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vendredi 30 août 2013

HAITI, SITUATION PREELECTORALE, LA CONCERTATION : LA SEULE VOIE DE SORTIE ?


HAITI, SITUATION PREELECTORALE, LA CONCERTATION : LA SEULE VOIE DE SORTIE ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 AOUT 2013 
AJOUTS 2 SEPTEMBRE 2013 


Le 28 Août 2013 ramenait le 50e anniversaire de la marche des noirs américains sur Washington et du fameux discours du Dr Martin Luther King, « I’ve a dream ». Cet anniversaire a été grandiosement fêté à Washington par le Président Obama, le premier Président noir des USA, accompagné pour la circonstance des anciens Présidents, Bill Clinton et Jimmy Carter. Blanc et Noir, main dans la main, seulement 50 ans après ce fameux rêve du Dr King. Pourtant depuis près 210 ans, nous n’arrivons pas à nous entendre pour refaire d’Haïti, la « Perle des Antilles ». La situation actuelle de notre pays semble, sur le plan politique, converger vers une aggravation de la crise permanente haïtienne, sans espoir d’asseoir cette révolution de croissance tant souhaitée et tant attendue par les vrais haïtiens (pays avant pouvoir) (http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/07/haiti-la-tourmente-et-quand-la.html). Alors, y-a-t-il une porte de sortie à cette crise permanente haïtienne ? D’où le titre de mon article de ce mois d’Août 2013 : « Haïti, Situation préélectorale, la concertation, la seule voie de sortie ? ». Passons en revue quelques faits saillants, attardons-nous sur la situation politique et concluons sur la seule voie de sortie.

Les faits saillants du mois d’Août 2013

ALBA , Ile à Vache, la visite du Président Taïwanais, le Conseil de sécurité de l’ONU et la loi de finance
Au cours de ce mois d’Août 2013, après la participation du Premier Ministre, Lamothe en Equateur,  à Guayaquil, les 29 et 30 juillet 2013, au 12e  Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples des Amériques (ALBA) avec l’approbation par plusieurs acteurs du « plan spécial pour le développement » visant « notamment la sécurité alimentaire, la santé, la production agricole et les infrastructures », c’était le lancement du projet touristique de île à Vache, Aéroport international, Agriculture, complexe hôtelier. Ce lancement a été fait par le Premier ministre et la Ministre du Tourisme. C’était la visite du Président Taïwanais en Haïti qui a promis une forte contribution à la reconstruction du pays, en particulier au niveau du secteur agricole. C’était le rapport du Conseil de sécurité sur Haïti ; voyons ce qu’en dit le quotidien, Le Nouvelliste : http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120589; c’est un rapport assez objectif, selon moi. C’est le débat sur la loi des finances 2013-2014, différente et en rupture avec les lois précédentes, selon le Journal Le Nouvelliste. (Réf. http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120653).

Plein feu sur l’agriculture
C’était la conférence du Ministre de l’Agriculture à la Primature sur le plan triennal de relance  agricole (PTRA 13-16), sur les possibilités de l’agriculture haïtienne d’honore 12 M USD de la dette/an à partir de 2014 de PETROCARIBE dans le cadre des «  denrées alimentaires contre pétrole ». Le Ministre a déclaré : « Nous avons identifié des produits où nous avons déjà une habitude d'exportation, tels que le café, le cacao et la mangue [...] nous avons également identifié près de 16 produits, avec lesquels nous pouvons commencer à entrer en négociation avec le Venezuela. Ce sont, entre autres, le café, le cacao, le haricot, le poids congo, la banane, le sirop de canne, le riz Sheila, le manioc et l'igname [...] ». Il était accompagné du Secrétaire à la Relance Agricole, V. Joseph, du Secrétaire d’Etat à production végétale, F. Dorcin, et du Coordonateur de la Commission Nationale de Sécurité alimentaire (CNSA), G. Mathieu. D'un autre coté, M. Mathieu a fait remarquer que la saison agricole 2013 a connu une augmentation considérable par rapport à 2012 en matière de production agricole. L'agronome Garry Mathieu, coordonateur de la CNSA, a indiqué que cette augmentation de l’ordre de 80% pour certains produits (maïs, haricot, banane, igname, manioc) doit pouvoir contribuer à une diminution du taux de l'insécurité alimentaire à la fin de l'année, s’il n’y a pas de cyclones et autres catastrophes naturelles (Source Radio Métropole). Le Premier Ministre, le Ministre de l’Agriculture ont effectué une visite guidée des travaux de consolidation des berges de Rivière Grise (8 Km réalisés en terre et en gabions). Ces travaux devraient protéger une partie de Croix-des-Bouquets, de Tabarre, de Cité Soleil et des terres agricoles, etc.

La révocation des Directeurs Généraux de l’INARA et de L’EDH
La mise à pied du Directeur Général de l’INARA, qui est sous tutelle  du Ministère de l’agriculture, se fait de manière très cavalière. Je ne sais pas pour celle de l’EDH que je ne connais pas, et je ne sais pas si sa mise à pied a été aussi cavalière. Mais, dans le cas de l’INARA, M. Ethéart qui est un ami, il a appris son remplacement à la radio comme un quidam. Connaissant mon ami, il s’en fiche pas mal. C’est la manière qui me dérange. La majorité de gens qui le fréquentent savent que B. Ethéart est une des rares personnes honnêtes et compétentes de ce pays, qui a consacré 18 ans de sa vie à l’INARA, une sorte de perle rare dans ce pays. Le renvoyer de cette manière traduit le manque d’éducation et l’inélégance de nos actuels Dirigeants. Il faudra désormais corriger cette façon d’agir en copiant sur les ministres du Tourisme et de la Culture vis-à-vis de M. Gérard Thérilien pour les loyaux services rendus à l’École Hôtelière d’Haïti. Que c’était beau !!! Il faut avoir de l’élégance vis-à-vis des employés de la fonction publique et surtout des grands commis de l’Etat. Aux dernières nouvelles (Ref. Le Nouvelliste ),le Ministre T.Jacques a décerné une plaque d'Honneur à M. Ethéart. 


Selon le Ministre Jacques, dans une note rectificative qui m'a été adressée , le 1/09/2013, et qui a nécessité une mise à jour de cet article, le 2 septembre 2013,  en plus de "la remise de la plaque d'honneur à M.Ethéart pour ses bons et loyaux services à la Patrie durant ses 18 années", "par les employés de l'Institution" a nuancé Elsie Ethéart, la femme de Bernard Ethéart dans une email du 1/02/2013, il a écrit ceci: "Le chef de Cabinet, sur ma demande a eu une conversation téléphonique avec Mr. Bernard Ethéart, le même jour que la nouvelle officiellement est connue, pour l'annoncer de cette décision. J'ai fait le même geste quelques heures après. Lors des échanges entre Mr. Bernard et le chef de Cabinet,  Ils se sont entendus sur l'installation du nouveau Directeur, sur d'autres sujets (administratifs) et surtout sur la correspondance à transmettre. La décision a été prise de décerner une plaque d'honneur à notre ami Bernard pour ses 18 ans de service à la Nation et tout s'est bien déroulé au bureau de l'INARA ce vendredi après midi." 



Je remercie le Ministre Jacques pour cette rectification et précisions pleines d'élégance, j'enlève l'épithète "manque d'éducation de nos actuels dirigeants" en souhaitant qu'un traitement similaire ait été fait à Mme Andress Appolon de l'EDH, cette dame qui a mis toute sa fourgue et sa compétence pour tenter, sans succès, de redresser l'EDH, et insiste auprès des responsables de Haïti en Marche de tenir compte de cette rectification du Ministre de l'agriculture, et dont le No 32 du 26 Aout au 03 septembre 2013.Vol XXVII qui  m'a servi de référence à partir de cet article: " Nominations Presidentielles", "INARA Décapitée, a écrit ceci: “Bernard Ethéart, directeur général de l’INARA (Institut national de la réforme agraire), a été viré par l’actuelle administration haïtienne comme un paquet de linge sale. » Membre de phrase souligné par nous.



