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samedi 31 mai 2025

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 55 : TRUMP, LES DECRETS ET LES FRACTURES GLOBALES – HAÏTI ENTRE PRESSIONS EXTERIEURES ET CHAOS INTERIEUR

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 55 : TRUMP, LES DECRETS ET LES FRACTURES GLOBALES – HAÏTI ENTRE PRESSIONS EXTERIEURES ET CHAOS INTERIEUR

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

31 MAI 2025

 

Mai 2025 s'achève sur une note de turbulences géopolitiques et de crises internes profondes. Le président Donald Trump, dans son second mandat, a intensifié ses politiques controversées, tant sur le plan intérieur qu'extérieur. Son voyage au Moyen-Orient et ses décrets exécutifs ont suscité des débats mondiaux. Parallèlement, Haïti continue de faire face à des défis internes majeurs, notamment une insécurité persistante et des débats houleux autour d'une nouvelle constitution. Cet article examine ces dynamiques en deux parties : d'abord, l'impact des actions de Trump sur le monde et Haïti ; ensuite, la situation intérieure haïtienne.

Avant de vous plonger dans l’analyse de la situation mondiale et en Haïti, notez ceci : Paris Saint Germain a battu l’Inter de Milan 5-0 et est devenue la 2e équipe française à gagner la Champions League après l’équipe de Marseille.

 

I. LE MONDE SOUS L'OMBRE DE TRUMP : DECRETS, DIPLOMATIE ET REPERCUSSIONS

1.1.            Une diplomatie transactionnelle au Moyen-Orient

 Du 13 au 16 mai 2025, le président Trump a effectué une tournée au Moyen-Orient, visitant l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis. Ce voyage a été marqué par la signature de contrats économiques et militaires d'une valeur de plus de 2 000 milliards de dollars, renforçant les liens entre les États-Unis et ces monarchies du Golfe. Cependant, cette approche axée sur les transactions économiques a suscité des critiques, notamment en raison de l'absence de discussions substantielles sur les droits de l'homme et les conflits régionaux, comme la situation à Gaza. [1]

1.2.          Le conflit Russo-Ukrainien et la position de Trump

Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, débuté en 2014 avec l'annexion de la Crimée par la Russie et intensifié par la guerre dans le Donbass, demeure un point de tension majeur sur la scène internationale. En mai 2025, le président Trump a adopté une position ambivalente sur cette crise. D'une part, il a exprimé son soutien verbal à l'Ukraine, affirmant l'importance de respecter la souveraineté territoriale et critiquant l'agression russe. D'autre part, son administration n'a pas pris de mesures concrètes pour renforcer l'aide militaire et économique à l'Ukraine, préférant se concentrer sur des accords économiques avec la Russie. Cette approche a été perçue comme un signe de faiblesse par les alliés européens et a suscité des inquiétudes quant à l'engagement des États-Unis en faveur de la sécurité en Europe. Il faut noter que Moscou bombarde l’Ukraine sans relâche et, malgré les répliques ukrainiennes sur des cibles militaires en Russie, en particulier à Moscou, agace Trump qui qualifie Putin de « fou » et de « jouer avec le feu » sur son Truth Social.

1.3. Décrets exécutifs : une redéfinition de la politique américaine

En mai 2025, le président Trump a signé plusieurs décrets exécutifs controversés. L'un d'eux a suspendu les entretiens pour les visas étudiants dans les ambassades américaines, affectant des milliers d'étudiants internationaux et suscitant des inquiétudes quant à l'impact sur l'enseignement supérieur aux États-Unis. [2] Un autre décret a mis fin au financement fédéral du National Public Radio (NPR), une organisation de radiodiffusion publique américaine qui produit et diffuse des programmes d'information et culturels, et Public Broadcasting Service (PBS), un réseau de télévision publique américain qui propose une grande variété de programmes éducatifs, culturels et de divertissement. Ce décret a provoqué une action en justice de la part de NPR, qui considère cette mesure comme une atteinte à la liberté de la presse. [3]

 Par ailleurs, l'administration Trump a proposé de reclasser de nombreux employés fédéraux en tant que travailleurs "à volonté", facilitant leur licenciement. Cette mesure, critiquée pour sa politisation potentielle de la fonction publique, pourrait avoir des implications profondes sur la gouvernance et l'efficacité des agences fédérales. [4]

1.4. Répercussions pour Haïti : entre pressions migratoires et soutien conditionnel

Les politiques migratoires renforcées de l'administration Trump ont des implications directes pour Haïti. La suspension des visas étudiants et les mesures strictes en matière d'immigration affectent les Haïtiens cherchant à étudier ou à migrer aux États-Unis. De plus, bien que les États-Unis aient exprimé leur soutien à la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, ce soutien reste conditionnel et limité, laissant le pays dans une situation précaire. [5]

II. HAÏTI FACE A SES DEMONS INTERNES : INSECURITE ET DEBATS CONSTITUTIONNELS

2.1. Insécurité persistante : une lutte sans fin

Haïti continue de faire face à une insécurité généralisée, avec des gangs armés contrôlant de vastes zones, notamment à Port-au-Prince.

Haïti continue d'être en proie à une insécurité persistante marquée par des actes de violence fréquents et des troubles sociaux. Malgré les efforts déployés par les autorités pour renforcer la sécurité, les gangs criminels et les milices armées maintiennent leur emprise sur plusieurs régions du pays. La population haïtienne, confrontée à des conditions de vie extrêmement difficiles, cherche des moyens de subsistance et de sécurité dans un contexte de crise.

Entre janvier et mars 2025, au moins 1 617 personnes ont été tuées dans des violences impliquant des gangs, des groupes d'autodéfense et les forces de sécurité.

Bien que des opérations de sécurité aient été menées, les résultats restent limités, et la population continue de vivre dans la peur.

Les tensions politiques internes sont exacerbées par les pressions extérieures et les réponses inadaptées aux besoins de la population haïtienne, notamment en matière de sécurité, d'éducation et de développement économique. Chaque décision politique, qu'elle soit prise localement ou à l'international, a des répercussions profondes sur la stabilité du pays et le quotidien de ses habitants.

Les débats constitutionnels ajoutent une couche supplémentaire de complexité à la situation en Haïti. Le gouvernement haïtien a proposé une réforme constitutionnelle visant à renforcer l'exécutif et à moderniser les structures de gouvernance. Cependant, ce projet suscite des controverses. Les critiques soulignent le manque de transparence du processus, l'absence de consultation populaire et les risques de dérive autoritaire. De plus, le coût élevé de cette réforme avec cette architecture très lourde issue de la réforme proposée, dans un contexte de crise économique, est jugé inapproprié par de nombreux observateurs.

2.2. Réforme constitutionnelle : espoirs et controverses

Le gouvernement haïtien propose une réforme constitutionnelle pour moderniser la gouvernance. Elle prévoit 1 gouverneur, 2 sénateurs par département, 1 député par arrondissement, 1 maire par commune, ainsi qu'un président, un premier ministre et des ministres au gouvernement central. Cette nouvelle structure entend faire de la commune la plus petite entité administrative du pays. Sera-t-elle efficace pour Haïti?

En dépit de l'insécurité et des débats constitutionnels en cours, Haïti montre des signes de résilience et de résistance. La population haïtienne, malgré les difficultés, continue de faire preuve d'une incroyable détermination à surmonter les défis quotidiens. Les organisations locales et internationales travaillent sans relâche pour apporter un soutien humanitaire, améliorer les conditions de vie et promouvoir des solutions durables.

