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vendredi 31 octobre 2014

HAITI, CONSULTATIONS VERS UNE ENTENTE OU UN DECHOUCAGE ?


HAITI, CONSULTATIONS VERS UNE ENTENTE OU UN DECHOUCAGE ?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 OCTOBRE 2014

Dans mon dernier texte, j’ai formulé le souhait de voir le pays résoudre sa crise dans le cadre d’un dialogue inter haïtien en s’inspirant des dix (points) de proposition du Journaliste bien connu, Daly Valet (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/09/haiti-vers-une-entente-ou-un-goudougou.html).Monsieur Martelly, dans le cadre de ses consultations avec les acteurs de la vie nationale qui se sont poursuivies tout le long du mois d’octobre 2014, a rencontré, entre autres,  au Palais National, Daly Valet, l’ex-Président Préval, et, en dehors du Palais, le groupe des six (6) Sénateurs, le G6, qui, pour la circonstance, s’est réduit en G4, Sénateur Jean-Charles et Polycarpe se considérant comme des ennemis jurés de M. Martelly et non comme ses adversaires politiques. Suite à cette rencontre, M. Martelly s’était engagé à rencontrer les six (6) partis politiques de l’opposition dite radicale ; mais, suite à un malentendu, cette rencontre avec ces partis politiques n’a jusqu’à présent pas encore lieu. Entre temps, la vie continue son cours avec ses multiples problèmes de toutes sortes, l’administration Martelly avec sa routine et l’opposition avec ses dénonciations et ses manifestations de rues. Ce qui fait que la donne reste inchangée par rapport au mois de septembre 2014. Alors, ces consultations débouchent-elles sur une entente ou un déchoucage de l’administration en place ? Avant d’analyser cet imbroglio politique doublé d'une fin de saison pluvieuse avec ses inondations qui tuent, il serait utile de nous attarder sur certains faits du mois d’Octobre 2014.

LES FAITS SAILLANTS DU MOIS RETENUS

En plus des consultations conduites (jusqu’à quand ?) par le Président et les manifestations de l’opposition ( Cap-Haïtien, Petit Goâve pour la mise à pied de la Mairesse ou l’Agente Intérimaire, Cayes contre le black out, à Port-au-Prince, Pétionville et Carrefour contre l’administration en place), on relève une longue liste de faits saillants qu’il serait fastidieux de les énumérer tous. Citons, entre autres, (i) le vol inaugural du 2 octobre 2014 de l’American Airlines (AA) à l’Aéroport International du Cap-Haïtien et sa charge symbolique, cet événement a donné lieu à des manifestations de rues en faveur de l’administration Martelly ; (ii) la mort de Jean Claude Duvalier à l’âge de 63 ans, surnommé Baby Doc, qui a divisé un peu plus la société haïtienne, au point de pousser l’administration en place à ne lui consacrer ni les funérailles officielles ni les funérailles nationales, ce fut l’occasion pour le peuple haïtien de revoir Michelle Bennett, son fils François Nicolas, sa fille, Michèle Anya et d’écouter l’émouvant éloge funèbre de l’Ambassadeur Fritz Cinéas ; (iii) la participation de l’Administration Martelly-Lamothe au Sommet de l’ALBA sur l’épidémie EBOLA à Cuba pour une réponse régionale avec la participation des deux plus hautes autorité du pays, le Président et le Premier Ministre, cette peste qui effraie le monde entier et qui pousse tous les pays à s’y préparer ; (iv)  la hausse graduelle du cours du carburant qui n’a pas fait de vague comme on s’y attendait ; (v) la reprise du dialogue binational Haïti/République Dominicaine passée presqu’inaperçue ; (vi) le Gouveneman Lakay ou à Cotes-de-Fer et son plan spécial pour le développement de la zone, un des pôles touristiques dont le plan de développement a été présenté en 3D par la Ministre du Tourisme ; (vii) la manifestation du 26 Octobre 2014 avec le slogan  Dessalines pral kay Pétion qui a enfin permis à l’opposition d’atteindre Pétionville sans casse ni violence, une victoire pour l’opposition radicale après plusieurs tentatives mais soldée par l’arrestation de deux militants politiques au langage violent, Timothée et Odigé, qui pourtant n’a commis aucune violence au moment de leur arrestation, ce qui met en colère l’opposition tout en la renforcant, et fait grincer les dents aux organisations des droits de l’homme  ; (viii)  la sélection nationale U17 Championne de la Caraïbe qui a donné satisfaction et fierté au peuple haïtien en battant les ténors de la zone comme Trinidad et la Jamaïque ; (ix) la visite officielle du Président Martelly en Allemagne et en France, accompagné de sa femme, du Ministre des affaires étrangères, des hommes d’affaires, qui a permis de garder Haïti au devant de la scène européenne et qui est un peu ternie  par cette lettre publiée en France sur la violation  des droits de l’homme par son administration, a rapporté Radio Kiskeya; cette visite s'est achevée par cette fameuse interview de M. Martelly sur TV5 Monde qui a fait couler beaucoup de salive occultant tout le reste ; (x) la sortie du livre de Jerry Tardieu, l’entrepreneur principal de l’hôtel Oasis, « Investir et s’investir en Haïti, un acte de foi »; (xi) le 41e Conseil de Gouvernement avec pour Thème Environnement ; (xii) « Haïti Fashion Week », l’événement culturel de la mode du mois avec la participation de plusieurs pays, organisé par deux spécialistes haïtiens, Maguy Durcé et Michel Châtaigne, compliment à ces gens courageux qui continuent d’investir et de s’investir en Haïti, malgré cette crise politique interminable qui mine le pays.


ANALYSE DE L’IMBROGLIO POLITIQUE

La continuation des consultations du Président Martelly avec les acteurs de la vie nationale va se poursuivre très certainement après son retour d’Europe. Les manifestations de rues de l’opposition radicale vont aussi continuer comme celle  du 17 Octobre 2014 dispersée à coup de gaz lacrymogène et de canon à eau. Et  ce même 17 octobre, au Pont Rouge, l’administration Martelly a « célébré » la vie de Dessalines à coup de musique racine et de compas durant toute la journée jusque tard dans la nuit. Une stratégie pour casser cette manifestation annoncée par l’opposition radicale en ce 17 octobre ? Le changement de parcours de la manifestation de l’opposition au dernier moment, l’utilisation de gaz lacrymogène et de l’eau, des manœuvres de l’administration en place pour casser les manifestations de rues annoncées en grande pompe par l’opposition ? Toujours est-il que, le 26 octobre 2014, le jour présumé pour organiser les élections par l’Accord Del Rancho, la manifestation de l’opposition, assez imposante, a atteint Pétionville, la ville interdite avec son carton rouge en main. Cette victoire de l’opposition radicale va la booster  dans son refus de dialoguer avec l’administration Martelly. Plus les manifestations vont prendre de l’ampleur moins il va y avoir de possibilités d’entente entre les protagonistes de la crise. Avec l’incarcération des militants de l’opposition, la situation politique devrait s’aggraver et pourrait perturber le processus de consultations entamé par le Président depuis le mois dernier.

Un oiseau rare comme Président Préval
Remarquez que ce processus tire en longueur et commence à s’apparenter avec de la routine. Il faudrait de temps à autre trouver un oiseau rare comme  le Président Préval pour sortir le processus de consultations d’une certaine léthargie. Cette rencontre avec l’ex-Président a été un grand coup de M. Martelly. M. Préval a été, comme l’a fait remarquer M. Martelly, le seul Président à accomplir ses deux mandats en dépit d’une opposition radicale qui voulait à tout prix sa tête. Il a réussi à « koule en ba yo » (les berner), et à inciter tout le monde à « nage pou soti » (se débrouiller pour s’en sortir). A mon humble avis, M. Préval demeure le meilleur politicien haïtien de ces trente dernières années et laisse l’image d’un homme honnête qui a su bien manier le système politique corrompu haïtien pour en tirer le maximum. Prudent comme un serpent, il a su saisir sa proie au moment opportun et profiter au maximum de chaque opportunité. Qu’est-ce qu’il a conseillé en privé au Président Martelly ? Etait-ce l’occasion de jeter les bases d’une alliance politique en vue des prochaines élections ? On n’en est pas encore là.

