HAITI :
LA TOURMENTE ET A QUAND LA REVOLUTION DE CROISSANCE ECONOMIQUE (?)
JEAN
ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET
2013
Décidément le
dernier grand homme noir vivant sur la planète Terre est un véritable
phénomène. Nelson Mandela a défié tous les pronostics (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/06/haiti-dans-la-tourmente-avec-des-lueurs.html).
Il a fêté ses 95 en juillet et récupère bien pour son âge. Sacré Mandala qui
nous regarde continuer nos petites
querelles intestines, la mise à mort lente d’un pays qui a produit le premier
des noirs, Toussaint Louverture, celui-là
même qui a planifié et démarré la première et la seule révolution d’esclaves noirs réussie sur un coin d’ile, Haïti!
Depuis la réussite de cet exploit unique dans les annales de l’histoire
universelle, le 1er janvier 1804, notre chère Haïti vit dans la
tourmente, en particulier depuis le 17 octobre 1806, le jour de l’assassinat de
l’Empereur Dessalines, l’adjoint de Toussaint Louverture, celui qui a
parachevé son œuvre, le vrai père de
cette Haïti dont les fils et filles n’ont pas su s’élever à la hauteur de
l’exploit. C’était trop et c’est trop lourd pour nos épaules de nains. La
division aidant, la tourmente est devenue la règle et la réussite l’exception.
Alors, à quand cette révolution de croissance économique qui refera de notre
pays « la Perle des Antilles » ? (Réf.
http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html).
Passons en revue rapidement les faits saillants du mois de Juillet 2013.
Analysons en profondeur deux faits saillants du mois de juillet. Terminons cet
article en guise de conclusion par les conseils d’un fils du Pays, qui a su
constituer un groupe « solide comme un roc » et en faire la première multinationale
haïtienne dans ce monde globalisé.
LES
FAITS SAILLANTS DE JUILLET 2013
La
zone économique de PETROCARIBE
La rencontre de
Managua sur PETROCARIBE à laquelle ont participé le Président Martelly et le
Premier Ministre Lamothe a vu la création de la Zone Economique de PETROCARIBE (ZEP) sous
l’instigation de Président du Venezuela,
Nicolas Maduro, le successeur d’Hugo Chavez. Haïti s’est engagée à payer
une partie de la dette de PETROCARIBE dans le cadre de la politique
« Nourriture contre Pétrole » dont le document de cadrage ou la note
conceptuelle est déjà fin prête selon le ministre de l’agriculture, M. Thomas
Jacques, lors du Conseil de Gouvernement radiotélévisé du 17 juillet 2013. A
noter que ce conseil de gouvernement consacré à l’infrastructure a permis
d’avoir beaucoup d’informations sur les travaux d’infrastructures en cours dans
le pays tant au niveau urbain que rural.
Le
Téléthon pour la sélection nationale de football
Jean Monard Metellus
de Radio Caraïbe, Daly Valet de Radio Vision 2000 et consorts se sont mis
ensemble pour organiser un « Téléthon » en vue d’aider la sélection nationale de football qui devait participer à la Gold CUP organisé
aux USA du 14 au 28 Juillet 2013 et qui a vu la victoire méritée de la
sélection américaine sur celle du Panama (1-0) avec l’élimination prématurée de
celle d’Haïti au premier tour. L’exploit c’est que le peuple haïtien a
contribué, avec ses maigres moyens, à hauteur de 15 M. HTG à ce
« téléthon », parce qu’il fait confiance à ces deux hommes en
particulier.
Le
projet de loi électorale, la controverse
Le Collège
Transitoire du Conseil Electoral Permanent (CTCEP) a soumis à la Présidence le
projet de loi électorale pour les « suites nécessaires ». Nous nous
mettons aussitot à nous battre sur l’expression « suites nécessaires ». La
présidence est encore en train de faire ses « suites nécessaires », en
laissant le Parlement et l’opposition vociférer et spéculer sur les
« suites nécessaires » de la Présidence. La Présidence est accusée de
faire passer le temps pour ne pas réaliser les élections en cette année 2013.
En tout cas, le Président est averti « Election en 2013 ou Démission».
La tourmente persiste pour Haïti en attendant.
