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dimanche 30 juin 2013

HAITI DANS LA TOURMENTE AVEC DES LUEURS D’ESPOIR


HAITI DANS LA TOURMENTE AVEC DES LUEURS D’ESPOIR
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 JUIN 2013

Le monde entier est suspendu au dernier soupir de Nelson Mandela, le dernier grand homme noir encore en vie sur la terre depuis Toussaint Louverture, « le premier des noirs », sacrifié au Fort de joug en France en avril 1803 par « le premier des blancs », Napoléon Bonaparte. En attendant l’annonce officielle de la mort de Mandela dans les prochains jours(?), Haïti, le pays de Toussaint Louverture, « le Spartacus noir », cet esclave devenu le gouverneur à vie de la colonie française de Saint Domingue, vit dans la tourmente dans ce mois de juin 2013.

En effet, le mois de juin, c’est le premier mois de la saison cyclonique accompagné de pluies diluviennes un peu partout à travers le pays qui causent des inondations ; c’est la convocation du gouvernement Lamothe par le Sénat haïtien et cette impression d’un gouvernement fragilisé ; c’est la tension entre Haïti et St-Domingue autour de la grippe A(H1N1).

Heureusement aussi, c’est la coupe de la Confédération au Brésil avec la finale (Brésil-Espagne :3-0), un bon divertissement pour Haïti ; c’est la visite du Président du Surinam en Haïti ; c’est la visite du Président vénézuélien, Nicolas Maduro en Haïti suivie de la participation du Président Martelly au Nicaragua pour le 8e Sommet de PETROCARIBE ; à souligner que selon M. Martelly, Venezuela a contribué  à hauteur de 94% aux investissements publics du pays ; c’est le dépôt  du projet de loi de finance ou du budget (126.4 Mrds HTG) de la République 2013-2014 tel que le veut la Constitution. Pourtant, « avec la tendance actuelle, Haïti ne sera même pas émergent en 2130 d’après l’économiste, Thomas Lalime (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/06/avec-la-tendance-actuellehaiti-ne-sera.html). C’est la préparation et l’organisation des examens d’Etat avec 180,000 élèves sans les 14,000 fraudeurs. C’est enfin le regain d’espoir pour l’organisation des élections sénatoriales et municipales à la fin de cette année (17 M USD environ dans le budget 2013-2014) ; est-ce fin 2013 ou 2014 ?

Dans cet article, « Haïti dans la tourmente avec des lueurs d’espoir », l’analyse s’attardera sur la convocation du Gouvernement par le Sénat, sur la saison cyclonique et les inondations, et sur la tension entre Haïti et St-Domingue autour de la grippe A(H1N1).


1.        LA CONVOCATION DU GOVERNEMENT HAITIEN PAR LE SENAT

Le mardi 4 juin 2013, tout le peuple haïtien était suspendu à son récepteur  de radio et/ou de télévision pour suivre la séance de convocation du Gouvernement par le Sénat autour de plusieurs questions dont les 5 Mrds HTG du programme d’urgence post-Sandy. En analysant les questions de la plupart des Sénateurs posées avec arrogance et  sur un ton accusateur et les réponses des membres du Gouvernement plutôt correctes mais se comportant comme des enfants en présence de leurs professeurs, on a eu cette désagréable impression d’un gouvernement à coté de la plaque. Le comportement  catégoriquement timoré du Gouvernement face au Sénat a incité certains Sénateurs, surtout les moins bien formés, à avoir une attitude frisant la grossièreté. Heureusement que certains Sénateurs, tout en acculant les Ministres, ont eu une attitude vraiment professionnelle, ce qui a donné de la crédibilité à leurs semi-vérités pour la plupart.

Le coup calculé du Sénateur Exius
Au départ, on a senti autre chose qu’une simple convocation. Les questions posées, les précisions apportées n’ont pas empêché le retour des mêmes questions imprécises, les mêmes réponses précises et les mêmes bruits pour empêcher aux auditeurs et aux téléspectateurs de saisir les nuances. Parfois, on a eu cette impression que certains Sénateurs n’avaient pas besoin de réponses de la part du Gouvernement. Les détails fournis par rapport à des questions imprécises (le montant des fonds PETROCARIBE par exemple) ou mal formulées ne les intéressaient pas. L’objectif était tout simplement d’embarrasser le vis-à-vis et faire sentir au grand public que le Gouvernement ne maitrisait pas ses dossiers ou tout simplement mentait. Le coup fatal a été porté par le Sénateur Exius avec la projection d’une vidéo montrant que le ministère de l’agriculture n’a  rien réalisé sur une rivière de la Cote Sud. Le reportage réalisé une semaine plus tard  sur cette même rivière montrant la Firme d’exécution à pied d’œuvre et les travaux à un stade très avancé, et passé sur plusieurs chaines de TV  comme Télé Caraïbes, Télé Métropole, a montré clairement que le Ministre de l’agriculture  avait raison. Malheureusement pour le Ministre, le coup porté par le Sénateur était bien calculé.  Par rapport à ce petit jeu de chat à la souris, le gouvernement n’a pas été à la hauteur. Or, en Haïti plus que dans les autres pays, « perception vaut fait ». Cette séance a donc fragilisé le Gouvernement dans son ensemble. Etait-ce l’effet recherché par le Sénat ? 

A l’analyse, il était clair que le Gouvernement voulait éviter toute confrontation avec le Sénat. Mais, à force de vouloir plaire au Sénat, l’impression générale laissée par le Gouvernement, c’est qu’il avait des choses à cacher. Là encore, certains ministres ont gardé leur dignité d’hommes d’Etat. N’empêche que le Gouvernement sorte plutôt affaibli de l’épreuve et que le vent de l’instabilité souffle un peu plus fort  sur le Gouvernement Lamothe depuis cette convocation avec la crainte pour certains ministres de se voir éjectés de leur siège et pourquoi pas le Premier Ministre lui-même ? Ce qui déboucherait sur une crise gouvernementale fatale pour le pays et bonne pour les clans et l’opposition qui fourbissent leurs armes en plaine année électorale.

Une crise gouvernementale évitée de justesse
Ce qui était triste dans cet exercice, on n’avait pas l’impression qu’on assistait à une séance de convocation d’un pouvoir d’Etat par un autre pourvoir d’Etat. Comme je l’ai dit plus haut, c’étaient des élèves en présence de leurs professeurs qui ne maitrisaient pas bien leurs matières et que les élèves  dont les leçons étaient plutôt bien sues mais n’osant pas déranger leurs professeurs pour ne pas être bastonnés sans raison. Peut-être que le Gouvernement savait déjà que le Sénat avait autre chose en tête que de s’enquérir des informations sur l’action gouvernementale. Deux faits sont venus à la rescousse de cette hypothèse : l’insistance du Sénateur JEAN-CHARLES à la fin de la séance de faire adopter une résolution d’interpellation du Gouvernement et  la sécheresse avec laquelle le Président du Sénat, M. DESRAS, a mis fin à la séance de convocation. Cette façon d’agir de M. DESRAS a peut-être évité au pays de tomber dans une crise gouvernementale qui le plongerait un peu plus dans la tourmente, surtout en pleine saison cyclonique avec des pluies diluviennes causant déjà des dégâts dans plusieurs endroits.

2.        LA SAISON CYCLONIQUE ET LES PREMIERES INONDATIONS

Les premières pluies ont réellement démarré fin mai et au cours de ce mois de juin 2013. La saison cyclonique s’annonce très active avec  la probabilité  de près d’une vingtaine  de cyclones dont 3 à 6 pourraient se révéler des ouragans majeurs. En tout cas, les pluies diluviennes du mois de juin et  la 10e onde tropicale qui a traversé Haïti le 27 juin ont causé des inondations et des dégâts au niveau du secteur agricole, la vallée de l’Artibonite, St Michel, en particulier, Nan Paul, dans le Nord du Pays , au Centre, en particulier à Hinche et dans la commune de Boucan Carré où l’on a dénombré 3 disparus , 1 mort et des dégâts  considérables dans les  plantations au niveau du lit majeur de la rivière Boucan Carré. Dans cette dernière commune, en plus des pertes en vies humaines, des têtes de bétails sont emportées ainsi que, selon le vice-délégué de Mirebalais, 11 maisonnettes  et une vingtaine d’autres endommagées. Au niveau de la première section communale de cette commune, les routes sont coupées et les dégâts sont encore plus considérables à cause même du niveau du lit de la rivière par rapport aux terres agricoles emblavées en des cultures de toutes sortes, dont la patate douce, très sérieusement endommagées par les eaux en furie.

Comment expliquer une telle situation alors que le pays ne subit pas encore cette année les assauts d’un cyclone ? Il ne faut pas chercher de midi à 14 h. C’est le niveau élevé de la vulnérabilité environnementale d’Haïti. Les bassins versants sont dans un état déplorable et nécessitent des investissements considérables pour être réhabilités. Les investissements au niveau de certaines ravines et rivières se révèlent nettement insuffisants. De plus, les populations qui vivent dans les parties élevées de ces bassins versants continuent de les dégrader en coupant le peu d’arbres restant, en pratiquant des cultures sarclées et fouillees sur des pentes de plus de 30%,  et en utilisant des pratiques culturales érosives.

