Rechercher dans ce blog et le WEB

lundi 31 mars 2014

HAITI, LE DIALOGUE INTER-HAITIEN, L’UNION NE FAIT-ELLE PLUS LA FORCE ? SVP, UNE TREVE POUR HAITI !


HAITI, LE DIALOGUE INTER-HAITIEN, L’UNION NE FAIT-ELLE PLUS LA FORCE ? SVP, UNE TREVE POUR HAITI !
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 MARS 2014

Comme je l’ai écrit, le mois dernier, il aurait fallu prémunir le protocole contre les dérives éventuelles des parties prenantes (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/02/haiti-le-mois-de-fevrier-2014-un.html).  C’est pourquoi, je me sens confortable avec l’article 12 du protocole signé entre les protagonistes, même si  ce protocole ne se prémunit pas contre les dérives éventuelles du pouvoir exécutif.  Ce protocole a peut-être préjugé que le Parlement, en particulier le Sénat, serait plus enclin à ne pas respecter sa parole vu la réticence manifestée par le Président de ce corps à signer le protocole en février 2014 et la déclaration du Sénateur Exius en relation avec  le protocole d’accord. C’est à se demander, face à la situation globale du pays caractérisée par des défis pratiquement insurmontables, l’union entre haïtiens ne fait-elle plus la force ?

Après le carnaval gonaïvien, un succès indéniable, le gouvernement Lakay de Jérémie et ses lots de promesses, le renvoi du 3e  round  de dialogue binational avec les dominicains, les divers  ateliers du gouvernement  et de la société civile, le séminaire-atelier sur la stratégie de croissance où les représentants du MARNDR se sont fait remarquer par des interventions judicieuses (Réf Le MARNDR pris en sandwich, Le Nouvelliste du 26 mars 2014), la visite du Premier ministre Vietnamien en Haïti avec une délégation d’une centaine de personnes, j’aurais pu choisir de m’attarder sur un de ces points comme toile de fond de cet article. J’ai choisi d’analyser l’accord signé entre les protagonistes politiques aux risques de toucher un sujet plutôt controversé susceptible de me valoir des critiques acerbes et des inimitiés. Qu'importe, dans la vie, il faut parfois faire des choix selon sa conviction intime.

Le texte de l’accord Del Rancho et l’objet de la controverse entre les parties prenantes
C’est un accord trouvé sur les trois points en discussion dans la première phase du dialogue inter haïtien, à savoir, la Gouvernance, l’organisation des Elections et l’amendement de la Constitution de 1987. Le texte de l’accord comprend 4 chapitres et 14 articles et pour chaque cas traité, la responsabilité de chacune des parties ; l’accord  s’est prémuni  contre les dérives des parties prenantes  à partir d’un certain nombre de dispositions transitoires dont l’article 12 de l’accord signé entre les protagonistes (Réf. http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/128860/Le-texte-de-laccord-dEl-Rancho-sanctionnant-le-Dialogue-politique-et-institutionnel-inter-haitien.html). Voici l’article 12 qui est controversé : « Article 12 : Dans le cas où les amendements à la loi électorale prévus et proposés dans le cadre du dialogue ne sont pas votés par les deux branches du Parlement dans le délai imparti à l’article huit (8) du présent accord, les Parties constatent avec le Conseil Electoral Provisoire (CEP) l’impossibilité matérielle d’appliquer les articles visés. En conséquence les Parties conviennent que ces dits articles entrent automatiquement en veilleuse et l’organisme électoral est autorisé à y passer outre. En conséquence les Parties conviennent que ces dits articles entrent automatiquement en veilleuse et l’organisme électoral est autorisé à y passer outre. » Cet article 12 a mis de l’eau dans les moulins de l’opposition radicale, alors qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Si le Parlement vote les amendements dans les délais impartis, il n’y aura pas de problème. Le Parlement préfère-t-il ne pas voter à temps les amendements à la loi électorale de 2013 pour aider l’opposition radicale dans sa stratégie de déchoucage de l’administration en place ?

En effet, il a été programmé et réalisé par l’opposition radicale la manifestation 29 mars 2014 pour solliciter la démission de Martelly  et pour l’organisation des élections générales à la fin de 2014. C’est ce qu’ont réclamé FANMI LAVALAS et le MOPOD, ce 29 mars 2014, à l’occasion du 27e  anniversaire de la Constitution de 1987. Très certainement, c’est la position de la majorité du Sénat et des membres de l’opposition à la Chambre basse. D’où le rejet de cette catégorie  de politiciens de l’accord inter-haïtien signé le 14 mars 2014 par les protagonistes y inclus le Sénat par l’intermédiaire du Sénateur Steven Benoit qui l’a dénoncé par la suite estimant avoir été trompé, et par le Président de la Chambre basse, M. Timoléon quelques jours plus tard.  A noter que le protocole d’accord a été paraphé par le Président de la République, M. Martelly, et par les partis politiques qui ont pris part aux assises comme la KID d’Evans Paul, l’OPL. Par contre les partis comme LAVALAS et FUSION ont abandonné le processus en cours de route. Il est à signaler que les explications fournies par l’opposition et le Parlement pour rejeter cet accord inter-haïtien sont l’inconstitutionnalité de l’accord à cause de l’article 12 et les deux personnes qui ont signé l’accord pour le Parlement n’ont pas été mandatées. Par conséquent, l’opposition radicale et ses alliés au sein du Parlement ne reconnaissent pas l’accord sanctionnant le Dialogue inter-haïtien, le premier du genre depuis l’ère haïtienne.

1803 : « vivre libre ou mourir »
Depuis  le 18 mai 1803, nos ancêtres se sont mis ensemble  à l’Arcahaie pour « vivre libre ou mourir ». Ce congrès a débouché sur l’indépendance d’Haïti le 1er Janvier 1804. Depuis, il y a eu des moments où nous essayions de nous mettre ensemble pour régler quelques petites choses, mais jamais on a eu un dialogue inter-haïtien de la dimension de celui qu’on a vécu au mois de février 2014, n’en déplaise à notre grand ami, Tunep Delpé, qui a voulu faire croire le contraire en prenant le cas de Mme Truillot (sa nomination dans le cadre d’un consensus contre le pouvoir en place), le cas de Préval qui a mis en place un gouvernement d’ouverture. Dans les deux cas cités en référence, nous n’avons pas eu une médiatrice et c’étaient deux cas différents : un contre le gouvernement en place suite à un coup d’état (Avril) et un cas pour le gouvernement en place suite à des élections libres et honnêtes  (Préval).  Dans le cas qui nous concerne, le dialogue inter-haïtien a prévu deux phases : 1) une première qui vient de se terminer par la signature de ce protocole avec la probabilité d’organiser les élections législatives et des collectivités territoriales en octobre 2014, et 2) une deuxième phase qui poserait les problèmes profonds du pays dans le cadre d’un dialogue national (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/01/haiti-lesprit-kitanago-le-dialogue.html).

2014 : rester divisé et mourir
Le MOPOD, LAVALAS, certains Sénateurs et députés veulent d’abord la démission de l’administration Martelly sous prétexte d’être « une dictature », et un dialogue inter-haïtien par la suite posant les grands défis de l’heure dont la dégradation physique de l’environnement haïtien. Mise à part, la démission de l’Administration en place, les deux camps veulent la même chose : les élections. Un camp veut les élections générales en 2014 sans Martelly, tandis que Martelly, ses alliés et partenaires dans le cadre du protocole signé veulent les élections en deux temps cette année (2014)  pour les législatives et les municipales et l’année prochaine (2015) pour les présidentielles. Les deux camps n’ont pas de problème avec le  dialogue national posant les grands défis de l’heure. La FUSION qui n’a pas signé l’accord, l’OPL et la KID qui l’ont signé, les opposants radicaux au Président Martelly, tous, ils disent qu’ils iront aux élections avec ou sans Martelly. Alors  pourquoi pas un consensus pour aller aux élections et participer  à la 2e phase du dialogue inter-haïtien pour poser ensemble les vrais problèmes du pays ?

