2016).
Cette entropie politique a forcé Martelly à négocier son départ en février
2016 et son remplacement par le président du Sénat, Jocelerme Privert, faute
d’aboutissement du processus électoral démarré en Aout 2015. Le processus a pu
être mené à bien par l’administration Privert, s’est soldé, au niveau présidentiel,
par l’élection de Jovenel Moïse , au niveau du Parlement, par une écrasante
majorité du PHTK et alliés, le parti de M. Martelly, et s’est pratiquement
achevé, le 29 Janvier 2017, par le 2e tour des sénatoriales
partielles et les collectivités territoriales (CASEC, Délégué de ville, en
attendant les élections indirectes : Assemblée des sections communes
(ASEC), Assemblée Communale (AC), Assemblée Départementale (AD), Conseil
interdépartemental (CID).
Il faut noter que durant tout le règne de
Martelly et de Privert, Haïti n’a cessé de faire face à des catastrophes naturelles :
Isaac et Sandy en 2012, Erika en 2015, et surtout Matthew en 2016 de catégorie
4 qui a causé des dommages et pertes estimés à plus de 30% du PIB (2.8 Mrds
USD), selon le ministre de la planification et de la coopération externe, Me
Aviol Fleurant (Réf. Interview du 1er Janvier 2017 avec Kesner
Pharel, Radio Métropole).
Ce qui se traduit par un changement
d’administration, le 7 Février 2017, l’administration Moïse qui prend la place
de celle de Privert. L’administration Moïse semble opter pour une continuation
des actions de Martelly, des corrections par rapport à des actions jugées
imparfaites et des innovations.
Ainsi, ce changement d’administration et
de vision politique a poussé les cadres de la FONHDILAC à réfléchir, suite à
leur Plaidoyer pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision
Haïtienne, sorti en février 2010, sur une version actualisée du document
intitulé : Document d’orientation pour la Refondation de l’Etat D’Haïti selon
une vision haïtienne, sorti en Avril 2011. Ce document, qui se veut une suite
logique du premier, s’articule autour d’une vision, des objectifs, d’un cadre
philosophique, des principes directeurs, des résultats attendus, des grandes
lignes d’orientation, des actions, d’une stratégie globale de mise en œuvre, du
chiffrage des actions, d’un chronogramme des actions, des risques et de leur
gestion.
C’est un document basé sur des hypothèses
optimistes (8-12% de croissance économique annuelle et 1% de croissance
annuelle de la population) en dépit du fait que Haïti, pays de surprises
négatives mais aussi capable d’exploits les plus extraordinaires et de
résultats les plus surprenants dans des contextes mondiaux hostiles, puisse
faire mentir les plus pessimistes et entrainer ses fils et filles vers des
résultats axés sur une vision d’ensemble assez claire et des objectifs précis
basés sur des hypothèses de travail certes optimistes, mais réalistes dans un
contexte haïtien de réconciliation nationale, d’envie de vivre ensemble et
disposant de ressources en sous-sol (Iridium, or, pétrole, mercure, etc.,) estimées
à 100 Trillions de dollars américains, en vue de refaire de notre pays,
la perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbe, et être un pays
émergent à l’horizon 2040
II. LA VISION ET LES OBJECTIFS
Selon le
ministère de la planification et de la coopération externe (MPCE) (réf. http://www.mpce.gouv.ht/fr/vision-long-terme-du-developpement-dhaiti) , qui a repris en l’amplifiant la vision
exprimée dans le PDNA de 2010, « La
Vision à long terme du développement d’Haïti est la refondation de la nation
haïtienne transformant la catastrophe du 12 janvier 2010 en une opportunité
pour qu’Haïti devienne un pays émergent d’ici 2030. Cette refondation doit se
matérialiser en :
· une société équitable, juste, solidaire
et conviviale, vivant en harmonie avec son environnement, sa culture, une
société moderne où l’état de droit, la liberté
d’association et d’expression et l’aménagement du territoire sont
établis ;
· une société dotée d’une économie
moderne, diversifiée, forte, dynamique, compétitive, ouverte, inclusive, et à
large base territoriale ;
· une société où l’ensemble des besoins de
base de la population sont satisfaits en termes quantitatifs et qualitatifs ;
· une société apprenante dans laquelle
l’accès universel à l’éducation de base, la maitrise des qualifications
dérivant d’un système de formation professionnelle pertinent, et la capacité
d’innovation scientifique et technique nourrie par un système universitaire
moderne et efficace, façonnent le nouveau type de citoyen dont le pays a besoin
pour sa refondation ; et
· le tout supporté par l’encadrement d’un
État unitaire, fort, responsable, garant de l’application des lois et de
l’intérêt des citoyens, ainsi que fortement déconcentré et décentralisé ».
En effet, la vision de cette Haïti de
demain n’est pas différente de celle exprimée dans le document stratégique
national pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP 2008-2011).
Cette vision a été énoncée dans le discours de lancement du PDNA 2010, le 18
février 2010, à Karibe Convention Center, Pétion ville : « Nous partageons un rêve : celui de voir Haïti comme un pays
émergent d’ici 2030, société de la simplicité, équitable, juste et solidaire,
vivant en harmonie avec son environnement, sa culture et une modernité
maîtrisée où l’Etat de droit, la liberté d’association et d’expression et
l’aménagement du territoire sont établis, dotée d’une économie moderne, forte,
dynamique, compétitive, ouverte et à large base territoriale, où l’ensemble des
besoins de base de la population sont satisfaits et gérés par un Etat unitaire,
fort, garant de l’intérêt général, fortement déconcentré et décentralisé ».