Pour terminer cette partie de l'article, nous disons au Ministre de l'agriculture que nous sommes comme lui de cette catégorie d'hommes et de femmes  "prêts à se mettre sur la première ligne de combat, prêts à coudre les blessures, à coudre le drapeau de l'unité et de la fraternité entre les fils et fille de Dessalines et de Pétion". En témoignent cet article, tous les articles de mon blog élaborés à un rythme mensuel régulier depuis presque 3 ans, et ceux de Bernard Ethéart  hebdomadairement dans Haïti en Marche et dans l'Emission Mélodie and Company, et en témoignent aussi les hautes fonctions occupées par le passé, récemment Directeur de l'INARA pour Bernard et Directeur de Cabinet et Conseiller Spécial du PM Latortue pour moi , et actuellement Président (Bernard) et Ex-Président et membre (Jean Robert) du Conseil  d'administration de la FONHDILAC, cette fondation active qui se bat sans moyens financiers pour le développement intégral d'Haïti dans le concert latino américain et caribéen. "Le temps est à l'action et aux résultats, mon ami, pour rattraper trop de  temps déjà perdu et utilisons nos flux d'énergie à bon escient", surtout pour sortir de cette grisaille  politique, pomme de discorde et de division, qui nous empêche de voir "Haïti d'abord et avant tout!"

La situation politique
C’était la lettre de Mme Manigat en réponse à l’accusation  de « complot » du Président. C’était la déclaration du Président qualifiant de «  voleurs de poules, de bœufs, ses opposants politiques », des propos indignes d’un Chef d’Etat. C’était la tentative de réunir les partis politiques par le Président tout de suite après avoir fêté le 25e anniversaire de Sweet Micky et avant de partir pour Suriname pour la participation d’Haïti au Festival de la Caraïbe (Carifiesta) et des vacances en Floride. Le Parlement a réussi un coup de maitre en convoquant des assises (26,27,28 Aout 13) avec les partis politiques en opposition au Président, le secteur Privé et la Communauté Internationale. C’était enfin le dépôt du projet de loi électorale au Parlement par le Ministre de la Justice accompagné du Ministre Ralph Théano chargé des relations avec le Parlement qui a ainsi marqué son retour au Parlement depuis les incidents que l’on sait.

Analyse de la situation politique
Comme à mes habitudes, j’ai commencé, dès le début du mois d’Août 2013, à collecter les informations  pour mon article du mois. Les premières informations ont laissé présager un mois d’Août 2013 plutôt  difficile sur le plan politique. En effet, au cours des trois (3) journées du Carnaval des fleurs, le Président Martelly a accusé de « complot » contre son pouvoir « une dame » qui, elle-même, a été victime de coup d’Etat. Mme Manigat en a profité pour donner une réponse en bonne et due forme  au Président de la République.

Le Sénat a sorti le résultat de son enquête dans l’affaire du juge d’instruction subitement mort qui est totalement défavorable au Président et au Premier Ministre les accusant d’avoir participé à cette fameuse rencontre avec le juge d’instruction, donc de « parjure ». Ce qui est passible de la Haute Cour de Justice. Ces deux faits ont favorisé un renforcement de l’opposition face au Pouvoir Exécutif. Et comme la Présidence a souhaité organiser les élections sous l’égide de la loi électorale de 2008, l’opposition a vu dans cette proposition une manœuvre de plus de l’Exécutif pour ne pas organiser les élections en 2013.

Le Président, qui, entre temps, a fêté le 25e anniversaire de « Sweet Micky », et traité l’opposition, lors d’un passage dans le Nord du Pays, de « voleurs de poules », a essayé de convoquer les partis politiques au Palais pour des discussions sur l’organisation des élections. Le Président a été boudé par les partis politiques qui, selon un d’entre eux, pensent qu’il est trop tard pour ce dialogue car « il est minuit moins 5 » pour le Président. Le discours du Président pour expliquer la nécessité de ce dialogue politique sur les élections n’a pas eu l’effet escompté. Et le Parlement a profité de l’échec du Président pour convoquer les partis politiques de l’opposition, le Secteur Privé et la Communauté internationale à Montana pour des assises sur la situation du pays avec pour objectif de mettre sur pied une structure pour favoriser le dialogue politique. C’est une victoire pour le Parlement qui a pu permettre la mise en place du « Groupe des 13 » pour assurer le suivi de ces assises, en particulier pour dialoguer avec l’Exécutif (Réf. http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=120636#.UiBuJ1ovXRM.facebook.).

Durant la période de ces assises, l’Exécutif a décidé enfin d’envoyer le projet de loi modifié à la Chambre basse 10 jours avant la vacance des Députés. Ce projet de loi envoyé deux mois après sa soumission à la Présidence par le CTCEP nécessite un effort appréciable de la part du Parlement avant de se transformer en une loi acceptable pour les deux parties. Le Président de la Chambre pense qu’il faudrait un mois de travail pour y parvenir et croit de ce fait qu’il serait impossible d’organiser les élections en 2013. Il faut noter que les modifications apportées par la Présidence ne semblent pas plaire à M. Edouard Paultre du CONAN, un membre de la société civile, qui suggère au Parlement de « déclarer irrecevable » ce projet de loi modifié, « en attendant un compromis ». Pour le Président du Sénat, c’est « un show médiatique » du pouvoir Exécutif ; c’est du « show biz », selon le Sénateur JEAN-CHARLES.

Dans le cas où le Parlement appliquerait cette suggestion du CONAN déjà adoptée par le Député Bélisaire, très farouche opposant au Président Martelly, peut-être que la solution serait de « chasser Martelly du pouvoir » pour répéter le mot d’un autre farouche opposant au Président, le Sénateur Moise JEAN-CHARLES. En cas de non présentation du Président au Parlement le 2e lundi de Janvier 2014, ce qui confirmerait les rumeurs selon lesquelles le Président Martelly voudrait déclarer « la caducité du Parlement », le Parlement constatera « la démission du Chef de l’Etat », menace le Président DESRAS très applaudi par l’opposition. C’est « une mise en garde » a déclaré le Président de la Chambre Basse, Tolbert ALEXIS, à l’émission Le Point de Radio Métropole du 28 aout 2013. Il est à noter que les assises convoquées par le Parlement ne sont réalisées qu’avec les partis d’opposition. Le Président du Sénat aurait « oublié » d’inviter les partis politiques proches du Président Martelly.

En guise de conclusion
Tous ces faits prouvent, s’il en était besoin, qu’il y a une consolidation de l’opposition contre le Président. Cette opposition pourrait se massifier comme en 2003 et 2004,  et n’envisager que le départ du Président Martelly en 2014 comme solution  à la crise politique.  En fonction de cette perception naturellement erronée, c’est à se demander si le groupe des 13 n’aurait pas la tentation de s’opposer davantage au Président au lieu de chercher à dialoguer avec lui. Partant du principe que nous sommes plus enclins à faire alliance contre quelqu’un au pouvoir que pour Haïti, il y a de forte chance que le renvoi du Président, d’ailleurs fortement souhaité par l’opposition et par le Parlement, ne soit pas la seule option envisagée. J’espère vraiment me tromper et que le « Groupe des 13 » arrive à se convaincre et à convaincre le Président à entrer dans un processus de concertation nationale, de Dialogue politique, de pacte de gouvernabilité ou de conférence nationale, la seule voie de sortie à la crise permanente haïtienne. Une mise à pied de Martelly t’irait mieux, mon cher ami, mais ferait, à mon humble avis, beaucoup plus de mal au pays. A toi de choisir, mon ami, tout en te rappelant 2004 !!!

mercredi 31 juillet 2013

HAITI : LA TOURMENTE ET A QUAND LA REVOLUTION DE CROISSANCE ECONOMIQUE (?)


