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mardi 31 juillet 2012

HAITI : UN PEUPLE QUI CHANTE ET QUI DANSE A METTRE AU TRAVAIL, SECHERESSE OBLIGE


HAITI : UN PEUPLE QUI  CHANTE ET QUI DANSE A METTRE AU TRAVAIL, SECHERESSE OBLIGE
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET 2012

C’est le carnaval des fleurs 29, 30, 31 juillet 2012, une tradition reprise au Champs de Mars dégagé finalement de ses occupants du séisme du 12 janvier 2010. Pour ce carnaval des fleurs, un succès, Champs de Mars a retrouvé ses couleurs, sa beauté et ce peuple qui se défoule et se divertit en dépit de la sécheresse et de cette chaleur. Au milieu de ces canavaliers, le Président qui  danse, qui s’amuse et qui s’évade aussi. Il y a tellement de problèmes ici, on dirait que notre résilience proverbiale est liée à toute cette culture.

Ce sont les images fantastiques des jeux olympiques de Londres ouverts officiellement par la Reine d’Angleterre le vendredi 27 juillet 2012. Durant une quinzaine de jours, les sports olympiques sont à l’honneur. Haïti y participe. «  L’important c’est de participer », a dit l’autre. Pour la plupart des pays, c’est plus que cela. Prestige oblige, il faut gagner des médailles pour montrer sa supériorité, surtout l’or. C’est donc une affaire de gros sous ! En tout cas, nous, on est rivés à nos petits écrans quand il y a électricité, ou bien on passe la génératrice, ceux qui ont les moyens naturellement.

Haïti, c’est aussi la politique avec les conseils de gouvernement et des ministres en direct (combien de temps encore ?) et  la continuation de la structuration de l’Etat. En effet,  le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) est mis en place. L’Etat de droit est en principe en marche. La publication le mois dernier de la constitution amendée conduit vers la mise en place de certaines institutions nouvelles comme, entre autres, la Cour Constitutionnelle, la mise en place du Conseil Electoral Permanent (CEP) de manière différente par rapport à ce qui avait été prévu en 1987: maintenant ce sont les trois pouvoirs qui décident. Le processus est en cours. L’Exécutif et le Judiciaire ont déjà choisi leurs représentants, le Parlement prend son temps. C’est un processus sensible et controversé. Les accusations de magouilles pleuvent comme toujours en de pareils cas. Elections sénatoriales partielles, municipales et collectivités territoriales obligent, il faut trouver un compromis politique sans compromissions pour garantir de bons résultats électoraux. Difficile mais pas impossible. Il nous faudra prendre de la hauteur. En sommes-nous capables ?

Le budget 2012-2013 est déposé au Parlement à temps (juin 2012). Peut-être la premiere fois ou la 2e fois depuis le gouvernement de transition, si ma mémoire est bonne. En tout cas, le budget rectificatif 2011-2012 est en cours d’exécution. Celui de 2012-2013 suit son cours de ratification au Parlement. Il y a de fortes chances qu’il soit opérationnel le 1er Octobre 2012. Le Gouvernement Martelly-Lamothe démarrerait  avec son premier budget voté à temps. Le plan annuel 2012-2013 du gouvernement devrait être mis en œuvre sans grosses difficultés avec des chances de réussite plus qu’acceptables, à moins que des catastrophes viennent perturber la marche des choses comme cette sécheresse hors du commun. C’est la toile de fond de cet article. Attardons-nous y un peu !

La problématique de la sécheresse
Le jeudi 5 juillet 2012, le Ministre de l’agriculture a souligné, lors du Conseil de Gouvernement, organisé au Cap-Haïtien, que la sécheresse sévit sur la grande majorité des départements du pays et aura une incidence négative sur la récolte de printemps, responsable de 60% de la production annuelle du pays. La commission nationale de la sécurité alimentaire s’est aussitôt mise au travail pour fournir les données nécessaires à la prise de décisions par les autorités du pays, en particulier, le MARNDR et la Présidence, pour faire face à cette situation. Il faut noter que ce même phénomène est observé aux USA compromettant en grande partie la récolte de maïs dans les divers Etats producteurs de cette denrée rentrant dans la consommation de nourriture. Ils l’ont attribué au phénomène du changement climatique. « 55% du territoire américain est déclaré en état de sécheresse sévère. C’est la pire sécheresse qu’ont connu les USA depuis 56 ans ».

Selon les études effectuées par la CNSA, tous les départements sont touchés par ce phénomène de sécheresse, dont les plus touchés sont le Nord-Est, l’Artibonite, l’Ouest, le Sud-Est, et la Grande Anse de « moyennement à sévèrement affectés » tandis que les autres sont touchés de «  faiblement à moyennement affectés » (réf. Carte d’affectation de la sécheresse), surtout le  Centre, les Nippes, le Sud, le Nord et le Nord-Ouest. A bien regarder la carte de sécheresse produite par la CNSA, tous les  départements sont affectés ainsi que les îles adjacentes qui sont sévèrement affectées, sauf l’île de La Tortue qui est moyennement affectée.  

Par analogie, nous pouvons attribuer ce phénomène au changement climatique. De toute manière, quelle que soit l’origine de ce phénomène, on doit y faire face de manière la plus professionnelle que possible. D’autant que la constatation de ce phénomène  aux USA, notre premier partenaire commercial, et dans d’autres pays comme la Russie, grands producteurs de céréales, devrait inciter Haïti à réfléchir sur les conséquence  d’une hausse éventuelle des prix des produits alimentaires sur le plan mondial qui pourrait avoir des répercutions graves sur notre pays. Dans une conjoncture aussi fragile qu’est celle d’Haïti, ces répercutions pourraient être  exploitées à des fins politiciennes avec des conséquences incalculables pour notre fragile économie.  Rappelez-vous les « émeutes de la faim » de 2008. http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/haiti-08-vie-chere-causes-consequences.html.

Selon la CNSA, il y a une possibilité à ce qu’en Août 2012, la pluie recommence à tomber. Dans ce cas précis, selon ce qu’a rapporté Le Nouvelliste : « Si la seconde saison pluvieuse qui débutera en août 2012 offrira des opportunités d'emplois aux pauvres au niveau des montagnes humides dans les plantations des haricots et de tubercules, elle risque  aussi  d'être désastreuse à cause des éventuelles inondations et cyclones. En ce sens, la CNSA tire la sonnette d'alarme sur l'éventualité d'une nouvelle recrudescence de l'épidémie de choléra, comme c'était le cas en 2011, ce qui risque d'affecter des ménages et de mettre durement à l'épreuve les plans de contingence mis en place par la direction de la Protection civile, la Croix-Rouge et leurs partenaires.
Toutefois, « si les pluies s'arrêtent, les pauvres peuvent se trouver dans la précarité dès le mois de septembre dans de nombreuses communes, particulièrement dans le Nord-Ouest et le Nord-Est, où se pratique la culture du maïs », prévient la CNSA. » Réf. Le Nouvelliste, Carl Henry Cadet, Incidence de la sécheresse sur la production agricole, 6 juillet 2012.
Alors quoi faire ?
En mai 2012, la Direction des infrastructures agricoles du ministère de l’agriculture a élaboré pour le compte d’ABA GRANGOU un dossier très sérieux de plus de 20 M USD pour créer des emplois  (130000 P-M) dans le pays à partir des informations fournies par les Directions Départementales agricoles (DDA) (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/04/haiti-lheure-de-verite.html). Durant la même période, il a été entendu que le  MTPTC aurait du produire un dossier du même genre ( ?). Le plan de 4 mois mis en place par le gouvernement a prévu  de faire des interventions à partir de ces dossiers. Il faudrait rapidement penser à la mise en application partielle ou totale de l’ensemble de ces dossiers pour avoir le plus d’impacts possibles. Ces travaux HIMO devraient démarrer et se poursuivre durant cette période de juillet  à octobre 2012, incluant la réouverture des classes en commençant par les départements et/ou communes les plus affectés pour recapitaliser les gens qui sont les plus touchés. Ces travaux devraient continuer jusqu’en février 2013 pour favoriser la soudure entre les différentes campagnes en cours et à venir.  Ce serait l’idéal. Alors que propose le gouvernement, plus particulièrement le MARNDR ?

