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lundi 6 juin 2022

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (27) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UCRAINE (4) ET L’INFLATION, ET HAITI, LA RANCON DE L’INDEPENDANCE, QUE FAIRE ?

 

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (27) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UCRAINE (4) ET L’INFLATION, ET  HAITI, LA RANCON DE L’INDEPENDANCE, QUE FAIRE ?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

5 JUIN 2022

 

              Dans cette conjoncture mondiale dominée par la guerre en Ukraine et ses conséquences, la petite Haïti patauge dans sa crise multiforme et multidimensionnelle. Le New-York Times (NYT) a remis les projecteurs sur le pays, en soulevant la question de « la dette », de « l’indemnité » ou de «  la rançon de l’Indépendance » et ses répercussions sur son sous-développement, " le seul pays moins avancé de l’Hémisphère occidental"(PMA). De la perle des Antilles en tant que colonie française sous le nom de Saint-Domingue, la petite Haïti  a obtenu  de haute lutte, son indépendance en 1804 comme étant le premier pays nègre du monde. Elle est devenue le paria de la zone des Amériques, en pleine basse-cour de la première superpuissance mondiale, les USA. Une anomalie  eu égard à l’ensemble des pays de l’Amérique du Nord et du Sud, en passant par l’Amérique Centrale et la Caraïbe. D’où le titre de cette 27e chronique relative à la cette interrogation liée au Covid-19,  à l’entame du 4e  mois de  la Guerre en Ukraine et à ces articles du NYT sur la dette, indemnité ou rançon de l’Indépendance : « COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (27) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UCRAINE (4) ET L’INFLATION, ET  HAITI, LA RANCON DE L’INDEPENDANCE, QUE FAIRE? ».

              Comme d’habitude, on passera en revue la situation au niveau mondial, toujours avec accent sur le covid-19, la guerre  en Ukraine et ses multiples conséquences au niveau mondial. On s’attardera sur la situation haïtienne, avec accent sur la crise politique et sur les révélations du NYT qui pourraient nous ouvrir des opportunités sur l’avenir d’Haïti. On terminera sur des conclusions appropriées.

1.       La situation au niveau mondial

La situation au niveau mondial est, comme on l’a mentionné plus haut, dominée par la guerre en Ukraine et ses répercussions  sur  l’économie mondiale. La guerre en Ukraine fait oublier que le coronavirus est toujours là.

1.1.  Le coronavirus qui mute et la variole du singe qui revient

Le Covid-19 a franchi, au cours de ce mois de mai 2022, la barre symbolique de 1 million de morts aux USA et de plus de 5 millions au niveau mondial. En effet, au 5 juin 2022, les cas de contamination se chiffrent à 531, 714,125 et les cas de mortalité à 6,298, 452 au niveau mondial[1], y inclus les cas de contamination de 30,892 et les cas de mortalité de 835 en Haïti. Le virus ne cesse de muter. Cette fois-ci, on parle d’un nouveau variant  ayant pour nom, Omicron BA-5, découvert au Portugal. On craint une 6e vague dans ce pays à partir de l’automne prochain. En tout cas, l’immunité vaccinale et l’immunité naturelle, ou l’immunité hybride, aident dans la protection contre le virus, ou tout au moins  réduisent ses effets et les cas de mortalité.

Ce qui est triste dans cette histoire, c’est le réveil des virus[2], la variole du singe qui existe en Afrique depuis les années 1950, refait surface. Elle se transmettait d’animal à l’homme dans le passé, et d’humain à l’humain vivant dans une même communauté (transmission interhumaine), surtout dans une même famille où un membre l’avait contracté d’un animal. Maintenant, on la retrouve dans plusieurs pays où les personnes infectées n’ont jamais mis les pieds en Afrique. Elle se retrouve en Europe, en Amérique ou même dans la Caraïbe (transmission interhumaine dans des rapports sexuels entre hommes), et en Haïti où un cas aurait été signalé dans l’Artibonite. 200 cas relevés dans le monde (19 pays infectés dont 7 cas en France) jusqu’à date, c’est peut-être « le sommet de l’iceberg », pour reprendre le mot du directeur de l’OMS. Heureusement, les vaccins pour la variole du singe existent. Toutes ces informations sont occultées par la guerre en Ukraine.

1.2. La guerre en Ukraine, situation à date

La prise de Marioupol est totale. Sur demande du président Volodymyr  Zelensky, le bataillon d’Azov a accepté de se rendre aux Russes  qui ont vite fait de les orienter vers des prisons dans les républiques séparatistes de Dondbass, qui appliquent la peine de mort ; il y a donc un risque que ces prisonniers de guerre soient fusillés à la fin. Dans la chronique précédente[3], On a fait le point sur la situation  en Ukraine. Dans cette  chronique, on parle de l’évolution de la situation avec la concentration de la guerre au niveau de Dondbass dans l’est et le sud-est de l’Ukraine. La 2e ville du pays, Kharkiv, dans le nord-est, a été reprise par l’armée ukrainienne. La Russie a concentré toutes ses forces dans le Dondbass, avance petit à petit et surement. Son objectif actuel c’est la ville de Severodonetsk, occupée à 80%, mais sévèrement détruite.  Actuellement, la Russie contrôle 20% de l’Ukraine et toute une zone stratégique allant de la Crimée aux Républiques séparatistes, en passant par Marioupol. Malgré les moyens mis à disposition  par les USA et  l’Europe, plus de 50 milliards de dollars, prévus et fournis en partie à l’Ukraine par les Américains à date, la situation n'évolue pas trop en faveur de l’Ukraine, tout au moins dans le Dondbass.

