HAITI, L’ESPRIT KITANAGO, LE
DIALOGUE INTER-HAITIEN OU LE PREMIER FRUIT A DEGUSTER ENTRE NOUS?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 JANVIER 2014
Ce mois de janvier 2014 marque le premier
anniversaire de KITANAGO, ce bois qui a traversé en 27 jours les 700 Km des
Irois, extrême Sud-Ouest à Ouanaminthe,
extrême Nord-Est. Je vous prie de relire mon article sur KITA NAGO pour mieux
comprendre ce qui se passe actuellement, le Dialogue Inter-haïtien : (Réf.
http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/01/haiti-kita-nago-on-pa-kita-ou-nago-ou.html).
La classe politique a pris un an pour pénétrer l’esprit de KITA NAGO (aller de
l’avant tous ensemble).D’où le titre de mon premier article pour 2014 :
« Haiti, l’esprit Kita Nago, le Dialogue inter-Haïtien ou le premier fruit
à déguster entre nous ? ». Avant de nous attarder sur le Dialogue
entre nous, passons en revue certains faits saillants du mois, faisons une
analyse objective des grands points du dialogue inter-haïtien et terminons
l’article sur des conclusions appropriées.
1. LES FAITS SAILLANTS DU
MOIS DE JANVIER 2014.
Un discours apaisant pour
démarrer l’année 2014
Le mois de janvier 2014 a démarré avec le
discours apaisant (appel au dialogue et à l’unité) du Président Martelly en
présence des représentants du Pouvoir Législatif, MM D. S Desras et J. T.
Alexis, respectivement Président du Senat et de la Chambre des Députés, du
Pouvoir Judiciaire, M. A. Alexis, des anciens Chefs d’Etat, MM. Avril et
Duvalier, les autres anciens chefs d’Etat n’ayant pas répondu à l’invitation de
M. Martelly, et de certains chefs de partis politiques comme Evans Paul, le
plus intelligent chef de parti politique haïtien, à mon humble avis. La
présence de M. Desras au coté du Président Martelly avait pour moi une
signification particulière vu les divergences entre ces deux protagonistes
politiques. Elle augurait une certaine acceptation de l’autre après les
échauffourées de Septembre, octobre et novembre 2013 et les propos amères et
acides de M. Desras lors de la convocation extraordinaire du Parlement par le
Président Martelly pour le vote de la loi électorale. Cette loi votée dans les
mêmes termes que le Senat par la Chambre basse et rapidement publiée par la
Présidence a résolu ipso facto le problème lié à la rumeur selon laquelle le
Président de la République déclarerait la caducité du Parlement au deuxième
lundi de janvier 2014.
L’Exécutif et le
Législatif calment le jeu
En tout cas, après les belles émissions sur la
situation économique du pays de Roro Pharel avec le Ministre des finances, M.
W. Laleau, le Gouverneur de la Banque de la République, M. C. Castel, et
l’économiste, M. P.M. Boisson, qui ont en quelque sorte confirmé les chiffres
rapportés dans mon article sur la situation économique du pays (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/12/bilan-2013-perspectives-2014-turpitudes.html)
avec des nuances édifiantes et des considérations intéressantes de la part de
PM Boisson, avec le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti,
Didier Fils-Aimé, et le président de la commission des Finances du Sénat, M.
Jocelerme Privert, la rentrée parlementaire du 13 janvier 2014 a été marquée
par d’excellents discours de la part de MMM. Desras, qui a été reconduit par
ses paires comme Président du Senat, Martelly et Lamothe. Ils ont vraiment
calmé le jeu comme l’a titré Le Nouvelliste dans l’un de ses excellents
articles du mois de janvier 2014. La Chambre basse s’est vu rafler tous ses
postes électifs par les parlementaires proches du Groupe du Président Martelly
avec Timoléon comme Président en remplacement de M. J.T. Alexis.
Mgr Langlois, Premier
Cardinal Haïtien
Ajoutée à tout cela, la nomination surprise de
Mgr Langlois (55 ans), le Président de la Conférence épiscopale, par le Pape
François comme premier Cardinal Haïtien, celui-là même qui a offert les bons
offices de la Conférence Episcopale qu’il préside comme médiatrice pour
conduire le Dialogue inter-haïtien démarré la dernière semaine de Janvier 2014
(on y reviendra).
