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dimanche 4 septembre 2016

INDEXATION, CAMPAGNE ELECTORALE, ENTENTE PREALABLE (?)

INDEXATION, CAMPAGNE ELECTORALE, ENTENTE PREALABLE (?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 AOUT 2016

Au cours de ce mois d’Août 2016, Haïti est en mode élection depuis le lancement de la campagne électorale. Toutefois, tout au long du mois, il y eu d’autres thématiques dominantes comme l’augmentation du prix des produits pétroliers et le retrait rapide de cette décision par rapport à ce tollé soulevé à travers le pays ; la participation du Président de la République à la cérémonie d’investiture du Président Danilo Medina pour son second mandat comme Président de la République Dominicaine (RD) ; la mise en application par M. Privert du principe de la continuité de l’Etat en procédant à l’inauguration des logements sociaux au niveau du Parc de Caracol, à l’inauguration de la prison de haute sécurité au niveau de Ferrier (NE), à l’inauguration de la sous- station d’EDH de Tabarre et la mise en marche d’une turbine hydroélectrique au niveau du complexe de Péligre (18 MW) ; tous ces travaux de construction et de réhabilitation ont démarré soit sous l’administration de Martelly et/ou celle de Préval.

D’autres thématiques dominantes ont été relevées au cours de ce mois d’Aout, le mandat d’amenée contre le candidat au Sénat de la Grande-Anse, Guy Philippe ; le rapport de l’ l’Unité centrale de renseignement financier (UCCREF) indexant Jovenel Moïse, candidat du PHTC, et le rapport de la commission sénatoriale d’éthique et d’anticorruption indexant une quinzaine d’anciens hauts fonctionnaires de l’Etat des administrations passées ayant à voir avec la gestion des fonds de PETROCARIBE de 2008 à 2015 ; le risque encouru par Haïti  de voir ses huit (8) banques indexées de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme international, si elle ne se conforme pas aux exigences du groupe d’action financière (GAFI).  

Il faut noter la sortie du documentaire de Valéry Numa sur l’immigration au Brésil d’environ 90,000 Haïtiens qui vivent dans cet « eldorado » dans des conditions infra humaines dont la grande majorité n’a pas les moyens de se payer un billet de retour et l’installation du nouveau conseil de la BRH présidé par M. Dubois qui promet « un maximum de croissance et un minimum d’inflation ». C’est dans ce contexte dominé par une misère noire due en grande partie à la hausse du dollar par rapport à la gourde (65 HTG= 1 USD), qu’est lancée la campagne électorale sans cette entente préalable entre nous. Que faudra-t-il en espérer ?

On pourrait tenter une analyse de l’ensemble de ces faits saillants et regarder leurs liens avec le processus électoral. Ce serait une analyse assez longue et fastidieuse qui pourrait laisser sur sa fin le lecteur non averti. On se contentera de regarder (i) la mise en application du principe de continuité de l’Etat, (ii) l’indexation éventuelle des institutions bancaires haïtiennes, (iii) l’indexation des anciens hauts fonctionnaires de l’Etat dans le cadre de la gestion de PETROCARIBE, (iv) l’indexation de Guy Philippe (mandat d’amenée) et de Jovenel Moïse par le rapport de l’UCCREF, et (v) le lancement de la campagne électorale. Et on termine sur les conclusions appropriées.

1.    Le principe de continuité de l’Etat

Sur le principe de continuité de l’Etat, il faut rappeler ici que le complexe Péligre a été mis en œuvre par quatre administrations successives, l’administration Estimé (1946-1950), l’Administration Magloire (1950-1956), l’administration Duvalier Père et Fils (1957-1971). En ce sens, Privert a suivi la tradition avec la réhabilitation partielle de la centrale en remettant en opération l’une des trois turbines de Péligre et en inaugurant la sous-station de l’Ed’H de Tabarre, et n’aura peut-être pas la chance d’inaugurer les deux autres turbines qui seront remises en service très probablement après son départ du pouvoir. Heureusement pour le Président, il a pu procéder à l’inauguration des autres ouvrages démarrés sous l’administration Martelly cités à l’introduction. Dans ce même ordre d’idées, le Premier Ministre a procédé au lancement officiel des travaux de construction de la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) qui sera très certainement inaugurée par une autre administration. L’application du principe de continuité de l’Etat devra servir de leçon à la prochaine administration qui sortira des urnes. Privert a su aussi suivre la trace des autres avant lui en participant à l’investiture du Président Médina pour son second mandat. Cette administration peut-elle éviter le « de-risking » à notre pays ?

2.    L’indexation éventuelle des institutions bancaires haïtiennes en novembre prochain(?)

Voici le résumé fait par le journal, Le Nouvelliste :
« Sénateurs, députés, représentants de l’exécutif, état-major de la Police nationale d’Haïti ont tous répondu, ce vendredi 26 août 2016, à l’invitation du Ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) et de la Banque de la République d’Haïti en prenant part à la conférence débat qui s’est tenue au centre de convention et de documentation de la BRH. Tous les participants à cet événement reconnaissent que l’heure est grave et qu’il y a péril en la demeure. Aussi ont-ils pris congé en se promettant de mettre les bouchées doubles pour effectuer en quelques semaines ce qu’ils n'ont pas pu accomplir». (Réf.: http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/162535/Blanchiment-financement-du-terrorisme-le-mois-de-novembre-est-decisif-pour-Haiti#sthash.aMYlY9gI.dpuf)

Les banques haïtiennes pourraient être accusées de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme et n’avoir plus de relation avec les banques intermédiaires et partenaires, si Haiti ne se conforme pas aux exigences du groupe d’action financière de la Caraïbe (GAFIC) et pourrait être considérée comme un pays à risque « et d’être mise en quarantaine par les institutions financières internationales ». « Ce qui aura notamment pour conséquences l’intensification du phénomène du « de-risking » dans notre système financier », selon le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH). « C’est un problème national qui interpelle tous les fils et toutes les filles de la nation pour que chacun en ce qui le concerne prenne ses responsabilités pour éviter le pire », a renchéri le ministre de la Justice Camille Edouard Jr. Dans le cas où ce problème ne serait pas solutionné avant novembre 2016, ce serait 93% de nos exportations, 75% des transferts reçus, 72% des transferts vers l’étranger qui seront affectés de manière significative. « On doit notamment penser aux effets socio-économiques que cela pourrait avoir si les 2 milliards de dollars américains de transfert, soit 21% du PIB ne pouvaient plus alimenter le revenu des couches les plus vulnérables », s’inquiète M. Dubois. A l’interne, il faut s’inquiéter aussi par rapport au travail de la commission d’éthique et anticorruption du Sénat qui indexe certains anciens hauts fonctionnaires.

3.    L’indexation des anciens hauts fonctionnaires de l’Etat dans le cadre de la gestion de PETROCARIBE

« La commission Éthique et Anti-Corruption du Sénat de la République a remis son rapport au président du Sénat, Ronald Larêche, et a rendu public, ce 17 août, un « résumé exécutif » du dit rapport sur l’utilisation des fonds du programme PetroCaribe auquel Haïti a adhéré le 12 avril 2006. La commission indique que son enquête a permis entre autres de confirmer les soupçons de népotisme, de prévarication et de corruption dans la gestion de ce programme ». C’est le résumé qu’a fait Le Nouvelliste (Réf. http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/162164/PetroCaribe-resume-complet-du-rapport-de-la-commission-Ethique-et-Anti-Corruption-du-Senat

Tiré du site de Youri Latortue

En guise d’analyse, des parties du résumé exécutif du rapport publié par le quotidien Le Nouvelliste sont reproduites plus bas sans commentaire. Je laisse au lecteur d’apprécier, même quand j’ai de sérieuses réserves sur certaines personnes citées dans ce rapport dont les actions qui leur sont reprochées sont tellement minimes qu’elles ne devraient pas y figurer, alors que d’autres non citées auraient dû y être. En tout cas, dans le résumé du résumé exécutif, nous avons mis en exergue les points saillants permettant au lecteur de bien saisir l’essentiel du rapport, son objet, ses limites et ses recommandations. Voyons voir.

Le fonds PETROCARIBE
« Il s’agit en fait d’un prêt concessionnel au taux préférentiel de 1% l’an remboursable sur vingt-cinq (25) ans avec un délai de grâce de deux (2) ans. Dès sa mise en application en 2008, jusqu’au 21 mars 2016, le Fonds PetroCaribe a monétisé USD 3 833 890 217,58. À partir de ce montant, le BMPAD paye comme dette à court terme (30 jours) pour les produits pétroliers reçus USD 1 714 288 623,21. La somme de USD 2 119 601 594,37 a alimenté le budget d’investissement de l’État sur cette période ».

Eviter toute partisannerie et l’obligation de rendre compte
« Compte tenu de l’énormité de la tâche et de la limitation des moyens matériels et humains dont elle disposait, la Commission n’a pas pu investiguer chaque projet et chaque décaissement effectué. Cependant, la Commission a eu le souci permanent de veiller à éviter toute partisannerie dans l’exercice de ses travaux. Les investigations ont porté sur tous ceux qui ont eu la responsabilité de la gestion du fonds sans égard pour leur rang ou pour leur appartenance politique. Ainsi, ont été analysées les transactions réalisées par les administrations Préval/Pierre-Louis (septembre 2008 – octobre 2009) USD 197 500 000.00, Préval/Bellerive (novembre 2009 – mai 2011) USD 348 240 830,01, Martelly/ Conille (novembre 2011- Mai 2012) USD 210 303 222,68 , Martelly/ Lamothe (Mai 2012 – Décembre 2014) USD 668 315 429,20, Martelly/Paul (Janvier 2015 – Mars 2016) USD 280 003 698,66. Aucune administration n’a été laissée de côté. L’obligation de rendre compte concerne toutes celles et tous ceux qui ont eu le privilège et l’honneur d’être aux commandes des affaires de l’État ».