Cette vision gouvernementale n’est pas non
plus trop différente de celle déjà exprimée par la société civile tant en Haïti
que dans la diaspora. En tout cas, elle résume bien le texte de plaidoyer de la
FONHDILAC, et sied parfaitement à la vision exprimée par la FONHDILAC et à la
philosophie dégagée dans le cadre de l’approche hexagonale.
Objectif Principal
L'objectif principal du Document
d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne
est de formuler des propositions concrètes aux instances concernées par la
refondation de l’Etat d'Haïti, en se basant sur des réflexions menées de
manière participative tant au niveau de la FONHDILAC qu’au niveau d’autres
entités de l’Etat, de la société civile et de la communauté internationale
collaborant avec Haïti, et en profitant au maximum des expertises et
sensibilités disponibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.
Objectifs spécifiques
1. Promouvoir les actions visant la
refondation de l’Haïti de demain, plus équitable, fondée sur le droit, le
partage, la solidarité, l'éducation, le respect de l'environnement et le culte
du bien commun;
2. Promouvoir la mise en place d’un
système tendant vers un citoyen responsabilisé dans « une société économiquement riche, socialement équitable et
politiquement responsable ».
3. Promouvoir le développement d'Haïti par
une planification stratégique basée sur l’humain, le social, l’environnemental,
sur l’infrastructurel, et sur une bonne gouvernance économique, financière et
politique, et tenant compte de l’utilisation efficace des ressources humaines
disponibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ainsi que des ressources
naturelles à l’intérieur d'Haïti;
4. Mettre en place des mécanismes
permettant une solidarité internationale plus efficiente à l'égard d'Haïti dans
le cadre de la réforme de l’Etat visant une meilleure distribution de la
justice, une meilleure distribution de la richesse du pays, la déconcentration
administrative, la décentralisation et l’aménagement du territoire selon 4
régions (Nord, Centre, Ouest et Sud), 10 départements, 42 arrondissements, 140
communes et 570 sections communales, avec accent sur 4 grands pôles régionaux
de croissance et de développement et de 32 micros Pôles au niveau des
arrondissements.
III. LE CADRE PHILOSOPHIQUE ET LES PRINCIPES DIRECTEURS
Approches philosophiques
Le cadre philosophique de ce document
d’orientation s’articule autour des approches participatives, territoriales et
se base surtout sur l’approche hexagonale développée par la FONHDILAC. « L’approche hexagonale est étroitement liée
aux approches Bassin Versant, territoriale, Cluster, à l’approche participative
et ses diverses dérivées : le partenariat, la synergie, la responsabilisation
individuelle et collective, la mise en réseau aux niveaux local, national,
régional et mondial. Elle peut constituer le cadre de diagnostic, d’analyse et
d’application de tout le processus de développement durable à ces divers
niveaux » D’où les principes directeurs retenus.
Principes Directeurs
Dans le cadre de ce document, nous avons
adopté les six principes du groupe GRAHN :
« 1. Justice sociale et participation citoyenne : reconstruire une
citoyenneté partagée qui permet à chaque Haïtienne/Haïtien de jouir pleinement
de ses droits, sans aucune forme de discrimination, tout en assumant pleinement
ses devoirs envers la société;
2. Droit et accessibilité aux services de base : reconnaître le droit de
tout citoyen à des services de base tels l'éducation, la santé, l'alimentation,
l'eau potable, le logement, et entreprendre les actions nécessaires visant à terme
l'accessibilité de ces services de base à tous les Haïtiennes/Haïtiens, sans
exclusive;
3. Continuité des actions positives : identifier, valoriser et
poursuivre les bonnes initiatives qui ont cours dans le pays, en évitant de
faire table rase des expériences édifiantes pour repartir de zéro;
4. Arrimage avec le pays intérieur comme manifestation de la solidarité
nationale : prendre en compte les aspirations et les préoccupations de la
société civile haïtienne afin de contribuer à la réalisation de celles-ci et de
les porter au-devant de la scène internationale;
5. Urgence compatible avec le long terme : régler les problèmes urgents
d'aujourd'hui en ayant recours à des solutions intelligentes et responsables
qui n'hypothèquent pas l'avenir du pays;
6. Développement durable : privilégier les choix de reconstruction et de
développement qui préservent les générations futures ».
Auxquels, nous ajoutons les principes
directeurs définis par la FONHDILAC en relation avec les axes fondamentaux de
l’approche hexagonale :
Axe humain
Le principe fondamental est la
satisfaction des droits humains fondamentaux en référence à la déclaration
universelle des droits de l’homme, la constitution de 1987 et les 17objectifs de
développement durable (ODD 2016-2030).
Axe socio-culturel
Au niveau de cet axe, nous avons deux
principes fondamentaux
1. Participation-responsabilisation
2. Promotion et Protection de la culture
nationale
Axe environnemental
Le principe fondamental est le
développement durable, exploitation « conservatrice » des ressources
naturelles.
Axe infrastructurel
Au niveau de cet axe, nous avons deux
principes fondamentaux :
1. l’aménagement du territoire doit
respecter le principe du développement durable
2. les investissements doivent être
répartis de manière équilibrée sur l’ensemble du territoire (déconcentration
économique).
Axe économique et financier
Le principe fondamental est l’accès
équitable aux biens et services résultant des activités de production et de
distribution.
Axe politique
Le principe fondamental est une
répartition équitable, socialement (principe démocratique) et géographiquement
(décentralisation, déconcentration administrative), de la participation de la
population aux décisions et de leur mise en œuvre.