HAITI : LA TOURMENTE ET A QUAND LA REVOLUTION DE CROISSANCE  ECONOMIQUE (?)
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET 2013

Décidément le dernier grand homme noir vivant sur la planète Terre est un véritable phénomène. Nelson Mandela a défié tous les pronostics (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/06/haiti-dans-la-tourmente-avec-des-lueurs.html). Il a fêté ses 95 en juillet et récupère bien pour son âge. Sacré Mandala qui nous  regarde continuer nos petites querelles intestines, la mise à mort lente d’un pays qui a produit le premier des noirs, Toussaint Louverture, celui-là  même qui a planifié et démarré la première  et la seule révolution d’esclaves  noirs réussie sur un coin d’ile, Haïti! Depuis la réussite de cet exploit unique dans les annales de l’histoire universelle, le 1er janvier 1804, notre chère Haïti vit dans la tourmente, en particulier depuis le 17 octobre 1806, le jour de l’assassinat de l’Empereur Dessalines, l’adjoint de Toussaint Louverture, celui qui a parachevé  son œuvre, le vrai père de cette Haïti dont les fils et filles n’ont pas su s’élever à la hauteur de l’exploit. C’était trop et c’est trop lourd pour nos épaules de nains. La division aidant, la tourmente est devenue la règle et la réussite l’exception. Alors, à quand cette révolution de croissance économique qui refera de notre pays «  la Perle des Antilles » ? (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html). Passons en revue rapidement les faits saillants du mois de Juillet 2013. Analysons en profondeur deux faits saillants du mois de juillet. Terminons cet article en guise de conclusion par les conseils d’un fils du Pays, qui a su constituer un groupe « solide comme un roc »  et en faire la première multinationale haïtienne dans ce monde globalisé.

LES FAITS SAILLANTS DE JUILLET 2013

La zone économique de PETROCARIBE
La rencontre de Managua sur PETROCARIBE à laquelle ont participé le Président Martelly et le Premier Ministre Lamothe a vu la création de la Zone  Economique de PETROCARIBE (ZEP) sous l’instigation de Président du Venezuela,  Nicolas Maduro, le successeur d’Hugo Chavez. Haïti s’est engagée à payer une partie de la dette de PETROCARIBE dans le cadre de la politique « Nourriture contre Pétrole » dont le document de cadrage ou la note conceptuelle est déjà fin prête selon le ministre de l’agriculture, M. Thomas Jacques, lors du Conseil de Gouvernement radiotélévisé du 17 juillet 2013. A noter que ce conseil de gouvernement consacré à l’infrastructure a permis d’avoir beaucoup d’informations sur les travaux d’infrastructures en cours dans le pays tant au niveau urbain que rural.

Le Téléthon pour la sélection nationale de football
Jean Monard Metellus de Radio Caraïbe, Daly Valet de Radio Vision 2000 et consorts se sont mis ensemble pour organiser un « Téléthon » en vue d’aider  la sélection nationale de football  qui devait participer à la Gold CUP organisé aux USA du 14 au 28 Juillet 2013 et qui a vu la victoire méritée de la sélection américaine sur celle du Panama (1-0) avec l’élimination prématurée de celle d’Haïti au premier tour. L’exploit c’est que le peuple haïtien a contribué, avec ses maigres moyens, à hauteur de 15 M. HTG à ce « téléthon », parce qu’il fait confiance à ces deux hommes en particulier.

Le projet de loi électorale, la controverse
Le Collège Transitoire du Conseil Electoral Permanent (CTCEP) a soumis à la Présidence le projet de loi électorale pour les « suites nécessaires ». Nous nous mettons aussitot à nous battre sur l’expression « suites nécessaires ». La présidence est encore en train de faire ses « suites nécessaires », en laissant le Parlement et l’opposition vociférer et spéculer sur les « suites nécessaires » de la Présidence. La Présidence est accusée de faire passer le temps pour ne pas réaliser les élections en cette année 2013. En tout cas, le Président est averti « Election en 2013 ou Démission». La tourmente persiste pour Haïti en attendant.

La mort subite du Juge JOSEPH, la bombe déstabilisante
Plus grave encore, le juge d’instruction sur le dossier d’usurpation de titre et corruption de la femme et du fils du Président, Me Jean-Serge JOSEPH, est tombé subitement mort (paix à son âme!) après avoir convoqué certains officiels du Gouvernement dans le cadre du dossier en question. L’Exécutif au complet, (Président et Premier Ministre) est « accusé de ce crime » pour « avoir organisé une rencontre avec le juge  chez un avocat ». L’avocat en question a démenti catégoriquement. Le Président et le Premier ministre en ont fait de même. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a mis en place sa « commission d’enquête disciplinaire ».  Depuis les commissions d’enquête pleuvent : La Chambre des députés, le  Sénat, le Parquet de Port-au-Prince, etc. En tout cas, la RTVC en a fait un résumé assez édifiant qu’il faut lire et relire pour se faire une idée exacte de la situation(Réf.http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/le_rapport_de_la_commission_s_natoriale_d_enqu_te_rendu_apr_s_le.html). Entre temps, le cadavre  du  juge qui était canadien naturalisé a été acheminé au Canada. Cette mort subite est un os dans la gorge de l’administration Martelly-Lamothe. Si les rumeurs les plus folles se confirment, Haïti sera encore beaucoup plus dans la tourmente. Que Dieu ait pitié de nous ! Et, en attendant, profitons du carnaval.

Le carnaval des fleurs, la mauvaise date du 28 juillet mais quel défoulement !
 Malgré le communiqué d’un groupe d’intellectuels haïtiens exigeant le report  de la date du Carnaval des Fleurs au delà du 28 Juillet qui rappelle l’occupation américaine de notre pays, les dates du 28, 29 et 30 juillet ont été maintenues pour le carnaval des fleurs (97 M HTG). Le Champs de Mars a été bien paré pour la circonstance, haut en couleur avec des stands qui sont de véritables bijoux architecturaux d’une extraordinaire beauté avec les couleurs utilisées pour attirer l’attention. Fantastiques !!! (Réf. https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153526940065355&set=a.10153526626125355.1073741905.907665354&type=1&theater). Les bandes à pied, les groupes musicaux sur chars, les carnavaliers déguisés et bien habillés exécutant des chorégraphies bien ficelées, les jolies reines sur les carrosses, et ce  peuple qui se déhanche pour noyer sa misère et sa tourmente, c’est ça Haïti, la vraie !(Réf.https://www.facebook.com/photo.php?fbid=553073334728609&set=a.553072151395394.1073741980.153371961365417&type=1&theater). Un moment inoubliable !!!

Les deux faits inaperçus
Alors que l’actualité tourne  autour de la mort du juge Joseph (sauf les 3 jours de carnaval), deux faits non politiques sont passés inaperçus. Il s’agit du communiqué du Forum du Secteur Privé relatif au soutien complet apporté par le Secteur privé à la décision gouvernementale de maintenir l’interdiction gouvernementale d’importation de produits avicoles de 2008.  Il s’agit aussi et surtout de la célébration du 20e anniversaire de la UNIBANK, en particulier du discours du PDG, Carl Braun. Ces deux faits seront l’objet d’analyse approfondie dans cet article du mois de juillet 2013.

