Rechercher dans ce blog et le WEB

Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Bilan 2022 et perspectives 2023. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Bilan 2022 et perspectives 2023. Trier par date Afficher tous les articles

jeudi 1 février 2024

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION SUR LE TERRAIN, LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE FOIS-CI GUERRE CIVILE OU ENTENTE(?)

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION SUR LE TERRAIN, LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE FOIS-CI GUERRE CIVILE OU ENTENTE(?)

 

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

31 JANVIER 2024

 

 Sur le plan international, l’année 2023 est dominée par la guerre Russo-Ukrainienne avec ses dizaines de milliers de morts, de blessés et de disparus, ses pertes matérielles et ses diverses conséquences sur les deux pays et sur le monde. A partir d’octobre 2023, la Guerre Israélo-Hamas, avec des pertes de tout genre, vient compliquer la situation au Moyen-Orient, avec des risques d’escalades et leurs conséquences désastreuses sur le monde entier. Ces deux guerres et d’autres poches de conflits qui mettent face à face l’Occident et ses alliés ainsi que l’Est global avec la Russie et la Chine comme leaders, sont en train, à la suite du Covid-19, de refaçonner le monde en une multipolarité qui étend ses tentacules, avec en particulier des répercussions sur l’Afrique et Haïti. Il faut souligner aussi la domination de Trump sur l’actualité 2023 aux USA et la possibilité d’un nouveau duel Biden vs Trump et ses répercutions éventuelles sur notre pays Haïti.

 

En Haïti , 2023, que j’espérais être l’année de redémarrage d’Haïti[1] sans aucune donnée objective, s’est achevée comme elle avait commencé dans la confusion et l’incertitude, le kidnapping donc l’insécurité globale (I) ; les sanctions internationales contre certaines personnalités politiques et économiques sans suite au niveau national donc impunité (I), même si certains juges ont émis des mandats par-ci par-là contre certaines personnalités plutôt politiques fin d’année 23 et début 24 ; les multiples rencontres entre les politiciens sous contrôle international soit en Haïti, soit à l’étranger, sans aucun résultat, donc instabilité politique (I). Les trois (I) dominent la situation Haïtienne. Cette situation très complexe, confuse et incertaine pourrait déboucher sur une guerre civile en Haïti au cas où une entente entre nous ne serait pas trouvée rapidement, ou encore une intervention de l’international comme en 1915. D’où le titre de cet article : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION SUR LE TERRAIN, LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE FOIS-CI GUERRE CIVILE OU ENTENTE(?) ».

 

I.        SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

 

Comme souligné à l’introduction de cette 43e chronique, les trois grands événements qui ont dominé en 2023 et qui persistent encore en début de 2024 demeurent (i) la guerre Russo-Ukrainienne, (ii) la guerre Israélo-Hamas et (iii) la saga D. Trump avec très probablement un nouveau duel Biden vs Trump. Il y a certes d’autres événements comme ce qui se passe en Afrique (Mali, Burkina Faso et Niger). Essayons de synthétiser ces trois événements.

 

1.1.            Guerre Russo-Ukrainienne

 

Le mois de février 2024 nous rappelle les deux années de guerre entre la Russie et l’Ukraine. La contre-offensive ukrainienne de l’été a échoué. Le pays qui est à l’offensive actuellement c’est la Russie, mais vraiment avec peu de gains importants de territoires. Depuis que la Russie s’est repliée sur le Donbass après avoir tenté vainement de prendre Kiev, la capitale de l’Ukraine, en 2022, la guerre d’attrition s’est concentrée au niveau de cette zone en grande partie dominée par elle depuis 2014.  La Russie considère qu’une grande partie de ces territoires appartient désormais à la grande Russie. Les quatre (4) Oblasts Donets, Louhansk, Zaporijia et Kherson font partie intégrante de la Russie, sans compter la péninsule de Crimée annexée depuis 2014. Ce que conteste l’Ukraine. Donc la guerre fait toujours rage dans ces zones, en particulier dans le Donbass. Le front s’étend sur plus de 1000 km.

 

Au cours de l’année 2023, en plus de la guerre d’attrition dans le Donbass, très consommatrice, d’hommes (+250,000), de matériels (+15,000) et de ressources financières, les deux états utilisent beaucoup de drones et de missiles balistiques (Russie). Les frappes à distance de la Russie touchent toutes les parties de l’Ukraine avec des dégâts au niveau des infrastructures militaires et surtout civiles, causant des pertes dans la population civile ukrainienne. Fort souvent, les frappes russes visent délibérément les infrastructures civiles pour mettre à genoux la population ukrainienne surtout en Hiver, les privant d’eau potable, d’électricité, de services hospitaliers et autres, sans compter les nombreuses pertes en vies humaines.