D'un autre côté, la réforme constitutionnelle suscite espoirs et controverses. Certains voient dans cette réforme une chance de moderniser le système politique, de renforcer l'exécutif et d'instaurer une gouvernance plus efficace. D'autres, cependant, craignent que cette réforme n'ouvre la porte à une centralisation excessive du pouvoir (?) et à des dérives autoritaires. Il est donc crucial que ce processus soit mené de manière transparente et inclusive, avec une véritable consultation populaire.

Le projet de réforme constitutionnelle est emblématique des défis auxquels Haïti est confronté. Alors que certaines voix y voient une opportunité de modernisation et de renforcement de l'exécutif, d'autres dénoncent les risques de centralisation du pouvoir et de dérive autoritaire. Les débats sont vifs, et la nécessité d'une consultation populaire transparente devient de plus en plus pressante. Dans un contexte mondial et haïtien de crise économique aiguë, le coût de cette réforme est également source de préoccupations.[6]

Le dialogue entre les différents acteurs politiques et la société civile est essentiel pour trouver un consensus et éviter une polarisation qui pourrait aggraver la situation. La communauté internationale a également un rôle important à jouer en soutenant des initiatives de développement et en encourageant des réformes justes et équitables.

Dans ce contexte complexe, la population haïtienne continue d'espérer des jours meilleurs. Les efforts pour renforcer la sécurité, améliorer l'éducation et promouvoir le développement économique doivent être poursuivis avec détermination. Haïti, avec son histoire riche et sa culture vibrante, mérite de trouver la paix et la stabilité nécessaires pour construire un avenir prospère.

Cependant, ce projet suscite des controverses. Les critiques soulignent le manque de transparence du processus, l'absence de consultation populaire et les risques de dérive autoritaire. De plus, le coût élevé de cette réforme, dans un contexte de crise économique, est jugé inapproprié par de nombreux observateurs. [7]

 

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Le mois de mai 2025 illustre les défis complexes auxquels le monde et Haïti sont confrontés.

C'est dans ce contexte complexe et incertain que les enjeux contemporains d'Haïti doivent être compris. Les décisions prises à l'international, particulièrement par les États-Unis, ont des répercussions profondes sur la réalité haïtienne.

Les actions du président Trump redéfinissent la politique américaine, avec des implications mondiales, tandis que Haïti lutte pour sa stabilité interne.

Les relations entre Haïti et les États-Unis sont également marquées par une histoire tumultueuse, où les interventions politiques, économiques et militaires ont souvent laissé le pays dans une situation de dépendance et de fragilité. Les récentes mesures de l'administration Trump ne font que renforcer cette dynamique, mettant en lumière les défis migratoires et sécuritaires auxquels Haïti doit constamment faire face.

Malgré ces obstacles, des acteurs locaux et internationaux continuent de travailler pour la stabilité et le développement du pays, cherchant à équilibrer la nécessité de réforme et la réalité des pressions extérieures. Alors que Haïti se bat contre ses démons internes, notamment l'insécurité et les débats constitutionnels, il est essentiel de comprendre l'impact des décisions internationales sur son avenir.

Face à ces défis, une approche concertée, transparente et inclusive est essentielle pour construire un avenir plus stable et prospère.

Cependant, il est impératif que la communauté internationale comprenne et soutienne les efforts de stabilisation et de développement en Haïti. Des initiatives collaboratives, tant au niveau régional qu'international, pourraient offrir une lueur d'espoir dans cette lutte acharnée pour la paix et la prospérité.

Annexe : Références

[1] "Why the Trump Administration Is Pausing New Student Visa Interviews at Embassies Across the World", Time, 28 mai 2025. [URL]

[2] "NPR sues Trump administration over funding cuts it says violate first amendment", The Guardian, 27 mai 2025. [URL]

[3] "Trump's Middle East Trip: Here Are All The Major Deals Signed", Forbes, 15 mai 2025. [URL]

[4] "Top Russian security officer accuses U.S. of destabilizing global order", Reuters, 10 mai 2025

Cet article de Reuters aborde les accusations portées par un haut responsable de la sécurité russe contre les États-Unis. Selon lui, les actions américaines visent à déstabiliser l'ordre mondial, créant des tensions géopolitiques et économiques à une échelle sans précédent. L'article analyse les implications de ces accusations pour la politique internationale tout en présentant les réactions des divers acteurs mondiaux.

[5] "Europe grapples with migrant crisis amid new wave of arrivals", BBC News, 20 avril 2025

BBC News rapporte les défis auxquels l'Europe est confrontée en raison d'une nouvelle vague de migrants. Cet article examine les mesures prises par les pays européens pour gérer cette crise humanitaire, ainsi que les divergences politiques internes qui en découlent. Des témoignages de migrants et des réponses des gouvernements européens sont également inclus pour offrir un portrait complet de la situation actuelle.

[6] "China's economic growth slows down as trade tensions with the U.S. persist", CNN, 5 mars 2025

Cet article de CNN se penche sur le ralentissement de la croissance économique de la Chine, attribué en grande partie aux tensions commerciales persistantes avec les États-Unis. Il explore les stratégies adoptées par la Chine pour surmonter ces défis, les impacts sur le marché global, et les prévisions économiques à long terme. Des avis d'experts économiques et des données chiffrées viennent renforcer l'analyse.

[7] "Ongoing climate change discussions: A global perspective", National Geographic, 22 janvier 2025

National Geographic offre une perspective globale sur les discussions en cours concernant le changement climatique. Cet article met en lumière les efforts internationaux pour combattre les effets du changement climatique, les accords et les désaccords entre les nations, ainsi que les initiatives locales innovantes. Il présente également des études scientifiques récentes et des projections futures concernant l'état de l'environnement.

Ces articles permettent de comprendre les enjeux internationaux actuels et les perspectives de différents acteurs mondiaux sur des questions cruciales telles que la sécurité, l'immigration, l'économie et l'environnement.

mercredi 21 mai 2025

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 54 : HAÏTI ET UKRAINE, DEUX NATIONS EN QUETE DE RESILIENCE

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 54 : HAÏTI ET UKRAINE, DEUX NATIONS EN QUETE DE RESILIENCE

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

21 MAI 2025

 

Haïti et l'Ukraine, bien que géographiquement séparées et très éloignées l’une de l’autre, se trouvent toutes deux dans une situation critique : l'une en proie à une crise de gouvernance prolongée, l'autre confrontée à une guerre d'agression sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces nations ont un défi commun : reconstruire un État fonctionnel basé sur la sécurité, la gouvernance et le développement.


·       Sécurité : chaos intérieur et guerre totale


En Haïti, la sécurité intérieure est gravement compromise, avec plus de 80 % de la capitale contrôlée par des groupes armés [1]. Les citoyens vivent dans la peur constante des kidnappings, des violences et des extorsions. La Mission multinationale de soutien à la sécurité, attendue depuis 2023, rencontre des difficultés de déploiement en raison de la complexité de la situation locale et de la résistance rencontrée [2]. L’Ukraine, quant à elle, subit une guerre totale initiée par la Russie en février 2022. Malgré les bombardements quotidiens et les pertes humaines, la mobilisation civile et militaire demeure solide, soutenue par l'aide militaire occidentale [4]. Les familles ukrainiennes sont prises entre l'évacuation et la survie, tandis que les soldats font preuve de bravoure malgré les conditions extrêmes.