La
mort subite du Juge JOSEPH, la bombe déstabilisante
Plus grave encore,
le juge d’instruction sur le dossier d’usurpation de titre et corruption de la
femme et du fils du Président, Me Jean-Serge JOSEPH, est tombé subitement mort
(paix à son âme!) après avoir convoqué certains officiels du Gouvernement dans
le cadre du dossier en question. L’Exécutif au complet, (Président et Premier
Ministre) est « accusé de ce crime » pour « avoir organisé une
rencontre avec le juge chez un avocat ». L’avocat en question a
démenti catégoriquement. Le Président et le Premier ministre en ont fait de
même. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a mis en place sa
« commission d’enquête disciplinaire ». Depuis les commissions d’enquête
pleuvent : La Chambre des députés, le
Sénat, le Parquet de Port-au-Prince, etc. En tout cas, la RTVC en a fait
un résumé assez édifiant qu’il faut lire et relire pour se faire une idée
exacte de la situation(Réf.http://www.radiotelevisioncaraibes.com/nouvelles/haiti/le_rapport_de_la_commission_s_natoriale_d_enqu_te_rendu_apr_s_le.html).
Entre temps, le cadavre du juge qui était canadien naturalisé a été
acheminé au Canada. Cette mort subite est un os dans la gorge de
l’administration Martelly-Lamothe. Si les rumeurs les plus folles se
confirment, Haïti sera encore beaucoup plus dans la tourmente. Que Dieu ait
pitié de nous ! Et, en attendant, profitons du carnaval.
Le
carnaval des fleurs, la mauvaise date du 28 juillet mais quel défoulement !
Malgré le communiqué d’un groupe
d’intellectuels haïtiens exigeant le report
de la date du Carnaval des Fleurs au delà du 28 Juillet qui rappelle
l’occupation américaine de notre pays, les dates du 28, 29 et 30 juillet ont
été maintenues pour le carnaval des fleurs (97 M HTG). Le Champs de Mars a été
bien paré pour la circonstance, haut en couleur avec des stands qui sont de
véritables bijoux architecturaux d’une extraordinaire beauté avec les couleurs
utilisées pour attirer l’attention. Fantastiques !!! (Réf. https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153526940065355&set=a.10153526626125355.1073741905.907665354&type=1&theater).
Les bandes à pied, les groupes musicaux sur chars, les carnavaliers déguisés et
bien habillés exécutant des chorégraphies bien ficelées, les jolies reines sur
les carrosses, et ce peuple qui se
déhanche pour noyer sa misère et sa tourmente, c’est ça Haïti, la vraie !(Réf.https://www.facebook.com/photo.php?fbid=553073334728609&set=a.553072151395394.1073741980.153371961365417&type=1&theater).
Un moment inoubliable !!!
Les
deux faits inaperçus
Alors que
l’actualité tourne autour de la mort du
juge Joseph (sauf les 3 jours de carnaval), deux faits non politiques sont
passés inaperçus. Il s’agit du communiqué du Forum du Secteur Privé relatif au
soutien complet apporté par le Secteur privé à la décision gouvernementale de maintenir
l’interdiction gouvernementale d’importation de produits avicoles de 2008. Il s’agit aussi et surtout de la célébration
du 20e anniversaire de la UNIBANK, en particulier du discours du
PDG, Carl Braun. Ces deux faits seront l’objet d’analyse approfondie dans cet
article du mois de juillet 2013.
L’ANALYSE
DES DEUX SAILLANTS PASSÉS INAPERCUS DU MOIS DE JUILLET 2013
L’analyse en
profondeur de ces deux faits saillants pourrait contribuer à une prise de
conscience pour la mise en route d’une « Révolution de Croissance
économique en Haïti ».
1.
La
note de Presse du Forum économique du Secteur Privé (FESP)
Dans l’article du mois
de juin 2013, l’un des points d’analyse a été la tension avec la République
Dominicaine à cause de la maintenance de l’interdiction des mesures
gouvernementales de 2008 sur les produits avicoles. Ce qui a
sérieusement dérangé les Dominicains. Ma plus grande satisfaction c’est la prise de position du Forum du Secteur
Privé en faveur des mesures gouvernementales d’interdiction des produits
avicoles dominicains, et qui va encore plus loin en posant la problématique des
relations commerciales entre notre pays Haïti à l’Ouest et la République
Dominicaine à l’Est de l’Ile d’Haïti (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/07/note-de-presse-du-forum-economique-du.html). « La crise causée par la décision
du Gouvernement Haïtien de renouveler l’interdiction de 2008 d’importer des
produits avicoles de la République Dominicaine (RD), a fait ressurgir les vrais
problèmes posés par les échanges commerciaux qui se réalisent entre Haïti et le
pays voisin, échanges considérés comme abusifs et prédateurs » annonce
d’entrée de jeu la note du FESP.C’était inespéré, tout au moins de mon point de
vue.
