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dimanche 30 septembre 2012

HAITI: CHERTE DE LA VIE, QUELLES SOLUTIONS ?



HAITI: CHERTE DE LA VIE, QUELLES SOLUTIONS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 SEPTEMBRE 2012

Singulier petit pays ! Depuis le Congrès de l’Arcahaie, le 18 mai 1803, où Dessalines et Pétion se sont mis d’accord pour la lutte en vue de  l’indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804, face à la plus grande puissance coloniale de l’époque, la France,  l’histoire n’a pas rapporté d’autres dates où nous nous sommes mis ensemble pour quelque chose. C’est comme si la leçon fondamentale retenue de ce Congrès est la lutte « contre la puissance française » et non « pour l’indépendance d’Haïti ». En effet, deux ans 10 mois  et 17 jours après l’indépendance, nous nous sommes mis d’accord contre le père de l’indépendance, en tuant l’Empereur Dessalines. Ce « parricide » a ancré  dans notre subconscient, peut-être pour  payer  ce crime expiatoire, la tendance à nous mettre toujours d’accord contre quelque chose ou quelqu’un et jamais pour Haïti. Au lieu de construire, nous nous sommes mis à détruire. Jusqu’à réduire à une peau de chagrin notre espace de vie. Haïti est tellement devenue vulnérable que, eu égard à nos luttes intestines pour le pouvoir politique, la moindre averse se traduit par des inondations et des dizaines de morts. Nos efforts pour nous donner à manger se heurtent aux phénomènes naturels et anthropiques  susceptibles de les anéantir mais aussi et surtout de nous apporter d’autres sources de souffrances.

Cette semaine, à la faveur de la cherté de la vie, un phénomène mondial qui, vu notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur, nous frappe de plein fret, surtout les plus vulnérables, on dénombre des manifestations au Cap, aux Cayes et à Port-au-Prince contre la vie chère, et de plus en plus contre le Président Martelly. La ville des Gonaïves, baromètre politique depuis 1985, s’est prononcée pour le Président Martelly, pendant combien de temps encore ? D’un phénomène économique sur lequel on aurait dû se mettre d’accord consensuellement pour trouver des solutions de court, moyen et long termes pour notre pays exsangue, on l’a transposé sur le plan politique pour mieux nous antagoniser et régler nos comptes politiques avec le pouvoir en place.  Alors, la cherté de la vie en Haïti, quelles solutions ? Techniques ou politiques ?

Les racines de la vie chère en Haïti en 2012

La situation de la vie chère n’est pas particulière à Haïti. Cette sécheresse qui a touché les grands pays producteurs de céréale comme les USA, la Russie, a permis d’augurer cette situation de vie chère. Certes, la situation n’est pas comparable à 2008. En 2008, la tonne de riz sur le marché international était autour de 1000 USD, actuellement elle est autour de 500 USD. Le baril de carburant est loin d’être comparable à 2008. Les émeutes de 2008 se sont produites au Printemps à partir d’une exploitation politique de la situation  de l’époque : http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/haiti-08-vie-chere-causes-consequences.html. En ce mois de septembre 2012, on vit une période post sécheresse et post cyclone Isaac. On estime à plus de 40% les pertes de production liées à la sécheresse. Les pertes réelles liées au passage d’Isaac sont de 160 M USD (CNSA). Il en résulte, en Haïti, une augmentation des prix  de 48.5% des produits stratégiques (riz, maïs, pois, farine de blé) de septembre 2011 à septembre 2012 (CNSA).

Les outils à disposition actuellement

En référence au lien internet plus haut, nous avons analysé, en 2008, le phénomène de la vie chère tant sur le plan conjoncturel, qui est un peu différent maintenant, que sur le plan structurel, qui reste fondamentalement le même, mais qui est mieux cerné maintenant et qui dispose d’outils de réponse. Ces outils, même appliqués entièrement, ne pourront donner leur pleine mesure que sur le long terme (horizon 2025). Actuellement, Haïti dispose  de toute une batterie de réponses, le plan d’action pour le relèvement et le développement national (PARDN 2010-2032), le Plan Stratégique de développement d’Haïti (PSDH non encore validé), le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN 2010-2025), la politique de développement agricole (PDA 2010-2025), le plan national d’investissement agricole (PNIA 2010-2016), le Plan Directeur de vulgarisation agricole (PDVA 2010-2016), le programme de développement agricole du gouvernement actuel basé en grande partie sur le PNIA, le programme de réponse post sécheresse et post cyclone Isaac de 1.87 Mrds HTG (Sept 2012-Février 2013) actuellement en application.

La situation de la sécurité alimentaire d’Haïti et quelles solutions immédiates ?

En outre, en 2011 selon la CNSA, Haïti ne produit  que 50% de ses besoins alimentaires, reçoit 4% d'aide alimentaire et importe, par l'intermédiaire des commerçants, 46% de ses besoins pour être en équilibre alimentaire. Pour agir immédiatement sur la situation actuelle, il a fallu envisager une approche de subvention comme pour le carburant et comme, récemment, pour l'engrais. En clair, l'Etat subventionne et fixe les prix des produits stratégiques sur tout le territoire, ne serait-ce que pour un temps limite? Combien de temps? Combien d'argent ? Et ou trouver cet argent?

En tout cas, c’est cette solution qui est actuellement en application accouplée au programme post sécheresse/cyclone Isaac : http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/09/haiti-savanne-dianee-et-isaac-de.htm. L’Etat a décidé de subventionner un ensemble de produits stratégiques (riz, maïs, pois, huile, etc.).  La solution subvention ne peut être que provisoire car l'Etat d'Haïti, contrairement aux grands pays industrialisés et grands producteurs de denrées alimentaires, n'a pas les moyens d'une subvention permanente du secteur agricole. Nos amis n'accepteraient jamais de financer la subvention du secteur agricole haïtien. Le programme post sécheresse/cyclone ne reçoit qu’une partie des financements nécessaires de l’Etat d’Haïti. Il faudrait trouver le GAP du coté de la communauté internationale. Ce qui nécessiterait des négociations dans une ambiance non surchauffée. Or la situation politique qui se développe actuellement ne permet pas d’avoir une ambiance sereine propre aux négociations. Au contraire ! Donc si le Gouvernement ne trouve pas de moyens propres et quelques dons sans trop grandes conditionnalités de la communauté internationale, la situation aura de préférence tendance à s’empirer.

Les solutions à moyen et long termes

De plus, il faudrait envisager, à coté de ces solutions de court terme, des actions de long terme contenues dans le plan national de sécurité alimentaire, le plan national d'investissement agricole, le programme agricole du GOH actuelPour arriver à avoir des réponses durables à la vie chère, Haïti a tiré les leçons des émeutes de la  faim de 2008. Malheureusement, tous les GOH, mis à part l'exercice 2008-2009 à partir des apports extrabudgétaires avec des résultats que l’on sait : http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/12/haitibilan-2009-du-secteur-agricole-un.html, n'ont pas su doter le secteur de 10% du budget national pour favoriser la relance de l'économie haïtienne. C'est un secteur porteur utilisé au niveau du discours et négligé dans la réalité des faits. D'ou notre situation actuelle de vie chère. Pour la changer définitivement, il faut prendre des mesures appropriées de court, moyen et long termes. Or ces solutions existent heureusement.  Donc il nous faudrait tout simplement nous donner les moyens financiers de notre politique en la matière. En avons-nous la volonté? Préférerions-nous des solutions de chambardements politiques comme en 2004 ou comme en 2008 ?

Les solutions politiques

En 2004, l’année de nos 200 ans d’indépendance, nous nous sommes mis d’accord pour renvoyer le Président Aristide. Car nous croyions dur comme fer que son depart était la solution à nos problèmes. Il est effectivement parti pour revenir 7 ans plus tard nous retrouver dans une situation encore plus alarmante. C’était la même chose en 2008. Haïti a été le seul pays à renvoyer son gouvernement en la personne de M. ALEXIS pour cause de cherté de la vie. En réalité, le renvoi de M. ALEXIS a été fondamentalement politique. Dans les deux cas cités, au lieu de trouver un consensus politique pour avancer, nous avons choisi de chambarder politiquement pour reculer. Notre économie ressemble à celle d’une « économie en guerre », et nous nous foutons pas mal de caracoler en queue du classement mondial en tout. On dirait même que nous en sommes fiers ! C’est toujours l’autre, le responsable!