 

Ces derniers temps, l’Ukraine a agi de la même manière à Belgorod en Russie, ce qui n’est pas à son honneur. D’une manière générale, l’Ukraine vise les infrastructures militaires. Après avoir forcé la Russie à s’éloigner le plus loin possible au niveau de la Mer Noire (20 navires russes coulés depuis le 24 février 2022 et en Crimée à partir des drones navals et des missiles d’origine européennes et américaines et dans les territoires occupés, l’Ukraine utilise ses propres moyens pour frapper la Russie dans la profondeur à des distances de plus de 1000 km, détruisant des objectifs militaires, des infrastructures de stockage de munitions, de carburants, des infrastructures de transports, de la logistique, des infrastructures d’approvisionnements. Ce qui oblige la Russie à faire des détours plus longs pour approvisionner ses troupes dans les territoires occupés. Malgré tout en matière de munitions, l’économie de guerre a permis à la Russie d’avoir beaucoup plus de disponibilités en termes de munitions et de matériels militaires et grâce aussi à l’aide de certains alliés comme la Corée du Nord et l’Iran.

 

 Contrairement à l’Ukraine qui a vu ses ressources diminuer à cause de manque de moyens mis à disposition par les occidentaux. Les Républicains sont réticents à accorder des crédits à l’Ukraine tandis que Victor Urban de la Hongrie, ami personnel de Poutine, a longtemps empêché l’Union Européenne de décaisser 50 milliards d’Euros pour l’Ukraine jusqu’à récemment encore. Les F16 promis à l’Ukraine par l'Occident arrivent à compte-gouttes. Heureusement que la France commence à envoyer certains missiles de précision comme le SCALP, l’équivalent du STORM SHADOW britannique. En tout cas, ce qui est en train de se mettre en place montre clairement que cette guerre va encore durer longtemps.

  

1.2.            Guerre Israélo-Hamas

 

L’autre guerre qui occulte celle de l’Ukraine c’est la guerre Israélo Ukrainienne. C’est une guerre terrible. C’est vrai que le Hamas a attaqué les personnes sans défense et a tué et pris en otage 1500 Israélien, la riposte d’Israël est à mon avis un peu démesurée, plus de 25,000 morts dont des enfants dans la population palestinienne en 4 mois de guerre et ça continue. La destruction d’une bonne partie de Gaza City et de la Bande de Gaza en général où vivent plus de 2 millions de palestiniens. Comme je l’ai dit dans une vidéo, de victime Israël est devenu bourreau.

 

Emu dans un premier temps pour les Israéliens, le monde est en train de changer de camp, ce qui a donné lieu à des manifestations anti-israéliennes dans plusieurs grandes villes du monde et même aux USA. Le premier ministre d’Israël refuse un cessez le feu réclamé par la majorité du monde. L’Afrique du Sud a même porté plainte au Tribunal International contre Israël, ce pays victime de génocide durant la 2e guerre mondiale est à son tour accusé de génocide par un pays avec lequel il a de bons rapports commerciaux et autres. Il est vrai aussi que l’Afrique du Sud, ce pays ami aussi de la Russie dans le cadre des BRICS, n'a pas levé le petit doigt quand la Russie a été accusée de génocide dans sa guerre sale contre l’Ukraine.

 

Cette guerre a des conséquences très désastreuses sur le monde, sur le commerce mondial en particulier. En effet, les Houtis du Yémen, sous contrôle uranien, attaquent les navires marchands qui traversent la Mer Rouge avant de franchir le Canal de Suez. Ce qui oblige la plupart d’entre eux à éviter cet itinéraire dangereux (baisse de 45% du commerce mondial) pour aller contourner l'Afrique jusqu’en bas (Afrique du Sud) avant de remonter l’Océan Atlantique vers l’Afrique du Nord et la Méditerranée. Ce parcours fait perdre beaucoup de temps et d’argent.

 

De plus, l’occident est obligé de prendre des mesures drastiques contre « ces terroristes » dont des frappes ciblées américaines et britanniques sur des bases au Yémen. Une base américaine située en Jordanie à la frontière avec la Syrie a été attaquée avec des drones, tuant 3 jeunes soldats américains et blessant une vingtaine d’autres. Biden a nommément accusé l’Iran et promet une réponse. Il y a donc risques d’escalades. Et notre cher ami Trump en a profité pour accuser Biden de faible.

 

1.3.            2024, Elections américaines, un probable duel des gérontes Biden vs Trump

 

Trump a occupé tout l’espace médiatique américain durant toute l’année 2023 et en ce début d’année 24. Il a beaucoup de démêlés avec la justice. Il est inculpé dans plusieurs affaires et est condamné récemment à payer 83.3 millions de dollars dans une des affaires. D’autres l’attendent au tournant. Pourtant, à chaque inculpation, il devient plus populaire au point de gagner le caucus de l’IOWA et les primaires de New Hampshire sans efforts et rallier derrière lui presque tous les autres candidats, sauf une, Nikki Haley. Il ne lui reste qu’à battre sa dernière adversaire pour obtenir l’investiture républicaine. Un duel Biden vs Trump se défile de plus en plus à l’horizon. Une victoire de Trump risque une aggravation de la situation mondiale liée à son attitude autocratique et de la situation haïtienne, ce « shithole Country », susceptible avec d’autres pays « d’empoisonner le sang américain », selon Trump.