Il faudrait changer de cap
Comme, après cette rencontre entre ces deux hommes, les consultations ont continué de plus belle avec les autres acteurs de la vie nationale, on a cette impression qu’il faudrait regarder maintenant du coté des six partis politiques qui ne reconnaissent pas l’Accord Del Rancho et qui ne jurent, pour la grande majorité, que par le départ de M. Martelly et M. Lamothe. Il est clair que les manifestations de rues qui ont repris et se multiplient à cause, en partie, de l’emprisonnement des deux militants de l’opposition, vont inciter davantage cette opposition là à faire tout ce qui est en son pouvoir pour pourrir la situation politique. Elle ne va pas accepter de négocier avec l’administration Martelly tant qu’il y a une chance, même une toute petite, de voir partir Martelly avant la fin de son mandat. Le contraire serait étonnant. L’administration Martelly devrait redoubler d’effort pour parvenir à une entente avec cette opposition pour sauver le pays. Il faudrait changer de cap. Au cas où, vraiment comme elle l’affirme, cette administration  voudrait arriver à organiser les élections, il lui faudrait coûte que coûte trouver une formule pour une entente avec l’opposition radicale. Elle devrait faire preuve de plus de bonne volonté encore. Cette bonne volonté doit être perçue par tout le monde. Pour cela, il faudrait des sacrifices de la part de cette administration comme la libération des prisonniers dits politiques, la gestion modérée des manifestations surtout si elles ne sont pas violentes, la modération du langage par rapport à l’opposition même si de son coté elle continue ses accusations de corruption, de « dérives dictatoriales » de M. Martelly, de son intention de diriger par décret à partir du 12 janvier 2015. Bref, l’administration, tout en cherchant à dialoguer avec l’opposition radicale, devrait éviter de polémiquer avec elle. Elle devrait tout simplement répondre par des actes allant tous dans le sens de développement du pays en vue, par exemple, d'attenuer les effets de ces inondations qui tuent.

Un dégel de la situation globale
Cette attitude du pouvoir exécutif vis-à-vis de l’opposition radicale devrait favoriser, à mon humble avis, un dégel de la situation globale, des conditions plus propices à des négociations éventuelles au cas où la tendance « rache manyok » de cette opposition n’arriverait plus à mobiliser les manifestations de rues. Et, quand bien même, cette tendance primerait sur la tendance « négociation », tout le monde absoudrait l’administration Martelly du fait d’avoir essayé. Il n’y aurait donc rien à perdre par cette administration, si elle acceptait de prendre ce nouveau cap par rapport à l’évolution de la situation et par rapport à cette volonté réelle de se positionner pour le développement durable du pays haïtien.

La radicalisation de la situation
Et si, dans la réalité, en dépit de son discours tourné vers les élections, l’administration Martelly ne vise qu’à faire passer le temps pour arriver à appliquer un quelconque agenda secret, elle pourra continuer à opérer dans sa routine quotidienne, en poursuivant sa politique du tac au tac comme on le fait au carnaval, en continuant à se livrer un certificat de satisfecit, en se regardant dans un miroir pour ne voir que le coté rose des choses. Et, comme l’opposition radicale dans sa composante parlementaire (G6) et dans sa composante partis politiques  (G6+) ne cédera pas d’un pouce, à moins d’un miracle, et surtout si elle arrive à mobiliser des gens dans les rues, pour cette opposition, la solution à la crise passe par la mise à pied de l'administration Martelly. Dans ce scénario catastrophe, ce sera la radicalisation de la situation, son exacerbation. Et les vrais gagnants de cette bataille rangée entre les enfants de Dessalines et ceux de Pétion ne seront ni l’opposition politique ni l’administration Martelly, mais ceux-là qui se tapissent dans l’ombre profitant au maximum de nos querelles intestines. Pensez-y Messieurs les politiciens! Et si, malgre tout, vous ne pensez pas à une entente pour éviter au pays le chaos, il y aura lieu de nous interroger sur votre patriotisme reel.

Notre interrogation demeure sans réponse
Alors notre interrogation de départ reste et demeure sans réponse. Ces consultations débouchent-elles sur une entente entre les protagonistes ou un déchoucage de l’administration Martelly ?

mardi 30 septembre 2014

HAITI, VERS UNE ENTENTE OU UN « GOUDOUGOUDOU POLITIQUE » APRES LE 12 JANVIER 2015 ?


HAITI, VERS UNE ENTENTE  OU UN  « GOUDOUGOUDOU POLITIQUE » APRES LE 12 JANVIER 2015 ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 SEPTEMBRE 2014

La rencontre programmée avec le Groupe des 6 Sénateurs (G6) au Palais National, le 1er septembre, n’a pas eu lieu sous prétexte que le Palais n’est pas un terrain neutre. Le Président du  Sénat s’y est  quand même présenté. Comme elle est prévue pour une date ultérieure, le G6 et les 6 partis et regroupements politiques, dont le MOPOD, se sont concertés pour préparer leur plan d’attaque pour « négocier » avec le Président Martelly et/ou le  déchouquer. Car, à entendre certains membres de l’opposition, ils ne pensent qu’au chambardement. Parmi les scénarii analysés  (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/08/haiti-imbroglio-politique-desras.html ), le mois dernier, il ne resterait, en fonction de l’évolution de la situation (déclarations du pouvoir exécutif, mandat d’amenée transformé en résidence surveillée pour l’ex-Président, Jean Bertrand ARISTIDE, consultation entamée par le Président Martelly au Palais National, le 22 septembre, avec la Société Civile, le Pouvoir Judiciaire, les partis politiques comme la KID et l’OPL,  manifestation antigouvernementale au Cap-Haïtien, à Port-au-Prince, non vote du budget par le Sénat, création d’un instrument innovant de l’Etat le 12 janvier 2015, un fonds d’investissement, etc.), que deux scénarii : Le Dialogue et le Déchoucage.  Cet article : «  Haïti, vers une entente ou un « Goudougoudou politique » après le 12 janvier 2015 ? », analysera les possibilités d’un consensus politique tel qu’exprimé par M. Martelly sur les tribunes des Nations Unies, à la 69e session de l'assemblée générale, ainsi que les risques d’un chambardement généralisé, mais il est important de rappeler, avant, certains faits saillants qui pourraient jeter une certaine lumière sur la compréhension de la conjoncture.

FAITS SAILLANTS DU MOIS DE SEPTEMBRE 2014

« Reconduire le budget 2013-2014 »
Le budget de 122 Mrds HTG est voté par la Chambre basse mais non voté par le Sénat. La commission des finances du Sénat a recommandé un vote favorable mais pas dans les mêmes termes que la Chambre basse. Par rapport à cette situation, selon le Sénateur PRIVERT, à l’émission Forum économique de Kesner PHAREL sur Métropole, le 28 septembre 2014, le  pouvoir exécutif pourrait appliquer l’article 18 du décret de 2005, mais  cet article est en contradiction avec l’article 241 de la Constitution. Si l’on doit respecter la Constitution, il faudrait reconduire le budget 2013-2014 dans un premier temps, convoquer à l’extraordinaire, dans un second temps, le Parlement pour faire voter le budget dans les mêmes termes par les deux chambres durant le premier trimestre de l’exercice 2014-2015. Ainsi, la loi de finances pourrait entrer en vigueur constitutionnellement avec la mise application de l’ensemble des mesures prévues dans le cadre de cet Etat de droit prôné par l’administration Martelly. Ces conseils fournis par le Président de la Commission des finances du Sénat nous paraissent plutôt salutaires dans cette conjoncture à la limite explosive. Aux dernières nouvelles, le Gouvernement a mis en vigueur le budget 2014-2015 en évoquant l'article 18 du décret de 2005. 

Les éléments d’une politique des îles : île à vache, île de Latortue, île de la Gonâve
Certaines actions menées au niveau des îles depuis la prise du pouvoir par cette administration méritent qu’on s’y penche même de manière succincte. Depuis plus de deux ans, elle s’est focalisée sur île à Vache pour en faire un pôle de développement touristique avec les infrastructures correspondantes (Aéroport, route, Electricité). En cours de route, le projet s’est de plus en plus élargi à l’agriculture, à l’eau potable, aux logements sociaux, au renforcement de la présence de la police. Tout un plan directeur du tourisme pour la zone a vu le jour. Ce modèle est en train d’être appliqué à La Tortue et à La Gonâve  à partir des actions d’urgence  avant de passer aux choses sérieuses. Un gros investisseur, Carnival Cruise Line, est intéressé, selon le Premier Ministre Lamothe, à s’implanter à La Tortue. Il va investir 70 M USD. Quant à La Gonâve,  toute une série d’engagements est prise après le Gouvernement Lakay ou organisé en ce mois de septembre 2014 sur cette île. A écouter attentivement la Ministre du Tourisme, Mme Balmir Vildouin, on est en présence d’un ensemble d’éléments de politique des îles dont la porte d’entrée est le Tourisme. C’est en quelque sorte une sorte d’innovation en matière de politique. D’où nécessité d’approfondir et de pérenniser cette politique dans le cadre d’un partenarial public-privé.