C’est en fonction de ces expériences vécues, profitables plus à des clans politiques qu’au pays, que j’avais prévu qu’il pourrait y avoir une exploitation politique de la situation post sécheresse et post cyclonique. Cette exploitation politique pourrait être liées à certaines mesures administratives arrêtées par le GOH à l’encontre de ses alliés naturels, ou, tout  au plus, certains d’entre eux. En tout cas, certains membres du Parlement, adversaires politiques du Président Martelly, s’en donneraient à cœur joie  et s’en donnent effectivement (Ramasse de Radio Caraïbes du 29 Sepembre 2012). Il en est de même au niveau de l’opposition politique, les alliances politiques commencent à se dessiner. Comme en de pareilles circonstances, les facteurs combinés conduisent toujours à une augmentation du taux d’insécurité. Ça y est. On est en plein là-dedans, au point que nos amis  des USA, du Canada et de la France ont jugé bon de mettre en garde leurs ressortissants à ne pas faire le voyage en Haïti, si ce n’est strictement nécessaire et d’éviter certaines zones pour ceux-là qui sont sur place. Ce qui complique la tache de l’actuelle administration (open for business) qui fait du tourisme un des piliers de son programme.

La mise à pied du pouvoir exécutif actuel ?

Pour certains parlementaires, partis politiques et personnalités politiques, le départ de l’actuel exécutif est la principale réponse à la cherté de la vie. D’autres, en sourdine, pensent qu’il serait bon que le Président parte en laissant le champ libre au Premier Ministre (diviser pour régner) ou l’inverse (probable position des gens au sein du pouvoir actuel (?), Ex : le cas du PM CONILLE). Or, tous, nous savons que la cherté de la vie a tres peu à voir avec le pouvoir Martelly. Aucun gouvernement (ni actuel ni nouveau) n’a et n’aura de solutions magiques à la cherté de la vie. C’est un problème complexe qui demande du temps, de l’argent et des politiques publiques pour être solutionné. La mise à pied du pouvoir actuel ne résoudra rien. Au contraire ! A moins que... Bon appétit, Messieurs !

samedi 1 septembre 2012

HAITI: SAVANE DIANE ET ISAAC, DE L’ESPOIR AU DESESPOIR, VIVE LA REVOLUTION TRANQUILLE HAITIENNE




HAITI: SAVANE DIANE ET ISAAC, DE L’ESPOIR AU DESESPOIR, VIVE LA REVOLUTION TRANQUILLE HAITIENNE

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

31 AOUT 2012

 En ce dernier jour du mois d’Août 2012, Haïti se bat pour se relever des effets de la Tempête Isaac. La situation ne s’est pas vraiment améliorée après le Carnaval des fleurs. L’espoir plus que la réalité a allégé le poids des tambours. Pourtant les événements se sont succédé à un rythme effréné et s’enchainent au point de créer un imbroglio inextricable et difficilement analysable. Après un bref rappel de la situation politique, il vous sera présenté deux faits marquants du mois d’Août 2012, l’inauguration du "Village de l'Espoir" de Savane Diane à partir d’une analyse du discours du ministre de l’Agriculture et le passage de la tempête Isaac, ses effets sur le secteur agricole et la réponse envisagée. De l’espoir au désespoir, il nous faut ouvrir la voie pour cette révolution tranquille haïtienne !

 Situation politique actuelle et sa pomme de discorde
Au niveau politique, le Premier Ministre (PM) Lamothe a procédé, avec l’approbation du Président Martelly,  à un remaniement ministériel surprise. Le Ministre de l’Intérieur, Me T. Mayard-Paul, est remplacé par l’ex-ministre des affaires sociales, Mr R. Saint-Cyr, la  ministre du plan et de la coopération externe, Mme Josepha Gauthier, mutée aux affaires sociales, est remplacée par Mr Lamothe qui cumule désormais la fonction de Premier et de ministre du plan comme le PM Bellerive avant lui, le ministre de l’Environnement, Ronald Toussaint, un excellent technicien, est remplacé par Dr Jean Vilmont Hilaire tandis que celui de l’Education nationale, M.Reginald Paul, est remplacé par Vanneur Pierre. Cette situation aurait pu passer inaperçue comme une révolution de palais s'il n' y  avait pas eu la mise à pied du ministre de l’Education Nationale qui venait d’annoncer la réouverture des classes pour septembre 2012 contrairement au PM Lamothe qui maintient cette réouverture pour octobre 2012 comme l’année dernière , et surtout la révocation du « minis pep la », le « tout puissant » ministre de l’Intérieur, Me Thierry Mayard-Paul. Il y a eu beaucoup de spéculations et peu d’analyses comme toujours en de pareils cas. Toujours est-il que Me Mayard-Paul a rebondi comme « Conseiller Privé du Président de la République avec rang de ministre ». Je ne sais pas ce que cela veut dire mais en politique cela a une très grande signification.

CEP permanent, pomme de discorde
Après  ce remaniement, Haïti a eu droit à la mise en place d’un Conseil Electoral Permanent de six (6) membres contrairement aux neuf (9) membres prévus par la Constitution. Le Parlement et la classe politique crient au scandale. Le CEP est installé malgré les protestations des uns et des autres. Les arguments pour ou contre fusent de toute part. Les non initiés ont perdu le nord. Entre temps, Mario André Sol, arrivé en fin de mandat, a été remplacé à la tête de la Police Nationale par Godson Aurelus comme Commandant en Chef ratifie  par le Senat le 30 aout 2012. Profitant de cet imbroglio où chacun essaie d’appréhender la conjoncture, les kidnappeurs opèrent au niveau de la plaine du Cul de Sac, à Santo, à Lillavois où une collègue de promotion a été enlevée chez elle, en présence de son mari et dans sa voiture en prime, la nuit du passage de la Tempête Isaac.

Savane Diane (20,000 ha) et le discours « révolutionnaire du Ministre de l’Agriculture »

Avant de m’attarder sur le bilan d’Isaac et les mesures envisagées par le ministère de l’agriculture, je voudrais parler un peu de Savane Diane qui a été l’objet d’un événement majeur pour le secteur agricole. Bernard Ethéart y a consacré un article: «  Le Village de l’Espoir » (Réf. Haïti en Marche #31, 22 Août 2012, http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2012/09/village-de-lespoir.html), et Agr Michel WILLIAM  au moins deux émissions sur Radio Télé Guinen.

Lisons ensemble le discours du ministre Thomas JACQUES de l’agriculture : « La cérémonie du jour peut paraitre tout à fait ordinaire.  D’aucuns peuvent penser qu’il s’agit d’une inauguration de plus.   Il me plait cependant de vous dire que ce que nous lançons aujourd’hui a la prétention  d’inspirer ce que devrait être le modèle organisationnel du milieu rural et le modèle fonctionnel du secteur agricole pour les prochaines années, voire les prochaines décennies ».
Plus loin : « J’aimerais tout d’abord présenter les remerciements du Ministère de l’Agriculture, des Ressources et du Développement Rural à tous ceux qui ont rendu possible le projet que nous sommes en train de lancer.  Car, contrairement à la signification traditionnelle d’une cérémonie d’inauguration, il ne s’agit pas d’un projet qui se termine et qu’on réceptionne, mais d’un projet que nous sommes en train de lancer ».

Après des remerciements au Gouvernement de Taïwan représenté par l’Ambassadeur de Taïwan en Haïti et par la présidente de la Croix-Rouge taïwanaise venue spécialement pour cette inauguration, après des remerciements aux anciens ministres de l’agriculture impliqués dans la conception, la mise en œuvre  et la mise en valeur de Savane Diane, comme Sébastien Hilaire, Philippe Mathieu, Joanas GUE, le Ministre a poursuivi en ces termes : « À l’origine, il s’agissait d’un projet à caractère d’urgence humanitaire visant à relocaliser des personnes victimes du séisme dévastateur du 12 janvier  2010 et qui s’étaient réfugiées dans la région de St-Michel.  Cependant, du 12 janvier 2010 à maintenant, des changements significatifs sont intervenus dans la région et dans le pays qui ont permis de modifier ce projet dans son esprit pour en faire un projet qui se place dans une perspective de développement durable ».