Dans le Dondbass, l’armée ukrainienne confronte des difficultés, à cause des problèmes d’approvisionnement en armes et de munitions et aussi en hommes. Il faut noter que la Russie a détruit, à travers l’ensemble de l’Ukraine, et continue de détruire à distance et à l’aide de missiles guidés, des points stratégiques d’approvisionnement : rails, ponts, dépôts de stockage de produits agricoles, de carburants, d’armes ; usines de fabrication ; certains bâtiments de commandement ;  blocage de ports au sud et au sud-est de l’Ukraine, et contrôle de la mer d’Azov et de la mer noire pour empêcher l’exportation de produits alimentaires vers l’extérieur, etc. Par rapport à la livraison d’armes sophistiquées en provenance des USA et d’Europe, Vladimir Putin promet de les détruire et accuse les occidentaux de faire perdurer la guerre et d’augmenter la souffrance du peuple ukrainien, en fournissant des armes à l’Ukraine. Il Faut noter aussi la 6e batterie de sanctions adoptées par l’Union Européenne en relation avec le pétrole russe et autres secteurs de l’économie. Ce qui favorise l’analyse des conséquences de cette guerre, certes en Russie et en Ukraine, et mais aussi et surtout ses répercussions sur l’économie mondiale.  

1.3.  Les conséquences de la guerre sur le monde

L’invasion de l’Ukraine a conforté les relations entre les pays de l’OTAN, et l’Union Européenne. La Finlande et la Suède, membres de l’Union Européenne, décident, face à la menace Russe, d’abandonner leur neutralité de longue date et de rentrer dans l’OTAN. Certes, il y a la résistance de la Turquie, qui, il faut le rappeler, joue sur les deux tableaux Russe et Ukrainien et profite de l’occasion pour régler  ses contentieux avec ces deux pays de la Scandinavie, qui auraient abrité des rebelles kurdes considérés comme des terroristes par le président turque, Erdogan. La Finlande est privée du gaz russe en représailles et la Russie prévoit d’autres mesures, comme « une guerre hybride et totale », selon Serguei Lavrov, le ministre Russe des affaires étrangères, en fonction de l’évolution de la situation.

« La guerre en Ukraine n’est pas mondiale, mais la crise économique, oui ». On estime à 40% la quantité de blé qui transite par la Mer  Noire. Il faut noter aussi d’autres produits agricole comme les huiles de cuisine, le maïs, les 15% de l’engrais en provenance de la Russie. Les sanctions des Occidentaux contre la Russie se retournent aussi contre ces pays et leurs populations. D’où le phénomène d’inflation généralisée (aux USA, en Europe, en Russie, entre 5 et 19%), et la crise économique qui s’installe. On enregistre une augmentation des cours du carburant autour de 120 USD/baril, du blé, avec  des risques d’émeutes de la faim, en Afrique, au Moyen Orient, Yemen, Egypte, Liban, etc. Avec le phénomène de sécheresse au niveau mondial (2/3 de l’Europe, l’Inde, etc.) dû aux changements climatiques, l’année 2023 sera encore plus terrible. Tout cela a des répercussions sur Haïti.

2.       La situation au niveau d’Haïti

La situation au niveau d’Haïti est stationnaire sur le plan politique, si l’on excepte une petite tendance à des pourparlers entre les protagonistes, les efforts de la police nationale d’Haïti (PNH) et du commissaire Muscadin des Nippes face à l’arrogance des gangs, et surtout les articles du New-York Times (NTY) relatifs à la dette, rançon ou indemnité de l’Indépendance, qui entraine encore plus de division entre nous, alors qu’il faudrait s’accorder sur la stratégie pour obtenir réparation de la part  des deux puissances tutrices à la base en grande partie de notre situation actuelle.

2.1. Un semblant d’évolution au niveau politique

Le premier ministre Ariel Henry de l’accord 11 septembre 2021 a étonné tout le monde en se déplaçant pour aller discuter avec Mme Magali Como Denis de l’accord du 30 août 2021 dit de Montana. Cet entretien chez Magali à huit clos a fait couler beaucoup de salive, de diatribes de la part de la plupart des parties prenantes de Montana. Le plus important, les contacts ont été repris, il y a eu échange d’une sorte d’éléments de protocole. Entre temps, un comité  de médiation de la société civile s’est mêlé de la partie pour proposer un consensus plus large que les deux principaux accords dits d’Ariel Henry et de Montana. Ce comité de médiation est  composé de Religions pour la paix-Haïti, de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH) et de la Conférence des recteurs et présidents des universités haïtiennes (CORPUHA). Le 31 mai, le comité a fait sortir pour expliquer sa méthodologie de travail et le Nouvelliste de titrer : « Crise, le comité de médiation se dirige vers un troisième accord[4] ». Va-t-on vers une réelle combinaison des accords ou est-ce un épisode de plus de la crise multiforme et multidimensionnelle? Ces discussions ont dominé l’actualité durant une bonne partie du mois de mai 2022 jusqu’à la sortie des articles du NYT, avant d’être détrônées  par d’autres faits d’actualité en relation avec les gangs, les vrais maîtres du pays.

