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mardi 2 août 2022

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (29) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE (6), LES ARMES DE PUTIN ; HAITI, L’INSTABILITE POLITIQUE ET CONSEQUENCES

 

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (29) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE (6), LES ARMES DE PUTIN ; HAITI, L’INSTABILITE POLITIQUE ET CONSEQUENCES

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

1er  AOUT 2022

              Dans cette 29e chronique consacrée à l’interrogation  sur la croisée des chemins du monde et du pays Haïtien et dans cette 6e chronique sur la guerre en Ukraine, il est de plus en plus clair que, le covid-19 étant occulté, la situation évolue vers quelque chose de nouveau, tant au niveau mondial, avec la guerre en Ukraine et les armes utilisées dans les deux camps, qu’au niveau d’Haïti, avec l’instabilité politique et ses conséquences désastreuses sur la vie de nos compatriotes haïtiens, guerres des gangs, le kidnapping, l’exode des haïtiens vers des zones plus clémentes dans le pays et vers les pays voisins. Ces  guerres (Ukraine et gangs en Haïti), sont en train de bousculer l’ordre des choses établies. D’où le titre de cette chronique : « COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (29) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE (6), LES ARMES DE PUTIN ; HAITI, L’INSTABILITE POLITIQUE ET CONSEQUENCES. »

              La 29e chronique sur la croisée des chemins depuis Mars 2020 s’attardera sur la situation au niveau mondial avec accent sur le Covid-19 et sur la guerre en Ukraine ; analysera la situation haïtienne à la faveur de l’instabilité politique et ses conséquences catastrophiques sur la vie des Haïtiens et débouchera sur des conclusions appropriées.  

            1.    Situation au niveau mondial

 

1.1.  Le Covid-19 occulté.

Le Covid-19 est occulté par la guerre en Ukraine qui rentre dans son  6e mois. Malgré la double contamination du président des USA, Joe Biden, 79 ans, à la fin du mois de juillet 22, la pandémie du covid-19 n’a pas pu revenir au-devant de l’actualité mondiale  pour ce mois de Juillet. Pourtant, on relève une recrudescence des cas de contamination tant en Europe qu’aux Etats Unis. Voici comment se présente la situation[1] : au niveau mondial, les cas de contamination se chiffrent à 577,159,254, et les cas de mortalité à 6,399,949 au 31 Juillet 2022 ; tandis qu’en Haïti, les cas de contamination se chiffrent à 32,263 et les cas de mortalité à 838 depuis Mars 2020. Les USA sont toujours en tête suivis de l’Inde, du Brésil et de la France. Il est à remarquer que ces quatre pays appartiennent à deux blocs rivaux, si l’on se réfère aux dernières rencontres du G7 (USA/France) et des BRICS (Brésil/Inde) au mois de Juin écoulé, soldées par des positions respectivement pro ukrainiennes et pro russes dans le cadre de la guerre en Ukraine.

1.2. La guerre en Ukraine 

Le Donbass est en grande partie  sous domination Russe. L’avancée russe en Ukraine est de 0.4% par rapport au mois de Juin 2022, soit 20.4% du territoire Ukrainien conquis. La Russie n’a pas cessé le bombardement à distance  des villes de l’Ukraine, en particulier ODESSA après la signature d’un accord pour laisser passer les céréales ukrainiennes vers l’Afrique et le moyen Orient. La contrattaque ukrainienne dans le Sud a favorisé la reprise de l’Ile aux serpents, occupée par les Russes quelque temps après l’envahissement de l’Ukraine, le 24 Février 2022. La bataille pour la reprise de Kherson fait rage, une ville sous domination russe pratiquement depuis le début de la guerre. La destruction par l’armée ukrainienne d’un pont et des dépôts d’armes et de munitions  permettant l’approvisionnement de l’armée russe pourrait favoriser la reprise de cette ville par les Ukrainiens et compliquer la vie des russes dans le Donbass, surtout depuis l’arrivée des armes américaines et occidentales. Un incident controversé, le bombardement d’une prison dans la zone occupée par les Russes, où une cinquantaine de soldats prisonniers du bataillon d’Azov, héros de Marioupol, ont été tués. La Russie et l’Ukraine s’en sont mutuellement accusées.