Après avoir expliqué les raisons qui ont porté le gouvernement à apporter ces heureuses modifications au projet de départ comme le retour de la grande majorité des réfugiés à Port-au-Prince, les élections qui ont porté au Pouvoir une nouvelle équipe avec une nouvelle vision pour le secteur agricole et la nécessité de regrouper les paysans les plus pauvres de la Savane pour leur offrir les services de base, le Ministre a enchainé : « Sur la base de ces évènements et, en fonction de la nécessité de faire du secteur agricole un secteur rentable, moderne et durable le MARNDR et la Mairie de St Michel se sont entendus pour intégrer dans le projet les populations les plus vulnérables habitant la Savane Diane, de leur donner accès aux facilités de logements et aux terres agricoles ainsi qu’aux infrastructures sociales disponibles.» Et il a ajouté en créole haïtien pour bien se faire comprendre des paysans : « Gouvènman an désidé poul fini ak késyon peyzan mizérab ki abité nan kay tach, ki paka voyé pitit li lékòl, ki paka gen swen santé, kap travay depil jou jouk li nan nuit ak yon rou, yon manchèt é pafwa ak zong li.

Vilaj ESPWA ap pèmèt nou kaba ak zafè dispèsyon an koté chak fanmi retrouvél sou tèt yon mòn san sèvis de baz.  Lap pèmèt tou nou sòti nan zafè chak moun sou ti moso tè li ap dégajél poukòl goumen ak la nati, sanl pa janm ka amélyoré ni zouti lap utilizé, ni kapital fanmi a.  Sé poutèt sa la Méri ak Ministè Agrikilti désidé ke yo pap bay kay, lékòl, dispansè, tè, etsétéra a chak moun men yap remèt yo bay yon asosyasyon ki rélé Òganizasyon Péyizan Déboché/Savàn Dyàn (OPDSD).  Oganizasyon saa li men ap gen poul siyen yon kontra ak chak fanmi.  Kontra saa ap define nan ki kondisyon fanmi yo ap ka jwi byen say o ke Léta mété a dispozisyon yo “.

En clair, pour ceux qui ne comprennent le créole haïtien, le plus important à retenir c’est que la terre ne va pas être répartie par famille, mais est donnée à l’organisation de paysans qui est mise en place, et chaque famille doit rester solidaire à travers l’organisation, et ne peut procéder à la séparation des terres en cas décès du père. En d’autres termes, la loi de succession à la base du morcellement excessif des terres agricoles en Haïti devra être modifiée. De plus, toutes les mesures adoptées dans le cadre de ce projet qui est «  lancé et non encore achevé » sont, à mon humble avis, une révolution tranquille qui est amorcée en Haïti, tout au moins dans le secteur agricole.

En outre, c’est plus qu’un projet agricole. C’est un projet de développement local impliquant l’Etat central et ses structures déconcentrées (MARNDR, DDA, BAC), les collectivités Territoriales (Mairie de St Michel et CASEC), une organisation de la société civile (OPDSD) et les populations bénéficiaires. Ce sont ces partenaires qui sont les parties prenantes de ce projet ambitieux qui de l’urgence humanitaire est passé au rang de projet de développement avec une première phase réalisée avec le concours financier des taïwanais (200 maisons construites,  500 ha mis en valeur et emblavés en petit mil et en maïs au moment de l’inauguration).

Rôles et responsabilités des parties prenantes :
Selon le ministre de l’agriculture : « Dans ce projet, quatre partenaires sont impliqués : (i) La mairie de St Michel de l’Attalaye, en tant que gouvernement local, gestionnaire prioritaire selon la Constitution de 1987 amendée des terres  de l’État; (ii) Le Ministère de l’Agriculture en tant qu’institution sectorielle dont la mission principale est d’organiser et d’appuyer le développement du secteur agricole, (iii) L’Organisation des Paysans de Débauché/Savane Diane en tant que garante de la participation des bénéficiaires, et (iv) les familles bénéficiaires elles-mêmes ».

La vision du Gouvernement mise en pratique
Le Ministre a dégagé cette vision en ces termes : « Il s’agit donc d’un projet avant-gardiste  qui s’inscrit dans la ligne de la responsabilisation des collectivités territoriales (Mairie et CASEC) et de la fourniture effective de services par les instances déconcentrées (Ministère de l’Agriculture, Ministères de l’Éducation et da la Santé). Le gouvernement Martelly/Lamothe entend faire du village Espoir un modèle qui doit inspirer la restructuration du monde rural et la relance du secteur agricole.

Pour sa part, le MARNDR entend continuer à encadrer les producteurs et à les aider à améliorer leur situation afin de passer le cap d’agriculteurs pour  devenir de véritables entrepreneurs.  Le village doit être à la fois une vitrine et un creuset de formation et de réflexion sur les problématiques du développement local et de la modernisation du secteur agricole.  Une ferme agricole de plus de cinq cent hectares est en cours d’aménagement et d’équipement sur les terres adjacentes au village ».

En conclusion, tout un programme à mettre en œuvre dans ce que j’appelle une révolution tranquille dans le secteur et laissons la parole au Ministre : « La Savane Diane représente, avec le reste du Haut Plateau Central et le Nord-est, l’une des principales réserves foncières du pays.  Le MARNDR entend faire de cette zone un pôle important de croissance agricole.  C’est pourquoi nous avons prévu des investissements importants dans la région au cours des prochaines années. Irrigation, lacs collinaires, arboriculture fruitière, école moyenne d’agriculture, formation d’entrepreneurs agricoles, telles sont quelques actions prévues et articulées autour d’une valorisation du potentiel régional que le ministère compte mettre en œuvre dans le cadre de la relance du secteur agricole ». C’est ambitieux mais c’est à notre portée si les chamailleries politiques et les cyclones ne viennent pas perturber notre chère Haïti. Malheureusement, nous continuons à nous battre politiquement et Isaac est passé par là pour nous rappeler notre fragilité.

Isaac, parlons-en enfin!
Dans la nuit du 24 au 25 août 2012, Haïti a enregistré sa première tempête tropicale de la saison cyclonique 2012 (vent 100km/h). Le ministère de l’agriculture en a fait un bilan partiel : 24 morts, 3 disparus, des pertes de bétail (4297 têtes animaux), des dommages sur 81,250 ha de terres plantées en banane, en fruits et café, en céréales et légumineuses, et 72.5 km de routes rurales. La valeur des pertes non inclus les morts et disparus qui n’ont pas de prix, est de 259, 202,480 dollars américains (Réf.MARNDR/CNSA Aout 2012, Bilan partiel Isaac). Cette valeur correspond aux pertes  d’un seul secteur. Imaginez les pertes pour l’ensemble des secteurs. Ce qui va contribuer à une révision à la baisse  du PIB de 2011-2012 et mettre encore plus en evidence notre niveau de pauvrete.

L’aggravation des effets de la sécheresse
Les effets de la sécheresse qui a affecté la campagne de Printemps avec des pertes de l’ordre de 40% se sont donc aggravés. Le programme de réponse à la sécheresse du ministère de l’agriculture (1.4 Mrds GHT), actuellement en cours d’exécution, nécessite d’être complémenté. Sans quoi, on risque une déperdition à la nouvelle rentrée scolaire d’Octobre 2012, une hypothèque sur la campagne d’Hiver, une anticipation d’une insécurité alimentaire touchant des couches plus ou moins aisées et aggravant la situation des couches vulnérables, une baisse de niveau d’emploi en milieu rural qui pourrait déboucher sur des tensions sociales liées à une appréciation des prix des produits agricoles, une augmentation des importations des produits alimentaires. D’où nécessité d’un programme complémentaire.

Le programme de relèvement post-Sécheresse/cyclone 2012
Le programme complémentaire est « un plan de relance du secteur agricole », selon le mot du Ministre de l’agriculture, Thomas JACQUES. Il vise la recapitalisation des exploitations agricoles en vue de renforcer leurs capacités productives par (i) la réhabilitation des infrastructures productives et l’acquisition des pompes pour l’irrigation de 18000 ha, (ii) la plantation de 10 M d’arbres fruitiers et forestiers, (iii) la mise à disposition des semences aux agriculteurs, (iv) la relance de l’aviculture, la pêche et l’aquaculture, (v) la vaccination de 3.5 M d’animaux (toutes espèces confondues). Ce programme qui sera exécuté conjointement avec la Ministre déléguée aux affaires paysannes, la Ministre Déléguée aux Droits de l’homme et de la lutte contre la pauvreté et le ministère de l’environnement, permettra de produire 36,000 T d’équivalents céréaliers supplémentaires et créera plus de 115,000 emplois durant  les 6 mois d’exécution (Septembre 2012-Février 2013) à travers et particulièrement dans les zones affectées avec accent sur le Sud-est et l’Ouest. Le montant global est de 1.87 Mrds GHT.