2.2.  L’arrogance des gangs

Malgré les efforts de la PNH, l’arrogance des gangs se fait de plus en plus sentir. Ils continuent de se battre pour des territoires, de kidnapper, d’exiger des rançons faramineuses, de violer, de saisir des biens privés et de tuer de paisibles citoyens et aussi des policiers. Est-ce du terrorisme ou du gangstérisme ? En tout cas, le blocage de la route de Martissant vient de franchir un an, ce 1er juin 2022, les cas de kidnapping sont en augmentation par rapport à l’année dernière. A titre d’exemple, il est signalé une demie douzaines de cas à Duval 24 (Croix-des-Bouquets), du dimanche 29 au lundi 30 mai 2024, des cas non répertoriés par la PNH. Combien de cas de ce genre au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ? Il faut signaler la  reprise des activités du Gang du défunt Odma à Savien, en particulier au niveau de la Petite Rivière de l’Artibonite et au niveau de Carrefour Peye. Il en a été de même  au niveau de Milot dans  le Nord du Pays.

Ce ne sont pas les gangs qui tuent, mais le commissaire

Quant au Département des Nippes sous contrôle du commissaire Muscadin, ce ne sont pas les gangs qui tuent, mais le commissaire qui ordonne de les tuer ou qui les tue, selon une vidéo en circulation. Et le FJKL, un organisme des droits humains, exige la révocation du commissaire et les policiers qui l’accompagnent. Ce qui fait un tollé au niveau de la République et des prises de positions contradictoires. On comprend le message que veut envoyer le commissaire, mais il ne peut pas agir comme les bandits en tant que représentant de la loi. Mais, d’un autre côté, pourquoi les organismes des droits humains ne dénoncent pas les exactions des gangs, tuant des policiers, des civils en toute impunité? Le respect des droits humains incombe-t-il seulement aux responsables de l’Etat ? Ce sont des sujets controversés comme les articles du NTY sur « la rançon de l’indépendance » pour reprendre l’expression de l’ex-président français, François Hollande. 

2.3. Les articles du NYT[5] [6] [7] [8]sur la rançon de l’Indépendance

La question de la rançon de l’indépendance est analysée en profondeur par le NYT. Les faits sont rapportés avec précision, les dates, les acteurs impliqués, le montant de la rançon exigée de la petite Haïti (500 M de francs Or), les paiements effectués par l’Etat Haïtien de 1825 à 1947 (Estimation entre 21 et 115 Mrds d’USD), en principe c’aurait dû être les perdants qui paient, dans le cas d’Haïti, c’est l’inverse. Le président Salomon procéda à la création de la Banque Nationale d’Haïti en 1880, pour liquider la dette et équiper le pays d’infrastructures indispensables. Nad marinad! Cette banque, régie par un conseil d’administration composé de français relevant d’une banque française, Crédit Industriel et commercial (CIC)[9], filiale actuelle du consortium Crédit Mutuel Européen, exigea des commissions très élevées sur toutes les transactions effectuées par l’Etat. Le prêt effectué auprès de la banque française pour rembourser définitivement la dette ne fait que  rendre Haïti plus servile vis-à-vis de la France. « De cette façon, le prêt a contribué à prolonger la servitude financière d’Haïti envers la France. Bien après que les familles d’anciens esclavagistes aient été remboursées, Haïti a continué à payer — cette fois-ci, auprès du CIC ».

Les USA, la puissance montante qui a acheté la Louisiane de la France pour 80 M d’USD, l’équivalent de 15 Etats actuels,  va se mêler de la partie, conformément à la doctrine de Monroe, « l’Amérique aux Américains ». En 1914, à la faveur des turbulences politiques entre Haïtiens, les USA vont procéder à  la prise de la réserve d’or haïtienne de 500,000 USD par un commando américain, et à l’achat  à la France de ce qui reste de la dette/rançon à travers la National City Bank de New York, l’ancêtre de Citigroup d’aujourd’hui.

Il a fallu attendre 2003 pour voir un président Haïtien, en la personne de Jean Bertrand Aristide, réclamer de la France la somme de 21 Mrds d’USD sous forme de « Restitution et Réparation ». Et Aristide sera victime, le 29 février 2004, d’un « coup » selon l’ambassadeur Thierry Burkhard, fomenté par la France et les USA qui s’en défendent par son ambassadeur d’alors James B. Foley. Et il a fallu attendre le passage dans les Antilles Françaises de François Hollande, issu de la gauche française, pour prononcer le mot de « la rançon de l’indépendance » en ce qui a trait à la dette et parler de remboursement vite rectifié par son entourage, en la qualifiant de « dette morale ».

 Comment le NYT explique-t-il la situation d’Haïti  d’aujourd’hui ?

« La corruption chronique des dirigeants du pays constitue sans aucun doute une partie de la réponse. Mais une autre partie se trouve dans des textes tombés dans l’oubli, éparpillés à travers Haïti et la France dans des centres d’archives et des bibliothèques », selon le NYT. En d’autres termes, les deux grandes puissances tutrices, la France coloniale et la superpuissance américaine ont une grande part de responsabilité dans la situation actuelle d’Haïti. Il faudrait des réparations à la petite Haïti, exploitée jusqu’à l’os par ces deux pays devenus amis d’Haïti et essayant hypocritement de la sortir de là. Avec la sortie de ces articles sur la rançon de l’indépendance, c’est une opportunité pour nous de faire la paix entre nous et de nous mettre ensemble pour réclamer des réparations à ces deux puissances. Que faire et comment en tirer profit ?

