HAITI : BILAN 2018 ET PERSPECTIVES 2019, DE
PETROCARIBE A LA STAGNATION DE LA PAUVRETE VERS UNE ENTENTE NATIONALE POUR
CHANGER LE SYSTÈME ET AMORCER LE DEVELOPPEMENT DU PAYS, AVEC OU SANS JOVENEL
(?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 DECEMBRE 2018
Revu le 2 JANVIER 2019
Revu le 2 JANVIER 2019
L’année 2018 s’achève. C’est l’heure du bilan.
C’est aussi le moment de dégager les perspectives pour l’année 2019, une année
électorale, qui s’annonce plutôt
difficile et beaucoup plus agitée que 2018, une année d’entropie politique avec
Petrocaribe comme prétexte, élément perturbateur du statuquo et catalyseur de mobilisation sociale et
politique, avec, comme objectif, le procès petrocaribe, le changement du système haïtien et, pour l’opposition
politique radicale, la chute du Président Jovenel Moïse. D’où le titre de cet
article : Haïti : bilan 2018 et perspectives 2019, de petrocaribe à
la stagnation de la pauvreté vers une entente nationale pour changer le système
et amorcer le développement du pays, avec ou sans Jovenel (?).
1. FAITS SAILLANTS DE L’ANNÉE 2018 ET FAITS SAILLANTS DU MOIS DÉCEMBRE
2018
Un ensemble de faits politiques, sociaux et
économiques ont marqué l’année et le mois de décembre 2018. Ces faits sont pour
la plupart des irritants, des éléments perturbateurs de la vie politique et
économique. Certains faits, comme le dossier petrocaribe, nous forcent à
prendre conscience de l’ampleur d’un fléau, la corruption, qui a des effets
néfastes sur le développement du pays.
1.1 Faits saillants de l’année 2018
Le principal fait marquant de l’année 2018 est
sans conteste le dossier petrocaribe. Depuis le commencement de l’année jusqu’à
sa fin, ce dossier s’est révélé une constante de la vie politique et sociale
d’Haïti. Au début, il était utilisé par l’opposition politique pour déstabiliser le pouvoir en place, le
rapport du Sénateur Beauplan aidant.
Occulté par la stratégie caravane du
changement étendue sur tout le pays à partir de février 2018, Petrocaribe va
supplanter tous les autres faits, y incluse la caravane, après les évènements
de 6, 7 et 8 juillet 2018 dus à la hausse ratée des cours du carburant en
Haïti. Ces événements ont marqué un tournant dans l’administration Moïse qui a
dû changer de Premier Ministre, Céant a remplacé Lafontant.
Le remplacement de Lafontant par Céant, qui
est un fait politique marquant, n’a pu empêcher la grande manifestation du 17
octobre 2018 pour le procès petrocaribé organisé par les petrochallengers
infiltrés par les politiciens radicaux qui exigent, contrairement aux petrochallengers, le départ du Président Jovenel Moïse, très affaibli par les événements des 6,7 et 8
juillet 2018. Avant le 17 octobre et entre le 17 octobre et 18 Novembre 2018,
une série d’actions liées au banditisme, attisées par les politiciens de tous
bords, a envenimé la situation globale du pays, en causant des pertes en vies
humaines (Ex:La Saline,71 morts selon les organismes des droits humains). 17 octobre 2018 a marqué un tournant dans la vie du pays en exigeant
le changement du système haïtien.
Malheureusement, les politiciens radicaux,
dans leurs soucis de récupérer le pouvoir à tout prix au détriment de
l’actuelle administration, ont bousillé l’élan des petrochallengers, en
essayant de récupérer le dossier petrocaribe à des fins politiques lors des
manifestations programmées pour le 18 novembre 2018. Ote-toi que je m’y mette.
La politique a une fois de plus, une fois de trop, occulté le dossier
petrocaribe. Les politiciens l’utilisent à des fins politiques, au point de
démobiliser momentanément les petrochallengers. Les tentatives de mobilisations
politiques contre le pouvoir en place sans les petrochallengers ont jusqu’à
date piteusement échoué. Depuis les événements des 6,7, 8 juillet 2018, les
manifestations des 17 octobre et 18 novembre 2018, le pouvoir en place est en
mode dialogue, mais l’opposition radicale et ses alliés ne jurent que par la
démission du Président.