Plus loin, c’est
l’appui « le plus complet ». La note poursuit : « Face à cette crise, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE apporte son
soutien le plus complet à la décision adoptée par le Gouvernement qui a pour
responsabilité de protéger la population haïtienne contre tous les risques de
contamination, en particulier ceux véhiculés par les marchandises en provenance
de la République Dominicaine. Cette protection est d’ailleurs conforme aux
règles et principes du commerce international, en particulier ceux contenus
dans l’Accord sur les Mesures Sanitaires et Phytosanitaires (SPS) et l’Accord
sur les Obstacles Techniques au Commerce (OTC) de l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) ». Les parties soulignées par nous, c’est pour attirer l’attention du
lecteur de cet article.
Mais le FESP ne ferme
pas les portes : « Par conséquent,
le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE appuie sans réserve les négociations en
cours entre les deux parties en vue de la mise en place de mesures internes
communes visant à reprendre le commerce des produits avicoles sur des bases
plus sûres et plus équitables, en accord avec les dispositions des deux accords
susmentionnés, y compris d’autres dispositifs internationaux tels que le “Codex
Alimentarius”, etc. »
Pourtant la
note « attire l’attention sur le
caractère illégal du commerce bilatéral caractérisé, entre autres, par le
traitement non règlementaire accordé par la République Dominicaine aux produits
d’origine haïtienne qui ne sont pas commercialisés sur le marché de ce pays
conformément aux règles de I’OMC. Ces produits font, en effet, l’objet de
pratiques commerciales déloyales telles que : (réorganisées et numérotées par l’auteur) : (i) Les barrières non tarifaires sous forme de mesures SPS
applicables aux marchandises haïtiennes (Par exemple, impossibilité d’obtenir
les certificats SPS règlementaires), en désaccord avec les clauses insérées
dans les Accords de I’OMC y relatifs; (ii) Les pratiques de dumping systématique
qui causent des préjudices graves aux secteurs nationaux de production et qui
ont pour effet d’entraver leur capacité à développer des filières capables de
concurrencer les produits similaires importés du pays voisin ; (iii) L’application
de licence automatique et/ou non automatique qui crée des entraves non
nécessaires à la commercialisation des produits haïtiens sur le marché
dominicain, en contravention avec les dispositions de l’Accord sur les
Procédures de licences d’Importation de l’OMC ; (iv) La situation
incontrôlable, voire anarchique induite par les échanges commerciaux
enregistrés sur les marchés binationaux (qui sont au nombre de plus de 50 du
coté Dominicain) et qui fonctionnent à sens unique au profit des produits
dominicains ; (v) Les difficultés , voire l’impossibilité, pour les postes
douaniers établis à la frontière de taxer les marchandises originaires de la
République Dominicaine, exacerbant ainsi les pertes de recettes qui se
situeraient autour de 15 Milliards de Gourdes; (vi) Les campagnes de
dénigrement menées contre certains produits haïtiens.
Enfin, la note fait
des propositions au Gouvernement (réorganisées
et numérotées par l’auteur) : (i) Des contre-mesures sous forme de
droits anti-dumping devraient être utilisées par le Gouvernement sur la base
des dispositions de l’Accord sur la Mise en œuvre de l’Article IV (l’Accord
Antidumping) de I’OMC afin de permettre aux branches nationales de production
affectées de procéder aux ajustements de structure nécessaires; (ii) Des
contremesures règlementaires devraient être adoptées en faveur des producteurs
haïtiens dont les produits sont assujettis à de telles mesures en cas de non
conformité avec les dispositions de cet Accord ; (iii) Accroitre le
contrôle des flux de marchandises qui passent régulièrement la frontière en
renforçant les structures douanières déjà établies; (iv) Mettre en place des
postes sanitaires et phytosanitaires capables de contrôler les marchandises qui
présentent des risques pour la santé des personnes, des animaux et des végétaux
conformément aux dispositions des accords commerciaux multilatéraux de
l’OMC ; (v) Mettre en place les structures légales et institutionnelles
aptes à faciliter la gestion des échanges commerciaux bilatéraux et à
déclencher, au besoin, les contremesures nécessaires en cas d’utilisation par
la RD de pratiques commerciales déloyale (dumping, licence automatique/non
automatique, etc.), conformément aux règles insérées dans les accords de I’OMC
y relatifs... (vi) S’assurer que le passage de la frontière par des personnes
ou des biens se fassent dans le plus strict respect de la Loi comme dans nos
ports ou aéroports et, par conséquent, éliminer la mesure instituant les
Marchés Binationaux.