L’ANALYSE DES DEUX SAILLANTS PASSÉS INAPERCUS DU MOIS DE JUILLET 2013

L’analyse en profondeur de ces deux faits saillants pourrait contribuer à une prise de conscience pour la mise en route d’une « Révolution de Croissance économique en Haïti ».

1.    La note de Presse du Forum économique du Secteur Privé (FESP)

Dans l’article du mois de juin 2013, l’un des points d’analyse a été la tension avec la République Dominicaine à cause de la maintenance de l’interdiction des mesures gouvernementales de 2008 sur les produits avicoles. Ce qui a sérieusement dérangé  les Dominicains. Ma plus grande satisfaction c’est la prise de position du Forum du Secteur Privé en faveur des mesures gouvernementales d’interdiction des produits avicoles dominicains, et qui va encore plus loin en posant la problématique des relations commerciales entre notre pays Haïti à l’Ouest et la République Dominicaine à l’Est de l’Ile d’Haïti (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/07/note-de-presse-du-forum-economique-du.html). « La crise causée par la décision du Gouvernement Haïtien de renouveler l’interdiction de 2008 d’importer des produits avicoles de la République Dominicaine (RD), a fait ressurgir les vrais problèmes posés par les échanges commerciaux qui se réalisent entre Haïti et le pays voisin, échanges considérés comme abusifs et prédateurs » annonce d’entrée de jeu la note du FESP.C’était inespéré, tout au moins de mon point de vue.

Plus loin, c’est l’appui « le plus complet ». La note poursuit : « Face à cette crise, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE apporte son soutien le plus complet à la décision adoptée par le Gouvernement qui a pour responsabilité de protéger la population haïtienne contre tous les risques de contamination, en particulier ceux véhiculés par les marchandises en provenance de la République Dominicaine. Cette protection est d’ailleurs conforme aux règles et principes du commerce international, en particulier ceux contenus dans l’Accord sur les Mesures Sanitaires et Phytosanitaires (SPS) et l’Accord sur les Obstacles Techniques au Commerce (OTC) de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ». Les parties soulignées par nous, c’est pour attirer l’attention du lecteur de cet article.

Mais le FESP ne ferme pas les portes : « Par conséquent, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE appuie sans réserve les négociations en cours entre les deux parties en vue de la mise en place de mesures internes communes visant à reprendre le commerce des produits avicoles sur des bases plus sûres et plus équitables, en accord avec les dispositions des deux accords susmentionnés, y compris d’autres dispositifs internationaux tels que le “Codex Alimentarius”, etc. »

Pourtant la note « attire l’attention sur le caractère illégal du commerce bilatéral caractérisé, entre autres, par le traitement non règlementaire accordé par la République Dominicaine aux produits d’origine haïtienne qui ne sont pas commercialisés sur le marché de ce pays conformément aux règles de I’OMC. Ces produits font, en effet, l’objet de pratiques commerciales déloyales telles que : (réorganisées et numérotées par l’auteur) : (i) Les barrières non tarifaires sous forme de mesures SPS applicables aux marchandises haïtiennes (Par exemple, impossibilité d’obtenir les certificats SPS règlementaires), en désaccord avec les clauses insérées dans les Accords de I’OMC y relatifs; (ii) Les pratiques de dumping systématique qui causent des préjudices graves aux secteurs nationaux de production et qui ont pour effet d’entraver leur capacité à développer des filières capables de concurrencer les produits similaires importés du pays voisin ; (iii) L’application de licence automatique et/ou non automatique qui crée des entraves non nécessaires à la commercialisation des produits haïtiens sur le marché dominicain, en contravention avec les dispositions de l’Accord sur les Procédures de licences d’Importation de l’OMC ; (iv) La situation incontrôlable, voire anarchique induite par les échanges commerciaux enregistrés sur les marchés binationaux (qui sont au nombre de plus de 50 du coté Dominicain) et qui fonctionnent à sens unique au profit des produits dominicains ; (v) Les difficultés , voire l’impossibilité, pour les postes douaniers établis à la frontière de taxer les marchandises originaires de la République Dominicaine, exacerbant ainsi les pertes de recettes qui se situeraient autour de 15 Milliards de Gourdes; (vi) Les campagnes de dénigrement menées contre certains produits haïtiens.

Enfin, la note fait des propositions au Gouvernement (réorganisées et numérotées par l’auteur) : (i) Des contre-mesures sous forme de droits anti-dumping devraient être utilisées par le Gouvernement sur la base des dispositions de l’Accord sur la Mise en œuvre de l’Article IV (l’Accord Antidumping) de I’OMC afin de permettre aux branches nationales de production affectées de procéder aux ajustements de structure nécessaires; (ii) Des contremesures règlementaires devraient être adoptées en faveur des producteurs haïtiens dont les produits sont assujettis à de telles mesures en cas de non conformité avec les dispositions de cet Accord ; (iii) Accroitre le contrôle des flux de marchandises qui passent régulièrement la frontière en renforçant les structures douanières déjà établies; (iv) Mettre en place des postes sanitaires et phytosanitaires capables de contrôler les marchandises qui présentent des risques pour la santé des personnes, des animaux et des végétaux conformément aux dispositions des accords commerciaux multilatéraux de l’OMC ; (v) Mettre en place les structures légales et institutionnelles aptes à faciliter la gestion des échanges commerciaux bilatéraux et à déclencher, au besoin, les contremesures nécessaires en cas d’utilisation par la RD de pratiques commerciales déloyale (dumping, licence automatique/non automatique, etc.), conformément aux règles insérées dans les accords de I’OMC y relatifs... (vi) S’assurer que le passage de la frontière par des personnes ou des biens se fassent dans le plus strict respect de la Loi comme dans nos ports ou aéroports et, par conséquent, éliminer la mesure instituant les Marchés Binationaux.

En conclusion, la voix de la sagesse mais sans s’écarter des règles du jeu et en se donnant les moyens de notre politique : « Enfin, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE encourage le Gouvernement Haïtien à œuvrer en vue d’aboutir, par la négociation, à une entente avec la partie dominicaine qui contemplera la réalisation du commerce bilatéral sur des bases axées sur le respect mutuel, la justice et surtout la réciprocité. Une telle entente doit être aussi impérativement basée sur l’application stricte et le respect des règles du commerce international administrées par I’OMC dont les deux pays sont Membres. Elle ne peut être d’ailleurs mise en œuvre tant que l’institution douanière haïtienne ne sera pas entièrement et profondément renforcée ».

2.    Le discours du 20e anniversaire de la UNIBANK

Le discours de M. Carl Braun, président directeur général de la UNIBANK,  est assez long mais quelle richesse ! D’ailleurs, c’est pour la première que j’ai publié un discours sur mon blog, les meilleurs textes : (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/07/discours-du-20e-anniversaire-de-la.html). Bravo M. Braun ! C’est mon 3e texte inspiré par M. Braun après « Haïti, nécessité d’une révolution de croissance économique» en 2010 et cité en référence au début de cet article, et  « Document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne », texte collectif de la Fondation Haïtienne pour le développement intégral latino-américain et caribéen (FONHDILAC) coordonné par votre serviteur (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html).

Revenons au discours de M. Braun. C’est difficilement analysable tellement il contient d’informations et de propositions. C’est un discours à lire et à relire, surtout quand on a tendance à perdre espoir dans l’avenir de notre pays, quand on est dans la tourmente.