·       Reconstruction : urgence humanitaire et projet de refondation


En Ukraine, bien que les infrastructures vitales soient ciblées, l'État continue de fonctionner. Le gouvernement envisage une reconstruction à long terme estimée à plus de 524 milliards de dollars [5], incluant la réparation des routes, des écoles, des hôpitaux, et des réseaux énergétiques endommagés. La mise en place de plateformes anticorruption [6] vise à assurer que les fonds de reconstruction soient utilisés efficacement. Haïti, malgré ses défis, a instauré un Conseil présidentiel de transition (CPT) en 2024, chargé de restaurer les services de base tels que l'approvisionnement en eau potable, l'électricité, et les soins médicaux, et d'organiser des élections crédibles [7]. La population haïtienne espère que ces efforts permettront de revigorer l'économie et de stabiliser le pays après des années de turbulences. Toutefois, cet espoir fait chaque jour face à des doutes liés à l’incapacité du CPT à mater les bandits, pour ne pas dire les terroristes, et à gouverner ce qui reste du pays sous son contrôle.
 
·       Gouvernance : entre fragilité et volonté de réforme


Haïti est en situation de "collapsus institutionnel" [8]. Le système judiciaire est paralysé, incapable de traiter les affaires courantes, les tribunaux étant souvent fermés ou sous contrôle de factions armées. Le parlement dysfonctionnel et ne parvenant pas à légiférer pendant longtemps n’existe plus, et la présidence vacante depuis 2021 laisse le pays sans direction claire [9], même si depuis l’assassinat du président Moïse et l’épisode assez long d’Ariel Henry, l’on s’accommode d’un CPT à 9 Têtes à la présidence. En revanche, l'Ukraine maintient une certaine cohésion démocratique sous la loi martiale. La société civile reste attentive aux questions de corruption [10], et des réformes structurelles sont entreprises malgré la guerre, notamment pour renforcer la transparence et l'efficacité de l'administration publique.


Conclusion


Face à la guerre et au désordre, l'Ukraine et Haïti représentent deux formes extrêmes de crise mais aussi de résilience. Une solidarité internationale adaptée est cruciale pour permettre à ces deux nations de retrouver un cadre de paix, dignité et gouvernance responsable. Le soutien logistique, financier et humanitaire doit être renforcé pour aider ces pays à surmonter leurs défis respectifs et à bâtir un avenir plus stable pour leurs citoyens.

 

Références

 1. ONU, Rapport sur la situation sécuritaire en Haïti, mars 2024 

2. Le Monde, « La force multinationale tarde à se mettre en place », avril 2024 

3. Kyiv Independent, « Ukraine: état des forces armées », février 2025 

4. Politico Europe, « Western arms support to Ukraine », mars 2025 

5. Banque mondiale, Reconstruction of Ukraine: Investment Plan, 2024 

6. Transparency International Ukraine, rapport 2023 

7. Radio Métropole, « Conseil de transition investi », avril 2024 

8. International Crisis Group, Haïti : l’impasse sécuritaire, 2023 

9. Le Nouvelliste, « Haïti sans président ni parlement », juillet 2023 

10. OCCRP, « Fighting corruption amid war », décembre 2024

mercredi 30 avril 2025

HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS 53 : LA POLITIQUE TARIFAIRE DE TRUMP, LA GUERRE SINO-AMERICAINE ET HAÏTI : LA CRISE S’AGGRAVE

 

HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS 53 : LA POLITIQUE TARIFAIRE DE TRUMP, LA GUERRE SINO-AMERICAINE ET HAÏTI : LA CRISE S’AGGRAVE

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

30 AVRIL 2025

Alors qu’avril s’achève dans un climat mondial tendu, Haïti semble plus que jamais prise dans un engrenage tragique où les conflits géopolitiques se mêlent aux dérives internes. Tandis que la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis atteint une intensité sans précédent, les conflits armés persistent en Ukraine et à Gaza, et la scène haïtienne continue de s’enliser dans une spirale de violence et de désintégration politique.

Cette chronique propose un double regard : d’abord, sur les lignes de fracture internationales qui redessinent les équilibres mondiaux ; ensuite, sur les répercussions concrètes pour Haïti, de plus en plus reléguée dans les angles morts de la solidarité internationale.


Une guerre économique aux conséquences globales

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé une politique tarifaire agressive contre la Chine. JEAN-ROBERT JEAN-NOEL TV y a consacré un ensemble de vidéos explicatives sur YOUTUB. En avril 2025, les droits de douane sur les importations chinoises ont atteint un niveau record de 145 %, dans ce que Washington qualifie de « guerre commerciale réciproque ». Pékin a immédiatement riposté, mais l’impact se fait sentir bien au-delà des deux capitales.

L’économie chinoise est entrée en contraction, avec un indice PMI manufacturier tombé à 49, son plus bas niveau depuis 2023. En Chine, près de neuf millions d’emplois manufacturiers sont désormais menacés. Aux États-Unis, les ménages subissent une hausse moyenne de 1 243 dollars de dépenses liées aux taxes douanières. Les analystes du FMI anticipent une baisse de 1 % du PIB américain, et de 3,5 % pour la Chine d’ici la fin de l’année¹.

Cette confrontation économique a des effets collatéraux sur l’ensemble des marchés mondiaux, y compris sur les pays les plus vulnérables, qui subissent les contrecoups d’une instabilité commerciale persistante et d’un affaiblissement du multilatéralisme.


Gaza, Ukraine : crises humanitaires à répétition

Alors que les projecteurs médiatiques se concentrent sur les rivalités de grandes puissances, les conflits armés ne faiblissent pas. À Gaza, la situation a basculé dans l’horreur. Depuis deux mois, un blocus total a transformé l’enclave en cauchemar humanitaire : plus de 5,4 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë, dont 6 000 dans une phase « catastrophique » selon le Programme Alimentaire Mondial. Les prix ont explosé : un sac de farine se vend aujourd’hui 100 dollars. Et malgré les appels de l’ONU, près de 3 000 camions de l’UNRWA restent bloqués aux frontières².

En Ukraine, la guerre se poursuit dans une forme d’absurde banalisation. Fin avril, Moscou a décrété un cessez-le-feu unilatéral de 48 heures, suscitant plus de scepticisme que d’espoir³. À cette violence s’ajoute une perte symbolique majeure : la mort du pape François, figure morale d’envergure mondiale. Elle laisse un vide spirituel dans un monde qui semble de plus en plus privé de repères éthiques.


Le Canada à la croisée des chemins

Dans ce paysage mondial incertain, les élections fédérales canadiennes d’avril 2025 ont constitué un autre tournant. Le Parti libéral de Mark Carney a remporté 168 sièges, manquant de peu la majorité absolue estimée à 173. La défaite de Pierre Poilievre dans sa propre circonscription a surpris, mais témoigne d’un électorat polarisé, influencé par les tensions commerciales avec Washington et les débats sur l’immigration⁴. Le Canada, partenaire clef d’Haïti, se retrouve dans une posture politique nouvelle, mais encore incertaine quant à ses priorités diplomatiques régionales.


Haïti : l’abandon international sur fond de chaos intérieur

Pendant que les puissances redéfinissent leurs équilibres, Haïti s’enfonce dans le silence assourdissant de la désintégration. Le Conseil Présidentiel de Transition, mis en place en 2024(tout juste un an), peine à gouverner. Les décisions manquent de transparence et d’efficacité. Le pays, sans gouvernement effectif, est à la merci d’une violence de plus en plus organisée.