Plan de réponse à la sécheresse de 2012 du MARNDR
Alors que la sécheresse bat son plein actuellement, les pluies de la période cyclonique et surtout celles de la seconde saison pluvieuse (à partir d’Aout 2012) sont attendues avec grande préoccupation pour tout ce qu’on a évoqué plus haut mais aussi avec impatience pour éviter le pire en matière de sécheresse, l’agriculture haïtienne étant essentiellement pluviale. A travers cette sécheresse se profile une crise alimentaire et agricole caractérisée par un contexte national et international  comme décrit plus haut.

Conséquences significatives attendues de la sécheresse. Les effets pervers de la sécheresse sur la sécurité alimentaire et la production agricole du pays devraient déboucher, selon le ministère de l’agriculture, sur (i)  une baisse de revenus, (ii) une baisse de disponibilité alimentaire, (iii) une baisse de la disponibilité des semences, (iv) une hypothèque des campagnes agricoles d’hiver 2012 et de printemps 2013. Ce qui a conduit à l’adoption des lignes d’actions suivantes.

Les lignes d’actions  retenues et à mettre en œuvre  de juillet à octobre 2012 sont  : (i) les Travaux à Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO) avec la création de 200000 personnes-mois (P-M) de travail pour une valeur de 1.1 Mrds de gourdes ; (ii) la Maitrise et valorisation de l’eau : Réparation et  mise en fonctionnement de pompes d’irrigation et la réparation des ouvrages d’irrigation, plaine des Gonaïves (3000 ha de terre), l’acquisition et la mise en service de motopompes à travers le pays avec une concentration sur le plateau central, les Nippes et le Nord-Ouest ; (iii) le Programme d’amélioration de la sécurité alimentaire : la mise en place de Stocks Stratégiques d’aliments au niveau des zones sensibles, un projet de production de cultures à cycle court : Sorgho à cycle court (développé à Savane Diane), Pois génois ( un mois et demi); Gombo  (en moins de 2 mois), maïs (variété Sweet Corn, récolté en 2 mois) ; (iv) La mise en œuvre d’un programme de distribution de caprins au profit de 10,000 familles paysannes, l’ouverture officielle de cinq nouvelles unités de transformation de lait, le renforcement de la station avicole de Damien et les débuts de travaux pour la mise en place de deux nouvelles stations avicoles (département du Centre et de la Grand ‘Anse). Le financement global de ces activités à travers le Trésor Public et autres partenaires financiers se chiffre à 1.4 Mrds de gourdes.

En guise de conclusion, la situation haïtienne actuelle est moins d’être aussi rose que le carnaval des fleurs le laisse paraître. Si ce plan du MARNDR combiné avec d’autres plans sectoriels, est mis en application, il y a de fortes chances qu’ « aprè dans tambou yo pa twò lou ». Tout est une question de bonne planification et de bonne exécution.  Avec le vote du budget de 2012-2013 et en y  incluant les préoccupations liées à la sécheresse, Haïti pourrait y faire face avec l’appui de ses partenaires de la Communauté Internationale (PNUD : Appel consolidé aide humanitaire 47 M USD en juillet 2012 sur 128 M USD de budget révisé). Le secteur agricole avec un budget global de 400 M USD/an pourrait grandement contribuer à la relance de l’économie haïtienne. Jouet t pou responsab yo !!!

samedi 30 juin 2012

HAITI: RIO+20 - CE SOMMET PLANETAIRE TRES PARTICIPATIF AU RESULTAT FINAL MITIGE AUGURE-T-IL LE RESULTAT DU BRESIL AU MONDIAL DE FOOTBALL 2014?



HAITI: RIO+20 - CE SOMMET PLANETAIRE TRES PARTICIPATIF AU RESULTAT FINAL MITIGE AUGURE-T-IL  LE RESULTAT DU BRESIL AU MONDIAL DE FOOTBALL 2014?

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

LE 30 JUIN 2012

Au cours de ce mois de juin 2012, trois événements majeurs ont marqué notre pays. Ce sont la Coupe d’Europe des nations et la passion soulevée, la publication de la constitution de 1987 amendée et les controverses déchainées, et la participation d’Haïti à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (CDD), plus connue sous le label RIO+20, organisée au Brésil du 13 au 22 Juin 2012, et son résultat final plutôt mitigé. Malgré l’envie d’analyser ces événements de manière imbriquée, articulée et intégrée par rapport au grand Ensemble Haïti, nous nous contenterons de nous attarder sur RIO+20. Veut, veut pas, cette conférence va orienter notre avenir de peuple vers cette « économie verte » à prédominance financière au détriment du capital humain, du capital social, du capital infrastructurel et du capital politique en terme de gouvernance. Cette gouvernance mondiale, ce nouveau cadre international, ce nouvel ordre mondial tourné vers le sauvetage de la planète et attendu désespérément n’est finalement pas issu  de RIO+20. En tout cas, c’était, naïvement  et en fonction de mon coté positif, mon hypothèse de travail avant l’ouverture de la conférence. Cette hypothèse était basée sur le thème de la conférence axé sur l’économie verte et le cadre institutionnel et surtout sur ce fameux slogan de la conférence :The future we want (L’Avenir que nous voulons).

La participation d’Haïti à  la Conférence de Rio
La participation de notre pays s’est faite à plusieurs niveaux, (i) la société civile, (ii) la délégation technique composée de 7 cadres de haut niveau, sélectionnés parmi la vingtaine de cadres qui ont travaillé de novembre 2011 à juin 2012 sur le document de positionnement d’Haïti et le dépliant de sensibilisation, et  (iii) la délégation officielle, forte d’une vingtaine de personnes dont l’épouse du Président, le Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, le Ministre de l’environnement, et conduite par le Président Martelly en personne. La délégation technique est arrivée une semaine avant la délégation officielle pour (i) participer aux derniers rounds de négociation à travers le G77 regroupant les pays moins avancés (PMA), les petits Etats insulaires en développement (PEID)… en face des Etats Unis appuyés par le Canada et l’Australie et de l’Europe, (ii) prendre part à certains de ces 500 événements parallèles organisés par les Etats et les grandes institutions internationales et qui concernent notre pays, (iii) préparer le terrain pour la délégation officielle en planifiant avec l’Ambassade d’Haïti au Brésil les rencontres bilatérales et en élaborant un dossier technique à destination du Président Martelly pour ses prestations à la conférence et en marge de la conférence .
  
La délégation officielle est arrivée une journée avant l’ouverture officielle de la Conférence (20-22 juin). Aussitôt, le Ministre de l’environnement, qui était arrivé quelques jours auparavant et qui a finalisé avec la délégation technique le dossier à soumettre au Président, a travaillé avec ce dernier sur la finalisation de son discours qu’il a prononcé le lendemain de son arrivée au pavillon 5 réservé aux Chefs de délégation. En plus des discussions bilatérales, le Chef de l’Etat a présenté un discours sur l’énergie à l’ouverture d’un side event organisé par l’OIF, l’ACP, où il a exposé la stratégie haïtienne sur la question. Il a donné des interviews et rencontré certains haïtiens et haïtiennes qui travaillent au centre de la Conférence. De son coté, la Première Dame a eu des activités parallèles.

Malgré le manque d’articulation entre la délégation officielle et la délégation technique pallié en quelque sorte par le Ministre de l’environnement, l’équipe haïtienne, pour utiliser un langage footballistique, a fait bonne figure à Rio, même si, à notre avis, il devait y avoir un meilleur équilibre entre la délégation officielle (moins de personnes)  et la délégation technique et plus de séances de travail (entrainement, planification et meilleure compréhension des enjeux de Rio+20), et ce, depuis bien avant le départ d’Haïti de l’équipe haïtienne. Des leçons à mettre en pratique à une prochaine occasion pour une meilleure prestation de notre pays à des événements de même type ! Ce qui nous permettra d’avancer ensemble en pensant Haïti au détriment de nos petites personnes et de mieux profiter de l’Après Rio+20 !

La conférence de Rio+20 s’est achevée sur un document de consensus d’une cinquantaine de pages et de 283 articles et une grandiose cérémonie de clôture organisée , à l’intention de nombreux chefs de délégation, par la Présidente du Brésil, Madame Dilma Rousseff qui en a profité pour en faire le bilan.