Les solutions drastiques et couteuses.
Les solutions à une telle situation sont connues des techniciens et de certains politiciens, mais les appliquer exige des décisions impopulaires. C’est pourquoi quand ils sont dans l’opposition, ils sont très critiques par rapport aux gouvernements en place, mais une fois au pouvoir, ils font exactement comme leurs prédécesseurs : fermer les yeux pour ne pas subir les foudres des populations à la base de la dégradation environnementale. Par exemple, la mise en défens des terres à forte déclivité, le déplacement des populations qui y vivent permettront  une régénération naturelle sur une période d’une dizaine d’années. On peut aussi appliquer les solutions techniques couteuses comme le traitement des ravines, le traitement des versants et parallèlement le traitement des rivières en aval pour protéger, les vies humaines, les villes, les villages et les terres agricoles. C’est le cas des Gonaïves. Les 70 M USD environ dépensés de 2004 à date tant au niveau de la ville, des terres agricoles, de la rivière La Quinte, des routes et ponts, et sur une partie du Bassin versant avec le projet PIA-Ennery ne font qu’atténuer la situation. Pour résoudre définitivement le problème, il aurait fallu environ 1 Mrd USD sur 25 ans. Malheureusement, les financements se faisaient rares  et l’Etat a du se contenter des solutions partielles avec les fonds du Trésor Public et des bailleurs internationaux comme la BID, l’UE, etc.

L’approche HIMO
Il y a des solutions techniques liées à l’approche HIMO, mais là il faudrait contrôler le niveau de corruption dans ces genres d’approches. C’est l’occasion rêvée par la plupart des parties prenantes pour s’enrichir. Pour y faire face, il faudrait des mesures coercitives sans parti pris. Qui oserait appliquer ces mesures ? L’Etat dans ses 3 composantes ? Les collectivités Territoriales ? Les ONG ? Les groupes de base ? Les intérêts individuels et claniques sont plus importants que ceux du pays pour l’application correcte de telles mesures.  Malheureusement pour nous autres haïtiens. En tout cas, chaque minute de perdue nous conduira lentement mais surement vers la fin, à moins d’une prise de conscience collective comme elle semble se dessiner ce mois-ci à partir de la crise découlant de la grippe A(H1N1), « un bluff » selon le mot de l’Agr Michel William dans un article exclusif publié par Le Nouvelliste du 17 juin 2013 (Réf. http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=118031#.UcGmstSGJBs.facebook). Cet article a permis de faire la différence entre les virus et mieux comprendre la situation à la base de la tension entre Haïti et la République Dominicaine.

3.        LA TENSION ENTRE HAITI  ET ST-DOMINGUE AUTOUR DE LA GRIPPE A(H1N1)

En 2008, Haïti a pris des mesures pour interdire l’entrée des produits avicoles dominicains sur le territoire haïtien à cause de la présence de la grippe aviaire (influenza aviaire H5N2) qui n’a rien à voir avec  la grippe A (H1N1) d’origine porcine (Mexique) ou humaine (Canada). Ces mesures n’ont jamais été officiellement levées comme l’a déclaré le Chancelier Haïtien. Lorsque la grippe A(H1N1) a  fait une quinzaine de morts en République Dominicaine (RD) récemment, la République d’Haïti s’est empressée d’interdire tous les produits carnés en provenance de la RD. Ce qui a indigné les autorités dominicaines. D’où la valse des discutions entre les deux pays tant en Haïti qu’en RD. Contrairement à ce qu’attendaient les dominicains, Haïti n’a levé l’interdiction que sur les produits carnés. De plus,  les services vétérinaires des deux pays se sont mis d’accord suite à une réunion technique tenue le 19 juin 2013 «  sur les modalités à adopter pour le commerce des produits avicoles entre les deux pays » (Réf. Note sur Internet du Secrétaire d’Etat à la production animale, Dr Michel Chancy : Synthèse des recommandations des services vétérinaires haïtien et dominicain sur les modalités sanitaires à adopter pour le commerce des produits avicoles entre les deux pays).

Cette synthèse est publiée telle quelle avec de petites remarques pour permettre au lecteur de faire sa propre analyse de la situation« Pour que les produits avicoles de la République dominicaine (RD) puissent à nouveau être commercialisés en Haïti, un comité technique composé d’experts des deux pays et assisté de représentants d’organisations internationales sera mis sur pied à brève échéance. Ce comité élaborera un protocole pour l’application des règles dictées par l’Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) en matière d’Influenza aviaire ». Nous soulignons cette phrase pour attirer l’attention du lecteur.

Plus loin la note enchaine : « Ce processus prévoit que les services vétérinaires de la RD soumettront aux services vétérinaires haïtiens une liste d’entreprises avicoles libres du virus de l’influenza aviaire et aptes à remplir toutes les conditions prévues dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation Mondiale de la Santé animale. Après vérification par les services vétérinaires de la République d’Haïti du respect de ces normes, seules les entreprises certifiées seront désormais habilitées à exporter des produits avicoles vers Haïti et devront se conformer continuellement aux règlements prévus en la matière ». Là encore, il faudra relire deux fois la phrase soulignée.

Et  le clou de la note de synthèse qui devrait favoriser les investissements en Haïti : « Les services vétérinaires des deux pays ont également manifesté leur intention d’apporter leur contribution en termes d’appui technique aux investisseurs des deux pays qui sont intéressés au développement de l’aviculture en Haïti. Ainsi, les exportations de produits avicoles de la RD pourront être planifiées en fonction des besoins du marché et en tenant compte du plan de développement de la production avicole en Haïti ».

« Ces recommandations ont été soumises pour approbation aux plus hautes autorités des deux pays. Le Secrétaire d’État à la Production Animale qui dirigeait la délégation des experts d’Haïti annonce déjà avoir obtenu l’adhésion de son Gouvernement aux recommandations des experts ». Haïti est d’accord. La République Dominicaine est-elle d’accord aussi ? Ou vont-ils faire le mort comme en 2008 ? C’est peut-être la seule attitude qui leur reste pour ne pas perdre la face.

En finale, la note dit ceci : « De plus, le Gouvernement haïtien prendra toute une série de mesures pour que les importateurs haïtiens se conforment aux règlements en vigueur. Ainsi, toute personne ou entreprise désireuse de se constituer en importateur de produits agro-alimentaires doit au préalable fournir la preuve de sa capacité à transporter et stocker les produits en question dans les conditions requises. En outre, elle devra obtenir du Gouvernement Haïtien, un permis sanitaire d’importation pour chaque lot à importer ».

Voilà, le sort en est jeté. C’est à nous  de « marrer nos ceintures » pour appliquer ces mesures et d’en payer le prix (Sentibon coute chè). Sommes-nous prêts à faire les sacrifices nécessaires pour avoir les produits avicoles de qualité et en quantité suffisante ? Tout est une question de politique publique. Si de 2008 à date on a pu multiplier par 2 la production avicole tant en termes d’œufs que de poulets de chair, on peut arriver à être autosuffisant en y mettant le prix. Quitte à favoriser en Haïti l’investissement haïtien et étranger dans ce domaine, y inclus celui des dominicains. La balle est maintenant dans le camp de la République voisine. Gare toutefois à nos  politiciens et « commerçants  » qui ont l’oreille de nos dirigeants et qui pourraient faire alliance avec les dominicains pour manipuler notre bon vieux peuple qui a si faim!

Conclusions
Dans cet article, « Haïti dans la tourmente avec des lueurs d’espoir », les points analysés auraient pu être différents comme le 8e Sommet de PETROCARIBE et ses enjeux pour Haïti, la coupe de la Confédération et l’engouement suscité en Haïti surtout avec un Brésil champion de la Coupe des confédérations, les mesures adoptées par le Ministre de l’Education pour organiser de bons examens d’Etat, le budget déposé et ses incidences sur certains secteurs clés, etc. Naturellement, le titre aurait été tout autre. Le choix d’analyser ces trois faits saillants a été guidé par le souci d’aborder des problèmes de fond qui ont des incidences sur l’ensemble du peuple haïtien. La convocation du Gouvernement par le Sénat,  la vulnérabilité d’Haïti en matière environnementale, les relations commerciales avec la RD sont des sujets qui intéressent l’ensemble de la population. L’éclairage objectif apporté nous fait comprendre si les difficultés frappent à nos portes, nous savons comment les résoudre. Il nous faut tout simplement nous y mettre de manière sérieuse, comme nous l'avons proposé après le passage de Sandy(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html)

Peut-être que la plupart des membres du Sénat avaient l’intention d’aller jusqu’à l’interpellation du Gouvernement pour lui donner par la suite un vote de non confiance. La crise gouvernementale qui s’ensuivrait n’arrangerait nullement notre pays, sinon certains individus et certains clans. Cette solution de bonne cohabitation dans le respect mutuel aiderait le Parlement à mieux contrôler  le Gouvernement sans une volonté délibérée de le renverser pour embarrasser l’Exécutif. D’un autre coté, c’est l’Exécutif qui retiendrait la leçon de bien communiquer, en particulier avec le Parlement, au lieu de tomber dans une sorte de propagande frisant l’indécence et de créer en son propre sein cette instabilité gouvernementale qui empêche au Gouvernement de prendre le temps de bien planifier dans la sérénité sans la crainte du lendemain.

Les solutions proposées comme la mise en défens et le déplacement des populations pour aborder les problèmes environnementaux liés à l’agriculture trouveront des échos auprès de l’Exécutif et du Parlement pour déclarer l’Etat d’urgence environnementale et arrêter ensemble des mesures impopulaires mais ô combien salutaires pour le pays durant les 10 prochaines années. Le cas Gonaïvien est aussi un modèle à appliquer dans d’autres zones victimes souvent d’inondation. C’est couteux  certes  mais on peut aussi combiner des approches au sein d’un même bassin versant.