L’expression du partenariat public-privé dans le secteur agricole
Le Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) a signé, ce mardi 30 septembre, à l’Hôtel Royal OASIS, Pétion-Ville, sept (7) protocoles d’accord d’un montant global de 129.5 M avec des investisseurs privés désireux de s’impliquer dans le secteur agricole USD.  Ce protocole d’investissement, qui rentre dans le cadre de la mise en œuvre de la composante 2 du Programme Triennal de Relance Agricole (PTRA), Appui aux Investisseurs et Entrepreneurs privés, marque un nouveau tournant dans le développement de l’agriculture. Certes, l’agriculture familiale a toujours connu des investissements de petits agriculteurs privés qui demeurent encore les principaux financeurs du secteur, mais, cette fois-ci, ce sont les gros entrepreneurs privés haïtiens et étrangers qui investissent dans l’agriculture. En 2013, selon le Secrétaire d’Etat Dorcin, il y a eu des investissements dans l’agri busines de l’ordre de 30 M USD qui ont généré environ 5000 emplois permanents et 20,000 emplois temporaires. En termes de perspectives, il est prévu, pour le premier trimestre de l’exercice 2014-2015, des investissements dans l’agri business de 273 M USD qui pourraient générer plus de 40,000 emplois permanents et autour de 200,000 emplois temporaires. Il faut noter la synergie déployée dans le cadre de ce protocole impliquant à la fois l’Etat (MARNDR, MCI, MEF, Primature, CFI, etc.), le secteur Privé des Affaires avec 7 entreprises. C’est l’expression du partenariat public-privé dans le secteur agricole.

LE DIALOGUE POLITIQUE ENTRE L’EXECUTIF ET L’OPPOSITION DITE REDICALE

L’appui de la communauté internationale au pouvoir en place
Un acteur de la crise haïtienne, la Communauté internationale dans toutes ses composantes, a pris fait et cause pour le pouvoir en place, en particulier l’Exécutif, dans le cadre de cette crise inter haïtienne. Face au refus des Sénateurs du G6 de voter les amendements de la loi électorale, passage obligé vers les élections, une partie importante de l’opinion publique et la communauté internationale les obligeaient à assouplir leur position au point que le Président du Sénat, qui s’est érigé à un moment donné comme chef de l’opposition, a sollicité du Président de la République, en deux occasions en moins de 15 jours au cours du mois d’aout 2014, une rencontre pour  dialogue avec le G6 et l’opposition qui le soutient. Ce que le Président Martelly a concédé, en faisant l’erreur de les inviter au Palais au lieu de leur laisser l’initiative du lieu et de l’agenda puisque ce sont eux qui ont sollicité. D’ailleurs, ils n’ont pas sollicité ce dialogue de gaité de cœur. Malheureusement pour le Pouvoir en place ou heureusement pour l’opposition, en prenant l’initiative de les inviter au Palais, le Président a donné un prétexte à l’opposition radicale de l’accuser de mauvaise foi. Et, comme le Président a pris l’initiative de consulter d’abord un large secteur de la vie nationale, au Palais national et avant son départ pour la 69e assemblée générale de l’ONU, non seulement l’opposition radicale ne s’est pas présentée au Palais, elle l’accuse de vouloir les utiliser pour montrer sa bonne foi vis-à-vis de la communauté internationale (consommation internationale) et bénéficier davantage de son appui déjà inconditionnel. Bref, simplement du « show busines » de la part du Président. En tout cas, le discours du Président à l’ONU a été empreint de sagesse vis-à-vis de l’opposition, il a parlé de « consensus », et promis des  « élections dans le plus bref délai ». Il a évoqué « le principe républicain » et «  l’esprit Dessalinien » pour expliquer sa disposition à dialoguer dans la conjoncture actuelle. Bref, il veut coûte que coûte une entente avec l’opposition radicale, puisqu'il continue les consultations avec tout le monde après son retour de New-York, la Conférence épiscopale, la Réligion pour la paix, le Sénat naturellement sans le G6 qu'il rencontrera en dehors du Palais, selon le Sénateur DESRAS, le vendredi 3 Octobre . 

Pourtant, à entendre les membres de l’opposition radicale, on est en présence d’une opposition plurielle qui a repris du poil de la bête et dont les positions sont plutôt divergentes, certains pour les « négociations », « les discussions sur les préalables avant les négociations proprement dites », etc. et d’autres pour le déchoucage ou la démission de l’administration Martelly. Pour cela, la stratégie de manifestations «  Manch long » est la principale arme pour arriver à leur fin. D’où les manifestations au Cap et à Port-au-Prince (soutien au Président Aristide).

De la surenchère des deux cotés
C’est peut-être de la surenchère des deux cotés avant des négociations sérieuses. Selon ce qui est rapporté plus haut, une partie de l’opposition campe sur sa position de déchoucage de l’administration Martelly. Mais du coté du pouvoir aussi, l’hebdomadaire Haïti en Marche, dans un article datant du 17 septembre 2014, « L’international semble plutôt vouloir décourager le dialogue !‘Apre nou, se nou »    a relevé ce double langage : « On est comme à la croisée de nombreux chemins. D’un côté le président Michel Martelly maintient son intention de reprendre le dialogue avec l’opposition, jusqu’aux plus radicaux. De l’autre il tire à boulets rouges sur cette dernière, demandant au peuple de ne pas voter pour ceux qu’il qualifie pratiquement d’anticapitalistes et d’incapables, alors que lui et le premier ministre Laurent Lamothe sont en train de ‘transformer tout le pays en un vaste chantier.’ Anthony Barbier du MOPOD, Emission Ramasé de Radio Caraïbes du 27 septembre 2014, a relevé ce double langage du Président en comparant son discours à la 29e assemblée générale de l’ONU et sa prise de parole dans une église protestante de New-York. Sénateur Benoit a qualifié « d’intempestives » les déclarations du Président Martelly à New-York sur Radio Vision 2000, le 30 septembre 2014. De toute manière, il serait préférable, pour rester positif, de voir dans cette surenchère juste une manœuvre des deux cotés pour arriver à un consensus pour Haïti et non à ce chambardement annoncé.

LES RISQUES D’UN CHAMBARDEMENT GENERALISE

Si les pourparlers échouent et, au 12 janvier 2015, si le Président constate la caducité du Parlement, les risques d’un chambardement généralisé demeurent possibles. L’OPL parle de « Tsunami politique », le MOPOD de « Goudougoudou politique » en référence au tremblement de terre qui  a fortement secoué notre pays avec plus de 300,000 morts. D’autres parlent de chaos. Actuellement, la situation économique de la classe nécessiteuse et de la classe moyenne est des plus terribles. En témoignent les difficultés des familles à envoyer les enfants à l’école pour la rentrée de septembre, en dépit des efforts du Gouvernement. Le dollar qui passe à environ 46 HTG décapitalise la majorité des Haïtiens, surtout ceux-là qui ont des enfants à l’étranger (USA, République Dominicaine, Canada, France, etc.). Manger tous les jours est un véritable  exploit pour la plupart des familles haïtiennes. Les plus nécessiteuses mangent parfois. Le nombre de mendiants augmente dans les rues. Le chômage fait rage. Avec l’augmentation graduelle du prix du carburant prévue pour l’exercice 2014-2015, la situation va s’aggraver à moins d’arrêter des mesures d’accompagnement. Le retard mis dans le vote du budget, s’il est une mauvaise chose pour le pays, permet un sursis dans l’augmentation du prix du carburant. En tout cas, avec l'entrée en vigueur du budget, l'augmentation graduelle du prix du carburant se fera tout au long de l'exercice 2014-2015 comme prevu, a insisté la Ministre de l'économie et des finances ce lundi 1er Octobre 2014. Ce qui augmente aussi les risques de manifestations en cas d'exploitation négative de cette mesure par l'opposition lorsqu'elle sera prise.  Par rapport à cette situation économique, les moindres faux pas de l’administration en place seront exploités par l’opposition radicale pour aboutir à des manifestations anti gouvernementales avec l’espoir de ce chambardement tant souhaité.