Les résultats de Rio+20
RIO+20, c’est la participation massive de représentants des Etats, des membres de la société civile de ces Etats à cette conférence sur le développement durable (CDD) organisée par les Nations Unies avec l’appui du pays hôte, le Brésil, du 13 au 22 juin 2012. Durant  ces dix jours à Rio,  les délégations gouvernementales ont conclu les négociations sur le document final de Rio, intitulé  «L’avenir que nous voulons ». Des représentants de 191 Etats membres de l’ONU et des observateurs, dont 79 Chefs d’Etat ou de gouvernement ont participé à la Partie officielle de la conférence. 44,000 badges d’accréditation ont été émis pour les réunions officielles. A Riocentro, le lieu de la conférence, plus de 500 événements  parallèles ont eu lieu.

Parallèlement  aux événements officiels, environ 3.000 événements non officiels ont été organisés à travers Rio de Janeiro, au Brésil. Les gouvernements et d’autres organisations ont profité de  Rio  pour organiser des Conventions et des forums dans des Pavillons pour présenter  leurs expériences et leurs  meilleures pratiques, tels : le Forum sur la science, la technologie et l’Innovation pour le développement durable, un Sommet des Peuples, le Congrès mondial sur la justice, la gouvernance et la loi pour la durabilité de l'environnement. Des actions spontanées de rue étaient quelques-uns des nombreux événements en relation avec  l’historique  de la ville de Rio de Janeiro 20 ans plus tôt , en en profitant  pour discuter des thèmes de Rio +20 et des défis plus larges pour  la mise en œuvre du développement durable.

Engagements financiers de 513 Mrds USD
Les participants à Rio +20 ont été encouragés à verser des contributions volontaires en termes d’engagements pour les actions d’implémentation des objectifs de la  conférence. Dans cette perspective,  des engagements ont été pris  par les gouvernements, les groupes du secteur privé, de la société civile  et d’autres groupes pour une valeur correspondant à US $ 513 milliards de dollars. Parmi les engagements financiers, la secrétaire d’Etat  américain, Hillary Clinton, Chef de la délégation américaine, a annoncé un partenariat entre les États-Unis et les nations d'Afrique de US $ 20 millions de dollars pour des projets d'énergie propre en Afrique. La présidente du Brésil, Dilma  Rousseff,  a promis US $ 6 de dollars au fonds du PNUE visant les pays en développement, et US $ 10 millions sur les défis du changement climatique en Afrique, les  pays les moins avancés (PMA), et les petits États insulaires en Développement (PEID) dont fait partie Haïti. Un engagement similaire avait été offert au début de la réunion par le Premier ministre chinois, Wen Jiabao. José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne (CE), a annoncé la mobilisation de € 400 millions pour des projets  d’énergie durable.  Koichiro Gemba, ministre des Affaires étrangères du Japon, a annoncé un financement pour un programme de trois ans visant la réduction  des risques et désastres (catastrophes). Et huit banques  multilatérales de développement se sont engagées d'investir US $ 175 milliards au cours des 10 prochaines années pour appuyer la création de systèmes de transport durable.

L’Après RIO+20
L'accord adopté à Rio appelle  l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), à sa prochaine session, (i) à prendre des décisions sur, notamment: la désignation d'un corps pour opérationnaliser durant  les 10 prochaines années, un cadre de programmes sur la consommation durable et la production, la détermination des modalités de la troisième conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, à convoquer en 2014; (ii) identifier le format et l'organisation des aspects du forum de haut niveau, qui consiste à remplacer la Commission du développement durable, le renforcement du Programme Des Nations Unies pour l'environnement (PNUE); (iii) constituer un groupe de travail  chargé d'élaborer des objectifs mondiaux de développement durable (OMDD) à approuver par l'AGNU; (iv) établir un processus de mise en place d’une organisation intergouvernementale sous la supervision de  l'AGNU pour préparer un rapport proposant des options sur une stratégie efficace de financement du développement durable, et (v) envisager une série de recommandations du Secrétaire Général pour un mécanisme de facilitation qui favorise le développement, le transfert et la diffusion de technologies propres écologiquement rationnelles.

En outre, l'Assemblée générale est appelée à prendre une décision  dans les deux ans sur le développement d'un instrument international relatif à  la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) en ce qui concerne la biodiversité marine dans les zones au-delà  de la compétence nationale. De plus, la Commission statistique du système des Nations Unies est appelée à lancer un programme de travail sur des mesures plus larges pour compléter le produit intérieur brut, et est encouragée, le cas échéant, pour soutenir l'industrie, les gouvernements et les parties prenantes intéressés dans l'élaboration de modèles pour  les meilleures pratiques et faciliter l'action pour l'intégration des rapports sur le développement durable. Le document comprend également le texte sur les subventions sur le commerce, la pêche, les combustibles fossiles.

RIO+20, un sommet à forte participation et au résultat mitigé
Alors que beaucoup d’espoir  avait été placé sur Rio +20 pour la relance  de nouveaux processus et modifier de manière significative le cadre international[1], le résultat du document CDD a été beaucoup plus modeste et très en deçà des espérances. Mais tandis que certains ont critiqué le document pour son souci de recherche d’unanimité au détriment d’engagements mondiaux concrets avec de nouvelles orientations tournées hardiment vers la route du développement durable, d’autres se sont concentrés sur les opportunités d’avenir en s’appuyant sur  l'Assemblée Générale et d'autres instances en vue de façonner le vrai héritage de Rio +20.

Dans son discours de clôture de la CDD, le Président  Rousseff du Brésil a également déclaré que Rio +20 a démontré que le multilatéralisme est une voie légitime pour construire des solutions aux problèmes mondiaux. Les négociations sur le texte ont eu lieu au cours des deux dernières années et ont abouti à un document final plus de 200 pages avec des paragraphes en discussion montrant qu’il serait difficile sinon impossible de déboucher sur  un texte de consensus. On avait prévu que les dix jours à Rio seraient remplis de longues nuits et la corde raide qui ont caractérisé les  dernières négociations multilatérales sur l'environnement.  À la fin de la réunion, les délégués du Brésil usant  de  leur  leadership au cours des consultations informelles pré-conférence, au cours de laquelle  l'organisation de pays a élaboré un projet révisé, ont animé trois jours de discussions, ont encouragé les délégués à suggérer des changements dans le projet, et ont facilité l'accord final avant l'ouverture de Rio+20 elle-même. Les délégués à la CDD ont adopté le document final  de Rio+20, le 22 Juin 2012, et la séance  est levée à 20h41. Brésil a reçu beaucoup de louage pour avoir accueilli et mené à bien le Sommet le plus participatif de l’histoire à une conclusion satisfaisante même si les opinions sur le principal résultat politique restent assez mitigées.

Considérations finales

Observation Générale de la délégation haïtienne en ce qui concerne les résultats et les produits de la conférence
La délégation haïtienne accueille favorablement les références qui ont été faites par rapport aux engagements vis-à-vis des Petits Etats Insulaires en Développement et aux Pays Moins Avancés en ce qui concerne la mise en œuvre du Programme d’Action de la Barbade, de la Stratégie de l’Ile Maurice et du Programme d’Action d’Istanbul. Il s’agit d’un bon point pour le gouvernement haïtien compte tenu de son engagement à jeter les bases pour combattre la pauvreté et œuvrer pour le développement durable à travers les 5 E.

La délégation haïtienne apprécie aussi le fait que le document ait permis de déblayer le terrain en matière d’économie verte et de cadre institutionnel pour le développement durable. Cependant l’appréciation générale de la délégation est que la conférence n’a pas abouti à des résultats tangibles auxquels on devrait s’attendre surtout en matière d’engagements financiers formels (ressources nouvelles, additionnelles et prévisibles) puisque ces engagements ne sont pas allés plus loin que  la recommandation d’un processus intergouvernemental à mettre en place pour la mobilisation des ressources.