La Mission de Sécurité Multinationale (MSS), placée sous l’égide des Nations unies, s’enlise. Seuls 416 soldats kényans ont été déployés sur les 2 500 promis, et moins de 20 % du budget de 600 millions de dollars est actuellement financé⁵. Pire encore, la mission semble cantonnée à des zones symboliques – palais national, aéroport – sans impact réel sur les quartiers contrôlés par les gangs.


La République des gangs

Dans l’espace laissé vacant par l’État, les gangs se sont imposés comme puissance de facto. À Port-au-Prince, ils taxent désormais l’eau potable – 80 % de la ville dépend des camions-citernes – et interceptent jusqu’à 30 % de l’aide humanitaire. Dans le Centre et l’Artibonite, leur emprise sur des villes comme Mirebalais a provoqué l’effondrement de la production agricole, avec une baisse de 70 % des récoltes de riz, et une flambée des prix de 340 % en un an⁶.

Leur financement est transnational : en 2024, plus de 1,2 million de dollars ont été perçus en rançons, et près de 90 % des armes saisies proviennent des États-Unis, via la Floride. On estime leur budget annuel à plus de 500 millions de dollars. Les réseaux sociaux sont leur principal outil de propagande et de recrutement. Des vidéos diffusées sur TikTok ou WhatsApp servent à enrôler les jeunes : 15 % des 50 000 membres actifs des gangs sont des enfants⁷.


Haïti, orpheline du monde ?

La communauté internationale semble avoir tourné la tête. Absorbés par les crises sino-américaines, les États-Unis ont réduit leur aide bilatérale à Haïti de 62 % depuis 2023. L’Union européenne, quant à elle, consacre 73 % de son budget humanitaire à l’Ukraine⁸. La diplomatie caribéenne est atone, et le Brésil, autrefois actif dans la région, reste silencieux.

Pendant ce temps, les Haïtiens se mobilisent, protestent, résistent. Le 31 mars, deux religieuses ont été assassinées à Mirebalais – un choc national. Les églises, les écoles, les hôpitaux sont ciblés. Et pourtant, dans les rues, des milliers de manifestants réclament encore un retour à l’ordre, une rupture avec l’impunité, un espoir.


Une urgence humanitaire et morale

Haïti n’est pas seulement un pays en crise : elle est un révélateur. De l’indifférence des grandes puissances. Du recul du droit international. De la faillite morale d’un ordre mondial incapable de répondre à la souffrance des plus vulnérables.

Alors que le monde est à la croisée des chemins, Haïti incarne ce que nous risquons de perdre si nous renonçons à la solidarité, à la justice, à la responsabilité collective. Ce ne sont pas seulement des institutions à reconstruire : c’est un tissu social, une dignité nationale, une humanité partagée.


Notes

  1. FMI – Rapport économique régional sur les Amériques, avril 2025.
  2. Programme Alimentaire Mondial (PAM), communiqué du 26 avril 2025.
  3. Al Jazeera, "Russia declares unilateral ceasefire in Ukraine", 28 avril 2025.
  4. CBC News, résultats électoraux fédéraux, 28 avril 2025.
  5. ONU – Briefing sur la Mission MSS, avril 2025.
  6. Observatoire Agricole Haïtien, rapport du 15 mars 2025.
  7. Human Rights Watch, "Haïti : jeunesse en otage", rapport 2025.
  8. Commission Européenne – DG ECHO, budget humanitaire 2025.

 

samedi 29 mars 2025

HAÏTI ET LE MONDE À LA CROISÉE DES CHEMINS No 52 : USA DOS À DOS AVEC SES ALLIÉS, HAÏTI S'ENFONCE DANS SES TOURMENTES

 

HAÏTI ET LE MONDE À LA CROISÉE DES CHEMINS No 52 : USA DOS À DOS AVEC SES ALLIÉS, HAÏTI S'ENFONCE DANS SES TOURMENTES

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

29 MARS 2025

Le monde est actuellement témoin d'une réorganisation géopolitique majeure, où les alliances traditionnelles des États-Unis sont mises à rude épreuve. Alors que le conflit en Ukraine persiste, des signes de rapprochement entre Washington et Moscou font surface, remettant en question l'engagement américain envers ses partenaires européens [1]. Parallèlement, les mesures controversées de Donald Trump – notamment la pression sur les alliés pour une augmentation de leur contribution à l'OTAN – suscitent des tensions au sein du bloc occidental [2].

Le sommet de Paris du 27 avril 2025, rassemblant 31 nations pour discuter du soutien à l'Ukraine, a illustré ces dissensions. Certains pays européens commencent à exprimer un ras-le-bol face à la politique américaine, alors que la crise économique et militaire s'intensifie [3]. Ajoutons à cela le scandale du "Signal Gate", une fuite d'informations stratégiques qui expose la vulnérabilité des États-Unis et remet en cause leur leadership mondial [4].

En Haïti, la situation ne cesse d'empirer. En ce 29 mars 2025, jour du 38e anniversaire de la Constitution de 1987, le pays continue de souffrir des trois "I" : Instabilité politique, Insécurité, et Impunité [5]. Les promesses de stabilisation et de développement peinent à se concrétiser alors que les gangs armés renforcent leur contrôle sur des zones stratégiques du territoire [6].

A.          SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

        Les États-Unis et leurs Alliés : Une Fracture Grandissante

La guerre en Ukraine et le repositionnement américain

 Après plus de trois ans de conflit, les États-Unis, avec la prise de fonction de Trump, promesse de campagne oblige, adoptent une approche plus pragmatique, cherchant à éviter une escalade prolongée. En 2024, l'aide militaire à l'Ukraine a été réduite de 20 %, et Trump, après le clash avec Zelensky le 28 février au bureau ovale, a « aveuglé l’Ukraine » en coupant les renseignements satellitaires qui ont permis des avancées russes sur Koursk, tandis que la Russie et les États-Unis ont entamé des discussions discrètes sur un possible accord [7]. Ce revirement stratégique s'explique par la sympathie de Trump vis-à-vis de Poutine, par une fatigue croissante de l'opinion publique américaine face aux dépenses militaires excessives et par la nécessité pour Washington de concentrer ses efforts sur la concurrence avec la Chine. De plus, l’augmentation du budget militaire chinois de 7,2 % en 2025 pousse les États-Unis à redéfinir leurs priorités géopolitiques en Asie [8]. Il faut noter aussi que la philosophie de Trump « Amérique d’abord et Partout » l’a poussé à adopter un ensemble de mesures contre les alliés de l’Amérique, dont le Mexique, le Canada, l’Union Européenne et son revirement en faveur de la Russie, l’ennemie de l’Occident, a convaincu le reste de l’occident, en particulier la France, à réagir en organisant le Sommet de Paris.

Le sommet de Paris du 27 avril 2025 et ses implications

Cette réunion internationale a mis en évidence les divergences croissantes entre les États-Unis et certains de leurs alliés européens. Tandis que Washington s’aligne de plus en plus sur le narratif de la Russie par rapport à l’Ukraine, plusieurs pays européens, dont la France, le Royaume Uni et l’Allemagne, renforcent leurs liens face à la politique Amérique de Trump. Le sommet a également révélé des fractures internes au sein de l'UE, certains États appelant à une politique plus autonome vis-à-vis des États-Unis [9]. La France et ses alliés du Sommet se sont mis d’accord sur « Une force de réassurance » pour garantir la sécurité de l’Ukraine en cas d’un cessez-le-feu et d’un accord de paix russo-ukrainien. Surtout avec les conséquences du scandale du « Signal Gate » qui secoue l’Amérique.