En référence au cadre philosophique et aux
principes directeurs retenus et développés, on peut s’attendre à des résultats
tels que détaillés au point 4.
IV. LES RESULTATS ATTENDUS
Les résultats attendus le sont eu égard à
l’approche hexagonale. L’approche hexagonale vise, tout en s’appuyant sur la
démarche participative, à développer un cadre harmonieux pour l’évolution de
l’humain dans un cadre social équitable, dans un cadre naturel régénéré et bien
équipé par des infrastructures adaptées, dans un cadre économique et financier
incitatif et dans un cadre politique responsable et démocratique (bonne
gouvernance). D’où l’accent mis sur les six capitaux : le capital humain, le
capital social, le capital environnemental, le capital infrastructurel, le
capital financier et économique et le capital politique (gouvernance). Ce qui
peut se schématiser de manière logique avec l’humain à l’intérieur du social,
les deux à l’intérieur de l’environnemental, et l’aménagement de
l’environnemental de manière telle à ce que l’ensemble soit en harmonie, le
système financier et économique pour réaliser cet ensemble et le perpétuer dans
le cadre d’une gouvernance économique régulatrice et incitatrice, et le système
politique pour la gestion globale et le maintien de l’équilibre harmonieux du
système global.
En clair, le résultat final se traduira
par la mise en place d’un nouveau système favorisant une Haïti émergente et
moderne à l’horizon 2040 axée sur :
(i) Le capital humain comme tenant et aboutissant du processus
de développement local et national avec un taux de croissance de population autour de 1% ; Ce qui se traduira par une masse
critique de gens éduqués (90% de la population) tant au niveau primaire (100%),
secondaire (100%), universitaire (70%) et professionnel (100%), en bonne santé
disposant de services de santé, d’eau potable, d’électricité, de communication,
d’emploi (90%) à leur portée et leur permettant de satisfaire leurs besoins
primaires (se nourrir, se loger, s’éduquer, se divertir) ;
(ii) Le capital social et Culturel comme élément fondamental du système
social et de socialisation (60% de la population regroupés dans des
associations) ; en promouvant sa force culturelle, l’haïtien se regroupe en
société selon sa religion, son métier, ses intérêts, ses champs de compétences,
de loisirs ;
(iii) Le capital environnemental ou naturel comme cadre naturel,
environnemental et géographique d’évolution de l’humain et des groupes sociaux
; l’haïtien procède à la régénération de son environnement naturel (25% de
forêt primaire ajouté au 29% de couverture végétale actuelle mise à mal par
l’ouragan Matthew ) qu’il perpétue avec amour à l’intérieur de ses
organisations sociale, culturelle, écologique, économique et politique, en
réseaux entre elles et avec des organisations de mêmes types au niveau de la
caraïbe, de l’Amérique Latine et du monde ;
(iv) Le capital physique et
infrastructurel comme cadre de confort de l’humain et de l’humain regroupé en société ;
avec l’aide de la communauté internationale, l’Etat d’Haïti, à travers ses
gouvernements, procède, à partir d’un excellent plan d’aménagement du
territoire, à la réhabilitation, la construction des équipements (logements
(70%), bâtiments administratifs (100%), scolaires (100%), universitaires (4
grandes universités dans 4 régions), sanitaires (70%), industriels (50%),
commerciales (50%) et touristiques (40%), réseaux d’irrigation (100%), de
routes (100%), d’eau potable (100%), d’électricité (90%), de télécommunications
(70%), etc.
(v) Le capital financier et économique ( taux de croissance du PIB 8-12% par an,
PIB 2040 : 3.5-4500 USD/Hab., à partir de la bonne gouvernance et avec l’appui
de la communauté internationale dans un premier temps, et du secteur privé tant
haïtien qu’étranger et à partir de fonds propres issus de l’exploitations des
nombreuses ressources du pays, comme cadre de financement de l’ensemble et
cadre d’évolution des activités économiques et financières susceptibles de
contribuer à l’autonomisation de l’humain et des catégories sociales évoluant
dans le système et le perpétuer, et
(vi) Le capital politique (Gouvernance) comme cadre
fondamental de planification, de conception, de coordination, d’incitation,
d’orientation et de régulation grâce à la bonne gouvernance, s’oriente vers une
Haïti compétitive exploitant à fonds ses richesses naturelles et minières en
les répartissant de manière la plus équitable possible grâce à une politique de
décentralisation et de déconcentration administrative basée sur les
potentialités des différentes régions du pays (Macros Pôles) et d’une trentaine
de micros pôles de croissance et de
développement au niveau des arrondissements.