 

2.3.1.        Que faire et Comment en tirer profit

Haïti a eu  une expérience plutôt fructueuse avec Taïwan en relation avec des ouvrages clés en main.  Il faudrait étendre cette expérience à la France et aux USA qui ont des expertises assez pointues dans plusieurs domaines. Mais, bien avant, comme l’a suggéré l’ex-premier ministre Gérard Latortue[10], il faudrait mettre en place une équipe pluridisciplinaire pour le montage d’un dossier sérieux sur la question de l’indemnité/rançon de l’indépendance en vue de discuter un processus négocié de  réparation pour Haïti. Pour absorber une telle somme (Entre 21 Mrds  et 115 Mrds d’USD), quand on arrive à une entente avec ces deux puissances tutrices sur cette question de réparation, il faudrait principalement mettre l’accent sur les infrastructures susceptibles d’absorber des sommes considérables sur une période de 25 ans  à raison de 4 Mrds d’USD par an. Dans cette chronique, nous faisons certaines suggestions sur les domaines d’infrastructures qui pourraient être rapidement chiffrés par des experts  et faire une différence énorme au moment de la mise en œuvre du  processus de renforcement de développement du pays :

v  En matière de construction de Route, La route périphérique d’Haïti à 4 voies au bord de la mer et au bord de la Frontière avec la République Dominicaine et les axes de pénétration vers les nationales 1, 2, 3,  etc., soit approximativement une longueur développée de 2500 Km ;

v  En matière de voies ferrées : on pourrait accompagner  ces routes de lignes de chemins de fer à grande vitesse traversant le pays du Nord au Sud et des bretelles vers certaines villes de l’intérieur, soit approximativement une longueur de 750 Km, avec des zones de stationnement équipées de complexes commerciaux, de complexes hôteliers, industriels et autres lieux de loisirs;

v  En matière d’agriculture Irriguée : la mise sous irrigation de 70,000 ha de terre, la réhabilitation de 80,000 ha, l’agriculture protégée (agriculture sous serres) ; la construction de barrages de régulation, d’hydroélectricité, de dérivation ;

v  En matière d’électrification du pays, des centrales thermiques, hydro, solaires et éoliennes  tant au niveau urbain que rural ;

v  En matière  de construction d’infrastructures aéroportuaires : transport aérien (4 aéroports et 8 aérogares) et portuaires : transport maritime (9 ports dont 2 post-panamax et 20 débarcadères) ;

v  En matière de  complexes administratifs : 10 complexes administratifs au niveau des chefs-Lieux, 32 complexes administratifs au niveau des arrondissements, 103 complexes administratifs au niveau des communes,  et 572 complexes administratifs et de loisirs au niveau des sections communales ;

v  En matière d’Infrastructures scolaires, universitaires, des écoles, des lycées et des complexes universitaires pour absorber la masse d’écoliers et d’étudiants haïtiens qui vont en République Dominicaine ;

v  En matière d’infrastructures Sanitaires : Des complexes hospitaliers  départementaux, Hôpitaux de référence, centres de santé et dispensaires au niveau des départements, communes et sections communales. 

3.       Conclusions appropriées

La situation au mondial n’est pas du tout rose, la mutation du coronavirus en Omicron BA.5, le réveil des virus comme la variole du singe, la guerre en Ukraine au seuil de son 4e mois qui pourrait  durer beaucoup plus que prévu. La prise de la zone de Dondbass par l’armée russe se fera tôt ou tard, à mon humble avis, et l’Ukraine, aidée par l’Occident en termes d’armes et de munitions, ne jettera pas l’éponge de sitôt, d’autant qu’elle croit fermement que Vladimir Putin vise plus haut et plus loin.  La prise de Dondbass, si elle se fera, ne sera qu’une halte comme pour la Crimée en 2014, avant l’envahissement total de l’Ukraine et d’autres pays de l’ancienne Union Soviétique. Il y a donc  risques d’escalade. Même à ce stade, le monde souffre déjà des conséquences de cette guerre sur l’économie mondiale, en provoquant une pénurie de denrées alimentaires, le prix du blé a pratiquement doublé, le baril de pétrole frôle les 120 USD. L’inflation frappe toutes les économies de 5 à 19% en Europe et aux USA.

En Haïti, c’est la stagflation avec 25.9% d’inflation en mars. Très certainement plus grave encore aujourd’hui. La situation  bouge un tout petit peu sur le plan politique. Va –t-on vers un 3e accord avec le Comité de Médiation? Est-ce une manœuvre liée au Sommet des Amériques auquel  participera le PM Ariel Henry ? Ce serait criminel de sa part. Le peuple Haïtien qui subit le terrorisme à outrance des gangs, a trop faim pour « japper ».  En effet, « Le coût nominal moyen du panier alimentaire, en Avril 2022 se situe autour de 3,209 gourdes par personne par mois, soit 16,045 gourdes pour une famille de 5 personnes, contre 3,016 gourdes en Mars 2022, soit respectivement une augmentation de 6% en rythme mensuel et une augmentation de 52% en rythme annuel. Selon les normes SPHERES qui fixe le nombre de kilocalories minimum à 2,100 kcal, le coût nominal moyen du panier alimentaire du mois d’Avril 2022 est de 3,604 gourdes par mois soit 18,018 gourdes pour une famille de 5 personnes ». Bulletin CNSA/MARNDR. Avec près de 60% de la population vivant avec  moins de 1USD/jour, c’est tout simplement catastrophique.