Le scandale du "Signal Gate" et ses conséquences :

La révélation d'une fuite massive de données classifiées, impliquant des informations sensibles sur la stratégie militaire américaine et ses relations diplomatiques, a porté un coup dur à l’image des États-Unis. Le chef de l’occident, l’Amérique, perd un peu de sa superbe à cause de la complaisance et de l’incompétence de ses plus hauts dirigeants. Cette crise a renforcé la méfiance des alliés européens et exposé les fragilités du renseignement américain [10].

Et comment va Haïti par rapport à la mouvance géopolitique mondiale ?

B.           SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 Haïti au 29 Mars 2025 : Une Crise qui Perdure

Instabilité politique et Impunité

Le Conseil Présidentiel de Transition, mis en place pour stabiliser le pays et actuellement dirigé par Fritz Alphonse JEAN, est confronté à des luttes internes et à des difficultés de gouvernance. Aucune avancée significative n’a été réalisée pour organiser des élections crédibles [11], si ce n’est la préparation par le CEP du processus référendaire et électoral mis en avant par le président de cette entité, M. Patrick Saint Hilaire. Les partis politiques restent fragmentés, et les négociations pour la mise en place d'un gouvernement de consensus n'ont abouti à aucun accord concret, alimentant la défiance populaire. L'impunité des élites politiques et économiques continue d’alimenter la colère des citoyens, tandis que la justice demeure inefficace pour sanctionner les actes de corruption et de violence [12]. Qu’en est-il du processus référendaire et électoral ?

Le processus référendaire et électoral  

Face à la pression nationale et internationale, le gouvernement de transition a annoncé un calendrier préliminaire pour un référendum constitutionnel suivi d’élections générales. Toutefois, les obstacles logistiques, financiers et sécuritaires compromettent la tenue effective de ces scrutins. L’ONU et d'autres partenaires internationaux tentent de structurer une mission d'observation électorale, mais les défis restent nombreux, notamment l'accès aux zones contrôlées par les gangs et la garantie d’un scrutin transparent [13]. Les propos de M. Saint Hilaire à Télé Métropole semblent plutôt rassurants et sont conditionnés, entre autres, par la question sécuritaire.

Insécurité et avancée des gangs

Les gangs armés contrôlent plus de 60 % du territoire haïtien, rendant toute intervention de l'État difficile. Le nombre d’enlèvements a augmenté de 35 % par rapport à 2024, avec plus de 1 200 cas signalés au premier trimestre 2025 [14]. Des zones autrefois considérées comme sûres, telles que Thomassin, Kenscoff et la zone de Paco, sont désormais sous la menace constante des gangs. La tentative d'attaque de Grand Griffe sur Petite-Rivière de l'Artibonite illustre l'expansion de ces groupes armés bien au-delà de la zone métropolitaine de Port-au-Prince [15].

C.           CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

              1.           Conclusions

L’analyse menée dans cette 52e rubrique, démarrée avec la crise du Covid, sur le thème « Haïti et le Monde à la croisée des chemins » sous forme d’interrogation, s’oriente de plus en plus vers un nouvel ordre mondial depuis la prise de pouvoir par Trump aux USA. Cette Amérique d’Abord et partout humilie ses alliés de l’occident et les menace de sanctions beaucoup plus fortes que celles des ennemis de l’occident comme la Russie et la Chine. Le cas de l’Ukraine illustre très bien le revirement de l’Amérique qui a voté contre l’Ukraine à l’Assemblée de l’ONU et entrainant Haïti dans son sillage. L’Europe commence à prendre des mesures pour se renforcer tant sur le plan économique que militaire pour réduire sa dépendance vis-à-vis des USA.

Quant à Haïti, en plus de sa crise multiforme et multidimensionnelle interne, elle devra faire face à certaines mesures prises par Donald Trump, dont la masse déportation, la fermeture de l’USAID, les mesures contre le TPS, contre le programme Biden. De plus, les répercussions des politiques de Trump sur le monde affecteront grandement Haïti.

2.           Perspectives

2.1        Perspectives Mondiales pour Avril et au-delà

Évolution des alliances internationales avec des repositionnements stratégiques des grandes puissances

L’Europe pourrait se détourner progressivement des États-Unis pour renforcer ses propres capacités de défense [16]. Ce scénario renforcerait l’autonomie stratégique du continent, mais soulèverait des défis logistiques et budgétaires considérables. D’ailleurs, un rapport du FMI en 2025 indique que les budgets de défense des pays européens devront augmenter de 15 % pour assurer une indépendance militaire crédible [17].

2.2        Perspectives pour Haïti

L’urgence d’un consensus politique pour garantir la mise en place d’un gouvernement stable

 Sans un accord national, le pays risque une implosion politique et sociale [18]. Des initiatives locales et internationales tentent de favoriser le dialogue, mais les rivalités entre factions politiques entravent tout progrès. De plus, la communauté internationale conditionne l’aide financière à la mise en place d’institutions électorales crédibles [19]. Avec la persistance des effets des 3 « I » Instabilité politique, Insécurité et Insécurité, l’avenir d’Haïti s’annonce encore plus sombre. Attendons voir.

Références

1)      Statistiques de l'aide militaire américaine à l'Ukraine en 2024-2025.

2)      Impact du "Signal Gate" sur la sécurité nationale des États-Unis.

3)      Évolution du budget militaire des pays de l’OTAN entre 2020 et 2025.

4)       Analyse de l’insécurité en Haïti et son impact sur l’économie locale.

5)      Rapport des Nations Unies sur la situation humanitaire en Haïti (Mars 2025).

6)      Étude du FMI sur l’impact économique de la guerre en Ukraine.

7)       Perspectives géopolitiques et économiques de l’UE face aux tensions internationales.

8)       État des négociations sur le processus référendaire et électoral en Haïti.

9)       Carte des zones contrôlées par les gangs en Haïti (2025).

10)  Interview de Patrick Saint-Hilaire sur le processus électoral.

11)  Recommandations pour la stabilisation politique en Haïti.

12)  Réduction de 20 % de l’aide militaire américaine à l’Ukraine en 2024.

13)  Discussions discrètes entre les États-Unis et la Russie sur un possible accord.

14)  Augmentation du budget militaire chinois de 7,2 % en 2025.

15)  Nombre d’enlèvements en Haïti au premier trimestre 2025 (augmentation de 35 % par rapport à 2024).

16)  Taux de contrôle des gangs sur les zones métropolitaines en Haïti.

17)  Fractures internes au sein de l'UE suite au sommet de Paris du 27 avril 2025.

18)  Impact des mesures de Donald Trump sur les alliés de l'OTAN.