 

II.      SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 

Au cours de l’année 2023, j’ai pleuré la disparition de deux êtres très chers, ma femme, Marie- Andrée F. Jean-Noël (mai 2023) et ma sœur ainée, ma seconde mère, Marie-Rose J.N. Thermil (juin 2023). Au début de cette année 2024 (18 janvier), c’était le tour de mon très cher professeur de sociologie rurale, mentor, collaborateur et ami, Bernard Ethéart, un patriote avec lequel j’ai mené, et aussi avec d’autres, le combat pour le développement d’Haïti. Tous mes proches-là sont partis sans voir le renouveau d’Haïti. Notre pays s’enfonce dans une sorte de catastrophe qui se renouvelle encore plus grave à chaque fois, en particulier au cours de l’année de malédiction de 2023 et l’année de la catastrophe annoncée de 2024. Heureusement, il y a canal Massacre, canal de la dignité et de l’espoir qui, malgré l'insécurité globale, continue son petit bonhomme de chemin (KPK: Kanal Pap Kanpe).

 

2.1.            Insécurité globale

 

Bien avant la disparition du président assassiné crapuleusement, M. Jovenel Moïse, Haïti était déjà dans un cycle infernal d’insécurité. Elle s’est aggravée depuis juillet 2021 jusqu’à date. Ariel Henry qui gouverne le pays depuis, avec la bénédiction de la communauté internationale, n’a jusqu’à présent respecté aucun des points de son mandat, remanier la constitution, la mise en place d’un Conseil électoral, l’organisation d’une consultation populaire sur la constitution et l’organisation des élections générales, naturellement tout ceci en menant une lutte sans merci contre l’insécurité pour ne pas dire contre le terrorisme.  Au contraire, après plus de 30 mois au pouvoir, il se perd dans des accords et désaccords qui ont exacerbé la situation d’insécurité, au point que la zone métropolitaine de Port-au-Prince est à 80% sous le contrôle des bandes armées qui sèment la terreur au niveau de cette zone et aussi au niveau de l’Artibonite.

 

Une véritable tragédie

Ces bandes armées pillent, kidnappent, violent, s’emparent des propriétés privées et surtout tuent la population et les policiers pour le plaisir (+ 8000 morts et blessés selon l’ONU), accaparent des bâtiments publics (50 commissariats), des institutions publiques et privées (Palais de Justice, écoles, etc.). Plus de 200,000 habitants de la zone métropolitaine sont sans abri et se retrouvent sur des places publiques ou dans des institutions publiques, sans compter les habitants au niveau de la plupart des villes du Bas-Artibonite. Ce qui poussent la plupart des Haïtiens à s’installer dans d’autres régions plus calmes du pays, dans d’autres pays soit clandestinement, soit dans le cadre du programme Biden (+90,000 personnes à date). On ne compte pas les Haïtiens qui sont en République Dominicaine, dans les Antilles, en Amérique Latine, en particulier ces derniers temps au Nicaragua et qui sont disparus en mer ou dans des forêts denses de l’Amérique Latine, une véritable tragédie. Fort souvent sous l’œil indifférent du gouvernement d’Ariel Henry et de ce qui reste de la justice haïtienne.

 

2.2.            Impunité

 

Kiyès ki touye Lanperè

Il faut avouer que l’impunité n’est pas l’apanage de ce gouvernement. C’est une constante de l’histoire haïtienne. En effet, depuis l’assassinat crapuleux de l’Empereur Jean Jacques Dessalines, le 17 octobre 1806, le fondateur d’Haïti, l’impunité s’est installée dans le pays, Kiyès ki touye Lanperè (Qui a tué l’Empereur ?) se répètent les Haïtiens jusqu’à date. Mais ces derniers temps, cette impunité apparait au grand jour et prend de l’ampleur depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, le 5e chef d'Etat assassiné dans le pays depuis 1806. Les gangs, disons plutot les terroristes agissent en toute impunité. Ils se permettent de filmer leurs forfaits sachant que personne ne peut leur demander de comptes. Ils font des menaces publiques et les mettent à exécution.

 

Car la justice fait partie du système depuis 1806

Il faut préciser que ces bandes armées ne sont pas un phénomène spontané. C’est tout un construit qui remonte à des temps immémoriaux. Mais depuis le début du processus de démocratisation à partir du départ de Jean Claude Duvalier (1986), elles sont encouragées par l’appareil étatique à se mettre en place et agir pour le compte des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis. Il en a été de même pour les oppositions politiques et divers secteurs des affaires dont les secteurs obscurs de la drogue. La justice a dû fermer les yeux sur beaucoup de cas de corruption, d’assassinat, de magouilles, etc. Car la justice fait partie du système mis en place depuis 1806. Rappelons l’assassinat de l'Empereur, de Salnave et du grand Journaliste Jean Léopold Dominique.