Il est donc urgent de trouver un compromis entre nous. Un accord politique pour gérer au mieux la transition avec un gouvernement de consensus serait fantastique : (i) lutter contre les gangs et rétablir la sécurité ; (ii) se mettre d’accord sur les éléments fondamentaux de la transition, comme jeter les bases du nouveau système, ce qui veut dire nouvelle constitution ou adaptation de celle de 1987 par consensus, la mise en place d’un conseil électoral provisoire, l’évaluation du système électoral, la mise en place d’un programme de fonctionnement et d’investissement, l’initiation des processus pour aboutir à des procès équitables pour l’assassinat du président Moïse, de Me Dorval et les autres cas se retrouvant dans tous les accords, la constitution d’une équipe pluridisciplinaire sur le dossier de réparation de l’indemnité de l’Indépendance ; (iii) organiser des consultations populaires pour l’adoption de la constitution ; (iv) Organiser les élections générales dans le pays sous l’égide de la constitution adoptée ; (v) Remettre le pouvoir aux élus le 1er Octobre 2023, le jour de l’ouverture de la nouvelle année fiscale.   

 



mardi 5 avril 2022

COVID-19- HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS ?(25), INVASION RUSSE DE L’UKRAINE(2), INSTABILITE, INSECURITE ET IMPUNITE EN HAITI

 

COVID-19- HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS ?(25), INVASION RUSSE DE L’UKRAINE(2), INSTABILITE, INSECURITE ET IMPUNITE EN HAITI

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

4 Avril 2022

                Le  29 mars 2022 marque  le 35e anniversaire de la constitution de 1987. Ce n’était pas  une journée de fête comme par le passé mais une journée de manifestation comme d’habitude depuis ces 5 dernières années, si l’on excepte l’année 2020 à cause du confinement lié au Covid-19. Ce mois de mars, c’est aussi  ma 25e chronique consacrée à la thématique : « Covid-19, Haïti et le monde à la croisée des chemins (?)» et ma 2e consacrée à la guerre en Ukraine qui continue d’occulter le Covid-19 en pleine mutation en France où la présidentielle est passée au second plan également. Toutefois, en ce qui concerne Haïti, je pense changer un peu de registre en introduisant les trois (3) «I» : Instabilité, Insécurité et Impunité.

En effet, nous avons souhaité en début d’année 2022 que l’insécurité soit atténuée à partir d’une solution inter-haïtienne à la bataille politique liée à l’instabilité politique quasi permanente du pays à la base de tous nos maux. J’ai compris que, à partir des diverses considérations faites par un jeune Youtubeur et à plusieurs reprises, l’impunité est un élément fondamental de cette trilogie qui empêche à notre pays de vivre un présent acceptable et de contempler un avenir serein et prometteur. Savez-vous que cette impunité est entretenue par notre système de  justice? Donc cette trilogie des trois «I», Instabilité, Insécurité et Impunité, se révèle le principal frein au développement de notre Haïti.

En assistant la semaine dernière à la restitution d’une étude sur l’impact des transferts de la diaspora en Haïti, un intervenant nous a rappelé que l’insécurité, l’instabilité et l’impunité sont les trois éléments qui nuisent aux investissements de la diaspora en Haïti et ce rappel me conforte dans l’idée de la responsabilité primordiale de cette trilogie dans le sous-développement de notre pays. Et c’est ce qui m’inspire le titre de la chronique du mois de mars 2022 : « COVID-19- HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS ?(25), INVASION RUSSE DE L’UKRAINE(2), INSTABILITE, INSECURITE ET IMPUNITE EN HAITI ».

Dans cette chronique, on passera en revue la situation au niveau mondial, avec accent particulier sur le coronavirus et ce nouveau variant, Deltacron, et sur la guerre en Ukraine ; on s’attardera sur la situation haïtienne, avec accent particulier sur l’instabilité politique, l’insécurité  et l’impunité, et  sur la situation socioéconomique, et on terminera sur des conclusions appropriées.

1.       Situation au niveau mondial

Depuis le 24 février 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie demeure jusqu’à date le principal point d’actualité. Cette guerre entre la superpuissance Russe et la petite Ukraine influence la vie de chacun de nous sur la planète terre dans notre quotidienneté. Elle occulte tout, en particulier la pandémie mondiale qu’est le coronavirus qui ne  cesse de muter.

 

1.1.             La nouvelle mutation du Covid-19 nommée DELTACRON ou Variant XD

              Malgré les vaccins, les doses administrées et les rappels, le virus du SARS-CoV-2 continue son petit bonhomme de chemin. Au niveau mondial[1], les cas de personnes contaminées, au 1er Avril 2022, depuis son apparition en décembre 2019, se chiffrent à 488,938,781 et les cas de mortalité à 6,145,584, y inclus les cas enregistrés en Haïti qui se chiffrent respectivement à 30,547 cas de contamination et 833 cas de mortalité depuis son apparition dans notre pays, le 19 mars 2020. Les USA sont toujours en tête suivis de l’Inde, du Brésil, de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre, et de la Russie.