19)  Impact de la crise sécuritaire en Haïti sur les déplacements internes (plus de 200 000 personnes déplacées en 2025).

vendredi 28 février 2025

HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 51, ENTRE ALLIANCES STRATEGIQUES ET CRISES INTERNES

 

HAÏTI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 51, ENTRE ALLIANCES STRATEGIQUES ET CRISES INTERNES

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

28 FEVRIER 2025

Février 2025 a été un mois charnière tant sur le plan international que national. D'un côté, la scène mondiale a été marquée par d'importants développements diplomatiques autour du conflit en Ukraine, notamment le dialogue initié entre les États-Unis et la Russie, la visite d'Emmanuel Macron à Washington et la résolution onusienne controversée du 24 février 2025. De l'autre, Haïti, qui a perdu Franck Etienne, l’un de ses plus grands intellectuels, continue de faire face à une situation sécuritaire alarmante, des tensions sociales croissantes et des choix diplomatiques qui interrogent.

Cette 51e rubrique analyse ces événements majeurs en profondeur, leurs implications à court et moyen terme et les perspectives pour le mois de mars 2025 et plus tard.

1. La Géopolitique Internationale et le Conflit Ukrainien

1.1 Négociations de Cessez-le-Feu en Ukraine

Le 12 février 2025, Donald Trump, fraîchement installé à la Maison-Blanche et qui a arrêté une série de mesures bouleversant la géopolitique mondiale, a appelé Vladimir Poutine pour discuter d'un cessez-le-feu en Ukraine [1]. Selon des sources diplomatiques, Trump aurait accepté plusieurs des conditions posées par la Russie, notamment le retrait progressif des sanctions économiques et la reconnaissance de la Crimée et les 18% de territoire conquis lors du conflit déclenché le 24 février 2022 comme territoire russe. Cette annonce a provoqué une onde de choc parmi les alliés européens, qui craignent une redéfinition des équilibres géopolitiques.

En parallèle, le gouvernement ukrainien, sous la présidence de Volodymyr Zelensky, s'est dit préoccupé par ces discussions menées sans consultation préalable avec ses autorités. Le président ukrainien, qui pourtant est disposé à signer un accord-cadre avec D. Trump pour exploiter certaines ressources naturelles de l’Ukraine (un clash en lieu et place d'une signature à la maison blanche), a réaffirmé que toute négociation de paix devait inclure un retrait total des forces russes du territoire ukrainien et la garantie de sécurité apportée par l’OTAN.

1.2 Visite d'Emmanuel Macron aux États-Unis

Dans ce contexte tendu, Emmanuel Macron s'est rendu aux États-Unis le 24 février 2025, le jour du 3e anniversaire du conflit déclenché par la Russie contre l’Ukraine, afin de discuter avec Donald Trump du soutien à l’Ukraine et du rôle de l’Europe dans cette crise [2]. Cependant, son accueil a été jugé tiède par de nombreux analystes, certains estimant même qu'il n'a pas réussi à influencer Trump sur la question ukrainienne.

Lors de son allocution, Macron a réitéré l'importance du respect des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale. Il a également critiqué les régimes qui ne respectent pas les processus démocratiques, pointant du doigt aussi bien la Russie que certains États alliés des États-Unis. Cette déclaration a été perçue comme une réponse implicite à la position américaine vis-à-vis du gouvernement ukrainien, que Trump a qualifié de "régime autoritaire" en raison du report des élections présidentielles initialement prévues pour 2024.

1.3 L'Assemblée Générale de l'ONU et le Vote Controversé

Le 24 février, l'Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une nouvelle résolution condamnant l'agression russe en Ukraine. Alors que la plupart des nations occidentales ont voté en faveur de cette résolution, les États-Unis ont surpris en s’y opposant, une position partagée par Haïti [3].

Ce vote a déclenché des réactions diverses à l’international. Si la Russie s’est félicitée de ce soutien inattendu, plusieurs partenaires traditionnels d’Haïti, notamment l'Union européenne et le Canada, ont exprimé leur incompréhension. Certains experts estiment que ce choix diplomatique pourrait compromettre les relations de coopération avec ces partenaires stratégiques.

2. Haïti Face à ses Défis Internes

2.1 Un Choix Diplomatique Déroutant

En votant en faveur de la Russie comme elle l’a fait déjà contre le Venezuela sous l’administration de Jovenel Moïse, Haïti a pris une position qui contraste fortement avec la ligne traditionnelle de sa   politique étrangère et avec celle de ses alliés traditionnels. Ce choix interroge sur l’orientation de la politique étrangère haïtienne et les motivations sous-jacentes. Certains analystes y voient une volonté de diversifier les partenaires internationaux, tandis que d’autres considèrent qu’il s’agit d’un calcul opportuniste visant à obtenir un soutien russe en matière de sécurité et d’approvisionnement énergétique ou tout simplement sur instruction des USA, espérant l’appui de cette grande puissance dans la résolution des problèmes internes du pays haïtien, dont cette insécurité qui complexifie davantage la crise multidimensionnelle que traverse Haïti.

2.2 Escalade de la Violence : Kenscoff et la Zone Métropolitaine

 Le 16 février 2025, la commune de Kenscoff a été le théâtre d'une attaque violente perpétrée par des gangs armés. Cette offensive a entraîné la mort d'un militaire des Forces Armées d'Haïti (FAD'H) et de deux agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP). Les assaillants visaient un site stratégique de Télécommunications, mais ont été repoussés par les forces de l'ordre. Cette attaque souligne la montée en puissance des groupes criminels et la fragilité persistante du système sécuritaire haïtien. Cette attaque de gangs armés a plongé la ville de Kenscoff dans le chaos. Les assaillants ont pris d’assaut plusieurs quartiers, incendié des maisons et pillé des commerces, provoquant des dizaines de morts et de blessés [5].

Les services de sécurité, débordés, peinent à contrôler la montée de la violence. La Mission Multinationale de Sécurité, dirigée par le Kenya, tarde à montrer des résultats tangibles, et la population s’impatiente face à la recrudescence des actes criminels.

Manifestations et Tensions dans la Zone Métropolitaine

Parallèlement, la zone métropolitaine de Port-au-Prince a été secouée par des manifestations violentes. Des citoyens en colère ont pris d'assaut le ministère des Travaux Publics, Transports et Communications, exprimant leur mécontentement face à la détérioration des infrastructures et à l'inaction gouvernementale. Ces protestations ont été accompagnées de tirs nourris, exacerbant un climat d'insécurité déjà préoccupant.

À Port-au-Prince, la situation reste explosive. Des manifestations contre l’insécurité et la dégradation des conditions de vie ont conduit à des affrontements violents entre protestataires et forces de l’ordre. Le ciblage du ministère des Travaux Publics par des manifestants en colère c’est pour dénoncer l’incapacité du gouvernement à améliorer les infrastructures routières et à garantir l’accès à l’électricité et à l’eau potable [6]. Ce n’est donc pas un hasard.

2.3 Perte d'une Figure Culturelle : Franckétienne, Icône de la Culture Haïtienne

Le 20 février 2025, Haïti a perdu l’un de ses plus grands intellectuels, Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent, connu sous le nom de Franckétienne [7].  Âgé de 88 ans, cet écrivain, poète, dramaturge et peintre prolifique, a marqué de son empreinte la littérature haïtienne, notamment en cofondant le mouvement « spiraliste ». Son œuvre, qui mêle poésie, théâtre et roman, a marqué plusieurs générations de lecteurs et d’artistes haïtiens. Son engagement pour la culture et la langue créole a influencé de nombreux écrivains contemporains. Son œuvre, riche et diversifiée, a été une source d'inspiration pour de nombreuses générations. Sa disparition laisse un vide immense dans le paysage culturel du pays. Plusieurs hommages lui ont été rendus à Port-au-Prince et dans la diaspora haïtienne à travers le monde.