Alors, où trouver ce complément d’argent ?
L’Etat Haïtien ne dispose que très peu de fonds propres pour faire face à cette nouvelle catastrophe. Il lui faut coûte que coûte s’appuyer sur la communauté internationale. Selon les informations dignes de foi, l’OEA et les amis d’Haïti se sont réunis à Washington,le 30 aout 12, pour voir comment aider notre pays. La plupart des partenaires pensent qu’il faudrait réallouer des fonds de certains projets de développement en cours à ce programme complémentaire de réponse sans pour autant nuire aux objectifs et résultats prévus dans le cadre de ces projets. Le PNUD avait fait un appel consolidé  qui a du être revu à la baisse autour de 128 M USD (http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/07/haiti-un-peuple-qui-chante-et-qui-dance.html) ; seulement 47 M USD du montant sollicité auraient été reçus. Ce montant est-il déjà dépensé ou engagé ? Y a-t-il possibilité de revoir à la hausse l’appel consolidé du système des Nations Unies après cette catastrophe ? Toujours est-il qu’il est très difficile de mobiliser les fonds frais pour faire face aux effets d’Isaac. Peut-être qu’il faudrait regarder du coté des fonds de PETROCARIBE comme en 2008. Le gouvernement Préval/Pierre-Louis a du se rabattre sur PETROCARIBE pour faire face aux effets des quatre cyclones de 2008 avec des résultats positifs que l’on sait à la fin de l’exercice 2008-2009. (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/12/haitibilan-2009-du-secteur-agricole-un.html). On ne sait pas si les mécanismes qui permettaient au Gouvernement Préval/Pierre-Louis d’actionner ce fonds existent encore. En tout cas, la situation économique du pays en partit déjà. Et si nous n’agissons pas vite, nous risquons de nous retrouver dans une situation inextricable économiquement, socialement et politiquement.

En guise de conclusion
Aux acteurs politiques de trouver un terrain d’entente pour éviter que les prochaines élections  annoncées ne soient pas l’étincelle qui fait exploser le baril de poudre, à la communauté internationale de comprendre cette situation aggravée par les effets néfastes du passage d’Isaac et de nous tendre la main pour nous aider à nous en sortir, à la société civile haïtienne de ne pas continuer à regarder mais de s’impliquer de manière non partisane dans la lutte pour l’émergence de cette nouvelle Haïti rêvée par tous les Haïtiens.

Savane Diane nous indique la voie à suivre pour la mise en route d’une révolution tranquille. C’est un élément, un petit élément d’un vaste ensemble. Pourquoi ne pas trouver les autres éléments pour permettre à l’intelligence collective haïtienne de se manifester dans le cadre d’une grande concertation nationale telle que proposée par la FONHDILAC (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html, VII-B3) et susceptible de nous conduire, à partir de cette révolution tranquille, vers le développement durable comme le Canada, notre grand voisin du Nord, l’a réussi à partir de la révolution tranquille amorcée au Québec? (Réf. http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/revolution-tranquille).

Mon cher ami, ma chère amie, Il faut rêver. Celui qui cesse de rêver est tout simplement en train de mourir! De l’espoir à partir de Savane Diane au désespoir infligé à notre pays par le passage d’Isaac et par la plupart de nos politiciens, il nous faut ouvrir la voie à cette grande concertation nationale pour la mise en branle de cette révolution tranquille haïtienne dont le résultat final sera le développement durable de notre Chère Haïti! Etes-vous prêts ? Il faut commencer dès maintenant, chacun dans son champ d’action avec son intelligence individuelle articulée à l’intelligence collective haïtienne qui ne peut se manifester qu’à l’intérieur des groupes organisés en tant que cerveau collectif en vue du développement intégral des sections communales, des communes, des départements et de notre Haïti, redevenue enfin, « La perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbe » !!!

mardi 31 juillet 2012

HAITI : UN PEUPLE QUI CHANTE ET QUI DANSE A METTRE AU TRAVAIL, SECHERESSE OBLIGE


HAITI : UN PEUPLE QUI  CHANTE ET QUI DANSE A METTRE AU TRAVAIL, SECHERESSE OBLIGE
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET 2012

C’est le carnaval des fleurs 29, 30, 31 juillet 2012, une tradition reprise au Champs de Mars dégagé finalement de ses occupants du séisme du 12 janvier 2010. Pour ce carnaval des fleurs, un succès, Champs de Mars a retrouvé ses couleurs, sa beauté et ce peuple qui se défoule et se divertit en dépit de la sécheresse et de cette chaleur. Au milieu de ces canavaliers, le Président qui  danse, qui s’amuse et qui s’évade aussi. Il y a tellement de problèmes ici, on dirait que notre résilience proverbiale est liée à toute cette culture.

Ce sont les images fantastiques des jeux olympiques de Londres ouverts officiellement par la Reine d’Angleterre le vendredi 27 juillet 2012. Durant une quinzaine de jours, les sports olympiques sont à l’honneur. Haïti y participe. «  L’important c’est de participer », a dit l’autre. Pour la plupart des pays, c’est plus que cela. Prestige oblige, il faut gagner des médailles pour montrer sa supériorité, surtout l’or. C’est donc une affaire de gros sous ! En tout cas, nous, on est rivés à nos petits écrans quand il y a électricité, ou bien on passe la génératrice, ceux qui ont les moyens naturellement.

Haïti, c’est aussi la politique avec les conseils de gouvernement et des ministres en direct (combien de temps encore ?) et  la continuation de la structuration de l’Etat. En effet,  le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) est mis en place. L’Etat de droit est en principe en marche. La publication le mois dernier de la constitution amendée conduit vers la mise en place de certaines institutions nouvelles comme, entre autres, la Cour Constitutionnelle, la mise en place du Conseil Electoral Permanent (CEP) de manière différente par rapport à ce qui avait été prévu en 1987: maintenant ce sont les trois pouvoirs qui décident. Le processus est en cours. L’Exécutif et le Judiciaire ont déjà choisi leurs représentants, le Parlement prend son temps. C’est un processus sensible et controversé. Les accusations de magouilles pleuvent comme toujours en de pareils cas. Elections sénatoriales partielles, municipales et collectivités territoriales obligent, il faut trouver un compromis politique sans compromissions pour garantir de bons résultats électoraux. Difficile mais pas impossible. Il nous faudra prendre de la hauteur. En sommes-nous capables ?

Le budget 2012-2013 est déposé au Parlement à temps (juin 2012). Peut-être la premiere fois ou la 2e fois depuis le gouvernement de transition, si ma mémoire est bonne. En tout cas, le budget rectificatif 2011-2012 est en cours d’exécution. Celui de 2012-2013 suit son cours de ratification au Parlement. Il y a de fortes chances qu’il soit opérationnel le 1er Octobre 2012. Le Gouvernement Martelly-Lamothe démarrerait  avec son premier budget voté à temps. Le plan annuel 2012-2013 du gouvernement devrait être mis en œuvre sans grosses difficultés avec des chances de réussite plus qu’acceptables, à moins que des catastrophes viennent perturber la marche des choses comme cette sécheresse hors du commun. C’est la toile de fond de cet article. Attardons-nous y un peu !

La problématique de la sécheresse
Le jeudi 5 juillet 2012, le Ministre de l’agriculture a souligné, lors du Conseil de Gouvernement, organisé au Cap-Haïtien, que la sécheresse sévit sur la grande majorité des départements du pays et aura une incidence négative sur la récolte de printemps, responsable de 60% de la production annuelle du pays. La commission nationale de la sécurité alimentaire s’est aussitôt mise au travail pour fournir les données nécessaires à la prise de décisions par les autorités du pays, en particulier, le MARNDR et la Présidence, pour faire face à cette situation. Il faut noter que ce même phénomène est observé aux USA compromettant en grande partie la récolte de maïs dans les divers Etats producteurs de cette denrée rentrant dans la consommation de nourriture. Ils l’ont attribué au phénomène du changement climatique. « 55% du territoire américain est déclaré en état de sécheresse sévère. C’est la pire sécheresse qu’ont connu les USA depuis 56 ans ».

