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mercredi 31 juillet 2013

HAITI : LA TOURMENTE ET A QUAND LA REVOLUTION DE CROISSANCE ECONOMIQUE (?)


HAITI : LA TOURMENTE ET A QUAND LA REVOLUTION DE CROISSANCE  ECONOMIQUE (?)
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET 2013

Décidément le dernier grand homme noir vivant sur la planète Terre est un véritable phénomène. Nelson Mandela a défié tous les pronostics (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/06/haiti-dans-la-tourmente-avec-des-lueurs.html). Il a fêté ses 95 en juillet et récupère bien pour son âge. Sacré Mandala qui nous  regarde continuer nos petites querelles intestines, la mise à mort lente d’un pays qui a produit le premier des noirs, Toussaint Louverture, celui-là  même qui a planifié et démarré la première  et la seule révolution d’esclaves  noirs réussie sur un coin d’ile, Haïti! Depuis la réussite de cet exploit unique dans les annales de l’histoire universelle, le 1er janvier 1804, notre chère Haïti vit dans la tourmente, en particulier depuis le 17 octobre 1806, le jour de l’assassinat de l’Empereur Dessalines, l’adjoint de Toussaint Louverture, celui qui a parachevé  son œuvre, le vrai père de cette Haïti dont les fils et filles n’ont pas su s’élever à la hauteur de l’exploit. C’était trop et c’est trop lourd pour nos épaules de nains. La division aidant, la tourmente est devenue la règle et la réussite l’exception. Alors, à quand cette révolution de croissance économique qui refera de notre pays «  la Perle des Antilles » ? (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html). Passons en revue rapidement les faits saillants du mois de Juillet 2013. Analysons en profondeur deux faits saillants du mois de juillet. Terminons cet article en guise de conclusion par les conseils d’un fils du Pays, qui a su constituer un groupe « solide comme un roc »  et en faire la première multinationale haïtienne dans ce monde globalisé.

LES FAITS SAILLANTS DE JUILLET 2013

La zone économique de PETROCARIBE
La rencontre de Managua sur PETROCARIBE à laquelle ont participé le Président Martelly et le Premier Ministre Lamothe a vu la création de la Zone  Economique de PETROCARIBE (ZEP) sous l’instigation de Président du Venezuela,  Nicolas Maduro, le successeur d’Hugo Chavez. Haïti s’est engagée à payer une partie de la dette de PETROCARIBE dans le cadre de la politique « Nourriture contre Pétrole » dont le document de cadrage ou la note conceptuelle est déjà fin prête selon le ministre de l’agriculture, M. Thomas Jacques, lors du Conseil de Gouvernement radiotélévisé du 17 juillet 2013. A noter que ce conseil de gouvernement consacré à l’infrastructure a permis d’avoir beaucoup d’informations sur les travaux d’infrastructures en cours dans le pays tant au niveau urbain que rural.

Le Téléthon pour la sélection nationale de football
Jean Monard Metellus de Radio Caraïbe, Daly Valet de Radio Vision 2000 et consorts se sont mis ensemble pour organiser un « Téléthon » en vue d’aider  la sélection nationale de football  qui devait participer à la Gold CUP organisé aux USA du 14 au 28 Juillet 2013 et qui a vu la victoire méritée de la sélection américaine sur celle du Panama (1-0) avec l’élimination prématurée de celle d’Haïti au premier tour. L’exploit c’est que le peuple haïtien a contribué, avec ses maigres moyens, à hauteur de 15 M. HTG à ce « téléthon », parce qu’il fait confiance à ces deux hommes en particulier.

Le projet de loi électorale, la controverse
Le Collège Transitoire du Conseil Electoral Permanent (CTCEP) a soumis à la Présidence le projet de loi électorale pour les « suites nécessaires ». Nous nous mettons aussitot à nous battre sur l’expression « suites nécessaires ». La présidence est encore en train de faire ses « suites nécessaires », en laissant le Parlement et l’opposition vociférer et spéculer sur les « suites nécessaires » de la Présidence. La Présidence est accusée de faire passer le temps pour ne pas réaliser les élections en cette année 2013. En tout cas, le Président est averti « Election en 2013 ou Démission». La tourmente persiste pour Haïti en attendant.

La mort subite du Juge JOSEPH, la bombe déstabilisante
Plus grave encore, le juge d’instruction sur le dossier d’usurpation de titre et corruption de la femme et du fils du Président, Me Jean-Serge JOSEPH, est tombé subitement mort (paix à son âme!) après avoir convoqué certains officiels du Gouvernement dans le cadre du dossier en question. L’Exécutif au complet, (Président et Premier Ministre) est « accusé de ce crime » pour « avoir organisé une rencontre avec le juge  chez un avocat ». L’avocat en question a démenti catégoriquement. Le Président et le Premier ministre en ont fait de même. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a mis en place sa « commission d’enquête disciplinaire ».  Depuis les commissions d’enquête pleuvent : La Chambre des députés, le  Sénat, le Parquet de Port-au-Prince, etc. En tout cas, la RTVC en a fait un résumé assez édifiant qu’il faut lire et relire pour se faire une idée exacte de la situation(Réf.http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/le_rapport_de_la_commission_s_natoriale_d_enqu_te_rendu_apr_s_le.html). Entre temps, le cadavre  du  juge qui était canadien naturalisé a été acheminé au Canada. Cette mort subite est un os dans la gorge de l’administration Martelly-Lamothe. Si les rumeurs les plus folles se confirment, Haïti sera encore beaucoup plus dans la tourmente. Que Dieu ait pitié de nous ! Et, en attendant, profitons du carnaval.

Le carnaval des fleurs, la mauvaise date du 28 juillet mais quel défoulement !
 Malgré le communiqué d’un groupe d’intellectuels haïtiens exigeant le report  de la date du Carnaval des Fleurs au delà du 28 Juillet qui rappelle l’occupation américaine de notre pays, les dates du 28, 29 et 30 juillet ont été maintenues pour le carnaval des fleurs (97 M HTG). Le Champs de Mars a été bien paré pour la circonstance, haut en couleur avec des stands qui sont de véritables bijoux architecturaux d’une extraordinaire beauté avec les couleurs utilisées pour attirer l’attention. Fantastiques !!! (Réf. https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153526940065355&set=a.10153526626125355.1073741905.907665354&type=1&theater). Les bandes à pied, les groupes musicaux sur chars, les carnavaliers déguisés et bien habillés exécutant des chorégraphies bien ficelées, les jolies reines sur les carrosses, et ce  peuple qui se déhanche pour noyer sa misère et sa tourmente, c’est ça Haïti, la vraie !(Réf.https://www.facebook.com/photo.php?fbid=553073334728609&set=a.553072151395394.1073741980.153371961365417&type=1&theater). Un moment inoubliable !!!

Les deux faits inaperçus
Alors que l’actualité tourne  autour de la mort du juge Joseph (sauf les 3 jours de carnaval), deux faits non politiques sont passés inaperçus. Il s’agit du communiqué du Forum du Secteur Privé relatif au soutien complet apporté par le Secteur privé à la décision gouvernementale de maintenir l’interdiction gouvernementale d’importation de produits avicoles de 2008.  Il s’agit aussi et surtout de la célébration du 20e anniversaire de la UNIBANK, en particulier du discours du PDG, Carl Braun. Ces deux faits seront l’objet d’analyse approfondie dans cet article du mois de juillet 2013.

L’ANALYSE DES DEUX SAILLANTS PASSÉS INAPERCUS DU MOIS DE JUILLET 2013

L’analyse en profondeur de ces deux faits saillants pourrait contribuer à une prise de conscience pour la mise en route d’une « Révolution de Croissance économique en Haïti ».

1.    La note de Presse du Forum économique du Secteur Privé (FESP)

Dans l’article du mois de juin 2013, l’un des points d’analyse a été la tension avec la République Dominicaine à cause de la maintenance de l’interdiction des mesures gouvernementales de 2008 sur les produits avicoles. Ce qui a sérieusement dérangé  les Dominicains. Ma plus grande satisfaction c’est la prise de position du Forum du Secteur Privé en faveur des mesures gouvernementales d’interdiction des produits avicoles dominicains, et qui va encore plus loin en posant la problématique des relations commerciales entre notre pays Haïti à l’Ouest et la République Dominicaine à l’Est de l’Ile d’Haïti (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/07/note-de-presse-du-forum-economique-du.html). « La crise causée par la décision du Gouvernement Haïtien de renouveler l’interdiction de 2008 d’importer des produits avicoles de la République Dominicaine (RD), a fait ressurgir les vrais problèmes posés par les échanges commerciaux qui se réalisent entre Haïti et le pays voisin, échanges considérés comme abusifs et prédateurs » annonce d’entrée de jeu la note du FESP.C’était inespéré, tout au moins de mon point de vue.