              Et, une fois de plus, le virus a muté. Le nouveau variant est une combinaison du variant Delta et du variant Omicron. D’où son nom DELTACRON ou XD. « On peut être infecté par deux variants du Covid en même temps comme avec le recombinant Delta/Omicron nommé variant XD (ex-"Deltacron")[2]. "Au 28 mars, 63 séquences [du variant XD] étaient détectées en France" selon Santé Publique France. "Les signes cliniques les plus fréquents étaient asthénie/fatigue, céphalées, fièvre, toux et maux de gorge, indique l'organisme. La différence principale avec les cas d'infections par Omicron investigués précédemment était le taux plus élevé d'agueusie (perte du goût) et d'anosmie (perte d'odorat)". Cette nouvelle mutation du coronavirus  a été détectée pour la première fois au début du mois de janvier 2022 et a été classée "en cours d'évaluation" par l'OMS ».


1.2.             L’Invasion de l’Ukraine, le plus grand pays d’Europe après la Russie

              On ne parle pas trop du Covid-19 et de sa dernière mutation, car le monde est trop préoccupé par ce qui se passe en Ukraine. En effet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui, selon Putin, visait  « la dénazification de l’Ukraine », la mise à pied du président Zelensky, la dissolution de l’Armée, la reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie et la séparation des deux républiques de Donbass  de l’Ukraine et la neutralité de l’Ukraine, semble changer d’orientation. En effet, Putin semble, après avoir tenté en vain de prendre la Capitale Kiev,  se concentrer sur l’est et le Sud-Est de l’Ukraine, la zone industrielle de Donbass sous contrôle russe, en particulier les républiques séparatistes de Louhansk et de Donestk, Marioupol dont une partie sous contrôle russe et qui favorisera la liaison entre Donbass et Crimée, et Odessa. A quoi est dû ce changement de stratégie ?

Certains croient à une sous-évaluation de la situation avant le déclanchement de « l’opération spéciale », faute de renseignements fiables par les services secrets russes, et à une sous-estimation des réactions des USA et du bloc occidental, l’Union Européenne et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Pour d’autres, c’est que, après la perte de tant de soldats dans cette opération spéciale, Putin veut transformer cet échec en une victoire, en ajoutant Marioupol et Odessa à des zones déjà acquises à sa cause comme la Crimée et le Donbass. Il faut dire que, si l’Armée russe arrive à faire la jonction entre le Donbass, Marioupol, la Crimée et l’Odessa (au sud-ouest), ce sera en grande partie l’isolement de l’Ukraine par voie maritime, par rapport à la mer d’Azov et une bonne partie de la mer noire (voir Carte). 

 


Quand on sait que l’Ukraine est une grande productrice de minerais d’importance stratégique et de produits agricoles (25% des produits agricoles du temps de l’URSS), on comprend l’obsession de Putin pour ce pays et sa stratégie  d’isoler par la mer l’Ukraine, les flottes russes étant la maitresse de ces zones maritimes.

 

1.2.1.                   Le massacre de Boutcha

 

Ce qui est grave dans cette histoire de guerre, on vient de découvrir 410 cadavres "exécutés" par les Russes en levant le siège de Kiev. La presse occidentale parle de massacre, « le massacre de Boutcha », les occidentaux, en particulier Boris Johnson de la Grande Bretagne, Justin Trudeau du Canada, et le président de l’Ukraine accusent l’armée russe de « crimes de guerre ». « Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé dimanche que les dirigeants russes devaient être tenus pour responsables de "meurtres" et de "tortures" à Boutcha, une ville au nord-ouest de Kiev récemment reprise par les Ukrainiens où de nombreux civils ont été tués…Volodymyr Zelensky a précisé qu'un "mécanisme spécial" allait être créé pour "enquêter sur tous les crimes des occupants dans notre pays et les poursuivre", ajoutant qu'il fonctionnerait sur la base du "travail commun d'experts nationaux et internationaux".

 

1.2.2.                   Le Pape François offre ses bons offices et la Russie s’en défend

 

Le Souverain Pontife, François, condamne ces atrocités et s’offre en médiateur entre les belligérants, pour arrêter cette sale guerre  La Russie se défend d’avoir commis ces atrocités et exige une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies (ONU). Pourtant, elle continue de bombarder à distance certaines villes de l’Ukraine comme Kharkiv au nord-Est, Odessa au Sud-Ouest, tuant des innocents. C’est la situation de la guerre à date. Espérons que cela cesse sous peu et ne débouche pas sur la 3e guerre mondiale, comme le craignent certains analystes. En attendant, avec les nouvelles sanctions prévues contre la Russie, grande productrice de blé et de gaz, le monde et Haïti subissent déjà les conséquences de cette sale guerre.