V. LES GRANDES ORIENTATIONS
Les grandes orientations stratégiques de
ce document d’orientation s’articulent autour des grandes lignes suivantes :
(i) Une politique de population et de développement des ressources humaines axée sur le respect des règles de la vie
associative, de la gestion financière et économique, et de la vie politique,
sur le respect de l’environnement et des infrastructures mises en place avec et
pour la population, et se basant sur un taux de croissance avoisinant 1% au
lieu de 2.5 % actuellement, sur une politique sanitaire visant la couverture
sanitaire de tout le pays depuis la section communale la plus reculée jusqu’au
niveau de la ville , sur une politique de sécurité alimentaire et
nutritionnelle visant la satisfaction des besoins de la population en la
matière jusqu’au niveau de souveraineté alimentaire le plus élevé possible et
tenant compte des aspects sanitaires, éducatifs, environnementaux, agricoles,
culturaux, économiques et financiers ;
(ii) Une politique de mise en place d’un système social et culturel plus équitable basé sur l’éducation
visant la compétitivité, en passant par la scolarisation universelle, le
nouveau secondaire, l’université, tenant compte de la culture haïtienne avec
des ouvertures sur l’extérieur, en particulier la Caraïbe, l’Amérique Latine,
l’Afrique, l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Asie et le monde, et promouvant une
vie associative riche et bien régulée par une gouvernance sérieuse et
incitative, des structures de gestion de l’environnement, des infrastructures,
des structures de participation à la vie économique et à la vie politique avec
des investissements importants dans le système social ;
(iii) Une politique de protection de l’environnement et des ressources naturelles axée sur
l’éducation au respect de l’environnement, sur la gestion des risques et
désastres, sur la participation de la population et de ses organisations à la
gestion de l’environnement, sur sa réhabilitation totale, sur la promotion de
l’écotourisme, du tourisme culturel, sur la mise en place des structures de
gestion de l’environnement tant au niveau étatique, que des collectivités
territoriales et de la société civile, et sur des investissements importants au
niveau de l’environnement ;
(iv) Une politique d’aménagement du territoire agressive axée sur l’éducation au respect des
infrastructures, sur la participation des structures sociales, de la société
civile, des collectivités territoriales et étatiques dans la gestion des
infrastructures, avec un zoning strict des aménagements (logements, routes,
irrigation, eau potable, écoles, hôpitaux, etc.) respectueux des normes
environnementales, tenant compte de la nature montagneuse de la République
d’Haïti et de la situation de la vulnérabilité de l’environnement haïtien et de
ses nombreux risques et des investissements importants y relatifs ;
(v) Une politique économique et financière visant un système financier et économique
non inflationniste (taux d’inflation < 10%), protectionniste au même niveau
que la Caraïbe sur certains aspects et libérale sur d’autres aspects, basée sur
des grands choix économiques et financiers, sur l’harmonisation des politiques
fiscales (taux de taxation autour de 15%) et monétaires (taux de change autour
de 50 HTG pour 1 USD) et des taux de crédit incitatifs et favorables au
développement des petites et moyennes entreprises (PME) et une couverture
d’assurance à toutes épreuves couvrant tous les risques auxquels fait face le
Pays Haïtien. Tout ceci est soutenu par une éducation économique et financière
à la base, une incitation à la vie économique, à la priorisation de la
protection de l’environnement, à la répartition équitable des infrastructures
sur tout le territoire national ;
(vi) Une gouvernance politique visant le bien être de la population
haïtienne et axée sur l’éducation politique de la population, sur sa
participation à la vie politique, à la gestion de l’environnement, à la gestion
des infrastructures, à la gestion des ressources financières, sur la déconcentration
administrative, sur la décentralisation à partir des 4 régions, des 10
départements et des 42 arrondissements, sur une justice équitable , sur la réforme
de l’Etat, sur la répartition des richesses eu égard aux potentialités de
chaque région et des pôles de développement susceptible de garantir une
croissance soutenue du PIB autour de 8-12% sur une période de 25 ans.
VI. LES ACTIONS
De ces grandes orientations découlent les
actions suivantes articulées autour des ressources humaines comme tenants et
aboutissants du processus de développement durable. Partant de la gouvernance
politique qui englobe l’éducation politique, la participation à la vie politique,
à la gestion de l’environnement, des infrastructures, des ressources
financières, les politiques d’Etat axées autour des six axes et exprimées en
termes d’éducation, de gestion, de respects des normes et des règles du jeu
établies et en termes d’investissements publics et privés, ne visent qu’au
renforcement du cadre de vie de l’Haïtien et de ses associations. Toutes les
actions exprimées et articulées autour des six axes sont autant de politiques
publiques à renforcer et à mettre en œuvre pour aboutir à l’Haïti de demain
rêvée par tous les haïtiens.
VII. LA STRATEGIE DE MISE EN OEUVTRE
La stratégie de mise en œuvre du nouvel
Etat d’Haïti selon une vision haïtienne, tout en s’inspirant de certaines
propositions de réformes de l’Etat glanées ça et là et de certaines pratiques
en cours au niveau de l’actuel Etat d’Haïti pour faciliter la transition et la
continuité, se base sur deux points importants à notre avis : A) la
réorganisation de l’Etat d’Haïti, et B) la gestion des grandes catégories
d’actions.
A. La réorganisation de l’Etat d’Haïti
Pour la mise en œuvre de l’ensemble des
actions ou politiques publiques décrites plus haut, il faudrait procéder par
une réorganisation profonde de l’appareil étatique et gouvernemental. La
constitution de 1987 modifiée, le plan stratégique de sauvetage National
(PSSN), les travaux de réformes de la commission Nationale de réforme
administrative (CNRA), les travaux du Groupe de Réflexion et d’Action pour une
Haïti Nouvelle (GRAHN), les Travaux des diverses commissions présidentielles,
les travaux de la société Civile et du secteur privé Haïtien pourront
contribuer à la mise en œuvre de ce document d’orientation.