Plus loin, c’est l’appui « le plus complet ». La note poursuit : « Face à cette crise, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE apporte son soutien le plus complet à la décision adoptée par le Gouvernement qui a pour responsabilité de protéger la population haïtienne contre tous les risques de contamination, en particulier ceux véhiculés par les marchandises en provenance de la République Dominicaine. Cette protection est d’ailleurs conforme aux règles et principes du commerce international, en particulier ceux contenus dans l’Accord sur les Mesures Sanitaires et Phytosanitaires (SPS) et l’Accord sur les Obstacles Techniques au Commerce (OTC) de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ». Les parties soulignées par nous, c’est pour attirer l’attention du lecteur de cet article.

Mais le FESP ne ferme pas les portes : « Par conséquent, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE appuie sans réserve les négociations en cours entre les deux parties en vue de la mise en place de mesures internes communes visant à reprendre le commerce des produits avicoles sur des bases plus sûres et plus équitables, en accord avec les dispositions des deux accords susmentionnés, y compris d’autres dispositifs internationaux tels que le “Codex Alimentarius”, etc. »

Pourtant la note « attire l’attention sur le caractère illégal du commerce bilatéral caractérisé, entre autres, par le traitement non règlementaire accordé par la République Dominicaine aux produits d’origine haïtienne qui ne sont pas commercialisés sur le marché de ce pays conformément aux règles de I’OMC. Ces produits font, en effet, l’objet de pratiques commerciales déloyales telles que : (réorganisées et numérotées par l’auteur) : (i) Les barrières non tarifaires sous forme de mesures SPS applicables aux marchandises haïtiennes (Par exemple, impossibilité d’obtenir les certificats SPS règlementaires), en désaccord avec les clauses insérées dans les Accords de I’OMC y relatifs; (ii) Les pratiques de dumping systématique qui causent des préjudices graves aux secteurs nationaux de production et qui ont pour effet d’entraver leur capacité à développer des filières capables de concurrencer les produits similaires importés du pays voisin ; (iii) L’application de licence automatique et/ou non automatique qui crée des entraves non nécessaires à la commercialisation des produits haïtiens sur le marché dominicain, en contravention avec les dispositions de l’Accord sur les Procédures de licences d’Importation de l’OMC ; (iv) La situation incontrôlable, voire anarchique induite par les échanges commerciaux enregistrés sur les marchés binationaux (qui sont au nombre de plus de 50 du coté Dominicain) et qui fonctionnent à sens unique au profit des produits dominicains ; (v) Les difficultés , voire l’impossibilité, pour les postes douaniers établis à la frontière de taxer les marchandises originaires de la République Dominicaine, exacerbant ainsi les pertes de recettes qui se situeraient autour de 15 Milliards de Gourdes; (vi) Les campagnes de dénigrement menées contre certains produits haïtiens.

Enfin, la note fait des propositions au Gouvernement (réorganisées et numérotées par l’auteur) : (i) Des contre-mesures sous forme de droits anti-dumping devraient être utilisées par le Gouvernement sur la base des dispositions de l’Accord sur la Mise en œuvre de l’Article IV (l’Accord Antidumping) de I’OMC afin de permettre aux branches nationales de production affectées de procéder aux ajustements de structure nécessaires; (ii) Des contremesures règlementaires devraient être adoptées en faveur des producteurs haïtiens dont les produits sont assujettis à de telles mesures en cas de non conformité avec les dispositions de cet Accord ; (iii) Accroitre le contrôle des flux de marchandises qui passent régulièrement la frontière en renforçant les structures douanières déjà établies; (iv) Mettre en place des postes sanitaires et phytosanitaires capables de contrôler les marchandises qui présentent des risques pour la santé des personnes, des animaux et des végétaux conformément aux dispositions des accords commerciaux multilatéraux de l’OMC ; (v) Mettre en place les structures légales et institutionnelles aptes à faciliter la gestion des échanges commerciaux bilatéraux et à déclencher, au besoin, les contremesures nécessaires en cas d’utilisation par la RD de pratiques commerciales déloyale (dumping, licence automatique/non automatique, etc.), conformément aux règles insérées dans les accords de I’OMC y relatifs... (vi) S’assurer que le passage de la frontière par des personnes ou des biens se fassent dans le plus strict respect de la Loi comme dans nos ports ou aéroports et, par conséquent, éliminer la mesure instituant les Marchés Binationaux.

En conclusion, la voix de la sagesse mais sans s’écarter des règles du jeu et en se donnant les moyens de notre politique : « Enfin, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE encourage le Gouvernement Haïtien à œuvrer en vue d’aboutir, par la négociation, à une entente avec la partie dominicaine qui contemplera la réalisation du commerce bilatéral sur des bases axées sur le respect mutuel, la justice et surtout la réciprocité. Une telle entente doit être aussi impérativement basée sur l’application stricte et le respect des règles du commerce international administrées par I’OMC dont les deux pays sont Membres. Elle ne peut être d’ailleurs mise en œuvre tant que l’institution douanière haïtienne ne sera pas entièrement et profondément renforcée ».

2.    Le discours du 20e anniversaire de la UNIBANK

Le discours de M. Carl Braun, président directeur général de la UNIBANK,  est assez long mais quelle richesse ! D’ailleurs, c’est pour la première que j’ai publié un discours sur mon blog, les meilleurs textes : (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/07/discours-du-20e-anniversaire-de-la.html). Bravo M. Braun ! C’est mon 3e texte inspiré par M. Braun après « Haïti, nécessité d’une révolution de croissance économique» en 2010 et cité en référence au début de cet article, et  « Document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne », texte collectif de la Fondation Haïtienne pour le développement intégral latino-américain et caribéen (FONHDILAC) coordonné par votre serviteur (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html).

Revenons au discours de M. Braun. C’est difficilement analysable tellement il contient d’informations et de propositions. C’est un discours à lire et à relire, surtout quand on a tendance à perdre espoir dans l’avenir de notre pays, quand on est dans la tourmente.

Tout d’abord pour bien comprendre la réussite de la UNIBANK 20 ans après, la 1ere banque Haïtienne, la 13e au niveau de la Caraïbes, la première multinationale haïtienne depuis 1999, soit 6 ans seulement après sa création en 1993, il faut rappeler le contexte haïtien de l’époque. Haïti, la tumultueuse, était en pleine période de coup d’Etat, en pleine période d’embargo international, dans une conjoncture socioéconomique et politique désastreuse, en pleine négociation pour le retour hypothétique du Président Aristide, victime d’un coup d’état sanglant 2 ans auparavant.

Ce discours pourrait s’intituler « Plaidoyer pour une révolution de croissance économique en Haïti » ou « comment investir dans un pays en crise et réussir ». Tout ceci pour dire que la situation actuelle en 2013 est plutôt idéale pour investir  par rapport à 1993. Comme le répète souvent mon ami et ex-ministre de l’agriculture, Joanas GUE, « toute crise est porteuse d’opportunités». En témoigne le succes history de la UNIBANK. Voici un exemple de réussite que l’administration actuelle aurait dû utiliser pour asseoir sont slogan : « Haïti is open for business ».

L’équipe qui a conçu et réalisé le groupe UNIBANK  en 1993 avait une moyenne d’âge de 39 ans. « En effet, le 19 juillet 1993, 29 UNIBANQUIERS et une centaine de jeunes actionnaires inauguraient la UNIBANK, la « banque 5 étoiles » comme elle viendrait à être affectueusement connue de sa clientèle au fil des ans. Ce pari ambitieux, celui de lancer une nouvelle banque au milieu d’une des plus grandes crises que le pays ait jamais connues, était en gestation depuis 1991, et reflétait non seulement notre foi inébranlable dans l’avenir de notre pays, mais aussi notre ferme volonté de changer profondément, de révolutionner les services bancaires et financiers en Haïti. Ce pari, désormais historique, était le fruit d’un rêve et d’une vision. »

Le rêve et la vision

« Le rêve des fondateurs de la UNIBANK était de créer une grande banque, solide comme un roc, « une banque universelle », une banque inclusive offrant à sa clientèle des services bancaires et financiers modernes, présente avec des succursales et points de service partout où se trouvent des Haïtiens et Haïtiennes , à Port-au-Prince, en Provinces, dans la Diaspora.