CONCLUSIONS

Tout en rose … ou tout en noir
Au pouvoir en place de continuer à vendre l’espoir avec la signature de ce protocole d’accord de 129.5 M USD dans le secteur agricole et d’autres actions entreprises par l’administration Martelly pour contrecarrer les manœuvres  de l’opposition. Par exemple, la convocation à l’extraordinaire pour le vote de certaines lois utiles pour le pays, prendre des mesures pour améliorer la vie des plus nécessiteux, fournir des opportunités à la classe moyenne, adopter des dispositions pour un dialogue fructueux avec le G6 et ses alliés. Toutefois, des deux cotés, il faudrait éviter les extrêmes avec la propagande d’un pouvoir qui présente tout en rose et celle de l’opposition qui présente tout en noir. L’opposition devra modérer son langage vis-à-vis de l’administration Martelly et vice versa. Le pouvoir n’a non plus aucun intérêt à diaboliser l’opposition.

Le respect de l’adversaire politique
Pour les observateurs, l’administration Martelly a assez d’actions à montrer à la population qui sont réalisées ou en cours de réalisation à travers le pays à la manière de TéléGinen, « Gade’l jan lié a » sans verser dans des ajouts qui dérangent beaucoup plus qu’ils apportent un plus. De même, l’opposition a suffisamment d’arguments sérieux pour montrer les faiblesses de l’administration Martelly. Il n’est pas nécessaire d’utiliser les déclarations sans aucune preuve, basées sur des amalgames, des déductions, des accusations de corruption, de vols, de dictature, d’accointances avec les dealers de drogue, de kidnapping. Cette façon d’agir frise souvent le mensonge, l’irrespect pour aboutir à un fossé de plus en plus large entre les deux parties. Si on veut ce dialogue, ce consensus, cette concertation, cette conférence nationale, attendu par la majorité des Haïtiens,  il faudra commencer par le respect d’autrui, respect de l’autre, respect de soi-même et respect  de l’adversaire politique.

Un deal gagnant-gagnant ?


Haïti est à la croisée des chemins. La communauté internationale est certes du coté de l’administration Martelly ; mais il ne faut pas voir en cet appui une quelconque carte blanche donnée à cette administration ni une entente « en bas table » pour vendre les ressources du pays. C’est à la limite une bonne chose pour le pays, pour son développement. Bill Clinton qualifie ce gouvernement comme « le plus décisif » avec lequel il ait eu l’opportunité de travailler. N’oubliez pas que c’est ce même Bill Clinton qui a ramené Aristide en 1994 sous les applaudissements de la majorité des Haïtiens.  C’est un Monsieur dont la voix est très écoutée à travers le monde. Pourquoi l’appui à Martelly serait-il mauvais pour Haïti, alors que celui à Aristide aurait été bon pour Haïti ? Dialogue ou Chambardement (?), il serait intéressant pour nous d’étonner le monde une fois de plus, en évitant coûte que coûte le « Goudougoudou politique », et en nous investissant dans  un dialogue inter haïtien, dans une conférence nationale sans perdants ni gagnants à la manière de la proposition en 10 points de Daly Valet. N’est-ce pas là un deal gagnant-gagnant pour Haïti, nos politiciens et nous-mêmes face à cette communauté internationale qui ne nous a jamais fait de cadeau ?

dimanche 31 août 2014

HAITI, IMBROGLIO POLITIQUE, DESRAS INCONTOURNABLE (?)


HAITI, IMBROGLIO POLITIQUE, DESRAS INCONTOURNABLE (?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 AOUT 2014


A la fin de mon article de juillet 2014, j’avais évoqué ce malaise indéfinissable lié à une sorte d’anthropie  politique et je m’interrogeais sur ce qui allait à se passer après le Carnaval des fleurs (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/07/haiti-football-gogo-beaucoup-de-bonnes.html). En dépit de la mise en place  de ce CEP « acceptable » réclamé par la plupart des acteurs politiques, le Sénat n’a pas encore voté, plus de 158 jours depuis son vote par la Chambre Basse, la loi électorale amendée. La grande majorité des haïtiens y inclus certains anti-Martelly, attendent impatiemment  ce vote. A chaque fois, le Groupe des six Sénateurs radicaux (G6), qui réclame l’application de l’article 289 pour la mise en place d’un CEP constitutionnel, infirme le quorum pour empêcher ce vote. Alors que tout le monde craint le spectre de la caducité du Parlement le deuxième lundi de Janvier 2015, un groupe de cinq Sénateurs (G5), proche du Pouvoir Exécutif, se propose de démissionner pour dénouer la crise électorale et favoriser l’organisation des élections à la fin de cette année, la date du 26 octobre n’étant plus de mise. Le Bureau du Sénat, en deux occasions, a sollicité un dialogue entre le  Président Martelly et les six Sénateurs y incluse l’opposition. Dans sa réponse, le Président invite les six Sénateurs au Palais National le lundi 1er septembre 2014 à 11h A.M. (rencontre reportée). En fonction des scénarii possibles, il nous est venu à l’esprit ce titre : «  Haïti, imbroglio politique, Desras incontournable(?)». Alors, analysons les divers scénarii sur le tapis avant de déboucher sur des considérations et conclusions appropriées.

I.                   LES CINQ SCENARII

Scénario No 1 : Le vote des amendements de la loi électorale par le Sénat avec appui du G6
Le CEP n’attend que le  vote de la loi amendée pour organiser les élections à la fin de décembre 2014. Selon M. Desras, la loi électorale telle qu’amendée et votée par la Chambre Basse, est valable à 90% pour organiser les élections. Lors d’une réunion organisée avec le CEP présidé par Max Mathurin, une commission sénatoriale, par la voix de notre ami, le Sénateur Privert, a proposé une vingtaine d’amendements en plus pour bonifier le texte amendé par la Chambre Basse. En cas de vote de ces amendements par le Sénat avec l’appui du groupe des 6 sénateurs « radicaux », il faudrait retourner le texte à la Chambre des Députés pour un vote dans les mêmes termes. On n’en est pas encore là, on en est même très loin. Le G6 est ferme sur sa position, il faudrait, au préalable, monter un autre CEP selon l’esprit de l’article 289 de la Constitution. Et cela dure depuis plus de 150 jours. Le Bureau du Sénat sollicite un dialogue politique entre l’administration Martelly et l’opposition politique, en particulier le G6,  et pourquoi ne pas constater le blocage du processus par le G6 et ouvrir la voie  à l’application de l’article 12 de l’accord del Rancho ?

Scénario No 2 : L’application de l’article 12 de l’accord del Rancho
Il est un fait indéniable qui saute aux yeux, le G6 ne veut pas voter les amendements à la loi électorale et l’opposition radicale l’encourage à continuer en ce sens. La proposition de dialogue avec l’Exécutif ressemble beaucoup plus à une manœuvre pour gagner du temps. Les amendements additionnels proposés par la commission sénatoriale pourraient intégrer le texte dans le cadre d’une mise en application de l’article 12 de l’accord del Rancho. Or, pour appliquer l’article 12, il faudrait au préalable que les parties signataires de l’accord constatent la faillite de l’une d’entre elles. La Commission de suivi de l’accord devra se réunir avec les protagonistes pour constater le blocage et en faire part à la Médiatrice (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/04/haiti-sur-le-fil-du-rasoir-faut-il-en.html). Dans ce cas, il n’y a qu’une partie prenante qui pourrait refuser cette faillite, le Sénateur Desras. Voyons voir. Le Président de la République ne verrait aucun inconvénient à constater cette faillite ; le Président de la Chambre basse non plus ainsi que les partis politiques signataires de l’accord. Il ne resterait que le Président du Sénat à être réticent dans le constat de cette faillite. Dans le cas contraire, il serait donc possible d’appliquer sans problèmes l’article 12 par l’ensemble des parties prenantes, en prenant en compte les amendements proposés par la commission sénatoriale. Desras a-t-il l’étoffe nécessaire pour aider à débloquer la crise électorale  dans le cadre de l’accord Del Rancho qu’il a lui-même dénoncé à un moment de la durée? Ou laissera-t-il l’Exécutif avec le Groupe des cinq (G5) passer en force ?