 

C’est le monde à l’envers

Regardons actuellement comment est traité le dossier de Jovenel Moïse en Haïti. Alors que, sur le plan international, aux USA, voyons l’orientation des condamnations des différentes personnes tant haïtiennes qu’étrangères impliquées dans cet assassinat crapuleux. Faisons la comparaison avec l’orientation que donne la justice haïtienne. Elle vise surtout certains proches de la victime comme son chef de la Police, certains anciens ministres, et sa femme Mme Martine Moïse, victime collatérale de cet assassinat crapuleux avec un bras cassé qui a nécessité  plusieurs interventions chirurgicales pour un semblant de fonctionnement normal. Pourtant un mandat d’amener est émis à son encontre par le juge instructeur, alors que certaines personnes du gouvernement actuel dont les noms sont cités dans des rapports de la police judiciaire et des organisations haïtiennes des droits de l’homme, du FBI et de la grande presse américaine après des enquêtes minutieuses, et qui ont fait des menaces directes contre l’ex-président, ne sont même pas inquiétées. C’est le monde à l’envers. Cette orientation semble être beaucoup plus politique.  

 

2.3.            Instabilité politique

 

C’est l’instabilité politique qui a conduit à l’assassinat du président Moïse, avec l’implication directe ou indirecte des oppositions politiques, des secteurs des affaires, de la drogue, de l’internationale. C’est pourquoi on parle de crime transnational impliquant au premier chef les Haïtiens, les Colombiens (commando), les USA et la République Dominicaine. Jovenel Moïse s’est attaqué au système. Il en est victime.  Depuis 1986, le système haïtien est très sérieusement ébranlé par la constitution de 1987 qui dispose de beaucoup d’éléments positifs pour lui tordre le coup. En voulant le changer en douceur, la constitution de 1987 a créé un déséquilibre en accordant trop de pouvoir au Législatif par rapport aux deux autres entités de l’Etat, à savoir l’Exécutif et le Judiciaire. Le système s’est donc réadapté par rapport à cette nouvelle donne, en jouant à fond la carte parlementaire pour capturer l’Etat et continuer ses magouilles et approfondir l’écart entre une élite corrompue et la masse. Dans un article publié[2] en pleine période de « pays lock » (2019), j’ai schématisé[3] ce déséquilibre et proposé un système équilatéral avec une répartition égale des trois pouvoirs d’Etat.

 

De la publication de cet article à date, la situation politique s’est considérablement dégradée surtout après l’assassinat du président Moïse et la prise de pouvoir par Ariel Henry tiré de l’opposition politique modérée et qui a fait alliance avec la branche de l’opposition radicale en la personne de Me André Michel, la principale figure de cette branche radicale de l’opposition qui a hérité en la personne de Ricard Pierre, l’homme qui a cassé, avec 3 autres sénateurs, les mobiliers du Sénat,  le ministère de la planification, l’un des ministères-clé du pays. L’instabilité politique s’est traduite par une sorte d’inaction masquée par des négociations sans fin, favorisant la perpétuation de cette équipe au pouvoir et le règne grandissant de bandits armés.

 

Le phénomène « Bwakale » est donc étouffé

Comme le peuple souffre, il a réagi contre les bandits par un phénomène appelé « Bwakale » où il a entrepris d’éliminer de manière violente certains bandits. Automatiquement, la communauté internationale et le gouvernement haïtien, jusque-là indifférents au sort du peuple haïtien, la grande victime de ces malfrats, s’offusquent et le gouvernement prend des mesures pour casser le mouvement. Le phénomène « Bwakale » est donc étouffé. Et les bandits qui étaient paniqués au point de chercher refuge dans certaines villes et villages de province, ont repris confiance et ont continué leurs exactions contre le peuple.

 

Une véritable dictature sanguinaire des bandits

Entre temps, nos politiciens indifférents au sort du peuple et la communauté internationale continuent leur semblant de négociation pour une solution durable à l’haïtienne laissant le champ libre aux bandits qui se pavanent en régnant sur des territoires qui s’agrandissent tous les jours. Ils deviennent de plus en plus riches et s’octroient des fonctions régaliennes de l’Etat comme percevoir des « taxes », décidant quand et où intervenir et même du droit de vie ou de mort sur le peuple. Ils ont établi une véritable dictature sanguinaire.

 

Tentative de paralysie du BSAP

Les Américains, pour une raison ou une autre, ont relâché l’ex-sénateur élu (et privé de son mandat), Guy Philippe après 6 ans dans leur geôle. Ce dernier aussitôt débarqué au pays a changé la donne politique en se constituant en révolutionnaire et en catalyseur des diverses parties prenantes anti Ariel Henry. Le Pouvoir pris de panique qui plaçait en douceur ses pions au sein de l’administration, accélère le processus en nommant des maires, des délégués au niveau des départements et arrondissements prenant fait et cause pour Guy Philippe, révoque le directeur général des aires protégées et intime l’ordre au BSAP, cette force dont la mission primaire est de sécuriser les aires protégées mais qui s’est faite une popularité en se tenant en face des forces dominicaines pour défendre la construction du canal Massacre contestée par Luis Abinader, le président dominicain, et en prenant position pour Guy Philippe.