La vision des fondateurs de la UNIBANK était claire et communiquée à tous: créer une grande institution ; une banque citoyenne, socialement responsable ; transparente et moderne ; dynamique, honnête et sérieuse ; fonctionnant à l’intérieur d’un groupe financier diversifié. En bref, une grande entreprise qui réussit dans le strict respect des lois , des règlements et des principes de moralité, en s’acquittant de toutes ses obligations envers le fisc, les régulateurs et ses clients, avec le souci permanent de bien faire, partout et en tout temps ».

« Mission accomplie »

« En 1993, à l’ouverture, 1 succursale dans une ville ; 29 Collaborateurs ; 96 déposants.

Aujourd’hui, en 2013 :43 succursales et agences dans 20 villes, dont 26 succursales dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince, et 17 dans 14 villes de province réparties dans les 10 départements géographiques, y compris à l’île de La Gonâve ;716 points de services de UNITRANSFER, dont 284 en Haïti et 432 aux États-Unis, au Canada, dans la Caraïbe et en Europe, faisant de la UNIBANK, depuis 1999, la première multinationale haïtienne ;27 agences de Micro Crédit National et du Kredi Agrikol à travers le pays ».

Alors qu’à l’ouverture en 1993, la UNIBANK n’avait que 15 M HTG de fonds propres, actuellement elle dispose de 4.5 Mrds HTG (+100 M USD de capitaux propres) investis et réinvestis dans leur pays par les 391 actionnaires. Elle offre des services à 900,000 déposants et 275,000 compatriotes qui envoient, à travers UNITRANSFER, 200 M USD de l’étranger à leurs parents ici en Haïti, à 45,000 emprunteurs, à 20,000 micro et petits entrepreneurs dont 2,500 entrepreneurs agricoles, et 62% de femmes. Ces entreprises et entrepreneurs créent plus de 55,000 emplois dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires de l’économie nationales. C’est « la 17ème banque la mieux capitalisée du CARICOM, et la seule banque haïtienne du « CARICOM Top 20 » selon le classement du magazine spécialisé du Groupe Financial Times, The Banker ».

Avec 45 milliards de gourdes de dépôts, soit l’équivalent de plus de 1 milliard de dollars US, ou 30% du marché national des dépôts, 18 milliards de gourdes de crédit à l’économie et à la production nationale, dont plus de 1 milliard de gourdes aux micro-entreprises et aux PME, y compris dans le secteur rural à travers son programme de « KrediAgrikol », c’est la Première banque d’Haïti, 13ème en actifs du CARICOM, et 17ème en actifs dans la Caraïbe (CARICOM plus République Dominicaine).

Les perspectives de la UNIBANK : les 10 commandements selon Carl Braun

La base de la réussite de la UNIBANK sera solidifiée, selon Carl Braun : « nous faisons notre la pensée du philosophe français Georges Bernanos au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale : « L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait ».Pour renforcer son leadership en Haïti et dans la Caraïbe, la UNIBANK , tout en espérant une révolution de croissance en Haïti, compte sur la stratégie suivante : (i) Préparer la relève managériale tant au niveau du Conseil d’Administration  (59 ans de moyenne d’âge) qu’au niveau des postes exécutifs de la banque (formation et intégration de plus jeunes actionnaires, femmes et hommes dans un conseil d’administration élargi ainsi qu’à la direction exécutive de la Banque) ; (ii) renforcer la politique d’intégration des femmes (50 % actuellement) au niveau de la direction exécutive avec l’accompagnement jusqu’en 2023 de ceux qui ont jusqu’ici guidé les destinées de la Banque, « et ceux qui devront prendre la relève et gérer les destinées de la Banque, l’amenant résolument vers 2033 »;(iii) Poursuivre avec vigueur la stratégie de renforcement  des ressources humaines de la Banque  par la formation professionnelle continue, et par le recrutement de jeunes Licenciés, MBA, et Masters, professionnels polyglottes et motivés ; (iv) Faire comme par le passé des investissements majeurs dans les domaines technologiques et informatiques, et renforcer son « business continuity planning » particulièrement dans le maintien de ses sites de contingence hors Haïti  en cas d’événements destructeurs ; (v) Renforcer son programme d’inclusion bancaire et financière de la population à travers la poursuite de son déploiement géographique vers de nombreuses autres villes de province et l’extension des programmes de crédit, particulièrement ceux orientés vers le crédit PME, le microcrédit et le crédit agricole, avec  un renforcement du programme de démocratisation du crédit avec une augmentation  de son nombre de clients ayant accès au crédit à au moins 500 mille d’ici vingt ans ; (vi) Introduire de façon soutenue ses produits de bancassurances, renforcer et démocratiser l’offre de produits de la dernière-née du Groupe, la UniAssurances ; (vii) Utiliser son programme de « banque à distance » et renforcer l’internet banking pour toucher un plus grand nombre de clients, tant au niveau urbain que rural, à l’étranger comme en Haïti ; (viii) Multiplier de façon importante les cartes de débit et d’ATM, et les points de service correspondants durant les prochaines années ; (ix) Continuer à renforcer ses fonds propres, et (x) Viser – « révolution de croissance » aidant -à tripler au moins ses capitaux propres dans vingt ans pour les porter à 15 milliards de gourdes, par rapport à 4.5 milliards aujourd’hui.

CONCLUSION : plaidoyer de la UNIBANK pour la « révolution de croissance »

Comme je l’ai fait dans l’article, «  Les trois piliers pour le développement nationale, le deal entre Haïtien (?) » (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html), Carl Braun a expliqué la corrélation entre croissance démographique et croissance économique : « car en nous rappelant que la croissance démographique naturelle de notre pays étant de 2% par an, toute croissance économique en deçà de 6% par an nous condamne à attendre environ 18 ans avant de pouvoir doubler un revenu national per capita déjà rachitique, anémique et faible ». Et il rappelle « que nous avons très, très rarement atteint 6% durant les 50 dernières années de soubresauts sociopolitiques et de régression/stagnation économique caractérisés par de longues périodes de dictatures civiles et militaires, et par une transition démocratique en dents de scie, constamment soumise aux assauts de courants antidémocratiques . Donc, si Haïti ne peut pas connaitre une vraie « révolution de croissance » de l’ordre de 8 à 12% par an durant les prochaines décennies, et si elle ne peut pas renforcer la démocratie et l’état de droit toujours prôné et soutenu par le Conseil d’Administration de la UNIBANK, notre pays ne sera certainement pas une économie émergente en 2030, et notre faible revenu national per capita continuera à crucifier journellement les plus pauvres qui constituent la majorité de notre population ».

Et il propose et nous avec lui: « Durant les vingt prochaines années, nous encourageons fortement les Pouvoirs Publics, l’Exécutif, le Parlement, le Pouvoir Judiciaire, à jouer à fond leur partition d’agents de modernisation et de changement pour que l’on connaisse enfin cette « révolution de croissance et d’emplois »qui seule changera la face de notre pays. Mettons-nous au travail pour libérer les forces productives de ce pays ! Permettons aux entrepreneurs de toutes les couches sociales de ce pays de jouer leur rôle en créant, sans entraves bureaucratiques, des centaines de milliers d’emplois ! Retirons Haïti des ornières de la corruption, du non-respect de la loi et de la violation des principes économiques d’efficacité et d’efficience ! Combattons les fléaux que constituent la contrebande et la fraude fiscale, et modernisons résolument les structures et les pratiques surannées du secteur public ! Exigeons du secteur privé qu’il se modernise lui aussi et qu’il entre de pleins pieds dans le 21ème siècle en respectant ses obligations fiscales et en jouant sa partition d’élite responsable et ouverte au changement ! Modernisons le système judiciaire si décrié ! Débattons sereinement et institutionnellement d’autres changements à apporter à la Constitution de 1987 pour la rendre plus moderne, moins lourde et plus fonctionnelle ! Tenons nos élections à temps pour éviter l’instabilité politique et le vide institutionnel ! Jetons les bases d’un État fort et moderne, et rejetons l’État faible aux oubliettes de l’histoire ; rétablissons et renforçons notre souveraineté dans l’honneur et la dignité ; mettons nous-mêmes, sans qu’on ait à nous le dire, de l’ordre dans nos affaires ; et exigeons de nos partenaires internationaux une nouvelle approche à l’aide au développement, une approche qui ne renforce pas l’État faible ! Le pays tout entier n’attend que cette « révolution de croissance » et de modernisation pour sortir de son pessimisme et de son manque de confiance en lui-même, pour reprendre gaiement le chemin du progrès ». Et à quand cette révolution de croissance économique ???