Partie 3 : Conclusions et Perspectives pour Mars 2025 et au-delà

Les événements de février 2025 mettent en évidence des défis complexes tant sur le plan international que national. La reconfiguration des alliances géopolitiques, illustrée par le rapprochement entre les États-Unis et la Russie, pourrait redéfinir les équilibres mondiaux et influencer les politiques étrangères de nombreux pays, y compris Haïti.

Sur le plan interne, l'escalade de la violence et les manifestations témoignent d'un mécontentement croissant de la population face à l'insécurité et à la gouvernance. La disparition de figures culturelles emblématiques comme Frankétienne rappelle l'importance de préserver et de valoriser le patrimoine culturel haïtien.

Perspectives

Pour le mois de mars 2025 et le futur, il est crucial que la communauté internationale surveille de près les développements en Ukraine et les implications des nouvelles alliances. Haïti, de son côté, devra intensifier ses efforts pour renforcer la sécurité, répondre aux aspirations de sa population et honorer la mémoire de ses figures culturelles en promouvant l'éducation et les arts. Une approche concertée et proactive sera essentielle pour naviguer à travers ces défis et construire un avenir plus stable et prospère.

Les événements de février 2025 annoncent un mois de mars chargé d’incertitudes, aussi bien sur le plan international qu’en Haïti.

  • La position américaine sur l’Ukraine basée sur l’approche transactionnelle de Trump pourrait bouleverser les alliances traditionnelles et modifier les dynamiques géopolitiques.
  • Haïti devra clarifier sa position diplomatique sous peine d’affaiblir ses relations avec les puissances occidentales et la communauté internationale dans son ensemble.
  • La situation sécuritaire risque de se détériorer davantage si des mesures fortes ne sont pas prises rapidement avec un appui beaucoup plus musclé de la communauté internationale.

Les mois à venir s’annoncent décisifs pour de nombreuses nations, et les choix politiques opérés dans les prochaines semaines pourraient redéfinir l’équilibre international et aggraver la stabilité interne d’Haïti.

Références

[1] Le Grand Continent, "Trump appelle Poutine : La négociation sur la fin de la guerre en Ukraine a commencé", 12 février 2025.

[2] Le Monde, "Macron à la Maison Blanche : une rencontre tendue avec Trump", 24 février 2025.

[3] Vox, "Ukraine : vote de l'ONU et l'alignement des États-Unis sur la Russie", 24 février 2025.

[4] El Pais, "Haïti et sa diplomatie imprévisible", 25 février 2025.

[5] Radio Métropole, "Violences à Kenscoff : Haïti sous pression", 16 février 2025.

 [6] Haïti Press Network, "Port-au-Prince : la colère gronde contre l'insécurité", 20 février 2025.

 [7] Le Nouvelliste, "Franckétienne : hommage à un géant de la littérature haïtienne", 21 février 2025.

 

dimanche 26 janvier 2025

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 50 : DE LA GUERRE EN UKRAINE A TRUMP EN PASSANT PAR HAITI, QUE PEUT-ON ESPERER DE 2025 ? CHAOS ACTUEL OU UN MONDE MEILLEUR ?

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 50 : DE LA GUERRE EN UKRAINE A TRUMP EN PASSANT PAR HAITI, QUE PEUT-ON ESPERER DE 2025 ? CHAOS ACTUEL OU UN MONDE MEILLEUR ?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

26 JANVIER 2025

Introduction

En 2025, le monde est à la croisée des chemins avec des événements marquants comme la guerre en Ukraine, la situation au Moyen-Orient, le retour de Trump à la Maison-Blanche, et la situation en Haïti. Ces événements ont des répercussions profondes sur la politique mondiale, l'économie et la société. La guerre en Ukraine, commencée en février 2022, continue de perturber les marchés mondiaux et de provoquer des crises humanitaires. Le retour de Trump à la Maison-Blanche en 2024 a ravivé les débats sur les politiques intérieures et étrangères des États-Unis. Pendant ce temps, Haïti lutte contre des défis internes majeurs, exacerbés par des crises politiques et économiques. Cet article explore ces dynamiques et ce que l'on peut espérer de l'année 2025.

Partie 1: La guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine, commencée en 2022, continue d'avoir des répercussions mondiales. Les combats ont causé des pertes humaines importantes et des déplacements massifs de populations. Selon les Nations Unies, plus de 10 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur et à l'extérieur de l'Ukraine depuis le début du conflit.

Les sanctions économiques contre la Russie ont perturbé les marchés mondiaux, entraînant une hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. Par exemple, le prix du pétrole a augmenté de 30 % en 2023, ce qui a eu des répercussions sur les économies mondiales. Les efforts de paix, bien que présents, peinent à aboutir à une résolution durable. Les pays européens, en particulier, ressentent les effets de la crise énergétique, tandis que les alliances politiques se renforcent pour contrer l'influence russe.

La situation dans le Donbass (en particulier à Pokrovsk) et l'oblast de Koursk reste tendue, avec des combats intenses et des attaques fréquentes. L'utilisation de drones et de missiles pour frapper les infrastructures stratégiques a exacerbé la crise humanitaire et économique. Les infrastructures énergétiques et de transport sont particulièrement ciblées, ce qui complique davantage la vie des civils en Ukraine.

Toutefois, si l’Ukraine ne frappe les civiles en Russie, elle malmène les infrastructures militaires et stratégiques dans ce pays à partir des frappes ciblées sur des usines, des aéroports, des centres névralgiques de commandement à l’intérieur de la grande Russie. Ce qui affecte indirectement les civils russes et s’apparente à ce qui s’est passé hier encore avec les civils palestiniens, libanais et syriens au niveau du Moyen-Orient.

Partie 2 : La situation au Moyen-Orient et le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas

Après la chute d’Assad en Syrie, l’influence de l’Iran et de la Russie s’est considérablement rétrécie au Moyen-Orient. Les USA et Israël ont le vent en poupe. Ce qui a facilité l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas sous l’obédience des USA dont Donald Trump s’est attribué tout le succès dans son discours inaugural. Cet accord réduit drastiquement la tension au niveau de la région pour le moment. Les causes fondamentales du conflit israélo-arabe demeurent entières. Le conflit israélo-palestinien pourra rebondir à n’importe quel moment. Pour éviter ce rebondissement de manière durable, il faudrait trouver une solution satisfaisante et pour la Palestine et pour Israël, la création de l’Etat Palestinien. Le gouvernement actuel d’Israël y est hostile et Trump n’y est pas favorable. Alors ? On verra bien.

Partie 3: Le retour de Trump

Trump a mis en œuvre des politiques économiques visant à stimuler la croissance, mais ses décisions controversées sur l'immigration et les droits civiques ont suscité des débats intenses. Ses réformes fiscales et ses mesures de déréglementation ont été saluées par certains secteurs économiques, mais critiquées pour leur impact sur les inégalités sociales. Par exemple, la réduction des impôts pour les entreprises a stimulé les investissements, mais a également creusé le déficit budgétaire.

Ses relations avec l'Europe et la Russie sont marquées par des tensions et des alliances fluctuantes. Trump cherche à renforcer la position des États-Unis sur la scène internationale, mais ses méthodes divisent l'opinion publique. Ses décisions concernant l'OTAN et les accords commerciaux ont des répercussions importantes sur les relations internationales. Par exemple, sa décision de réduire la contribution des États-Unis à l'OTAN a suscité des inquiétudes parmi les alliés européens.