En
conclusion, la voix de la sagesse mais sans s’écarter des règles du jeu et en
se donnant les moyens de notre politique : « Enfin, le FORUM ECONOMIQUE DU SECTEUR PRIVE encourage le
Gouvernement Haïtien à œuvrer en vue d’aboutir, par la négociation, à une
entente avec la partie dominicaine qui contemplera la réalisation du commerce
bilatéral sur des bases axées sur le respect mutuel, la justice et surtout la
réciprocité. Une telle entente doit être aussi impérativement basée sur
l’application stricte et le respect des règles du commerce international
administrées par I’OMC dont les deux pays sont Membres. Elle ne peut être
d’ailleurs mise en œuvre tant que l’institution douanière haïtienne ne sera pas
entièrement et profondément renforcée ».
2.
Le discours du 20e
anniversaire de la UNIBANK
Le discours de M.
Carl Braun, président directeur général de la UNIBANK, est assez long mais quelle richesse !
D’ailleurs, c’est pour la première que j’ai publié un discours sur mon blog,
les meilleurs textes : (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/07/discours-du-20e-anniversaire-de-la.html). Bravo M.
Braun ! C’est mon 3e texte inspiré par M. Braun après
« Haïti, nécessité d’une révolution de croissance économique» en 2010 et
cité en référence au début de cet article, et
« Document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti
selon une vision haïtienne », texte collectif de la Fondation Haïtienne
pour le développement intégral latino-américain et caribéen (FONHDILAC)
coordonné par votre serviteur (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html).
Revenons au discours
de M. Braun. C’est difficilement analysable tellement il contient
d’informations et de propositions. C’est un discours à lire et à relire,
surtout quand on a tendance à perdre espoir dans l’avenir de notre pays, quand
on est dans la tourmente.
Tout d’abord pour
bien comprendre la réussite de la UNIBANK 20 ans après, la 1ere
banque Haïtienne, la 13e au niveau de la Caraïbes, la première
multinationale haïtienne depuis 1999, soit 6 ans seulement après sa création en
1993, il faut rappeler le contexte haïtien de l’époque. Haïti, la tumultueuse,
était en pleine période de coup d’Etat, en pleine période d’embargo
international, dans une conjoncture socioéconomique et politique désastreuse,
en pleine négociation pour le retour hypothétique du Président Aristide,
victime d’un coup d’état sanglant 2 ans auparavant.
Ce discours pourrait
s’intituler « Plaidoyer pour une révolution de croissance économique
en Haïti » ou « comment investir dans un pays en crise et
réussir ». Tout ceci pour dire que la situation actuelle en 2013 est
plutôt idéale pour investir par rapport
à 1993. Comme le répète souvent mon ami et ex-ministre de l’agriculture, Joanas
GUE, « toute crise est porteuse d’opportunités». En témoigne le succes
history de la UNIBANK. Voici un exemple de réussite que l’administration
actuelle aurait dû utiliser pour asseoir sont slogan : « Haïti
is open for business ».
L’équipe qui a conçu
et réalisé le groupe UNIBANK en 1993
avait une moyenne d’âge de 39 ans. « En
effet, le 19 juillet 1993, 29 UNIBANQUIERS et une centaine de jeunes
actionnaires inauguraient la UNIBANK, la « banque 5 étoiles » comme elle
viendrait à être affectueusement connue de sa clientèle au fil des ans. Ce pari
ambitieux, celui de lancer une nouvelle banque au milieu d’une des plus grandes
crises que le pays ait jamais connues, était en gestation depuis 1991, et
reflétait non seulement notre foi inébranlable dans l’avenir de notre pays,
mais aussi notre ferme volonté de changer profondément, de révolutionner les
services bancaires et financiers en Haïti. Ce pari, désormais historique, était
le fruit d’un rêve et d’une vision. »
Le
rêve et la vision
« Le
rêve des fondateurs de la UNIBANK était de créer une grande banque, solide
comme un roc, « une banque universelle », une banque inclusive offrant à sa
clientèle des services bancaires et financiers modernes, présente avec des
succursales et points de service partout où se trouvent des Haïtiens et
Haïtiennes , à Port-au-Prince, en Provinces, dans la Diaspora.