1.2
Faits saillants du mois décembre 2018
La Cour Supérieure des comptes et du
Contentieux administratif (CSC/CA), en charge du dossier petrocaribe, traine
les pieds et accuse les cadres de l’Etat du ministère de l’agriculture et de
l’institut national de formation professionnelle (INFP) de faire obstacle à son
travail. Ce qui est faux. Des cadres de l’Etat sont stigmatisés par méchanceté
car j’ai vu des dossiers mis à disposition de la CSC/CA qui datent d’avant la
lettre du 4 décembre 2018 adressée à la Primature. Est-ce une manœuvre pour
expliquer le retard éventuel du rapport promis pour janvier 2019? Est-ce autre
chose encore plus grave?
Le lancement des travaux HIMO à Port-au-Prince
par le Premier Ministre lui-même. Ces travaux, qui généreront 50,000 emplois et
couteront 2 milliards de gourdes, s’étendront sur l’ensemble du pays, selon le
PM Céant. Certains ministères et certaines mairies commencent déjà avec la mise en œuvre de ces
travaux. Il faudrait seulement éviter que ces travaux HIMO soient exécutés
comme des woy-woy favorisant l’enrichissement d’un petit groupe par rapport à
la grande majorité nécessiteuse.
Une fois de plus, pour les 76 ans de la consécration du pays d’Haïti à notre Dame,
l’église catholique a organisé une manifestation grandiose à Port-au-Prince.
Des chants religieux à partir d’un char
musical ont accompagné la foule immense qui reprenait les refrains joyeusement.
Une fois de plus l’église catholique a montré sa force de frappe.
Le remplacement du Commissaire du Gouvernement
de Port-au-Prince, Me Ocname Daméus, devrait permettre au barreau de
Port-au-Prince de reprendre du service, car c’était l’une des exigences des
avocats de cette juridiction en grève depuis trois mois, paralysant ainsi les
instances judiciaires de cette juridiction et privant ainsi les justiciables de
la distribution de la justice. Ce remplacement devrait favoriser la résolution
de cette crise dans la grande crise du pays.
Radio et Télé Kiskeya a été la proie des
flammes, le 21 décembre 2018. Cet
incendie a commencé dans une autre maison à côté de la radio. Faute de le
circonscrire, il s’est propagé et a ravagé la station. C’est une perte énorme
pour le secteur médiatique. Radio Kiskeya c’est le prolongement de Radio Haïti
en quelque sorte. Regarder bruler un tel patrimoine faute de l’intervention à
temps des sapeurs-pompiers témoigne de la fragilité de l’Etat. Les visites de
sympathie du Premier Ministre et du Président de la République leur permettront
de prendre conscience de l’état du dénuement du pays en matière de lutte contre
l’incendie ( manque d'eau, de ressources humaines qualifiées, de moyens, etc.) et de prendre des dispositions pour qu’un tel drame ne se reproduise
désormais en Haïti. L'aide de l'Etat est refusée par les dirigeants de la radio, mais une commission de solidarité s'est constituée pour récupérer les fonds pour la reconstruction de la station.
La Noël a été fêtée à Pétion Ville, le 23
Décembre, et au Champs de Mars à
Port-au-Prince, le 24 Décembre 2018. La Tour de 2004, construite par le
Président JB Aristide, a été magnifiquement décorée (jeux de lumières). Il serait profitable pour le pays que
l’administration actuelle achève cette œuvre magnifique et remarquable qui
domine Port-au-Prince, selon le principe de la continuité de l’Etat. Il faut
noter que cette Tour 2004 a passé l’épreuve du tremblement de terre du 12
janvier 2010 sans grands dommages, contrairement aux autres édifices de l’Etat
comme le Palais National, le Palais Judiciaire (reconstruit entre temps), et le
Palais Législatif.