Le regroupement des ministères selon leurs missions et attributions
L’ensemble des services de l’Etat seront
regroupés en onze (11) grands ministères : (i)Le Ministère de l’intérieur, de
la défense nationale et des collectivités territoriales,(ii) le Ministère des
affaires étrangères, de la coopération externe et des Haïtiens vivant à
l’Etranger,(iii) le Ministère de la planification, de l’Aménagement du
Territoire, de la fonction publique, (iv) le Ministère de l’économie, des
finances, du commerce et de l’industrie, (v) le Ministère des travaux publics,
transports et Communications, (vi) le Ministère de l’éducation Nationale, de la
jeunesse, des sports et des Services civiques,(vii) le Ministère de la Santé
publique, de la population et de la condition Féminine, (viii)) le Ministère de
l’Agriculture, des Ressources Naturelles, de l’environnement et de la pêche,
(ix) le Ministère de la culture, de l’Information et du Tourisme,(x) le
Ministère des affaires sociales, humanitaires, des cultes et de l’emploi. (xi)
Le Ministère de la justice et de la Sécurité publique.
Les secrétaireries d’Etat
Chaque Ministère sera subdivisé en
secrétaireries d’Etat. Les ministères actuels regroupés sous le label d’un un
autre ministère seront dirigés automatiquement par un Secrétaire d’Etat. Chacun
des services de l’État se retrouve déconcentré au niveau des 10 départements et
des 42 arrondissements avec tout le personnel et l’équipement nécessaire pour
faire fonctionner le service au niveau local et satisfaire les besoins de la
population concernée en la matière.
Ce mode d’organisation de l’Etat
permettrait un fonctionnement optimum jusqu’à l’adaptation finale qui
correspondrait à la vision de changement du nouveau pouvoir. Le changement ne
devrait pas être seulement un changement de certaines personnes, mais aussi et
surtout un changement de mentalité et de structure organisationnelle de l’Etat
avec obligation de résultats périodiques et finaux.
L’organisation des Collectivités Territoriales en 4 régions et 42
arrondissements
Les collectivités territoriales seront
regroupées dans 4 régions ou 4 macros pôles : Nord, Centre, Ouest et Sud
et administrées au niveau de 42 arrondissements regroupant communes et sections
communales avec 32 micros pôles de développement bien équipés , dotés de tous
les services de base (hôpitaux, écoles, centres de formation professionnelle,
industries, centres de loisir, etc.), et entourés de villes satellitaires
tampons bien dotées elles aussi, mais à un degré moindre que les micros pôles,
ainsi de suite jusqu'au niveau des sections communales. Les 4 régions seront
dotées de 4 campus universitaires garantissant l'avantage compétitif de notre
pays dans des domaines bien spécifiques.
B. La mise en œuvre des grandes catégories d’actions de l’Etat
Pour y parvenir, la nouvelle
administration, issue des élections, tout en contrôlant, de manière stricte, la
question d’insécurité, devrait s’atteler à quatre (4) grandes catégories
d’actions. Il en sera de même pour toute nouvelle administration durant les 25
prochaines années avec les mêmes catégories d’actions, mais un peu différentes
du point de vue thématique d’un quinquennat à l’autre. Peut-être que l’on
n’aura plus besoin d’une grande concertation nationale (réf.7.B.3) après la
première qu’aura organisée cette nouvelle administration issue des élections de
Novembre 2016 et de Janvier 2017. De toute manière, attardons-nous sur les 4
catégories d’actions.
1. La gestion des actions d’urgences
Les actions d’urgences se regroupent en
actions liées au choléra, aux dommages causés par le tremblement de terre et
l’ouragan Matthew, le déplacement des sans-abris dans des endroits décents, l’élaboration
d’un plan de réponse à la situation actuelle, avec accent particulier sur les
urgences à prendre en compte dans un budget rectificatif; la préparation de la
saison cyclonique 2017 (et autres saisons cycloniques à venir) avec plans de
contingence, la poursuite des travaux de protection des villes contre les
inondations périodiques, l’assainissement des villes, des villages, la
réparation des rues, des routes de pénétration, des pistes rurales, le curage
des drains et des canaux, etc. ; la préparation des campagnes agricoles de
printemps, d’été et d’hiver en s’appuyant sur le plan préparé par le ministère
de l’agriculture, le cluster agriculture pourrait grandement aider, le
traitement des ravines, des rivières, des versants, la mise en place des
structures biologiques et mécaniques, etc. ; la création d’emplois temporaires
dans les domaines d’assainissement , d’adoquinage de rues, d’irrigation, de
conservation de sols et de l’eau, d’enlèvement des débris, de construction de
logements sociaux, etc. Il faudrait que les travaux d’urgences aient des liens
de continuité avec les actions durables.
2. La gestion des actions durables et structurantes
Certaines actions sont en cours
d’exécution au niveau des grands chantiers routiers, d’irrigation, d’eau
potable, d’électricité, de constructions d’écoles, de centres administratifs,
de santé, d’universités, de centres de stockage. Le Gouvernement a intérêt à
poursuivre ces actions, à mettre en œuvre les études, à faire d’autres études,
à réaliser d’autres projets. Le plan national d’éducation, le plan national
d’investissement agricole, le plan national de sécurité alimentaire, le plan
directeur de vulgarisation, les travaux des diverses commissions, les divers
projets en cours, les réformes entamées au niveau de l’Etat, au niveau du
système bancaire, au niveau du système d’assurance, les projets de lois, les
décrets, la réforme constitutionnelle, tous ces travaux, toutes ces actions
devront se faire dans un souci de continuité de l’Etat. Il y a nécessité de
mettre en place une agence de développement d’Haïti (ADH).