Scénario No 3 : La démission du G5, le passage en force de l’administration Martelly vers  les élections ( ?)
Cette menace  de démission du G5 pourrait devenir réalité si elle favorisait le déblocage du processus comme le croit ce groupe. En effet, en démissionnant en bloc, ce groupe proche du pouvoir exécutif, permettrait à ce dernier de constater l’incapacité du Sénat à fonctionner et de constater la caducité du Parlement avant le 2e lundi de janvier 2015. Ainsi, l’Exécutif pourrait prendre un décret pour organiser les élections en décembre 2014, tout au moins le premier tour. Cette formule est vertement critiquée par le G6 et l’opposition. Mais est-elle si mauvaise que ça ? Ce sera une bonne chose si elle permettra d’éviter le chaos qui s’annonce le 15 janvier 2015. Ce serait une réédition  de ce qui s’est passé en 1999 sous la première présidence de M. Préval. Ce passage en force de l’administration Martelly vers les élections serait susceptible de jeter de l’huile sur le feu, selon certains observateurs, et de conduire à la chute du régime en place. En tout cas, cela arrangerait énormément l’opposition politique et le G6 ainsi que le Président du Sénat qui serait appelé à la rescousse pour remplacer le Président Martelly. Sacré Desras qui voudrait éviter tout cela, en proposant au Président de dialoguer avec l’opposition et le G6 !

Scénario No 4 : Le Dialogue politique entre l’Administration Martelly et l’Opposition
Le Président du Sénat a écrit, en deux occasions en moins de 15 jours, au Président de la République pour lui proposer de dialoguer avec le G6 et l’opposition. M. Martelly a répondu qu’il reste ouvert au dialogue mais semble réticent à l’idée de ce dialogue entre l’Exécutif et le G6, car les tentatives passées n’ont rien donné. Le porte parole de la Présidence a expliqué que c’est une manœuvre  visant à faire passer le temps et rendre complice l’Exécutif du blocage du processus électoral et du chaos qui pourrait suivre le 15 janvier 2015. Malgré cette attitude de refus de la part de l’Exécutif, la 2e réponse du Président Martelly au Président du Sénat, qui est venue après la conférence de presse du G6, a invité le G6 à venir dialoguer avec lui au Palais National, le lundi 1er septembre 2014 à 11 h AM. ( pourparlers reportés à une date ultérieure). 

Lors de la conférence de presse du G6, le 28 aout 2014, Sénateur Jeanty croit qu’il faudra négocier l’après 2014, car, selon lui, M. Mathurin, le Président du CEP, avait expliqué que, pour réaliser les élections, il faudrait mettre six mois à partir de la mise à disposition de la loi électorale au CEP. Partant de cette explication, Sénateur Jeanty croit qu’il ne peut y avoir d’élections en 2014. D’où la nécessité de s’asseoir avec l’Exécutif pour préparer l’après 2014 dans le cadre d’un dialogue inter haïtien (pourquoi ne pas revenir à El Rancho ?). Il a prêté l’intention à l’Exécutif d’être de connivence avec l’International pour diriger par décret et liquider les ressources du pays. C’est au bureau du Sénat, a-t-il précisé d’entamer des négociations avec l’Exécutif et non au G6 de solliciter ce dialogue. Ce que le Bureau du Sénat a fait avec la réponse positive du Président que l’on sait mais en fixant le lieu de la rencontre au Palais National. La grande question, pourquoi le G6 ne se décide à négocier que maintenant alors que la loi électorale amendée est à la chambre haute depuis plus de 150 jours ? De plus, le G6, à ce qu’il parait selon le Sénateur Benoit (émission Ramase de Radio Caraïbes du 30 aout 2014), n’accepterait pas d’aller au Palais National. Le G6 a toujours été sur la même position que le MOPOD. Or, à entendre Tunep Delpé, le MOPOD ne jure que par le déchoucage de l’administration Martelly-Lamothe. Donc, quelle est la signification de l’expression « négocier l’après 2014 » dans l’esprit du G6 ? N’est-ce pas, comme le pense l’Exécutif, une manœuvre de plus pour faire passer le temps, et nous ajoutons, avec l’espoir d’un chambardement qui emporterait l’administration Martelly-Lamothe ?

Scénario No 5 : Le déchoucage de l’administration Martelly-Lamothe
Le Sénateur JEAN-CHARLES du G6 n’a jamais caché ses intentions vis-à-vis de M. Martelly. Ce dernier doit coûte que coûte laisser le pouvoir. C’est aussi la position du MOPOD. C’est la raison pour laquelle le MOPOD n’a pas été à El Rancho. Pourquoi subitement l’opposition changerait-elle d’avis vis-à-vis de Martelly? Cette opposition là y inclus le G6, moins la FUSION, veut des élections mais sans Martelly. Alors de quelle négociation parle-t-on si ce n’est de faire passer le temps avec l’espoir de ce chambardement? En effet, la situation socio-économique et politique n’est pas du tout rose. Il y a ce malaise indéfinissable qui a favorisé cette complicité interne pour mettre dehors plus de 300 prisonniers à la prison de Croix-des-Bouquets. La reprise d’une soixantaine d’entre eux est loin de résoudre le problème. Ce malaise c’est aussi le mandat d’amenée contre l’Ex-Président Aristide lancé par le juge Lamarre Bélizaire et basé sur le rapport Paul Denis réalisé sous le gouvernement de transition (2004-2006) ; c’est aussi le mandat contre Me André Michel lancé par le même juge Bélizaire comme complice des frères Florestal dans l’assassinat d’un étudiant en 2010, Frantzy Duverseau ; c’est enfin la hausse des cours du carburant à partir d’octobre 2014 annoncée par le ministre de l’économie et des finances au Sénat, Mme Jean-Marie. Il n’est donc pas si utopique que cela de voir partir l’administration Martelly-Lamothe dans le cadre d’un chambardement généralisé bien orchestré par l’opposition radicale, en exploitant intelligemment toutes les informations susceptibles de ternir davantage l’image de cette « administration corrompue » , responsable, selon elle, de tous les maux du pays. Dans le cas d’un tel chambardement, le pouvoir exécutif reviendrait au Président du Sénat, selon l’article 149 de la Constitution amendée.

II.                CONSIDERATIONS

Rappel de la finalité du Dialogue Del Rancho
Malgré tout ce qu’on a pu dire de l’accord del Rancho, il demeure jusqu’ici, le cadre acceptable pour résoudre nos problèmes. Voici ce qu’a prévu le Protocole de Médiation élaboré et signé par les parties prenantes avant le lancement du dialogue et qui demeure encore valable si on veut continuer à dialoguer entre nous : « La médiatrice a pour objectif principal de conduire les Parties à conclure un accord politique sur les points de l'agenda concerté afin (i) de  résoudre les problèmes urgents du pays et (ii) de jeter des bases pour un dialogue national. Cet objectif principal se décline dans les objectifs spécifiques suivants :(i) Réunir les principaux acteurs autour de la table du dialogue ;(ii) S'assurer du bon déroulement des délibérations ;(iii) Amener les Parties à parvenir à un consensus ». Les précisions apportées par le document cadre ou Protocole de Médiation ont permis de mieux comprendre ce qui était visé : « un pacte politique sur la gouvernance démocratique, l'organisation d'élections crédibles, la question de l'amendement constitutionnel, la consolidation des Institutions démocratiques basée sur le respect du principe de la séparation des pouvoirs ». C’est ce que nous allons appeler plus tard, le Dialogue Del Rancho. Un échec, selon l’opposition. Une victoire, selon les participants. Après ce premier résultat, le Protocole de Médiation a prévu « de jeter les bases d’un Dialogue National ». C’est ce qu’a toujours réclamé la nation, en particulier, notre ami, M. Tunep Delpé avec sa plaidoirie pour une conférence nationale.  Malheureusement ce protocole de médiation est arrivé à un mauvais moment pour l’opposition radicale.

La raison fondamentale de la non participation du MOPOD au Dialogue Del Rancho
En effet, lorsqu’il a démarré, le Dialogue Del Rancho a favorisé en quelque sorte le pouvoir en place face à une opposition qui gagnait du terrain dans le processus de déchoucage de Martelly et de Lamothe. C’est la raison fondamentale de la non participation du MOPOD à ce dialogue. Il a contrarié ses plans qui étaient de voir Martelly partir avant la fin de son mandat. L’opposition radicale appuyée par le Sénat était à deux doigts d’obtenir gain de cause. Le dialogue Del Rancho a stoppé net tout cet élan. D’où l’animosité de l’opposition politique radicale ainsi que le G6 vis-à-vis  de ce Dialogue qu’ils ont qualifié de toutes les épithètes les plus dégradantes. A mon avis, sans ce dialogue, le pays aurait été à feu et à sang, car les partisans de Martelly n’allaient pas laisser faire l’opposition sans bouger. C’était pour éviter cet affrontement fratricide que la Conférence épiscopale s’est offerte comme médiatrice pour essayer de juguler la crise inter haïtienne. De toute manière, l’application de l’article 12 de l’accord Del Rancho reste encore une option pour éviter le spectre grimaçant du 2e lundi de janvier 2015.