L’utilisation abusive de la loi sur l’Etat d’urgence
« Un autre élément troublant est le recours systématique aux lois d’urgence pour signer des contrats qui n’avaient rien d’urgent juste pour contourner les dispositions de la législation sur la passation des marchés publics, conçues justement pour garantir la transparence, éviter le népotisme et assurer que l’État obtienne le meilleur rapport qualité-prix. Des marchés ont été conclus sous la loi d’urgence et n’ont été exécutés que des années plus tard. Il est évident que la loi sur l’État d’urgence devra être revue ou interprétée par les tribunaux de façon restrictive pour éviter les dérives constatées. La justice doit demander des explications à ceux qui ont antidaté des contrats passés à partir de résolutions adoptées en 2013, 2014 et 2015, pour les faire tomber dans la période d’urgence qui s’est terminée en novembre 2012 »

Soupçons de népotisme et de prévarication et de corruption et jurisprudence
« L’enquête a permis de confirmer les soupçons de népotisme et de prévarication et de corruption dans la gestion de ce programme. En effet, le recours au mécanisme de gré à gré ou d’appel d’offres restreint pour l’attribution des marchés publics a facilité la signature de contrats au détriment des intérêts de l’État. Des dirigeants ont autorisé, par exemple, trois sociétés appartenant aux mêmes personnes de faire des offres pour des marchés totalisant plusieurs centaines de millions de dollars, ce qui leur a permis de les rafler tous sans compétition ».
« La Commission n’a pas pu investiguer dans le détail chaque contrat et chaque décaissement, mais elle a trouvé suffisamment d’éléments indiciels sur des opérations douteuses pour justifier la saisine des instances judiciaires compétentes. L’arrêt de la Cour de cassation en date du 13 septembre 1904 (Procès de la Consolidation) constitue notamment la jurisprudence qui permet aux anciens ministres de se présenter devant les tribunaux de droit commun ».

Les recommandations de la commission
« Ainsi, la Commission a recommandé que les investigations soient approfondies sur pratiquement tous les fonctionnaires qui, en raison de la nature même de leurs responsabilités, sont intervenus dans la gestion du fonds PetroCaribe et que l’action publique soit mise en mouvement contre ceux dont l’implication s’est avérée confirmée dans cette vaste supercherie d’État. Il s’agit en particulier de: Jean-Max Bellerive, ancien Premier ministre pour forfaiture, concussion, violations avérées de la loi de passation de marchés de 2009, de la loi d’urgence de 2010 art 7.5, népotisme…; Laurent Salvador Lamothe, ancien Premier ministre, pour violations systématiques de la loi de passation de marchés de 2009, contrats antidatés (Nouveaux projets résolutions 2013-2014...). L’ancien ministre des TPTC Jacques Gabriel, l’ancien ministre des Finances Daniel Dorsainvil et l’ancien directeur du BMPAD, Michael Lecorps, pour détournement de fonds publics (dossier équipement CNE); Les anciens ministres des Finances Wilson Laleau et Marie Carmelle Jean Marie, l’ancien ministre de la Planification Josefa Gauthier, pour complicité de détournement de fonds (décaissements injustifiés pour les firmes GTC et TROPIC BUILD), forfaiture …; Hébert Docteur, ancien ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural pour usurpation manifeste de titre, ayant signé une résolution à la place de l’ancien Premier ministre Conille sans titre ni qualité; Florence Duperval, ancien ministre de la Santé, pour faux et usage de faux (signature contrat avec un défunt); Michael Lecorps, ancien directeur du BMPAD, pour forfaiture, concussion, fraude constatée dans les livres comptables du BMPAD et des TPTC; Et du Comité d’appel d’offres restreint au ministère de la Planification (composé des employés Hervé Day, Lionel Grand Pierre et Jules Content) pour violation systématique des lois de passation de marchés ».

« La Commission recommande également que le dossier de: Mme Nonie Mathieu, ancienne présidente de la Cour des comptes et membre de ladite Cour jusqu’ici, soit transféré à la Chambre des députés en vue d’être mise en accusation pour « fautes graves commises dans l’exercice de» ses «fonctions» (approbation de contrats illégaux) ».

Par ailleurs, la Commission recommande aussi que:
« Le parquet près le tribunal de première instance, l’ULCC et la Cour supérieure des comptes diligentent des investigations approfondies sur la gestion de tous les anciens membres du conseil d’administration du BMPAD pendant la période s’étendant de janvier 2008 à septembre 2015.

 L’action publique soit mise en mouvement contre les actionnaires des firmes INFRATEC, GTC, TROPIC BUILD, NOELSAINT CONSTRUCTION, SETRAGEC, INTERLOC, BATIC GRANDANS afin de récupérer les fonds versés à ces firmes pour des travaux non exécutés.
L’ULCC approfondisse les investigations sur les firmes SOTEC, IBT, GENERALE CONSTRUCTION S.A., HADOM, ROFI, DISENOS R.N.M. pour surfacturation, violation des contrats et inéligibilité dans certains cas ».

En guise de  conclusion : un coup d’arrêt à la corruption en Haïti
« La Commission n’est pas une instance de jugement et ne dispose pas des moyens de coercition que la loi met à la disposition d’un juge d’instruction par exemple. Il reviendra donc à ce dernier de se saisir de ces dossiers et de faire ce que de droit. La Commission s’engage à soutenir le pouvoir judiciaire et à obtenir en sa faveur les moyens nécessaires et la sécurité pour les juges qui auront à connaître de ces dossiers. Les contraintes de temps, de moyens et d’effectifs ont empêché la Commission de mener des investigations plus approfondies. Elle espère que ceux qui en ont la responsabilité prendront le relais et réaliseront ce qui sera le procès qui donnera un coup d’arrêt à la corruption en Haïti ». Dans un registre plus restreint, le juge d’instruction des Cayes  et l’UCCREF indexent deux candidats proches de l’ancienne équipe au pouvoir."

4.    L’indexation de Guy Philippe (mandat d’amenée)  et de Jovenel Moïse par le rapport de l’UCCREF

Un fait troublant, pourquoi un mandat d’amenée et une indexation de Jovenel Moise au moment même du lancement de la campagne électorale relative aux élections du 9 octobre 2016? Pourquoi l’investigation des comptes de Jovenel Moise, un entrepreneur haïtien, dont le seul pêché est d’être candidat à la présidence et de poser sa candidature sous la bannière de PHTK, alors qu’il y a tellement de dossiers à investiguer au niveau des institutions étatiques? Certes c’est normal d’indexer des gens pour leurs actes et même de les punir en cas d’évidence grave. Mais, dans ces deux cas d’espèces, on a cette impression de nuisance et de l’intervention en sous-main du pouvoir en place (on se trompe peut-être). Guy Philippe est en ballotage favorable dans la Grande-Anse. Jovenel Moise a été la cible des actuels alliés du pouvoir qui ont violemment empêché la réalisation du second tour de la présidentielle du 24 Janvier 2016, alors que, selon nous, une alliance de l’opposition de l’époque derrière Jude Celestin leur aurait garanti la victoire. Ils ont tout fait pour discréditer ce monsieur et le mettre dehors du processus. Le choix même par le pouvoir en place de reprendre la présidentielle à zéro participe de la mise à l’écart de Jovenel Moise, en espérant qu’il n’allait pas se réinscrire d’autant que PHTK était farouchement opposé à cette démarche.

En toute logique, le reprise du processus au niveau présidentiel aurait dû déboucher sur un boycott du PHTK laissant le champ libre à ses adversaires de l’ancienne opposition actuellement au pouvoir. Bien avant la décision de PHTK de ne pas sortir du processus, certains membres de l’ancienne opposition commençaient déjà à accuser J. Moise, ce que je qualifiais à l’époque de « changement de stratégie» pour le mettre hors-jeu quand même (réf.http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/06/processus-electoral-reprendre-zero.html . De là maintenant à voir dans cette sortie de l’UCCREF une continuation, il n’y a qu’un pas. Le lecteur ne doit pas oublier que Guy Philipe, qui s’est quand même présenté à la juridiction de justice de Jérémie , est un allié de PHTK et un farouche opposant à LAVALAS et il fut le tombeur du Président Aristide en 2004. C’est l’homme à abattre. Les mettre hors-jeu dans la course, c’est autant de gain pour l’ancienne opposition.

Dans cette lutte pour le pouvoir par voie élective, l’ancienne opposition se présente avec trois candidats poids lourds : Jude Celestin, Jean-Charles Moise et Marise Narcisse. Avec la présence de J. Moise et alliés, il y a de forte chance qu’il gagne haut la main le premier tour et qu’il soit suivi de Jude Celestion qui a fait beaucoup d’alliances contrairement à JC Moise et M. Narcisse qui partagent le même électorat. Or donner un KO technique à J. Moise et alliés devrait en toute logique favoriser ou bien JC Moise, ou bien M Narcisse.

A mon humble avis, le momentum est mal choisi pour indexer ces deux candidats qui ont de forte chance de remporter la sénatoriale de la Grande-Anse (Guy Philippe) ou de passer au second tour de la présidentielle (J. Moise). Il aurait fallu les épingler avant. Maintenant, cela ressemble à de la manœuvre politicienne cachée sous une apparence de légalité. Il aurait été mieux de laisser tous les  candidats mener leur campagne électorale  sans interférence des institutions étatiques (Juge d’instruction des Cayes et l’UCCREF).

5.    Le lancement de la campagne électorale

Jean-Charles Moise à l’Arcahaie (la ville du Drapeau) en compagnie de la fille du Président Estimé, Jovenel Moise à Léogane, Maryse Narcise en visite à Pétionville en compagnie du Président Aristide, Jude Célestin à l’Arcahaie aussi (la ville de l’Union) comme JC Moise avant lui, c’est la fièvre électorale qui monte, c’est le lancement de la campagne électorale. Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) au four et au moulin donne cette impression de savoir exactement où il va. Le cap est donc mis vers les élections du 9 octobre 2016, lentement mais surement. A moins des contrariétés de dernières minutes comme cette décision d’augmenter les prix des produits pétroliers qui aurait pu, si elle n’était pas reportée, « coûter la présidence à Monsieur Privert » selon un gonaïvien, fin observateur de la politique haïtienne ! Le pouvoir en place devra être très prudent dans ses décisions, s’il veut vraiment aboutir à des élections inclusives (ou des élections tout cours)  le 9 octobre 2016 et éviter au pays un chaos dont il sera la principale victime, et le pays avec lui. Le pouvoir a intérêt à chercher le dialogue avec les principaux acteurs engagés dans la course électorale.