En clôture de la conférence, (CDD), la présidente du Brésil, Dilma Rousseff , a souligné que Rio +20 a été la plus participative conférence de l’histoire et  était « une expression globale de la démocratie ». Elle en a profité pour inviter ses pairs à la Coupe du Monde de 2014 qui aura lieu au Brésil. Cette conférence mondiale au résultat mitigé augure peut-être le résultat du Brésil au Mondial de football de 2014, surtout avec la présence probable des deux finalistes de la coupe d’Europe 2012, Espagne-Italie (4-0), les deux derniers champions des 2 dernières coupes du monde. « Mauvaise comparaison, la planète terre est dominée financièrement par les USA alors que la planète football est dominée par le Brésil », m’a rappelé un ami, fanatique fou du Brésil, qui croit dur comme fer que ce sera l’occasion pour le Brésil de gagner sa 6e coupe du monde. Une mise en garde tout de même pour les fans du Brésil : 1950.



[1] On s’attendait à l'établissement d'un nouveau Haut Commissaire pour l'avenir Des générations, à la transformation du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) en une institution spécialisée dotée de moyens significatifs de mise en œuvre pour l’atteinte  d'objectifs concrets à partir d’une «feuille de route" pour l'économie verte.

samedi 26 mai 2012

HAITI A L’HEURE DE VERITE 2 : LE STYLE LAMOTHE, ESPOIR OU DESILLUSION?



HAITI A L’HEURE DE VERITE 2 : LE STYLE LAMOTHE, ESPOIR OU DESILLUSION?  
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
26 MAI 2012

Le mois de Mai 2012, c’est l’élection à la présidence de François Hollande comme nouveau Président de la France en lieu et place de Sarkozy. C’est la crise de la dette en Europe : La Grèce, l’Italie, l’Espagne. Les deux grands d’Europe et de la zone Euro (L’Allemagne et la France) sont obligés de trouver un  terrain d’entente pour atténuer  la crise dans la zone EURO. Le G8 s’est réuni dans le fief du Président Obama, à Camp David, suivi du sommet de Chicago sur NATO avec les pays membres de l’Alliance Atlantique. Les grandes questions mondiales, dont la crise de la dette européenne, la question de la sécurité mondiale, le retrait définitif de NATO de l’Afghanistan en 2014, avec des appuis ponctuels aux forces afghanes de sécurité, ont été, entre autres, évoquées. Plus près de nous, là en République Dominicaine, c’est l’élection de Danilo Medina, le poulin de Fernandez qui est élu ce dimanche 20 mai 2012 avec Mme Fernandez comme Vice-Présidente. Contrairement à la France, en République Dominicaine, le pouvoir ne change pas de main. Et Haïti dans tout cela ? Elle sort la tête de l’eau enfin avec la ratification du Premier Lamothe et de son énoncé de politique générale,  et la mise en place de son « gouvernement d’ouverture ». Notre pays est donc à l’heure de vérité 2, avec un budget, un nouveau gouvernement, le second de l’ère Martelly,  et un Premier ministre (PM) avec un nouveau style ? Qui sait ? Voyons voir.

Le vote du Budget avant le vote de l’énoncé de politique générale du PM
Le mandat du Président Martelly vient de franchir sa première année le 14 Mai 2012. Ce même 14 Mai, le processus de ratification de Mr Lamothe comme deuxième Premier Ministre du Président est bouclé avec le vote par la chambre basse de l’énoncé de politique générale du PM. Bien avant la ratification de l’énoncé de politique générale du PM par le Sénat le 8 Mai 2012, date de départ des « dinosaures », le Sénat a voté le 4 Mai 2012, le budget rectificatif 2011-2012 d’environ 3 Mrds d’USD. Il est à remarquer que chronologiquement le vote de budget a précédé celui de la politique générale du PM. Donc, tout au moins, pour cet exercice, le Gouvernement Martelly-Lamothe, n’a d’autre choix que d’évoluer à l’intérieur de la fourchette votée.

L’énoncé est même dans son essence mais différent dans sa manière
En tout cas, l’énoncé de politique générale de Lamothe qui, dans son essence avec son articulation autour des 5 E (Education, Etat de droit, Emploi, Environnement et Energie), n’est pas trop différent de celui de Conille. L’énoncé laisse supposer que le montant de 15 Mrds d’USD, prévus par le Gouvernement Conille dont Lamothe faisait partie comme Ministre des Affaires Etrangères, reste valable pour la mise en œuvre du programme de 5 ans du Président Martelly. Toutefois, l’énoncé s’est fait de manière différente avec l’utilisation de projection Power Point. C’est une première, tout au moins au niveau d’un Premier Ministre Haïtien.

Une architecture gouvernementale différente avec 40% de femme
Le Gouvernement du Premier Ministre Lamothe est aussi différent en termes de choix des personnes et d’architecture gouvernementale. En effet, changer de Ministre de l’Economie et des Finances en même temps que le Ministre de la planification ainsi que le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, c’est quelque chose qui ne s’est pas vu en Haïti depuis plus de 10 ans sous la même présidence. Lamothe a aussi innové en venant avec les Ministres Délégués auprès du Premier Ministre, surtout la Ministre Déléguée contre la pauvreté extrême et aux droits de l’homme, et la Ministre Déléguée aux affaires Paysannes, et  en introduisant 40% de femmes dans le gouvernement dans des domaines clés comme l’économie, la finance et la planification. La Défense est séparée de l’Intérieur et a été confiée à un ancien Président du Parlement, Rodolphe Joasil. La communication est dissociée de la culture : la première est confiée à Ady Jean Gardy et la deuxième à Mario Dupuy. Les deux ministres qui ont organisé la grandiose fête du 1er Mai 2012 ont été remerciés et remplacés. La fête était tellement belle qu’on croyait que ces deux-là allaient garder leur poste. En tout cas, le nouveau Ministre de l’Agriculture semble opter pour la continuité par sa manière d’opérer. En sera-t-il de même pour tous les autres nouveaux ministres ? Rien n’est moins sûr en Haïti, pays de rupture, de crise permanente et de discontinuité de l’Etat! Ce qui est sûr, par contre, ce gouvernement est le résultat de tractations entre le Parlement et l’Exécutif. On espère que ce consensus minimum entre les deux Pouvoirs, qui se sont chamaillés durant toute une longue année, permettra à Lamothe et à son « gouvernement d’ouverture » d’atteindre les résultats escomptés au bénéfice du peuple haïtien et dans la transparence.

Le jeu de la transparence
Justement, en parlant de transparence, Lamothe a encore innové en organisant un Conseil de gouvernement en présence des caméras de la télévision où chacun des ministres a présenté son programme de 100 jours en 5 grandes priorités au Chef du Gouvernement qui s’est comporté en vrai leader en menant tambour battant cette séance en vrai chef d’orchestre. C’était l’homme d’affaires plus enclin aux résultats qu’au palabre inutile, en forçant ses collaborateurs immédiats à prendre des engagements chiffrés dans des délais raisonnables, en demandant à d’autres membres du gouvernement (Plan et Finance) de mettre les moyens à la disposition de ceux-là qui auront à opérationnaliser les actions, en insistant à ce que ces actions soient imbriquées, articulées et intégrées pour des résultats d’ensemble utiles au peuple haïtien. Cette façon de faire a redonné espoir à certaines personnes, bien vue par la grande majorité, laissé sceptiques d’autres personnes qui y voient de la démagogie, et a forcé les ministres à prendre des engagements sur lesquels ils seront au fur et à mesure jugés et évalués. Le responsable de la Commission Nationale de Marchés Publics (CNMP) a promis d’aider pour faciliter la mise en œuvre des marchés publics tout en respectant les règles de passation de marchés comme cela a pu se faire avec le Ministère des TPTC. On verra jusqu’où cette transparence va et dans quelle mesure on en récoltera les fruits si les questions de sécurité arriveront à être résolues.