Le jeu force à couper
Jusqu’à présent, l’opposition accuse l’Administration Martelly comme seule responsable de la non réalisation des élections dans le pays depuis trois (3) ans, car c’est sa responsabilité. En un certain sens, elle a raison. En 2010, l’opposition politique ne voulait pas non plus d’élection avec M. Préval. Elle a estimé qu’après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, les conditions n’étaient pas réunies pour avoir de « bonnes élections, crédibles, honnêtes et démocratiques ». M. Préval a fait la sourde oreille et a maintenu le cap vers les élections sans la participation d’une bonne frange de l’opposition de l’époque. L’administration actuelle se retrouve à peu prêt  dans la même situation. Elle doit coûte que coûte se décider. Certes, c’est une bonne chose de répondre positivement à une sollicitation d’un ultime dialogue avec le G6, et ceci même au sein du Parlement ou sur terrain neutre (un hôtel par exemple), au cas où ces pourparlers éviteraient l’application des solutions extrêmes (démission du G5, passage en force, et autres) de la part du Pouvoir Exécutif. Dans une conjoncture socio-économique et politique aussi potentiellement explosive, aucun sacrifice ne devrait répugner l’Administration Martelly-Lamothe pour atténuer la situation politique. Mais, dans le cas où ces pourparlers se révéleraient une sorte de leurre, cette administration aurait intérêt et gagnerait à mettre tout en œuvre pour organiser le premier tour des élections en décembre 2014 avec ce CEP que tous les observateurs avertis trouvent plutôt acceptable, et  avec une loi électorale amendée prenant en compte tous les nouveaux amendements proposés par la commission sénatoriale.  Car le jeu force à couper.

III.             CONCLUSIONS

Des initiatives heureuses
Le pays est réellement fatigué de tourner en rond. Cet imbroglio politique analysé dans cet article n’a pas empêché le pays de prendre des initiatives heureuses. Citons, entre autre, trois exemples de la volonté du peuple haïtien de sortir de la routine politique déprimante : (i) Le Camp Jeunesse, organisé avec succès, par le Ministère de l’agriculture à l’intention de 1000 jeunes venant de tous les coins d’Haïti, s’est soldé, entre autre, par la promesse du Titulaire de l’agriculture d’inscrire dans le budget 2014-2015 10 M HTG pour la mise en place de 10 projets agricoles, soit un par département ; (ii) l’initiative ô combien honorable du Journaliste bien connu, Valery Numa, d’honorer les 10 lauréats issus des examens d’Etat (Philo) que son mouvement compte accompagner durant leurs études universitaires ; et (iii) la 2e fête du Lac organisée par le Groupe FONHTA (Fondation haïtienne pour le tourisme alternatif) et le Ministère du Tourisme au niveau du Bourg de Thomazeau, a mobilisé les jeunes de la zone dans des activités touristiques et culturelles qui ont permis aux visiteurs de découvrir le formidable potentiel de cette zone riche mais délaissée. Ces trois initiatives venant d’horizons divers ont été bien accueillies par le public, en particulier,  par les jeunes qui ont montré leur soif d’excellence et leur fatigue par rapport à cette situation politique qui n’en finit pas de leur voler leur espoir dans un meilleur futur pou Haïti et pour eux-mêmes.

Desras n’est-il pas incontournable ?

 Il est temps que les protagonistes politiques cessent de nous effrayer, apprennent à nous vendre le rêve, en évitant de nous annoncer des catastrophes politiques, en gardant tout simplement le sens de la mesure et en appliquant les règles de la bienséance. Effectivement, selon l’ingénieur Antoine Dimanche, le Pays dispose  de l’or, de l’argent, du cuivre, du pétrole prêt à être exploité,  du gaz naturel (5 Trillion de m3 de propane), du béton bitumineux à l’état naturel sur 24 km2 (zone de Jérémie), etc. Une fois ces ressources en phase d’exploitation, l’haïtien le plus pauvre aurait, selon lui, 100,000 USD au minimum sur son compte en banque. De quoi nous redonner espoir et paix intérieur. De quoi nous faire rêver. C’est pourquoi  certains d’entre nous ont beaucoup regretté l’annulation par le CEP de la date du 26 octobre pour le premier tour des élections à cause du blocage exercé par le G6 depuis maintenant 158 jours. C’est la persistance de la crise électorale. C’est donc la faillite de l’un des signataires de l’accord Del Rancho, en l’occurrence le Sénat. Le constat de la faillite de l’une des parties par l’ensemble devrait conduire sans hésiter à l’application de l’article 12 de l’accord en question. Ces ultimes pourparlers entre le Président et le G6, s’ils auront lieu vraiment, devraient, quel qu’en soit le résultat, favoriser un consensus sur cette question d’élections. Il serait souhaitable que, en cas d’échec de ces pourparlers, le Président du Sénat n’hésite plus à constater, cette fois-ci, la faillite du Grand Corps et opte, comme les autres parties signataires de l’accord Del Rancho, pour l’application de l’article 12 de cet accord. Et qu’on en finisse! Elections ou chambardement, Desras n’est-il pas incontournable ?

mardi 29 juillet 2014

HAITI : FOOTBALL A GOGO, BEAUCOUP DE BONNES CHOSES ET UN MALAISE INDEFINISSABLE

HAITI : FOOTBALL A GOGO, BEAUCOUP DE BONNES CHOSES ET UN MALAISE INDEFINISSABLE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
29 JUILLET 2014

Le mois de juin 2014 ne se termine pas comme il a commencé. Et Juillet était encore beaucoup plus calme politiquement. Les manifestations  de rues anti-administration Martelly n’ont pas fait recette comme au début du mois de juin au point que le député A. Bélizaire a dû user d’excès pour attirer l’attention (UZI en bandoulière, prestation vodouesque publique, bourrade au ministre chargé des relations avec le Parlement qui lui a valu d’être exclu de la Chambre basse pour deux mois sans solde, et, fin juillet, grève de la faim). Une période de folie footballistique avec le Mondial brésilien du 12 juin au 13 juillet 2014, des surprises footballistiques, du suspens, une belle fête ! Durant cette période de folie footballistique, le ministère de l’agriculture a pu quand même organiser du 19 au 21 juin 2014, à Kaliko sur la Cote des Arcadins, un intéressant atelier sur « Approche filière/Chaînes de Valeurs: concepts, Enjeux et Implications Politiques» animé principalement par l’économiste Kesner Pharel. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Gouvernement Haïtien ont présenté le rapport sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), très instructif et méritant de servir de base à tout programme politique sérieux surtout en une année électorale.  La mort du Président Manigat a pratiquement clôturé le mois de juin, mais ne faut-il pas voir dans cette disparition une entrée triomphale dans l’immortalité, surtout après les réactions de la classe politique par rapport à cette disparition ? La mise en application de la loi de finance 2013-2014 rectifiée et approuvée par le Parlement en mai 2014, une entente pré-électorale (modification du CEP provisoire avec l’inclusion de nouveaux membres et l’élection de Max Mathurin comme  Président en lieu et place de Me Canton, vote probable de la loi électorale par le Sénat),  autant de pistes qui traduisent des signes encourageants vers une amélioration de la situation globale. Pourtant, à écouter la radio, à regarder la TV, à lire les journaux et les médias en ligne et à visiter les réseaux sociaux, on sent une sorte de malaise, en dépit du dépôt par l’Exécutif de la loi de finance 2014-2015 à temps au Parlement (122.7 Mrds HTG), et malgré la 3e édition du carnaval des fleurs fin juillet. D’où le titre de cet article : « Football à gogo, beaucoup de bonnes choses et un malaise indéfinissable ».

Dans cet article, il serait intéressant d’analyser chacun des points cités plus haut et montrer leur cohérence par rapport à la situation globale du pays et expliquer ce sentiment de malaise qui en découle ; mais une telle analyse serait fastidieuse et embrouillerait le lecteur. C’est pourquoi nous nous contenterons de passer à pieds joints sur quatre d’entre eux : 1) le Mondial brésilien, 2) la disparition du professeur Manigat, 3) l’atelier du Ministère de l’Agriculture et 4) le projet de loi de finances 2014-2015, et de terminer cet article par des considérations appropriées.