Selon les études effectuées par la CNSA, tous les départements sont touchés par ce phénomène de sécheresse, dont les plus touchés sont le Nord-Est, l’Artibonite, l’Ouest, le Sud-Est, et la Grande Anse de « moyennement à sévèrement affectés » tandis que les autres sont touchés de «  faiblement à moyennement affectés » (réf. Carte d’affectation de la sécheresse), surtout le  Centre, les Nippes, le Sud, le Nord et le Nord-Ouest. A bien regarder la carte de sécheresse produite par la CNSA, tous les  départements sont affectés ainsi que les îles adjacentes qui sont sévèrement affectées, sauf l’île de La Tortue qui est moyennement affectée.  

Par analogie, nous pouvons attribuer ce phénomène au changement climatique. De toute manière, quelle que soit l’origine de ce phénomène, on doit y faire face de manière la plus professionnelle que possible. D’autant que la constatation de ce phénomène  aux USA, notre premier partenaire commercial, et dans d’autres pays comme la Russie, grands producteurs de céréales, devrait inciter Haïti à réfléchir sur les conséquence  d’une hausse éventuelle des prix des produits alimentaires sur le plan mondial qui pourrait avoir des répercutions graves sur notre pays. Dans une conjoncture aussi fragile qu’est celle d’Haïti, ces répercutions pourraient être  exploitées à des fins politiciennes avec des conséquences incalculables pour notre fragile économie.  Rappelez-vous les « émeutes de la faim » de 2008. http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/haiti-08-vie-chere-causes-consequences.html.

Selon la CNSA, il y a une possibilité à ce qu’en Août 2012, la pluie recommence à tomber. Dans ce cas précis, selon ce qu’a rapporté Le Nouvelliste : « Si la seconde saison pluvieuse qui débutera en août 2012 offrira des opportunités d'emplois aux pauvres au niveau des montagnes humides dans les plantations des haricots et de tubercules, elle risque  aussi  d'être désastreuse à cause des éventuelles inondations et cyclones. En ce sens, la CNSA tire la sonnette d'alarme sur l'éventualité d'une nouvelle recrudescence de l'épidémie de choléra, comme c'était le cas en 2011, ce qui risque d'affecter des ménages et de mettre durement à l'épreuve les plans de contingence mis en place par la direction de la Protection civile, la Croix-Rouge et leurs partenaires.
Toutefois, « si les pluies s'arrêtent, les pauvres peuvent se trouver dans la précarité dès le mois de septembre dans de nombreuses communes, particulièrement dans le Nord-Ouest et le Nord-Est, où se pratique la culture du maïs », prévient la CNSA. » Réf. Le Nouvelliste, Carl Henry Cadet, Incidence de la sécheresse sur la production agricole, 6 juillet 2012.
Alors quoi faire ?
En mai 2012, la Direction des infrastructures agricoles du ministère de l’agriculture a élaboré pour le compte d’ABA GRANGOU un dossier très sérieux de plus de 20 M USD pour créer des emplois  (130000 P-M) dans le pays à partir des informations fournies par les Directions Départementales agricoles (DDA) (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/04/haiti-lheure-de-verite.html). Durant la même période, il a été entendu que le  MTPTC aurait du produire un dossier du même genre ( ?). Le plan de 4 mois mis en place par le gouvernement a prévu  de faire des interventions à partir de ces dossiers. Il faudrait rapidement penser à la mise en application partielle ou totale de l’ensemble de ces dossiers pour avoir le plus d’impacts possibles. Ces travaux HIMO devraient démarrer et se poursuivre durant cette période de juillet  à octobre 2012, incluant la réouverture des classes en commençant par les départements et/ou communes les plus affectés pour recapitaliser les gens qui sont les plus touchés. Ces travaux devraient continuer jusqu’en février 2013 pour favoriser la soudure entre les différentes campagnes en cours et à venir.  Ce serait l’idéal. Alors que propose le gouvernement, plus particulièrement le MARNDR ?

Plan de réponse à la sécheresse de 2012 du MARNDR
Alors que la sécheresse bat son plein actuellement, les pluies de la période cyclonique et surtout celles de la seconde saison pluvieuse (à partir d’Aout 2012) sont attendues avec grande préoccupation pour tout ce qu’on a évoqué plus haut mais aussi avec impatience pour éviter le pire en matière de sécheresse, l’agriculture haïtienne étant essentiellement pluviale. A travers cette sécheresse se profile une crise alimentaire et agricole caractérisée par un contexte national et international  comme décrit plus haut.

Conséquences significatives attendues de la sécheresse. Les effets pervers de la sécheresse sur la sécurité alimentaire et la production agricole du pays devraient déboucher, selon le ministère de l’agriculture, sur (i)  une baisse de revenus, (ii) une baisse de disponibilité alimentaire, (iii) une baisse de la disponibilité des semences, (iv) une hypothèque des campagnes agricoles d’hiver 2012 et de printemps 2013. Ce qui a conduit à l’adoption des lignes d’actions suivantes.

Les lignes d’actions  retenues et à mettre en œuvre  de juillet à octobre 2012 sont  : (i) les Travaux à Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO) avec la création de 200000 personnes-mois (P-M) de travail pour une valeur de 1.1 Mrds de gourdes ; (ii) la Maitrise et valorisation de l’eau : Réparation et  mise en fonctionnement de pompes d’irrigation et la réparation des ouvrages d’irrigation, plaine des Gonaïves (3000 ha de terre), l’acquisition et la mise en service de motopompes à travers le pays avec une concentration sur le plateau central, les Nippes et le Nord-Ouest ; (iii) le Programme d’amélioration de la sécurité alimentaire : la mise en place de Stocks Stratégiques d’aliments au niveau des zones sensibles, un projet de production de cultures à cycle court : Sorgho à cycle court (développé à Savane Diane), Pois génois ( un mois et demi); Gombo  (en moins de 2 mois), maïs (variété Sweet Corn, récolté en 2 mois) ; (iv) La mise en œuvre d’un programme de distribution de caprins au profit de 10,000 familles paysannes, l’ouverture officielle de cinq nouvelles unités de transformation de lait, le renforcement de la station avicole de Damien et les débuts de travaux pour la mise en place de deux nouvelles stations avicoles (département du Centre et de la Grand ‘Anse). Le financement global de ces activités à travers le Trésor Public et autres partenaires financiers se chiffre à 1.4 Mrds de gourdes.

En guise de conclusion, la situation haïtienne actuelle est moins d’être aussi rose que le carnaval des fleurs le laisse paraître. Si ce plan du MARNDR combiné avec d’autres plans sectoriels, est mis en application, il y a de fortes chances qu’ « aprè dans tambou yo pa twò lou ». Tout est une question de bonne planification et de bonne exécution.  Avec le vote du budget de 2012-2013 et en y  incluant les préoccupations liées à la sécheresse, Haïti pourrait y faire face avec l’appui de ses partenaires de la Communauté Internationale (PNUD : Appel consolidé aide humanitaire 47 M USD en juillet 2012 sur 128 M USD de budget révisé). Le secteur agricole avec un budget global de 400 M USD/an pourrait grandement contribuer à la relance de l’économie haïtienne. Jouet t pou responsab yo !!!

samedi 30 juin 2012

HAITI: RIO+20 - CE SOMMET PLANETAIRE TRES PARTICIPATIF AU RESULTAT FINAL MITIGE AUGURE-T-IL LE RESULTAT DU BRESIL AU MONDIAL DE FOOTBALL 2014?



HAITI: RIO+20 - CE SOMMET PLANETAIRE TRES PARTICIPATIF AU RESULTAT FINAL MITIGE AUGURE-T-IL  LE RESULTAT DU BRESIL AU MONDIAL DE FOOTBALL 2014?

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

LE 30 JUIN 2012

Au cours de ce mois de juin 2012, trois événements majeurs ont marqué notre pays. Ce sont la Coupe d’Europe des nations et la passion soulevée, la publication de la constitution de 1987 amendée et les controverses déchainées, et la participation d’Haïti à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (CDD), plus connue sous le label RIO+20, organisée au Brésil du 13 au 22 Juin 2012, et son résultat final plutôt mitigé. Malgré l’envie d’analyser ces événements de manière imbriquée, articulée et intégrée par rapport au grand Ensemble Haïti, nous nous contenterons de nous attarder sur RIO+20. Veut, veut pas, cette conférence va orienter notre avenir de peuple vers cette « économie verte » à prédominance financière au détriment du capital humain, du capital social, du capital infrastructurel et du capital politique en terme de gouvernance. Cette gouvernance mondiale, ce nouveau cadre international, ce nouvel ordre mondial tourné vers le sauvetage de la planète et attendu désespérément n’est finalement pas issu  de RIO+20. En tout cas, c’était, naïvement  et en fonction de mon coté positif, mon hypothèse de travail avant l’ouverture de la conférence. Cette hypothèse était basée sur le thème de la conférence axé sur l’économie verte et le cadre institutionnel et surtout sur ce fameux slogan de la conférence :The future we want (L’Avenir que nous voulons).