 

2.       La situation au niveau d’Haïti

 

2.1.             Instabilité politique

La situation s’aggrave au niveau d’Haïti. Les protagonistes de la crise politique ne se parlent pas, je veux parler de nos politiciens des accords de  la Primature et de Montana. Les tentatives du reste du Sénat pour prendre le leadership d’une forme de dialogue n’ont pas pu avoir l’adhésion du premier ministre Ariel Henry. Le reste du Sénat s’est félicité d’avoir rencontré beaucoup de gens de la société civile, des partis politiques, des parties prenantes d’autres accords, et même certains membres de l’accord de la Primature, malheureusement pas le premier ministre Ariel, qui a ignoré trois invitations du Sénat, au point d’être considéré par le président du Sénat, Joseph Lambert, comme « le principal obstacle » à une entente inter-haïtienne.

Durant tout le mois de mars 2022, malgré les visites de deux officiels américains en Haïti, les lignes ne bougent pas. Comme le Congrès avait exigé une enquête sur le cas d’Haïti, (l’assassinat de Jovenel Moïse, les massacres de La Saline et autres), très certainement le département d’Etat américain se démène pour fournir un rapport de circonstance au moment venu. C’est dans ce cadre qu’il faut situer les visites de ces officiels ainsi que les démarches de FBI.

En tout cas, Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, ne semble pas oublier Haïti et prévoit de nouveaux partenariats pour Haïti et d’autres pays dont la Lybie, deux pays dont la situation actuelle relève en grande partie de la politique américaine vis-à-vis d’eux. Selon RFM, « Les USA ont lancé aujourd’hui (1er Avril) de nouveaux partenariats avec Haïti et d’autres pays dont la Lybie pour prévenir les conflits et promouvoir la stabilité sur 10 ans. Le département d’Etat va développer un partenariat avec les acteurs clés dans ces pays pour atteindre ses objectifs. » Quels sont ces objectifs américains ? Les mêmes par le passé ou de nouveaux en tenant compte des besoins réels de ces pays ? En tout cas, Stabilité, le mot est lâché. Attendons voir !

2.2.             Insécurité

Dans toutes mes analyses par rapport à la situation haïtienne, et ce depuis plus de 20 ans, je reste persuadé que l’instabilité politique est le principal responsable de tous nos maux. Car, selon moi, l’insécurité découle de l’instabilité politique. Quand on regarde l’histoire d’Haïti, on constate des  liens de causes à effets entre l’instabilité politique  et l’insécurité. Cela est beaucoup plus criant depuis le 7 février 1986, date de la chute de la dictature des Duvalier. Durant ces 36 dernières années de démocratisation du pays, l’insécurité s’est accrue de manière exponentielle à la faveur de l’instabilité politique,  et culmine actuellement à un niveau tel que les bandits partagent le pays en de petits territoires autonomes gérés par des caïds. Ce constat s’illustre surtout au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où les caïds décident du rythme de la vie en Haïti et réduisent drastiquement le fonctionnement normal du pays.

Mis à part les politiciens en général (pouvoir et oppositions)  et certaines catégories de bourgeois, ils kidnappent, volent, violent, sèment la panique comme bon leur semble, et tuent n’importe quelle personne issue des couches moyennes et de la masse. Depuis plus de 4 ans et à chaque fois avec des stratégies et des tactiques dignes des esprits militaires les plus aguerris, ils contrôlent des zones stratégiques (Martissant, zones frontalières, zones de ports, les principaux points clés des routes nationales menant vers Port-au-Prince). Souvent, ils kidnappent nos enfants, nos femmes, exigent des rançons faramineuses qui nous appauvrissent, les violent en nous les remettant en lambeaux ou les tuent et les jettent sur des piles d’immondices.

Face à l’insouciance et/ou à l’incapacité des pouvoirs en place pour contrer les bandits, nous dénonçons, nous gesticulons à la radio, à la télévision, sur les médias en ligne et sur les réseaux sociaux et dans la rue. Les manifestations du 29 mars contre l’insécurité et contre Ariel Henry se sont soldés par la tentative d’assassinat du leader politique et ex-député, Arnel Bélizaire, à Port-au-Prince, par l’incendie d’un petit avion, par des blessés et un mort,  aux Cayes, dans le sud du pays.   L’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) a dû, en fonction de la dégradation de la situation, organisé, le 3 avril, « une émission spéciale sur l’insécurité[3] », sous le thème : « Leta kote w,sitwayen reveye ».  

Quand, par le passé, la Police Nationale d’Haïti (PNH)  arrêtait ces bandits ou les éliminait par accident ou par calcul, l’appareil judiciaire les libérait moyennant paiements de fortes sommes d’argent (corruption), et les organismes des droits humains avaient l’habitude d’accuser la police ou le pouvoir en place de violation des droits humains. Actuellement, c’est la barrière libre, l’appareil judiciaire les blanchit ou est aux abonnés absents et les organismes des droits humains n’en parlent même pas ou accusent les pouvoirs en place de connivence. C’est l’impunité pleine et entière.

 

2.3.             L’impunité

Comme on le voit plus haut, l’impunité est liée à notre système judiciaire, à l’instabilité politique. Souvent, on nous signale les interventions de gros potentats pour faire libérer leurs bandits à eux, leurs sympathisants et leurs acolytes. Ces corrompus et corrupteurs ont infesté l’appareil judiciaire et tous les interstices  des sphères de l’Etat de gens acquis à leurs mauvaises causes. Ils ont tissé des accointances  au niveau le plus élevé de l’Etat et actionnent ces leviers au besoin pour obtenir satisfaction. C’est tout un système de corruption qui est mis en place au fil du temps à tous les niveaux de l’Etat, au point d’arriver à assassiner un chef d’Etat dans sa résidence sans aucune résistance en plein 21e siècle. Et ils continuent d’opérer en toute impunité.