L’humiliation du Brésil
Du 12 juin Football à gogo jusqu’au 13 juillet 2014  dans le cadre du mondial brésilien et ses surprises, le constat a été douloureux pour la plupart et heureux pour d’autres comme il est de mise dans toute compétition sportive. Les deux continents, ténors du football mondial, l’Europe et l’Amérique, se sont mesurés à travers leurs équipes de football. Définitivement, l’Europe s’est adjugée la bonne part du gâteau au détriment du Brésil et de l’Argentine. Le premier constat : Il n’y a plus de petites équipes, la Colombie (malgré sa défaite en quart de final contre le Brésil 2-1) et le Costa-Rica ont été les révélations du Mondial, l’Algérie aussi qui a atteint le 8e de finale. Le Costa-Rica, après avoir pris la tête de son groupe au détriment de l’Uruguay, de l’Italie et de l’Angleterre, trois champions du monde, s’est retrouvé en quart de finale avec plutôt beaucoup de panache, éliminé par la Hollande au tir au but. Il a laissé le mondial sans perdre un match. Il s’est donc hissé parmi les grands. Le deuxième constat, c’est le départ prématuré de certains grands : Espagne, Italie, Uruguay,  partis au premier tour et au 8e de finale. Le troisième constat, le déclin du Brésil fini en 4e position de son mondial loin derrière l’Allemagne. Le quatrième constat, la montée en puissance du football européen, en particulier, l’Allemagne qui a passé un sévère 7-1 au Brésil en demie finale après s’être  débarrassée de la France en quart de finale (1-0) et qui a battu l’Argentine 1 à 0 en finale, et la Hollande qui s’est adjugée la 3e place en battant le Brésil 3 à 0. Pour ce qui concerne la grande surprise de cette coupe du monde, c’est l’humiliation du Brésil sur son terrain par l’Allemagne puis la Hollande. Le cinquième constat, le Mondial brésilien a été une belle fête. Enfin, sur 20 coupes du monde, l’Europe s’est adjugée 11 contre 9 à l’Amérique du Sud ; Close, l’allemand, est devenu le meilleur buteur de tous les temps de la Coupe du Monde  avec 16 buts en 4 coupes du monde au détriment de Ronaldo, le brésilien, qui en a marqué 15 en trois coupes du Monde.

Un monument !
En pleine période footballistique, la disparition du professeur Manigat a fait la une de tous les medias. Que de bonnes choses on a apprises sur la vie du professeur et de son œuvre colossale! Les funérailles nationales organisées, le samedi 5 juillet, à St-Louis de Gonzague, par le pouvoir en place, les propos élogieux et profonds de l’actuel Président de la République, M. Martelly, vis-à-vis du professeur, la participation des personnalités politiques de toutes tendances aux funérailles, les colloques et émissions radiophoniques organisées démontrent, s’il en était besoin, l’importance accordée par le peuple haïtien dans toutes ses composantes à cette disparition et témoignent du vide laissé par ce grand disparu incompris de son vivant. C’est un Patrimoine national. Un monument ! Je réfère le lecteur aux divers articles consacrés au professeur après sa disparition par Le Nouvelliste, « Haïti en Marche » et des medias en ligne. En tout cas, à mon humble avis, Manigat c’est l’homme qui aurait pu mettre Haïti sur les rails du développement. En témoignent ses quatre (4) mois au pouvoir et ses nombreux ouvrages qui portent en eux tous les germes d’un développement harmonieux d’Haïti. Malheureusement, comme pour Firmin, nous n’avons pas su choisir ou, tout au moins, lutter pour le garder au pouvoir même si son choix comme président nous était imposé par nos militaires et non par l’international comme il est de coutume ces derniers temps.

Des concepts complémentaires et non synonymes
En parlant du développement, il serait intéressant de nous pencher sur l’atelier organisé par le ministère de l’agriculture. Cet atelier Approche filière/Chaînes de Valeurs: concepts, Enjeux et Implications Politiques, animé principalement par Pharel secondé par Agr Jeaniton et Dr Pierre, a permis de bien différencier l’approche filière et la chaine des valeurs selon ma compréhension des divers exposés. L’approche filière pourrait se définir selon une démarche « de la fourche à la fourchette » avec une valeur ajoutée à la production brute de départ (matière première, compte d’exploitation ), tandis que la chaine des valeurs est beaucoup plus complexe faisant appel non seulement à l’ensemble des acteurs directement impliqués mais aussi à des structures interinstitutionnelles d’appui imbriquées, articulées et intégrées pour déboucher sur des produits finis et compétitifs. Ce qui se traduit par une approche plus globale de type cluster intégrant l’approche filière et la valeur ajoutée à chaque niveau de ce processus complexe axé sur une gestion de l’ensemble des informations. En d’autres termes, si l’approche filière se concentre sur une ou des filière (s) porteuse(s), la chaine des valeurs fait appel à un ensemble de valeurs ajoutées et  de filières susceptibles d’interagir entre elles et de déboucher, en termes de contribution (avantages comparatifs et compétitifs), au développement durable. Il est donc clair que, à mon humble avis, les deux (2) concepts, d’origines diverses (française et anglo-saxonne), s’ils sont complémentaires, ne sont pas interchangeables, et encore moins des synonymes comme on a tendance à les utiliser dans les documents et au sein du ministère de l’agriculture.

La somme d’efforts à consentir pour hisser Haïti au niveau des économies émergentes de la zone
Pour permettre à l’auditoire de mieux appréhender les nuances de ces  deux concepts, M. Pharel, le principal animateur de cet atelier, a utilisé une approche de comparaison et une approche du global au local contrairement aux autres intervenants qui se sont concentrés, avec bonheur, sur leur sujet à partir d’une démarche plus  classique axée sur la définition, la clarification, le développement de ces concepts sur la base d’exemples bien choisis et assez explicites et les recommandations ; car la démarche des deux autres intervenants a permis aussi une meilleure compréhension des concepts. La pluparts des interventions de Pharel se sont faites en référence à la République dominicaine et la Jamaïque. Il s’est référé aux exigences de compétitivité liées à la mondialisation pour expliquer les avancées/retards de notre pays, s’est attardé sur le plan stratégique pour le développement d’Haïti (PSDH) basé sur la refondation sociale, la refondation territoriale, la refondation économique et la refondation institutionnelle, sur le ministère de l’agriculture, dont il a remis en question le titre actuel qui implique trop de responsabilités pour un seul ministère, et ses diverses politiques, plans et stratégies en relation avec le PSDH, en particulier le plan triennal de relance agricole (PTRA 2013-2015) et a achevé sa présentation en faisant un certain nombre de comparaisons en matière de PIB, de budget d’investissements, de politiques publiques, d’investissements privés, etc., par rapport aux deux (2) pays de la Caraïbe cités plus haut. Cette démarche a permis à l’auditoire de mieux appréhender les concepts, de mieux comprendre le fossé entre ces trois économies et de mieux apprécier la somme d’efforts à consentir pour hisser Haïti au niveau des économies émergentes de la zone à l’horizon 2030. D’où la nécessité de répéter cet atelier non seulement pour plus  de participants au sein du secteur agricole, quitte à l’axer un peu plus sur des filières agricoles répertoriées dans le PTRA, mais aussi au niveau de l’Etat d’Haïti dans toutes ses composantes, en vue d’atteindre un niveau de masse critique maitrisant les outils de développement, incluant les lois de finances qui, en principe, traduisent les priorités et orientations gouvernementales.

Le Projet de loi de finances 2014-2015
Comme pour l’exercice passé, l’Exécutif a fait l’effort de soumettre au Parlement le projet de loi de finances comme l’exige la Constitution espérant que, pour cet exercice 2014-2015, la loi de finances ne connaitra pas le même sort que celle de l’exercice passé ( vote par la Chambre Basse, rejet par le Sénat, reconduction du budget de l’exercice précédent jusqu’en mai 2014, soit une loi de finances mise en application avec 7 mois de retard). Du tort causé au pays à cause des querelles politiques entre l’Exécutif et le Sénat! En tout cas, le projet de loi de finances 2014-2015 fixe le montant global du budget à 122.7 milliards de gourdes (122.7 Mrds HTG ou 2.7 Mrds USD). Le budget se répartit comme suit : le secteur économique (44.3%), le secteur politique (18.8%), le secteur socioculturel (27.8%), et autres dépenses (9.1%) dont 4.1% pour le service de la dette externe. Les hypothèses de départ visent un taux de croissance du PIB de 4.6%, un taux d’échange en adéquation avec le taux de croissance, un taux d’inflation de 7.5%. Le taux de croissance de 4,6% du PIB, « sera supporté par les secteurs de l’agriculture +2,5%, de l’industrie +6 % et de la construction +8% » (Réf. Le Nouvelliste du 22/07/2014).