2. BILAN DE L’ANNÉE 2018 : LA STAGNATION DE LA PAUVRETE
2.1. Perspectives visées et résultats obtenus
Dans le
bilan de l’année dernière, on s’est référé à l’IHSI, en particulier les comptes
économiques de 2017, en termes de conclusion :« Enfin, tenant compte des
goulots d’étranglement spécifiques auxquels l’économie a dû faire face en 2017,
toutes choses égales par ailleurs, l’année 2018 devrait être plus prometteuse.
Cependant, il ne faut pas non plus perdre de vue que le pays, étant situé sur
la trajectoire des cyclones, a besoin d’un plan de contingence adéquat pour
atténuer considérablement l’impact distributif négatif des
déréglementations climatiques. En tout cas, l’atteinte de l’objectif de
3.9% de croissance du PIB en 2018 passera, entre autres, par la relance
effective et garantie des activités agricoles, la redynamisation du secteur des
bâtiments et travaux publics et l’amélioration continue du climat des
affaires.». Le budget de 144 milliards et 200 millions de gourdes (2.3 milliards d’USD)
n’a pas permis la mise en œuvre de l’ensemble des actions sectorielles
prévues.
Dans les
comptes économiques 2018 de l’IHSI, intitulés par la Direction des Statistiques
Economiques (DES), Performance mitigée
de l’économie en 2018, voici comment la situation économique du pays est
présentée : « L’économie haïtienne n’a pas pu atteindre
l’objectif de croissance de 3.9% visé par les autorités au début de l’année,
notamment dans la loi de finances de l’exercice fiscal 2017-2018. Même la
révision, par la suite, de 2.4% fixée en tenant compte de l’évolution des deux
premiers trimestres de l’exercice n’a pas été réalisée. En effet, selon les
estimations préliminaires, le Produit Intérieur Brut (PIB) a crû, en termes
réels, de 1.5%. Une hausse supérieure à celle de l’année dernière (1.2%) mais,
à peine égale au taux de croissance démographique naturelle (1.5%).
Cette
performance de l’économie ne permet pas de réduire la pauvreté car le taux de
croissance de l’économie est pratiquement le même que celui de la population.
C’est la stagnation de la situation de pauvreté du pays. Il nous faudrait une
croissance économique beaucoup plus forte pour juguler la pauvreté. Pour cela,
il faudrait augmenter le niveau d’investissement et le niveau de budget du
pays. Il se poserait alors le problème du financement du budget. Avant
d’arriver au nouveau budget 2018-2019, regardons l’explication fournie par
l’IHSI.
2.2. Analyse des résultats sur le plan économique
« Contrairement
à l’année fiscale 2017 qui a été grandement perturbée, à la fois, par des
catastrophes naturelles (cyclone Matthew, autres inondations) et des
turbulences socio-politiques (crise électorale, installation et départ du
gouvernement de transition, longue période d’incertitude précédant
l’installation des nouvelles autorités, mouvements de grève des syndicats,
etc.), les agents économiques ont pu bénéficier, pendant les neuf premiers mois
de l’exercice, d’un climat plutôt favorable aux affaires. Effectivement, les «
hostilités » n’ont commencé qu’au dernier trimestre de l’année fiscale à partir
des émeutes des 6, 7 et 8 juillet. De plus, en 2018, le pays a été évité par
les grandes intempéries qui, habituellement, impactent le secteur agricole avec
des effets distributifs négatifs sur les autres branches d’activité économique. »
Tableau 2 : PIB et SES COMPOSANTES
PIB ET SES
COMPOSANTES EN SEPTEMBRE 2018
|
|||||||
PREVISIONS
ECONOMIQUES
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
|
DEFINITIVES
|
SEMI
DÉFINITIFS
|
ESTIMÉES
|
ESTIMÉES
|
ESTIMEES
|
ESTIMEES
|
||
PIB EN
MILLIARDS HTG
|
15017
|
15 439
|
15 626
|
15 853
|
16039
|
16277
|
|
Taux de croissance réel
|
4.2%
|
2.8%
|
1.2%
|
1.5%
|
1.2%
|
1.5%
|
|
Secteur primaire
|
4.6%
|
-1.4%
|
-5.4%
|
3.0%
|
0.8%
|
1.0%
|
|
Secteur secondaire
|
9.0%
|
5.5%
|
3.2%
|
0.8%
|
1.0%
|
1.1%
|
|
Secteur tertiaire
|
5.0%
|
3.6%
|
2.9%
|
1.2%
|
0.9%
|
1.1%
|
|
Quand on regarde le tableau de référence
reconstitué par l’auteur, même si les résultats de cette année sont meilleurs
par rapport à 2017, la performance de l’économie est très en deçà de 2013 et 2014
et est la même qu’en 2016. On est donc très loin de la performance idéale de
l’économie haïtienne par rapport au taux de croissance de la population. On ne
fait donc que produire la pauvreté ou s’y maintenir. Maintenant, voyons avec IHSI la performance
de l’économie secteur par secteur, en tenant compte des composantes de la
croissance, toute modeste qu’elle soit.