L’ENTENTE PREALABLE/L’ENTENTE OBLIGATOIRE

Le président Privert a compris la nécessité de marcher sur les traces de ses prédécesseurs (application du principe de continuité de l’Etat). Haïti, face à la menace de l’indexation des banques haïtiennes pour blanchiment d’argent et financement du terrorisme, semble faire bloc pour « éviter le pire » et prendre les dispositions qui s’imposent. La commission Sénatoriale d’éthique et d’anti-corruption indique le chemin à suivre pour combattre le fléau de la corruption, même si on la sent sélective et parfois maladroite dans la liste des noms des hauts fonctionnaires à épingler. Le pouvoir en place marque des points mais il ne doit pas trop tirer sur la corde pour ne pas donner l’impression de favoriser  un camp par rapport à un autre et exacerber la bataille des clans. La voie à suivre serait d’inciter les acteurs à s’entendre. Le Président a certes passé en force en convoquant le peuple en ses comices et en savourant le lancement de la campagne électorale, mais il n’a pas d’autre choix que de chercher cette entente préalable aux élections de 9 octobre 2016. Même en sous-main ! Sans quoi, les élections auront quand même lieu sans pour autant résoudre la crise multiforme et multidimensionnelle du pays dont la résolution passe obligatoirement par une entente entre nous. A bon entendeur, salut !

dimanche 31 juillet 2016

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PASSE EN FORCE, MAIS…


HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PASSE EN FORCE, MAIS…
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET 2016

L’assemblée nationale (AN) est encore en continuation. La dernière tentative  de reprise de cette assemblée nationale s’est une fois de plus, une fois de trop, soldée par un échec. Cette fois-ci, c’est le groupe proche de PHTK à la Chambre Basse qui a infirmé le quorum. Après cet ultime échec, la situation globale et électorale a connu une accélération :  (i)  le Président Privert a convoqué le peuple en ses comices ; (ii) les inscriptions pour le renouvellement du tiers du Sénat se sont soldées par plus  d’une centaine de postulants à travers la République pour 10 postes à pourvoir ; (iii) le Sénat a finalement confirmé Ronald LARECHE comme président tout en renouvelant son bureau avec l’élection du brouillant Sénateur BENOIT à la vice-présidence ; (iv) le Sénat a donné décharge aux Sénateurs Riché ANDRIS et Carlos LEBON, contrairement à ce qui se dit, sur la base d’un dossier de la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) ; (v) les maires élus dans le cadre des élections du 25 octobre 2015 sont  installés, (vi) l’insécurité est montée d’un cran, l’assassinat de policiers, de simples citoyens et de citoyens connus  par des gens circulant à moto; (vii) la commission sénatoriale a repris du service au niveau des médias par la voie de son président, M. Y. LATORTUE ; (viii) le gouvernement a identifié les sources nationales (55 M USD) de financement des nouvelles élections ; (ix) le ministre Yves Romain BASTIEN a fait  le dépôt du budget 2016-2017 de 121.9 Mrds HTG au Parlement, avec « 75% du budget consacré aux salaires » critique  M. Sassine de l’ADIH, même si , jusqu’à date, le Parlement ne s’est pas encore penché sur le budget rectifié de 2015-2016, et (x) la gourde a franchi le cap de 65 HTG pour 1 USD au marché parallèle, plongeant le pays dans une misère encore plus noire avec maintenant le titre du pays le plus pauvre du monde, selon une étude de Wall Street Journal basée sur des données de la Banque Mondiale, rapportée par Daly Valet (Ref. http://www.montraykreyol.org/article/haiti-classee-comme-le-pays-le-plus-pauvre-du-monde ), etc.

 La décision du Président de convoquer le peuple en ses comices a pris tout le monde au dépourvu : la communauté internationale semble accuser le coup et se range derrière cette décision (tout au moins en a pris note) sans pour autant revenir sur sa décision de ne plus financer le processus électoral ; l’opposition politique est restée sans une réaction proportionnelle ; le parlement est divisé en pour et contre, etc. Cette décision du Président Privert, même controversée, constitue  une sorte de catalyseur du processus électoral et de la situation politique en général. 

Ce passage en force rend-il inutiles les tergiversations de l’opposition parlementaire par rapport au maintien ou non du Président Privert au pouvoir, et permet-il d’aboutir aux élections du 9 Octobre 2016?

Un président légitime ou qui se veut légitime
On dirait que cette décision a sonné le glas de l’opposition parlementaire. D’un coup, on a cette impression que l’Assemblée Nationale en continuation n’est plus nécessaire si ce n’est que de confirmer M. Privert à son poste. L’élection du bureau de Sénat semble être liée à cette décision du Président Privert. D’ailleurs, le Président conteste l’adjectif de facto collé à son titre depuis le 14 Juin 2016. Lors de sa prise de parole à l’Anse à Veau pour la fête patronale de cette ville, il a catégoriquement rejeté ce qualificatif et s’estime légitime puisque issu du Parlement dont il faisait partie depuis son élection comme premier sénateur des Nippes. Tant que le Parlement ne prend pas une décision contraire par rapport à son vote   du 14 Février 2016  lui ayant permis d’accéder au pouvoir suprême, il demeure un président légitime ou qui se veut légitime. C’est sa façon à lui de justifier sa présence à cet endroit qui nous tient lieu de Palais National depuis le tremblement de terre du 12 Janvier 2010. De toute manière, ce n’est pas ce Parlement-là qui l’empêcherait d’y siéger.

Comme un coq ayant reçu « yon Kout ‘t zepon »
En effet, depuis sa décision de convoquer le peuple en ses comices, l’opposition parlementaire et l’opposition politique semblent être désorientées. On ne sait pas si ce qui se passe en Turquie avec le coup d’Etat manqué contre le président Erdogan de ce grand pays, la porte d’entrée de l’Europe à partir de l’Asie (Moyen Orient), a une quelconque influence sur la situation haïtienne. Les représailles de ce président contre les auteurs du coup d’Etat et autres institutions (l’armée, la presse, etc.) font peut-être craindre la même chose pour le Parlement Haïtien (Réf. https://web.facebook.com/daly.valet/posts/1075082679252923 ). On n’est certes pas encore là, on n’arrivera peut-être jamais à cette extrémité, mais on a cette désagréable impression que le Parlement est un peu perdu comme un coq ayant reçu « yon Kout ‘t zepon ». Le choix du parlement se résumerait, selon ma compréhension de la situation depuis cette décision, à abandonner la bataille anti-Privert et le maintenir tout simplement à son poste dans le cadre d’une assemblée nationale en continuation de façade. L’élection à la présidence du Sénat de M. LARECHE enlève à l’opposition parlementaire la présidence de l’assemblée nationale, assurée depuis l’élection de Privert au pouvoir suprême par M. CHANCY, vice-président de l’AN et membre du Parti Ayiti An Aksyon (AAA), le parti du sénateur Latortue,  en opposition ouverte au président de la République. Maintenant, M.LARECHE, proche du Président du pays, présidera désormais l’AN avec beaucoup plus de latitude pour l’orienter dans le sens de l’Exécutif.  C’est un pion important sur l’échiquier politique ; c’est un atout majeur pour l’Exécutif dans cette conjoncture politique où chacun déplace ses pions avec prudence et intelligence. Jusqu’à présent, la balance semble se pencher du côté de l’Exécutif qui en moins de trois (3) mois a pu avoir à son actif la reconstruction du pont de la route 9, à Cité Soleil, rétablissant à ce niveau la circulation entre le Sud et le Nord de la zone métropolitaine, et espérant que les gens ne vont plus arracher les boulons pour aller les revendre, vous vous en souvenez ? (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/04/haiti-un-challenge-la-hauteur-de-la.html ).

Rompre avec cette habitude « d’enquête se poursuit »
De l’autre côté,  le sénateur Latortue, qui paraissait fléchir sa position par rapport à la reprise de l’AN en continuation bien avant la décision du Président de convoquer le peuple en ses comices, semble recentrer sa stratégie sur la commission sénatoriale d’éthique et anti-corruption en occupant l’espace médiatique, portant des estocades aux uns et aux autres avec le souci de paraitre comme l’homme qui veut rompre avec cette habitude « d’enquête se poursuit ». En ce mois de Juillet 2016, certaines personnalités comme Salim Soukar, ancien directeur de Cabinet du Premier Ministre Lamothe, Jean Max Bellerive, ancien Premier Ministre/ Ministre de la planification, actuel Directeur de Cabinet du Président d’Haïti, sont cités comme des personnalités qui auraient bénéficié des pots de vin dans le cadre des contrats liés à PETROCARIBE et autres. Ce qui les a poussés à se défendre du bec et des ongles au niveau des médias, essayant de rétablir la vérité, leur vérité. C’est leur droit le plus entier. Les explications fournies par ces messieurs, surtout JM Bellerive à Radio Vision 2000, vont à l’encontre de ce qui se trouverait dans les dossiers de la commission sénatoriale. Il estime que cet acharnement s’apparenterait à une tentative de salir l’image de quelqu’un qui a plutôt bien servi son pays. En tout cas, aux dernières nouvelles, la commission semble vouloir s’attaquer à de plus gros morceaux encore. Attendons voir.

Entre temps, le processus électoral suit son petit bonhomme de chemin. Les fonds pour l’organisation des élections sont disponibles, tout moins le ministre des finances sait exactement où les trouver, la Douane, la Banque nationale de crédit, les moulins d’Haïti, etc. Toutefois, le grand public pense que les coûts de 55 M USD sont trop élevés et pas assez détaillés. Le Conseil Electoral (CEP), qui a invité quelques cadres de son homologue dominicain, continue son travail d’épuration de l’appareil électoral. Il a révoqué le président du bureau électoral départemental (BED) de l’Artibonite, M. St Hilien et fourni hebdomadairement des informations sur l’avancement du processus. A ce rythme, il est fort probable qu’ils arriveront à organiser les élections en Octobre 2016 comme programmé. Pour cela, il faudra que le gouvernement arrive à bien exécuter sa part de contrat, le financement du processus, le contrôle de la question sécuritaire, l’apaisement social, la recherche d’une forme d’entente politique entre haïtiens, etc.