« L’emphase a été mise sur l’agriculture »
Comme l’a exigé le Président Martelly à Damien  (Réf.  http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/05/haiti-de-la-turbulence-politique-la.html ), l’Education, l’Environnement et l’Agriculture ont subi une hausse budgétaire par rapport à l’exercice écoulé mais n’ont pas crevé le plafond comme on s’y attendait. Pour ce qui concerne l’agriculture, voici l’explication fournie par la Ministre de l’Economie, Mme Jean-Marie : « Le ministère des Travaux publics a été privilégié parce qu’il y a beaucoup de projets en cours. Vous n’allez pas voir forcément de nouveaux chantiers. Il importe de continuer avec les projets en cours. Quant au ministère de l’Agriculture, c’est parce que tout l’effort déployé dans le cadre des partenariats public-privé, l’emphase a été mise sur l’agriculture et la transformation des produits agricoles. Le secteur agricole emploie jusqu’à présent 40% de la population active. Cela ferait un grand bond si nous arrivons à améliorer les revenus de cette tranche de la population ». Cet effort sur le secteur agricole vise aussi à une augmentation de l’offre des produits alimentaires et à diminuer les importations ». Selon ce qu’a rapporté  Le Nouvelliste du 22 juillet 2014. Il faut noter que les 6.1% alloués au secteur agricole (7.49 Mrds HTG) sont loin des 10%  du budget de l’Etat souhaités par notre groupe, la FONHDILAC, pour permettre au secteur de bien booster l’économie haïtienne.

« Une plus grande autonomie budgétaire »
La précision de Mme Jean-Marie :« Avec le recul constaté du financement externe des projets d’investissement, le poids des recettes internes dans le budget est passé de 40% dans le budget 2012-2013, à 43% dans celui de 2013-2014 et pour le projet de loi de finances déposé au Parlement dernièrement à 49%. Donc, nous maintenons l’effort dans le sens d’une plus grande autonomie budgétaire et cela commence à porter ses fruits » … « Progressivement, nous essayons de nous affranchir de l’aide internationale. Dans la loi de finances 2014-2015, la part financée par les ressources domestiques augmente progressivement par rapport à celle financée par les dons et les prêts des bailleurs internationaux ». Concernant la fiscalité : « Il n’y a aucune disposition fiscale prévue pour augmenter les taxes, que ce soit les droits de douane ou les autres taxes. A l’exception d’une disposition relative aux droits de douane concernant les produits pétroliers. Une disposition qui vise à alléger le poids de la taxation pesant uniquement sur la gazoline. On va répartir la taxation sur la gazoline, sur le kérosène et le diesel », a révélé Madame Jean-Marie.

Considérations
Le jusqu’auboutisme haïtien
La situation haïtienne pour la période sous observation est  marquée par notre grande passion pour le football. Le Mondial brésilien a aidé le gouvernement à souffler par rapport à cette opposition tout azimut qui a voulu le mettre hors jeu. La passion haïtienne pour le football a permis à la population de supporter la misère, d’oublier sa faim. Les fanatiques du Brésil qui sont les plus nombreux ont beaucoup souffert ; ceux de l’Argentine aussi, mais beaucoup moindre. Quand le Brésil a été balayé par l’Allemagne, les « argentins » ont sorti leur cercueil pour enterrer les « brésiliens ». Les « brésiliens » en ont fait de même lors de la défaite de l’Argentine face à la même Allemagne en prolongation. C’est le jusqu’auboutisme haïtien, en football comme en politique (Haïti en Marche). Il faut la disparition de l’adversaire, de l’ennemi. Pas de quartier, pas de négociation. Négociation égale lâcheté. Arnel Bélizaire a mis sa vie en danger pour faire passer ses revendications (grève de la faim au sein du Parlement). Les six sénateurs radicaux veulent tout simplement la tête de Martelly et de Lamothe. Ils ne veulent pas céder un pouce de terrain, la plupart de leurs alliés non plus. Comme en 2004, il faut la tête du coupable, en l’occurrence, le Président.
 La valeur de l’autre se reconnait en général à son départ 
Mais quand vous n’êtes plus là, on reconnait votre valeur. C’est le cas du Professeur Manigat. Toute la classe politique haïtienne a vanté l’idéal politique de Manigat, l’homme intègre, le modèle. De son vivant, il était « un arrogant », « un traitre » qui a accepté le pouvoir des mains ensanglantées des militaires. C’était la même chose sous la présidence de Préval. C’était l’homme à abattre. Il a su, en deux occasions, bien manœuvrer (koule en ba yo, nagé pou soti) pour terminer ses mandats. Au pouvoir, toute l’opposition l’a accusé de n’avoir rien foutu. A son départ du pouvoir, heureusement encore en vie et vivant en paix dans son pays, toute l’opposition a reconnu qu’il a fait du bon travail pour notre pays et a même accusé le pouvoir actuel de procéder à l’inauguration de ce que Préval avait laissé (normal selon le principe de continuité de l’Etat). On pourrait citer d’autres exemples, le cas d’Estimé, le cas de Boniface Alexandre, du Premier Ministre Latortue. L’haïtien reconnait la valeur de l’autre quand il n’est plus là, surtout en politique. J’en tire une leçon : La valeur de l’autre se reconnait en général à son départ.
Tout est donc lié
En guise de conclusion, on ne sait pas ce qui va se passer après le carnaval des fleurs truffé de couleurs, de belles chorégraphies et de musique (fantastique! Mais bilan définitif: 2 morts et environ 700 blessés, de source policière). Ce carnaval a favorisé la prolongation de la période de folie footballistique brésilienne et haïtienne (qualification des moins de 20 ans haïtiens pour le 2e round qualificatif, à Trinidad, du mondial des U20) qui, elle-même, a permis au pouvoir, et sans trop grande pression politique de l’opposition, de continuer avec la routine, (conseils de gouvernement en direct, « gouvenman lakay ou » dont un à Miami qui a fait coulé beaucoup d’encre), d’organiser certains événements comme les examens d’Etat, l’atelier du ministère de l’agriculture sur la filière/chaine des valeurs, d’innover avec lancement d’un programme de reboisement par bombardement aérien, de faire le dépôt  du projet de loi de finances. La question d’éducation est primordiale, la formation continue aussi. Cet atelier sur la filière/chaine des valeurs a fait ressortir cette nécessité d’imbrication, d’articulation et d’intégration des actions pour l’obtention de meilleurs résultats, et mérite d’être étendu à d’autres institutions étatiques (Exécutif, Législatif et Judiciaire). Il en est de même pour la loi de finances2013-2014 qui a été présentée par Pharel lors de l’atelier organisé par le MARNDR en insistant sur la part consacrée aux actions du ministère de l’agriculture. Lors de la présentation du projet de loi de finances 2014-2015, à l’Hôtel Oasis, en compagnie de la Ministre de l’économie, l’accent a été mis sur la nécessité pour l’ensemble des acteurs et des agents économiques de bien maitriser cet outil de développement, tout au moins, d’en être informés. Il est indispensable de montrer, dans la mesure du possible et à chaque occasion, que les réflexions et actions au sein de l’Etat, devraient être en parfaite harmonie. Et c’est la raison pour laquelle le pays dispose d’un plan stratégique, que le gouvernement présente une politique générale qu’il devrait mettre en œuvre dans le cadre de programmes, de projets et de lois de finances annuelles reflétant ses priorités et ses orientations. Tout est donc lié. Le développement n’est avant tout que le développement de l’humain, et ne s’obtient que par l’imbrication, l’articulation et l’intégration des actions au sein d’un Etat. Le malaise indéfinissable ressenti ces derniers temps, n’est-il pas lié à cette anthropie politique (ce désordre), cette désarticulation de l’Etat d’Haïti où chacun essaie de tirer son épingle du jeu ou celle de son clan au détriment du pays, en tentant de faire croire au bon vieux peuple, « analphabète mais pas bête », qu’on se bat pour lui ?