A entendre l’opposition radicale, l’administration Martelly est le problème. C’est une question de stratégie. Il faudrait à tout prix mettre Martelly hors jeu. Après, on verra. Si on lit et relit l’accord, il suffit au Parlement d’amender la loi électorale 2013 à temps, c’est-à-dire dans les délais impartis, et le problème sera quasi résolu. Naturellement, il faudrait que chaque partie prenante fasse son travail tel que prévu dans l’accord. Les critiques les plus acerbes contre l’accord s’articulent autour de l’article 12 qui permet à l’accord de se prémunir contre les dérives éventuelles du Parlement qui pourrait céder à la tentation de ne pas amender la loi électorale 2013. Comme on est encore dans les délais, faisons, comme sous l’administration Préval vis-à-vis de l’amendement de la Constitution, un « coucou rouge » pour amender la loi électorale 2013 ; n’est-ce pas Sénateur Riché, vice Président du Sénat ? En effet, pourquoi ne pas le faire et avancer au lieu de continuer à nous battre pour des mots ? A moins que nous voulions rester divisés et mourir, du moins c’est mon interprétation  du rejet de cet accord certes imparfait mais ayant suscité tant d’espoir chez la majorité silencieuse !

Les retombées des déclarations du Sénateur Benoit
Quant au Sénateur Benoit, au lieu d’assumer sa responsabilité d’avoir signé l’accord en lieu et place du Sénateur Desras, absent par obligation ou par tactique(?), il a préféré faire un certain nombre de déclarations à la limite « mensongères » selon le qualificatif de Daly Valet (28 mars 2014 à Vision 2000, Vision 2000 à l’ écoute). Les déclarations du Sénateur Benoit l’ont plus desservi et ont beaucoup arrangé l’opposition radicale dans sa démarche de voir l’accord tomber de lui-même et d’en profiter pour reprendre les manifestations de rues contre l’administration en place, quitte à offrir une image délinquante du pays que l’actuelle administration  essaie tant bien que mal, plutôt bien, de refaire sur la scène internationale. Sénateur Benoit est allé encore plus loin, en démissionnant de son poste de premier secrétaire du Bureau du Sénat et ne s’est pas présenté à la conférence du comité de suivi de l’accord. Avec l’absence du Sénat au sein de ce comité, c’est un coup dur porté à l’accord. Pourtant toutes ces dispositions n’arrangeront pas l’affaire personnelle du Sénateur Benoit. Au contraire ! Elles arrangent  par contre l’affaire de ses pairs radicaux au Parlement dont le Sénateur Bien-Aimé qui ne reconnait pas l’accord et son comité de suivi pour vice de procédures. C’est, selon lui, « un accord pour légaliser la dictature », interview avec Marie Lucie Bonhomme de Radio Vision 2000, le 28 Mars 2014, L’invité du Jour. C’est une position radicale qui rejoint celle de l’opposition organisatrice de la manifestation du 29 mars visant la démission de l’administration Martelly et l’organisation des élections générales en 2014, naturellement sans Martelly. Est-ce sa façon à notre Steven national d’aider l’opposition radicale et ses pairs du Parlement ?

La possibilité d’une entente ( ?)
Quand on analyse en profondeur la position des protagonistes politiques, on voit clairement qu’il y a possibilité d’une entente sur l’essentiel. Certes, le Président de la République a eu un comportement frisant celui d’un dictateur, mais il a su à chaque fois reculer, au point d’avoir maintenant un comportement d’un vrai chef d’Etat qui ne sied plus au Sweet Micky que tout le monde connait. C’est un gentil monsieur. Il a donc changé. Pourquoi l’opposition ne change-t-elle pas aussi ? Le Président ne reste qu’un an et quelques mois à passer au pouvoir, pourquoi vouloir s’en débarrasser à tout prix, même aux prix de voir Haïti s’entredéchirer ? S’il est vrai qu’il a envoyé tout ce qu’il avait en main concernant le Sénat au Moniteur pour publication en signe de bonne volonté par rapport à l’accord signé comme l’a déclaré son porte-parole, M. JURA, pourquoi encore douter de sa bonne foi ? Alors ne serait-il pas mieux de continuer à nous asseoir ?

L’union ne fait-elle plus la force ?
Mettons-nous d’accord sur l’essentiel. Enterrons la hache de guerre. Permettons à ce nouveau Cardinal Haïtien de nous guider à travers la Médiatrice. Appliquons l’accord du 14 mars 2014 issu des pourparlers entre nous. Amendons la loi électorale 2013. Organisons les élections en deux temps comme prévu par l’accord, et surtout organisons le dialogue national selon notre vision d'Haïti. Utilisons les résultats de ce dialogue national, en gérant désormais à bon escient et correctement toutes nos ressources pour le développement durable de notre pays, Haïti. Mettons-nous ensemble une deuxième fois pour l’atteinte de cette finalité, en renforçant nos relations avec la communauté internationale, en particulier la coopération sud-sud avec le Vietnam par exemple dont le Premier Ministre est actuellement dans nos murs avec une délégation d’une centaine de personnes dont des entrepreneurs qui ont permis à ce pays d’Asie d’exporter pour 260 Mrds d’USD en 2013 (Domaines de coopération avec ce pays : Tourisme, Agriculture, Energie, Télécommunications, Manufacture, etc.) . L’union ne fait-elle plus la force pour nous autres Haïtiens du 21e Siècle? Prouvons à nos ennemis d’aujourd’hui que nous sommes encore capables de grandes choses, surtout que nos discours tournent autour du bien-être de nos frères et sœurs haïtiens et du développement durable d’Haïti. Alors, qu’est-ce qui nous  empêche de  choisir notre pays par rapport à nos clans respectifs? Seulement un petit sacrifice en termes de temps et  du choix d’élections par rapport au déchoucage, une simple trêve de moins de deux ans pour Haïti, s’il vous plait !!! En politique, deux ans passent tellement vite! Savez-vous que 2014 fait exactement 10 ans depuis qu’on a déchouqué le Président Aristide ? Pour quel résultat aujourd’hui ? Réfléchissons et arrêtons la meilleure décision pour Haïti  selon notre conviction intime!!!

vendredi 28 février 2014

HAITI, LE MOIS DE FEVRIER 2014 : UN TOURNANT POUR LE MEILLEUR OU POUR LE PIRE ?


HAITI, LE MOIS DE FEVRIER 2014 : UN TOURNANT POUR LE MEILLEUR OU POUR LE PIRE ?
JEAN-ROBERT IEAN-NOEL
28 FEVRIER 2014

Haïti est habituée au train train quotidien (yon pa kita, yon pa nago), mais ce mois de février est une exception à la règle (kita nago en esprit, Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/01/haiti-lesprit-kitanago-le-dialogue.html) . Février est, en général, le mois du carnaval. Quand on parle du carnaval, on parle de la plus grande manifestation culturelle du pays haïtien. C’est en général la trêve politique. Cette année, la politique n’a pas chômé. Elle a été présente du début à la fin du mois avec le dialogue inter-haïtien, les manifestions de rues des écoliers, de Lavalas (avec moins de manifestants que d’habitude, est-ce la cause de la division au sein du parti ?), la lettre du MOPOD, les tournées du Président Martelly aux USA et en Europe, la décision de la Cour d’Appel de Port-au-Prince en faveur du jugement probable de Duvalier pour « crimes contre l’humanité », etc. Est-ce un tournant pour le meilleur ou pour le pire ? Passons rapidement en revue les faits saillants du mois et analysons globalement la situation en vue de déboucher sur des conclusions appropriées.