dimanche 30 juin 2013

HAITI DANS LA TOURMENTE AVEC DES LUEURS D’ESPOIR


HAITI DANS LA TOURMENTE AVEC DES LUEURS D’ESPOIR
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 JUIN 2013

Le monde entier est suspendu au dernier soupir de Nelson Mandela, le dernier grand homme noir encore en vie sur la terre depuis Toussaint Louverture, « le premier des noirs », sacrifié au Fort de joug en France en avril 1803 par « le premier des blancs », Napoléon Bonaparte. En attendant l’annonce officielle de la mort de Mandela dans les prochains jours(?), Haïti, le pays de Toussaint Louverture, « le Spartacus noir », cet esclave devenu le gouverneur à vie de la colonie française de Saint Domingue, vit dans la tourmente dans ce mois de juin 2013.

En effet, le mois de juin, c’est le premier mois de la saison cyclonique accompagné de pluies diluviennes un peu partout à travers le pays qui causent des inondations ; c’est la convocation du gouvernement Lamothe par le Sénat haïtien et cette impression d’un gouvernement fragilisé ; c’est la tension entre Haïti et St-Domingue autour de la grippe A(H1N1).

Heureusement aussi, c’est la coupe de la Confédération au Brésil avec la finale (Brésil-Espagne :3-0), un bon divertissement pour Haïti ; c’est la visite du Président du Surinam en Haïti ; c’est la visite du Président vénézuélien, Nicolas Maduro en Haïti suivie de la participation du Président Martelly au Nicaragua pour le 8e Sommet de PETROCARIBE ; à souligner que selon M. Martelly, Venezuela a contribué  à hauteur de 94% aux investissements publics du pays ; c’est le dépôt  du projet de loi de finance ou du budget (126.4 Mrds HTG) de la République 2013-2014 tel que le veut la Constitution. Pourtant, « avec la tendance actuelle, Haïti ne sera même pas émergent en 2130 d’après l’économiste, Thomas Lalime (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/06/avec-la-tendance-actuellehaiti-ne-sera.html). C’est la préparation et l’organisation des examens d’Etat avec 180,000 élèves sans les 14,000 fraudeurs. C’est enfin le regain d’espoir pour l’organisation des élections sénatoriales et municipales à la fin de cette année (17 M USD environ dans le budget 2013-2014) ; est-ce fin 2013 ou 2014 ?

Dans cet article, « Haïti dans la tourmente avec des lueurs d’espoir », l’analyse s’attardera sur la convocation du Gouvernement par le Sénat, sur la saison cyclonique et les inondations, et sur la tension entre Haïti et St-Domingue autour de la grippe A(H1N1).


1.        LA CONVOCATION DU GOVERNEMENT HAITIEN PAR LE SENAT

Le mardi 4 juin 2013, tout le peuple haïtien était suspendu à son récepteur  de radio et/ou de télévision pour suivre la séance de convocation du Gouvernement par le Sénat autour de plusieurs questions dont les 5 Mrds HTG du programme d’urgence post-Sandy. En analysant les questions de la plupart des Sénateurs posées avec arrogance et  sur un ton accusateur et les réponses des membres du Gouvernement plutôt correctes mais se comportant comme des enfants en présence de leurs professeurs, on a eu cette désagréable impression d’un gouvernement à coté de la plaque. Le comportement  catégoriquement timoré du Gouvernement face au Sénat a incité certains Sénateurs, surtout les moins bien formés, à avoir une attitude frisant la grossièreté. Heureusement que certains Sénateurs, tout en acculant les Ministres, ont eu une attitude vraiment professionnelle, ce qui a donné de la crédibilité à leurs semi-vérités pour la plupart.

Le coup calculé du Sénateur Exius
Au départ, on a senti autre chose qu’une simple convocation. Les questions posées, les précisions apportées n’ont pas empêché le retour des mêmes questions imprécises, les mêmes réponses précises et les mêmes bruits pour empêcher aux auditeurs et aux téléspectateurs de saisir les nuances. Parfois, on a eu cette impression que certains Sénateurs n’avaient pas besoin de réponses de la part du Gouvernement. Les détails fournis par rapport à des questions imprécises (le montant des fonds PETROCARIBE par exemple) ou mal formulées ne les intéressaient pas. L’objectif était tout simplement d’embarrasser le vis-à-vis et faire sentir au grand public que le Gouvernement ne maitrisait pas ses dossiers ou tout simplement mentait. Le coup fatal a été porté par le Sénateur Exius avec la projection d’une vidéo montrant que le ministère de l’agriculture n’a  rien réalisé sur une rivière de la Cote Sud. Le reportage réalisé une semaine plus tard  sur cette même rivière montrant la Firme d’exécution à pied d’œuvre et les travaux à un stade très avancé, et passé sur plusieurs chaines de TV  comme Télé Caraïbes, Télé Métropole, a montré clairement que le Ministre de l’agriculture  avait raison. Malheureusement pour le Ministre, le coup porté par le Sénateur était bien calculé.  Par rapport à ce petit jeu de chat à la souris, le gouvernement n’a pas été à la hauteur. Or, en Haïti plus que dans les autres pays, « perception vaut fait ». Cette séance a donc fragilisé le Gouvernement dans son ensemble. Etait-ce l’effet recherché par le Sénat ? 

A l’analyse, il était clair que le Gouvernement voulait éviter toute confrontation avec le Sénat. Mais, à force de vouloir plaire au Sénat, l’impression générale laissée par le Gouvernement, c’est qu’il avait des choses à cacher. Là encore, certains ministres ont gardé leur dignité d’hommes d’Etat. N’empêche que le Gouvernement sorte plutôt affaibli de l’épreuve et que le vent de l’instabilité souffle un peu plus fort  sur le Gouvernement Lamothe depuis cette convocation avec la crainte pour certains ministres de se voir éjectés de leur siège et pourquoi pas le Premier Ministre lui-même ? Ce qui déboucherait sur une crise gouvernementale fatale pour le pays et bonne pour les clans et l’opposition qui fourbissent leurs armes en plaine année électorale.

Une crise gouvernementale évitée de justesse
Ce qui était triste dans cet exercice, on n’avait pas l’impression qu’on assistait à une séance de convocation d’un pouvoir d’Etat par un autre pourvoir d’Etat. Comme je l’ai dit plus haut, c’étaient des élèves en présence de leurs professeurs qui ne maitrisaient pas bien leurs matières et que les élèves  dont les leçons étaient plutôt bien sues mais n’osant pas déranger leurs professeurs pour ne pas être bastonnés sans raison. Peut-être que le Gouvernement savait déjà que le Sénat avait autre chose en tête que de s’enquérir des informations sur l’action gouvernementale. Deux faits sont venus à la rescousse de cette hypothèse : l’insistance du Sénateur JEAN-CHARLES à la fin de la séance de faire adopter une résolution d’interpellation du Gouvernement et  la sécheresse avec laquelle le Président du Sénat, M. DESRAS, a mis fin à la séance de convocation. Cette façon d’agir de M. DESRAS a peut-être évité au pays de tomber dans une crise gouvernementale qui le plongerait un peu plus dans la tourmente, surtout en pleine saison cyclonique avec des pluies diluviennes causant déjà des dégâts dans plusieurs endroits.