Il semblerait que, selon certains analystes occidentaux, en particulier les services de renseignements américains, l’armée russe connaisse une certaine pénurie en hommes (75,000 tués et blessés), d’où les appels aux recrutements des Russes, et en matériels (4000 véhicules blindés perdus), d’où le voyage de Putin en Iran pour l’achat de drones iraniens en vue de contrecarrer les drones turcs utilisés avec succès par les Ukrainiens. Les pertes ukrainiennes sont certes moins nombreuses, l’Ukraine étant en position défensive, mais elles n’en demeurent pas moins importantes[2].  En attendant, Vladimir Putin continue d’exercer la pression sur l’Occident en se servant de deux armes redoutables, l’arme alimentaire et l’arme énergétique.

1.3.  Les armes de Putin 

Selon certains analystes, les difficultés dont font face le monde en général et l’Europe en particulier sont liées à deux armes utilisées par Putin : (i) l’arme alimentaire en vue de provoquer des émeutes dans le monde ; (ii) l’arme énergétique : le carburant et surtout le gaz naturel pour mettre à genoux l’Europe. Dans les deux cas, Putin a réussi son pari jusqu’à présent.

L’arme alimentaire

Tant au niveau de l’Asie (Siri Lanka), de l’Afrique et de l’Amérique Latine (l’Argentine), les émeutes ont déjà commencé. Putin, à travers son ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, sillonne l’Afrique pour accuser les occidentaux de la responsabilité de  la pénurie alimentaire à cause des sanctions prises contre la Russie. Pourtant, il est prouvé que c’est la Russie qui a volé le blé ukrainien dans les territoires occupés, fait sauter des dépôts entiers de blé, occupé les ports ukrainiens et mis un blocus naval au niveau de la Mer Noire. Et même, sous l’instigation de la Turquie et l’ONU, le lendemain de la signature de l’accord pour laisser passer les céréales, la Russie n’a pas hésité à bombarder un port dans la ville côtière d’Odessa. Ce qui n’a pas tout-à-fait contrarié la sortie des céréales. Sécheresse aidant, les spéculations et le manque de carburant sur le marché mondial ont provoqué une inflation généralisée dans le monde, dont 9.67% aux USA aux dernières nouvelles.

L’arme énergétique

A côté de la crise de carburant provoquée, la Russie a fermé les robinets de gaz naturel mettant une bonne partie de l’Europe à genoux, l’Europe étant dépendante du gaz Russe à hauteur de plus de 50% en moyenne. L’Europe est donc en train de subir le contrecoup de ses sanctions vis-à-vis de la Russie. La Russie a donc bien préparé son coup en envahissant l’Ukraine et a gardé jusqu’au dernier moment ses deux armes secrètes.

L’occident, à travers le président français, E. Macron, en Afrique, et le président américain Biden, au Moyen Orient et en Israël, a dû prendre son bâton de pèlerin, pour aller convaincre les africains  de son innocence dans la pénurie de céréales et offrir ses aides dans la résolution du problème, et chercher des alliés comme l’Arabie Saoudite (succès mitigé), pour atténuer le problème énergétique. Dans ce même ordre d’idées, le prince héritier saoudien a été en France officiellement, toujours dans le cadre de la résolution du problème énergétique. Parallèlement, chaque bloc cherche à se renfoercer et une autre forme de gouvernance mondiale est en train de se mettre en place.  

1.4.  Les blocs prennent forme :

D’un côté, il y a le bloc de l’Ouest sous le leadership américain (G7, OTAN, UE et d’autres pays) qui se targue de la démocratie, et de l’autre, le bloc des BRICS sous le leadership de la  Chine et de la Russie, dominé, en grande partie, par l’autocratie et qui fait l’apologie de la multipolarité. La guerre froide est donc déjà là, la course aux armements est ouverte, la crise économique frappe à la porte. La récession mondiale pointe à l’Horizon. Et Haïti dans tout cela ? 

            2.  Situation au niveau d’Haïti

2.1. L’instabilité politique et conséquences

Depuis l’année dernière, le pays a connu plusieurs accords dont deux ont sorti du lot : l’accord de Montana et  l’accord de la primature. Tout le monde croyait qu’au 7 Février 2022, fin de mandat de Jovenel Moïse (2017-2022), quelque chose allait se passer. Rien. Ariel Henry, 1er Ministre choisi par Jovenel Moise, se maintient au pouvoir pour organiser les consultations populaires en vue de changer la constitution, de mettre en place un conseil électoral provisoire consensuel, et enfin pour organiser les élections générales dans le pays. Quand ? Aucune date. Le pays est entré dans une sorte de pause politique. Montana et Primature se regardent en chiens de faïence, tandis que la population se fait kidnapper, voler, violer et assassiner. Coup de théâtre, Ariel Henry s’est rendu chez Magalie Comeau Denis, le leader de Montana, avant de  se rendre au Sommet des Amériques. Les contacts se sont repris en sous-main jusqu’à la rencontre  de ce mois de Juillet soldé par un échec. La crise multiforme et multidimensionnelle se perpétue sans aucune volonté de tenter de la résoudre. On est revenu à la case de départ, gouvernement monocéphale  vs gouvernement bicéphale. Entre temps, les gangs se mettent au diapason.