1.    LES FAITS SAILLANTS DU MOIS DE FEVRIER 2014 

Que d’événements en un seul mois !
Quel mois riche en événements : Le Dialogue inter-haïtien sans la signature du protocole sur le consensus minimal trouvé à cause de la publication partielle par le Pouvoir Exécutif de la liste des noms des membres de la  Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) ; le  2e  round du dialogue binational Haïti-République dominicaine avec «  des pas dans la bonne direction » selon les 2 parties (Réf. Le Nouvelliste du 3 Février 2014), mais l’arrêt 168-13, qui dénationalise les dominicains d’ascendance haïtienne en majeure partie, transcende la simple question binationale haïtiano-dominicaine (le piège à éviter par Haïti) ; la visite du Président Martelly  aux USA, ses retombées politiques et la satisfaction du Président de sa tournée ( voir les analyses des Journaux, Le Nouvelliste et Haïti en Marche) ; la visite du  premier Président du Panama en Haïti, M. Ricardo Martinelli, conclue par des accords commerciaux entre les deux pays ; les manifestations des écoliers enfin regagnant leurs salles de classes ; l’assassinat d’un couple de militants de droits humains, M et Mme Daniel Dorsainvil, l’homonyme de l’ex-ministre de l’économie et des finances sous l’administration Préval 2 ; le jugement probable de Duvalier selon une décision de la Cour d’Appel de Port-au-Prince, « pour crimes contre l’humanité », un tournant de la Justice haïtienne ; la lettre ouverte du MOPOD au Président pour lui demander de démissionner ; le fameux écrivain haïtien, Dany Laférière, le nouvel académicien , reçu à l’Elysée, par le Président français, François Hollande ; la tournée du Président Martelly en Europe (France, Vatican et Belgique) ; la cérémonie d’élévation de Mgr Chibly Langlois à la dignité cardinalice avec la participation du Président Martelly et le Président du Senat, Dieuseul Simon Desras, les deux protagonistes clés de la crise politique haïtienne, et, en marge de laquelle, le Pape les a recus séparément (quel message du Pape?); un cas de kidnapping et le démantèlement d’un gang « bien branché" ; L’ile à Vache, futur pôle de développement touristique mais inquiétude de la population locale et visite d’explications du Premier Ministre et de la ministre du Tourisme ; le Carnaval de Jacmel, de Carrefour, de Delmas, de Petionville, les premiers blessés ; les visites en Haïti de Bill Gates, l’ex-patron de Microsoft qui croit qu’Haïti serait le seul pays pauvre de l’Amérique latine en 2035, et de Tony Blair, l’ex-Premier Ministre Anglais en visite d’affaires en Haïti ; la manifestation de Lavalas, le 27 février pour marquer le 10e  anniversaire du  renversement du Président Aristide, le 29 février 2004, et réclamer les élections générales dans le pays ; les préparatifs pour le carnaval national aux Gonaïves du 2 au 4 Mars 2014 !  Passons à l’analyse globale de la situation.

2.    ANALYSE  GLOBALE DE LA SITUATION HAITIENNE

Le manichéisme haïtien
A lire, entendre, regarder les  médias en ligne,  les stations de radios, de TV et/ou des journalistes ou analystes pro ou anti Martelly, on a des perspectives totalement opposées de la situation globale du pays. Pour l’opposition anti-Martelly, tout est noir et pour les pro-Martelly, tout est rose. Dans cette guerre larvée pour ou contre, le manichéisme haïtien se manifeste dans toute son acuité. J’en connais qui ont fait le choix  de consulter  les sources d’informations correspondant à leurs opinions politiques et qui sont prêts à en découdre avec tous ceux qui ne vont pas dans le même sens qu’eux. Les deux camps ont tendance à s’en prendre à tous ceux-là qui voudraient garder un certain équilibre, les accusant de vendus, d’achetés, de tous les maux de la terre, et boycottent leurs écrits prétextant que personne ne peut être tout à fait neutre. Il faut  être pour ou contre ou disparaitre. Alors que, dans les deux camps, on se dit pour Haïti. C’est le droit de quelqu’un d’être pour ou contre quelque chose. Mais c’est aussi le droit d’un haïtien d’être pour Haïti et non pour l’opposition ou l’administration en place.

Une déclaration du nouveau cardinal qui pourrait changer la donne politique en Haïti
Le  premier round du dialogue inter-haïtien s’est déroulé de manière impeccable avec des envolées contradictoires  de part et d’autre. Dans les deux camps, les arguments sérieux ont été avancés. Un consensus minimum a été trouvé sur les points discutés. Malheureusement, le protocole n’est jusqu’à présent pas encore signé à cause de l’absence du Président Desras pour le parapher, absence justifiée par le fait que le Président Martelly n’a publié qu’une liste partielle des membres de la CSCCA sélectionnés par le Senat. Pour certains, les Présidents Martelly et Desras se sont entendus sur cette formule ; pour d’autres, le Président Martelly avait promis de tout publier. En tout cas, le prétexte évoqué par la présidence, c’est qu’il y a usage de faux au niveau des diplômes présentés. Ce que le Sénat a nié en bloc. Il faut lire l’article de « Haïti en Marche » à ce sujet. De toute manière, il est nécessaire sinon indispensable de trouver une solution à cette affaire (aux dernières nouvelles, la Présidence aurait publié les 10 noms). Cette signature différée a favorisé les critiques acerbes de la part de l’opposition radicale qui a parlé d’échec des pourparlers et qui a mis de l’eau dans les moulins de ceux qui ont abandonné le processus sous prétexte de ne pas se retrouver dans le texte final du protocole d’entente. Naturellement, pour cette catégorie, l’échec est imputable au Président Martelly ; pour l’autre catégorie c’est du à l’intransigeance du Président du Sénat. La vérité est certainement au milieu et non imputable à une personne ou à une autre. En effet, le Président Martelly aurait pu tout publier pour éviter cette non signature, le Président Desras aurait pu signer en attendant de trouver une solution à l’amiable sur les trois autres noms. C’est Haïti qui aurait gagné. D’où cette déclaration  du nouveau Cardinal après la cérémonie de son élévation à la dignité cardinalice : « Haïti est heureuse de voir ses enfants fêter ensemble. Elle sera encore plus heureuse si les enfants s’unissent via le dialogue. Nous sommes une famille. Laissez les différences de côté. Aimez Haïti, en paroles et en actes ». Espérons que ces paroles du premier cardinal haïtien et la rencontre avec le Pape des deux protagonistes les pousseront à s’entendre pour Haïti au détriment de leur clan respectif. 

Elections générales et démission
Il est plus que probable qu’une entente entre ces deux protagonistes ne sera pas bien vue par le MOPOD et les partis qui ont abandonné le processus en cours de route. En effet, le MOPOD est pour la démission du Chef de l’Etat, même si cette démission devrait déséquilibrer les piliers sur lesquels repose la démocratie haïtienne, le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif. Souvenez en : lorsqu’on attribuait au Président de la République la velléité de déclarer la caducité du Parlement, c’est cet argument qui a été mis en exergue. Demeure-t-il valable quant à la mise à pied du pouvoir exécutif ? Peut-être, puisque, à coté de la démission du Président, le MOPOD parle d’élections générales pour l’année 2014, très certainement avec la mise en place d’un gouvernement qui lui est favorable ( ?). C’est de bonne guerre. A noter que lors de la « manifestation de Fanmi Lavalas du 27 février 2014, les manifestants réclamèrent aussi les élections générales sans préciser en quelle année. Une entente entre les deux protagonistes  pour signer le protocole ne résoudrait donc pas le problème politique à entendre le Sénateur Exius ; le Président du Sénat ne pourrait pas organiser les séances faute de quorum car il y aurait 5 Sénateurs qui ne participeraient pas aux séances du Sénat organisées par M. Desras.

Scénario catastrophe après le carnaval
Ainsi, même si on arrivait à une signature du protocole d’entente minimale, rien ne garantirait sa mise en application car la plupart des actions doivent préalablement avoir l’aval du Parlement. Or, si le Senat est rendu inopérant par les 5 radicaux, l’accord ne pourra pas être appliqué. Le MOPOD et les partis qui ont abandonné le processus imputeraient tout cela au pouvoir exécutif et exigeraient sa démission et les élections générales en 2014 ou en 2015 ( ?), la situation ukrainienne et Vénézuélienne aidant. La bataille sera ramenée à nouveau au niveau des rues. Le moindre faux pas commis par le pouvoir exécutif  sera exploité à fond, comme la restriction de la liberté d’expression (le cas de Brothers Posse), les négociations avec le République Dominicaine incluant l’arrêt 168-13, une déclaration malencontreuse, l’arrestation d’un militant de l’opposition, des droits humains, le non relâchement des frères Florestal, la mort accidentelle ou non d’un manifestant de l’opposition, le manque de préparation de la campagne agricole de printemps,  la vie chère,  surtout la mort éventuelle d’un ou de plusieurs écoliers « utilisés comme chair à canon » ou encore d’un étudiant,  le kidnapping, la corruption, la drogue, la surpopulation carcérale, le dossier Duvalier, le dossier Jean Dominique, la mauvaise gestion de la prochaine saison cyclonique. Rien ne sera négligé. L’administration Martelly aura à marcher sur du feu. Il lui faudrait beaucoup de dextérité pour ne pas se bruler.