Quant à la tension avec la RD à cause des produits avicoles infectés, l’approche proposée par les services vétérinaires des deux pays permettra à Haïti de relancer sa production avicole, et ce, même en partenariat avec les dominicains et/ou d’autres investisseurs haïtiens et étrangers. Tout ceci à partir d’un contrôle strict de l’Etat Haïtien  appuyé par les organismes internationaux concernés.

En clair, il ne faudrait pas une exploitation politicienne de certaines faiblesses qui pourraient surgir dans la mise en application des mesures proposées et arrêtées en concertation avec les pouvoirs d’Etat, la société civile et les collectivités territoriales. Haïti est certes dans la tourmente mais il y a des lueurs d’espoir. Exploitons-les ensemble pour sauver notre coin de terre ! Sinon… « Adieu veaux, vaches, moutons, cabris » !!!

vendredi 31 mai 2013

UN BILAN MITIGE DANS LA CONTINUITE DE L’ETAT ET DANS UNE CONJONCTURE ECONOMIQUE DIFFICILE (?)


 UN BILAN MITIGE DANS LA CONTINUITE DE L’ETAT ET DANS UNE CONJONCTURE ECONOMIQUE DIFFICILE (?)
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 MAI 2013

Le mois de mai 2013 ramène un double anniversaire, le 1er anniversaire du gouvernement dirigé par le Premier Ministre Lamothe et le 2e anniversaire de l’administration du Président Martelly. Etait-ce déjà l’heure du bilan ? Il est difficile d’évaluer correctement le bilan d’une administration après seulement deux ans de gouvernance. En tout cas, en décembre 2012, nous avons tenté d’évaluer le travail de cette administration en nous appuyant sur certaines informations (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html). Cette tentative  de réaliser ce travail bilan qualifié de mitigé sur le plan microéconomique demeure valable jusqu’à date. C’est à se demander que cherche le couple Martelly-Lamothe en présentant un bilan de l’administration au cours d’une année électorale et après la démonstration de force de LAVALAS lors de la convocation du 8 mai 2013 de l’ex-Président par la justice dans l’affaire Jean DOMINIQUE? Etait-ce nécessaire de faire la fête pour la présentation d’un bilan de 2 ans dans une conjoncture économique  qui aurait dû être d’austérité ? Cet article : « Un bilan mitigé dans la continuité de l’Etat et dans une conjoncture économique difficile (?)» essaiera de fournir un éclairage objectif sur la conjoncture haïtienne de  ce mois de mai 2013 un peu particulier avec une série de faits habituels, traditionnels et exceptionnels, des conclusions appropriées et des perspectives sous forme de conseils.

1-      Les déplacements quasi mensuels des hauts dignitaires de l’Etat

Le président en Equateur et aux Caraïbes
Mensuellement, Haïti est habituée depuis l’arrivée au pouvoir de M. Martelly aux déplacements de ses hauts dignitaires à l’étranger.  Ce mois-ci, le Président a été en Equateur pour participer à l’investiture du Président Correa pour un nouveau mandat, qui lui-même était en Haïti le mois dernier, et visiter les 49 jeunes haïtiens en formation militaire en Equateur, selon une note de la présidence. Le président Rafael Correa a remporté l'élection présidentielle de février 2013 avec 57% des voix et son parti Allianza Pais près des ¾ des sièges au Congrès face à une opposition divisée. M. Martelly s’est ensuite rendu aux Caraïbes dans son rôle de Président de la CARICOM pour signer l’accord cadre sur le commerce et l’investissement (TIFA) avec Joe Biden, le Vice-président Américain.

Le Premier Ministre à Cuba et au Brésil
Quant au Premier Ministre LAMOTHE, après le voyage aux USA le mois dernier, il a été à Cuba avec une délégation de haut niveau composé, entre autres, du Ministre de l’agriculture, Thomas JACQUES, du Ministre à la Paysannerie, Mme Mimose FELIX pour renforcer les liens de coopération avec ce pays en matière d’agriculture, de pêche, de santé, d’alphabétisation, des travaux publics (Réf. http://www.haitilibre.com/article-8582-haiti-cuba-fin-de-la-visite-officielle-du-premier-ministre-lamothe.html). Il s’est par la suite rendu au Brésil accompagné du Ministre chargé de l’énergie, René JEAN-JUMEAU, d’hommes d’affaires haïtiens, MM. Mevs, Bigio, Poitvien, Apaid, pour inviter les brésiliens à venir investir en Haïti toujours « open for business » et aussi pour renforcer la coopération haïtiano-brésilienne en matière d’investissements, de tourisme, de transport aérien, etc. « Le Chef du Gouvernement a fait savoir que le maire de São Paulo avait manifesté son intérêt de collaborer dans différents services publics dont celui du transport et de la gestion des impôts, annonçant la signature prochaine d’un accord et la venue en Haïti d’une délégation brésilienne, rappelant que São Paulo, ville moderne de près de 20 millions d’habitants, représente 12% du PIB brésilien » (Réf. http://www.haitilibre.com/article-8629-haiti-politique-laurent-lamothe-suscite-l-interet-du-secteur-des-affaires-bresilien.html). Très certainement le mois prochain, on aurait droit à d’autres déplacements si la tradition se maintient. En tout cas, ce n’est pas une mauvaise chose, s’il y aura des retombées positives pour notre pays.

2-      Le mois de mai et ses traditions festives

Dessalines : « Coupé tèt boulé kay », Martelly : « Ranpli tèt konstwi kay »
Traditionnellement, en mai, c’est la fête de l’agriculture et du travail qui a été grandiose durant 5 jours à Damien cette année malgré l’absence du Ministre Jacques qui a été à Washington, à la Banque Mondiale, pour négocier des fonds en relation avec les risques et désastres ; la participation populaire a été extraordinaire. Dans son discours le Président Martelly s’est fermement engagé derrière le programme triennal de relance agricole. « La célébration de la Fête de l'Agriculture et du Travail ce 1er Mai 2013, est l'occasion pour mon Administration de renouveler son engagement à appuyer les efforts de toutes les institutions concernées afin de transformer le secteur agricole en Haïti ». En clair, l’administration Martelly mettrait les moyens à la disposition du ministère de l’agriculture pour la mise en œuvre de cet ambitieux programme. C’est la fête du drapeau où le Président en a profité pour paraphraser différemment le fondateur de la patrie haïtienne : « Mais aujourd’hui pour gagner la bataille contre le chômage, l’insécurité, la faim, l’analphabétisme, (…) il s’agit de construire des maisons et remplir des têtes ».

« Livres en folie » et le Professeur Manigat
C’est ”Les livres en folie ” depuis 19 ans cette année avec comme invité d’honneur, Lionel Trouillot, « l’enfant terrible de la littérature haïtienne ». Cette année, il y a 1436 titres exposés et 129 auteurs en signature dont des étrangers. «  Livres en folie » se déroule en même temps dans 16 villes. Parmi les titres, « L’Histoire comme passion, Mélanges offerts à Leslie F. Manigat », sous la direction  de Cary HECTOR, a été consacrée à L. F. Manigat. Pour bien comprendre cet hommage au professeur, visiter ces liens (Réf. http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=117257#.UaSWd_cLcqU.facebook, http://www.radiotelevisioncaraibes.com/opinion/merci_professeur_manigat.html) . La participation a été énorme, environ 16,000 personnes. (Ref.http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=117458).

Le 2e  anniversaire de l’administration Martelly
Depuis 2 ans, c’est l’anniversaire de la prise de pouvoir du Président Martelly.  Ce 2e  anniversaire a été grandiosement fêté aux Champs de Mars avec la présence des partisans du Président Martelly en rose en blanc. C’était naturellement l’occasion pour l’administration de Martelly de se donner un satisfecit de réussite. Est-ce une réponse à cette manifestation lavalassienne du 8 mai 2013  avec la participation des parlementaires pro-LAVALAS? Ceci augure-t-il  pour les prochaines élections un deux camps entre les aristidistes et les martellistes? Comme par hasard,  les députés de la majorité présidentielle étaient là pour illustrer le bilan du gouvernement circonscription par circonscription. Et l’un d’entre eux était tellement content qu’il a fait la génuflexion devant le Président.

Une interprétation exagérée d’un geste plutôt  banal
L’interprétation de ce geste par certains observateurs, surtout ceux en opposition à l’administration Martelly, c’est le Parlement qui se serait agenouillé devant l’Exécutif. Je comprendrais qu’on parlerait de la population de Ouanaminthe et même de la majorité présidentielle fragile au Parlement qui se serait symboliquement agenouillée devant l’Exécutif mais pas du Parlement qui est composé de la Chambre Basse et du Sénat dont la plupart des éléments sont des farouches opposants au Président de la République. Pour preuves, le Parlement vote très peu de lois soumises par l’Exécutif, agrée très peu de postulants ambassadeurs proposés par l’Exécutif, bloque même certaines initiatives de l’Exécutif et ne prennent pas trop d’initiatives si ce n’est en général contre l’Exécutif. Certains observateurs parlent même de « dictature parlementaire » depuis l’arrivée de Martelly au pouvoir. Alors comment peut-on qualifier ce geste de soumission du Parlement à l’Exécutif? C’est tout simplement de l’exagération ! Comme a dit l’autre, «  celui qui n’a pas son Luckner Noël lui jette la première pierre ». En tout cas, quand l’Ex-Président, Bill Clinton, a fait ce même geste l’année dernière vis-à-vis du Président Obama, on n’avait pas crié au scandale. Déjà la cohabitation entre le Parlement et l’Exécutif est très difficile. Alors évitons d’antagoniser davantage la situation entre les deux pouvoirs d’Etat et de les faire échouer. Si le bilan Martelly est mitigé, celui du Parlement est pitoyable. C’est le pays qui perd et rien d’autre! Soulignons que toute politique législative découle de la politique générale du Premier Ministre. (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html). Rappelons que le bilan d’une administration quelconque, c’est le bilan de l’Etat ; il concerne les trois pouvoirs le constituant et se fait toujours selon le principe de la continuité de l’Etat.