«Secteur
primaire. « Ainsi, avec 3.3 milliards de gourdes constantes la
branche Agriculture, bénéficiant des effets positifs de l’absence de cyclones
et d’inondations majeures a pu, malgré la persistance de certains problèmes
structurels, afficher une certaine hausse, en volume, de 1.0% de sa
valeur ajoutée. Ce résultat serait plus probant si (1) il n’y avait pas un
arrêt prématuré en juin de la saison pluvieuse qui avait bien démarré dès les
mois de mars et d’avril, au cours de la campagne agricole de printemps, et si
(2) on n’avait pas accusé des retards dans la distribution des intrants, car la
réception tardive des semences a mis à mal les agriculteurs[1]. »
Secteur secondaire. « De leur côté, menées essentiellement par les
fabrications de produits alimentaires et de boissons (1.0%) et celles des
Textiles, Habillement et Cuirs (1.4%), les Industries Manufacturières ont
globalement crû d’environ 1.1%. Parmi les autres secteurs ayant le plus
contribué à la hausse du PIB, on retient le secteur des Bâtiments et Travaux
Publics (2.1%) qui a fortement été supporté par les travaux d’infrastructure
effectués dans certaines régions du pays[2]. »
Dans ce secteur, la croissance est surtout supporté par le secteur Travaux
publics, ce qui est normal si on se réfère à l’extension de la caravane sur
l’ensemble du pays (routes, rénovations urbaines et logements sociaux, etc.)
Secteur tertiaire. « En dépit des événements de juillet, les
résultats des trois premiers trimestres ont permis au secteur Commerce de
garder la tête sur l’eau avec une hausse de 1.1%. »
Composantes de la croissance.
« Vue sous l’angle de la demande
globale, la croissance du PIB a été tirée par l’ensemble de ses composantes.
Dopée, entre autres, par l’augmentation (13.0%) de la masse salariale des employés
permanents de l’Administration Publique[3]
et la hausse de plus de 18.0% de l’envoi de fonds des travailleurs de la
diaspora[4],
la Consommation Finale, en termes réels, a augmenté de 1.2%. Pour sa
part, soutenu notamment par le volet public, l’Investissement Global a crû, en
volume, de 2.3%. A ce propos, il convient de noter que selon les
chiffres publiés dans le Tableau des Opérations Financières de l'Etat (TOFE),
les montants relatifs aux Projets d’Investissement Public ont quasiment doublé
en 2018 avec une hausse de 99%. Enfin, malgré les émeutes enregistrées
au quatrième trimestre de l’année, les exportations se sont mieux
comportées en 2018 qu'en 2017 avec une croissance, en volume, de 2.0%.
En témoigne l’augmentation de 11.3% des exportations des produits d'assemblage,
contre une chute de 5.1% en 2017[5]. »
Inflation et taux de change.
« En ce qui concerne les prix à la
consommation, l’inflation continue de se maintenir à deux chiffres avec une
moyenne annuelle de 14.3%, inférieure à celle de l’année dernière 14.6%.