Il faut s’entendre, c’est la planche de salut pour Haïti!

Cette entente politique est, à mon humble avis, un préalable à l’organisation de bonnes et inclusives élections sans trop de heurt et de casse en octobre 2016. Le Sénateur Benoit incite le Président de la République à rencontrer tout le monde, Jean Bertrand Aristide, René Préval, Michel Martelly, les partis politiques, la société civile, le secteur privé. C’est un impératif si le Président voudra vraiment organiser de bonnes et inclusives élections. La perception c’est que le pouvoir actuel travaille pour l’ancienne opposition à Martelly. Un ministre avait même déclaré que c’est légitime qu’il occupe une fonction ministérielle pour avoir combattu Martelly. Son poste de ministre est donc son butin de guerre. Ce genre de discours m’a personnellement dérangé. Faire opposition systématique à un pouvoir élu, contrarier tous ses plans sans tenir compte si c’est bon ou mauvais pour le pays, le pousser dans ses derniers retranchements par des manifestations violentes, négocier la fin de son mandat et assauter  le pouvoir sans passer par la voie élective, ce n’est pas une bonne stratégie à appliquer dans un système démocratique. Et personne ne me fera avaler ça comme mode opératoire en démocratie. De là à croire que le pouvoir en place est tout acquis à la cause de cette ancienne opposition, il n’y a qu’un pas. Le grand public et les observateurs avertis ont vite fait de le franchir.  Peut-on espérer des élections honnêtes avec un pouvoir partisan ou perçu comme tel ? Ce qu’on avait reproché à Martelly. On le reprochera à Privert s’il ne se décide pas à chercher une entente avec l’actuelle opposition, en particulier avec l’équipe Martelly et consorts (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/07/haiti-le-president-privert-peut-nous.html ). Le passage en force opéré par le président peut déboucher sur des élections, mais ne résoudra pas la crise de manière définitive sinon la différer à nouveau, nous en sommes certains. Alors passer en force, oui, mais il faut s’entendre, c’est la planche de salut pour Haïti. 

samedi 2 juillet 2016

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PEUT NOUS SORTIR DE CET IMBROGLIO

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PEUT NOUS SORTIR DE CET IMBROGLIO
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 JUIN 2016


Le 14 Juin 2016, comme le 14 Mai, n’a pas vu partir le Président Privert qui a remis son sort entre les mains du Parlement selon l’article 7 de l’accord du 6 Février 2016. Le Parlement s’est réuni difficilement en Assemblée Nationale, mais n’a su et pu arrêter une décision sur le sort du Président qui est devenu depuis cette date un « président de facto ». La raison évoquée, la majorité et la minorité n’ont pas su s’entendre sur la simple question de vote séparé ou non de la feuille de route et de la prorogation du mandat du Président Privert. Ce qui a conduit à la mise en continuation de la séance en Assemblée Nationale. Est-ce la seule explication à cette mise en continuation de l’Assemblée Nationale (AN)? Il faut aller chercher ailleurs la vraie explication à ce désaccord entre pouvoir et opposition. D’ailleurs, la lettre de la minorité au Sénat à l'officiel panaméen, Roberto Zuniga BRID, pour dénoncer la présence du Président Privert parmi ses pairs à l’inauguration de l'extension du canal de Panama préludait déjà ce qui allait se passer à cette séance en assemblée nationale, mainte fois convoquée et renvoyée.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes circonstances
L’actuel groupe minoritaire au Senat pro martelliste (Latortue, Cantave, Foucand, Jacques Sauveur Jean, Onondieu Louis, Zenny), agit comme le G6 (Moïse, Bien-Aimé, Polycarpe, Exius, John Joel Joseph, Jeanty ( ?) ), le groupe minoritaire, qui, sous l’administration Martelly, bloquait toutes les initiatives gouvernementales, en particulier le processus électoral, en infirmant le quorum, en s’absentant du parlement pour ne pas voter la loi électorale amendée (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/03/haiti-le-dialogue-inter-haitien-lunion.html ).
Ce groupe à l’époque était qualifié d’extrémiste, de jusqu’au boutiste, de radical ainsi que ses alliés politiques (LAVALAS, le MOPOD), opposants farouches à Martelly. Voici ce que j’avais écrit au sujet du G6, le 31 Aout 2014: « En dépit de la mise en place  de ce CEP « acceptable » réclamé par la plupart des acteurs politiques, le Sénat n’a pas encore voté, plus de 158 jours depuis son vote par la Chambre Basse, la loi électorale amendée. La grande majorité des haïtiens y inclus certains anti-Martelly, attendent impatiemment  ce vote. A chaque fois, le Groupe des six Sénateurs radicaux (G6), qui réclame l’application de l’article 289 pour la mise en place d’un CEP constitutionnel, infirme le quorum pour empêcher ce vote" (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/08/haiti-imbroglio-politique-desras.html .
Baton ki bat chien blan se li ki bat chien nwa. Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes circonstances. C’est ce que pensent nos politiciens de l’actuelle opposition, proche de Martelly. C’est l’explication à leur comportement. C’est notre perception de l’actuelle opposition. C’est le groupe minoritaire au Senat et ses alliés politiques, opposants farouches à Privert, qui veulent à tout prix le capoter. Le groupe minoritaire actuel du Senat se comporte de la même manière que le G6, il bloque la prolongation du mandat du Président Privert en infirmant le quorum. Eux qui taxaient de radical le G6 par rapport au boycott de l’administration Martelly, au refus de voter la loi électorale amendée, à la velléité de pousser Martelly à la démission, font  la même chose que le G6, pousser le Président, J. Privert à l’abandon de son poste de président provisoire, même si le groupe minoritaire actuel dispose de « quatre (4) ministres au sein du gouvernement actuel et en veut quatre (4) autres », selon le Sénateur Bien-Aimé. Ce qu’a catégoriquement nié le Sénateur Latortue. En tout cas, le Sénateur Bien-Aimé crie fort à ceux qui veulent l’entendre et persiste dans sa vérité. Il qualifie de tous les adjectifs l’actuel groupe minoritaire du Sénat présidé par le Sénateur Jacques Sauveur Jean, le rend responsable de tous nos malheurs actuels et l’accuse avec PHTK d’être à la base des actes de banditisme et de terrorisme enregistrés au pays ces derniers temps.

Or, en politique l’évidence n’est pas forcément la vérité
A la faveur de cette crise politique sans fin, et malgré les intermèdes footballistiques, Copa America Centenario remporté aux tirs au but par le Chili au détriment de l’Argentine, la Coupe d’Europe au stade de quart de finale, les forces rétrogrades ont repris du service. Les bandits passent à l’attaque, le vol, le viol, le kidnapping, la raquette ; le terrorisme aussi : l’attaque contre les grandes entreprises étrangères et nationales, notamment l’hôtel Marriott, la Digicel, la Natcom, Bermahn Motors, Automeca, la Sogebank à Delmas 30; un mois plus tôt l’attaque du commissariat des Cayes, l’incendie des pompes à essence. Pour les partisans du pouvoir en place, c’est l’opposition politique qui opère à travers ses sbires. C’est tellement évident que dans de telles circonstances l’accusée devrait être automatiquement l’opposition. Et certains alliés du pouvoir, et non des moindres, ont vite fait d’accuser PHTK et alliés. Et le commun des mortels a tendance à sauter sur ces genres de conclusions trop évidentes à mon goût. Or, en politique, l’évidence n’est pas forcément la vérité. Qui est-ce qui veut entretenir  cette division entre nous ? Qui en a intérêt ? A qui profite le crime ? En tout cas, cette radicalisation de la situation politique qui favorise les actes de banditisme et de terrorisme pourrait être exploitée par les ennemis du pays pour nous enfoncer davantage, et, plus grave encore, pourrait attirer le terrorisme international dans le back yard américain pour mieux frapper « le Grand Satan » comme il  le fait déjà en Europe (France, Belgique, Turquie). Ce que ne comprennent pas nos politiciens qui s’accusent mutuellement sans une analyse approfondie et au second degré de ces actes apparemment sans liens.

Essayer de « Vivre ensemble »
Alors qu’en réalité, il aurait fallu d’abord penser pays des deux côtés au lieu de penser clans. Ce qui est en train de se passer je l’avais déjà prévu à la fin de mon bilan 2014-2015 sur Haïti, où j’avais fait un certain nombre de recommandations pour sortir de la crise ou, tout au moins, pour essayer de « vivre ensemble ».
Lisez plutôt : « Ces recommandations n’auraient de sens que dans le cas d’une entente entre Haïtiens pour Haïti. Dans le cas d’un déchoucage du clan de Martelly (« opération Boukina Faso »), le clan de l’opposition radicale jubilerait et aurait tout gagné sans aller aux élections. Mais il aurait toutes les difficultés du monde à (i) mettre en place un Gouvernement qui n’aurait d’autre choix que  de « diriger par décret », (ii) maintenir une trajectoire positive de la croissance économique et (iii) surtout organiser les élections inclusives à tous les niveaux en 2015 à moins d’un miracle. Haïti retombera tôt ou tard dans la même crise sous une forme ou une autre avec cette fois-ci le clan Martelly en face, n’est-ce pas le cas actuellement de Lavalas en souvenir de 2004 ? Alors pourquoi ne pas s’entendre maintenant avec un Martelly affaibli pour une Haïti forte et unie? Au lieu d’hériter  d’une Haïti faible, désunie et susceptible de retomber dans les mêmes antagonismes dans un avenir pas trop lointain ? Elections avec ou sans Martelly ? La balle est dans le camp du MOPOD et alliés » (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/12/haiti-bilan-2014-perspectives-2015-du.html ).