Un bilan à l’aune de la continuité de l’Etat
Pour revenir au bilan lui-même qui n’en est pas un à proprement parler, il faut dire que pour l’opposition rien n’a été fait. Ce sont les actions entreprises par le Président Préval – qui n’a rien foutu selon la plupart des membres de cette même opposition - qui sont inaugurées par le Président Martelly. Ce n’est pas tout à fait la vérité. De même, nous ne pouvons pas accepter non plus que l’administration Martelly a fait davantage en deux  (2) ans que les autres administrations gouvernementales en 25 ans! La vérité, elle est au milieu.

L’administration Martelly a des actions propres à elle en ce qui concerne surtout le social et certaines infrastructures. Dans le domaine des infrastructures qui prennent beaucoup de temps avant leur achèvement et leur utilisation, c’est la continuité de l’Etat qui a joué en grande partie en faveur de M. Martelly. Par exemple, les complexes administratifs, dont celui du Cap-Haïtien qui vient d’être inauguré par le Président Martelly et le Président de la BID, ont démarré sous le gouvernement de transition (Réf. Georgemain Prophète, mai 2013). Il en est de même de la route Croix-des-Bouquets-Mirebalais-Hinche. Le Président Préval a continué l’œuvre de l’administration Alexandre-Latortue. Le Président Martelly a complété ces travaux. Il en est de même pour la route Port-au-Prince-Gonaïves. La partie qui est totalement à l’actif du Président Martelly, c’est la réparation du tronçon Gonaïves-Cap-Haïtien. Un autre exemple, la route Miragoâne-Petit Trou de Nippes en construction, c’est l’œuvre de l’administration Préval qui sera complétée par l’administration actuelle. Il faut souligner que certaines actions en relation avec l’Etat de droit et autres remontaient au gouvernement de transition (réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/05/en-forgeant-la-transition.html).

Par contre, les actions qui sont menées au niveau de certaines  villes de province, les logements sociaux, les actions relatives au programme EDE PEP, à la reconstruction des bâtiments administratifs sont en majeure partie à la charge de l’administration de Martelly. Il en est de même pour les actions liées aux campagnes agricoles, programme post-cyclonique Isaac et Sandy. Le programme triennal de relance agricole 2013-2016, un très bon programme à l’actif de l’actuelle administration, se base sur la politique de développement agricole 2010-2025, le plan national d’investissement agricole 2010-2016 et le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle 2010-2025, donc des documents remontant à l’administration Préval. Tout ceci pour dire qu’aucun gouvernement ne peut prétendre fonctionner en dehors du principe de la continuité de l’Etat. On peut toujours l’omettre en communication. Si on dit le contraire en travestissant la vérité, on est en pleine propagande au risque de perdre toute crédibilité.

Une frontière très mince entre communication et propagande
A l’actif de l’administration Martelly, la manière d’agir est différente, en particulier en matière de communication. Contrairement à ses prédécesseurs, cette administration communique. Toutefois, la frontière entre la communication et la propagande est très mince. Par exemple, l’achèvement de certains travaux par l’administration Martelly est une bonne chose, c’est la mise en pratique du principe de continuité de l’Etat. Le dire c’est la communication ; s’en attribuer l’entière réussite (le mérite), c’est de la propagande. Et puis, un bilan c’est le taux de réalisation par rapport à la prévision. En ce qui concerne le développement d’un pays, le bilan est physico-financier. Qu’est-ce qui est réalisé ? Dans quel délai ? Et avec quel coût? C’est la trilogie de la performance globale. Toute bonne performance nécessite un équilibre entre ces trois éléments fondamentaux de la gestion, surtout quand on est dans une conjoncture économique difficile perturbée par des faits exceptionnels et inquiétants.

3-      Les faits exceptionnels et les inquiétudes  de la conjoncture économique

Exceptionnellement, c’était la convocation de l’Ex-Président Aristide dans le cadre de l’affaire Jean DOMINIQUE et sa démonstration de force dans le cadre d’une manifestation monstre en pleine année électorale et « sans violence » si ce n’est l’arrachement au passage de quelques photos de MM. Martelly et Lamothe et le mauvais quart d’heure que certains manifestants ont fait passer à un journaliste de Radio-Télé Guinen (Réf. Note de presse ANMH). C’était le lancement du Cadre de Coopération de l’Aide Externe au Développement (CAED) avec ses 32 membres (16 haïtiens et 16 étrangers) en remplacement de la fameuse CIRH qui a fait couler beaucoup d’encre de 2010 à 2012 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/07/haiti-reconstruction-la-cirh-et-le.html ).  C’est le démarrage tardif de la saison pluvieuse  cette année. Les premières grosses pluies ont causé des inondations dans la zone métropolitaine, en particulier à Tabarre, Plaine du Cul de Sac, mais aussi à travers  certaines parties du pays troublant la situation des usagers de la route  (en terre battue) des zones rurales du pays. 

Une conjoncture économique inquiétante ?
La gourde donne des signes d’inquiétude par rapport au dollar (1 USD autour de 44 HTG). Le taux d’inflation est  de 7.3% en glissement annuel au mois d’avril 2013, alors que les hypothèses du ministère de l’économie et des finances (MEF) étaient autour de (i) un taux de change de 42 HTG pour 1 USD,  et (ii) un taux d’inflation confiné entre 6 et 7% (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html). La BRH a constaté une diminution de 1% des importations, une augmentation de 19% des exportations et une croissance de 8% des transferts de la diaspora. Le Gouverneur de la BRH, M. Castel, rassure en insistant sur les réserves de changes brutes de l’ordre de 2 Mrds d’USD et nettes de 1.2 Mrds dont dispose la BRH, et des instruments qui sont actionnés pour stabiliser le marché des changes dont 15 M d’USD sont injectés sur le marché dans cette perspective. Pourtant, certains analystes économiques et financiers, dont M. Charlmers, s’inquiètent ainsi que le Président de la Commission des finances du Sénat, M. Privert, en évoquant le déficit budgétaire, la baisse des recettes fiscales, en insistant sur la dépréciation de la gourde. C’est aussi la position de Frantz Duval du journal Le Nouvelliste dont l’inquiétude s’articule autour de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar qui pourrait contribuer dans les prochains mois à augmenter la vie chère. Selon la BRH, «La hausse du taux de change s'explique d'une part par l'augmentation de la demande de dollar telle que reflétée par la hausse du volume de transactions sur le marché des changes combinée à un déficit de l'offre de devises. D'autre part, le taux de change a subi l'influence des anticipations négatives de la part des agents économiques, lesquelles ont été alimentées par certaines rumeurs fantaisistes ». Plus loin, la BRH concède : «L'incertitude générée par la situation socioéconomique et politique a contribué au renforcement de la préférence des agents économiques pour la devise américaine dans la constitution de l'épargne de précaution alors que, parallèlement, l'utilisation du dollar pour le règlement de certaines transactions à l'étranger a augmenté.»

Pour expliquer le déficit budgétaire, contrairement à certains analystes qui y voient un gaspillage des deniers publics par l’administration Martelly, la BRH l’attribue, selon ce que rapporte Thomas Lalime dans Le Nouvelliste du 27 mai 2013, à des investissements publics : « Parallèlement à la baisse des recettes, les dépenses publiques ont considérablement augmenté en totalisant 13,4 milliards de gourdes pour le deuxième trimestre 2013, contre 9,8 milliards de gourdes à la même période de l'exercice précédent, soit une hausse de 37 %. La croissance des dépenses publiques est en grande partie due, selon la BRH, à la hausse des dépenses d'investissement évaluées à 3,11 milliards de gourdes. En comparaison au deuxième trimestre 2012, les dépenses d'investissement affichent une croissance de 131 %. Ces dépenses sont réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de projets dans le domaine de l'éducation, des infrastructures sanitaires et routières et de la reconstruction des bâtiments publics ».

L’inquiétude, c’est l’inflation à venir ?
Mais là où le bat blesse, toujours selon Thomas Lalime analysant la note de la BRH : « Dans l'ensemble, les opérations financières de l'État pour le deuxième trimestre de l'exercice fiscal se sont soldées par un déficit du solde global d'un montant de 3,9 milliards de gourdes. Ce résultat enregistré au deuxième trimestre 2013 a contraint les autorités fiscales, en plus des émissions de billets de trésorerie pour un montant de 3,2 milliards de gourdes, à recourir à un financement monétaire d'un montant de 2,1 milliards de gourdes au 20 mars 2013, selon la note. Cette dernière phrase, soulignée par nous, est la plus importante de la publication de la BRH puisque financement monétaire rime avec inflation, c'est un des rares phénomènes sur lesquels les économistes semblent s'entendre. Les données utilisées contenues dans la note datent du 20 mars 2013. Les choses se sont-elles améliorées depuis ? On attend la note du troisième trimestre fiscal pour le savoir avec exactitude. Le déficit serait réduit entre-temps à 2,6 milliards, selon le gouverneur. Mais si les autorités avaient prévu une amélioration significative des finances publiques, il n'y aurait nullement besoin d'un financement monétaire ».