Permettre au consensus minimum de se prémunir contre les dérives éventuelles des camps
Dans ce cas précis, il faudrait doter la Commission de suivi prévue par le protocole de pouvoirs plus étendus comme la possibilité de modification du CEP provisoire, l’adaptation de certains articles de la loi électorale 2013 par rapport à la nouvelle donne issue des pourparlers, la préparation des éléments de l’amendement constitutionnel, etc. Il demeure entendu que chacun des trois pouvoirs continue de faire de son mieux pour mettre en œuvre ce qui le concerne eu égard au consensus minimal trouvé pour l’organisation des élections de 2014. Pour permettre au Parlement de fonctionner, il faudrait, comme l’a suggéré le Sénateur Benoit, réduire le quorum. Mais là aussi c’est une lame (arme) à double tranchant, les 5 sénateurs radicaux pourraient convoquer le Gouvernement d’ouverture et le renvoyer durant la période de préparation des élections,  et ainsi mettre à mal tout le processus, à moins que le consensus minimal se prémunisse contre de telles éventuelles dérives. Il lui faudrait aussi se prémunir contre d’éventuelles dérives du pourvoir exécutif.

3.    CONCLUSION

En tout cas, si Haïti était vraiment au centre des préoccupations des protagonistes politiques, on n’aurait pas besoin d’avoir de scenarii, tout se ferait comme sur des roulettes, tel que prévu par le consensus minimum. Malheureusement, nous sommes en Haïti, et l’haïtien, en général, se sent confortable que quand il est pour ou contre quelque chose. Si pour Jean Claude Duvalier, la Justice haïtienne semble amorcer un tournant, quand sera-t-il pour la situation politique et le reste ? Pour le carnaval, la majorité des groupes n’ont pas oublié la situation dominicaine (dénationalisation), pas même Brothers Posse qui a choisi de polémiquer directement avec le Président Martelly en le faisant « crye l’ane pase » avec sa meringue : « ALORAL », et en rendant la situation « chochonet » cette année. Ce qui lui a valu d’être radié du défilé comme l’année dernière et même sponsorisé, il n’a pas le droit d’y participer (c'est "la katotisation", une forme d'exclusion utilisée par le pouvoir tet kale, selon Marvel Dandin de Radio Quisqueya). Il est un fait, ce mois de février marque un tournant en matière de dialogue inter-haïtien et autres choses (les retombées de la visite de Washington, de celle de l’Europe, des négociations avec les dominicains sur le dialogue binational, etc.). Sera-ce pour le meilleur ou pour le pire ? Pour une fois, je souhaiterais que nous abandonnions notre manichéisme et choisir le meilleur pour Haïti ! En sommes nous capables ? Après le carnaval aux Gonaïves du 2 au 4 Mars 2014, qui est globalement un succès, on verra !



vendredi 31 janvier 2014

HAITI, L’ESPRIT KITANAGO, LE DIALOGUE INTER-HAITIEN OU LE PREMIER FRUIT A DEGUSTER ENTRE NOUS?


HAITI, L’ESPRIT KITANAGO, LE DIALOGUE INTER-HAITIEN OU LE PREMIER FRUIT  A DEGUSTER ENTRE NOUS?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 JANVIER 2014

Ce mois de janvier 2014 marque le premier anniversaire de KITANAGO, ce bois qui a traversé en 27 jours les 700 Km des Irois, extrême Sud-Ouest  à Ouanaminthe, extrême Nord-Est. Je vous prie de relire mon article sur KITA NAGO pour mieux comprendre ce qui se passe actuellement, le Dialogue Inter-haïtien : (Réf.  http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/01/haiti-kita-nago-on-pa-kita-ou-nago-ou.html). La classe politique a pris un an pour pénétrer l’esprit de KITA NAGO (aller de l’avant tous ensemble).D’où le titre de mon premier article pour 2014 : « Haiti, l’esprit Kita Nago, le Dialogue inter-Haïtien ou le premier fruit à déguster entre nous ? ». Avant de nous attarder sur le Dialogue entre nous, passons en revue certains faits saillants du mois, faisons une analyse objective des grands points du dialogue inter-haïtien et terminons l’article sur des conclusions appropriées.
1.    LES FAITS SAILLANTS DU MOIS DE JANVIER 2014.
Un discours apaisant pour démarrer l’année 2014
Le mois de janvier 2014 a démarré avec le discours apaisant (appel au dialogue et à l’unité) du Président Martelly en présence des représentants du Pouvoir Législatif, MM D. S Desras et J. T. Alexis, respectivement Président du Senat et de la Chambre des Députés, du Pouvoir Judiciaire, M. A. Alexis, des anciens Chefs d’Etat, MM. Avril et Duvalier, les autres anciens chefs d’Etat n’ayant pas répondu à l’invitation de M. Martelly, et de certains chefs de partis politiques comme Evans Paul, le plus intelligent chef de parti politique haïtien, à mon humble avis. La présence de M. Desras au coté du Président Martelly avait pour moi une signification particulière vu les divergences entre ces deux protagonistes politiques. Elle augurait une certaine acceptation de l’autre après les échauffourées de Septembre, octobre et novembre 2013 et les propos amères et acides de M. Desras lors de la convocation extraordinaire du Parlement par le Président Martelly pour le vote de la loi électorale. Cette loi votée dans les mêmes termes que le Senat par la Chambre basse et rapidement publiée par la Présidence a résolu ipso facto le problème lié à la rumeur selon laquelle le Président de la République déclarerait la caducité du Parlement au deuxième lundi de janvier 2014.
L’Exécutif et le Législatif calment le jeu
En tout cas, après les belles émissions sur la situation économique du pays de Roro Pharel avec le Ministre des finances, M. W. Laleau, le Gouverneur de la Banque de la République, M. C. Castel, et l’économiste, M. P.M. Boisson, qui ont en quelque sorte confirmé les chiffres rapportés dans mon article sur la situation économique du pays (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/12/bilan-2013-perspectives-2014-turpitudes.html) avec des nuances édifiantes et des considérations intéressantes de la part de PM Boisson, avec le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Didier Fils-Aimé, et le président de la commission des Finances du Sénat, M. Jocelerme Privert, la rentrée parlementaire du 13 janvier 2014 a été marquée par d’excellents discours de la part de MMM. Desras, qui a été reconduit par ses paires comme Président du Senat, Martelly et Lamothe. Ils ont vraiment calmé le jeu comme l’a titré Le Nouvelliste dans l’un de ses excellents articles du mois de janvier 2014. La Chambre basse s’est vu rafler tous ses postes électifs par les parlementaires proches du Groupe du Président Martelly avec Timoléon comme Président en remplacement de M. J.T. Alexis. 
Mgr Langlois, Premier Cardinal Haïtien
Ajoutée à tout cela, la nomination surprise de Mgr Langlois (55 ans), le Président de la Conférence épiscopale, par le Pape François comme premier Cardinal Haïtien, celui-là même qui a offert les bons offices de la Conférence Episcopale qu’il préside comme médiatrice pour conduire le Dialogue inter-haïtien démarré la dernière semaine de Janvier 2014 (on y reviendra).
Les manifestations des élèves de Lycées, Josué Mérilien et MM. Saint-Juste et Michel
Malheureusement, les manifestions écolières (lycées) pour réclamer la présence de professeurs dans les salles de classe se sont dégénérées en manifestations de rues avec des casses et des blessés. Les élèves du Lycée de la Croix-des-Bouquets, en forçant les élèves des écoles privées à les suivre, ont provoqué des jets de pierres et de bouteilles dont l’une a failli blesser ma femme en s’écrasant violemment sur ma cour à Duval, et en poussant la Police à tirer en l’air pour disperser les manifestants, ce mardi 28 janvier 2014, dans la zone de Carrefour Marassa. Ce qui a poussé le Ministère de la Justice à convoquer M. Merilien de l’UNOH (Union nationale des Normaliens Haitiens) au Parquet de Port-au-Prince à la base des revendications de l’augmentation des salaires des professeurs. M. Mérilien sera défendu par MM. Newton Saint-Juste et André Michel, les deux avocats qui ont accusé l’épouse et le fils du Président de corruption et d’usurpation de titres.
Le Président à Cuba, le Premier Ministre à Davos et en Afrique
En fin de compte, il faut noter la visite du Président à Cuba à la tête de la délégation haïtienne dans le cadre du Sommet de la Communauté des Etats latino-américains et caribéens (CELAC) où la Caricom a condamné une fois de plus la République Dominicaine pour son arrêt 168-13 raciste et où le huit clos entre Haïti et la RD sur cette affaire a été très houleux, le Président Martelly se serait même emporté par rapport à l’attitude arrogante du Président Medina qui justifie la position dominicaine. Quant au Premier Ministre, il a été à Davos en Suisse à la 44e Réunion du Sommet Economique pour faire la promotion d’Haïti et à Addis Abeba , en Ethiopie, pour participer au Sommet de l’Union Africaine avec cette déclaration qu’ « Haïti c’est l’Afrique dans la Caraïbe » et ce souhait de voir modifier la charte de l’Union Africaine pour une intégration à part entière d’Haïti dans cette institution pour un dialogue permanent entre Haïti et l’Afrique à commencer par le Dialogue inter-haïtien.  
2.    LE DIALOGUE INTER-HAITIEN
La Médiatrice dans le cadre de ce dialogue
« La Conférence des Évêques d'Haïti (CEH) est une structure ecclésiastique canonique dotée de la personnalité juridique. Elle est au service de la pastorale d'ensemble de l'Église catholique en Haïti. Sa mission pastorale l'appelle souvent à jouer un rôle en faveur de la paix publique dans le pays. » Elle s’est proposée comme médiatrice dans le cadre de ce dialogue à partir d’un protocole de médiation dans lequel elle a défini les règles du Jeu avant de fixer les objectifs du dialogue et obtenu l’assentiment des parties prenantes intéressées qui ont accepté de signer le protocole.
En effet, le protocole a mis en exergue le contexte et la situation politique : « Dans ce contexte, face à la situation politique actuelle, elle a offert sa contribution gratuite et généreuse dans une note pastorale datée du 27 septembre 2013, pour aider les acteurs politiques et ceux des pouvoirs étatiques à dialoguer…  Les Parties consultées ayant accepté cette offre, la CEH fait cette mission ad hoc de médiation avec une représentation d'évêques délégués, assistés d'un Conseil Épiscopal de Médiation (CEM) qui sont désignés ici comme une seule instance : la Médiatrice. Ce Conseil a aussi à sa disposition une équipe d'experts indépendants. »