 

2.4.            Canal Massacre, « canal de la dignité et de l’espoir »

En septembre 2023, les habitants de Ouanaminthe et de Ferrier ont décidé de reprendre la construction du canal Massacre suspendu depuis l’assassinat du président Moïse. Malgré l’opposition du président Abinader qui a adopté vis-à-vis d’Haïti une série de mesures disproportionnées pour un simple canal de capacité de 1.5 m3/s. Ces mesures ont eu pour effets immédiats de galvaniser les Haïtiens qui se sont arrangés sans l’appui du gouvernement pour mener à bien la construction du canal.

Le canal devient un enjeu politique

Actuellement, l’ouvrage de prise en rivière est pratiquement achevé. Les mesures adoptées par Abinader ont favorisé le renforcement d’une solidarité à toutes épreuves des Haïtiens autour du canal, qualifié de Canal de la dignité et de l’espoir. Au dernier moment, le gouvernement s’est manifesté pour apporter son appui dans la reconstruction du canal. Cet appui qui est d’ailleurs naturel, a fait polémique car la politique politicienne s’est mêlée de la question. Normalement, la construction de tous ouvrages de cette envergure relève exclusivement de l’Etat. Malheureusement, vu que ce gouvernement n’avait pris aucune mesure pour continuer la construction depuis plus de 2 ans, les paysans ont compris qu’ils étaient de leur devoir de prendre les choses en main.

Et c’est ce qu’ils ont fait et les politiciens se sont mêlés de la partie pour nuire au gouvernement en place déjà décrié. Le canal devient un enjeu politique. Et la plupart des politiciens de l’opposition ont payé de leur présence sur le canal, une petite visite par-ci, par-là, peut-être d’autres contributions (?). En tout cas, ce canal a forcé certains techniciens, profitant de l’engouement du canal, à proposer le montage d’un dossier sérieux pour Haïti et aussi pour l’agriculture. En tout cas, le canal nous redonne de l’espoir pour une autre Haïti, peut-être pas en 2024 mais pour plus tard sans faute.


III.    CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

L’année 2023, que j’ai qualifiée de l’année de redémarrage d’Haïti dans mon bilan 2022 et perspective 2023, s’est révélée une année catastrophique sur le plan personnel, pour Haïti et aussi pour le monde. Elle semble se prolonger en 2024 avec la disparition de mon très cher ami Bernard Ethéart, avec le 21e mois de la guerre Russo-Ukrainienne et le 4e mois de la guerre Israélo-Hamas, avec les dizaines de milliers de morts et de blessés dénombrés et les risques d’escalades au niveau mondial, et avec les milliers de morts et de blessés recensés et la catastrophe annoncée en Haïti pour l’année 2024.

En effet, au niveau mondial, les guerres Russo-Ukrainienne et Israélo-Hamas provoquent à elles deux plus de 250,000 morts et blessés, des pertes en matériels énormes chiffrés à des centaines de milliards de dollars américains, un réarmement mondial tous azimuts. On parle de course aux armements, la Russie parle d’économie de guerre, les budgets de défenses augmentent considérablement dans presque toutes les grandes et moyennes puissances mondiales au détriment de tout le reste. Le commerce international est très perturbé baisse de 45% au niveau de la Mer Rouge donc du Canal de Suez. L’économie mondiale va en subir les conséquences, ralentissement, inflation, insécurité globale, insécurité alimentaire, l’agriculture en paiera le prix, les démocraties mondiales seront affaiblies au profit des autocraties en favorisant la prise de pouvoir par des régimes autoritaires ou tout au moins à caractère autoritaire, ou encore avec basculement vers la droite comme en Pologne, en Suède, en Italie. L’année 2024 sera l’année de tous les dangers pour le monde et pour Haïti surtout avec la possible prise de pouvoir par Trump aux USA.

Chez nous en Haïti, avec la domination de l’insécurité globale et ses répercussions sur l’ensemble du pays, en termes d’aggravation de la longue crise politique, de la décroissance de l’économie (-1.9%) pour la 5% année consécutive, de l’insécurité alimentaire (50% de la population), Taux de change autour de 131.54 G pour 1 dollar, Taux d’inflation élevé, l’année 2024 sera encore plus terrible par rapport à 2023. Car, si la guerre civile annoncée devient réalité, alors là Haïti sera, peut-être, libérée d’une certaine manière, mais à quel prix ? Ne serait-il pas mieux de s’entendre pour une transition en douceur du pouvoir ? Alors Guerre civile ou Entente ? A moins que cette fois-ci la communauté Internationale se mêle de la partie pour nous aider réellement et non pour préserver ses intérêts mesquins vis-à-vis de ce pays qui l’a forcée à modifier son système d’exploitation de l’homme par l’homme. Attendons voir !

lundi 1 février 2021

COVID-19 : LE MONDE ET HAITI A LA CROISEE DES CHEMINS (11), LUTTE POLITIQUE SUR FOND DE KIDNAPPING, LE CHOIX DE LA CONFRONTATION