La question de l’armée, un avertissement par rapport à l’insécurité ?
En effet, les gens qui se réclament de l’armée d’Haïti et qui avaient pris d’assaut pratiquement tous les départements ont été délogés par la Police Nationale appuyée par la MINUSTAH. Le PM Lamothe, flanqué de son secrétaire d’Etat à la sécurité publique, s’est félicité du succès de ces opérations qui sont réalisées de « manière professionnelle » sans verser de sang. Le Premier Ministre a rendu visite aux forces spécialisées de la PNH pour les féliciter du travail professionnel accompli et le Secrétaire d’Etat a parlé de rétablissement de l’autorité de l’Etat. Il faut noter qu’en plus des jeunes gens de moins de 30 ans, on a eu aussi des américains dans les rangs de ces « bandes armées » dont la plupart des chefs de file sont jetés en prison. Certains étaient des révoqués de l’armée, des gens qui ont commis des infractions graves et qui ont été mise à pied sans pouvoir recourir à des procédures de réparation. Ils ont profité de la conjoncture et des promesses électorales de Matelly pour le mettre devant le fait accompli. C’est du désordre, une sorte d’embarras pour le pouvoir en place exploité efficacement par ses adversaires. Cette question a aussi permis aux malfrats de mettre leurs plans à exécution contre les paisibles citoyens qui essaient de joindre les deux bouts. Ces loups en ont grandement profité. Il y en a même qui ont intégré les bandes armées juste pour mieux se dissimuler et  frapper leurs victimes au bon moment. Heureusement, la police et la MINUSTAH se font sentir de plus en plus par leur visibilité, et ont opéré de manière efficace ces derniers temps en débusquant certains gangs démantelés et emprisonnés. Ces petites victoires du Gouvernement Lamothe redonnent de l’espoir ainsi que les inaugurations faites par le Président.

Lamothe organise, le Président inaugure
En effet, alors que Lamothe essaie de s’imposer en réorganisant les choses selon son style, le Président continue avec les inaugurations de certains travaux entrepris antérieurement. C’est ainsi qu’il a été au Plateau Central inaugurer la réalisation de lacs collinaires, dans l’Artibonite, inaugurer le système d’irrigation au niveau de la 5e Section de St Marc (3500 ha) en compagnie du Ministre de l’Agriculture, Agr Thomas Jacques, dans  l’Ouest inaugurer une station de traitement des eaux usées, en compagnie du Ministre des TPTC, Jacques Rousseau, et présider la cérémonie de graduation de la dernière promotion de l’Ecole de la Magistrature. La Première Dame, quant à elle, a lancé les états généraux de la Nutrition. Les deux associés en affaires font la course ensemble en politique. Réussiront-ils en politique comme en affaires ?

Haïti d’abord !
Ce n’est un secret pour personne, Martelly est un fonceur. Lamothe aussi à ce qu’il parait. Les deux ont été des sportifs, un footballeur et un tennisman. Les deux savent se battre pour des résultats. Ils ont pu ensemble obtenir des résultats en affaires. Jusqu’à présent leurs affaires marchent bien. Ils ont décidé de se jeter dans l’arène politique sans expérience dans le domaine. Ils ont su jusqu’à présent se tirer d’affaires honorablement, l’un comme Président et l’autre comme Ministre des affaires étrangères et comme Premier Ministre. C’est un couple qui fonctionne bien jusqu’à présent. Pourquoi ne réussiraient-ils pas ensemble en politique ? Ces deux sprinters ont de l’endurance. Pourront-ils gagner le trophée de la relance de notre pays ? C’est possible s’ils placent Haïti au premier plan par rapport à des intérêts immédiats et de clans. Haïti d’abord ! Et le « Pacte de gouvernabilité » prendra forme, soit autour d’un « Dialogue politique, soit autour d’une « grande concertation nationale » telle que l’a proposée La FONHDILAC en Mars 2011 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html VIIB3).

Le style Lamothe conduit-il Haïti aux résultats espérés ?
Lamothe en a pris l’engagement sur l’insistance de Mme Beauzile, l’ex-Sénatrice du Centre, lors de la séance de ratification de son énoncé de politique générale au Sénat, le 8 mai 2012. Le Premier Ministre, Lamothe a bataillé dur en affaires, a lutté pour devenir Premier Ministre en se battant sur plusieurs fronts avec les moyens du bord. Certains et pas des moindres ont parlé de corruption, d’autres ont glissé des « pos figs ». Toujours est-il, la formule Lamothe très certainement avalisée par Martelly a gagné. Au Parlement, dans la mise en place du gouvernement, au Conseil de Gouvernement, dans « l’affaire des anciens militaires », il a montré qu’il est capable d’innover, de transparence et de décisions pas forcément populaires. C’est un homme de négociation et de poigne. Sera-t-il ce « sauveur » en politique qui conduit Haïti avec la complicité du Président vers les résultats espérés ? De toute manière, s’ils ont réussi en affaires et pourquoi pas en politique en Haïti ? Et notre chère Haïti en sortira gagnante ! « Reve non, ou bliye ke Ayiti se tè glise ! Alos Clinton case dan’l, se ti banben sa yo ki ta reyisi ? Continye fe bel analyz», m’a lancé avec pessimisme mon ami de la fameuse formule du « ¼ Premier Ministre », « Haïti à l’heure de vérité », avril 2012 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/04/haiti-lheure-de-verite.html).
 « En tout cas, mon cher ami, jusqu’à présent, mes analyses tiennent plus ou moins bien la route » lui ai-je lancé plus pour m’inciter à continuer que d’essayer de le convaincre. « Relis mes articles de Mars 2011 à aujourd’hui sur mon blog : www.jrjean-noel.blogspot.com et tu comprendras pourquoi je continue de rêver. » Ai-je conclu soulagé, plus optimiste et positif que jamais ! 

lundi 30 avril 2012

HAITI A L’HEURE DE VERITE



HAITI A L’HEURE DE VERITE
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
29 AVRIL 2012

Aujourd’hui, les ministères de l’agriculture et des affaires sociales ont lancé les festivités du 1er Mai 2012 sur le campus de Damien. C’est l’occasion de saluer la grande famille de Damien qui profite de l’occasion pour se ressourcer durant ces trois jours. En fonction de tous ces efforts déployés pour décorer magnifiquement la cour de Damien, lieu central de cette grande fête du travail et de l’agriculture, la fête s’annonce déjà belle avec cette foire agro- industrielle et artisanale doublée de l’animation musicale de «  Boukman Experyans ». Durant ces trois jours de festivités, Haïti vivra au rythme de l’agriculture et du travail. Les Directions départementales du ministère participent aussi aux festivités dans leur aire d’intervention  respective.


L'espoir: campagne de Printemps, dossier d'emplois et "vivre ensemble"
Nous sommes en pleine campagne de Printemps qui fournit annuellement 60% de la production agricole  du pays. Les abondantes pluies d'avril causent des dégâts importants au niveau de Port-au-Prince et autres grandes villes mais  permettent d’augurer des résultats plus qu’acceptables au niveau de la production agricole  malgré des semences non appropriées. Dans le cadre d'ABA GRANGOU, le  ministère   de l'agriculture a produit un dossier  de plus de 20 M USD susceptible de générer près de 130000 Personnes-Mois (P-M) de travail, s’il est mis  en œuvre au niveau des dix (10) départements. Haïti devrait  donc s’estimer heureuse et vivre avec beaucoup d’espoir durant cette période pré-cyclonique. 


En outre,  avec un Premier Ministre ratifié à moitié qui a de forte chance de l’être entièrement sous peu et un Président convalescent qui  « a frôlé la mort » et qui est prêt « à retrousser ses manches » pour se remettre au travail sur la terre natale en commençant par la commémoration de  la première année de sa prise de pouvoir le 14 mai prochain, l'espoir devrait nous rendre optimistes et positifs. Enfin, cette interview de Martelly qui rassure devrait nous convaincre du demarrage prochain de ce "vivre ensemble".

L’interview du Président
En effet, le Président a donné, le jeudi 26 avril 2012, une longue interview à Alex St Surin de Radio MEGA basée à Miami et relayée, pour la circonstance, par près d’une cinquantaine de radios à travers Haïti et qui est passée par la suite sur les chaines de télévision en Haïti. Il  a fait un bilan positif de sa première année de gestion et a reconnu avoir beaucoup appris et s’est grandement assagi par rapport à son rôle de Président, Chef de l’Exécutif, en ce sens qu’il ne peut agir seul sans les autres pouvoirs, en particulier le Parlement, comme il le croyait auparavant. En d’autres termes, certaines erreurs commises ne se renouvelleraient plus. C’est tout au moins ma lecture de cette interview empreinte d’une grande sincérité.