La participation d’Haïti à  la Conférence de Rio
La participation de notre pays s’est faite à plusieurs niveaux, (i) la société civile, (ii) la délégation technique composée de 7 cadres de haut niveau, sélectionnés parmi la vingtaine de cadres qui ont travaillé de novembre 2011 à juin 2012 sur le document de positionnement d’Haïti et le dépliant de sensibilisation, et  (iii) la délégation officielle, forte d’une vingtaine de personnes dont l’épouse du Président, le Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, le Ministre de l’environnement, et conduite par le Président Martelly en personne. La délégation technique est arrivée une semaine avant la délégation officielle pour (i) participer aux derniers rounds de négociation à travers le G77 regroupant les pays moins avancés (PMA), les petits Etats insulaires en développement (PEID)… en face des Etats Unis appuyés par le Canada et l’Australie et de l’Europe, (ii) prendre part à certains de ces 500 événements parallèles organisés par les Etats et les grandes institutions internationales et qui concernent notre pays, (iii) préparer le terrain pour la délégation officielle en planifiant avec l’Ambassade d’Haïti au Brésil les rencontres bilatérales et en élaborant un dossier technique à destination du Président Martelly pour ses prestations à la conférence et en marge de la conférence .
  
La délégation officielle est arrivée une journée avant l’ouverture officielle de la Conférence (20-22 juin). Aussitôt, le Ministre de l’environnement, qui était arrivé quelques jours auparavant et qui a finalisé avec la délégation technique le dossier à soumettre au Président, a travaillé avec ce dernier sur la finalisation de son discours qu’il a prononcé le lendemain de son arrivée au pavillon 5 réservé aux Chefs de délégation. En plus des discussions bilatérales, le Chef de l’Etat a présenté un discours sur l’énergie à l’ouverture d’un side event organisé par l’OIF, l’ACP, où il a exposé la stratégie haïtienne sur la question. Il a donné des interviews et rencontré certains haïtiens et haïtiennes qui travaillent au centre de la Conférence. De son coté, la Première Dame a eu des activités parallèles.

Malgré le manque d’articulation entre la délégation officielle et la délégation technique pallié en quelque sorte par le Ministre de l’environnement, l’équipe haïtienne, pour utiliser un langage footballistique, a fait bonne figure à Rio, même si, à notre avis, il devait y avoir un meilleur équilibre entre la délégation officielle (moins de personnes)  et la délégation technique et plus de séances de travail (entrainement, planification et meilleure compréhension des enjeux de Rio+20), et ce, depuis bien avant le départ d’Haïti de l’équipe haïtienne. Des leçons à mettre en pratique à une prochaine occasion pour une meilleure prestation de notre pays à des événements de même type ! Ce qui nous permettra d’avancer ensemble en pensant Haïti au détriment de nos petites personnes et de mieux profiter de l’Après Rio+20 !

La conférence de Rio+20 s’est achevée sur un document de consensus d’une cinquantaine de pages et de 283 articles et une grandiose cérémonie de clôture organisée , à l’intention de nombreux chefs de délégation, par la Présidente du Brésil, Madame Dilma Rousseff qui en a profité pour en faire le bilan.

Les résultats de Rio+20
RIO+20, c’est la participation massive de représentants des Etats, des membres de la société civile de ces Etats à cette conférence sur le développement durable (CDD) organisée par les Nations Unies avec l’appui du pays hôte, le Brésil, du 13 au 22 juin 2012. Durant  ces dix jours à Rio,  les délégations gouvernementales ont conclu les négociations sur le document final de Rio, intitulé  «L’avenir que nous voulons ». Des représentants de 191 Etats membres de l’ONU et des observateurs, dont 79 Chefs d’Etat ou de gouvernement ont participé à la Partie officielle de la conférence. 44,000 badges d’accréditation ont été émis pour les réunions officielles. A Riocentro, le lieu de la conférence, plus de 500 événements  parallèles ont eu lieu.

Parallèlement  aux événements officiels, environ 3.000 événements non officiels ont été organisés à travers Rio de Janeiro, au Brésil. Les gouvernements et d’autres organisations ont profité de  Rio  pour organiser des Conventions et des forums dans des Pavillons pour présenter  leurs expériences et leurs  meilleures pratiques, tels : le Forum sur la science, la technologie et l’Innovation pour le développement durable, un Sommet des Peuples, le Congrès mondial sur la justice, la gouvernance et la loi pour la durabilité de l'environnement. Des actions spontanées de rue étaient quelques-uns des nombreux événements en relation avec  l’historique  de la ville de Rio de Janeiro 20 ans plus tôt , en en profitant  pour discuter des thèmes de Rio +20 et des défis plus larges pour  la mise en œuvre du développement durable.

Engagements financiers de 513 Mrds USD
Les participants à Rio +20 ont été encouragés à verser des contributions volontaires en termes d’engagements pour les actions d’implémentation des objectifs de la  conférence. Dans cette perspective,  des engagements ont été pris  par les gouvernements, les groupes du secteur privé, de la société civile  et d’autres groupes pour une valeur correspondant à US $ 513 milliards de dollars. Parmi les engagements financiers, la secrétaire d’Etat  américain, Hillary Clinton, Chef de la délégation américaine, a annoncé un partenariat entre les États-Unis et les nations d'Afrique de US $ 20 millions de dollars pour des projets d'énergie propre en Afrique. La présidente du Brésil, Dilma  Rousseff,  a promis US $ 6 de dollars au fonds du PNUE visant les pays en développement, et US $ 10 millions sur les défis du changement climatique en Afrique, les  pays les moins avancés (PMA), et les petits États insulaires en Développement (PEID) dont fait partie Haïti. Un engagement similaire avait été offert au début de la réunion par le Premier ministre chinois, Wen Jiabao. José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne (CE), a annoncé la mobilisation de € 400 millions pour des projets  d’énergie durable.  Koichiro Gemba, ministre des Affaires étrangères du Japon, a annoncé un financement pour un programme de trois ans visant la réduction  des risques et désastres (catastrophes). Et huit banques  multilatérales de développement se sont engagées d'investir US $ 175 milliards au cours des 10 prochaines années pour appuyer la création de systèmes de transport durable.

L’Après RIO+20
L'accord adopté à Rio appelle  l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), à sa prochaine session, (i) à prendre des décisions sur, notamment: la désignation d'un corps pour opérationnaliser durant  les 10 prochaines années, un cadre de programmes sur la consommation durable et la production, la détermination des modalités de la troisième conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, à convoquer en 2014; (ii) identifier le format et l'organisation des aspects du forum de haut niveau, qui consiste à remplacer la Commission du développement durable, le renforcement du Programme Des Nations Unies pour l'environnement (PNUE); (iii) constituer un groupe de travail  chargé d'élaborer des objectifs mondiaux de développement durable (OMDD) à approuver par l'AGNU; (iv) établir un processus de mise en place d’une organisation intergouvernementale sous la supervision de  l'AGNU pour préparer un rapport proposant des options sur une stratégie efficace de financement du développement durable, et (v) envisager une série de recommandations du Secrétaire Général pour un mécanisme de facilitation qui favorise le développement, le transfert et la diffusion de technologies propres écologiquement rationnelles.

En outre, l'Assemblée générale est appelée à prendre une décision  dans les deux ans sur le développement d'un instrument international relatif à  la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) en ce qui concerne la biodiversité marine dans les zones au-delà  de la compétence nationale. De plus, la Commission statistique du système des Nations Unies est appelée à lancer un programme de travail sur des mesures plus larges pour compléter le produit intérieur brut, et est encouragée, le cas échéant, pour soutenir l'industrie, les gouvernements et les parties prenantes intéressés dans l'élaboration de modèles pour  les meilleures pratiques et faciliter l'action pour l'intégration des rapports sur le développement durable. Le document comprend également le texte sur les subventions sur le commerce, la pêche, les combustibles fossiles.