Se démarquer du lot pour proposer…un accord politique, la voie proposée et indiquée aux décideurs politiques
A cette phase de radicalisation de la crise comme aujourd’hui qui a des répercussions sur la situation économique du pays (inflation et taux de change à la hausse, budget rectifié non voté, non élaboration du nouveau budget au mois de Juin 2016, le Sénateur Privert avait su, face à une situation similaire en Novembre 2014, se démarquer du lot pour proposer.
Lisez avec attention ce que j’avais écrit  à l’époque  à propos de la prise de position du Sénateur Privert :
« Face à cette radicalisation politique, notre ami, le Sénateur Privert, propose une sorte de sortie de crise même s’il s’en défend : « Face à cet imbroglio politique et l’imminence du vide institutionnel qui s’annonce à partir du deuxième lundi de janvier 2015, seul un accord politique, avec les partis et regroupements politiques de l’opposition et sous l’œil vigilent des secteurs organisés de la société, est capable d’éviter au pays de sombrer dans l’inconstitutionnalité, l’incertitude et le chaos avec toutes ses conséquences pour les acquis démocratiques, la stabilité politique, la croissance économique et la paix sociale ». Le Sénateur s’est servi de l’expérience de M. Préval en 2010 tout de suite après le tremblement de terre, pour faire la proposition d’éviter le vide institutionnel. Dans cette proposition axée en grande partie sur la Constitution, on sent l’Homme d’Etat qui veut à tout prix éviter le chaos. Mais, du côté du G6 au Parlement, du G6+ partis politiques de l’opposition radicale, voient-ils les choses de la même manière ? De plus, M. Préval avait la majorité au Parlement donc il pouvait compter sur le Parlement, ce qui n’est pas le cas pour M. Martelly. De toute manière, pour éviter le vide institutionnel et… le chaos, aucun sacrifice ne devrait répugner les vrais Hommes d’Etat. Il a conclu sa proposition ainsi : « Ce n’est pas une proposition de sortie de crise. C’est uniquement la voie proposée et indiquée aux décideurs politiques pour éviter, au pays, ce vide institutionnel et évacuer le spectre grimaçant de l’instabilité et du chaos qui se profile à l’horizon ». Port-au-Prince, le 20 novembre 2014 ». (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/11/haiti-se-conjugue-en-tion-une-lueur.html ).

Sortez nous de cet imbroglio, Monsieur Le Président !

Qu’est-ce qui empêche à notre ami et condisciple, une fois au pouvoir, de se souvenir de cette magnifique proposition  pour sortir le pays de l’imbroglio actuel ? Est-ce que, comme disait souvent mon papa, « l’homme aux abords du pouvoir n’est pas l’homme au pouvoir » ? En tant que Président Provisoire, mon ami a-t-il oublié son profil de sénateur « homme d’Etat » ? Ou encore n’a-t-il-pas le temps de se relire ? Ou est-il tout simplement sous l’influence des groupes et des clans politiques qui l’empêchent de penser pays ? Mon ami, on est en pleine « instabilité…, le chaos se profile à l’horizon ». Mon cher Président, ne me dites pas que vous ne pouvez pas choisir cette « voie proposée et indiquée aux décideurs politiques » au plus fort de la crise. Cessez de projeter l’image d’un président trop liée à l’ancienne opposition à Martelly, trouvez un accord politique ou , tout au moins, une entente avec votre « ami » Martelly et alliés (Evans Paul, Latortue) pour et au nom du pays, et passer des instructions au CEP pour introduire le vote électronique dans le processus électoral, en demandant aux pays comme le Brésil, le Venezuela de nous aider (ils en ont l’expertise) ; et pourquoi pas la République Dominicaine toute proche ? Pour répéter Ricardo Seitenfus, il ne s’agit en fin de compte que de 13,000 bureaux de vote à équiper d’appareils électroniques (une bagatelle pour un pays comme le Brésil). Cette décision réduirait les possibilités de fraudes et donnerait plus de confiance aux 27 candidats qui ont reconfirmé leur candidature à la présidence, dont Jovenel Moïse du PHTK, ainsi que les candidats pour le renouvellement du tiers du Sénat au processus électoral. Rappelons que le vote électronique est une des recommandations de la Commission Indépendante d’Évaluation et de Vérification Electorale (CIEVE). Alors faites cet accord politique ou cette entente et sortez nous de cet imbroglio, Mr Le Président ! C’est votre responsabilité de  Président et d’Homme d’Etat.

jeudi 2 juin 2016

PROCESSUS ELECTORAL A REPRENDRE A ZERO, CHAOS OU REVOLUTION TRANQUILLE EN HAITI ?



PROCESSUS ELECTORAL  A REPRENDRE A ZERO, CHAOS OU  REVOLUTION TRANQUILLE EN HAITI ?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

1er JUIN 2016, revu et corrigé le 4 juin 2016


Le 14 Mai 2016 n’a pas vu partir le Président Privert (départ différé au 14 Juin 2016 ? selon PHTK et alliés) ; seulement des palabres et une manifestation de PHTK, le parti de l’ex-Président Martelly, soldée par des jets de pierres sur Radio Caraïbes. Entre temps, la Commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale (CIEVE)  a continué avec ses travaux jusqu’au verdict du 30 Mai 2016 au Palais National : Il faut reprendre à zéro le processus électoral, tout au moins au niveau présidentiel. En principe, ce résultat surprenant est loin de faire l’unanimité et pourrait exacerber la crise. C’est à se demander qu’en dépit de tout, est-il possible de conduire une révolution tranquille en Haïti en lieu et place du chaos annoncé résultant, entre autres, du verdict de la commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale? Avant de répondre à cette interrogation, passons en revue comme d’habitude les faits saillants du mois, faisons un clin d’œil à la situation économique du pays, déduisons les conséquences possibles du verdict de la ClEVE et terminons sur la nécessité d’une révolution tranquille (?).

Faits saillants du mois de mai 2016

La Commission d’éthique et d’anti-corruption du Sénat continue minutieusement ses travaux en relation avec les fonds PETROCARIBE. Le 16 mai 2016, le  Commissariat des Cayes est attaqué par des gens déguisés en militaires avec à la clé des blessés et des morts (un policier sur place et les assaillants quelques heures plus tard par la chute de leur véhicule dans un ravin en direction de Jérémie), et Guy Philippe, le tombeur de l’ex-Président Aristide en 2004 et actuel candidat au Sénat en ballotage favorable pour le second tour dans la Grande-Anse, est accusé et convoqué (mandat) sans succès au parquet de Jérémie. Le budget 2015-2016 est rectifié à la baisse et n’est pas encore ratifié par le Parlement à cause des négociations sur les fonds communaux (10 M HTG/Commune). Pourtant, des nominations de secrétaires d’Etat sont enregistrées dans l’administration publique. L’inflation est passée à 15.3% en avril 2016 et la gourde autour de 63 gourdes pour 1 dollar américain. Le salaire minimum est revu à la hausse (175 HTG - 350 HTG). Les pluies provoquent des inondations un peu partout dans le pays, en particulier à Léogane, avec des dégâts matériels et des morts. Le banditisme aussi fait des morts et des blessés parmi la population et la police. Heureusement, le 18 Mai, fête du drapeau et de l’université, grandiosement commémoré à travers le pays, en particulier à l’Arcahaie où le Président Privert a annoncé qu’une équipe du Palais National va travailler à la préparation du dialogue national, démontre la ferveur de la jeunesse haïtienne pour le drapeau. Il en a été de même pour l’événement annuel « Livres en folies » avec ses près de 200 auteurs, leurs 1500 titres et plus,  et les dizaines de milliers de visiteurs et d’acheteurs. Face à une telle situation, que faire? Une révolution tranquille à la manière du Canada? Avant d’y arriver, regardons ensemble la situation économique et la situation politique suite aux résultats de la CIEVE.

Loin d’une révolution de croissance telle que souhaitée

En mai 2011, après la prise de pouvoir par Martelly le 14 mai de cette même année, j’avais écrit, « Haïti, nécessité d’une révolution de croissance économique » (réf : http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html ). Cinq (5) ans plus tard, il n’en est rien. Le PIB/hab. est actuellement à 800 USD selon Kesner Pharel du Group Croissance. Trop faible pour changer la donne économique. Entre temps, la situation sur le plan démographique, environnemental, socio-économique et politique demeure intacte, pour ne pas dire s’empire. Si la croissance du PIB a été au rendez-vous (3.44% en moyenne de 2011 à 2015), elle est loin d’une révolution de croissance telle que souhaitée. La situation politique caractérisée par une exacerbation de la bataille des clans nous plonge de plus en plus dans ce chaos annoncé mais heureusement différé à chaque fois et nous fait ignorer notre situation économique, mis à part certains spécialistes et des fouineurs comme moi. On dirait que nos politiciens, toutes tendances confondues si toutefois il y a tendances, se fichent pas mal de la dégradation générale du pays et de ses conséquences sur notre vie de peuple. La prise du pouvoir pour le pouvoir (ôte-toi que je m’y mette) pour occuper l’espace laissé par l’autre sans objectifs, ni stratégies, ni efforts, ni résultats orientés vers le développement du pays, semble être leur seule motivation. De gouvernement en gouvernement, on s’accuse de corruption et Haïti, pays riche en ressources naturelles et minières, périclite en queue du classement mondial et en tout, sauf dans la liberté d’expression : nous avons la diarrhée verbale et rien d’autre, surtout en politique. La situation politique s’envenime à l’approche du 14 juin 2016, date de fin de mandat du Président Privert selon l’accord politique du 6 Février 2016.