Pour conclure cette partie de l’article du mois de mai 2013, faisons appel encore à l’économiste, Thomas Lalime : « La note sur la politique monétaire de la BRH est claire : Il y a bel et bien un déficit budgétaire et ce déficit est financé en partie par l'émission monétaire. Serait-ce une exception tolérée une fois par la Banque centrale ? S'agit-il d'un retour à une mauvaise pratique abandonnée depuis le gouvernement de  transition en 2004? Pourquoi les recettes du premier semestre de l'année fiscale sont-elles en baisse par rapport à la même période de l'exercice précédent, malgré l'intensification des efforts du gouvernement pour augmenter les recettes? Pourquoi les dépenses sont-elles à la hausse ? Est-ce uniquement à cause des investissements publics dans l'éducation, la santé et les routes, comme le souligne la note de la BRH? À quoi servent les investissements publics s'ils engendrent un déficit financé par la BRH qui engendrera l'inflation et la décote de la gourde ? Aucun agent économique autre que le gouvernement ne peut répondre à ces questions. » (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/05/quand-la-politique-fait-chuter-la-gourde.html).

4-      Conclusions et perspectives

La vérité, le bilan des 2 ans de l’administration Martelly est mitigé. Il s’inscrit dans le principe de continuité de l’Etat et dans une conjoncture économique qui pourrait déboucher sur une situation inflationniste plus ou moins maitrisée depuis le passage du gouvernement de transition (2004-2006). Au cas où cette hypothèse (inflation galopante) se vérifierait dans les prochains mois, l’administration Martelly aurait toutes sortes de difficultés à en gérer les impondérables. Certes, cette administration n’a pas les moyens de son ambitieuse politique exprimée dans l’énoncé  de politique générale du PM Conille (15 Mrds USD), soit un montant de 3 Mrds/an (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/10/haiti-politique-generale-du-dr-conille.html)  et confirmée dans celui du PM Lamothe. Mais la solution n’est pas dans la planche à billets qui crée l’inflation, elle est plutôt  dans la recherche de l’équilibre budgétaire,  les négociations sérieuses avec la coopération internationale Nord-Sud, Sud-Sud comme cette administration semble le comprendre, et la gestion optimum des maigres ressources du Trésor Public. Elle est aussi et surtout dans la recherche de bonnes relations entre les trois pouvoirs d’Etat, l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, dont les hommes qui intègrent ces structures ne doivent avoir en tête qu’un seul souci, qu'un seul but, qu'une seule finalité, le développement intégral d’Haïti. D’où l’impérieuse nécessité de faire taire leurs intérêts claniques, personnels et égoïstes au profit de ceux d’Haïti ! Sommes- nous trop petits pour voir aussi grand?

lundi 29 avril 2013

DES EVENEMENTS EN CASCADES AVEC PLUS D’INTERROGATIONS QUE DE REPONSES, ET LE Ve SOMMET DE L’AEC EN HAITI EST-CE UN SUCCES ? (2)




DES EVENEMENTS EN CASCADES AVEC PLUS D’INTERROGATIONS QUE DE REPONSES, ET LE  Ve  SOMMET DE L’AEC EN HAITI EST-CE  UN SUCCES ? (2)

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

28  AVRIL 2013

Les événements se sont succédé à un rythme accéléré au cours de ce mois d’avril 2013. Ces cascades d’événements ont prolongé ceux  du mois de Mars 2013 avec  des interrogations sans réponses pour la plupart. D’où la conservation du titre du mois dernier : « des événements en cascades avec plus d’interrogations que de réponses, et le 5e Sommet de l’AEC en Haïti, est-ce succès ? (2). Tous les points retenus pour ce mois méritent d’être analysés en profondeur. Malheureusement, la vie est une question de choix et de priorités ; donc, notre choix d’analyse approfondie se porte sur le 5e Sommet de l’AEC en Haïti, en particulier à Pétion-Ville. L’article de ce mois d’avril 2013 s’articule donc autour de deux grands points (i) les faits saillants du mois qui seront passés en revue et (ii) le 5e Sommet de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC) qui sera analysé en profondeur pour permettre au lecteur de mieux appréhender cette thématique en vue d’éviter la confusion avec la CARICOM, et se termine par des conclusions appropriées.

1.       LES FAITS SAILLANTS DU MOIS D’AVRIL 2013

La mort de certaines personnalités.
La mort de Mgr  Ligondé comme celle de Margareth Thatcher a été diversement interprétée.  Ce sont des personnalités qui ont marqué leur temps. (i) Le monde entier se souvient de la « Dame de Fer » qui avec l’Ex-Président Reagan a donné une impulsion vigoureuse  à ce nouveau concept que l’on appellera plus tard la mondialisation. On était au début des années 1980. Cette libéralisation à outrance va modeler le monde d’aujourd’hui avec la prédominance de la finance sur tout le reste jusqu’à la crise financière de 2009 et la crise européenne actuelle. Et au niveau d’Haïti, (ii) c’est la disparition de Mgr Ligondé, le Premier Archevêque de Port-au-Prince qui a laissé son empreinte indélébile sur  l’Eglise Catholique. C’est l’Archevêque du fameux discours « N’ayez pas peur » qui lui avait valu une inimitié sans borne de la part des partisans de LAVALAS.  (iii) Enfin, c’est la disparition de Georges Corvington, le fameux et fabuleux historien de «  Port-au-Prince au cours des ans », une œuvre colossale.  Ces figures disparues qui ont marqué leur temps de leur vivant auront-elles des impacts durables après leur disparition? Une certitude : Georges, oui !

L’élection de Nicolas Maduro au Venezuela.
En tout cas, après la mort de Chavez, c’est l’élection de son dauphin et Vice-président, M. Maduro avec une marge très faible (1.8%) par rapport à son adversaire (Capriles). Le vote est totalement électronique au Venezuela. L’opposition a accusé le pouvoir de frauder. Ce qui a entrainé des manifestations causant la mort de près d’une dizaine de personnes. Les USA n’ont pas accepté le résultat des élections, mais l’Amérique Latine et la Caraïbe (LAC) ont reconnu le successeur de Chavez et ont fait bloc derrière lui en participant à son investiture, y inclus le Président Haïtien. Les USA sont-ils en perte de vitesse au niveau de la zone LAC ?  De toute manière, Maduro ne pourra pas gouverner comme Chavez. Il est obligé de composer avec son adversaire qui représente l’autre moitié du Venezuela. Et Haïti dans tout cela ?

Elections en 2013 ou pas en Haïti ?
Notre pays n’a pas su comme le Venezuela organiser dans les temps les élections. Jusqu’à présent, malgré la mise en place au cours de ce mois d’Avril de notre fameux Collège Transitoire du Conseil Electoral Permanent (CT-CEP) avec les représentants des trois (3) Pouvoirs, on n’est pas certain que les élections auront lieu cette année. Et la question du mois dernier demeure, veut-on vraiment des élections en Haïti cette année? En tout cas, si l’on en croit l’opposition qui accuse déjà le Pouvoir en place de « magouilles préélectorales » avec la mainmise sur la présidence du CT-CEP à partir de l’élection de M. Menard à la tête de l’Institution électorale, le Président Martelly sera obligé de démissionner en Janvier 2014, si les élections n’auront pas lieu cette année ou si elles ont lieu dans la magouille. N’est-ce pas M.  Le Député Danton LEGER ? Avec ou sans élections, le Pouvoir Exécutif aura-t-il le dos au mur au début de 2014?

La démission de la Ministre des finances
 La démission en cascades des ministres de l’économie et des finances et de la communication et la « mise à pied de fait » du ministre responsable des relations avec le Parlement  qui a poussé le Parlement à mettre au dehors  de l’enceinte  parlementaire le Premier Ministre et son Gouvernement (imaginer l’inverse et le tollé qui s’ensuivrait !), n’ont pas pour autant découragé l’Equipe Martelly-Lamothe qui en a profité pour « réajuster » le Gouvernement  en apaisant les autres ministres pour leur faire comprendre qu’il ne va plus y avoir de chambardement  en leur sein. Ce qui a apporté une sorte de sérénité chez les ministres restant. M. Laleau est passé au MEF tout en continuant à s’occuper du Commerce par intérim, tandis que Mme Darguste tout en restant à la Culture s’occupe de la Communication par intérim. Le départ de Mme Marie Carmelle Jean-Marie du MEF a beaucoup perturbé le marché des changes, le dollar s’est un peu plus apprécié par rapport à la gourde. S’en sortira-t-on sans grand dommage? Il est à souligner que MCJM aura marqué indélébilement et unanimement son passage à l’Economie et aux Finances. A mon ami, M. LALEAU, qui a aussi marqué son passage à l’Industrie et au Commerce, de nous faire oublier MCJM. Est-ce possible?

La semaine  de la Finance du Group Croissance
La semaine de la Finance du Group Croissance est à sa 3e édition. Elle a lieu comme d’habitude au Karibe Convention Center avec une forte participation du monde de la finance du 9 au 12 avril sur le thème : « Renforcer la gouvernance financière en Haïti ». Voici l’explication de M. Pharel du choix thématique : « Au niveau de la finance publique, nous estimons que la pression fiscale est trop faible, il faut octroyer beaucoup plus d’argent à l’Etat. Mais, il faut qu’il [Etat] ait plus de redevance et plus de transparence ». Durant ces 4 journées de réflexion, des experts invités et les participants ont discuté sur des sujets liés au renforcement de la gouvernance financière notamment, la fiscalité, la bonne gouvernance, éthique et gouvernance, l’évolution de l’économie haïtienne, l’audit interne et sa contribution à la bonne gouvernance, financement des petites et moyennes entreprises. Les deux personnes honorées cette année sont Pierre Marie Boisson et Joseph Paillant, deux personnalités qui ont marqué le monde de la Finance cette année. Voici la vision de M. Boisson de l’évolution de l’économie nationale : " Je n’ai jamais perdu l’espoir de voir mon pays exporter et cela passera, selon moi, par une dépréciation de la gourde, un sacrifice dans le secteur de l’énergie, et un changement dans l’attitude des pouvoirs publics qui sont jusqu’ici trop anti-profit, ". A-t-il raison dans son diagnostic? Une chose est sure, la gourde se dévalue par rapport au dollar, pour l’instant, on le sent dans nos poches. Plus tard, on verra s’il avait raison ou non.