2.        LA SAISON CYCLONIQUE ET LES PREMIERES INONDATIONS

Les premières pluies ont réellement démarré fin mai et au cours de ce mois de juin 2013. La saison cyclonique s’annonce très active avec  la probabilité  de près d’une vingtaine  de cyclones dont 3 à 6 pourraient se révéler des ouragans majeurs. En tout cas, les pluies diluviennes du mois de juin et  la 10e onde tropicale qui a traversé Haïti le 27 juin ont causé des inondations et des dégâts au niveau du secteur agricole, la vallée de l’Artibonite, St Michel, en particulier, Nan Paul, dans le Nord du Pays , au Centre, en particulier à Hinche et dans la commune de Boucan Carré où l’on a dénombré 3 disparus , 1 mort et des dégâts  considérables dans les  plantations au niveau du lit majeur de la rivière Boucan Carré. Dans cette dernière commune, en plus des pertes en vies humaines, des têtes de bétails sont emportées ainsi que, selon le vice-délégué de Mirebalais, 11 maisonnettes  et une vingtaine d’autres endommagées. Au niveau de la première section communale de cette commune, les routes sont coupées et les dégâts sont encore plus considérables à cause même du niveau du lit de la rivière par rapport aux terres agricoles emblavées en des cultures de toutes sortes, dont la patate douce, très sérieusement endommagées par les eaux en furie.

Comment expliquer une telle situation alors que le pays ne subit pas encore cette année les assauts d’un cyclone ? Il ne faut pas chercher de midi à 14 h. C’est le niveau élevé de la vulnérabilité environnementale d’Haïti. Les bassins versants sont dans un état déplorable et nécessitent des investissements considérables pour être réhabilités. Les investissements au niveau de certaines ravines et rivières se révèlent nettement insuffisants. De plus, les populations qui vivent dans les parties élevées de ces bassins versants continuent de les dégrader en coupant le peu d’arbres restant, en pratiquant des cultures sarclées et fouillees sur des pentes de plus de 30%,  et en utilisant des pratiques culturales érosives.

Les solutions drastiques et couteuses.
Les solutions à une telle situation sont connues des techniciens et de certains politiciens, mais les appliquer exige des décisions impopulaires. C’est pourquoi quand ils sont dans l’opposition, ils sont très critiques par rapport aux gouvernements en place, mais une fois au pouvoir, ils font exactement comme leurs prédécesseurs : fermer les yeux pour ne pas subir les foudres des populations à la base de la dégradation environnementale. Par exemple, la mise en défens des terres à forte déclivité, le déplacement des populations qui y vivent permettront  une régénération naturelle sur une période d’une dizaine d’années. On peut aussi appliquer les solutions techniques couteuses comme le traitement des ravines, le traitement des versants et parallèlement le traitement des rivières en aval pour protéger, les vies humaines, les villes, les villages et les terres agricoles. C’est le cas des Gonaïves. Les 70 M USD environ dépensés de 2004 à date tant au niveau de la ville, des terres agricoles, de la rivière La Quinte, des routes et ponts, et sur une partie du Bassin versant avec le projet PIA-Ennery ne font qu’atténuer la situation. Pour résoudre définitivement le problème, il aurait fallu environ 1 Mrd USD sur 25 ans. Malheureusement, les financements se faisaient rares  et l’Etat a du se contenter des solutions partielles avec les fonds du Trésor Public et des bailleurs internationaux comme la BID, l’UE, etc.

L’approche HIMO
Il y a des solutions techniques liées à l’approche HIMO, mais là il faudrait contrôler le niveau de corruption dans ces genres d’approches. C’est l’occasion rêvée par la plupart des parties prenantes pour s’enrichir. Pour y faire face, il faudrait des mesures coercitives sans parti pris. Qui oserait appliquer ces mesures ? L’Etat dans ses 3 composantes ? Les collectivités Territoriales ? Les ONG ? Les groupes de base ? Les intérêts individuels et claniques sont plus importants que ceux du pays pour l’application correcte de telles mesures.  Malheureusement pour nous autres haïtiens. En tout cas, chaque minute de perdue nous conduira lentement mais surement vers la fin, à moins d’une prise de conscience collective comme elle semble se dessiner ce mois-ci à partir de la crise découlant de la grippe A(H1N1), « un bluff » selon le mot de l’Agr Michel William dans un article exclusif publié par Le Nouvelliste du 17 juin 2013 (Réf. http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=118031#.UcGmstSGJBs.facebook). Cet article a permis de faire la différence entre les virus et mieux comprendre la situation à la base de la tension entre Haïti et la République Dominicaine.

3.        LA TENSION ENTRE HAITI  ET ST-DOMINGUE AUTOUR DE LA GRIPPE A(H1N1)

En 2008, Haïti a pris des mesures pour interdire l’entrée des produits avicoles dominicains sur le territoire haïtien à cause de la présence de la grippe aviaire (influenza aviaire H5N2) qui n’a rien à voir avec  la grippe A (H1N1) d’origine porcine (Mexique) ou humaine (Canada). Ces mesures n’ont jamais été officiellement levées comme l’a déclaré le Chancelier Haïtien. Lorsque la grippe A(H1N1) a  fait une quinzaine de morts en République Dominicaine (RD) récemment, la République d’Haïti s’est empressée d’interdire tous les produits carnés en provenance de la RD. Ce qui a indigné les autorités dominicaines. D’où la valse des discutions entre les deux pays tant en Haïti qu’en RD. Contrairement à ce qu’attendaient les dominicains, Haïti n’a levé l’interdiction que sur les produits carnés. De plus,  les services vétérinaires des deux pays se sont mis d’accord suite à une réunion technique tenue le 19 juin 2013 «  sur les modalités à adopter pour le commerce des produits avicoles entre les deux pays » (Réf. Note sur Internet du Secrétaire d’Etat à la production animale, Dr Michel Chancy : Synthèse des recommandations des services vétérinaires haïtien et dominicain sur les modalités sanitaires à adopter pour le commerce des produits avicoles entre les deux pays).

Cette synthèse est publiée telle quelle avec de petites remarques pour permettre au lecteur de faire sa propre analyse de la situation« Pour que les produits avicoles de la République dominicaine (RD) puissent à nouveau être commercialisés en Haïti, un comité technique composé d’experts des deux pays et assisté de représentants d’organisations internationales sera mis sur pied à brève échéance. Ce comité élaborera un protocole pour l’application des règles dictées par l’Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) en matière d’Influenza aviaire ». Nous soulignons cette phrase pour attirer l’attention du lecteur.

Plus loin la note enchaine : « Ce processus prévoit que les services vétérinaires de la RD soumettront aux services vétérinaires haïtiens une liste d’entreprises avicoles libres du virus de l’influenza aviaire et aptes à remplir toutes les conditions prévues dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation Mondiale de la Santé animale. Après vérification par les services vétérinaires de la République d’Haïti du respect de ces normes, seules les entreprises certifiées seront désormais habilitées à exporter des produits avicoles vers Haïti et devront se conformer continuellement aux règlements prévus en la matière ». Là encore, il faudra relire deux fois la phrase soulignée.

Et  le clou de la note de synthèse qui devrait favoriser les investissements en Haïti : « Les services vétérinaires des deux pays ont également manifesté leur intention d’apporter leur contribution en termes d’appui technique aux investisseurs des deux pays qui sont intéressés au développement de l’aviculture en Haïti. Ainsi, les exportations de produits avicoles de la RD pourront être planifiées en fonction des besoins du marché et en tenant compte du plan de développement de la production avicole en Haïti ».

« Ces recommandations ont été soumises pour approbation aux plus hautes autorités des deux pays. Le Secrétaire d’État à la Production Animale qui dirigeait la délégation des experts d’Haïti annonce déjà avoir obtenu l’adhésion de son Gouvernement aux recommandations des experts ». Haïti est d’accord. La République Dominicaine est-elle d’accord aussi ? Ou vont-ils faire le mort comme en 2008 ? C’est peut-être la seule attitude qui leur reste pour ne pas perdre la face.

En finale, la note dit ceci : « De plus, le Gouvernement haïtien prendra toute une série de mesures pour que les importateurs haïtiens se conforment aux règlements en vigueur. Ainsi, toute personne ou entreprise désireuse de se constituer en importateur de produits agro-alimentaires doit au préalable fournir la preuve de sa capacité à transporter et stocker les produits en question dans les conditions requises. En outre, elle devra obtenir du Gouvernement Haïtien, un permis sanitaire d’importation pour chaque lot à importer ».