La finalité visée par la Conférence Episcopale Haïtienne (CEH)
"Les Parties s'engagent, avec l'aide de la Médiatrice, à se concerter en vue de parvenir à un pacte politique sur la gouvernance démocratique, l'organisation d'élections crédibles, la question de l'amendement constitutionnel, la consolidation des Institutions démocratiques basée sur le respect du principe de la séparation des pouvoirs".
Les parties prenantes
C’est donc en connaissance de causes que les parties prenantes sont rentrées dans ce processus de dialogue. Elles viennent de tous les secteurs de la vie nationale. La CEH a ratissé large pour obtenir l’accord préalable des acteurs. « La Médiatrice organise le dialogue avec les acteurs suivants : (i) le pouvoir exécutif, (ii) le pouvoir législatif, (iii) les partis politiques. Ils sont désignés ci-après les Parties. Les observateurs indépendants de ce dialogue viennent des secteurs et institutions suivants: 1) le pouvoir judiciaire, 2) les confessions religieuses et religions, 3) les structures organisées de la société civile dont l'Université, 4) le secteur paysan, syndicat, patronat, 5) la Fédération des Barreaux d'Haïti, 6) les organisations des droits humains, des femmes, 7) les associations de médias (ANMH / AMI), 8) les organismes structurés de la société civile.»

Les objectifs visés par la CEH
« La médiatrice a pour objectif principal de conduire les Parties à conclure un accord politique sur les points de l'agenda concerté afin de résoudre les problèmes urgents du pays et de jeter des bases pour un dialogue national. Cet objectif principal se décline dans les objectifs spécifiques suivants :(i) Réunir les principaux acteurs autour de la table du dialogue ;(ii) S'assurer du bon déroulement des délibérations ;(iii) Amener les Parties à parvenir à un consensus. »
Dans le cas où le protocole n’est pas respecté par les parties prenantes, la Médiatrice se réserve le droit de se retirer sans bruit sans compte, surtout si elle n’est pas en causse : "La Médiatrice se réserve le droit de renoncer, à tout moment, à sa mission, si, sans faute de sa part, il est impossible d'atteindre les résultats escomptés parce que font défaut les conditions nécessaires au bon déroulement du processus d'échanges et préalablement convenues avec les Parties".
Le protocole prévoit un ensemble de points avec des détails intéressants. Nous nous contentons d’énumérer les points : 1) un ensemble de principes, 2) le Rôle de la médiatrice 3) les obligations des parties ,4) les Confidentialités et communication, 5) la Représentation  des parties aux séances de dialogue, 6) la Durée du processus  7) le  Suivi des accords.
Un aspect à retenir dans les détails pour montrer, s’il en était besoin, le souci de réussir ce dialogue inter-haïtien, est cette partie incluse dans le protocole : «  Les Parties reconnaissent que doit être exclu du dialogue tout esprit de domination et de méfiance. Elles s'engagent à collaborer sans réserve avec la Médiatrice en vue de la poursuite des objectifs exposés et entendus dans le présent protocole.»

Notre contribution
Personnellement, je me suis toujours battu pour une entente entre nous. En témoignent les divers articles publiés sur mon blog : www.jrjean-noel.blogspot.com. Le groupe de la société civile auquel j’appartiens, La FONHDILAC, en a fait de même. En 2010, quelques jours après le tremblement de terre, nous avons sorti un plaidoyer pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/02/plaidoyer-pour-la-refondation-de-letat.html). En 2011, avant la prise de pouvoir par le Président Martelly, nous avons sorti un document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vison haïtienne (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html). A la faveur de cette initiative inter-haïtienne, nous versons ces deux documents dans le débat. Nous croyons qu’ils disposent de suffisamment d’éléments pour aider           à l’enrichissement  de ce grand sommet entre nous et contribuer au Dialogue National qui suivra.