3. La grande concertation nationale
Haïti dispose d’un ensemble de plans dont
le PARDNH, le PSDH, le PSSN, le GRAHN, les plans de la société civile, du
secteur privé, la grande concertation devrait en faire un plan consensuel sur
25 ans, s'attaquer à l'inégalité sociale, la justice, la déconcentration
administrative, la décentralisation à partir des arrondissements, l'aménagement
du territoire, l'axe capitale tel que proposé par la FONHDILAC, la mise en
place de cette agence de développement d’Haïti, avec droit de regard et d'appui
de la communauté internationale, les nouveaux amendements de la constitution,
la réforme de l’Etat, sa réorganisation pour lui permettre d’être plus
performant, le modèle de décentralisation pour Haïti par rapport aux arrondissements,
les 32 micros pôles de croissance et développement à mettre en place dans le
cadre de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, leur découpage,
celui des quatre régions (macros pôles), les villes Tampons par rapport aux
pôles de développement, la validation d’un ensemble de dossiers sur lesquels
Haïti n’a pas encore de consensus, les états généraux sectoriels de la nation,
etc.
Cette concertation nationale qui viserait
le regain de confiance entre les haïtiens, la réconciliation nationale, devrait
être inclusive, semi souveraine, car elle ne doit pas remettre en question les
résultats des élections qui ont mis en place la nouvelle administration ni
toute la constitution de 1987, car cette constitution est aussi une conquête
démocratique et traduit une certaine vision de l’Haïti de demain par rapport à
cet Etat prédateur mis en place après 1806. Les résultats de cette grande
concertation nationale seront dans la mesure du possible d’application
immédiate, sauf le plan consensuel qui devra prendre en compte le plan
quinquennal de la nouvelle administration.
Ce plan stratégique sera suivi d’un
ensemble de plans opérationnels qui seront exécutés par les ministères
regroupant un certain nombre de secrétaireries d'Etat et/ou organismes autonomes
sous tutelle de ces ministres avec des structures déconcentrées et
décentralisées couvrant tout le pays.
4. L’Organisation des élections indirectes
La Nouvelle administration aura à
organiser des élections indirectes au cours de cette année en vue de mettre en place des institutions prévues pour
la mise en place des Collectivités Territoriales (CT), les diverses assemblées
au niveau section communale, au niveau communal, au niveau départemental et
interdépartemental. L’amendement constitutionnel prévoit comment mettre en
place le CEP permanent, une fois fait, il faudrait rapidement procéder à la
mise en place de ce nouveau CEP et le Conseil Constitutionnel prévus par les
amendements. La nouvelle administration pourrait, par la suite, procéder à l’organisation
des élections sénatoriales, municipales et indirectes telles que prévues par
les amendements constitutionnels.
Il faut noter et souligner que le Nouveau
Pouvoir aura à organiser durant sa dernière année de Mandat de 5 ans, les
élections générales telles que prévues par les amendements qui pourraient être
confirmés et même renforcés par la grande concertation semi souveraine avec des
résolutions d’application quasi immédiate.
Quant aux autres quinquennats qui
viendront après, les élections générales se feront durant la dernière année de
la présidence selon le « calendrier harmonisé » prévu par les amendements
actuels et peut-être par d’autres issus de la Grande Concertation du Premier
quinquennat.
VIII. LE CHIFFRAGE, LE FINANCEMENT
Dans notre exercice de chiffrage, nous
nous inspirons des réflexions et estimations faites par des professionnels
aussi bien haïtiens qu’étrangers. La proposition d’érection d’une ville
universitaire de 50,000 habitants près de Ganthier se chiffre à 6 milliards de
dollars américains. Le document d’orientation sur Gonaïves reste dans ces
ordres de grandeur. Le DSNCRP a prévu pour sa part 4.3 milliards de dollars
américains sur trois ans. Ainsi, compte tenu de tout ce qui précède, nos
projections pour la construction de cette nouvelle Haïti ont été de 40
milliards de dollars américains sur une période de 10 années. Ce qui correspond
à des investissements moyens de 4 milliards par an.
Maintenant que nous prévoyons la mise en
œuvre du document d’orientation sur une période beaucoup plus longue de 25 ans
au lieu de 10 ans, il faudra revoir à la hausse les chiffres. Le Plan
Stratégique de Sauvetage National (PSSN) a prévu 100 milliards USD sur une
période de 25 ans. Le Plan d’action pour le Relèvement et le développement
National d’Haïti (PARDNH) a prévu 34.5 milliards d’USD sur 22 ans.
Naturellement, on aurait tendance à se
baser sur le montant budgétaire annuel actuel autour de 2 Mrds USD. Toutefois,
il serait plus réaliste de revoir les chiffres à la hausse et les situer au
niveau du PSSN, soit 100 milliards, qui correspondent au montant prévu par la
FONHDILAC par extension. D’autant que, selon les hypothèses de taux croissance
annuel du PIB (8-12%) prévues par la FONHDILAC, il faudra des investissements
annuels (APD, publics, privés et financement à partir de l’exploitation de nos
ressources minières) de l’ordre de 4 milliards d’USD/an pour soutenir cette
croissance sur une période de 25 ans pour faire d’Haïti, « un pays émergent et
moderne » à l’horizon de 2040.
Haïti pourrait sur le moyen terme financer
son développement si l’on se basait sur les informations fournies par l’Ing.
Antoine Dimanche et le Dr Henry Vixamar dans le cadre des interviews sur Radio
Métropole et d’autres sources. Haïti disposerait de 500 Trillions de m3 de
gaz naturel suite au séisme du 12 Janvier 2010, selon l’Ing. Dimanche, elle
disposerait de ressources minières de très bonne qualité dont l’iridium (1
tonne d’iridium coute 45 Mrds USD, selon Dr Vixamar). Une autre source a estimé
à 100 Trillions USD les ressources minières d’Haïti. Il nous suffirait, si ces
informations s’avéraient exactes, de bien planifier sur la durée l’exploitation
de nos mines pour financer notre développement.