Voilà, le sort en est jeté. C’est à nous  de « marrer nos ceintures » pour appliquer ces mesures et d’en payer le prix (Sentibon coute chè). Sommes-nous prêts à faire les sacrifices nécessaires pour avoir les produits avicoles de qualité et en quantité suffisante ? Tout est une question de politique publique. Si de 2008 à date on a pu multiplier par 2 la production avicole tant en termes d’œufs que de poulets de chair, on peut arriver à être autosuffisant en y mettant le prix. Quitte à favoriser en Haïti l’investissement haïtien et étranger dans ce domaine, y inclus celui des dominicains. La balle est maintenant dans le camp de la République voisine. Gare toutefois à nos  politiciens et « commerçants  » qui ont l’oreille de nos dirigeants et qui pourraient faire alliance avec les dominicains pour manipuler notre bon vieux peuple qui a si faim!

Conclusions
Dans cet article, « Haïti dans la tourmente avec des lueurs d’espoir », les points analysés auraient pu être différents comme le 8e Sommet de PETROCARIBE et ses enjeux pour Haïti, la coupe de la Confédération et l’engouement suscité en Haïti surtout avec un Brésil champion de la Coupe des confédérations, les mesures adoptées par le Ministre de l’Education pour organiser de bons examens d’Etat, le budget déposé et ses incidences sur certains secteurs clés, etc. Naturellement, le titre aurait été tout autre. Le choix d’analyser ces trois faits saillants a été guidé par le souci d’aborder des problèmes de fond qui ont des incidences sur l’ensemble du peuple haïtien. La convocation du Gouvernement par le Sénat,  la vulnérabilité d’Haïti en matière environnementale, les relations commerciales avec la RD sont des sujets qui intéressent l’ensemble de la population. L’éclairage objectif apporté nous fait comprendre si les difficultés frappent à nos portes, nous savons comment les résoudre. Il nous faut tout simplement nous y mettre de manière sérieuse, comme nous l'avons proposé après le passage de Sandy(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html)

Peut-être que la plupart des membres du Sénat avaient l’intention d’aller jusqu’à l’interpellation du Gouvernement pour lui donner par la suite un vote de non confiance. La crise gouvernementale qui s’ensuivrait n’arrangerait nullement notre pays, sinon certains individus et certains clans. Cette solution de bonne cohabitation dans le respect mutuel aiderait le Parlement à mieux contrôler  le Gouvernement sans une volonté délibérée de le renverser pour embarrasser l’Exécutif. D’un autre coté, c’est l’Exécutif qui retiendrait la leçon de bien communiquer, en particulier avec le Parlement, au lieu de tomber dans une sorte de propagande frisant l’indécence et de créer en son propre sein cette instabilité gouvernementale qui empêche au Gouvernement de prendre le temps de bien planifier dans la sérénité sans la crainte du lendemain.

Les solutions proposées comme la mise en défens et le déplacement des populations pour aborder les problèmes environnementaux liés à l’agriculture trouveront des échos auprès de l’Exécutif et du Parlement pour déclarer l’Etat d’urgence environnementale et arrêter ensemble des mesures impopulaires mais ô combien salutaires pour le pays durant les 10 prochaines années. Le cas Gonaïvien est aussi un modèle à appliquer dans d’autres zones victimes souvent d’inondation. C’est couteux  certes  mais on peut aussi combiner des approches au sein d’un même bassin versant.

Quant à la tension avec la RD à cause des produits avicoles infectés, l’approche proposée par les services vétérinaires des deux pays permettra à Haïti de relancer sa production avicole, et ce, même en partenariat avec les dominicains et/ou d’autres investisseurs haïtiens et étrangers. Tout ceci à partir d’un contrôle strict de l’Etat Haïtien  appuyé par les organismes internationaux concernés.

En clair, il ne faudrait pas une exploitation politicienne de certaines faiblesses qui pourraient surgir dans la mise en application des mesures proposées et arrêtées en concertation avec les pouvoirs d’Etat, la société civile et les collectivités territoriales. Haïti est certes dans la tourmente mais il y a des lueurs d’espoir. Exploitons-les ensemble pour sauver notre coin de terre ! Sinon… « Adieu veaux, vaches, moutons, cabris » !!!

vendredi 31 mai 2013

UN BILAN MITIGE DANS LA CONTINUITE DE L’ETAT ET DANS UNE CONJONCTURE ECONOMIQUE DIFFICILE (?)


 UN BILAN MITIGE DANS LA CONTINUITE DE L’ETAT ET DANS UNE CONJONCTURE ECONOMIQUE DIFFICILE (?)
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 MAI 2013

Le mois de mai 2013 ramène un double anniversaire, le 1er anniversaire du gouvernement dirigé par le Premier Ministre Lamothe et le 2e anniversaire de l’administration du Président Martelly. Etait-ce déjà l’heure du bilan ? Il est difficile d’évaluer correctement le bilan d’une administration après seulement deux ans de gouvernance. En tout cas, en décembre 2012, nous avons tenté d’évaluer le travail de cette administration en nous appuyant sur certaines informations (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html). Cette tentative  de réaliser ce travail bilan qualifié de mitigé sur le plan microéconomique demeure valable jusqu’à date. C’est à se demander que cherche le couple Martelly-Lamothe en présentant un bilan de l’administration au cours d’une année électorale et après la démonstration de force de LAVALAS lors de la convocation du 8 mai 2013 de l’ex-Président par la justice dans l’affaire Jean DOMINIQUE? Etait-ce nécessaire de faire la fête pour la présentation d’un bilan de 2 ans dans une conjoncture économique  qui aurait dû être d’austérité ? Cet article : « Un bilan mitigé dans la continuité de l’Etat et dans une conjoncture économique difficile (?)» essaiera de fournir un éclairage objectif sur la conjoncture haïtienne de  ce mois de mai 2013 un peu particulier avec une série de faits habituels, traditionnels et exceptionnels, des conclusions appropriées et des perspectives sous forme de conseils.

1-      Les déplacements quasi mensuels des hauts dignitaires de l’Etat

Le président en Equateur et aux Caraïbes
Mensuellement, Haïti est habituée depuis l’arrivée au pouvoir de M. Martelly aux déplacements de ses hauts dignitaires à l’étranger.  Ce mois-ci, le Président a été en Equateur pour participer à l’investiture du Président Correa pour un nouveau mandat, qui lui-même était en Haïti le mois dernier, et visiter les 49 jeunes haïtiens en formation militaire en Equateur, selon une note de la présidence. Le président Rafael Correa a remporté l'élection présidentielle de février 2013 avec 57% des voix et son parti Allianza Pais près des ¾ des sièges au Congrès face à une opposition divisée. M. Martelly s’est ensuite rendu aux Caraïbes dans son rôle de Président de la CARICOM pour signer l’accord cadre sur le commerce et l’investissement (TIFA) avec Joe Biden, le Vice-président Américain.

Le Premier Ministre à Cuba et au Brésil
Quant au Premier Ministre LAMOTHE, après le voyage aux USA le mois dernier, il a été à Cuba avec une délégation de haut niveau composé, entre autres, du Ministre de l’agriculture, Thomas JACQUES, du Ministre à la Paysannerie, Mme Mimose FELIX pour renforcer les liens de coopération avec ce pays en matière d’agriculture, de pêche, de santé, d’alphabétisation, des travaux publics (Réf. http://www.haitilibre.com/article-8582-haiti-cuba-fin-de-la-visite-officielle-du-premier-ministre-lamothe.html). Il s’est par la suite rendu au Brésil accompagné du Ministre chargé de l’énergie, René JEAN-JUMEAU, d’hommes d’affaires haïtiens, MM. Mevs, Bigio, Poitvien, Apaid, pour inviter les brésiliens à venir investir en Haïti toujours « open for business » et aussi pour renforcer la coopération haïtiano-brésilienne en matière d’investissements, de tourisme, de transport aérien, etc. « Le Chef du Gouvernement a fait savoir que le maire de São Paulo avait manifesté son intérêt de collaborer dans différents services publics dont celui du transport et de la gestion des impôts, annonçant la signature prochaine d’un accord et la venue en Haïti d’une délégation brésilienne, rappelant que São Paulo, ville moderne de près de 20 millions d’habitants, représente 12% du PIB brésilien » (Réf. http://www.haitilibre.com/article-8629-haiti-politique-laurent-lamothe-suscite-l-interet-du-secteur-des-affaires-bresilien.html). Très certainement le mois prochain, on aurait droit à d’autres déplacements si la tradition se maintient. En tout cas, ce n’est pas une mauvaise chose, s’il y aura des retombées positives pour notre pays.