 Le regret de certains absents de renom
Nous profitons de l’occasion pour saluer notre grand ami, Turnep DELPE, qui s’est toujours battu pour la conférence nationale mais qui, appartenance à MOPOD oblige, ne participe pas à l’actuelle initiative. C’est l’occasion de Saluer Edmonde Suplice Beauzile et Evans Paul pour leur bataille autour du « pacte de gouvernabilité ». Heureusement, ils sont parties prenantes de cette initiative. Nous félicitons également le Parti Lavalas pour sa présence dans cette initiative avec Mme Narcisse et surtout avec notre ami de longue date, AGR Anthony Dessources. Nous espérons avec de telles personnalités, les autres parties prenantes et la Médiatrice, nous avons de forte chance de déboucher sur un consensus minimal. Je sais que, une fois le consensus trouvé, des gens sensés comme le professeur J.A. VICTOR, Mme Manigat et Turnep Delpé rejoindront le processus pour l’enrichir, le renforcer en entrainant le MOPOD avec eux. En tout cas, je suis heureux de savoir que le MOPOD, en tant que plate-forme politique, participera aux prochaines élections quelle que soit l’issue de l’initiative en cours. C’est le pays qui en bénéficiera !
3.    EN GUISE DE CONCLUSION
La leçon de cette initiative, il est possible de nous asseoir entre haïtiens pour poser les problèmes de notre pays, en pensant Haïti d’abord et avant tout ! L’entente est la meilleure des procès. Comme disait l’autre : « La démocratie est le pire des régimes à l’exclusion de tous les autres. » Enterrons définitivement le déchoucage au profit de l’entente entre nous pour Haïti, l’exception culturelle de la Caraïbe, le futur Taïwan de la Caraïbe, Pays émergent en 2035! Mais que de sacrifices collectifs et individuels à consentir pour y parvenir en gérant de manière optimum les risques de catastrophes naturelles, en diminuant de manière drastique notre démographie galopante, en augmentant notre croissance économique de manière durable, en gérant correctement nos maigres ressources, et en évitant coûte que coûte les crises politiques, tout au moins en les gérant de manière non violente par le dialogue.
Pour finir, il est recommandé au lecteur de cet article de lire et relire ce protocole de médiation (Réf. http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_poli_fr.php?id=23434). C’est un modèle du genre, selon Radio Métropole, qui pourrait servir dans d’autres circonstances, surtout dans les circonstances de crises dans lesquelles nous pataugeons depuis le 17 octobre 1806, ajoutons-nous. Le 18 mai 1803, la date du Congrès de l’Arcahaie, demeure jusqu’ici la seule fois que nous nous sommes mis ensemble pour fonder notre pays, Haïti. Gloire à Dessalines et à Pétion ! Et depuis l’assassinat de Dessalines le 17 octobre 1806, soit 3 ans et 8 mois après le Congrès de l’Arcahaie, nous avons commis l’irréparable. Ce parricide que nous n’arrivons pas à exorciser nous rend si méfiants les uns vis-à-vis des autres. Il nous a donc fallu attendre 210 ans et 8 mois pour nous asseoir autour d’une table à Pétion-ville, la première ville haïtienne construite après l’indépendance, en vue de faire « un pacte politique sur la gouvernance démocratique, l'organisation d'élections crédibles, la question de l'amendement constitutionnel, la consolidation des Institutions démocratiques basée sur le respect du principe de la séparation des pouvoirsEst-ce un hasard le choix de Pétion- ville ou un petit jeu (clin d'oeil) de l’histoire ?

Dans notre histoire de peuple libre et indépendant, c’est pour la première fois que nous nous sommes mis d’accord pour entreprendre quelque chose ensemble. C’est déjà un exploit quelle que soit l’issue d’une telle initiative. Dieu aidant, nous espérons que l’Esprit Kita Nago nous permettra d’aller de l’avant et de mobiliser toute l’énergie positive haïtienne en vue de trouver une entente minimale entre nous, y inclus à l’avenir le MOPOD, pour résoudre nos querelles intestines par la voie du dialogue et non par la violence comme on en a pris l’habitude depuis notre indépendance, le 1er janvier 1804. L’esprit KITANAGO a pris du temps pour se manifester, il nous incite à aller de l’avant ensemble pour arriver à cueillir et déguster ce premier fruit, soit seulement un an après la traversée triomphale de cet esprit, symbolisé par un bout de bois de 500 Kg, sur notre pays de l’Ouest à l’Est jusqu’à la porte de notre voisin dont l’arrogance par rapport à la mise en application de l’arrêt 168-13 pourrait nous conduire à nous unir davantage pour y faire face et aider nos frères dominicains d’ascendance haïtienne à recouvrer la nationalité de leur pays d’adoption. Puisse ce premier fruit, si fruit il y en aura, nous donner l’appétit de manger d’autres encore plus succulents jusqu’à faire d’Haïti un pays émergent à l’horizon 2035 et faire mentir à Bill Gate qui nous voit patauger dans la pauvreté en 2035, date à laquelle, selon ses prévisions, nous serons encore le seul pays pauvre de l’Amérique Latine!

mardi 31 décembre 2013

BILAN 2013, PERSPECTIVES 2014 : TURPITUDES POLITIQUES, CROISSANCE ECONOMIQUE ET UNE ENTENTE POUR LE DEVELOPPEMENT D’HAÏTI (?).



BILAN 2013, PERSPECTIVES 2014 : TURPITUDES POLITIQUES, CROISSANCE ECONOMIQUE ET UNE ENTENTE POUR LE DEVELOPPEMENT D’HAÏTI (?).
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 DECEMBRE 2013

En 2012, il a été projeté une croissance économique de 6.9%, un taux d’inflation compris entre 6 et 7% en glissement annuel, un taux de change autour de 42 HTG pour 1 USD dans le cadre d’un budget annuel de plus de 3.25 Mrds d’USD dont 31% de fonctionnement et 69% d’investissement. « Les principaux secteurs bénéficiant des priorités de ce budget sont le secteur économique (53% du total du budget) avec notamment des investissements de l’ordre de 18.2 milliards  HTG pour les infrastructures de transport, 2.3 milliards pour l’eau, 4.2 milliards pour l’énergie, et le secteur social (25% du total du budget) dont des investissements de 12.3 milliards pour l’éducation et de 9.5 milliards pour la santé. Le développement territorial disposera d’un programme d’investissement de 12.9 milliards ». (Réf. Communiqué de Presse du MEF, Dépôt Loi de Finance 2012-2013 au Parlement. 29 Juin 2012). Au mois de mai 2013, le taux de croissance a été revu à la baisse autour de 3.4%.

Pour atteindre ces objectifs, toute une série de mesures d’accompagnement a été envisagée par le Gouvernement haïtien auxquelles nous avons ajouté une série de recommandations impliquant les trois pouvoirs, les Collectivités territoriales, la Société Civile et la Communauté internationale (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/search?updated-min=2012-01-01T00:00:00-08:00&updated-max=2013-01-01T00:00:00-08:00&max-results=12).

En cette fin du mois de décembre 2013, c’est le temps des bilans et des perspectives pour 2014. D’où le titre de ce dernier article de l’année 2013 : « Haïti, Bilan 2013 et Perspectives 2014 : Turpitudes politiques, croissance économique et une entente pour le développement d’Haïti (?). L’article passera en revue les faits saillants de l’année 2013, s’attardera sur la situation économique et les perspectives pour 2014, et se terminera par des conclusions appropriées.

FAITS SAILLANTS 2013

Les faits saillants reflètent la situation sociopolitique, économique et internationale en relation ou non avec Haïti. Ils sont articulés autour des faits de décembre 2013 et des autres mois de l’année 2013.

Décembre 2013
C’était  la reprise du dialogue entre Haïti et la République Dominicaine sous les auspices du Venezuela. La question liée à l’arrêt du 23 septembre de la Cour Constitutionnelle Dominicaine est noyée dans une problématique plus large  des relations entre les deux pays. Ce qui a poussé Agronome  Michel William à mettre en garde le Président MARTELLY contre un retournement de la situation en faveur des dominicains et la remise en question de son administration avant la fin de son mandat officiel. En tout cas, le Ministre des Affaires Etrangères, qui est retenu par Le Nouvelliste parmi les personnalités de l’année 2013, doit veiller à ce que l’avantage haïtien dans cet épineux dossier ne soit galvaudé et traité en simple banalité ; car c’est un dossier sérieux qui mérite un traitement à part puisqu’il dépasse largement le cadre des relations haïtiano-dominicaines.

En ce mois de décembre, Haïti a connu un calme politique relatif avec très peu de manifestations antigouvernementales contrairement aux mois de septembre, octobre et Novembre. Les manifestations de rues (Salaire minimum, 16 décembre, etc.) n’étaient pas trop violentes. La conférence épiscopale Haïtienne s’est proposée comme médiatrice dans la crise politique haïtienne. Quelle sera le sort de la « Religion pour la Paix » ? S’est interrogée Le Nouvelliste.