Les manifestations des
élèves de Lycées, Josué Mérilien et MM. Saint-Juste et Michel
Malheureusement, les manifestions écolières
(lycées) pour réclamer la présence de professeurs dans les salles de classe se
sont dégénérées en manifestations de rues avec des casses et des blessés. Les élèves du Lycée de la Croix-des-Bouquets, en forçant les
élèves des écoles privées à les suivre, ont provoqué des jets de pierres et de
bouteilles dont l’une a failli blesser ma femme en s’écrasant violemment sur ma
cour à Duval, et en poussant la Police à tirer en l’air pour disperser les
manifestants, ce mardi 28 janvier 2014, dans la zone de Carrefour Marassa. Ce
qui a poussé le Ministère de la Justice à convoquer M. Merilien de l’UNOH (Union
nationale des Normaliens Haitiens) au Parquet de Port-au-Prince à la base des
revendications de l’augmentation des salaires des professeurs. M. Mérilien sera
défendu par MM. Newton Saint-Juste et André Michel, les deux avocats qui ont
accusé l’épouse et le fils du Président de corruption et d’usurpation de
titres.
Le Président à Cuba, le
Premier Ministre à Davos et en Afrique
En fin de compte, il faut noter la visite du
Président à Cuba à la tête de la délégation haïtienne dans le cadre du Sommet de la Communauté des Etats
latino-américains et caribéens (CELAC) où la Caricom a condamné une fois de
plus la République Dominicaine pour son arrêt 168-13 raciste et où le huit clos
entre Haïti et la RD sur cette affaire a été très houleux, le Président
Martelly se serait même emporté par rapport à l’attitude arrogante du Président
Medina qui justifie la position dominicaine. Quant au Premier Ministre, il a
été à Davos en Suisse à la 44e Réunion du Sommet Economique pour
faire la promotion d’Haïti et à Addis Abeba , en Ethiopie, pour participer au
Sommet de l’Union Africaine avec cette déclaration qu’ « Haïti c’est
l’Afrique dans la Caraïbe » et ce souhait de voir modifier la charte de
l’Union Africaine pour une intégration à part entière d’Haïti dans cette institution
pour un dialogue permanent entre Haïti et l’Afrique à commencer par le Dialogue
inter-haïtien.
2. LE DIALOGUE INTER-HAITIEN
La Médiatrice dans le cadre de ce dialogue
« La Conférence des Évêques
d'Haïti (CEH) est une structure ecclésiastique canonique dotée de la
personnalité juridique. Elle est au service de la pastorale d'ensemble de
l'Église catholique en Haïti. Sa mission pastorale l'appelle souvent à jouer un
rôle en faveur de la paix publique dans le pays. » Elle s’est proposée comme
médiatrice dans le cadre de ce dialogue à partir d’un protocole de médiation
dans lequel elle a défini les règles du Jeu avant de fixer les objectifs du
dialogue et obtenu l’assentiment des parties prenantes intéressées qui ont
accepté de signer le protocole.
En effet, le protocole a mis en exergue le contexte et la situation
politique : « Dans ce
contexte, face à la situation politique actuelle, elle a offert sa contribution
gratuite et généreuse dans une note pastorale datée du 27 septembre 2013, pour
aider les acteurs politiques et ceux des pouvoirs étatiques à dialoguer… Les
Parties consultées ayant accepté cette offre, la CEH fait cette mission ad hoc
de médiation avec une représentation d'évêques délégués, assistés d'un Conseil
Épiscopal de Médiation (CEM) qui sont désignés ici comme une seule instance :
la Médiatrice. Ce Conseil a aussi à sa disposition une équipe d'experts
indépendants. »
La finalité visée par la Conférence Episcopale
Haïtienne (CEH)
"Les Parties s'engagent,
avec l'aide de la Médiatrice, à se concerter en vue de parvenir à un pacte
politique sur la gouvernance démocratique, l'organisation d'élections
crédibles, la question de l'amendement constitutionnel, la consolidation des Institutions
démocratiques basée sur le respect du principe de la séparation des pouvoirs".
Les parties prenantes
C’est donc en connaissance de causes que les parties prenantes sont
rentrées dans ce processus de dialogue. Elles viennent de tous les secteurs de
la vie nationale. La CEH a ratissé large pour obtenir l’accord préalable des
acteurs. « La Médiatrice organise le
dialogue avec les acteurs suivants : (i) le pouvoir exécutif, (ii) le pouvoir
législatif, (iii) les partis politiques. Ils sont désignés ci-après les
Parties. Les observateurs indépendants de ce dialogue viennent des
secteurs et institutions suivants: 1) le pouvoir judiciaire, 2) les confessions
religieuses et religions, 3) les structures organisées de la société civile
dont l'Université, 4) le secteur paysan, syndicat, patronat, 5) la Fédération
des Barreaux d'Haïti, 6) les organisations des droits humains, des femmes, 7) les
associations de médias (ANMH / AMI), 8) les organismes structurés de la société
civile.»