2-      Le mois de mai et ses traditions festives

Dessalines : « Coupé tèt boulé kay », Martelly : « Ranpli tèt konstwi kay »
Traditionnellement, en mai, c’est la fête de l’agriculture et du travail qui a été grandiose durant 5 jours à Damien cette année malgré l’absence du Ministre Jacques qui a été à Washington, à la Banque Mondiale, pour négocier des fonds en relation avec les risques et désastres ; la participation populaire a été extraordinaire. Dans son discours le Président Martelly s’est fermement engagé derrière le programme triennal de relance agricole. « La célébration de la Fête de l'Agriculture et du Travail ce 1er Mai 2013, est l'occasion pour mon Administration de renouveler son engagement à appuyer les efforts de toutes les institutions concernées afin de transformer le secteur agricole en Haïti ». En clair, l’administration Martelly mettrait les moyens à la disposition du ministère de l’agriculture pour la mise en œuvre de cet ambitieux programme. C’est la fête du drapeau où le Président en a profité pour paraphraser différemment le fondateur de la patrie haïtienne : « Mais aujourd’hui pour gagner la bataille contre le chômage, l’insécurité, la faim, l’analphabétisme, (…) il s’agit de construire des maisons et remplir des têtes ».

« Livres en folie » et le Professeur Manigat
C’est ”Les livres en folie ” depuis 19 ans cette année avec comme invité d’honneur, Lionel Trouillot, « l’enfant terrible de la littérature haïtienne ». Cette année, il y a 1436 titres exposés et 129 auteurs en signature dont des étrangers. «  Livres en folie » se déroule en même temps dans 16 villes. Parmi les titres, « L’Histoire comme passion, Mélanges offerts à Leslie F. Manigat », sous la direction  de Cary HECTOR, a été consacrée à L. F. Manigat. Pour bien comprendre cet hommage au professeur, visiter ces liens (Réf. http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=117257#.UaSWd_cLcqU.facebook, http://www.radiotelevisioncaraibes.com/opinion/merci_professeur_manigat.html) . La participation a été énorme, environ 16,000 personnes. (Ref.http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=117458).

Le 2e  anniversaire de l’administration Martelly
Depuis 2 ans, c’est l’anniversaire de la prise de pouvoir du Président Martelly.  Ce 2e  anniversaire a été grandiosement fêté aux Champs de Mars avec la présence des partisans du Président Martelly en rose en blanc. C’était naturellement l’occasion pour l’administration de Martelly de se donner un satisfecit de réussite. Est-ce une réponse à cette manifestation lavalassienne du 8 mai 2013  avec la participation des parlementaires pro-LAVALAS? Ceci augure-t-il  pour les prochaines élections un deux camps entre les aristidistes et les martellistes? Comme par hasard,  les députés de la majorité présidentielle étaient là pour illustrer le bilan du gouvernement circonscription par circonscription. Et l’un d’entre eux était tellement content qu’il a fait la génuflexion devant le Président.

Une interprétation exagérée d’un geste plutôt  banal
L’interprétation de ce geste par certains observateurs, surtout ceux en opposition à l’administration Martelly, c’est le Parlement qui se serait agenouillé devant l’Exécutif. Je comprendrais qu’on parlerait de la population de Ouanaminthe et même de la majorité présidentielle fragile au Parlement qui se serait symboliquement agenouillée devant l’Exécutif mais pas du Parlement qui est composé de la Chambre Basse et du Sénat dont la plupart des éléments sont des farouches opposants au Président de la République. Pour preuves, le Parlement vote très peu de lois soumises par l’Exécutif, agrée très peu de postulants ambassadeurs proposés par l’Exécutif, bloque même certaines initiatives de l’Exécutif et ne prennent pas trop d’initiatives si ce n’est en général contre l’Exécutif. Certains observateurs parlent même de « dictature parlementaire » depuis l’arrivée de Martelly au pouvoir. Alors comment peut-on qualifier ce geste de soumission du Parlement à l’Exécutif? C’est tout simplement de l’exagération ! Comme a dit l’autre, «  celui qui n’a pas son Luckner Noël lui jette la première pierre ». En tout cas, quand l’Ex-Président, Bill Clinton, a fait ce même geste l’année dernière vis-à-vis du Président Obama, on n’avait pas crié au scandale. Déjà la cohabitation entre le Parlement et l’Exécutif est très difficile. Alors évitons d’antagoniser davantage la situation entre les deux pouvoirs d’Etat et de les faire échouer. Si le bilan Martelly est mitigé, celui du Parlement est pitoyable. C’est le pays qui perd et rien d’autre! Soulignons que toute politique législative découle de la politique générale du Premier Ministre. (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html). Rappelons que le bilan d’une administration quelconque, c’est le bilan de l’Etat ; il concerne les trois pouvoirs le constituant et se fait toujours selon le principe de la continuité de l’Etat.

Un bilan à l’aune de la continuité de l’Etat
Pour revenir au bilan lui-même qui n’en est pas un à proprement parler, il faut dire que pour l’opposition rien n’a été fait. Ce sont les actions entreprises par le Président Préval – qui n’a rien foutu selon la plupart des membres de cette même opposition - qui sont inaugurées par le Président Martelly. Ce n’est pas tout à fait la vérité. De même, nous ne pouvons pas accepter non plus que l’administration Martelly a fait davantage en deux  (2) ans que les autres administrations gouvernementales en 25 ans! La vérité, elle est au milieu.

L’administration Martelly a des actions propres à elle en ce qui concerne surtout le social et certaines infrastructures. Dans le domaine des infrastructures qui prennent beaucoup de temps avant leur achèvement et leur utilisation, c’est la continuité de l’Etat qui a joué en grande partie en faveur de M. Martelly. Par exemple, les complexes administratifs, dont celui du Cap-Haïtien qui vient d’être inauguré par le Président Martelly et le Président de la BID, ont démarré sous le gouvernement de transition (Réf. Georgemain Prophète, mai 2013). Il en est de même de la route Croix-des-Bouquets-Mirebalais-Hinche. Le Président Préval a continué l’œuvre de l’administration Alexandre-Latortue. Le Président Martelly a complété ces travaux. Il en est de même pour la route Port-au-Prince-Gonaïves. La partie qui est totalement à l’actif du Président Martelly, c’est la réparation du tronçon Gonaïves-Cap-Haïtien. Un autre exemple, la route Miragoâne-Petit Trou de Nippes en construction, c’est l’œuvre de l’administration Préval qui sera complétée par l’administration actuelle. Il faut souligner que certaines actions en relation avec l’Etat de droit et autres remontaient au gouvernement de transition (réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/05/en-forgeant-la-transition.html).

Par contre, les actions qui sont menées au niveau de certaines  villes de province, les logements sociaux, les actions relatives au programme EDE PEP, à la reconstruction des bâtiments administratifs sont en majeure partie à la charge de l’administration de Martelly. Il en est de même pour les actions liées aux campagnes agricoles, programme post-cyclonique Isaac et Sandy. Le programme triennal de relance agricole 2013-2016, un très bon programme à l’actif de l’actuelle administration, se base sur la politique de développement agricole 2010-2025, le plan national d’investissement agricole 2010-2016 et le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle 2010-2025, donc des documents remontant à l’administration Préval. Tout ceci pour dire qu’aucun gouvernement ne peut prétendre fonctionner en dehors du principe de la continuité de l’Etat. On peut toujours l’omettre en communication. Si on dit le contraire en travestissant la vérité, on est en pleine propagande au risque de perdre toute crédibilité.

Une frontière très mince entre communication et propagande
A l’actif de l’administration Martelly, la manière d’agir est différente, en particulier en matière de communication. Contrairement à ses prédécesseurs, cette administration communique. Toutefois, la frontière entre la communication et la propagande est très mince. Par exemple, l’achèvement de certains travaux par l’administration Martelly est une bonne chose, c’est la mise en pratique du principe de continuité de l’Etat. Le dire c’est la communication ; s’en attribuer l’entière réussite (le mérite), c’est de la propagande. Et puis, un bilan c’est le taux de réalisation par rapport à la prévision. En ce qui concerne le développement d’un pays, le bilan est physico-financier. Qu’est-ce qui est réalisé ? Dans quel délai ? Et avec quel coût? C’est la trilogie de la performance globale. Toute bonne performance nécessite un équilibre entre ces trois éléments fondamentaux de la gestion, surtout quand on est dans une conjoncture économique difficile perturbée par des faits exceptionnels et inquiétants.