Le mois de décembre 2013 a vu la mort de Nelson Mandela à l’âge de 95 ans, l’apôtre de la réconciliation en Afrique du Sud dont l’aura est universelle, et l’entrée de Dany Laférière parmi les immortels de l’Académie Française. Ce qui a valu à Mandela des funérailles grandioses  avec la présence des principaux chefs d’Etat, de Gouvernement et des leaders mondiaux dont celui d’Haïti, M. Michel MARTELLY. C’était un événement à l’échelle planétaire. Les chefs d’Etat et de gouvernement, qui ont honoré la mémoire de Madiba, devraient s’en inspirer pour appliquer chez eux les leçons issues (les idéaux)  de la vie politique de ce géant du 20e siècle, le dernier grand homme de l’histoire mondiale, qui a su réussir la politique de réconciliation tentée sans succès à Saint Domingue par « le Premier des noirs », Toussaint Louverture. N’est-ce pas l’occasion pour Michel MARTELLY de reprendre cette politique de réconciliation nationale pour mettre définitivement Haïti sur les rails du développement et rentrer dans l’histoire universelle comme Louverture et Mandela?

Année 2013 de Novembre à Janvier  (Réf. www.jrjean-noel.blogspot.com)
Depuis ces 25 dernières années, c’est pour la première fois qu’on a vu un président du Senat s’ériger en chef de l’opposition par rapport au chef de l’Etat en fonction. C’est l’exploit qu’a réalisé M. DESRAS. De plus, il pose des conditions préalables pour reprendre le dialogue avec le chef de l’Etat comme la publication dans le journal officiel des noms des personnes sélectionnées par le Senat pour intégrer la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) et autres au même titre que la loi électorale publiée récemment. Ce qui est de bonne guerre. Mais aller jusqu’à demander l’appui d’un Parlement étranger pour l’aider dans sa lutte pour renverser le pouvoir en place a été un pas de trop qu’il ne fallait pas franchir. Peut-être que cette stratégie a eu l’aval de ses paires du Senat hostiles à la présidence de M. Martelly et pour lesquels tous les moyens sont bons pour renverser ce « président à double nationalité ».

C’est pour la première fois dans l’Histoire d’Haïti qu’une épouse de Chef d’Etat  au pouvoir et son fils aient été accusés d’usurpation de fonction et de corruption. «  La femme de César est toujours au dessus de tout soupçon ». Certes, cette histoire s’est achevée par « la mort suspecte » du juge Joseph. Mais elle témoigne aussi de la vitalité de notre jeune démocratie. Ce qui a valu à l’un des avocats accusateurs, Me André Michel, de figurer parmi les personnalités de l’année 2013, le renvoi du Commissaire F. RENE, le Barreau ayant pris fait et cause pour Me Michel et conditionné la reprise de ses activité au renvoi de René.

Au cours d’un même mois (Avril 2013), on a enregistré la mort de trois hautes personnalités ayant marqué l’histoire du monde, Maggy Thatcher, et l’histoire haïtienne, Mgr LIGONDE et Georges Covington, le grand historien haïtien de « Port-au-Prince au cours des ans », une œuvre colossale laissée à la postérité.

C’étaient les convocations successives par la Justice des anciens présidents, Jean Claude Duvalier, René Préval, et Jean Bertrand Aristide et sa démonstration de force qui a un peu paniqué le pouvoir en place et qui, selon moi, nous a valu les festivités du 2e anniversaire de la prise de pouvoir de M. Martelly et toutes les turpitudes politiques vécues de cette période jusqu’en novembre 2013. Cette Justice vassalisée allait se perdre par la suite en donnant l’impression criante de n’être qu’un pouvoir dépendant et surtout corrompu.

C’étaient le lancement de « l’Assistance Mortelle » de Raoul PECK, ce film qui a dessillé les yeux de plus d’un sur les relations d’Haïti avec la Communauté internationale ; la démission du Pape Benoit XVI et l’élection du Pape François ; la mise sur pied d’un autre conseil électoral provisoire sous l’appellation farfelue du Collège Transitoire du Conseil Electoral Permanent (CTCEP), avec à sa tête M. Menard ; la seconde inauguration du Président OBAMA pour son second et dernier mandat de 4 ans, et enfin la merveilleuse aventure de KITA NAGO dont, selon moi, on n’a pas suffisamment exploité le symbolisme, sans oublier l’augmentation du taux de croissance économique inespéré après le passage de Sandy en début d’exercice, la révision à la baisse du taux de croissance économique  à 3.4% en milieu d’exercice et la démission de la ministre de l’économie et  des finances, Mme Marie Carmelle Jean Marie, en avril 2013.

BILAN 2013

Le bilan 2013 tiendra compte de l’aspect macroéconomique, de l’aspect microéconomique et s’attardera sur l’aspect agricole.

Situation macroéconomique
En 2011, la croissance a cru de 5.5%. En 2012, on a enregistré un ralentissement  de l’’economie autour de 2.9%. En 2013, on constate un regain d’activité économique qui a permis un accroissement de l’économie autour de 4.3%, atteignant, selon l’IHSI, le niveau de 15 Mrds en gourdes constantes et de 365 Mrds en gourdes courantes.  Ces informations proviennent des « Comptes économiques en 2013 », une publication de l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), l’entité chargée légalement de calculer et de diffuser les statistiques du secteur réel de l’économie, notamment le PIB et l’inflation. « Cette bonne performance économique au cours de l'année fiscale écoulée, selon le FMI, résulte de la reconduction des dépenses de reconstruction, d'un accroissement des exportations dans le secteur textile et d'un résultat meilleur que prévu dans l'agriculture ». (Réf. Thomas Lalim, in Le Nouvelliste)
Un peu plus loin, Lalim rapporte que « L'inflation, toujours selon la mission du FMI, qui avait culminé à près de 8 % après la sécheresse et les ouragans de l'année précédente, s'est établie à 4,5 % au terme de l'année fiscale 2013, en raison d'une stabilisation des prix des matières premières sur le marché international et d'un resserrement de la politique monétaire plus tôt dans l'année ». Le taux de change a connu une évolution stable autour de 43,71 gourdes pour 1 USD mais  supérieures aux 42 gourdes projetées en début d’exercice.
Situation microéconomique

Selon la Primature, il  a été mis en œuvre, cette année,  (i) une cinquantaine de projets (50)  d’investissements pour un montant de 698 millions de dollars américains, dont 473 millions en provenance d’investisseurs nationaux et 225 millions d’investisseurs étrangers, soit une augmentation de plus de 25 % par rapport à l’année dernière, (ii) entrepris une rationalisation des dépenses de l’État , également des réformes économiques (lutte contre la corruption et la contrebande, entre autres), et aussi  une importante réforme des finances publiques, (iii) constaté  une augmentation de l’offre agricole, notamment de la production des céréales et des vivres alimentaires, qui a joué un rôle prépondérant dans la stabilité des prix sur le marché et la réduction de l’inflation durant l’année 2013.

Selon l’IHSI, les performances de  l’économie sont dues aussi à  la branche « bâtiments et travaux publics (BTP) » qui, sous l’impulsion des grands travaux d’infrastructure, de la reconstruction des édifices publics et de certaines initiatives du secteur privé, a pu accroître sa valeur ajoutée, en volume, à plus de 9%, tandis que "Le commerce, restaurant et hôtels ", a cru de 5% de sa valeur ajoutée. D’une manière générale, les autres branches d’activité, ayant une participation moins importante à la formation du PIB, ont aussi affiché des tendances haussières en 2013.
Il faut noter à titre d’exemples dans le secteur touristique l'inauguration de l'hôtel Best Western à Pétion-Ville ainsi que le vol inaugural de Jet Blue : deux grandes entreprises internationales.  Ces exemples peuvent servir d’incitation  à d’autres groupes  d’investisseurs qui pourraient regarder les opportunités qu'offre Haïti. « Car, selon l’économiste Thomas Lalim, pour les prévisionnistes, ces ouvertures expriment une certaine confiance dans l'avenir ».
Ce qui nous amène à insister sur le secteur agricole comme pilier de la croissance et qui dans le cadre du programme triennal de relance agricole mis en place par le ministère de l’agriculture, fait la part belle aux investisseurs agricoles (sous programme agriculture commerciale), une vingtaine d’entre eux actuellement, selon le Secrétaire d’Etat Dorcin, travaillent ou sont en négociation avec le ministère de l’agriculture.
Plein feu sur le secteur agricole, pilier de la croissance

Parmi les performances les plus prononcées, on peut noter celle de la branche agriculture qui a tiré la croissance du PIB en affichant une augmentation, en termes réels, de 4,6% de sa valeur ajoutée, contre une chute de 1,3% l’année dernière.