Les objectifs visés par la CEH
Les objectifs visés par la CEH
« La médiatrice a pour
objectif principal de conduire les Parties à conclure un accord politique
sur les points de l'agenda concerté afin de résoudre les problèmes urgents du
pays et de jeter des bases pour un dialogue national. Cet objectif
principal se décline dans les objectifs spécifiques suivants :(i) Réunir les
principaux acteurs autour de la table du dialogue ;(ii) S'assurer du bon
déroulement des délibérations ;(iii) Amener les Parties à parvenir à un
consensus. »
Dans le cas où le protocole n’est pas respecté par les parties
prenantes, la Médiatrice se réserve le droit de se retirer sans bruit sans
compte, surtout si elle n’est pas en causse : "La
Médiatrice se réserve le droit de renoncer, à tout moment, à sa mission, si,
sans faute de sa part, il est impossible d'atteindre les résultats escomptés
parce que font défaut les conditions nécessaires au bon déroulement du
processus d'échanges et préalablement convenues avec les Parties".
Le protocole prévoit un ensemble de points avec des détails
intéressants. Nous nous contentons d’énumérer les points : 1) un ensemble
de principes, 2) le Rôle de la médiatrice 3) les obligations des parties ,4) les
Confidentialités et communication, 5) la Représentation des parties aux séances de dialogue, 6) la Durée
du processus 7) le Suivi des accords.
Un aspect à retenir dans les détails pour montrer, s’il en était besoin,
le souci de réussir ce dialogue inter-haïtien, est cette partie incluse dans le
protocole : « Les Parties
reconnaissent que doit être exclu du dialogue tout esprit de domination et de
méfiance. Elles s'engagent à collaborer sans réserve avec la Médiatrice en vue
de la poursuite des objectifs exposés et entendus dans le présent protocole.»
Notre contribution
Notre contribution
Personnellement, je me suis toujours battu pour une entente
entre nous. En témoignent les divers articles publiés sur mon blog : www.jrjean-noel.blogspot.com. Le
groupe de la société civile auquel j’appartiens, La FONHDILAC, en a fait de même.
En 2010, quelques jours après le tremblement de terre, nous avons sorti un
plaidoyer pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne
(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/02/plaidoyer-pour-la-refondation-de-letat.html).
En 2011, avant la prise de pouvoir par le Président Martelly, nous avons sorti
un document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vison
haïtienne (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html).
A la faveur de cette initiative inter-haïtienne, nous versons ces deux
documents dans le débat. Nous croyons qu’ils disposent de suffisamment d’éléments
pour aider à l’enrichissement de ce grand sommet entre nous et contribuer
au Dialogue National qui suivra.
Le regret de certains absents de renom
Nous profitons de l’occasion pour saluer notre grand ami, Turnep DELPE, qui s’est toujours battu pour la conférence nationale mais qui, appartenance à MOPOD oblige, ne participe pas à l’actuelle initiative. C’est l’occasion de Saluer Edmonde Suplice Beauzile et Evans Paul pour leur bataille autour du « pacte de gouvernabilité ». Heureusement, ils sont parties prenantes de cette initiative. Nous félicitons également le Parti Lavalas pour sa présence dans cette initiative avec Mme Narcisse et surtout avec notre ami de longue date, AGR Anthony Dessources. Nous espérons avec de telles personnalités, les autres parties prenantes et la Médiatrice, nous avons de forte chance de déboucher sur un consensus minimal. Je sais que, une fois le consensus trouvé, des gens sensés comme le professeur J.A. VICTOR, Mme Manigat et Turnep Delpé rejoindront le processus pour l’enrichir, le renforcer en entrainant le MOPOD avec eux. En tout cas, je suis heureux de savoir que le MOPOD, en tant que plate-forme politique, participera aux prochaines élections quelle que soit l’issue de l’initiative en cours. C’est le pays qui en bénéficiera !
Le regret de certains absents de renom
Nous profitons de l’occasion pour saluer notre grand ami, Turnep DELPE, qui s’est toujours battu pour la conférence nationale mais qui, appartenance à MOPOD oblige, ne participe pas à l’actuelle initiative. C’est l’occasion de Saluer Edmonde Suplice Beauzile et Evans Paul pour leur bataille autour du « pacte de gouvernabilité ». Heureusement, ils sont parties prenantes de cette initiative. Nous félicitons également le Parti Lavalas pour sa présence dans cette initiative avec Mme Narcisse et surtout avec notre ami de longue date, AGR Anthony Dessources. Nous espérons avec de telles personnalités, les autres parties prenantes et la Médiatrice, nous avons de forte chance de déboucher sur un consensus minimal. Je sais que, une fois le consensus trouvé, des gens sensés comme le professeur J.A. VICTOR, Mme Manigat et Turnep Delpé rejoindront le processus pour l’enrichir, le renforcer en entrainant le MOPOD avec eux. En tout cas, je suis heureux de savoir que le MOPOD, en tant que plate-forme politique, participera aux prochaines élections quelle que soit l’issue de l’initiative en cours. C’est le pays qui en bénéficiera !