RIO+20, un sommet à forte participation et au résultat mitigé
Alors que beaucoup d’espoir  avait été placé sur Rio +20 pour la relance  de nouveaux processus et modifier de manière significative le cadre international[1], le résultat du document CDD a été beaucoup plus modeste et très en deçà des espérances. Mais tandis que certains ont critiqué le document pour son souci de recherche d’unanimité au détriment d’engagements mondiaux concrets avec de nouvelles orientations tournées hardiment vers la route du développement durable, d’autres se sont concentrés sur les opportunités d’avenir en s’appuyant sur  l'Assemblée Générale et d'autres instances en vue de façonner le vrai héritage de Rio +20.

Dans son discours de clôture de la CDD, le Président  Rousseff du Brésil a également déclaré que Rio +20 a démontré que le multilatéralisme est une voie légitime pour construire des solutions aux problèmes mondiaux. Les négociations sur le texte ont eu lieu au cours des deux dernières années et ont abouti à un document final plus de 200 pages avec des paragraphes en discussion montrant qu’il serait difficile sinon impossible de déboucher sur  un texte de consensus. On avait prévu que les dix jours à Rio seraient remplis de longues nuits et la corde raide qui ont caractérisé les  dernières négociations multilatérales sur l'environnement.  À la fin de la réunion, les délégués du Brésil usant  de  leur  leadership au cours des consultations informelles pré-conférence, au cours de laquelle  l'organisation de pays a élaboré un projet révisé, ont animé trois jours de discussions, ont encouragé les délégués à suggérer des changements dans le projet, et ont facilité l'accord final avant l'ouverture de Rio+20 elle-même. Les délégués à la CDD ont adopté le document final  de Rio+20, le 22 Juin 2012, et la séance  est levée à 20h41. Brésil a reçu beaucoup de louage pour avoir accueilli et mené à bien le Sommet le plus participatif de l’histoire à une conclusion satisfaisante même si les opinions sur le principal résultat politique restent assez mitigées.

Considérations finales

Observation Générale de la délégation haïtienne en ce qui concerne les résultats et les produits de la conférence
La délégation haïtienne accueille favorablement les références qui ont été faites par rapport aux engagements vis-à-vis des Petits Etats Insulaires en Développement et aux Pays Moins Avancés en ce qui concerne la mise en œuvre du Programme d’Action de la Barbade, de la Stratégie de l’Ile Maurice et du Programme d’Action d’Istanbul. Il s’agit d’un bon point pour le gouvernement haïtien compte tenu de son engagement à jeter les bases pour combattre la pauvreté et œuvrer pour le développement durable à travers les 5 E.

La délégation haïtienne apprécie aussi le fait que le document ait permis de déblayer le terrain en matière d’économie verte et de cadre institutionnel pour le développement durable. Cependant l’appréciation générale de la délégation est que la conférence n’a pas abouti à des résultats tangibles auxquels on devrait s’attendre surtout en matière d’engagements financiers formels (ressources nouvelles, additionnelles et prévisibles) puisque ces engagements ne sont pas allés plus loin que  la recommandation d’un processus intergouvernemental à mettre en place pour la mobilisation des ressources.

En clôture de la conférence, (CDD), la présidente du Brésil, Dilma Rousseff , a souligné que Rio +20 a été la plus participative conférence de l’histoire et  était « une expression globale de la démocratie ». Elle en a profité pour inviter ses pairs à la Coupe du Monde de 2014 qui aura lieu au Brésil. Cette conférence mondiale au résultat mitigé augure peut-être le résultat du Brésil au Mondial de football de 2014, surtout avec la présence probable des deux finalistes de la coupe d’Europe 2012, Espagne-Italie (4-0), les deux derniers champions des 2 dernières coupes du monde. « Mauvaise comparaison, la planète terre est dominée financièrement par les USA alors que la planète football est dominée par le Brésil », m’a rappelé un ami, fanatique fou du Brésil, qui croit dur comme fer que ce sera l’occasion pour le Brésil de gagner sa 6e coupe du monde. Une mise en garde tout de même pour les fans du Brésil : 1950.



[1] On s’attendait à l'établissement d'un nouveau Haut Commissaire pour l'avenir Des générations, à la transformation du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) en une institution spécialisée dotée de moyens significatifs de mise en œuvre pour l’atteinte  d'objectifs concrets à partir d’une «feuille de route" pour l'économie verte.

samedi 26 mai 2012

HAITI A L’HEURE DE VERITE 2 : LE STYLE LAMOTHE, ESPOIR OU DESILLUSION?



HAITI A L’HEURE DE VERITE 2 : LE STYLE LAMOTHE, ESPOIR OU DESILLUSION?  
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
26 MAI 2012

Le mois de Mai 2012, c’est l’élection à la présidence de François Hollande comme nouveau Président de la France en lieu et place de Sarkozy. C’est la crise de la dette en Europe : La Grèce, l’Italie, l’Espagne. Les deux grands d’Europe et de la zone Euro (L’Allemagne et la France) sont obligés de trouver un  terrain d’entente pour atténuer  la crise dans la zone EURO. Le G8 s’est réuni dans le fief du Président Obama, à Camp David, suivi du sommet de Chicago sur NATO avec les pays membres de l’Alliance Atlantique. Les grandes questions mondiales, dont la crise de la dette européenne, la question de la sécurité mondiale, le retrait définitif de NATO de l’Afghanistan en 2014, avec des appuis ponctuels aux forces afghanes de sécurité, ont été, entre autres, évoquées. Plus près de nous, là en République Dominicaine, c’est l’élection de Danilo Medina, le poulin de Fernandez qui est élu ce dimanche 20 mai 2012 avec Mme Fernandez comme Vice-Présidente. Contrairement à la France, en République Dominicaine, le pouvoir ne change pas de main. Et Haïti dans tout cela ? Elle sort la tête de l’eau enfin avec la ratification du Premier Lamothe et de son énoncé de politique générale,  et la mise en place de son « gouvernement d’ouverture ». Notre pays est donc à l’heure de vérité 2, avec un budget, un nouveau gouvernement, le second de l’ère Martelly,  et un Premier ministre (PM) avec un nouveau style ? Qui sait ? Voyons voir.

Le vote du Budget avant le vote de l’énoncé de politique générale du PM
Le mandat du Président Martelly vient de franchir sa première année le 14 Mai 2012. Ce même 14 Mai, le processus de ratification de Mr Lamothe comme deuxième Premier Ministre du Président est bouclé avec le vote par la chambre basse de l’énoncé de politique générale du PM. Bien avant la ratification de l’énoncé de politique générale du PM par le Sénat le 8 Mai 2012, date de départ des « dinosaures », le Sénat a voté le 4 Mai 2012, le budget rectificatif 2011-2012 d’environ 3 Mrds d’USD. Il est à remarquer que chronologiquement le vote de budget a précédé celui de la politique générale du PM. Donc, tout au moins, pour cet exercice, le Gouvernement Martelly-Lamothe, n’a d’autre choix que d’évoluer à l’intérieur de la fourchette votée.

L’énoncé est même dans son essence mais différent dans sa manière
En tout cas, l’énoncé de politique générale de Lamothe qui, dans son essence avec son articulation autour des 5 E (Education, Etat de droit, Emploi, Environnement et Energie), n’est pas trop différent de celui de Conille. L’énoncé laisse supposer que le montant de 15 Mrds d’USD, prévus par le Gouvernement Conille dont Lamothe faisait partie comme Ministre des Affaires Etrangères, reste valable pour la mise en œuvre du programme de 5 ans du Président Martelly. Toutefois, l’énoncé s’est fait de manière différente avec l’utilisation de projection Power Point. C’est une première, tout au moins au niveau d’un Premier Ministre Haïtien.