 

COVID-19 : LE MONDE ET HAITI A LA CROISEE DES CHEMINS (11), LUTTE POLITIQUE SUR FOND DE KIDNAPPING, LE CHOIX DE LA CONFRONTATION

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

31 JANVIER 2021

La lutte politique est plus importante que notre pays, du moins c’est qui ressort de cette bataille rangée qui se prépare et dont l’issue sera connue le dimanche 7 Février 2021. Dans « le bilan 2021 et perspectives 2021[1] », nous espérions de toutes nos forces de voir les acteurs politiques trouver un terrain d’entente pour sauver notre pays, Haïti. Kesner Pharel, dans ses grands rendez-vous du début d’année 2021, avec le ministre de l’économie et des finances (MEF), Patrick Boisvert, avec le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti, Jean Baden Dubois, avec le secteur Privé, Pierre Marie Boisson, avec Paul Farmer sur le Covid-19, et avec Frantz Duval du Journal Le Nouvelliste, a souhaité implicitement la même chose. Ses invités également. Après une année 2020 de récession économique, en grande partie liée au Covid-19 au niveau mondial, et liée en Haïti à l’instabilité politique qui a aggravé la situation économique exacerbée par le kidnapping et autres phénomènes connexes, on ne s’attendait pas à des miracles en ce mois de Janvier 2021 ni au cours de l’année en cours. Mais, je restais persuadé que, pour Haïti, « aucun sacrifice n’était trop grand de la part de nos politiciens », d’autant que le coronavirus a amorcé une remontée spectaculaire tant au niveau mondial qu’en Haïti. Malheureusement, nos hommes et femmes politiques ont choisi la voie de la confrontation comme en 2004, 17 ans plus tôt. D’où le titre  de cette chronique « COVID-19 : LE MONDE ET HAITI A LA CROISEE DES CHEMINS (11), LUTTE POLITIQUE SUR FOND DE KIDNAPPING, LE CHOIX DE LA CONFRONTATION ».

Pourtant, si nos politiciens se donnaient la peine d’écouter avec attention les cinq (5) interviews d’une facture inégalable de Pharel, ils auraient compris la nécessité de placer prioritairement notre pays au-dessus de la lutte politique pour les broutilles du pouvoir, d’éviter la confrontation et de sacrifier leur orgueil, leurs intérêts mesquins au profit du bien-être de la population haïtienne au bord de l’asphyxie, traversée par la pauvreté, la peur et la terreur du kidnapping politisé par les deux camps, s’accusant mutuellement d’en être les auteurs, sans penser à la population qui en subit  les conséquences désastreuses de court, moyen et long termes. On n’en a assez de tant d’inhumanité. On en a vraiment marre. De plus, on nous pousse à choisir entre la transition et le maintien, un débat stérile qui ne mène nulle part, sinon à aggraver la situation de sous-développement de notre pays.  

Essayons de voir ce qui se passe dans le monde, en particulier aux USA avant d’analyser la situation haïtienne de ce mois de Janvier 2021 sur les plans politique et socioéconomique.

La situation au niveau mondial, en particulier aux USA

Trump a fini par lâcher prise après avoir été pris en flagrant délit de velléité de coup d’Etat en incitant ses sbires à attaquer le Capitol, le symbole par excellence de la démocratie américaine, le 6 Janvier 2021, pour interrompre le processus de ratification de Joe Biden par le Parlement américain. Les parlementaires ainsi que le Vice-Président, Mike Pence, ont dû être mis à couvert pour se protéger des partisans de Trump prêts à tout (krazebrize et 5 morts). Des images terribles de leur envahissement du Capitol ont fait le tour du monde entier.

Non seulement Biden a été ratifié. Trump a subi sa 2e procédure d’empêchement. Malheureusement, sa destitution nécessiterait  17 sénateurs républicains pour atteindre le niveau de 2/3 indispensable (67 Sénateurs). Son procès en destitution est prévu pour le 9 Février 2021. Il a déjà choisi ses avocats de défense. Quant à Biden, il est donc confirmé comme le nouveau président des USA, il a prêté serment  et a fait un discours axé sur l’unité face à la fracture sociale laissée par Trump, et  dont il aura du mal à colmater.

Entre temps, le coronavirus, malgré les débuts prometteurs des divers processus de vaccination dans les grands pays, atteint des niveaux jusqu’ici non égalés[2]. Les cas de contamination (102, 741,314), les cas de mortalité (2, 223,750) et les cas de récupération (67, 307,216) ont franchi des sommets inimaginables, le 31 Janvier 2021. Ce qui a poussé certains pays et non des moindres à ré-confiner.