IX. LA DUREE
La mise en œuvre de la refondation de
l’Etat d’Haïti se fera en trois phases : l’urgence sur 2 ans, le relèvement sur
3 ans et la reconstruction sur 20 ans subdivisés en périodes quinquennales.
Dans la réalité, les trois phases ne sont jamais aussi séquentielles et
rigides. En effet, à cause de la vulnérabilité du pays, durant au moins les dix
premières années de la reconstruction, l’Etat aura à gérer les urgences
annuelles liées aux intempéries, et même au-delà, il y aura toujours des
urgences à gérer. C’est pourquoi, il faudra des phases parfaitement imbriquées,
articulées et intégrées de façon à former un tout cohérent conduisant au
développement durable de notre pays. Ce calendrier doit tenir compte des
investissements prévus dans le plan stratégique développement d’Haïti (PSDH)
qui a remplacé le plan d’action pour le relèvement et le développement national
d’Haïti (PARDNH), des investissements des secteurs privés haïtiens et
étrangers, de la diaspora haïtienne et de l’exploitation de nos ressources
propres (humaines, naturelles et minières). Une période de 5 à 7 ans serait
suffisante pour atteindre la vitesse de croisière, si nous arrivions à bien
gérer les risques inhérents à une telle entreprise aussi ambitieuse de refonder
un Etat, et pas n’importe lequel, le plus imprévisible de tous et aussi le plus
surprenant.
X. LES RISQUES ET LA GESTION DES RISQUES EN GUISE DE CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS
Avec l’Etat d’Haïti actuel, les risques en
temps normal se retrouvent à chaque pas. Dans le cas qui nous concerne de
promouvoir la mise en place d’un nouvel Etat, la refondation de l’Etat d’Haïti
selon une vision haïtienne, il faudra les multiplier par 4 sinon plus. Aussi allons-nous
sélectionner quelques-uns qui pourraient surgir à n’importe quelle phase du
processus de refondation de l’Etat.
La gestion des risques et désastres
Haïti fait face à des risques cycloniques
et sismiques, car elle est sur la route des cyclones qui pourraient atteindre
la catégorie 5 avec le changement climatique, et basée sur un réseau de failles
sismiques susceptibles de provoquer des tremblements de terre assez violents
(7, 8 de magnitude) et d’éventuels tsunamis. Son degré de dégradation
environnementale la rend encore plus vulnérable. Ces données doivent être
prises en compte dans les politiques publiques. C’est pourquoi, chaque année,
dans le budget de la République, les fonds pour la mise en œuvre d’un plan
annuel de contingence doivent être inscrits pour gérer ces risques jusqu’à ce
que le pays atteigne un niveau de développement qui tienne compte de ces
données et qui permettent, une fois le niveau de vulnérabilité jugé assez
réduit, de diminuer proportionnellement les coûts prévus pour manager ces
risques et désastres. Donc, il faut éviter de refaire pareil.
Tentation de refaire pareil
Dans le cas d'Haïti dévastée, il ne peut
s'agir seulement, ni d'abord, de reconstruction technique d'infrastructures et
de structures. Il s'agit fondamentalement de reconstruction politique et
sociale orientant la reconstruction économique et technique. Ce serait
gaspiller l'aide internationale et toute la solidarité citoyenne partout
mobilisée à tous les niveaux, si l'on se contentait de refaire une copie neuve
sur papier vélin de la société d'avant le séisme et Matthew.
Dans cette perspective, il ne suffit point
de déclarer dans des discours politiquement corrects qu'on reconnaît et
respecte la souveraineté d'Haïti. Il faut le montrer dans la pratique et les
formes d'aide. C'est d'autant plus nécessaire que l'État haïtien, fragilisé
avant le séisme, s'est quasiment effondré après le séisme et l’ouragan Matthew.
Ainsi blessé presque à mort, il est devenu une proie facile pour tous les États
forts tentés de se conduire en redresseurs d'États fragiles. La nouvelle
administration devra être très vigilante dans ses rapports avec ses partenaires
de la communauté internationale.
Les rapports avec la communauté internationale
L'extrême fragilisation des gouvernements
successifs depuis 2004 et de l'État pourrait faire croire à certains qu'Haïti
n'a plus les moyens de s'autogouverner dans le court terme. D’où la CIRH et « cette assistance mortelle»
décrite par Raoul Peck. Nous voulons avoir des relations équilibrées avec la
communauté internationale telles que prévues par les principes de la
déclaration de Paris. Le peuple haïtien n'a besoin d'aucun «consortium» de pays
amis pour gérer la crise à sa place, ce qui mettrait entre parenthèses la
souveraineté d'Haïti. Même si l’expertise technique ainsi que l’appui financier
de ces pays demeurent incontournables, tout au moins dans un premier temps.
Donc, ni protectorat déclaré, ni tutelle déguisée! La refondation de l’Etat
d’Haïti exige des rapports harmonieux, mais aussi équilibrés entre partenaires.