Une évolution tendancielle un peu cohérente avec celle du taux de change,
puisque selon les données publiées par la BRH, la parité de la gourde par
rapport au dollar en moyenne annuelle pour l'année 2018 (65.4 gourdes pour
un dollar) est légèrement inférieure à celle de 2017 qui se chiffrait à
65.6 gourdes pour un dollar. Il ne faut pas oublier que c’est surtout à partir
des mois de juillet et d'août que le taux de change a véritablement dérapé en
2018. ».
Cette
analyse de la performance de l’économie par l’IHSI est la plus conforme à la
réalité haïtienne du moment, surtout en regard de la situation politique et
sociale du pays, en particulier après les événements de 6, 7 et 8 juillet 2018.
2.3. 1. Analyse de la situation sur le plan politique
La
situation s’est vraiment détériorée à partir des événements de juillet 2018.
Depuis le 12 septembre 2017, avec le budget 2017-2018 comme prétexte, la
présidence de J. Moïse rentre dans une période de turbulence ; la
publication du rapport Beauplan sur petrocaribe indexant directement l’entrepreneur
J. Moïse, devenu Président de la République,
a redonné de la vigueur à l’opposition radicale conduite à l’époque par Jean
Charles Moïse et les Sénateurs de l’opposition (Beauplan, Cassi, Cheramy et
Pierre). Durant les trois premiers mois
de l’exercice 2017-2018, cette turbulence politique a mis à mal la présidence
de J. Moïse, réclamant tout simplement la mise à pied du Président.
L’accalmie
de décembre 2017 et durant la période carnavalesque a permis à la présidence de
se réconcilier avec le pouvoir judiciaire (déclaration maladroite du Président
à Paris), de lancer la caravane sur l’ensemble
du pays à partir de février 2018 et au gouvernement de signer un accord de six
mois avec le FMI, qui sera à la base de l'augmentation des cours du carburant en juillet 2018. Le dossier petrocaribe continue d’alimenter le mécontentement
vis-à-vis du pouvoir en place, d’autant que le Sénateur Latortue, principal
auteur du 1er rapport petrocaribe, a dû céder la présidence du Sénat
à Joseph Lambert, tout en embrassant à
nouveau le dossier petrocaribe comme
cheval de bataille et s’acharnant sur le pouvoir en place, une sorte d’opposition
qui ne dit pas son nom et menée intelligemment sur base de conférences de
sensibilisation, de dossiers potentiels de corruption impliquant au premier
chef les proches du pouvoir dont la dernière personne en date a été l’épouse du
Chef de l’Etat (Dossier ONI).
Ce
calme, qui a précédé la tempête des 6,7,8 juillet 2018, on va le retrouver
après les manifestations du 18 novembre 2018, où la politique va occulter le
dossier petrocaribe pour la première
fois depuis les événements de juillet 2018. Cette entropie politique sera
accompagnée d’un regain du banditisme comme il est de mise en de pareil cas.
Comme on l’a vu plus haut, la situation va provoquer le dérapage du taux de
change, l’instabilité politique avec le changement du gouvernement et d’un
certain nombre de ministres. L’appel au dialogue du Président va se heurter à l’intransigeance
de l’opposition radicale avec ses deux branches, l’une conduite par Michel
André et Lavalas et l’autre par Jean Charles Moïse (division potentielle entre
les opposants au pouvoir en place).
Le
Parlement est devenu un champ de bataille politique, laissant de côté son
travail de légiférer, au point que le bilan parlementaire est plutôt maigre
pour ne pas dire inexistant. Ce même
constat reste valable pour le pouvoir judiciaire en termes de bilan, mais aussi
en termes d’initiatives pour faire avancer la justice dans le pays.
Les
travaux HIMO visant une sorte d’apaisement social semblent porter ses fruits.
Pour combien de temps ? En tout cas, le gouvernement croit dur comme fer
que le dialogue politique se fera et pourra se faire malgré le refus
catégorique de l’opposition radicale de s’asseoir avec le Président, puisque,
comme préalable à tout dialogue, celui-ci doit mettre sur la table sa
démission. Processus de dialogue politique encouragé par Religion pour la Paix.