3-      Les faits exceptionnels et les inquiétudes  de la conjoncture économique

Exceptionnellement, c’était la convocation de l’Ex-Président Aristide dans le cadre de l’affaire Jean DOMINIQUE et sa démonstration de force dans le cadre d’une manifestation monstre en pleine année électorale et « sans violence » si ce n’est l’arrachement au passage de quelques photos de MM. Martelly et Lamothe et le mauvais quart d’heure que certains manifestants ont fait passer à un journaliste de Radio-Télé Guinen (Réf. Note de presse ANMH). C’était le lancement du Cadre de Coopération de l’Aide Externe au Développement (CAED) avec ses 32 membres (16 haïtiens et 16 étrangers) en remplacement de la fameuse CIRH qui a fait couler beaucoup d’encre de 2010 à 2012 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/07/haiti-reconstruction-la-cirh-et-le.html ).  C’est le démarrage tardif de la saison pluvieuse  cette année. Les premières grosses pluies ont causé des inondations dans la zone métropolitaine, en particulier à Tabarre, Plaine du Cul de Sac, mais aussi à travers  certaines parties du pays troublant la situation des usagers de la route  (en terre battue) des zones rurales du pays. 

Une conjoncture économique inquiétante ?
La gourde donne des signes d’inquiétude par rapport au dollar (1 USD autour de 44 HTG). Le taux d’inflation est  de 7.3% en glissement annuel au mois d’avril 2013, alors que les hypothèses du ministère de l’économie et des finances (MEF) étaient autour de (i) un taux de change de 42 HTG pour 1 USD,  et (ii) un taux d’inflation confiné entre 6 et 7% (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html). La BRH a constaté une diminution de 1% des importations, une augmentation de 19% des exportations et une croissance de 8% des transferts de la diaspora. Le Gouverneur de la BRH, M. Castel, rassure en insistant sur les réserves de changes brutes de l’ordre de 2 Mrds d’USD et nettes de 1.2 Mrds dont dispose la BRH, et des instruments qui sont actionnés pour stabiliser le marché des changes dont 15 M d’USD sont injectés sur le marché dans cette perspective. Pourtant, certains analystes économiques et financiers, dont M. Charlmers, s’inquiètent ainsi que le Président de la Commission des finances du Sénat, M. Privert, en évoquant le déficit budgétaire, la baisse des recettes fiscales, en insistant sur la dépréciation de la gourde. C’est aussi la position de Frantz Duval du journal Le Nouvelliste dont l’inquiétude s’articule autour de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar qui pourrait contribuer dans les prochains mois à augmenter la vie chère. Selon la BRH, «La hausse du taux de change s'explique d'une part par l'augmentation de la demande de dollar telle que reflétée par la hausse du volume de transactions sur le marché des changes combinée à un déficit de l'offre de devises. D'autre part, le taux de change a subi l'influence des anticipations négatives de la part des agents économiques, lesquelles ont été alimentées par certaines rumeurs fantaisistes ». Plus loin, la BRH concède : «L'incertitude générée par la situation socioéconomique et politique a contribué au renforcement de la préférence des agents économiques pour la devise américaine dans la constitution de l'épargne de précaution alors que, parallèlement, l'utilisation du dollar pour le règlement de certaines transactions à l'étranger a augmenté.»

Pour expliquer le déficit budgétaire, contrairement à certains analystes qui y voient un gaspillage des deniers publics par l’administration Martelly, la BRH l’attribue, selon ce que rapporte Thomas Lalime dans Le Nouvelliste du 27 mai 2013, à des investissements publics : « Parallèlement à la baisse des recettes, les dépenses publiques ont considérablement augmenté en totalisant 13,4 milliards de gourdes pour le deuxième trimestre 2013, contre 9,8 milliards de gourdes à la même période de l'exercice précédent, soit une hausse de 37 %. La croissance des dépenses publiques est en grande partie due, selon la BRH, à la hausse des dépenses d'investissement évaluées à 3,11 milliards de gourdes. En comparaison au deuxième trimestre 2012, les dépenses d'investissement affichent une croissance de 131 %. Ces dépenses sont réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de projets dans le domaine de l'éducation, des infrastructures sanitaires et routières et de la reconstruction des bâtiments publics ».

L’inquiétude, c’est l’inflation à venir ?
Mais là où le bat blesse, toujours selon Thomas Lalime analysant la note de la BRH : « Dans l'ensemble, les opérations financières de l'État pour le deuxième trimestre de l'exercice fiscal se sont soldées par un déficit du solde global d'un montant de 3,9 milliards de gourdes. Ce résultat enregistré au deuxième trimestre 2013 a contraint les autorités fiscales, en plus des émissions de billets de trésorerie pour un montant de 3,2 milliards de gourdes, à recourir à un financement monétaire d'un montant de 2,1 milliards de gourdes au 20 mars 2013, selon la note. Cette dernière phrase, soulignée par nous, est la plus importante de la publication de la BRH puisque financement monétaire rime avec inflation, c'est un des rares phénomènes sur lesquels les économistes semblent s'entendre. Les données utilisées contenues dans la note datent du 20 mars 2013. Les choses se sont-elles améliorées depuis ? On attend la note du troisième trimestre fiscal pour le savoir avec exactitude. Le déficit serait réduit entre-temps à 2,6 milliards, selon le gouverneur. Mais si les autorités avaient prévu une amélioration significative des finances publiques, il n'y aurait nullement besoin d'un financement monétaire ».

Pour conclure cette partie de l’article du mois de mai 2013, faisons appel encore à l’économiste, Thomas Lalime : « La note sur la politique monétaire de la BRH est claire : Il y a bel et bien un déficit budgétaire et ce déficit est financé en partie par l'émission monétaire. Serait-ce une exception tolérée une fois par la Banque centrale ? S'agit-il d'un retour à une mauvaise pratique abandonnée depuis le gouvernement de  transition en 2004? Pourquoi les recettes du premier semestre de l'année fiscale sont-elles en baisse par rapport à la même période de l'exercice précédent, malgré l'intensification des efforts du gouvernement pour augmenter les recettes? Pourquoi les dépenses sont-elles à la hausse ? Est-ce uniquement à cause des investissements publics dans l'éducation, la santé et les routes, comme le souligne la note de la BRH? À quoi servent les investissements publics s'ils engendrent un déficit financé par la BRH qui engendrera l'inflation et la décote de la gourde ? Aucun agent économique autre que le gouvernement ne peut répondre à ces questions. » (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/05/quand-la-politique-fait-chuter-la-gourde.html).

4-      Conclusions et perspectives

La vérité, le bilan des 2 ans de l’administration Martelly est mitigé. Il s’inscrit dans le principe de continuité de l’Etat et dans une conjoncture économique qui pourrait déboucher sur une situation inflationniste plus ou moins maitrisée depuis le passage du gouvernement de transition (2004-2006). Au cas où cette hypothèse (inflation galopante) se vérifierait dans les prochains mois, l’administration Martelly aurait toutes sortes de difficultés à en gérer les impondérables. Certes, cette administration n’a pas les moyens de son ambitieuse politique exprimée dans l’énoncé  de politique générale du PM Conille (15 Mrds USD), soit un montant de 3 Mrds/an (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/10/haiti-politique-generale-du-dr-conille.html)  et confirmée dans celui du PM Lamothe. Mais la solution n’est pas dans la planche à billets qui crée l’inflation, elle est plutôt  dans la recherche de l’équilibre budgétaire,  les négociations sérieuses avec la coopération internationale Nord-Sud, Sud-Sud comme cette administration semble le comprendre, et la gestion optimum des maigres ressources du Trésor Public. Elle est aussi et surtout dans la recherche de bonnes relations entre les trois pouvoirs d’Etat, l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, dont les hommes qui intègrent ces structures ne doivent avoir en tête qu’un seul souci, qu'un seul but, qu'une seule finalité, le développement intégral d’Haïti. D’où l’impérieuse nécessité de faire taire leurs intérêts claniques, personnels et égoïstes au profit de ceux d’Haïti ! Sommes- nous trop petits pour voir aussi grand?