Au niveau de la présidentielle le processus à reprendre à zéro 

Le rapport de la CIEVE est un document très sérieux de 107 pages y incluses les annexes. Il a diagnostiqué sans complaisance le processus électoral de 2015 et a fait des recommandations pour reprendre le processus à zéro (réf. http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/159395/Rapport-de-la-Commission-independante-devaluation-et-de-verification-electorale).  Le travail technique de cette commission n’a pas pu débaucher sur  un reclassement objectif des candidats à la présidence ni d’établir des fraudes caractéristiques pour un seul candidat comme le claironnait l’opposition à Martelly. Le rapport a établi la vérité des votes, a épinglé les partis politiques et les mandataires, les observateurs électoraux qui ont gangréné la machine électorale, avec souvent la complicité des membres des bureaux de votes. Ce rapport nécessite une lecture approfondie de chaque haïtien susceptible de le faire. Il ne faut pas se laisser intoxiquer par les politiciens et même par des journalistes qui ne se sont pas donné la peine de  bien lire ce rapport avant d’en parler. C’est un rapport qui nous met en face de nous même.
Lisez avec attention la principale recommandation du rapport de la CIEVE: « Vu que le CEP a distribué des cartes d’accréditation « en blanc » aux partis politiques pour être utilisées par n’importe quels mandataires, que le CEP n’a pas gardé un registre de ces cartes d’accréditation aux fins de vérification et /ou d’audits, que ces cartes d’accréditation pouvaient être transférées entre partis politiques sans aucun contrôle et/ou autorisation du CEP, vu le nombre important d’outils sensibles non retrouvés, les variances non justifiées entre les différents outils, la proportion de votes irretraçables, la proportion de fausses CIN enregistrées, et la proportion de dossiers incomplets, l’analyse des résultats montre que les élections présidentielles étaient entachées d’irrégularités, de négligences, de fautes professionnelles graves et / ou de fraudes ». A la lecture de cette recommandation, on comprend, pleinement maintenant et après coup, le sens de la petite phase de François Benoit, le président de la CIEVE, qui découle de cette recommandation et qui a fait la une de tous les médias. En effet, la CIEVE par l’organe de son président, François Benoit, « recommande que, tout au moins, au niveau de la présidentielle le processus soit repris à zéro ».
Ce n’est pas tout à fait la même chose que dit le rapport qui, à mon humble avis, remet tout le processus en question. Il ne faut pas oublier que les élections (parlementaires 2e tour, municipales, et présidentielles 1er tour) ont eu lieu en même temps. Le verdict pour la présidentielle est valable pour l’ensemble du processus électoral. Toutefois, si on remet en question les élections parlementaires, la présidence de Privert, qui trouve sa légitimité dans le Parlement, pourrait être remise en question. Déjà des voix s’élèvent pour demander son départ pour le 14 Juin 2016, alors que lui voit son départ en 2017 lors de l’installation du nouveau président issu des urnes dans de nouvelles élections à organiser par le nouveau CEP dont le mandat vient d’être illégalement élargi. C’est donc une situation assez compliquée et très complexe qui pourrait déboucher sur ce chaos heureusement et intelligemment toujours différé.
On est donc retourné  à la case départ. Par cette recommandation, la CIEVE a pratiquement accusé tout le monde, ou, tout au moins, nous met face à notre miroir pour paraphraser Le Nouvelliste. Selon la commission, le système étant « gangréné » avec la présence des représentants des partis politiques, tout le processus a été entaché d’irrégularités et de fraudes commises par ces représentants de partis politiques avec la complicité de certains membres de la machine électorale. Donc il ne sera plus question d’avoir les représentants des partis politiques comme membres des Centres de vote et/ou de Bureaux de vote. Quand on regarde l'ensemble des recommandations de la CIEVE, elles sont très spécifiques pour redonner confiance au processus et nécessiteront du temps pour être mises en application. 

Le Président Privert a remis le rapport au CEP pour application et a demandé aux partis politiques de respecter les recommandations du rapport. Seront-ils d’accord avec le Président, en tout cas pas le PHTK qui n’a jamais reconnu cette commission, d’autant que le principal perdant de ce verdict reste son candidat à la présidence, Jovenel Moïse, qui est l’objet d’un changement de stratégie par la faune d’en face.

Changement de stratégie par rapport à Jovenel Moïse

De toute manière, bien avant les résultats de la CIEVE, l’opposition à Martelly avait déjà réorienté sa stratégie anti Jovenel Moïse. Ils ont pu accéder à un certain nombre de « contrats bidons »  pour  démontrer que J. Moïse a bénéficié malhonnêtement  de l’argent de l’Etat, donc l’éliminer plus tard pour corruption. C’est le changement de stratégie par rapport à Jovenel et PHTK amorcé depuis deux semaines avant la remise du rapport de la Commission. Avec la mise en détention provisoire (illégale selon le Sénateur Sénatus, ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince) d’Eustache Saint-Lot, l’ancien directeur de BMPAD, qui assure la gestion des fonds de PETROCARIBE, le mandat contre Guy Philippe, la menace de recourir à INTERPOL pour faire revenir Roro Nelson en Haïti, des mesures d’interdiction  de départ contre deux anciens premiers ministres de Martelly, Lamothe et Paul,  contre les membres de l’ancien CEP réputés proches de l’administration Martelly (annulées aux dernières nouvelles suite à la sortie de l'ex-Premier Ministre E. PAUL accompagné de ses ministres pour aller vérifier à la Direction de l'immigration si oui ou non il y a eu interdiction), on a cette impression, cette sensation même  que le Pouvoir en place semble vouloir, à travers ses commissaires du gouvernement, en particulier, Danton Léger, passer à une autre phase. A-t-il les moyens de sa politique? Les propos de Privert à son depart pour Cuba et la lettre du PM E. JEAN-CHARLES désapprouvent les mesures prises par Danton Léger, qui est d'ailleurs l'objet d'une convocation en justice de la part d'Evans Paul.

En tout cas, désapprouvé au pas, il envoie des signaux assez forts pour inquiéter PHTK et le forcer à abandonner la scène politique. Si le Commissaire Danton Léger arrive à effrayer suffisamment les proches de Martelly, obtiendra-t-il leur réduction sans résistance ? Rien ne le présage. Tout au moins pas Michel Martelly dont Sweet Micky a refait surface en force au cours de cette deuxième moitié du mois de mai 2016 tant en Haïti qu’à l’étranger, en se déhanchant sur la scène et en inventant de nouvelles musiques et danses. Alors, à quoi faudra-t-il s’attendre? A une réplique en bonne et due forme de l’équipe d’en face ou à une forme d'entente entre nous vers une révolution tranquille ?

Nécessité d’une révolution tranquille ?

Il est clair que le rapport de la CIEVE a l’aval de l’administration Privert pour des raisons évidentes. Et le G8 et le G30 se retrouveraient dans la reprise totale du processus au niveau présidentiel. Très certainement pas Jovenel Moïse, le premier classé selon le CEP  présidé par Pierre Louis Opont. La bataille pour le pouvoir au niveau présidentiel est donc relancée avec son lot de surprises. Le PHTK menacé de toutes parts devrait en principe réagir pour essayer d’évincer Privert du pouvoir le 14 Juin 2016 ou après à la manière de l’ancienne opposition, actuelle alliée de l'administration en place, qui a combattu avec acharnement et violences l’administration Martelly. Les parlementaires proches de PHTK ne devraient pas non plus accepter ce verdict de la CIEVE à cœur joie, à moins des négociations en sous-main. L’ambition du Président Privert de ne remettre le pouvoir qu’en 2017 s’affiche clairement maintenant. Il l’a dit d’ailleurs lors de sa prise parole à cette cérémonie de remise de rapport de la CIEVE. Par rapport à ce tableau plutôt sombre, ce chaos qui se précise, y-aurait-il une autre alternative que ce spectre de guerre civile, le prétexte tout indiqué pour une intervention de très longue durée de la communauté internationale et peut-être américaine, cette fois-ci non déguisée? Une révolution tranquille à la manière du Canada ferait l’affaire. Comment s’y prendre pour mener à bien cette révolution tranquille? En laissant de côté nos intérêts mesquins de clans, en pensant Haïti d’abord et avant tout, en s’asseyant ensemble pour dialoguer sur la vision, les objectifs et les stratégies  de cette Haïti que nous voulons. Tout le monde, à part quelques rares énergumènes, sait qu’il n’y a pas d’autre solution que le dialogue, la grande concertation nationale sans exclusive ; c’est la seule porte de sortie pour Haïti. A moins qu’on préfère le chaos et son lot de surprises désagréables et d’incertitudes.

Chaos ou révolution tranquille ?

La menace du chaos, de guerre civile suivie d’une occupation de longue durée de notre pays, suffit-elle à nous pousser vers cette révolution tranquille (ref. https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_tranquille ) à amorcer après la grande concertation nationale (dialogue national) entre nous? Nous les nains, si nous possédions ne serait-ce qu’un tout petit morceau de gêne de nos héros forgeurs de patrie, il nous serait possible d’hériter de leur grandeur d’âme, ou tout au moins de quelque chose qui lui ressemble. Alors chaos ou révolution tranquille? La balle est principalement dans le camp de nos politiciens. Qu’ils donnent pour une fois le signal de la grande entente nationale, de cette révolution tranquille !!! En attendant, concentrons-nous sur la 100e édition de la COPA AMERICA qui a lieu aux USA du 3 au 26 Juin avec la participation historique d'Haiti. Une bonne chose pour nous sortir momentanément de cette grisaillerie politique!

samedi 30 avril 2016

HAITI, UN CHALLENGE A LA HAUTEUR DE LA VISION DE NOS PERES FONDATEURS ?