Va-t-on vraiment vers cette entente entre nous ?
3. PERSPECTIVES 2019 : VERS UNE ENTENTE NATIONALE POUR CHANGER LE
SYSTÈME ET AMORCER LE DEVELOPPEMENT
« Les
perspectives de croissance pour l’exercice fiscal 2018-2019 s’annoncent
particulièrement difficiles en raison notamment de la fragilité de la situation
socio-politique qui risque de plomber
considérablement l’économie. A cet égard, s’il n’y a pas un effort qui est fait
de part et d’autre pour placer les intérêts supérieurs de la nation au-dessus
de tout, l’objectif de croissance de 2.8% envisagé pour l’année fiscale 2019
restera un vœu pieux, car il requiert la contribution de chacun des secteurs de
la vie nationale, » a prédit l’IHSI
dans sa dernière sortie des comptes économique de décembre 2018.
Dans ce budget 2018-2019 de 172.83 milliards de gourdes, schématisé par le Group Croissance qui en a fait toute une étude détaillée, analysée par Le Nouvelliste du 17 décembre 2018, le secteur économique se taille la part du lion avec 33.1%, le secteur social avec 21.2%, le secteur politique avec 14.8%, le secteur culturel avec 1.5%, le pouvoir judiciaire avec 1%, le pouvoir législatif avec 3.4%, les organismes indépendants avec 2.5%, les autres interventions publiques + services de la dette avec 22.5%, et les services +intérêts et amortissements avec 12.5% du budget. Il faut noter que les autres interventions publiques viennent en 2e position avec 22.5%. Dans ce budget il est prévu 90.93 milliards de gourdes (52.6%) de dépenses courantes et 81 milliards de gourdes (46.8%) de dépenses d’investissements, dont 62 milliards de gourdes pour les programmes et projets d’apaisement social. (voir figure suivante réalisée par le Group Croissance)
Dans ce budget 2018-2019 de 172.83 milliards de gourdes, schématisé par le Group Croissance qui en a fait toute une étude détaillée, analysée par Le Nouvelliste du 17 décembre 2018, le secteur économique se taille la part du lion avec 33.1%, le secteur social avec 21.2%, le secteur politique avec 14.8%, le secteur culturel avec 1.5%, le pouvoir judiciaire avec 1%, le pouvoir législatif avec 3.4%, les organismes indépendants avec 2.5%, les autres interventions publiques + services de la dette avec 22.5%, et les services +intérêts et amortissements avec 12.5% du budget. Il faut noter que les autres interventions publiques viennent en 2e position avec 22.5%. Dans ce budget il est prévu 90.93 milliards de gourdes (52.6%) de dépenses courantes et 81 milliards de gourdes (46.8%) de dépenses d’investissements, dont 62 milliards de gourdes pour les programmes et projets d’apaisement social. (voir figure suivante réalisée par le Group Croissance)
Avec le taux actuel du dollar par rapport à la
gourde (1 USD=77 HTG), le budget indexé au dollar correspond à 2.24 milliards
de dollars américains. C’est pratiquement le même budget que l’année dernière.
Et si le dollar continue de s’apprécier par rapport à la gourde, Haïti aura
toutes les peines du monde à gérer les effets négatifs de la cherté de la vie, vu le volume de nos importations. Ce qui pourrait déboucher sur des
émeutes difficilement contrôlables au cas les protagonistes politiques ne
trouveraient pas un terrain d’entente pour mener à bien la barque du pays. Le
dialogue politique deviendrait un impératif pour réaliser le procès
petrocaribe, changer le système politique et amorcer le développement du pays
avec nos maigres moyens. Une fois de plus, la balle est dans le camp de nos
hommes politiques, la grande concertation nationale avec comme objectif Haïti
d’abord et avant tout, ou la bataille pour le pouvoir en obtenant la
démission ou le déchoucage de Jovenel au profit de l’opposition? Vive le 215e anniversaire
de notre pays et bonne fête de l’indépendance à tous les Haïtiens et
Haïtiennes !