La lenteur de l’Etat à décider
Pour avoir une chance de réaliser ce rêve
de refonder Haïti, l’Etat doit se départir de sa lenteur proverbiale. Il est
impératif que l’Etat Haïtien entame des démarches pour sauvegarder l’intérêt
collectif en mettant en place cette Agence de développement d’Haïti pour
assurer le suivi du PSDH. Ce faisant, il éviterait que les haïtiens,
individualistes invétérés, en l’absence de l’État, ne continuent à construire
n’importe comment comme ils le font déjà, selon le « common sense » et en
fonction purement de leurs intérêts égoïstes, il donnerait un signal fort à la
CI sur son intention d’investir dans le durable. Dans le cas contraire, un
travail de sensibilisation auprès des trois (3) pouvoirs de l’Etat devrait être
entrepris par tous ceux qui se retrouvent un tant soit peu dans ce document
d’orientation et qui y adhèrent même informellement.
La résurgence des vieux démons de division
Durant les premières heures après le
séisme et de l’ouragan Matthew, la solidarité entre haïtiens a été vantée par
les observateurs étrangers. Beaucoup de gens se sont sacrifiés pour sauver
d’autres frères et sœurs. Avant l’arrivée des secours, on a partagé même un
morceau de pain. Mais, depuis quelque temps et durant la période électorale, on
sent l’exacerbation de la division. Le pays a payé les pots cassés. La bataille
pour le pouvoir en 2010 a fait des morts et des dégâts estimés à plus de 100 M
d’USD. A partir des résultats contestés
de la présidentielle de novembre 2016, les blessures de division
risquent de prendre du temps pour se cicatriser. D’où la nécessité de cette
grande concertation nationale pour nous réconcilier avec nous-mêmes. Il faut à
tout prix arriver à gérer cette division en nous concentrant sur l’essentiel,
la reconstruction du pays, la refondation de l’Etat d’Haïti.
La mainmise d’un petit groupe avec l’appui de la communauté
internationale
La communauté internationale (CI) a sa
clientèle en Haïti, un petit groupe qui le plus souvent voit ses intérêts avant
ceux du pays. Il faut qu’elle change sa façon d’opérer pour se mettre à la
hauteur de l’évènement et s’ouvre un peu plus sur d’autres catégories de gens.
Les gens de bien qui veulent voir changer les choses pour de bon doivent se
liguer contre ce petit groupe. Et la CI doit faire l’effort aussi de s’ouvrir à
d’autres groupes qui, certes, ne maitrisent pas son jargon mais qui ont les
compétences et l’honnêteté nécessaire pour accompagner cette refondation de
l’Etat dans le sens de la collectivité.
La lutte hégémonique entre les grands pour des raisons économiques et
géo-stratégiques
Ce séisme et le passage de Matthew montrent
déjà la volonté des grands de se battre pour avoir le leadership de la
refondation/reconstruction. Cette bataille entre les grands pourrait
compromettre cette reconstruction ou la conduire dans des directions opposées à
cette vision à l’haïtienne. Les haïtiens doivent faire preuve d’intelligence
pour tirer le meilleur parti pour Haïti dans cette lutte des grands. Selon
certains experts, il est de plus en plus sûr que notre sous-sol dispose de
certaines matières assez rares et même du pétrole, on estime à 100 trillions de
USD les ressources enfouies dans notre sous-sol ; en tout cas, notre pays est
placé dans une position stratégique par rapport au reste de la Caraïbe et de
l’Amérique Latine. Il nous faudrait avoir une conscience informée de notre
réalité pour bien négocier cette solidarité internationale conduite par les
grands de ce monde ou tout au moins la gérer pour le mieux.
La barrière constitutionnelle
La constitution de 1987 pourrait
constituer une barrière sur certains aspects liés à la refondation de l’Etat
suivant la vision dégagée. Il faut voir cette refondation au-delà du prisme de
la Constitution de 1987. Il faudrait, si nécessaire, soit la modifier, soit la
changer. Même si en tant qu’élément de notre lutte démocratique, il serait
préférable de l’amender dans le cadre d’une grande concertation nationale semi
souveraine au lieu de la changer pour préserver son côté symbole.
L’amélioration de l’image du pays
L’image du pays n’a cessé de se dégrader
au cours de ces 30 dernières années. Les
agences internationales dans leur évaluation périodique continue à considérer
Haïti comme un endroit à risque de plus en plus élevé. Ces considérations ne
sont pas sans conséquences sur la gestion de la collaboration avec les bailleurs
de fonds. Les conditions se durcissent, rendant du coup la mise en œuvre des
projets et programmes de développement plus compliqués à se mettre en œuvre
dans des délais convenables. Un effort sensible au niveau de la gouvernance
s’avère être aussi important qu’urgent. Des actions visibles visant la
réduction de la corruption et/ou tout au moins sa perception, par exemple,
seraient de grande utilité pour amorcer un changement positif de l’image que
nous donnons au monde.
La résistance au changement
La résistance au changement va être
l’obstacle le plus difficile à gérer, selon Charles Cadet, l’ex-responsable de
la très sérieuse Commission Nationale de la Réforme administrative (CNRA) qui
avait fait des propositions pertinentes et innovantes pour la restructuration
et la refondation de l’Etat, oubliées jusqu’à cette minute dans les tiroirs de
l’administration de l’Etat. Il faudrait plus qu’un simple groupe comme la
FONHDILAC, mais l’adhésion de la Nation Haïtienne pour porter cette vision de
la refondation/reconstruction/construction de l’Etat d’Haïti qui doit
redevenir, à terme, La perle des Antilles ou l’exception culturelle de la
Caraïbe, et rentrer dans le cercle des pays émergents à l’horizon 2040.
FONHDILAC. Avril 2011
Actualisé en Février 2017