La
vision des fondateurs de la UNIBANK était claire et communiquée à tous: créer
une grande institution ; une banque citoyenne, socialement responsable ;
transparente et moderne ; dynamique, honnête et sérieuse ; fonctionnant à
l’intérieur d’un groupe financier diversifié. En bref, une grande entreprise
qui réussit dans le strict respect des lois , des règlements et des principes de
moralité, en s’acquittant de toutes ses obligations envers le fisc, les
régulateurs et ses clients, avec le souci permanent de bien faire, partout et
en tout temps ».
« Mission
accomplie »
« En
1993, à l’ouverture, 1 succursale dans une ville ; 29 Collaborateurs ; 96
déposants.
Aujourd’hui, en 2013 :43 succursales et agences dans 20 villes, dont 26
succursales dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince, et 17 dans 14 villes
de province réparties dans les 10 départements géographiques, y compris à l’île
de La Gonâve ;716 points de services de UNITRANSFER, dont 284 en Haïti et 432
aux États-Unis, au Canada, dans la Caraïbe et en Europe, faisant de la UNIBANK, depuis 1999, la première multinationale
haïtienne ;27 agences de Micro Crédit National et du Kredi Agrikol à
travers le pays ».
Alors qu’à
l’ouverture en 1993, la UNIBANK n’avait que 15 M HTG de fonds propres,
actuellement elle dispose de 4.5 Mrds HTG (+100 M USD de capitaux propres)
investis et réinvestis dans leur pays par les 391 actionnaires. Elle offre des
services à 900,000 déposants et 275,000 compatriotes qui envoient, à travers UNITRANSFER,
200 M USD de l’étranger à leurs parents ici en Haïti, à 45,000 emprunteurs, à
20,000 micro et petits entrepreneurs dont 2,500 entrepreneurs agricoles, et 62%
de femmes. Ces entreprises et entrepreneurs créent plus de 55,000 emplois dans
les secteurs primaires, secondaires et tertiaires de l’économie nationales. C’est
« la 17ème banque la mieux
capitalisée du CARICOM, et la seule banque haïtienne du « CARICOM Top 20 »
selon le classement du magazine spécialisé du Groupe Financial Times, The
Banker ».
Avec 45 milliards de
gourdes de dépôts, soit l’équivalent de plus de 1 milliard de dollars US, ou
30% du marché national des dépôts, 18 milliards de gourdes de crédit à
l’économie et à la production nationale, dont plus de 1 milliard de gourdes aux
micro-entreprises et aux PME, y compris dans le secteur rural à travers son programme
de « KrediAgrikol », c’est la Première banque d’Haïti, 13ème en actifs du CARICOM,
et 17ème en actifs dans la Caraïbe (CARICOM plus République Dominicaine).
Les
perspectives de la UNIBANK : les 10 commandements selon Carl Braun
La base de la
réussite de la UNIBANK sera solidifiée, selon Carl Braun : « nous faisons notre la pensée du philosophe
français Georges Bernanos au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale : « L’avenir est quelque chose qui se
surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait ».Pour renforcer son
leadership en Haïti et dans la Caraïbe, la UNIBANK , tout en espérant une
révolution de croissance en Haïti, compte sur la stratégie suivante : (i)
Préparer la relève managériale tant au niveau du Conseil d’Administration (59 ans de moyenne d’âge) qu’au niveau des
postes exécutifs de la banque (formation et intégration de plus jeunes
actionnaires, femmes et hommes dans un conseil d’administration élargi ainsi
qu’à la direction exécutive de la Banque) ; (ii) renforcer la politique
d’intégration des femmes (50 % actuellement) au niveau de la direction
exécutive avec l’accompagnement jusqu’en 2023 de ceux qui ont jusqu’ici guidé
les destinées de la Banque, « et
ceux qui devront prendre la relève et gérer les destinées de la Banque,
l’amenant résolument vers 2033 »;(iii) Poursuivre avec vigueur la
stratégie de renforcement des ressources humaines de la Banque par la formation professionnelle continue, et
par le recrutement de jeunes Licenciés, MBA, et Masters, professionnels
polyglottes et motivés ; (iv) Faire comme par le passé des investissements
majeurs dans les domaines technologiques et informatiques, et renforcer son «
business continuity planning » particulièrement dans le maintien de ses sites
de contingence hors Haïti en cas d’événements
destructeurs ; (v) Renforcer son programme d’inclusion bancaire et
financière de la population à travers la poursuite de son déploiement
géographique vers de nombreuses autres villes de province et l’extension des
programmes de crédit, particulièrement ceux orientés vers le crédit PME, le
microcrédit et le crédit agricole, avec
un renforcement du programme de démocratisation du crédit avec une
augmentation de son nombre de clients
ayant accès au crédit à au moins 500 mille d’ici vingt ans ; (vi)
Introduire de façon soutenue ses produits de bancassurances, renforcer et
démocratiser l’offre de produits de la dernière-née du Groupe, la UniAssurances ;
(vii) Utiliser son programme de « banque à distance » et renforcer l’internet
banking pour toucher un plus grand nombre de clients, tant au niveau urbain que
rural, à l’étranger comme en Haïti ; (viii) Multiplier de façon importante
les cartes de débit et d’ATM, et les points de service correspondants durant
les prochaines années ; (ix) Continuer à renforcer ses fonds propres, et (x)
Viser – « révolution de croissance » aidant -à tripler au moins ses capitaux
propres dans vingt ans pour les porter à 15 milliards de gourdes, par rapport à
4.5 milliards aujourd’hui.