Tout d’abord pour bien comprendre la réussite de la UNIBANK 20 ans après, la 1ere banque Haïtienne, la 13e au niveau de la Caraïbes, la première multinationale haïtienne depuis 1999, soit 6 ans seulement après sa création en 1993, il faut rappeler le contexte haïtien de l’époque. Haïti, la tumultueuse, était en pleine période de coup d’Etat, en pleine période d’embargo international, dans une conjoncture socioéconomique et politique désastreuse, en pleine négociation pour le retour hypothétique du Président Aristide, victime d’un coup d’état sanglant 2 ans auparavant.

Ce discours pourrait s’intituler « Plaidoyer pour une révolution de croissance économique en Haïti » ou « comment investir dans un pays en crise et réussir ». Tout ceci pour dire que la situation actuelle en 2013 est plutôt idéale pour investir  par rapport à 1993. Comme le répète souvent mon ami et ex-ministre de l’agriculture, Joanas GUE, « toute crise est porteuse d’opportunités». En témoigne le succes history de la UNIBANK. Voici un exemple de réussite que l’administration actuelle aurait dû utiliser pour asseoir sont slogan : « Haïti is open for business ».

L’équipe qui a conçu et réalisé le groupe UNIBANK  en 1993 avait une moyenne d’âge de 39 ans. « En effet, le 19 juillet 1993, 29 UNIBANQUIERS et une centaine de jeunes actionnaires inauguraient la UNIBANK, la « banque 5 étoiles » comme elle viendrait à être affectueusement connue de sa clientèle au fil des ans. Ce pari ambitieux, celui de lancer une nouvelle banque au milieu d’une des plus grandes crises que le pays ait jamais connues, était en gestation depuis 1991, et reflétait non seulement notre foi inébranlable dans l’avenir de notre pays, mais aussi notre ferme volonté de changer profondément, de révolutionner les services bancaires et financiers en Haïti. Ce pari, désormais historique, était le fruit d’un rêve et d’une vision. »

Le rêve et la vision

« Le rêve des fondateurs de la UNIBANK était de créer une grande banque, solide comme un roc, « une banque universelle », une banque inclusive offrant à sa clientèle des services bancaires et financiers modernes, présente avec des succursales et points de service partout où se trouvent des Haïtiens et Haïtiennes , à Port-au-Prince, en Provinces, dans la Diaspora.

La vision des fondateurs de la UNIBANK était claire et communiquée à tous: créer une grande institution ; une banque citoyenne, socialement responsable ; transparente et moderne ; dynamique, honnête et sérieuse ; fonctionnant à l’intérieur d’un groupe financier diversifié. En bref, une grande entreprise qui réussit dans le strict respect des lois , des règlements et des principes de moralité, en s’acquittant de toutes ses obligations envers le fisc, les régulateurs et ses clients, avec le souci permanent de bien faire, partout et en tout temps ».

« Mission accomplie »

« En 1993, à l’ouverture, 1 succursale dans une ville ; 29 Collaborateurs ; 96 déposants.

Aujourd’hui, en 2013 :43 succursales et agences dans 20 villes, dont 26 succursales dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince, et 17 dans 14 villes de province réparties dans les 10 départements géographiques, y compris à l’île de La Gonâve ;716 points de services de UNITRANSFER, dont 284 en Haïti et 432 aux États-Unis, au Canada, dans la Caraïbe et en Europe, faisant de la UNIBANK, depuis 1999, la première multinationale haïtienne ;27 agences de Micro Crédit National et du Kredi Agrikol à travers le pays ».

Alors qu’à l’ouverture en 1993, la UNIBANK n’avait que 15 M HTG de fonds propres, actuellement elle dispose de 4.5 Mrds HTG (+100 M USD de capitaux propres) investis et réinvestis dans leur pays par les 391 actionnaires. Elle offre des services à 900,000 déposants et 275,000 compatriotes qui envoient, à travers UNITRANSFER, 200 M USD de l’étranger à leurs parents ici en Haïti, à 45,000 emprunteurs, à 20,000 micro et petits entrepreneurs dont 2,500 entrepreneurs agricoles, et 62% de femmes. Ces entreprises et entrepreneurs créent plus de 55,000 emplois dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires de l’économie nationales. C’est « la 17ème banque la mieux capitalisée du CARICOM, et la seule banque haïtienne du « CARICOM Top 20 » selon le classement du magazine spécialisé du Groupe Financial Times, The Banker ».

Avec 45 milliards de gourdes de dépôts, soit l’équivalent de plus de 1 milliard de dollars US, ou 30% du marché national des dépôts, 18 milliards de gourdes de crédit à l’économie et à la production nationale, dont plus de 1 milliard de gourdes aux micro-entreprises et aux PME, y compris dans le secteur rural à travers son programme de « KrediAgrikol », c’est la Première banque d’Haïti, 13ème en actifs du CARICOM, et 17ème en actifs dans la Caraïbe (CARICOM plus République Dominicaine).

Les perspectives de la UNIBANK : les 10 commandements selon Carl Braun

La base de la réussite de la UNIBANK sera solidifiée, selon Carl Braun : « nous faisons notre la pensée du philosophe français Georges Bernanos au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale : « L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait ».Pour renforcer son leadership en Haïti et dans la Caraïbe, la UNIBANK , tout en espérant une révolution de croissance en Haïti, compte sur la stratégie suivante : (i) Préparer la relève managériale tant au niveau du Conseil d’Administration  (59 ans de moyenne d’âge) qu’au niveau des postes exécutifs de la banque (formation et intégration de plus jeunes actionnaires, femmes et hommes dans un conseil d’administration élargi ainsi qu’à la direction exécutive de la Banque) ; (ii) renforcer la politique d’intégration des femmes (50 % actuellement) au niveau de la direction exécutive avec l’accompagnement jusqu’en 2023 de ceux qui ont jusqu’ici guidé les destinées de la Banque, « et ceux qui devront prendre la relève et gérer les destinées de la Banque, l’amenant résolument vers 2033 »;(iii) Poursuivre avec vigueur la stratégie de renforcement  des ressources humaines de la Banque  par la formation professionnelle continue, et par le recrutement de jeunes Licenciés, MBA, et Masters, professionnels polyglottes et motivés ; (iv) Faire comme par le passé des investissements majeurs dans les domaines technologiques et informatiques, et renforcer son « business continuity planning » particulièrement dans le maintien de ses sites de contingence hors Haïti  en cas d’événements destructeurs ; (v) Renforcer son programme d’inclusion bancaire et financière de la population à travers la poursuite de son déploiement géographique vers de nombreuses autres villes de province et l’extension des programmes de crédit, particulièrement ceux orientés vers le crédit PME, le microcrédit et le crédit agricole, avec  un renforcement du programme de démocratisation du crédit avec une augmentation  de son nombre de clients ayant accès au crédit à au moins 500 mille d’ici vingt ans ; (vi) Introduire de façon soutenue ses produits de bancassurances, renforcer et démocratiser l’offre de produits de la dernière-née du Groupe, la UniAssurances ; (vii) Utiliser son programme de « banque à distance » et renforcer l’internet banking pour toucher un plus grand nombre de clients, tant au niveau urbain que rural, à l’étranger comme en Haïti ; (viii) Multiplier de façon importante les cartes de débit et d’ATM, et les points de service correspondants durant les prochaines années ; (ix) Continuer à renforcer ses fonds propres, et (x) Viser – « révolution de croissance » aidant -à tripler au moins ses capitaux propres dans vingt ans pour les porter à 15 milliards de gourdes, par rapport à 4.5 milliards aujourd’hui.