Regardons ensemble ce qui s’est passé au cours de ce mois d’avril 2012.

La mort d'un jeune policier
La situation d’insécurité qui prévalait à la fin du mois dernier et au début du mois d’avril a semblé baisser d’un cran à partir d’une opération coup de poing menée par la police nationale. Il faut noter aussi que le Directeur Général, qui était convalescent, a repris du service. Cela n’a pas empêché la mort par balle d’un jeune policier de 27 ans, qui parait-il, aurait été l’objet de menace de la part d’un Député. Celui-ci a été interrogé par la Justice en présence du Président de la Chambre Basse. En tout cas, la mort de ce jeune policier a valu à notre pays une journée de grève  « très chaude », le lundi 23 avril 2012. Ce qui a considérablement ralenti les activités ce jour-là.

Les « anciens militaires »
La semaine d’avant, les « anciens militaires » qui sont présents actuellement sur l’ensemble du territoire de manière très visible, se sont sentis en droit de pressurer le Parlement. La Chambre des Députés qui devait se pencher sur le dossier du Premier Ministre a du y surseoir momentanément en attendant que la lumière soit faite sur l’attitude de « ces bandes armées ». La convocation des anciens militaires par le Ministère de l’intérieur  pour régler la question d’arriérés de salaires, de fonds de pension de ces derniers a débouché sur la vocifération de certains d’entre eux devant les médias et cette menace d’appliquer « le plan B » que seuls les militaires en ont connaissance jusqu’à présent. Ce qui pourrait être exploité par des loups qui le mettraient sur  le compte des anciens militaires.

La corruption  et la République Dominicaine?
Toutes ces agitations ont été précédées deux semaines plus tôt de cette « révélation de corruption » venant de la République voisine avec l’implication d’un sénateur dominicain, proche du Président Fernandez, et principal contributeur de son parti, le PLD, qui aurait versé, à travers ses entreprises opérant en Haïti , des fonds à nos deux candidats, Mme Manigat (250,000 USD) et Mr Martelly (2,500,000 USD) lors du second tour des élections haïtiennes et dont une partie versée au Président après sa prise de pouvoir. Ce que les deux ont naturellement nié. Où est la vérité ?

 Cette affaire semble être liée à la campagne électorale qui bat son plein en République Dominicaine dont le Président sortant a jugé bon de décorer le Président Martelly dans le cadre d’une grandiose cérémonie de l’autre coté de l’Ile qui a été interprétée comme un show électoraliste par la partie d’en face. En tout cas, comme par hasard, un colonel dominicain appartenant au camp adverse en République Dominicaine (PRD), est accusé d’être en train de formuler un complot  avec un haïtien contre le Président Martelly. Comme quoi, dirait-on, difficile de savoir la vérité. En période électorale, tout est permis.

Cette affaire a occupé les médias en lieu et place des grands dossiers du pays comme le budget qui attend peut-etre la ratification définitive du Premier Ministre, si ratification il y en aura à 5 mois de la fin de l’exercice fiscal 2011-2012. Ce qui augure un taux de croissance beaucoup plus faible du PIB pour l’exercice en cours. Mais on s’en fiche mis à part le Group Croissance et d’autres fous comme moi qui croient encore dans l’avenir de ce coin de terre.

La semaine de la Finance du Group Croissance
Un succès pour les organisateurs, un autre regard sur le pays. Tout le monde de la finance haïtienne était au rendez-vous. De nouveaux concepts, de nouvelles idées pour les non initiés : « l’insécurité financière » avec la concentration de 87% des disponibilités financières au niveau du Département de l’Ouest, la nécessité de  « l’inclusion financière » pour relancer l’économie et déboucher sur cette croissance durable, cette révolution de croissance. C’a été l’occasion d’honorer deux personnalités importantes de la finance : Mme Gladys Coupet de la Citi Bank et Mr Henry Bazin, ancien ministre de l’économie. Cette 2e édition nous a permis à nous autres de nous évader et de réfléchir sur l’avenir de ce pays bien aimé et tellement mal compris par nos politiques qui préfèrent se battre pour en avoir la jouissance et non pour son développement. Il ne faut pas non plus mettre tous nos politiques dans le même panier. C’est peut-être la faute du système mis en place en 1806 et qui se renouvelle en accentuant son coté exclusiviste, exclusion par rapport à nos ruraux, exclusion financière (13%) et autres (services, emplois)  par rapport à nos villes de province,   et exclusion par rapport à notre diaspora.

La semaine de la Diaspora
La semaine de la diaspora a été l’occasion de nous retrouver, les haïtiens de l’intérieur et les représentants de la diaspora, notre principal bailleur de fonds avec plus de 1.5 Mrds USD l’an, le principal responsable de notre survie. Economie oui, politique non, ou tout au moins, très partiellement. A quand la participation à la vie politique du pays sans restriction aucune de ce réservoir de compétences, de connaissances ? Il faudrait y penser sérieusement si on veut sortir de ce sous-développement chronique et contempler cette révolution de croissance avec une répartition equitable de ses fruits. Pour cela, il nous faudrait de la stabilité politique avec des gouvernements qui arrivent à travailler en paix sans la peur d’un renvoi par le Président ou par le Parlement.

L’absence d’un gouvernement
En l’absence du Président qui est revenu juste pour rencontrer le  Président Mexicain en visite officielle  en Haïti et contraint de repartir pour se faire soigner en urgence aux USA, Haïti a souffert de l’absence d’un gouvernement. La tentative du Premier Ministre démissionnaire de faire sentir sa présence lorsque les policiers fâchés de l’assassinat de l’un d’entre eux  et qui voulaient se venger sur le Député rendu « responsable » de cet acte odieux, n’a pas été bien vue. Au 6e Sommet des Chefs d’Etat des  Amériques en Colombie, Haïti n’a été représentée que par  son ministre des affaires étrangères démissionnaire et moitié Premier Ministre. C’est notre vérité et nous la trouvons normale. Même si nous savons pertinemment  que,  sans gouvernement, aucun bailleur ne s’aventure à honorer ses promesses et que sans budget le pays ne fait que naviguer sans boussole.

¼ de Premier Ministre
C’est pourquoi nous utilisons un prêt comme PETROCARIBE pour des dépenses courantes et non pour des investissements sérieux et rentables. Par exemple, nous disons vouloir faire de l’agriculture notre principal pilier de croissance. Qu’avons-nous fait pour cela ? Rien. Pas même le vote des 10% du budget national souhaités. La loi budgétaire n’est pas encore votée à cause essentiellement de la démission du Premier Ministre et à cause de la lenteur de ratification du nouveau Premier Ministre, en la personne de Laurent Salvador LAMOTHE, notre moitié Premier Ministre à date. Un ami a plaisanté en parlant de notre « 1/3 PM ». Il est devenu très sérieux en m’expliquant, non seulement, il doit passer l’étape de la Chambre basse et aussi celle  de l’énoncé de sa politique générale devant les deux chambres, séparément s’il vous plait. « Je devrais parler de notre ¼ PM par rapport à ce qui reste du processus de ratification » a-t’il conclu le plus sérieusement du monde. En y réfléchissant bien, cela nous ramenera au-delà de 8 mai 2012, date de départ des « dinosaures du Sénat ».  Ce qui pourrait perturber le processus.Voilà la vérité, notre vérité.

L’heure de vérité
 Pour réaliser le programme 4 E du Président Martelly, le PM Conille avait présenté une politique globale de 15 Mrds d’USD sur 5 ans. Il n’avait pas eu le temps de faire adopter son budget d’approximativement de 3 Mrds d’USD pour l’exercice en cours, et le secteur agricole n’a pas eu les 10% souhaités (300 M USD) de ce budget pour favoriser l’atteinte de cet objectif global de 7.8% de croissance. Avec la ratification de Mr LAMOTHE, si ratification il y en aura, il nous faudrait revoir le budget et le ratifier avec 7 mois de retard. Les résultats seront forcément en deçà des prévisions. Nous sommes donc à l’heure de vérité. Continuons-nous à nous enfoncer ou faisons-nous ce consensus minimum autour de LAMOTHE ? Al chita avek analyz bidon’w yo. Vye neg Martelly. Nap fout continye pi red ! Quelle tristesse ! C’est notre vérité ! Nous sommes en plein là dedans ! Singulier petit pays !  

jeudi 29 mars 2012

HAITI: EN ATTENTE DU VERDICT DU PARLEMENT, DES INTERROGATIONS SANS REPONSES POU LE SAUVEUR LAMOTHE?