CONCLUSION :
plaidoyer de la UNIBANK pour la « révolution de croissance »
Comme je l’ai fait
dans l’article, « Les trois piliers pour le développement nationale,
le deal entre Haïtien (?) » (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html), Carl Braun a
expliqué la corrélation entre croissance démographique et croissance économique :
« car en nous rappelant que la
croissance démographique naturelle de notre pays étant de 2% par an, toute
croissance économique en deçà de 6% par an nous condamne à attendre environ 18
ans avant de pouvoir doubler un revenu national per capita déjà rachitique,
anémique et faible ». Et il rappelle « que nous avons très, très rarement atteint 6% durant les 50
dernières années de soubresauts sociopolitiques et de régression/stagnation
économique caractérisés par de longues périodes de dictatures civiles et
militaires, et par une transition démocratique en dents de scie, constamment
soumise aux assauts de courants antidémocratiques . Donc, si Haïti ne peut
pas connaitre une vraie « révolution de croissance » de l’ordre de 8 à 12% par
an durant les prochaines décennies, et si elle ne peut pas renforcer la
démocratie et l’état de droit toujours prôné et soutenu par le Conseil
d’Administration de la UNIBANK, notre pays ne sera certainement pas une
économie émergente en 2030, et notre faible revenu national per capita
continuera à crucifier journellement les plus pauvres qui constituent la
majorité de notre population ».
Et il propose et nous
avec lui: « Durant les vingt
prochaines années, nous encourageons fortement les Pouvoirs Publics,
l’Exécutif, le Parlement, le Pouvoir Judiciaire, à jouer à fond leur partition
d’agents de modernisation et de changement pour que l’on connaisse enfin cette
« révolution de croissance et d’emplois »qui seule changera la face de notre
pays. Mettons-nous au travail pour libérer les forces productives de ce pays !
Permettons aux entrepreneurs de toutes les couches sociales de ce pays de jouer
leur rôle en créant, sans entraves bureaucratiques, des centaines de milliers
d’emplois ! Retirons Haïti des ornières de la corruption, du non-respect de la
loi et de la violation des principes économiques d’efficacité et d’efficience !
Combattons les fléaux que constituent la contrebande et la fraude fiscale, et
modernisons résolument les structures et les pratiques surannées du secteur
public ! Exigeons du secteur privé qu’il se modernise lui aussi et qu’il entre
de pleins pieds dans le 21ème siècle en respectant ses obligations fiscales et
en jouant sa partition d’élite responsable et ouverte au changement !
Modernisons le système judiciaire si décrié ! Débattons sereinement et
institutionnellement d’autres changements à apporter à la Constitution de 1987
pour la rendre plus moderne, moins lourde et plus fonctionnelle ! Tenons nos
élections à temps pour éviter l’instabilité politique et le vide institutionnel
! Jetons les bases d’un État fort et moderne, et rejetons l’État faible aux
oubliettes de l’histoire ; rétablissons et renforçons notre souveraineté dans
l’honneur et la dignité ; mettons nous-mêmes, sans qu’on ait à nous le dire, de
l’ordre dans nos affaires ; et exigeons de nos partenaires internationaux une
nouvelle approche à l’aide au développement, une approche qui ne renforce pas
l’État faible ! Le pays tout entier n’attend que cette « révolution de
croissance » et de modernisation pour sortir de son pessimisme et de son manque
de confiance en lui-même, pour reprendre gaiement le chemin du progrès ». Et à quand cette révolution de
croissance économique ???
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