Et l’impression globale, c’est que ce monde continue d’innover, malgré les obstacles de toutes sortes. C’est un monde qui se prend très au sérieux et qui continue à se renforcer malgré un environnement plutôt défavorable. Ils ont su tirer leur épingle du jeu en s’appuyant sur un savoir-faire éprouvé et sur une maitrise des nouvelles technologies y relatives. Pourquoi tout le pays ne suit-il pas l’exemple du monde de la finance?

Le Film de Raoul Peck, «  L’Assistance Mortelle »
 C’est très difficile pour notre pays de sortir des bras de «  nos grands amis » de la Communauté Internationale qui nous étouffent avec cette «  Assistance Mortelle ». Le Film de Raoul Peck qui passe sur nos petits écrans (Télé Métropole, Télé Kiskeya) nous en dit long sur l’amour de nos frères de la Communauté Internationale à notre égard dont l’accompagnement est super-intéressé et qui se permet de prendre des décisions à notre place car nous ne sommes pas assez matures pour mener à bien cette refondation, surtout assurer la gestion d’environ 10 Mrds USD à travers la CIRH dans laquelle la partie haïtienne a joué le rôle de figurante. Ce film nous a appris que notre vieux bon Président Préval a failli être mis dans un avion contre son gré par le Proconsul Edmond Mulet, et ce, avec l’aval du reste de la CI après le 1er tour des élections (novembre 2010), que M. Bellerive, notre Premier Ministre de l’époque, a dû s’inviter à une réunion organisée par cette CI au nom de notre pays, et a du leur dire : « Je ne ferais quoique ce soit  en dehors de la Constitution ». De la bouche de M. Bellerive, on a appris qu’ « il y a un embargo sur les armes en Haïti », et plus loin : « La frontière entre le support et l’ingérence est mince ». Avec des policiers non armés, quelle sécurité peut-on donner ? Pourrait-on arriver à développer notre pays avec un amour aussi étouffant de «  nos amis »? Nous aiment-ils tellement pour notre résilience ou pour ce qui est dans notre sous-sol que nous ignorons? En tout cas, ce qu’ils nous donnent d’une main, ils le reprennent de l’autre en nous laissant des miettes, et nous accusent en plus d’être des corrompus. La leçon : « Il n’y a pas de raccourci au développement », et  « la dictature de l’aide est violente ». « Il y a un problème haïtien, mais il y a un problème de la Coopération aussi » a conclu Jean Max Bellerive. Nos dirigeants actuels et la Communauté internationale ont-ils bien appris la leçon? Pour les dirigeants haïtiens, et en leur sein, et pour l’opposition, ils sont des corrompus, ou tout au moins, ils tolèrent la corruption. N’est-ce pas la position de ceux qui laissent le bateau ou de ceux qui n’y sont pas encore montés ? Ne vous étonnez pas si, à la fin de l’année, nous sommes perçus comme le dernier de la classe. Savez-vous que l’indice de la corruption, c’est d’abord et avant tout une question de perception ?

La Justice : les grands et les petits.
 Imperturbable, notre justice « fait son travail », on arrête  les directeurs d’école qui ont fraudé (et donc corrompus) dans le cadre du programme de scolarisation universelle. La plupart sont sur les verrous, malgré que le  « contrat avec l’Etat n’ait pas prévu cette clause » d’arrestation. La femme du Président et son fils sont accusés de corruption. Deux avocats sont à la base de cette accusation. Un d’entre eux est sommé par la justice pour diffamation, celui-là qui a accusé « la ministre du Tourisme d’être la maitresse du Premier Ministre », et ce sur les ondes. Cette même justice a osé convoquer l’Ex-Président Aristide dans l’Affaire « Jean DOMINIQUE ». Heureusement, le 5e  Sommet de l’AEC du 23 au 26 avril 2013 a permis de différer cette convocation à une date ultérieure. Est-ce là qu’on voulait arriver après la convocation  de  Duvalier et de Préval ? Il faut rappeler que le principe de base de notre justice c’est la présomption d’innocence et non la présomption de culpabilité dont sont victimes la majorité de nos prisonniers (87%), surtout les petits, en particulier, une que je connais, en prison depuis  maintenant un an et deux mois sous l’accusation d’être l’auteure intellectuelle d’un crime alors que les auteurs réels ne sont pas encore appréhendés. De quelle justice parle-t-on ?

Le Président au Venezuela et le Premier Ministre aux USA.
Le Président Martelly s’est comme toute l’Amérique Latine et la Caraïbe solidarisé avec le nouveau Président Vénézuélien. Il s’est rendu à l‘investiture du Président Maduro dont l’élection n’est pas reconnue par les USA plutôt  favorables à son concurrent. Normal vu les rapports conflictuels des USA avec Hugo CHAVEZ. En tout cas, Haïti a suivi les pays frères de la Zone LAC. D’un autre coté, notre Premier Ministre, Laurent LAMOTHE, a séjourné aux USA, flanqué de son ministre de l’Education Nationale. Ils ont signé un partenariat avec le MIT pour l’utilisation de la langue créole dans l’enseignement de la science et des nouvelles technologies. Par la suite, le PM a fait toute une tournée dans l’Est des USA rencontrant la diaspora haïtienne, en particulier à Queens.  Ces voyages ne s’inscrivent-ils pas dans cette diversité diplomatique menée par Haïti depuis le Président Préval et renforcée par cette administration, coopération Nord-Sud et Sud-Sud ? C’est peut-être dans ce cadre qu’il faudrait situer le 5e Sommet de l’AEC.

2.       L E 5E  SOMMET DES ETATS DE LA CARAÏBES (AEC) EN HAÏTI : EST-CE UN SUCCES?

« Le thème central de ce 5e sommet "pour un renouvellement de la vision fondatrice de l’AEC, œuvrons pour une caraïbe plus forte et unie", nous porte à proposer des actions en vue du renforcement de nos engagements antérieurs et la mise en place de programmes et de projets au bénéfice des catégories de la populations les plus vulnérables », a souligné, le 26 avril 2013, le Président de la République lors de son discours le dernier jour du Sommet de l’AEC.

Ce Sommet, qui a eu une préparation de plus de 6 mois, s’est soldé par deux extrants: (i) la déclaration de Pétion ville et (ii) le plan d’action de l’AEC. Ces documents ont été élaborés par la partie haïtienne et peaufinés par les délégués de l’ensemble des Etats de l’AEC. La déclaration de Pétion ville a  traité les quatre thèmes principaux de l’AEC que sont le transport maritime et aérien, le tourisme durable, le commerce et le développement des relations économiques externes, et la réduction des catastrophes naturelles. C’est un document qui traduit la vision des chefs d’états sur l’avenir de la grande Caraïbe. «  La grande Caraïbe est un espace géographique et politique comprenant des Etats et territoires de taille, de langues, de cultures et de niveaux de développement différents, et qui se partage la Mer des Caraïbes en tant que patrimoine commun » (Dr Watson Denis, 2013)
Selon le Dr Watson Denis, dans le livre, « L’Association des Etats de la Caraïbes : l’Organisation de la grande Caraïbe », Port-au-Prince, Haïti, 2013, « l’AEC a pris naissance officiellement le 26 juillet 1994 ». « L’un des objectifs fondamentaux de l’AEC, c’est le dialogue politique, la concertation et la coopération entre les 25 Etats membres  et les 5 Etats associés… L’association s’intéresse de très près à la bonne gestion, à la protection et à la sauvegarde de la Mer des Caraïbe, comme un patrimoine commun des peuples de la région. » «  De par sa caractéristique, l’AEC est une organisation de formulation de programmes, dans le sens qu’elle élabore les projets et met en place des normes et procédures, jouant ainsi un rôle dans l’établissement des régimes internationaux mais n’exécute pas. »
Sur les 10 Chef d’État ayant confirmé leur présence, seulement 6 d'entre eux se sont rendu à ce Sommet en raison de contretemps liés à l’actualité et aux priorités de leur pays respectif. Malgré ces absences remarquées le Sommet a rassemblé un nombre important de leaders. Il faut souligner que  la présence de 29 pays et territoires est un nombre de participants record dans les annale de l’AEC.
Selon le Journal, Le Matin : « La Déclaration de Pétion-Ville présente la vision des chefs d’États sur l’avenir de la région. Avec le plan d’action, ce sont des documents stratégiques que les États caribéens disposeront pour aborder l’avenir et résoudre certains problèmes communs ».  Plus loin, le Journal enchaine : « Le clou du sommet a eu lieu le vendredi 26 avril avec la signature par les chefs d'Etat et de gouvernement de la région des documents préparés par les ministres des affaires étrangères et autres délégués. Avec ce sommet Haïti envoie un signal à la communauté internationale et atteste qu’elle est en mesure d’organiser de grands événements. »
La déclaration de Pétion-Ville  se subdivise en 40 articles dont certains méritent d’être repris textuellement pour favoriser la compréhension du lecteur de cet article sur ce qu’est l’AEC par rapport à d’autres institutions régionales de la Zone Amérique Latine et Caraïbes et par rapport à la perception des pays de l'AEC de notre pays, de son rôle dans l'histoire universelle et de son apport dans le concept de citoyenneté.  Il s’agit des articles 1, 12, 15, 19, 24, 32, 34, 36, 39. (Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/04/5e-sommet-de-laec-declaration-de-petion.html)
1. Nous sommes réunis dans le but de ratifier la vision fondatrice de l'Association, et de nous engager à consolider et revitaliser cette dernière pour que nos efforts permettent la mise en œuvre de politiques, programmes et projets de coopération couronnés de succès orientés vers le renforcement et l'unification de la Grande Caraïbe.