HAITI: EN ATTENTE DU VERDICT DU PARLEMENT,  DES INTERROGATIONS SANS REPONSES POU LE SAUVEUR LAMOTHE?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
29 MARS 2012

C’est le 25e anniversaire de la Constitution aujourd’hui. Ce jour-là, on avait tellement d’espoir ! On était tellement content ! 25 ans plus tard, quel désenchantement! La constitution amendée sera-t-elle publiée ? Et puis, publiée ou pas, qu’est-ce qu'on en gagnerait ? « Constitusyon se papye, bayonet se fè ». On continuerait à la violer, à en abuser comme notre chère Haïti ? Où est donc passé mon optimisme proverbial ? En tout cas, bonne fête à notre Constitution ! Voyons ce qui s’est passé durant ce mois.

Depuis l’annonce de la démission du Dr CONILLE comme Premier Ministre, le pays fonctionne au ralenti. Le Président MARTELLY a désigné un nouveau Premier Ministre en la personne de Mr Laurent Salvador LAMOTHE, qui a déjà déposé ses pièces par devant la commission sénatoriale créée à cet effet. Mr  LAMOTHE, ami et associé du Président, vu l’aversion de certains parlementaires vis-à-vis du Président, et cette grande solidarité constatée au sein du Parlement  dans son duel avec l’Exécutif, en particulier avec le Président, quel sera le sort de LAMOTHE ? Combien de temps cela va durer avant le verdict du Parlement ? Après les fêtes de Pâques ? « Après le départ des dinosaures du Parlement en mai 2012 » ? Pour répéter Daly VALET  et Valéry NUMA de Radio Vision 2000. Et avec «  le départ des dinosaures », la majorité changera de camp. LAMOTHE ne subira-t-il pas le sort de ROUZIER et de GOUSSE ? En tout cas, Mr CONILLE, lui, il en marre de liquider les affaires courantes. Il en aurait fait part au Président du Sénat. Que faire en de pareil cas ? Agir comme le Président PREVAL durant son premier mandat après la démission du Premier  Ministre, R. SMART et sa cessation de liquider les affaires courantes ? C’est à devenir fou ! Quel singulier petit pays !!! Continuons.

Parallèlement à tout ce cirque, le pays périclite au grand dam de la majorité silencieuse qui se terre dès 7 h du soir avec le changement d’heure qui revient avec le Président MARTELLY. Serge Beaulieu protesterait contre ce sacrilège de changer « l’heure nationale ». Laissons Serge dans sa tombe. Il est certainement mieux que nous là où il est !

 Toujours est-il que le Président a soumis ses passeports à la Commission Sénatoriale sur la double nationalité par l’intermédiaire du groupe interreligieux «  Religion pour la paix » après « un show médiatique » au Palais National. Selon l’ambassadeur américain présent à ce show, le Président MARTELLY n’est pas américain. Le doute sur la nationalité du Président, tout au moins sur sa nationalité américaine, est donc levé? Aussitôt, le principal adversaire du Président saute  sur l’occasion pour accuser le Président de frauder car sur sa carte de résidence il se prénomme « Michael » et non  Joseph Michel. Si fraude il y avait, cette fraude concernerait-elle Haïti ou les USA ? Combien de temps va encore durer cette affaire ? Que faudra-il faire pour l’évacuer définitivement ?

 Au niveau de la Chambre basse, c’est le rapport mitigé sur « l’affaire Bélisaire » qui met en exergue la responsabilité du Président dans l’arrestation du Député. Mais  la Chambre basse « renonce, au nom de la Nation, à enclencher la procédure de destitution du Président Michel MARTELLY », tout en se réservant «  le droit de prendre telle mesure que de droit en temps opportun ». La menace de destitution est donc différée. Pour combien de temps ? Mr BELISAIRE est revenu à la charge en accusant le Président de se prénommer «  Olivier » et qu’il irait jusqu’à la  destitution du Président  pour fraude du fait d’avoir utilisé aux USA le prénom d’Olivier. Il détiendrait des « preuves irréfutables » comme l’autre. Là encore au cas cela se révèlerait vrai, est-ce à la Chambre des députés de statuer sur cette fraude qui concernerait au premier chef les USA ? A notre connaissance, c’est Joseph Michel qui est président et non Olivier. Que faire ?

Au niveau du Pays, en attente de son nouveau Premier Ministre, c’est la remontée de l’insécurité ; c’est l’ « ancienne armée d’Haïti » qui fait les siennes en paradant dans les rues et en occupant les locaux publics, en particulier dans le Nord du Pays là où l’Etat concentre ses investissements (environs 500 M USD), une zone qui aurait dû être sécurisée. Qui a donc intérêt à montrer que cette zone prioritaire en termes d’investissements n’est  pas sure ?  Alors, quelles sont les mesures appropriées à arrêter pour adresser ce problème d’insécurité ? Comment mieux utiliser la MINUSTAH et la Police Nationale pour faire face à l’insécurité même en période de crise ? Encore que démission ou pas du souffrant Chef de la Police avant la fin de son mandat en août 2012 ? Août c’est demain, pourquoi vouloir une démission de ce Monsieur maintenant ? Quelle est l’économie d’une telle démission ? Que de mauvais signaux adressés aux méchants loups !

C’est aussi l’arrivée des premières pluies avec les dégâts que l’on sait. La saison pluvieuse arrive plus tôt que prévu. Est-ce le phénomène « El Nino » comme l’a annoncé la CNSA ? En tout cas, le ministère de l’agriculture en a profité pour commémorer avec ses partenaires « la journée mondiale de l’eau » sous le thème : « l’eau et la sécurité alimentaire »,  et pour lancer la campagne de Printemps, 825 M GHT selon la CNSA, avec  la probabilité d’une bonne réussite vu les conditions climatiques favorables qui pourraient provoquer des pluies abondantes très bonnes pour l’agriculture pluviale de loin la plus importante en Haïti, mais aussi avec des risques d’inondations en aval au niveau des périmètres irrigués, des terres agricoles, des villes et villages à cause de la vulnérabilité du pays liée à la dégradation des bassins versants. Haïti, pays de paradoxes !

Au cours de cette campagne de printemps, le ministère de l’agriculture avait préparé un programme spécial pour l’augmentation de la production de maïs avec des investissements importants. A ce qu’il parait, les fonds espérés n’ont pas été mis à disposition, le projet WINNER et la FAO qui  investissent beaucoup dans cette campagne de maïs (environ 20,000 ha emblavés en bonnes semences de maïs) avec l’aval du ministère de l’agriculture, permettront-ils au pays de garantir une production  de 60 à 70,000 TM en plus de la production paysanne qui se fait à base de grains comme semences? Le programme ABA GRANGOU permettra-t-il d’avoir accès à des financements pour ces genres de programmes qui devraient marcher de paire avec les campagnes agricoles ? Ne serait-il pas bon désormais d’exiger que les agences de coopération, les projets/programmes agricoles financés par la communauté internationale, les ONGs contribuent à la réussite de ces campagnes agricoles et qu’ils en tiennent compte dans leurs programmes annuels ?

C’est l’amplification des répliques du tremblement de terre du 12 janvier 2010, et de petits séismes inférieurs à 5. Donc, il y a risques sismiques et conséquemment de tsunamis qui pourraient atteindre des vitesses de 280 Km/h et des hauteurs d’eau de 3 à 5 m dépendant de la magnitude des séismes les provoquant. Heureusement il y a une prise de conscience au niveau de la population et, en principe, au niveau de l’Etat. Mais cette prise de conscience est-elle suffisamment forte pour conduire à l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques y relatives ?

La Quinzaine de la Francophonie a été un succès. Une fois de plus, la culture haïtienne a montré sa force. Franck Etienne, ce vieillard qui chante, qui danse, qui débite sa poésie dans une langue propre à lui, est à lui seul tout un pays, toute une culture. Alors pourquoi ne pas baser notre développement sur notre culture, Haïti l’exception culturelle de la Caraïbe ?