La Situation sociopolitique au niveau d’Haïti

En Haïti, les cas de contamination s’élèvent à 11,533, tandis ceux de mortalité atteignent 245, et ceux de récupération se chiffrent à 9,063. Il faut noter une augmentation des cas de fièvre et autres symptômes s’apparentant aux cas de coronavirus classique.  Face à l’augmentation des cas confirmés de contamination, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) a recommandé au Premier Ministre de ré-confiner partiellement le pays comme en Mars 2020 de 10 h Pm à 6h Am. Jusqu’à présent, aucune décision n’est encore prise en ce sens. A l’approche de la période des jours gras qui pourraient favoriser une nette augmentation des cas de contamination, certains groupes ont fait savoir qu’ils ne vont pas performer au carnaval national de Port-de-Paix, d’autres attendent avant d’arrêter une décision définitive. Ils évoquent non seulement le coronavirus mais aussi la situation politique incertaine qui pourrait déboucher sur des confrontations incontrôlables.

L’opposition menace de « krazebrize » en des termes à peine voilés si le Président Moïse, dont « le mandat constitutionnel prend fin le 7 Février 2021 » selon elle, ne laisse pas le pouvoir à cette date. D’ailleurs tout le long de ce mois de Janvier, elle met en application ses menaces sans grand succès, car en face la police nationale d’Haïti (PNH) veille aux grains à coup de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, sans épargner personne, y inclus les journalistes. Il faut ajouter que la PNH continue sa lutte contre les Gangs, en désorganisant la plupart, mais « le G9 et alliés » ont organisé, ironie de l’histoire, une grande manifestation contre le kidnapping, l’insécurité et « le peyilok » sans intervention de la PNH. Ce qui a agacé les observateurs et dérangé la plupart des médias et l’opposition politique.

Le kidnapping fait rage, appauvrit, viole et tue, surtout le petit peuple et la classe moyenne. La peur s’installe. Le Président y va de son bilan, le 1er Janvier 2021 au Palais National, car interdit par l’opposition de se rendre aux Gonaïves, et dévoile ses priorités pour 2021, « Référendum sur la nouvelle constitution, les élections et l’énergie » dans un délai se terminant au 7 Février 2022.

L’intervention de la PNH au bas de Delmas contre Jimmy Chérisier, Babekyou, le chef de « G9 et alliés », est perçue comme une manœuvre de diversion. L’incendie des véhicules dans le  garage central de la PNH n’a pas eu trop d’écho au niveau de la presse, contrairement à l’arrestation, une semaine auparavant de l’ex-sénateur, Nenel Cassy, à Miragoâne, et vite relâché par le pouvoir, suite à des manifestations le soir même au niveau de la Capitale, Port-au-Prince. M. Cassy a accusé le Président Moïse d’avoir ordonné son arrestation. Le Ministre de la Justice, R. Vincent, a démenti cette information. On est plus enclin à croire l’opposant que le représentant du pouvoir, malgré l’arrestation de trois accompagnateurs de l’ex-sénateur avec des armes trafiquées, selon le porte-parole de la PNH.

Ce qui a jeté de l’eau au moulin de l’opposition et renforcé son semblant d’unité. Et « Haïti en Marche », l’un des fleurons de la presse écrite, n’a pas hésité à comparer Léon Charles, le chef de la PNH, à Ti Boulé, le tortionnaire chef de recherche criminelle sous Duvalier. De là à voir une certaine levée de bouclier contre la PNH, il n’y a eu qu’un pas et  les Journalistes, accompagnés de certaines personnalités des droits humains et de la société civile, l’ont franchi dans une marche contre la Police Nationale d’Haïti (PNH), où certains accusent cette institution de brutalité tout en gardant de se laisser aller en invectives, et d’autres, en infériorité numérique, de prendre position contre le pouvoir en place. Le scenario catastrophe est donc en train de prendre corps. Une PNH affaiblie et sur plusieurs fronts en même temps, coincée par les « G9 et Alliés » qui ont paralysé la zone métropolitaine par des barrages un peu partout ayant forcé beaucoup de paisibles citoyens à ne pouvoir accéder à leur domicile, le vendredi 29 Janvier au soir, et très certainement par d’autres gangs à l’affut, la bataille s’annonce plutôt sanglante.

Toutefois, à la fin du mois, les manifestations, comme l’a prédit Jean Charles Moïse, le leader de « Pitit Desalin », commencent à prendre corps. Me Michel André ameute les troupes dans un langage violent digne de la période de « peyilok ». Les étudiants choisissent leur camp du côté  de l’opposition à Port-au-Prince. Les Cayes ont donné le signal le vendredi 29 Janvier, Léogane le lendemain. La zone métropolitaine de Port-au-Prince le 31 Janvier, Carrefour Delmas/Aéroport et l’Eglise Saint Jean Bosco de Pétionville, les points de ralliement cités par Jean Charles Moïse, et cap vers le Palais National. Cette manifestation émaillée de violences et soldée par deux blessés par balle, a pu atteindre le Champs de Mars sans pouvoir franchir le barrage érigé par la PNH pour protéger le Palais National. Il faut noter les manifestions le même 31 Janvier, à Saint-Marc, Cap-Haïtien, Petit-Goâve, Jérémie. Tandis que les syndicats des transporteurs programment deux journées de grève les 1er et 2 Février à travers l’ensemble du territoire.