3. EN GUISE DE CONCLUSION
La leçon de cette initiative, il est possible de nous
asseoir entre haïtiens pour poser les problèmes de notre pays, en pensant Haïti
d’abord et avant tout ! L’entente est la meilleure des procès. Comme
disait l’autre : « La démocratie est le pire des régimes à l’exclusion
de tous les autres. » Enterrons définitivement le déchoucage au profit de
l’entente entre nous pour Haïti, l’exception culturelle de la Caraïbe, le futur
Taïwan de la Caraïbe, Pays émergent en 2035! Mais que de sacrifices collectifs
et individuels à consentir pour y parvenir en gérant de manière optimum les
risques de catastrophes naturelles, en diminuant de manière drastique notre
démographie galopante, en augmentant notre croissance économique de manière
durable, en gérant correctement nos maigres ressources, et en évitant coûte que
coûte les crises politiques, tout au moins en les gérant de manière non
violente par le dialogue.
Pour finir, il est recommandé au lecteur de cet article de
lire et relire ce protocole de médiation (Réf. http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_poli_fr.php?id=23434).
C’est un modèle du genre, selon Radio Métropole, qui pourrait servir dans
d’autres circonstances, surtout dans les circonstances de crises dans
lesquelles nous pataugeons depuis le 17 octobre 1806, ajoutons-nous. Le 18 mai
1803, la date du Congrès de l’Arcahaie, demeure jusqu’ici la seule fois que
nous nous sommes mis ensemble pour fonder notre pays, Haïti. Gloire à Dessalines
et à Pétion ! Et depuis l’assassinat de Dessalines le 17 octobre 1806,
soit 3 ans et 8 mois après le Congrès de l’Arcahaie, nous avons commis l’irréparable.
Ce parricide que nous n’arrivons pas à exorciser nous rend si méfiants les uns vis-à-vis
des autres. Il nous a donc fallu attendre 210 ans et 8 mois pour nous asseoir
autour d’une table à Pétion-ville, la première ville haïtienne construite après
l’indépendance, en vue de faire « un pacte politique sur la gouvernance démocratique, l'organisation d'élections crédibles,
la question de l'amendement constitutionnel, la consolidation des Institutions
démocratiques basée sur le respect du principe de la séparation des pouvoirs.» Est-ce un hasard le choix de Pétion- ville ou un
petit jeu (clin d'oeil) de l’histoire ?
Dans notre histoire de peuple libre et indépendant, c’est
pour la première fois que nous nous sommes mis d’accord pour entreprendre
quelque chose ensemble. C’est déjà un exploit quelle que soit l’issue d’une
telle initiative. Dieu aidant, nous espérons que l’Esprit Kita Nago nous
permettra d’aller de l’avant et de mobiliser toute l’énergie positive haïtienne
en vue de trouver une entente minimale entre nous, y inclus à l’avenir le MOPOD,
pour résoudre nos querelles intestines par la voie du dialogue et non par la
violence comme on en a pris l’habitude depuis notre indépendance, le 1er
janvier 1804. L’esprit KITANAGO a pris du temps pour se manifester, il nous
incite à aller de l’avant ensemble pour arriver à cueillir et déguster ce premier
fruit, soit seulement un an après la traversée triomphale de cet esprit,
symbolisé par un bout de bois de 500 Kg, sur notre pays de l’Ouest à l’Est
jusqu’à la porte de notre voisin dont l’arrogance par rapport à la mise en
application de l’arrêt 168-13 pourrait nous conduire à nous unir davantage pour
y faire face et aider nos frères dominicains d’ascendance haïtienne à recouvrer
la nationalité de leur pays d’adoption. Puisse ce premier fruit, si fruit il y
en aura, nous donner l’appétit de manger d’autres encore plus succulents
jusqu’à faire d’Haïti un pays émergent à l’horizon 2035 et faire mentir à Bill
Gate qui nous voit patauger dans la pauvreté en 2035, date à laquelle, selon
ses prévisions, nous serons encore le seul pays pauvre de l’Amérique Latine!
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