HAITI, UN CHALLENGE A LA HAUTEUR DE LA VISION DE NOS PERES FONDATEURS ?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 AVRIL 2016

Après l’investiture et l’installation du gouvernement Enex JEAN-CHARLES, qui, en d’autres circonstances,  aurait été perçu comme un gouvernement idéal, il a a été plutôt accueilli avec indifférence. Toutefois, avec  la présence des personnalité comme Marcus Garcia, un journaliste de renom et homme de culture à la Culture et Communication, Evelt Evéillard, qui a eu une longue carrière au ministère des Travaux Publics,  Guito Laurore, un cadre du ministère de l’agriculture, promu ministre, Yves Batien, un ingénieur civil  et  économiste de renom, au ministère de l’économie et des finances, pour ne pas les citer, on peut qualifier sans ambages ce gouvernement de consensus. Personne n’aurait à redire par rapport à ces personnalités dans n’importe quel gouvernement issu d’élections ou pas. Il en a été de même pour la mise en place du nouveau CEP provisoire et  le choix des Directeurs généraux. Mais, là où le bât blesse, c’est la nomination de Danton Léger au poste de commissaire de gouvernement de Port-au-Prince, un opposant farouche à Martelly, qui a annoncé la couleur dès sa prise de fonction, interdiction de départ, convocation des hauts responsables de l’Etat sous l’administration Martelly. L’accouchement  de la commission parlementaire d’éthique et d’anti-corruption présidée par le Sénateur Youri Latortue, proche de Martelly, est vite perçue comme une sorte de réaction  d’autoprotection de l’équipe d’en face et naturellement rejetée par le groupe majoritaire au Sénat, proche du Président Privert, et la lettre ouverte de Martelly à ce dernier l’accusant, entre autres,  de « démartellisation » marque la rupture entre les deux principaux protagonistes de l’Accord du 6 Février. Enfin,  c’est l’installation de la commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale, «  une commission d’élimination de Jovenel MOISE », selon le célèbre historien et écrivain haïtien, Michel Soukar (réf. Le point de Radio Métropole du 26 Avril 2016), une sorte de compromis, selon moi, entre la commission prévue par l’Accord  et celle exigée par l’ancienne opposition politique à Martelly et certains secteurs de la société civile. Deux  camps donc  prêts à en découdre, soit disant pour Haïti, discours oblige, mais, en réalité, qui se fichent du sort  de notre Mère Patrie  dont tous les indicateurs sont au rouge. C’est dans cette atmosphère politique de suspicion, de méfiance et d’inquiétude qu’évolue Haïti Chérie durant ce mois d’Avril 2016. Alors faut-il composer pour sauver ce qui peut l’être encore ou aller vers le chaos et ses conséquences néfastes? 
Avant de répondre à ce double questionnement, passons en revue les autres faits saillants du mois, jetons une lumière sur leurs influences, pour la plupart, plutôt  négatives par rapport à la situation actuelle du pays, proposons des pistes pour cet impossible dialogue entre nous et terminons sur des conclusions appropriées.