CONCLUSION : plaidoyer de la UNIBANK pour la « révolution de croissance »

Comme je l’ai fait dans l’article, «  Les trois piliers pour le développement nationale, le deal entre Haïtien (?) » (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html), Carl Braun a expliqué la corrélation entre croissance démographique et croissance économique : « car en nous rappelant que la croissance démographique naturelle de notre pays étant de 2% par an, toute croissance économique en deçà de 6% par an nous condamne à attendre environ 18 ans avant de pouvoir doubler un revenu national per capita déjà rachitique, anémique et faible ». Et il rappelle « que nous avons très, très rarement atteint 6% durant les 50 dernières années de soubresauts sociopolitiques et de régression/stagnation économique caractérisés par de longues périodes de dictatures civiles et militaires, et par une transition démocratique en dents de scie, constamment soumise aux assauts de courants antidémocratiques . Donc, si Haïti ne peut pas connaitre une vraie « révolution de croissance » de l’ordre de 8 à 12% par an durant les prochaines décennies, et si elle ne peut pas renforcer la démocratie et l’état de droit toujours prôné et soutenu par le Conseil d’Administration de la UNIBANK, notre pays ne sera certainement pas une économie émergente en 2030, et notre faible revenu national per capita continuera à crucifier journellement les plus pauvres qui constituent la majorité de notre population ».

Et il propose et nous avec lui: « Durant les vingt prochaines années, nous encourageons fortement les Pouvoirs Publics, l’Exécutif, le Parlement, le Pouvoir Judiciaire, à jouer à fond leur partition d’agents de modernisation et de changement pour que l’on connaisse enfin cette « révolution de croissance et d’emplois »qui seule changera la face de notre pays. Mettons-nous au travail pour libérer les forces productives de ce pays ! Permettons aux entrepreneurs de toutes les couches sociales de ce pays de jouer leur rôle en créant, sans entraves bureaucratiques, des centaines de milliers d’emplois ! Retirons Haïti des ornières de la corruption, du non-respect de la loi et de la violation des principes économiques d’efficacité et d’efficience ! Combattons les fléaux que constituent la contrebande et la fraude fiscale, et modernisons résolument les structures et les pratiques surannées du secteur public ! Exigeons du secteur privé qu’il se modernise lui aussi et qu’il entre de pleins pieds dans le 21ème siècle en respectant ses obligations fiscales et en jouant sa partition d’élite responsable et ouverte au changement ! Modernisons le système judiciaire si décrié ! Débattons sereinement et institutionnellement d’autres changements à apporter à la Constitution de 1987 pour la rendre plus moderne, moins lourde et plus fonctionnelle ! Tenons nos élections à temps pour éviter l’instabilité politique et le vide institutionnel ! Jetons les bases d’un État fort et moderne, et rejetons l’État faible aux oubliettes de l’histoire ; rétablissons et renforçons notre souveraineté dans l’honneur et la dignité ; mettons nous-mêmes, sans qu’on ait à nous le dire, de l’ordre dans nos affaires ; et exigeons de nos partenaires internationaux une nouvelle approche à l’aide au développement, une approche qui ne renforce pas l’État faible ! Le pays tout entier n’attend que cette « révolution de croissance » et de modernisation pour sortir de son pessimisme et de son manque de confiance en lui-même, pour reprendre gaiement le chemin du progrès ». Et à quand cette révolution de croissance économique ???






dimanche 30 juin 2013

HAITI DANS LA TOURMENTE AVEC DES LUEURS D’ESPOIR


HAITI DANS LA TOURMENTE AVEC DES LUEURS D’ESPOIR
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 JUIN 2013

Le monde entier est suspendu au dernier soupir de Nelson Mandela, le dernier grand homme noir encore en vie sur la terre depuis Toussaint Louverture, « le premier des noirs », sacrifié au Fort de joug en France en avril 1803 par « le premier des blancs », Napoléon Bonaparte. En attendant l’annonce officielle de la mort de Mandela dans les prochains jours(?), Haïti, le pays de Toussaint Louverture, « le Spartacus noir », cet esclave devenu le gouverneur à vie de la colonie française de Saint Domingue, vit dans la tourmente dans ce mois de juin 2013.

En effet, le mois de juin, c’est le premier mois de la saison cyclonique accompagné de pluies diluviennes un peu partout à travers le pays qui causent des inondations ; c’est la convocation du gouvernement Lamothe par le Sénat haïtien et cette impression d’un gouvernement fragilisé ; c’est la tension entre Haïti et St-Domingue autour de la grippe A(H1N1).

Heureusement aussi, c’est la coupe de la Confédération au Brésil avec la finale (Brésil-Espagne :3-0), un bon divertissement pour Haïti ; c’est la visite du Président du Surinam en Haïti ; c’est la visite du Président vénézuélien, Nicolas Maduro en Haïti suivie de la participation du Président Martelly au Nicaragua pour le 8e Sommet de PETROCARIBE ; à souligner que selon M. Martelly, Venezuela a contribué  à hauteur de 94% aux investissements publics du pays ; c’est le dépôt  du projet de loi de finance ou du budget (126.4 Mrds HTG) de la République 2013-2014 tel que le veut la Constitution. Pourtant, « avec la tendance actuelle, Haïti ne sera même pas émergent en 2130 d’après l’économiste, Thomas Lalime (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/06/avec-la-tendance-actuellehaiti-ne-sera.html). C’est la préparation et l’organisation des examens d’Etat avec 180,000 élèves sans les 14,000 fraudeurs. C’est enfin le regain d’espoir pour l’organisation des élections sénatoriales et municipales à la fin de cette année (17 M USD environ dans le budget 2013-2014) ; est-ce fin 2013 ou 2014 ?

Dans cet article, « Haïti dans la tourmente avec des lueurs d’espoir », l’analyse s’attardera sur la convocation du Gouvernement par le Sénat, sur la saison cyclonique et les inondations, et sur la tension entre Haïti et St-Domingue autour de la grippe A(H1N1).


1.        LA CONVOCATION DU GOVERNEMENT HAITIEN PAR LE SENAT

Le mardi 4 juin 2013, tout le peuple haïtien était suspendu à son récepteur  de radio et/ou de télévision pour suivre la séance de convocation du Gouvernement par le Sénat autour de plusieurs questions dont les 5 Mrds HTG du programme d’urgence post-Sandy. En analysant les questions de la plupart des Sénateurs posées avec arrogance et  sur un ton accusateur et les réponses des membres du Gouvernement plutôt correctes mais se comportant comme des enfants en présence de leurs professeurs, on a eu cette désagréable impression d’un gouvernement à coté de la plaque. Le comportement  catégoriquement timoré du Gouvernement face au Sénat a incité certains Sénateurs, surtout les moins bien formés, à avoir une attitude frisant la grossièreté. Heureusement que certains Sénateurs, tout en acculant les Ministres, ont eu une attitude vraiment professionnelle, ce qui a donné de la crédibilité à leurs semi-vérités pour la plupart.

Le coup calculé du Sénateur Exius
Au départ, on a senti autre chose qu’une simple convocation. Les questions posées, les précisions apportées n’ont pas empêché le retour des mêmes questions imprécises, les mêmes réponses précises et les mêmes bruits pour empêcher aux auditeurs et aux téléspectateurs de saisir les nuances. Parfois, on a eu cette impression que certains Sénateurs n’avaient pas besoin de réponses de la part du Gouvernement. Les détails fournis par rapport à des questions imprécises (le montant des fonds PETROCARIBE par exemple) ou mal formulées ne les intéressaient pas. L’objectif était tout simplement d’embarrasser le vis-à-vis et faire sentir au grand public que le Gouvernement ne maitrisait pas ses dossiers ou tout simplement mentait. Le coup fatal a été porté par le Sénateur Exius avec la projection d’une vidéo montrant que le ministère de l’agriculture n’a  rien réalisé sur une rivière de la Cote Sud. Le reportage réalisé une semaine plus tard  sur cette même rivière montrant la Firme d’exécution à pied d’œuvre et les travaux à un stade très avancé, et passé sur plusieurs chaines de TV  comme Télé Caraïbes, Télé Métropole, a montré clairement que le Ministre de l’agriculture  avait raison. Malheureusement pour le Ministre, le coup porté par le Sénateur était bien calculé.  Par rapport à ce petit jeu de chat à la souris, le gouvernement n’a pas été à la hauteur. Or, en Haïti plus que dans les autres pays, « perception vaut fait ». Cette séance a donc fragilisé le Gouvernement dans son ensemble. Etait-ce l’effet recherché par le Sénat ? 