La politique de masse déportation de Trump a également suscité des controverses. Des milliers de personnes ont été expulsées des États-Unis, ce qui a provoqué des critiques de la part des défenseurs des droits de l'homme. Sa politique tarifaire a entraîné des tensions commerciales avec plusieurs pays, notamment la Chine et suscite des inquiétudes dans le camp de ses alliés occidentaux. De plus, Trump a renommé le Golfe du Mexique en Golfe de l'Amérique, une décision symbolique qui a suscité des réactions mitigées et menace de reprendre le Canal de Panama sous le fallacieux prétexte d’être sous l’obédience chinoise. Tout ceci a été des thèmes de son discours inaugural. Il n’a pipé mot sur le conflit Russo-Ukrainien et sur la situation en Haïti.

Partie 4: Haïti à la croisée des chemins

Haïti fait face à des défis majeurs tels que la violence des gangs, la pauvreté et la corruption. Les infrastructures sont en ruine et les services publics sont insuffisants. La crise politique et économique s'aggrave, exacerbée par des catastrophes naturelles récurrentes. Selon la Banque mondiale, plus de 60 % de la population haïtienne vit en dessous du seuil de pauvreté et le pays rentre dans sa 6e année de contraction économique.L’émission des « grands rendez-vous économiques », avec comme invités, Alfred Metellus, ministre de l’économie et des finances, Ronald Gabriel, le gouverneur de la Banque Centrale, Pierre Marie Boisson, le représentant du secteur privé, Frantz Duval, l’éditorialiste du Nouvelliste, et Robert Fatton Jr, l’ex-professeur à l’Université de Virginia, ne prévoit pas grand-chose de positif pour le pays .

Malgré ces défis, il existe des initiatives locales prometteuses visant à améliorer la situation. Des organisations non gouvernementales et des leaders communautaires travaillent sans relâche pour apporter des changements positifs. Les efforts de la diaspora haïtienne et les partenariats internationaux offrent des perspectives d'amélioration. Par exemple, des projets de développement durable et des programmes éducatifs sont en cours pour renforcer les capacités locales. L’inauguration du Warf d’Aquin dans le grand-sud en est un exemple.

La visite du président colombien Gustavo Petro en Haïti en janvier 2025 a marqué un tournant dans les relations bilatérales. Petro a exprimé son soutien aux efforts de stabilisation et de développement en Haïti. L'organisation d'un référendum et des élections générales en 2025 sont des étapes cruciales pour la démocratie haïtienne. La position des États-Unis sur la crise haïtienne reste influente, avec des appels à une intervention internationale pour stabiliser le pays.

La Russie et la Chine ont également exprimé leur intérêt pour la transformation de la mission actuelle en Haïti en une mission de l'ONU, mais ont bloqué la proposition des USA en ce sens (rivalités géopolitiques). Cette proposition vise à renforcer la coopération internationale et à améliorer la situation humanitaire. Des actions concrètes, telles que l'augmentation de l'aide humanitaire et le soutien aux initiatives locales, sont nécessaires pour améliorer la situation en Haïti.

Conclusion

En tenant compte des tendances globales et des dynamiques locales, il est possible d'espérer des progrès en 2025. Cependant, cela nécessitera des efforts concertés et une volonté politique forte pour surmonter les obstacles actuels. La coopération internationale et les initiatives locales seront cruciales pour construire un avenir meilleur tant dans le monde qu’en Haïti. Tout cela dépendra en grande partie de l’attitude de la nouvelle administration américaine qui oscille entre « América First » et « América Everywhere», avec des méthodes imprévisibles de M. Trump qui pourraient renforcer le chaos actuel.

Perspectives globales:

Les perspectives pour 2025 incluent une stabilisation progressive de la situation en Ukraine, un cessez- le-feu durable avec la possible création de deux états israélien et palestinien(?), une politique étrangère américaine plus prévisible, et des améliorations socio-économiques en Haïti grâce à des initiatives locales et internationales.

·       Conflit en Ukraine : Une résolution diplomatique est nécessaire pour éviter une escalade supplémentaire. L'Union européenne et l'OTAN devraient jouer un rôle clé dans les négociations. La poursuite du conflit en Ukraine pourrait continuer à déstabiliser la région et avoir des répercussions économiques mondiales. Les efforts diplomatiques sont essentiels pour parvenir à un cessez-le-feu durable et engager des négociations de paix. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour fournir une aide humanitaire aux populations affectées et chercher des solutions pour atténuer les impacts économiques du conflit.

·       Moyen-Orient : Le soutien international à un processus de paix inclusif est essentiel pour une stabilité à long terme. Pour qu'une paix durable soit envisageable, il est impératif de s'attaquer aux enjeux fondamentaux du conflit israélo-palestinien. Les efforts internationaux doivent se concentrer sur la relance du processus de paix, la garantie des droits humains et l'amélioration des conditions socio-économiques des populations affectées. Une solution à deux États, soutenue par de nombreux acteurs internationaux, reste une voie potentielle vers la résolution du conflit.    

        États-Unis : L'orientation de la politique américaine influencera les dynamiques internationales, notamment en matière de climat et de sécurité, mais aussi en matière économique, gestion des conflits et relations avec leurs alliés et leurs ennemis dont la Chine, la Russie et une grande partie du sud global.

·       Haïti : La reconstruction et le développement exigent des efforts conjoints des acteurs locaux et internationaux. La réussite d'Haïti dépendra de la volonté politique interne de réformes et du soutien continu de la communauté internationale. La tenue d'élections libres et transparentes est cruciale pour rétablir la confiance. Des investissements dans les infrastructures, l'éducation et la santé sont essentiels pour un développement durable.

En somme, l'avenir dépendra de la capacité des pays à collaborer face aux défis communs. L'espoir réside dans la diplomatie, le respect des droits humains et la volonté de construire un monde plus juste et de s'affranchir du chaos actuel.

 

Références en annexe

  1. Nations Unies, Rapport sur les déplacements de population en Ukraine, 2023.
  2. Agence Internationale de l'Énergie, Rapport sur les prix du pétrole, 2023.
  3. The Guardian, "Trump's Controversial Sanctions Policy", 2024.
  4. Wall Street Journal, "Impact of Trump's Tax Reforms", 2024.
  5. Financial Times, "US Contribution to NATO", 2024.
  6. Banque mondiale, Rapport sur la pauvreté en Haïti, 2023.
  7. Organisation des Nations Unies pour le Développement, Projets de développement durable en Haïti, 2024.
  8. Rapport sur la situation dans le Donbass et l'oblast de Koursk, 2024.
  9. Rapport sur l'utilisation des drones et des missiles en Ukraine, 2024.
  10. Rapport sur le cessez-le-feu entre Hamas et Israël, 2025.
  11. Rapport sur la politique de masse déportation de Trump, 2024.
  12. Rapport sur la politique tarifaire de Trump, 2024.
  13. Rapport sur le Golfe de l'Amérique, 2024.
  14. Rapport sur la visite du président colombien Petro en Haïti, 2025.
  15. Rapport sur le référendum et les élections générales en Haïti, 2025.
  16. Rapport sur la position des États-Unis sur la crise haïtienne, 2025.
  17. Rapport sur la proposition de mission de l'ONU en Haïti, 2025.