Le pouvoir attend de pied ferme l’opposition, selon le ministre de l’intérieur a.i, Conzague Edner Day, et promet que l’administration Moïse ne se laissera pas faire comme en 1986. Il n’y aurait pas de krazebrize. Le Président Moïse, tout en ouvrant ses bras à l’opposition politique, semble déterminer à défendre son mandat du bec et des ongles et n’est pas du tout, mais pas du tout, d’accord avec cet argument constitutionnel de fin de mandat le 7 Février 2021. Il ne rate pas une occasion pour le faire savoir, lors du lancement du Plan de Relance Economique Post-Covid (PREPOC 2020-2023, 4.83 Mrds USD), lors de sa causerie avec le peuple à travers les réseaux sociaux, lors de  sa participation au congrès constitutionnel de la diaspora, lors de la 5e Journée de l’économie[3] (28 Janvier), lors de l’inauguration du 5e centre germoplasme et de propagation végétale de Grand Pré, aux environs du Cap-Haïtien, et de l’inauguration de 2 systèmes de pompage solaire alimentant en eau 2 systèmes d’irrigation (500 ha), dans le Nord du Pays, à Limonade, le samedi 30 Janvier 2021.

Sur un autre plan, le pouvoir en place  par l’intermédiaire de la commission indépendante, a fait sortir la première version de la nouvelle constitution, qui fait une place de choix aux femmes (quota de 30 à 40%), à la diaspora haïtienne (susceptible de briguer n’importe quelle haute fonction dans le pays), à un parlement monocaméral, à un vice-président, à un président non mineur, à un procureur de la République en lieu et place du commissaire du gouvernement et sous la responsabilité du pouvoir judiciaire, etc.

De même, l’opposition a sorti son document de transition, une commission choisirait le président à la Cour de Cassation, les membres de l’organe de contrôle du gouvernement de 14 ministres ; ce gouvernement de 2 ans à partir du 7 Février 2021, serait dirigé par un premier ministre choisi par le président avec l’appui de la commission. L’organe de contrôle n’aurait rien à voir avec ce qui reste du Sénat actuel.  Justement, le président du Sénat actuel, Lambert, organisera un dialogue national entre les protagonistes politiques à Tara's, La Sapinière, les 3 et 4 Février 2021, en vue de trouver une solution pacifique à la crise politique.

Conclusion : Et si on adopte le leitmotiv, « Haïti d’abord et avant tout ! »

En guise de conclusion, tant au niveau mondial qu’en Haïti, la situation n’est pas du tout rose. Le monde est malade. Le coronavirus porte un coup fatal à l’économie mondiale. Les Etats essaient de mettre en place des plans de relance économique post-covid (USA, Haïti, etc.).

Les retombées politiques de cette pandémie sont terribles pour les USA, c’est en partie ce qui explique la chute de Trump, qui a minimisé les effets de cette maladie et l’a politisée au point de reconnaitre ses partisans par une nette tendance à la non utilisation des mesures barrières, comme le port des masques par exemple. Ce qui a favorisé une plus grande propagation de la maladie, amplifié la division au sein de la société américaine, et qui complique le travail et la tâche de son successeur Joe Biden.

A problème profond et complexe, solution profonde et complexe

Par contre, en Haïti, le coronavirus a exacerbé la situation sociopolitique et surtout socioéconomique. Le kidnapping, érigé en industrie, et qui est étroitement lié à l’entropie politique, a appauvri davantage la classe moyenne et les masses, et a favorisé l’autofinancement des gangs. Utilisé comme arme politique, le kidnapping exacerbe davantage la situation politique entre les deux  forces en présence et renforce encore plus les tendances à la confrontation que celles liées à l’entente.

Sur ce point, on rejoint la situation de division constatée aux USA, même si, selon Bernard Ethéart (chroniques sur Mélodie FM), la crise haïtienne est beaucoup plus profonde et complexe que la façon dont nous l’abordons jusqu’ici, ses racines historiques, sociologiques, économiques et financières, analysées à la lumière des éclairages d’auteurs haïtiens et étrangers qui se sont penchés sur la société coloniale domingoise et haïtienne, comme B. Ethéart, lui-même, Me Serge Moïse, et l’économiste Fritz Jean, pour ne citer que ceux-là. A problème profond et complexe, solution profonde et complexe. J’ai compris donc, en écoutant les chroniques de Bernard y relatives, cette approche superficielle de résolution de la crise, ne nous mènera nulle part, sinon à l’aggraver  et à compromettre davantage le développement du pays.

Je nourris l’espoir que, à force de discuter avec des gens de la société civile, des cadres et responsables de l’Etat, des cadres des partis politiques, et à force de produire des réflexions, on finira par provoquer la réalisation de cette grande concertation nationale avec une masse critique de gens maitrisant les fondamentaux de la crise haïtienne et susceptibles de guider nos hommes et femmes politiques dans la résolution définitive de la crise, en dehors de l’approche simpliste et manichéenne (pour ou contre), mais dans le cadre d’une approche holistique, avec un seul leitmotive : HAITI D’ABORD ET AVANT TOUT.