A l’analyse, il était clair que le Gouvernement voulait éviter toute confrontation avec le Sénat. Mais, à force de vouloir plaire au Sénat, l’impression générale laissée par le Gouvernement, c’est qu’il avait des choses à cacher. Là encore, certains ministres ont gardé leur dignité d’hommes d’Etat. N’empêche que le Gouvernement sorte plutôt affaibli de l’épreuve et que le vent de l’instabilité souffle un peu plus fort  sur le Gouvernement Lamothe depuis cette convocation avec la crainte pour certains ministres de se voir éjectés de leur siège et pourquoi pas le Premier Ministre lui-même ? Ce qui déboucherait sur une crise gouvernementale fatale pour le pays et bonne pour les clans et l’opposition qui fourbissent leurs armes en plaine année électorale.

Une crise gouvernementale évitée de justesse
Ce qui était triste dans cet exercice, on n’avait pas l’impression qu’on assistait à une séance de convocation d’un pouvoir d’Etat par un autre pourvoir d’Etat. Comme je l’ai dit plus haut, c’étaient des élèves en présence de leurs professeurs qui ne maitrisaient pas bien leurs matières et que les élèves  dont les leçons étaient plutôt bien sues mais n’osant pas déranger leurs professeurs pour ne pas être bastonnés sans raison. Peut-être que le Gouvernement savait déjà que le Sénat avait autre chose en tête que de s’enquérir des informations sur l’action gouvernementale. Deux faits sont venus à la rescousse de cette hypothèse : l’insistance du Sénateur JEAN-CHARLES à la fin de la séance de faire adopter une résolution d’interpellation du Gouvernement et  la sécheresse avec laquelle le Président du Sénat, M. DESRAS, a mis fin à la séance de convocation. Cette façon d’agir de M. DESRAS a peut-être évité au pays de tomber dans une crise gouvernementale qui le plongerait un peu plus dans la tourmente, surtout en pleine saison cyclonique avec des pluies diluviennes causant déjà des dégâts dans plusieurs endroits.

2.        LA SAISON CYCLONIQUE ET LES PREMIERES INONDATIONS

Les premières pluies ont réellement démarré fin mai et au cours de ce mois de juin 2013. La saison cyclonique s’annonce très active avec  la probabilité  de près d’une vingtaine  de cyclones dont 3 à 6 pourraient se révéler des ouragans majeurs. En tout cas, les pluies diluviennes du mois de juin et  la 10e onde tropicale qui a traversé Haïti le 27 juin ont causé des inondations et des dégâts au niveau du secteur agricole, la vallée de l’Artibonite, St Michel, en particulier, Nan Paul, dans le Nord du Pays , au Centre, en particulier à Hinche et dans la commune de Boucan Carré où l’on a dénombré 3 disparus , 1 mort et des dégâts  considérables dans les  plantations au niveau du lit majeur de la rivière Boucan Carré. Dans cette dernière commune, en plus des pertes en vies humaines, des têtes de bétails sont emportées ainsi que, selon le vice-délégué de Mirebalais, 11 maisonnettes  et une vingtaine d’autres endommagées. Au niveau de la première section communale de cette commune, les routes sont coupées et les dégâts sont encore plus considérables à cause même du niveau du lit de la rivière par rapport aux terres agricoles emblavées en des cultures de toutes sortes, dont la patate douce, très sérieusement endommagées par les eaux en furie.

Comment expliquer une telle situation alors que le pays ne subit pas encore cette année les assauts d’un cyclone ? Il ne faut pas chercher de midi à 14 h. C’est le niveau élevé de la vulnérabilité environnementale d’Haïti. Les bassins versants sont dans un état déplorable et nécessitent des investissements considérables pour être réhabilités. Les investissements au niveau de certaines ravines et rivières se révèlent nettement insuffisants. De plus, les populations qui vivent dans les parties élevées de ces bassins versants continuent de les dégrader en coupant le peu d’arbres restant, en pratiquant des cultures sarclées et fouillees sur des pentes de plus de 30%,  et en utilisant des pratiques culturales érosives.

Les solutions drastiques et couteuses.
Les solutions à une telle situation sont connues des techniciens et de certains politiciens, mais les appliquer exige des décisions impopulaires. C’est pourquoi quand ils sont dans l’opposition, ils sont très critiques par rapport aux gouvernements en place, mais une fois au pouvoir, ils font exactement comme leurs prédécesseurs : fermer les yeux pour ne pas subir les foudres des populations à la base de la dégradation environnementale. Par exemple, la mise en défens des terres à forte déclivité, le déplacement des populations qui y vivent permettront  une régénération naturelle sur une période d’une dizaine d’années. On peut aussi appliquer les solutions techniques couteuses comme le traitement des ravines, le traitement des versants et parallèlement le traitement des rivières en aval pour protéger, les vies humaines, les villes, les villages et les terres agricoles. C’est le cas des Gonaïves. Les 70 M USD environ dépensés de 2004 à date tant au niveau de la ville, des terres agricoles, de la rivière La Quinte, des routes et ponts, et sur une partie du Bassin versant avec le projet PIA-Ennery ne font qu’atténuer la situation. Pour résoudre définitivement le problème, il aurait fallu environ 1 Mrd USD sur 25 ans. Malheureusement, les financements se faisaient rares  et l’Etat a du se contenter des solutions partielles avec les fonds du Trésor Public et des bailleurs internationaux comme la BID, l’UE, etc.

L’approche HIMO
Il y a des solutions techniques liées à l’approche HIMO, mais là il faudrait contrôler le niveau de corruption dans ces genres d’approches. C’est l’occasion rêvée par la plupart des parties prenantes pour s’enrichir. Pour y faire face, il faudrait des mesures coercitives sans parti pris. Qui oserait appliquer ces mesures ? L’Etat dans ses 3 composantes ? Les collectivités Territoriales ? Les ONG ? Les groupes de base ? Les intérêts individuels et claniques sont plus importants que ceux du pays pour l’application correcte de telles mesures.  Malheureusement pour nous autres haïtiens. En tout cas, chaque minute de perdue nous conduira lentement mais surement vers la fin, à moins d’une prise de conscience collective comme elle semble se dessiner ce mois-ci à partir de la crise découlant de la grippe A(H1N1), « un bluff » selon le mot de l’Agr Michel William dans un article exclusif publié par Le Nouvelliste du 17 juin 2013 (Réf. http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=118031#.UcGmstSGJBs.facebook). Cet article a permis de faire la différence entre les virus et mieux comprendre la situation à la base de la tension entre Haïti et la République Dominicaine.