12. Nous exprimons notre engagement envers la Communauté d'États latino-américains et caribéens (CELAC) créée en février 2010 sur la Riviera Maya, Mexique, nous réaffirmons la vigueur des accords adoptés dans la déclaration et le plan d'Action de Caracas, y compris ses Statuts du 3 décembre 2011 dans le cadre du sommet de fondation de la CELAC à Caracas, Venezuela et la déclaration du premier sommet de la CELAC adoptée le 28 janvier 2013 à Santiago(Chili).

15. Nous reconnaissons les efforts d'intégration déployés dans la région, comme la Communauté de la Caraïbe (CARICOM), le Système d'Intégration d'Amérique Centrale (SICA), l'Organisation de la Caraïbe Orientale (OECO), l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique - Traité de Commerce des Peuples (ALBA-TCP), le PETROCARIBE, le Projet d'Intégration et de Développement Méso-américain et l'Alliance du Pacifique, Union des nations sud-américaines (UNASUR) ainsi que les autres schémas d'Intégration à fort contenu social, fondés sur les principes de justice sociale, de complémentarité et de coopération.

19. Nous rappelons notre engagement pour la préservation de la Mer des Caraïbes en tant que patrimoine commun des peuples de la région et considérons fondamentaux le maintien et la consolidation de la Commission de la Mer des Caraïbes. Nous reconnaissons des contributions dans ce sens de la part des États Membres de l'AEC, notamment de la Barbade, pendant son mandat de présidente de ladite Commission ; et des Pays Observateurs et institutions qui ont collaboré étroitement avec la Commission. Nous nous réjouissons du soutien global et de la reconnaissance dont bénéficie la Commission de la Mer des Caraïbes, et notamment la mention qui en a été faite dans le Rapport de l'Équipe de haut niveau sur la Durabilité mondiale de l'ONU au mois de janvier 2012.

24. Nous rappelons et ratifions l'actualisation et la reconduction du Plan d'Action de Saint-Marc, et ses 27 points définis à l'occasion de la Conférence de haut niveau sur la Réduction des Catastrophes de l'Association des États de la Caraïbe, qui s'est tenue en novembre 2007 à Saint-Marc, République d'Haïti, en tant que guide du Programme de travail de l'AEC dans le domaine de la réduction des risques de catastrophes.

32. Étant donné le mandat de l'AEC, en ce qui concerne la question du commerce et l'intention des Chefs d'État de la Caraïbe de créer un espace économique consolidé dans la région de la Caraïbe; et compte tenu de l'état actuel du système commercial mondial, nous soutenons les efforts de notre organisation, afin d'accroître les échanges commerciaux et les investissements dans la région de la Grande Caraïbe. A cette fin nous encourageons à maintenir la relation de collaboration et de consultation entre l'AEC et les observateurs fondateurs liés au développement économique, tels que la Commission Economique pour l'Amérique Latine et la Caraïbe (CEPALC), le Système Économique Latino Américain et Caribéen (SELA), entre autres. Dans ce sens, ils reconnaissent le besoin de faciliter un mouvement accru de personnes entre et au sein des Etats membres de l'AEC.

34.Nous reconnaissons l'initiative du Gouvernement de la République de Trinité-et-Tobago afin de promouvoir le progrès économique de la région, par la création d'un Processus de Convergence structuré dont les objectifs soient une plus grande facilitation de la circulation des capitaux et services, promouvoir l'établissement de dispositions visant a protéger les investissements dans la région, l'intégration des marchés de capitaux, le développement des infrastructures pour améliorer la logistique et explorer avec les institutions financières internationales la réorientation de leurs politiques pour appuyer les pays moins développés face aux mouvements brusques de l'économie internationale et maintenir la stabilité macroéconomique.

36. Nous accueillons avec satisfaction la volonté des régions françaises de la Caraïbe de devenir Membres Associés de l'AEC en leur nom propre, et nous nous félicitons de leur participation active aux différents comités de l'Association.

39. Nous exprimons à l'occasion de ce Ve Sommet notre admiration pour la nation haïtienne. Le monde a une dette de gratitude envers le peuple haïtien, qui fut le premier à abolir totalement l'esclavage, offrant ainsi la possibilité de devenir citoyens à tous les êtres humains.

Conclusions
Le Premier Ministre, Laurent Lamothe pense qu’Haïti a fait une forte impression sur la scène internationale, en organisant un tel événement couronné de succès, avec la logistique que cela suppose, les efforts déployés, les sacrifices consentis, ce qui « démontre les progrès qui ont été accomplis en Haïti.»

Ce 5e Sommet de l’AEC a permis des rencontres bilatérales entre Haïti et d’autres pays de la région. Ces rencontres ont concerné le Chef de l’Etat et aussi ses ministres avec d’autres Chefs d’Etat et d’autres ministres.

C’était aussi l’occasion de faire une mini exposition avec le ministère de l’Agriculture et ses partenaires comme le Café REBO, le Café SELECTO, le Rhum Barbancourt. Il en a été de même pour le ministère du Tourisme, du ministère de la Culture et ses partenaires comme la Galerie Nader et autres. La commission culturelle de la préparation du 5e Sommet  a favorisé la réalisation de toutes ces activités ainsi que celles organisées au début du Sommet et la veille du 26 avril 2013 pour les chefs de délégation qui étaient sur place ainsi que les ministres des affaires étrangères.

La conférence de presse animée par le Président et le Secrétaire Général de l’AEC a permis d’éclaircir certains points obscures comme la non participation de certains chefs d’Etat, la condamnation de l’Embargo contre Cuba, etc. A noter que cette condamnation a déjà fait l’objet de la déclaration de Panama en 2005 (Réf. Art.7. Dr Denis, 2013). Les deux personnalités ont affiché leur satisfaction en ce qui a trait à la réussite du 5e Sommet de l’AEC en Haïti.

Par rapport à ce 5e Sommet de l’AEC et à l’ensemble des événements en cascades qui ont jalonné ce mois d’avril 2013, Haïti a beaucoup plus d’interrogations que de réponses. Certes elle essaie de sortir la tête de l’eau, mais les faits saillants montrent clairement qu’ « Il n’y a pas de raccourci au développement » et que la communauté internationale y incluse l’AEC ne nous fera pas de cadeaux. Elle n’a pas d’amis mais des intérêts. A nous de prendre nos responsabilités, en nous rappelant que toute responsabilité nécessite des moyens tant matériels qu’humains. Et les résultats sont fonction de la qualité et de la quantité des moyens mis à disposition et de l’usage qu’on en fait. Sommes-nous prêts à retenir  et à appliquer cette leçon ?

vendredi 29 mars 2013

DES EVENEMENTS EN CASCADES AVEC BEAUCOUP PLUS D’INTERROGATIONS QUE DE REPONSES



DES EVENEMENTS EN CASCADES AVEC BEAUCOUP PLUS D’INTERROGATIONS QUE DE REPONSES
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
29 MARS 2013

Aujourd’hui ramène le 26e anniversaire de la Constitution de 1987. Aujourd’hui, c’est aussi  vendredi saint. Pour les chrétiens à travers le monde et en Haïti c’est un jour de tristesse. La crucifixion  de Jésus, c’est l’événement majeur qui a le plus bouleversé le monde, qui a  marqué le nouveau départ, celui que nous  vivons encore dans ce 21e Siècle jusqu’à la fin du monde.

Le mois de Février 2013 s’est achevé sur deux événements extraordinaires mais aucune commune mesure avec la mort du Christ, (i) la convocation en personne de l’Ex-Président, Jean Claude Duvalier, le 28 /02/13, devant la Cour d’Appel de Port-au-Prince,  et (ii) la démission effective du Pape Benoit XVI à cette même date. Est-ce le signe des temps ? Quelle est la signification réelle de ces deux événements ? Quels impacts  sur le Monde et  sur Haïti ? Seul l’avenir a le pouvoir de nous apporter des éclaircissements sur ces interrogations . Peut-être que ces événements augurent-ils une sorte de rupture par rapport au passé, aux anciennes pratiques. En tout cas, l’Ex-Président à vie a été démis de ses fonctions en 1986 par le peuple haïtien pour se retrouver, après 25 ans d’exil en Europe et 2 ans depuis son retour-surprise en Haïti dans les circonstance que l’on sait, comme n’importe quel simple citoyen haïtien devant une cour de justice, et le Pape s’est démis de ses fonctions pour se retrouver un simple citoyen du Vatican. La certitude pour moi, ce n’est plus « yon pa Kita, Yon pa Nago » (ou le train-train quotidien), c’est que quelque chose est en train de bouger. Mais c’est quoi ? D’où le Titre de l’article du mois de mars 2013 : « Des Evénements en Cascades avec Beaucoup plus d’interrogations que de Réponses ». Passons en revue, (1) la mort d’Hugo Chavez, (2) l’élection du Pape François, (3) la convocation du Président Préval par la justice, en continuant à nous interroger du survol de quelques  faits saillants  jusqu’à la conclusion de cet article.