Durant la Semaine de la Diaspora, la culture haïtienne a été à l’honneur. Le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger a fait de son mieux  pour la réussite de ces grandes retrouvailles annuelles. Jimmy Jean-Louis, le grand acteur haïtien qui triomphe sur la scène internationale et particulièrement dans le film Toussaint Louverture, était de la partie. Il y a de quoi en être fier. Revivre cette tranche d’histoire à travers le film, quel régal !!! Nos politiciens actuels sont-ils trop petits pour atteindre la dimension de Toussaint ? Ont-ils cette ambition de marquer leur temps, ne serait-ce qu’un tout petit peu ? Si c’en avait-été le cas, ils se seraient comportés autrement vis-à-vis de ce coin de terre, en lui témoignant un amour indéfectible jusqu’au sacrifice  dans la dignité et malgré la privation. C’est cela, l’haïtien profond, le vrai qui sommeille en chacun de nous, qui pense pays et non clan. Surpassons-nous, prenons de la dimension pour mieux gérer cet héritage légué par Toussaint, Dessalines, Christophe et Pétion. Pourquoi ne pas passer ce film sur toutes les chaines de télévision en même temps et aux mêmes heures pour toucher les fibres au tréfonds de chacun de nous ? MM le Président, les Membres du Gouvernement démissionnaire, les Membres du Parlement et les Membre du Corps Judiciaire, ne pouvez-vous pas vous mettre d’accord sur ce minimum en attendant le grand consensus national prôné par l’autre et rêvé par tous ?

Voilà des interrogations qui nous interpellent tous, en particulier, nos gouvernants, et spécifiquement M. LAMOTHE Laurent Salvador, ce jeune de 39 ans au prénom prédestiné (Sauveur en francais), soit seulement 6 ans de plus que Jésus Christ 33 ans, ce Sauveur, ce révolutionnaire que nous avons sacrifié il y exactement 2012 années, 21 ans de moins que Toussaint Louverture (60 ans) qui s’est sacrifié il y a exactement 209 ans en espérant que les racines de l’arbre de la liberté des noirs allaient favoriser la récolte des fruits de l’Indépendance de cet Etat Nègre en 1804 avec Dessalines (48 ans), et 9 ans de moins que ce Grand Général qui a humilié la plus grande armée de l’époque, l’armée française, et que nous avons sacrifié il y a environ 206 ans. Consentirions-nous à nous regrouper autour de ce jeune Homme sans partisannerie pour en faire notre prochain Premier Ministre dans le cadre d’un autre consensus minimum pour répondre à ces interrogations et autres qui sont fondamentales pour la relance de l’économie haïtienne et sauver notre Haïti Chérie ? S’il arrive à se surpasser pour se positionner en Homme d’Etat et non en homme de clan, deviendra-t-il peut-être le "Sauveur d’Haïti" ? Que d’interrogations pour en arriver là !

lundi 27 février 2012

HAITI : DEMISSION DU PM CONILLE, BELLES LEÇONS DU PARLEMENT ?



HAITI : DEMISSION DU PM CONILLE, BELLES LEÇONS DU PARLEMENT ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
27 FEVRIER 2012

Que Dieu protège Haïti !” écrivent les Présidents du Senat et de la Chambre des députés dans leur « Appel à la Nation » après la démission de Garry Conille, l’ex-Premier Ministre Haïtien. Ce texte est publié dans Le Nouvelliste sous le titre évocateur : « Pour l’obéissance aux lois de la cité et le respect de l’ordre constitutionnel, légal et démocratique. »
Après avoir évoqué l’histoire pour  rappeler comment la citoyenneté de la cité grecque a été élevée «à la dimension d'un sacerdoce », les deux responsables, co-dépositaires de la souveraineté nationale, se sont posé ces questions : « Qui aujourd'hui refuse de se soumettre à l'ordre démocratique ? Qui sont ceux qui font souffler un vent de fronde au sommet de l'État ? ». C’est clair et net. L’Exécutif, qui s’est donné en spectacle depuis « l’affaire Bélisaire » jusqu’à la démission de Conille, en passant par l’incident chez le Premier Ministre, vient de permettre au Parlement de marquer de nouveaux points dans sa bataille contre la Présidence depuis la prise du pouvoir par le Président Martelly, le 14 mai 2011.
Plus loin, dans leur appel à la nation, les deux signataires visent haut et fort et le font savoir au Président de la République avec un « p » minuscule, en sollicitant le concours de tout le monde, en particulier ceux-là qui ont fait 1990 :
« NATION HAÏTIENNE, CONCITOYENNES ET CONCITOYENS, c'est pour nous, leaders du Parlement, un devoir sacré et un honneur particulier d'affirmer à la face du monde que vous êtes une entité emblématique chargée d'histoires.-Vous étiez debout en 1804, en 1934, en 1986 et en 1990. - Soyez debout aujourd'hui pour le respect du préambule de la Constitution de 1987 et le respect des lois votées par le Parlement!-Soyez debout pour appeler le président de la République au respect de son serment d'observer et de faire observer fidèlement la Constitution et les lois de la République! »
Enfin de compte, le Président est rendu responsable du non respect des délais électoraux et est présenté comme un danger pour la démocratie :
« Soyez debout pour sauvegarder les acquis démocratiques, en exigeant des élections libres, honnêtes et démocratiques dans les délais prescrits par la loi et la Constitution. »
Belles leçons à la Présidence, au Président et à l’Exécutif réduit à une seule tête, alors que  le Parlement s’est arrangé pour garder sa cohérence et a su retourner intelligemment la situation en sa faveur en minant avec l’aide de la Presse le peu de popularité que le Président dispose et qu’il n’a pas su gérer. Or, après avoir rejeté politiquement les deux premiers « Premiers Ministres présentés par le Président, tout le monde regardait le Parlement avec suspicion, commençait à parler de méchanceté, d’esprit de groupe, d’intérêts mesquins, de vagabondage et de sabotage.
La Présidence et le Président n’ont pas su gérer cette situation en leur faveur jusqu’à la ratification de Conille comme Premier Ministre. Cet avantage a été galvaudé par un ensemble de gaffes commises par le Président avec la Presse, le Parlement, et liées à des paroles et actions non conformes à l’image que se font des Haïtiens vis-à-vis de leur  Président de la République. En tout cas, le Président et son équipe sont actuellement dos au mur en dépit de la réussite du Carnaval 2012. Il aurait dû trouver, en Homme d’Etat, une formule pour diriger le pays avec le Premier  Ministre Garry  Conille et ne pas laisser le fossé s’élargir entre lui et son Premier Ministre après l’apparition des premières fissures que le Parlement a su exploiter à fond. N’est-ce pas un parlementaire qui a alerté le Président lors de cette fameuse réunion chez le Premier Ministre ? Ce geste était-il partisan ou faisait-il partie d’un plan machiavélique sachant le coté impulsif et bulldozer du président de la République ?
En tout cas, notre pays rentre,une fois de plus,   dans une période d’incertitude avec la démission de Mr Garry Conille qui pourrait aggraver la situation globale, augmenter l’insécurité, ralentir l’économie, favoriser le "wait and see" de la Communauté internationale et conduire notre pays vers l’abime, avec le gel du budget 2012 en attendant la ratification d'un autre Premier Ministre, ou la reconduction du budget de l'exercice 10-11 dans le cas d'une liquidation trop longue des "affaires courantes" par le PM Conille, compromettant par ainsi les objectifs du budget 2012 et le programme gouvernemental y relatif . Mais d’un autre coté, cette démission pourrait permettre au Président de choisir un de ses hommes s’il arrive à trouver un accord avec le Parlement qui reste le maître du jeu politique depuis l’affaire Bélisaire. Et dans la deuxième hypothèse, on espère que le Président aura appris les leçons du Parlement qui a su rester solidaire avec ses énergumènes les plus irréductibles par le sacro saint esprit de corps, esprit d’équipe, et pour des intérêts mesquins sous couvert d'intérêts nationaux. Belles leçons en vérité du Parlement dans une Haïti de trahison pour des broutilles et individualiste !!!