Une architecture gouvernementale différente avec 40% de femme
Le Gouvernement du Premier Ministre Lamothe est aussi différent en termes de choix des personnes et d’architecture gouvernementale. En effet, changer de Ministre de l’Economie et des Finances en même temps que le Ministre de la planification ainsi que le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, c’est quelque chose qui ne s’est pas vu en Haïti depuis plus de 10 ans sous la même présidence. Lamothe a aussi innové en venant avec les Ministres Délégués auprès du Premier Ministre, surtout la Ministre Déléguée contre la pauvreté extrême et aux droits de l’homme, et la Ministre Déléguée aux affaires Paysannes, et  en introduisant 40% de femmes dans le gouvernement dans des domaines clés comme l’économie, la finance et la planification. La Défense est séparée de l’Intérieur et a été confiée à un ancien Président du Parlement, Rodolphe Joasil. La communication est dissociée de la culture : la première est confiée à Ady Jean Gardy et la deuxième à Mario Dupuy. Les deux ministres qui ont organisé la grandiose fête du 1er Mai 2012 ont été remerciés et remplacés. La fête était tellement belle qu’on croyait que ces deux-là allaient garder leur poste. En tout cas, le nouveau Ministre de l’Agriculture semble opter pour la continuité par sa manière d’opérer. En sera-t-il de même pour tous les autres nouveaux ministres ? Rien n’est moins sûr en Haïti, pays de rupture, de crise permanente et de discontinuité de l’Etat! Ce qui est sûr, par contre, ce gouvernement est le résultat de tractations entre le Parlement et l’Exécutif. On espère que ce consensus minimum entre les deux Pouvoirs, qui se sont chamaillés durant toute une longue année, permettra à Lamothe et à son « gouvernement d’ouverture » d’atteindre les résultats escomptés au bénéfice du peuple haïtien et dans la transparence.

Le jeu de la transparence
Justement, en parlant de transparence, Lamothe a encore innové en organisant un Conseil de gouvernement en présence des caméras de la télévision où chacun des ministres a présenté son programme de 100 jours en 5 grandes priorités au Chef du Gouvernement qui s’est comporté en vrai leader en menant tambour battant cette séance en vrai chef d’orchestre. C’était l’homme d’affaires plus enclin aux résultats qu’au palabre inutile, en forçant ses collaborateurs immédiats à prendre des engagements chiffrés dans des délais raisonnables, en demandant à d’autres membres du gouvernement (Plan et Finance) de mettre les moyens à la disposition de ceux-là qui auront à opérationnaliser les actions, en insistant à ce que ces actions soient imbriquées, articulées et intégrées pour des résultats d’ensemble utiles au peuple haïtien. Cette façon de faire a redonné espoir à certaines personnes, bien vue par la grande majorité, laissé sceptiques d’autres personnes qui y voient de la démagogie, et a forcé les ministres à prendre des engagements sur lesquels ils seront au fur et à mesure jugés et évalués. Le responsable de la Commission Nationale de Marchés Publics (CNMP) a promis d’aider pour faciliter la mise en œuvre des marchés publics tout en respectant les règles de passation de marchés comme cela a pu se faire avec le Ministère des TPTC. On verra jusqu’où cette transparence va et dans quelle mesure on en récoltera les fruits si les questions de sécurité arriveront à être résolues.

La question de l’armée, un avertissement par rapport à l’insécurité ?
En effet, les gens qui se réclament de l’armée d’Haïti et qui avaient pris d’assaut pratiquement tous les départements ont été délogés par la Police Nationale appuyée par la MINUSTAH. Le PM Lamothe, flanqué de son secrétaire d’Etat à la sécurité publique, s’est félicité du succès de ces opérations qui sont réalisées de « manière professionnelle » sans verser de sang. Le Premier Ministre a rendu visite aux forces spécialisées de la PNH pour les féliciter du travail professionnel accompli et le Secrétaire d’Etat a parlé de rétablissement de l’autorité de l’Etat. Il faut noter qu’en plus des jeunes gens de moins de 30 ans, on a eu aussi des américains dans les rangs de ces « bandes armées » dont la plupart des chefs de file sont jetés en prison. Certains étaient des révoqués de l’armée, des gens qui ont commis des infractions graves et qui ont été mise à pied sans pouvoir recourir à des procédures de réparation. Ils ont profité de la conjoncture et des promesses électorales de Matelly pour le mettre devant le fait accompli. C’est du désordre, une sorte d’embarras pour le pouvoir en place exploité efficacement par ses adversaires. Cette question a aussi permis aux malfrats de mettre leurs plans à exécution contre les paisibles citoyens qui essaient de joindre les deux bouts. Ces loups en ont grandement profité. Il y en a même qui ont intégré les bandes armées juste pour mieux se dissimuler et  frapper leurs victimes au bon moment. Heureusement, la police et la MINUSTAH se font sentir de plus en plus par leur visibilité, et ont opéré de manière efficace ces derniers temps en débusquant certains gangs démantelés et emprisonnés. Ces petites victoires du Gouvernement Lamothe redonnent de l’espoir ainsi que les inaugurations faites par le Président.

Lamothe organise, le Président inaugure
En effet, alors que Lamothe essaie de s’imposer en réorganisant les choses selon son style, le Président continue avec les inaugurations de certains travaux entrepris antérieurement. C’est ainsi qu’il a été au Plateau Central inaugurer la réalisation de lacs collinaires, dans l’Artibonite, inaugurer le système d’irrigation au niveau de la 5e Section de St Marc (3500 ha) en compagnie du Ministre de l’Agriculture, Agr Thomas Jacques, dans  l’Ouest inaugurer une station de traitement des eaux usées, en compagnie du Ministre des TPTC, Jacques Rousseau, et présider la cérémonie de graduation de la dernière promotion de l’Ecole de la Magistrature. La Première Dame, quant à elle, a lancé les états généraux de la Nutrition. Les deux associés en affaires font la course ensemble en politique. Réussiront-ils en politique comme en affaires ?

Haïti d’abord !
Ce n’est un secret pour personne, Martelly est un fonceur. Lamothe aussi à ce qu’il parait. Les deux ont été des sportifs, un footballeur et un tennisman. Les deux savent se battre pour des résultats. Ils ont pu ensemble obtenir des résultats en affaires. Jusqu’à présent leurs affaires marchent bien. Ils ont décidé de se jeter dans l’arène politique sans expérience dans le domaine. Ils ont su jusqu’à présent se tirer d’affaires honorablement, l’un comme Président et l’autre comme Ministre des affaires étrangères et comme Premier Ministre. C’est un couple qui fonctionne bien jusqu’à présent. Pourquoi ne réussiraient-ils pas ensemble en politique ? Ces deux sprinters ont de l’endurance. Pourront-ils gagner le trophée de la relance de notre pays ? C’est possible s’ils placent Haïti au premier plan par rapport à des intérêts immédiats et de clans. Haïti d’abord ! Et le « Pacte de gouvernabilité » prendra forme, soit autour d’un « Dialogue politique, soit autour d’une « grande concertation nationale » telle que l’a proposée La FONHDILAC en Mars 2011 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html VIIB3).

Le style Lamothe conduit-il Haïti aux résultats espérés ?
Lamothe en a pris l’engagement sur l’insistance de Mme Beauzile, l’ex-Sénatrice du Centre, lors de la séance de ratification de son énoncé de politique générale au Sénat, le 8 mai 2012. Le Premier Ministre, Lamothe a bataillé dur en affaires, a lutté pour devenir Premier Ministre en se battant sur plusieurs fronts avec les moyens du bord. Certains et pas des moindres ont parlé de corruption, d’autres ont glissé des « pos figs ». Toujours est-il, la formule Lamothe très certainement avalisée par Martelly a gagné. Au Parlement, dans la mise en place du gouvernement, au Conseil de Gouvernement, dans « l’affaire des anciens militaires », il a montré qu’il est capable d’innover, de transparence et de décisions pas forcément populaires. C’est un homme de négociation et de poigne. Sera-t-il ce « sauveur » en politique qui conduit Haïti avec la complicité du Président vers les résultats espérés ? De toute manière, s’ils ont réussi en affaires et pourquoi pas en politique en Haïti ? Et notre chère Haïti en sortira gagnante ! « Reve non, ou bliye ke Ayiti se tè glise ! Alos Clinton case dan’l, se ti banben sa yo ki ta reyisi ? Continye fe bel analyz», m’a lancé avec pessimisme mon ami de la fameuse formule du « ¼ Premier Ministre », « Haïti à l’heure de vérité », avril 2012 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/04/haiti-lheure-de-verite.html).
 « En tout cas, mon cher ami, jusqu’à présent, mes analyses tiennent plus ou moins bien la route » lui ai-je lancé plus pour m’inciter à continuer que d’essayer de le convaincre. « Relis mes articles de Mars 2011 à aujourd’hui sur mon blog : www.jrjean-noel.blogspot.com et tu comprendras pourquoi je continue de rêver. » Ai-je conclu soulagé, plus optimiste et positif que jamais !