A.     ANALYSE D’AUTRES FAITS SAILLANTS DU MOIS D’AVRIL 2016
L’ingérence de la communauté internationale
Les faits saillants synthétisés à l’introduction de cet article auraient suffi pour une analyse approfondie de la situation haïtienne sur le plan politique ; malheureusement d’autres faits saillant sont venus assombrir le tableau. L’ingérence ouverte de la communauté internationale qui avait mis une certaine sourdine après la prise de pouvoir de M. Privert. On en prend pour preuves les déclarations de John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, de Kennet Merten, de l’ambassadeur américain, les visites en Haïti des représentants de cette communauté, OEA, USA. Il faut noter aussi les diverses rencontres des représentants de la communauté avec le Président Privert, avec le Parlement, leur position anti-commission, leur insistance pour l’organisation sans délai du second tour de la présidentielle, la convergence de vues de cette communauté par rapport aux pro-martellistes. Ce qui rend suspicieuses aux yeux des pro-Privert comme le Sénateur Bien-Aimé, toutes réflexions, déclarations et actions de la Communauté internationale. C’est l’effet inverse chez les pro-Martellistes.
Le voyage du Président Privert aux Nations Unies, perception et réalité
Et puis, brusquement, il est annoncé le voyage du Président Provisoire J. Privert aux Nations Unies pour la signature de la COP21 à New York par les chefs d’Etat et de Gouvernement en l’absence des Chefs d’Etat des deux plus grands pollueurs, le Président de la Chine qui a délégué son Vice premier Ministre et le Président Obama en déplacement à Londres pour le 90e anniversaire de la Reine Elizabeth, il a délégué, son secrétaire d’Etat, John Kerry. Il faut signaler que ce voyage, prévu depuis le Sommet de Paris Décembre 2015 (B. Ethéart réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2016/04/signature-de-laccord-de-paris.html  ), est perçu comme une convocation par le grand frère américain pour rappeler à l’ordre le Président Privert. Suite à la sortie du Secrétaire d’Etat américain vis-à-vis des « soit disant leaders haïtiens » qui mettent à rude épreuve la patience des USA et de ses alliés de la communauté internationale,  à celle de Kennett Merten, le responsable du dossier Haïti au département d’Etat américain, à la rencontre du CORE GROUP avec la Président Provisoire,  aux visites de certains  ambassadeurs du Core Group , Américain, allemand  pour ne citer que  ceux-là au Parlement haïtien, au positionnement anti-commission de vérification  de la Communauté internationale, la déduction est vite faite d’assimiler le voyage de Privert aux USA à une convocation. Pourtant, il n’en était rien.
Les manifestions de rue de PHTK
Entre temps, le Parti du Président Martelly met la pression. Les manifestations non violentes  de rue de la PHTK, dont celle du 24 Avril 2016, mais nuisibles pour la circulation, augurent des lendemains préoccupants, d’autant que des voix s’élèvent réclamant le départ du Président provisoire, le 14 mai prochain. Selon Jean Mona Metellus, on a enregistré des casses lors des manifestations de PHTK aboutissant au Parlement, une voiture de Caraïbes FM a subi des dommages. C’est encore préoccupant, si PHTK tombe aussi dans l’utilisation de la violence. Le parti de l’Ex-Président Martelly réclame le respect de l’accord signé le samedi 6 Février 2016, l’organisation du second tour des élections tel que prévu par l’ancien CEP, le rejet de la commission de vérification et le départ du Président Privert pour avoir violé l’accord et qui serait  en train de manœuvrer pour se perpétuer au pouvoir. La sortie du Coordonnateur de LAPEH, l’ex-Sénateur Jean Hector Anacacis, qui menacerait de rejoindre PHTK dans la rue, le Sénateur Riché ANDRIS qui va déjà de sa proposition pour remplacer Privert après le 14 Mai, les voix qui s’élèvent pour un nouvel accord, autant d’indices qui traduisent un malaise. Un malaise sérieux, somme toute !
La fissure dans le mur du G8 provoquée par la commission de vérification
De plus, il y a l’annonce par le Leader de Pitit Dessalines, Jean-Charles Moïse, que son groupe investirait la rue très prochainement (menace à peine voilée contre PHTK) pour  exiger la mise en place de la Commission de vérification sans ajouter, cette fois-ci, à l’avance, les résultats de la commission, en insinuant seulement  qu’il serait au second tour des élections. Par déduction, il faudrait conclure la mise à pied de Jovenel Moïse et/ou de Jude Célestin. Et puis, il y a ce spot d’Eric Jean-Baptiste (5e  selon les résultats de l’ancien CEP) qui passe sur les antennes de radio exigeant la mise sur pied de la commission de vérification qui devrait mettre dehors de la course électorale tous les fraudeurs, les juger, les mettre en tôle  et désigner deux candidats qui n’ont pas fraudé, dont naturellement lui-même. Une lecture au second degré laisse entrevoir une fissure dans le mur du G8 pour le second tour avec une probable dispersion des forces. En nous basant sur la dernière sortie d’Anacacis, Jude Célestin se sentirait menacé par l’équipe autour de Privert et par ses pairs du G8, M.  Jean-Charles Moïse qui se verrait déjà au second tour, de même que M.  Eric Jean-Baptiste qui parle des fraudeurs à éliminer, dont tout au moins, trois des quatre candidats placés avant lui par le CEP déchu. Ces fraudeurs pourraient être n’importe qui. Souvenez-vous que, lorsque la candidate Maryse Narcisse avait contesté les résultats du CEP, le Camp Lavalas avait relevé sur un échantillon « non aléatoire » des cas d’irrégularités assimilables à des fraudes. « Parmi les Procès-Verbaux  suspects, la grande majorité est profitable à Jovenel Moïse, puis Jude Célestin et quelques-uns sont en faveur de Moïse Jean Charles » selon Yvon Feuillé, avocat de Maryse Narcisse (Réf.http://www.hpnhaiti.com/site/index.php/elections/17371-haiti-elections-apres-confirmation-des-cas-de-fraudes-au-ctv-le-bcen-deliberera-c ). Donc, par déduction, seul Lavalas n’avait pas fraudé, mais les autres, oui. Depuis, l’expression « unique bénéficiaire des fraudes » attribuée à Jovenel Moïse est devenue « principal bénéficiaire des fraudes ». Eric Jean-Baptiste, qui a vu le nombre de ses votants revu à la baisse par l’ancien CEP comme tous les autres candidats lors d’une épuration de certains procès-verbaux, sauf quelques rares cas, dont Luco Désir, mais qui se targue, malgré tout, de n’avoir pas triché, profiterait bien de la mise à pied de ses collègues du G8 placés en position favorable par le CEP déchu.
La nature qui demande des comptes et nous pousse à la réflexion
Par rapport à ce constat politique plutôt dramatique à la limite plus comique que tragique, les dernières pluies viennent nous rappeler notre vulnérabilité, inondations dans plusieurs zones du pays, Léogane, Port-au-Prince, Cité Soleil, Tabarre, des pertes en vies humaines, des dégâts matériels. Il s’en est suivi un embouteillage monstre de plus de 4 heures de temps  au niveau de la Plaine du Cul de Sac, le lundi 25 avril 2016 et durant toute la semaine du 25 au 29 avril 2016, le pont de la route neuf ayant été effondré, le mois dernier, suite à  son déboulonnage systématique par des riverains affamés (?), la rivière Grise en crue, le Pont Croix-des-Missions (en mauvais état) et le pont Tabarre n’ont pas permis de circuler correctement ce jour-là du nord au sud de la zone métropolitaine (et vice versa) et de desservir la partie Nord du département de l’Ouest et les départements de l’Artibonite, du Centre, du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest. Une journée de perdue et une semaine au ralenti à cause des conséquences de nos inconséquences, des milliers de dollars américains de perte pour ne pas dire des millions ! La nature nous demande des comptes et nous pousse à la réflexion. Ce qui nous a interpellé l’Ing. Brunet Georges et moi, sur la nécessité de résoudre définitivement ce problème de communication du nord au sud de la zone métropolitaine, en suggérant  la construction  de quatre (4) ponts supplémentaires sur la Rivière Grise au niveau de Pernier, de Eddy One, de  Santo 17, de Santo 8 et la reconstruction des deux (2) ponts  de la Croix des Mission et de la Route Neuf. Ces ouvrages et les tronçons de route de raccordement et de prolongation jusque vers  les grands axes routiers existants nécessiteraient approximativement 25 M USD d’investissement de l’Etat haïtien. Une bagatelle par rapport à nos dépenses futiles pour l’accession et le maintien de nos politiciens au pouvoir ou même pour nous en débarrasser!
Le 6e Sommet du Groupe Croissance sous le thème : «Financer les infrastructures en Haïti ».
Heureusement qu’il y a eu la semaine de la Finance et de la technologie du 18 au 22 avril 2016  et la martinée du bilan du projet de « Participation de la Société Civile dans le processus budgétaire d’Haïti », le 28 Avril 2016, un projet conduit par le Group Croissance pour le compte de l’USAID. Ces deux évènements ont permis à la plupart d’entre nous de sortir de l’intoxication des informations en provenance de la politique politicienne pour penser réellement pays. La semaine de la Finance du Group Croissance  a  mis à nu la situation de la finance du pays par le gouverneur de la Banque centrale,Jean Baden Dubois, et le ministre des finances, M. Yves Bastien : le déficit budgétaire de l’ordre de 7 milliards de gourdes, l’utilisation de la planche à billets, la situation inflationniste qui en découle (14.8 en Mars 2016). C’a été l’occasion de passer en revue la situation précaire de la majorité des mairies du pays qui  selon le sénateur, Francenet Denius, responsable de la commission « Intérieur et Collectivités territoriales », a déclaré que le budget annuel moyen des communes haïtiennes est estimé seulement à 4 millions de gourdes, soit quelque 65 000 dollars américains. Le clou de ce 6e sommet a été la présentation des travaux des élèves du Collège Gatts Pressoir sur la robotique. De l’autre côté, 10 universités ont été primées par le Group Croissance pour leurs travaux sur les objectifs de développement durable (ODD) et la planification budgétaire y relative. Des réflexions sérieuses venant des jeunes de tous les recoins du pays pour nous rappeler que, en dépit des turpitudes actuelles, ils jettent les bases du « pays que nous voulons » à l’horizon de 2030. Avec la participation du Député Gerry Tardieu et du Ministre de la Planification, Me Aviol Fleurant, ces réflexions arriveront au niveau du Parlement et du Gouvernement.
B.     INFLUENCES  DES FAITS SUR LA SITUATION ACTUELLE DU PAYS
A partir de l’analyse de la majorité de ces faits, un dénominateur commun saute aux yeux, la bataille pour le pouvoir  politique et le partage des maigres ressources économiques actuelles du pays. Nous sommes arrivés à cette extrémité, à ce « carrefour dangereux » selon le mot de Marvel Dandin, tant au niveau politique, économique et écologique à cause de notre manière de gérer nos 27750 km2, notre espace vital. La gouvernance correcte de cet espace vital est le cadet de nos soucis depuis la disparition de nos derniers Héros (Dessalines, Pétion et Christophe). Les nains que nous sommes devenus n’ont jamais su s’élever à la hauteur de nos pères fondateurs. On dirait que l’héritage légué est trop lourd pour nos frêles épaules.
En outre, nous avons de sérieuses difficultés à nous imprégner des notions démocratiques occidentales. Chaque tentative de notre part pour organiser des élections démocratiques débouche sur des crises qui mettent à mal notre développement.  La licence que nous confondons avec la démocratie nous pousse à dire n’importe quoi sans la vérification de nos sources et d’accepter n’importe quelle rumeur sans une analyse critique. La destruction de l’autre est notre sport favori. « L’ôte-toi que je m’y mette » est notre passe-temps et notre jeu favori. La notion d’économie, tout au moins dans les faits, nous est inconnue. La stabilité politique, garante de tout développement économique et social, est une utopie à laquelle nos politiciens ne croient. L’opposition à une administration élue ou pas se confond à son élimination pure et simple, par la violence s’il le faut. Dès qu’une équipe est au pouvoir, elle est automatiquement mauvaise. Il faut à tout prix la bloquer jusqu’à sa capitulation. Nous n’avons pas la culture du compromis, du consensus, du dialogue gagnant-gagnant, mais celle du dialogue pour la capitulation et la défaite de l’autre.
A titre d’exemples : Le bloc minoritaire au Sénat (G6) a bloqué toutes les initiatives de Martelly, car c’est un « vendeur de pays », un « vagabond », « un dictateur » qui n’a pas voulu organiser des élections et qui n’a manifesté aucune velléité en ce sens. Maintenant  c’est le tour de Privert, le modéré, l’homme qui avait la réputation de maitriser  toutes les ficelles de la vie politique et d’être un fin spécialiste de l’administration publique haïtienne. Le bloc minoritaire au Sénat est pro-Martelliste et est très exigeant vis-à-vis de Privert. Allié au bloc majoritaire de la Chambre basse, il a démontré sa force lors du rejet de l’énoncé de politique général de Fritz Jean et de la ratification de celui d’Enex Jean-Charles. Ce bloc est contre la commission de vérification et serait favorable à un départ de Privert. Car, selon la plupart d’entre eux, Privert n’a pas respecté l’accord signé dont il a été le principal auteur et bénéficiaire. Ce crime commis du fait de la non-organisation du second tour des élections dans les délais impartis devra se solder par son départ le 14 Mai 2016 au plus tôt ou en Juin 2016 au plus tard. La même stratégie nihiliste : il faut éliminer l’autre, le forcer à capituler.
Nous sommes donc ramenés à l’organisation de ce fameux second tour de la présidentielle. Les élections parlementaires et les municipales étaient plutôt acceptables, puisque le Parlement fonctionne et que  les maires élus connaissent leur sort. Le nouveau CEP vient de publier les résultats des municipales. Comme pour toutes élections, il y a des contestations. Pour la présidentielle, les contestations ne suffisent pas. Il faut les vérifier jusqu’à l’élimination des fraudeurs, parce que les fraudes s’étaient concentrées uniquement au niveau de la présidentielle, car les fraudeurs, qui sont tellement intelligents, se sont arrangés  pour ne pas trop frauder pour les législatives et les municipales (ironie). Le problème est donc la présidentielle. Essayons donc de le résoudre.
C.      PISTES POUR CET IMPOSSIBLE DIALOGUE ENTRE NOUS
Nous avons de sérieux problèmes à résoudre, l’insécurité alimentaire, le chômage, la misère grandissante, la santé, l’éducation, la saison pluvieuse et la saison cyclonique de 2016, la situation environnementale lamentable, le déficit d’infrastructures, le déficit budgétaire, le manque de moyen financier, le déficit de gouvernance, l’instabilité politique, l’insécurité en termes de banditisme, de viol, de vol, de kidnapping, etc. Tout est prioritaire. Mais la politique nous prend à la gorge et ne nous permet pas de réfléchir. Attaquons le problème politique lié aux élections  parlementaires complémentaires, municipales et des collectivités territoriales, en laissant de côté, tout au moins momentanément, la présidentielle à moins de trouver une entente sur cette question. Il faudrait donc, d’abord et avant tout,  enterrer la hache de guerre, une sorte de préalable avant la mise en application de ces trois propositions.
a)      Trouver un consensus pour l’organisation de ces élections en Octobre 2016
 La commission d’évaluation et de vérification électorale pourra boucler correctement son mandat très certainement en désaccord avec une partie de la classe politique. La leçon tirée du travail de la commission  aiderait à huiler la machine électorale.
Il est capital d’arriver à  un consensus pour l’organisation de ces élections avant la fin du mois d’Octobre 2016 avec l’introduction légale du vote électronique. Et le CEP prendra toutes les dispositions pour l’organisation de ces élections à titre de tests.
Une fois ces élections achevées sans magouilles, le CEP actuel deviendrait un CEP permanent.  
b)      Maintenir l’administration actuelle jusqu’au 7 Février 2017
Parallèlement, l’administration actuelle et le Parlement trouveraient une entente pour (i) prolonger le mandat de l’administration provisoire jusqu’au 7 Février 2017, (ii) renforcer le pouvoir judiciaire et (iii)  organiser la grande concertation nationale pour le développement d’Haïti  axée sur (1) l’humain, (2) le social, (3) l’environnemental, (4) l’infrastructurel, (5) l’économique et la finance, et (6) la politique (gouvernance) avec des éléments de base des 17 objectifs de Développement Durable (ODD) à regrouper autour des six (6) axes, en vue d’aboutir à ce pays que nous voulons en 2030. Cette grande concertation nationale amenderait ou changerait la constitution de 1987 en vue, entre autres, d’harmoniser le calendrier électoral avec des élections générales tous les 5 ans.
c)      Trouver une entente pour  favoriser une gestion du pouvoir par les protagonistes actuels
(i)                   Durant deux ans par l’opposition à Martelly du 7 Février 2017 à 7 Février 2019 
(ii)                 Durant deux ans par Jovenel Moïse du 7 Février 2019 à 7 Février 2021
(iii)                Une autre option serait l’organisation du second tour de la présidentielle en octobre 2016 en cas d’entente préalable entre nous ; toutefois le mandat de l’élu s’étendrait du 7 Février 2017 au 7 Février 2021.
La communauté internationale, qui jouerait un rôle d’observateur dans la grande concertation nationale, s’engagerait à financer, en partie comme à l’ordinaire,  les administrations issues de cette entente entre Haïtiens et/ou de ces élections.

En guise de conclusion, Haïti sortira grandie de cette lourde épreuve soldée par la grande concertation nationale jetant  les bases du pays que nous voulons en 2030, et sera le premier pays à prendre une option sérieuse pour la mise en application des 17 Objectifs de Développement Durable. N’est-ce pas un challenge à la hauteur de la vision de nos pères fondateurs ? Il est toujours bon de rêver grand pour son pays ! Peut-être que nos politiciens et nos hommes politiques, transformés en Hommes d’Etat, feront leur ce grand rêve d’une Haïti émergente après 2030, le Rwanda de la Caraïbe!