3.        LA TENSION ENTRE HAITI  ET ST-DOMINGUE AUTOUR DE LA GRIPPE A(H1N1)

En 2008, Haïti a pris des mesures pour interdire l’entrée des produits avicoles dominicains sur le territoire haïtien à cause de la présence de la grippe aviaire (influenza aviaire H5N2) qui n’a rien à voir avec  la grippe A (H1N1) d’origine porcine (Mexique) ou humaine (Canada). Ces mesures n’ont jamais été officiellement levées comme l’a déclaré le Chancelier Haïtien. Lorsque la grippe A(H1N1) a  fait une quinzaine de morts en République Dominicaine (RD) récemment, la République d’Haïti s’est empressée d’interdire tous les produits carnés en provenance de la RD. Ce qui a indigné les autorités dominicaines. D’où la valse des discutions entre les deux pays tant en Haïti qu’en RD. Contrairement à ce qu’attendaient les dominicains, Haïti n’a levé l’interdiction que sur les produits carnés. De plus,  les services vétérinaires des deux pays se sont mis d’accord suite à une réunion technique tenue le 19 juin 2013 «  sur les modalités à adopter pour le commerce des produits avicoles entre les deux pays » (Réf. Note sur Internet du Secrétaire d’Etat à la production animale, Dr Michel Chancy : Synthèse des recommandations des services vétérinaires haïtien et dominicain sur les modalités sanitaires à adopter pour le commerce des produits avicoles entre les deux pays).

Cette synthèse est publiée telle quelle avec de petites remarques pour permettre au lecteur de faire sa propre analyse de la situation« Pour que les produits avicoles de la République dominicaine (RD) puissent à nouveau être commercialisés en Haïti, un comité technique composé d’experts des deux pays et assisté de représentants d’organisations internationales sera mis sur pied à brève échéance. Ce comité élaborera un protocole pour l’application des règles dictées par l’Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) en matière d’Influenza aviaire ». Nous soulignons cette phrase pour attirer l’attention du lecteur.

Plus loin la note enchaine : « Ce processus prévoit que les services vétérinaires de la RD soumettront aux services vétérinaires haïtiens une liste d’entreprises avicoles libres du virus de l’influenza aviaire et aptes à remplir toutes les conditions prévues dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation Mondiale de la Santé animale. Après vérification par les services vétérinaires de la République d’Haïti du respect de ces normes, seules les entreprises certifiées seront désormais habilitées à exporter des produits avicoles vers Haïti et devront se conformer continuellement aux règlements prévus en la matière ». Là encore, il faudra relire deux fois la phrase soulignée.

Et  le clou de la note de synthèse qui devrait favoriser les investissements en Haïti : « Les services vétérinaires des deux pays ont également manifesté leur intention d’apporter leur contribution en termes d’appui technique aux investisseurs des deux pays qui sont intéressés au développement de l’aviculture en Haïti. Ainsi, les exportations de produits avicoles de la RD pourront être planifiées en fonction des besoins du marché et en tenant compte du plan de développement de la production avicole en Haïti ».

« Ces recommandations ont été soumises pour approbation aux plus hautes autorités des deux pays. Le Secrétaire d’État à la Production Animale qui dirigeait la délégation des experts d’Haïti annonce déjà avoir obtenu l’adhésion de son Gouvernement aux recommandations des experts ». Haïti est d’accord. La République Dominicaine est-elle d’accord aussi ? Ou vont-ils faire le mort comme en 2008 ? C’est peut-être la seule attitude qui leur reste pour ne pas perdre la face.

En finale, la note dit ceci : « De plus, le Gouvernement haïtien prendra toute une série de mesures pour que les importateurs haïtiens se conforment aux règlements en vigueur. Ainsi, toute personne ou entreprise désireuse de se constituer en importateur de produits agro-alimentaires doit au préalable fournir la preuve de sa capacité à transporter et stocker les produits en question dans les conditions requises. En outre, elle devra obtenir du Gouvernement Haïtien, un permis sanitaire d’importation pour chaque lot à importer ».

Voilà, le sort en est jeté. C’est à nous  de « marrer nos ceintures » pour appliquer ces mesures et d’en payer le prix (Sentibon coute chè). Sommes-nous prêts à faire les sacrifices nécessaires pour avoir les produits avicoles de qualité et en quantité suffisante ? Tout est une question de politique publique. Si de 2008 à date on a pu multiplier par 2 la production avicole tant en termes d’œufs que de poulets de chair, on peut arriver à être autosuffisant en y mettant le prix. Quitte à favoriser en Haïti l’investissement haïtien et étranger dans ce domaine, y inclus celui des dominicains. La balle est maintenant dans le camp de la République voisine. Gare toutefois à nos  politiciens et « commerçants  » qui ont l’oreille de nos dirigeants et qui pourraient faire alliance avec les dominicains pour manipuler notre bon vieux peuple qui a si faim!

Conclusions
Dans cet article, « Haïti dans la tourmente avec des lueurs d’espoir », les points analysés auraient pu être différents comme le 8e Sommet de PETROCARIBE et ses enjeux pour Haïti, la coupe de la Confédération et l’engouement suscité en Haïti surtout avec un Brésil champion de la Coupe des confédérations, les mesures adoptées par le Ministre de l’Education pour organiser de bons examens d’Etat, le budget déposé et ses incidences sur certains secteurs clés, etc. Naturellement, le titre aurait été tout autre. Le choix d’analyser ces trois faits saillants a été guidé par le souci d’aborder des problèmes de fond qui ont des incidences sur l’ensemble du peuple haïtien. La convocation du Gouvernement par le Sénat,  la vulnérabilité d’Haïti en matière environnementale, les relations commerciales avec la RD sont des sujets qui intéressent l’ensemble de la population. L’éclairage objectif apporté nous fait comprendre si les difficultés frappent à nos portes, nous savons comment les résoudre. Il nous faut tout simplement nous y mettre de manière sérieuse, comme nous l'avons proposé après le passage de Sandy(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html)

Peut-être que la plupart des membres du Sénat avaient l’intention d’aller jusqu’à l’interpellation du Gouvernement pour lui donner par la suite un vote de non confiance. La crise gouvernementale qui s’ensuivrait n’arrangerait nullement notre pays, sinon certains individus et certains clans. Cette solution de bonne cohabitation dans le respect mutuel aiderait le Parlement à mieux contrôler  le Gouvernement sans une volonté délibérée de le renverser pour embarrasser l’Exécutif. D’un autre coté, c’est l’Exécutif qui retiendrait la leçon de bien communiquer, en particulier avec le Parlement, au lieu de tomber dans une sorte de propagande frisant l’indécence et de créer en son propre sein cette instabilité gouvernementale qui empêche au Gouvernement de prendre le temps de bien planifier dans la sérénité sans la crainte du lendemain.

Les solutions proposées comme la mise en défens et le déplacement des populations pour aborder les problèmes environnementaux liés à l’agriculture trouveront des échos auprès de l’Exécutif et du Parlement pour déclarer l’Etat d’urgence environnementale et arrêter ensemble des mesures impopulaires mais ô combien salutaires pour le pays durant les 10 prochaines années. Le cas Gonaïvien est aussi un modèle à appliquer dans d’autres zones victimes souvent d’inondation. C’est couteux  certes  mais on peut aussi combiner des approches au sein d’un même bassin versant.

Quant à la tension avec la RD à cause des produits avicoles infectés, l’approche proposée par les services vétérinaires des deux pays permettra à Haïti de relancer sa production avicole, et ce, même en partenariat avec les dominicains et/ou d’autres investisseurs haïtiens et étrangers. Tout ceci à partir d’un contrôle strict de l’Etat Haïtien  appuyé par les organismes internationaux concernés.

En clair, il ne faudrait pas une exploitation politicienne de certaines faiblesses qui pourraient surgir dans la mise en application des mesures proposées et arrêtées en concertation avec les pouvoirs d’Etat, la société civile et les collectivités territoriales. Haïti est certes dans la tourmente mais il y a des lueurs d’espoir. Exploitons-les ensemble pour sauver notre coin de terre ! Sinon… « Adieu veaux, vaches, moutons, cabris » !!!