Les petits bandits à leur solde et à la solde des politiciens et de certaines catégories de bourgeois, certains clans, sont devenus grands et ont acquis de haute lutte leur autonomie. Ils opèrent maintenant pour leur propre compte. Ils prennent généralement pour cibles les gens des couches moyennes et de la masse. L’appareil judiciaire ne fonctionnant plus, ou les rares fois qu’il fonctionne, c’est pour prononcer des jugements  en leur faveur. Rappelez-vous le cas de Vitelhomme, actuellement en pleine guerre avec 400 Mawozo, la justice de la Croix-des-Bouquets l’avait blanchi de tout soupçon.  Et, aux dernières nouvelles, le groupe 400 Mawozo décide d’augmenter les taxes journalières au marché de la Croix-des-Bouquets.

C’est donc normal qu’au niveau de la plaine du Cul de Sac, et au niveau de l’ensemble du pays, ces bandits de grands chemins ou à cravate  accaparent vos biens et quand vous avez la chance d’aller au tribunal, il y a toujours un juge pour leur donner raison. Les rares bandits appréhendés par la police sont rapidement libérés par le système ou deviennent en prison des pensionnaires ayant à leur solde des policiers qui leur permettent de continuer à gérer leurs affaires de la prison étant.

C’est le règne absolu de l’impunité. On comprend dans ces conditions que ce que vit Haïti ne pouvait pas être autrement. Cette trilogie est donc à la base de la situation actuelle. Comme en remontant le temps, on constate une certaine constance de ces trois éléments à des degrés divers, leurs répercussions  sur  le système haïtien, ajoutées à celles de la guerre en Ukraine, se traduisent par la situation actuelle au niveau d’Haïti.

 

2.4.             La situation économique du pays s’en ressent

La vie en Haïti et particulièrement au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince devient intenable. Certains habitants retournent dans les villes de province et même dans des zones rurales, d’autres partent pour l’étranger. Les gens de la grande masse risquent leur vie dans des embarcations de fortune vers des cieux plus cléments, en particulier vers la Floride. C’est normal.

En effet, le kidnapping fait rage. Le CARDH, un organisme de droits humains, a recensé 225 cas durant les trois premiers mois de l’année 2022 contre 142 cas par rapport à l’année dernière pour la même période. En plus du kidnapping qui appauvrit le pays, « le taux moyen d’inflation calculé en rythme annuel au cours de la période: déc. 2021 - février 2022 est de 24,6%. Ceci indique une détérioration continue des conditions de vie de la population haïtienne», selon un tweet de l’économiste Kesner Pharel. La vie chère s’installe, le taux de change du dollar par rapport à la gourde  avoisine à l’achat 104.88 et 107.63 G à la vente pour 1 USD. Sur le marché parallèle, il faut 115 G pour 1 USD.

3.     Conclusion

C’est dans cette  ambiance délétère qu’évoluent le monde et Haïti. La guerre en Ukraine tue des militaires dans les deux camps, ce qui est normal. Mais ce qui est anormal, c’est l’assassinat des civils dans le camp ukrainien, le massacre de Boutcha et les dommages collatéraux  liés à des tirs de missiles qui tuent des innocents, des enfants, des femmes et des vieillards. C’est aussi la destruction d’un si beau pays à coup de missiles, la vague des réfugiés vers des pays limitrophes comme la Pologne et autres. On parle déjà de 5 millions. Et ça continue. Cette guerre occulte tout, la mutation du Covid-19, la présidentielle française, etc.

 Quant à notre pays, il s’enfonce un peu plus chaque jour dans sa crise multiforme et multidimensionnelle. Cette trilogie de l’instabilité, de l’insécurité et de l’impunité nous fait prendre conscience des causes de l’état lamentable de notre pays et de son sous-développement et nous explique pourquoi nous migrons à l’intérieur de notre pays et à l’extérieur vers des cieux plus cléments. Pourtant, on ne comprend pas jusqu’à présent l’attitude de nos politiciens qui n’arrivent pas à s’entendre pour donner un signal d’espoir vers des lendemains meilleurs.

Je reste persuadé qu’une entente inter-haïtienne au niveau politique est le premier pas à faire. Cette instabilité politique est et demeure la cause principale de tous nos maux. Une simple entente entre nous permettra d’adresser le problème de l’insécurité et de jeter les bases solides pour résoudre, un peu plus tard et de manière définitive, l’épineux problème d’impunité. L’impunité est ancrée dans le système actuel. Il nous faudra coûte que coûte changer de système. Je propose « le système équilatéral axé sur l’équilibre parfait entre les trois pouvoirs d’Etat, à savoir : le Judiciaire, le Législatif et l’Exécutif ». La mise en application de ce nouveau système équilatéral résoudra définitivement la problématique haïtienne liée à cette trilogie infernale d’instabilité politique, d’insécurité globale et d’impunité. Que Dieu nous vienne en aide !!!



[2] https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2789529-nouveau-variant-xd-deltacron-hybride-france-symptomes-covid-asthenie-cephalees-63/