Quelques faits saillants du mois de Mars 2013

Avant d’analyser les trois (3) points retenus, survolons rapidement quelques faits saillants du mois de mars 2013 :
(i).          Le député Bélizaire a fait des siennes à l’Administration Générale des Postes et au Parlement, en bousculant, en frappant, en brisant. « C’est normal, ça se passe dans tous les parlements du monde », justifient certaines personnalités et non des moindres. Pour d’autres, « c’est scandaleux, c’est donner une mauvaise image du pays à l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ». Et si le style c’est l’homme même ?

 (ii).        La situation des élections de 2013 ne semble pas très claire avec tous les problèmes pour la mise en place de cet énième CEP, on dirait qu’on se bat plus pour avoir le contrôle de l’institution électorale que pour organiser les élections. Veut-on vraiment organiser les élections ?

(iii).        La ministre  de  l’économie et des finances (MEF) a fourni dans les détails toutes les informations économiques du pays (interview avec Radio Métropole), en fournissant des informations sur le programme d’urgence post-Sandy, les fonds décaissés pour le ministère des travaux publics (1 Mrd HTG), pour le ministère  de l’agriculture (875 M HTG) (Réf. http://www.mefhaiti.gouv.ht/Documents/PDF/_6-march-2013_11-57-59.pdf ), sur les actions en cours dans le cadre de PETROCARIBE (Réf. http://www.mefhaiti.gouv.ht/Documents/PDF/decaissements_projets_finances_par_petrocaribe__2012-136-march-2013_11-39-46.pdf ); elle a expliqué que le taux de croissance du PIB de 6.9% prévu pourrait être atteint en dépit des difficultés auxquelles le pays fait face ; il est conseillé de visiter le site du MEF pour plus d’informations. N’aimerait-on pas mieux spéculer ici en Haïti que de se renseigner vraiment ?

(iv).        La visite du Président Clinton en Haïti avec un groupe d’entrepreneurs agricoles, tout de suite après un séjour d’une semaine aux USA du Ministre Thomas JACQUES, simple coïncidence ou changement de cap vers une agriculture d’entreprise?

(v).         Le 40e anniversaire du Mouvman Payizan Papay (MPP) grandiosement fêté avec la participation de 50,000 paysans selon le Nouvelliste et de nombreuses personnalités (Michèle Pierre-Louis, Michel Soukar, Bernard Ethéart,..)  comme intervenants dans le cadre d’une semaine de réflexions. Etait-ce seulement une fête de 40e anniversaire ou une démonstration de force en pleine année électorale ?

(vi).        Les voyages des hautes autorités du pays au Venezuela pour les funérailles d’Hugo Chavez, à Guyane  pour le Président avec une escale à Miami pour passer voir notre chère Murielle Lecomte toujours malade et notre chanteur populaire Rodrigue Milien très malade lui aussi : un petit geste ô combien significatif ! La visite actuelle  du Premier Ministre haïtien en Côte d’Ivoire  en Afrique dans le cadre de la coopération sud-sud (Réf. https://www.facebook.com/photo.php?fbid=491834030881463&set=a.208777195853816.50979.195226253875577&type=1&theater ). Ces voyages porteront-ils des fruits  pour Haïti?

La mort d’Hugo CHAVEZ et Haïti, la fin d’une époque ?

Toujours est-il que le mois de Mars 2013 a vu la mort d’Hugo CHAVEZ, le pape de la Gauche latino-américaine, le père de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), le père de PETROCARIBE, l’Ennemi N0 1 des USA dans les Amériques, le fils spirituel de Fidel CASTRO, l’enfant terrible de l’Amérique Latine qui a osé défier la doctrine de Monroe « l’Amérique aux Américains » en faisant des alliances avec Kadafi, l’Iran, la Chine Communiste et traiter l’Amérique de « Satan ». Malgré tout, c’était l’amant du peuple haïtien, celui qui, dans le cadre du PETROCARIBE, a mis plus de 1.3 Mrds USD à notre disposition, nous a réhabilité le Marché Croix-des-Bossales que nous avons remis dans le même état bien avant sa mort, celui qui nous a construit des usines électriques, à Carrefour, aux Gonaïves, etc., a développé de bonnes relations avec le peuple haïtien et avec les divers dirigeants de Préval 1 et 2, d’Aristide à Martelly. La disparition de CHAVEZ marque-t-elle la fin d’une époque ? Que fera Haïti sans CHAVEZ ? Combien de temps durera la manne PETROCARIBE après CHAVEZ ? Le nouveau leader qui sortira des urnes vénézuéliennes accordera-t-il autant d’attention à notre pays ?

Le Pape  François, un latino-américain, ami des pauvres, quel regard sur Haïti ?

De toute manière, l’Amérique Latine a son premier Pape. Et c’est un Jésuite. Il s’appelle François. Pourtant rien ne laissait présager qu’on allait avoir ce Pape argentin d’origine. Ils étaient 115 à former le conclave qui élit le Pape, dont 60 des 115 princes de l'Eglise sont européens (28 Italiens),19 latino-américains seulement, 14 nord-américains, 11 africains, 10 asiatiques, et 1 australien. Aucun Jésuite ne fut Pape avant François. Aucun latino-américain non plus. Le Cardinal Bergoglio (76 ans) de son vrai nom n’avait donc pas beaucoup de chance d’être élu. Pourtant, il est élu par ses pairs. Il faut noter qu’après coup, il a le profil défini au préalable : « conjuguer à la fois les talents d'administrateur à poigne, de pasteur présentant le message de l'Evangile avec chaleur, de théologien, de réformateur moderne mais respectueux de la tradition ». Ce Pape simple, ami des pauvres, pourra-t-il reformer et moderniser l’Eglise Catholique tout en respectant la tradition ? Quel regard aura ce Pape, ami des pauvres, sur la pauvre Haïti, « le seul PMA de l’hémisphère occidental » ?

La  convocation de l’Ex-PDT PREVAL par la justice, bon signe ou démagogie ?

Durant cette période de la mort de CHAVEZ, de l’élection du Pape, l’Ex-Président, René PREVAL, a été convoqué par la justice (juge d’Instruction) dans le cadre du « dossier de Jean Dominique » assassiné depuis 13 ans à la fin de la première présidence de PREVAL dont il était le « conseiller ». On se souvient de la douleur sincère du Président PREVAL qui ne cachait pas ses larmes. Alors, pourquoi maintenant, juste après la convocation de Jean Claude Duvalier et après la tentative échouée de convocation de l’Ex-Président Jean Bertrand ARISTIDE (le Commissaire du Gouvernement a dû se rendre lui-même chez le Président ARISTIDE? Est-ce une façon de dire à tout le monde qu’il n’y a plus de pape en matière de justice ? Que nous sommes tous justiciables sans exception, que l’on soit riche, pauvre ou puissant? Bon signal ? Attendons voir  pour que ce ne soit pas un simple signal! J’en connais une qui est accusée d’être «  l’auteure intellectuelle d’un crime » emprisonnée depuis maintenant plus d’un an et dont les auteurs réels ne sont pas encore appréhendés. Peut-on enfermer quelqu’un comme auteur intellectuel d’un crime sans les aveux des auteurs réels? Dans ce cas précis, peut-on parler de « présumée coupable » en lieu et place de « présumé innocent »?

En guise de conclusion, la situation haïtienne actuelle n’évolue pas tellement par rapport au mois dernier (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/02/haiti-du-spirituel-au-culturel-et.html), si ce n’est la prédominance du spirituel avec la semaine sainte (Pâques), du culturel (Rara) et de l’économique, situation sécurité alimentaire précaire suite aux chocs de l’année dernière et l’espoir malgré  tout d’une nette augmentation du PIB global par rapport à l’exercice précédent, en particulier grâce au secteur agricole dont la croissance à 6 mois de la fin de  l’exercice avoisine 8% selon la ministre du MEF ( mais gare aux catastrophes naturelles avec la prochaine saison pluvieuse et cyclonique !). Les faits me laissent un peu perplexe. On aurait pu utiliser le verre à moitié plein comme illustration de la situation actuelle, si le Président n’avait pas lancé cette petite phrase qu’il pourrait encore sous peu changer le gouvernement, en favorisant l’accès, cette fois-ci, à 50% de femmes en son sein (instabilité gouvernementale), si on n’avait pas un certain malaise par rapport à cette majorité présidentielle qui est en train de s’effriter à la Chambre Basse (situation parlementaire incertaine), si on avait senti cette reprise en main de la justice par le Pouvoir Judiciaire et non ce sentiment de vassalisation du Pouvoir judiciaire. Heureusement qu’on relève quelques motifs d’espoir avec l’interview de la Ministre du MEF et à partir de nos visites de terrain qui montrent clairement que « le pays est en chantier » quoiqu’on dise (Pétion-Ville, Delmas, Crois-des-bouquets, Gonaïves, Cap-Haïtien, Hinche,  Jacmel, Cayes, etc.) tant au niveau urbain que rural, qu’en comparaison avec l’année dernière en mars 2012 caractérisée par l’incertitude gouvernementale (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/03/haiti-en-attente-du-verdict-du.html), on a aujourd’hui un gouvernement en place qui travaille avec un budget et  des prévisions qui tiennent encore la route. Pourtant on a ce sentiment indéfinissable qui nous tenaille et qui incite à regarder les événements avec beaucoup plus d’interrogations que de réponses. Le temps nous fera peut-être changer d’avis. Dans combien de temps ? That’s the question !!!
Bonne fête à notre constitution !!!