Au cours de cet exercice 2012-2013, le MARNDR a déployé des efforts importants suite au passage des cyclones Isaac et Sandy. Le programme d’urgence Post-Sandy a été mis sur pied ainsi que le programme Triennal de relance agricole (PTRA 2013-2016). Dans ces deux programmes partiellement financés, il a été procédé, selon le bilan agricole 2012-2013 du MARNDR,  à (i) la Réhabilitation/réparation (95%) et construction (5%), soit un total de  30054  ha de terre sur 54 périmètres, (ii) la  Réhabilitation de  140 km de berges de rivières, (iii) la Réhabilitation de 250 Km  de seuils de ravine et autres actions   correspondant à  17658 ha de bassins versants (BV), (iv) la Réhabilitation de 424 km de pistes rurales, (v)  la mise à disposition  en termes de Mécanisation  agricole de 190 motopompes,  1000 rayonneuses, 1000 sarcleuses, 58 tracteurs agricoles, 40 charrues et 100 attelages.

Selon le ministère de l’agriculture, rapporté par Jean Gardhère, « l’année agricole, qui a débuté en mars 2013 et s’achèvera en février 2014, se révèle excellente au niveau de la production avec une augmentation de 60% du volume de production par rapport à l’année dernière. De plus , environ 75% de la superficie agricole, en maïs, haricot, pois congo, banane et tubercules a livré une bonne production facilitant les programmes d’achats locaux mis en place par le programme Ede Pèp de l’Etat haïtien et incitant les producteurs à investir davantage et à bénéficier des conditions favorables de production, sans grosses pertes ».

« La production de céréales a augmenté de 52% par rapport à l’année 2012, notamment la culture du riz qui passe de 44 000 hectares l’an dernier à 50 000 hectares en 2013, ou encore le riz non décortiqué (paddy) qui, de 147 599 TM produites en 2012 a dépassé les 158,000 TM en 2013. Quant au riz décortiqué de 81 179, il est maintenant à 95 606 TM en fin d’année 2013, soit une augmentation de 18%, selon le ministre de l’Agriculture, Thomas Jacques ».

PERSPECTIVES 2014

En termes de perspectives, les considérations seront faites autour de deux aspects (i) la situation économique projetée et (ii) les secteurs soutenant la croissance

Situation économique projetée
Dans le cadre du projet de  loi des finances 2013-2014 non approuvée par le Senat, il est prévu  une  enveloppe budgétaire globale fixée à 126.4 Mrds de gourdes, en baisse de 5.2 Mrds par rapport à l’exercice précédent, un taux de croissance de 4.5%, un taux d’inflation contenu à 6.5%, un déficit budgétaire cantonné à moins de 4% du PIB, un  taux de pression fiscale à 12.7% en ligne avec l’objectif de moyen terme fixé à 15%. Le taux de change sera maintenu stable. Enfin le niveau des réserves brutes devrait rester sous l’équivalent de 6 mois d’importation. Les recettes propres représentent 42.5% du total, le solde étant couvert par les dons pour 25.4%, par les emprunts extérieurs pour 20.9% et par des financements intérieurs à hauteur de 11.2%, dont un peu plus de la moitié sous la forme d’émissions de Bons du Trésor. Du côté des dépenses, les crédits de fonctionnement constituent 36.6% du total, contre 61.3% pour les dépenses en capital et 2.1% pour l’amortissement de la dette publique. (Réf. DISCOURS SUR LE BUDGET ENONCÉ DES MOTIFS du  ministre des Finances M. Wilson Laleau devant la Chambre des Députés le 27 juin 2013).

Les secteurs soutenant la croissance
Les grandes enveloppes sectorielles du projet de Budget se répartissent comme suit : (i) le secteur économique avec près de la moitié des crédits, soit 49%, à commencer par le Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications avec 20.7%. Plus de 25 milliards de gourdes seront ainsi consacrés aux investissements dans les infrastructures, dont 5.1 milliards pour la rénovation de l’urbain, 10.4 pour la mise en place du réseau de transport national, 4.3  milliards pour le renforcement de l’approvisionnement de  8 centrales électriques du pays, 2.6 milliards pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement. Le secteur agricole aura  des investissements de 6.4 milliards de gourdes (5%).  (ii) Le secteur social recevra une dotation importante, de l’ordre de 21.7%, dont 12.8% au profit de l’Education nationale et de la formation professionnelle, ce qui représente un total de 16.1 milliards de gourdes équitablement répartis entre dépenses de fonctionnement et d’investissement. La santé recevra près de 7 milliards de gourdes de crédits, soit 5.5% du budget. Le secteur culturel recevra 2.8 milliards de gourdes (2.2%). (iii) Le secteur politique se voit réserver 15.4% des crédits, dont plus de la moitié (8.2%) iront au bénéfice du Ministère de la Justice, en charge de la sécurité nationale.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

En principe, la croissance économique projetée de 4.5% est réaliste et devrait être atteinte sans grandes difficultés par rapport aux investissements prévus dans les secteurs soutenant la croissance  comme le domaine agricole, les infrastructures, le tourisme et autres. Il est possible même d’avoir un taux de croissance supérieur par rapport à celui de l’exercice 2012-2013.

La croissance économique de 4.3% pour l’exercice passé aurait pu être plus élevée sans le passage de Sandy en début d’exercice et sans ces manifestations de rues de l’opposition qui ont envoyé de mauvais signaux aux investisseurs étrangers. Peut-être aussi, si on n’avait pas eu ces manifestations, « les dérives dictatoriales » du Président Martelly auraient pris corps, qu’on n’aurait pas la loi électorale votée au cours de cette année 2013. De toute manière, ce taux de croissance du en partie à une augmentation du taux de croissance du secteur agricole (4.6%) témoigne d’un bon regain de l’activité économique à travers la majorité des secteurs du pays. On pourrait encore faire mieux si on se référait à l’ensemble de  mes recommandations faites l’année dernière à pareille époque aux divers acteurs de la vie nationale tels le Pouvoir Exécutif, le Pouvoir Législatif, le Pouvoir Judiciaire, les Collectivités Territoriales, la Société Civile et la Communauté Internationale et auxquels il faut ajouter les partis politiques. Mon article du mois dernier, Entente ou Déchoucage penche beaucoup plus pour une entente entre nous (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/11/haiti-dechoucage-ou-entente.html).

Ce matin, en écoutant la rubrique « Invité du Jour » de Radio Vision 2000, conduite par Marie Lucie Bonhomme, on sent que le manque d’information et de formation aussi pousse les gens à des positions extrêmes  qui ne nous mèneront nulle part. Puisse cet article leur faire comprendre que la croissance économique a besoin de paix et d’harmonie pour s’obtenir et que les effets de la croissances doivent être équitablement répartis pour réduire les écarts entre riches et pauvres en vue d’aboutir à ce développement pour lequel on se bat tous, tout au moins ceux qui aiment charnellement ce coin de terre, Haïti.


Mais pour cela, il nous faudra bien gérer 2014, nous entendre sur le plan politique dans le cadre d’une grande concertation inter haïtienne, bien investir le peu de moyens dont nous disposons,  bien gérer les risques liés aux éventuelles catastrophes naturelles, investir dans la protection de l’environnement et dans l’agriculture (budget agricole= 10% budget global), avoir une politique de contrôle de naissance avec un taux de croissance de population à long terme autour de 1%, tout en visant un taux de croissance soutenue de l’économie supérieur à 10% sur une période d’au moins 10 ans. Le développement du pays sera au bout de ce sacrifice collectif. Dans le cas d’un déchoucage de l’administration actuelle, 2014 retarderait notre développement d’au moins une vingtaine d’années. Alors, choisissons ensemble et sans contraintes une entente nationale non pour le développement de  nos petits clans respectifs mais pour le développement durable d’Haïti!