2.1.1.        La guerre des Gangs G9 vs GPEP et le kidnapping

Le G9 a attaqué le GPEP. Le bilan est lourd, 209 morts, des dizaines de blessés, des centaines de déplacés, plus de 125 maisons incendiées. Parallèlement, d’autres groupes défient le gouvernement, en kidnappant de paisibles citoyens, en donnant des ultimatums au gouvernement car bien alimentés par des armes et munitions en provenance de l’étranger. Ex. Les armes et munitions trouvées aux ports de Port-de-Paix et de Port-au-Prince. L’église Episcopale est sur la sellette comme commanditaire pour les munitions de Port-au-Prince. Démenti formel. Des gens ont utilisé la franchise de l’église pour commettre leur forfait. Certaines arrestations sont opérées. De même qu’à Port-de-Paix, le Commissaire du Gouvernement est arrêté et jeté en prison pour complicité, un avocat de renom, membre du barreau d’Haïti et conseillé du ministre Berthaud Dorcé, est arrêté aussi. Naturellement, le Barreau a aussitôt réagi pour demander sa libération. Quelles sont les suites de tout cela ? On verra.

400 Mawozo tuent des policiers, en particulier, l’inspecteur de police, Réginald Laleau. Il a été assassiné dans une église et son corps emporté. Et Lanmò 100 jou, leader des 400 Mawozo, pavane sur les réseaux sociaux, expliquant les raisons de cet assassinat crapuleux et défie la police nationale d’Haïti (PNH). Les gangs Gran Grif et Jean Denis s’entredéchirent au niveau de l’Artibonite. Un gang basé entre Gros Morne et Bassin Bleu (Artibonite) tire sur un véhicule d’une organisation non gouvernementale, faisant 6 blessés dont un grièvement. Enfin, les départements de la Péninsule Sud d’Haïti sont toujours bloqués par des gangs Ti Lapli, IZO et Krisla, un an et plus d’un mois déjà.

2.1.2.       La vie chère,

On comprend, dans ces conditions, la situation d’inflation au niveau de l’ensemble du pays (27.8%) ; le taux de référence du dollar est à 115.1159 G à l’achat et 118. 5127 G à la vente ; le nombre de personnes en insécurité alimentaire aigue dépasse le million, l'insécurité alimentaire globale est 4.5 millions de personnes;  le risque probable d’une  4e année consécutive de récession économique en Haïti se précise de plus en plus.

2.1.3.       Les Réfugiés internes et externes

Ne sachant à quel saint se vouer, la population se déplace en masse vers des cieux plus cléments au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, au niveau des villes de province, en particulier vers le nord du Pays. Des familles entières prennent de frêles embarcations vers  les côtes de la Floride, échouant souvent à Cuba, à Porto-Rico, aux Bahamas, arrivent parfois aux USA, dans la zone de Miami, si elles  ne périssent pas en mer ou si elles ne sont pas interceptées par des Gardes Côtes Américaines. Très souvent, elles sont rapatriées manu militari et refoulées sans aucune forme de procès en Haïti. Une véritable tragédie ! 

Va-t-on vers une gouvernance gangstérisée et renforcée ou vers un sursaut patriotique pour changer définitivement Haïti ?  Et qu'est-ce qui est en train de changer dans le monde? 

3.       Conclusions

L’interrogation  en relation avec la croisée des chemins pour le monde et pour Haïti, introduite avec la crise du Covid-19 en Mars 2020, semble trouver sa réponse et est en train  de prendre corps et forme avec la guerre en Ukraine. Un nouvel ordre mondial se met en place petit à petit, axé sur deux blocs non tout-à-fait monolithiques, mais très liés par des intérêts géopolitiques et économiques et par la course aux armements, le bloc de l’Occident sous domination américaine et se targuant de la démocratie libérale et le bloc des BRICS sous domination chinoise (Tension très vive avec les USA sur la question taiwanaise et la visite de Nancy Pelosi, le 3e personnage dans la succession aux USA, à Taiwan) et russe embrassant globalement l’autocratie et la multipolarité.

Tandis qu’en Haïti les intérêts nationaux perdent de plus en plus de pied par rapport aux intérêts de clans qui ont créé des gangs pour continuer à brasser des affaires louches et lucratives et se perpétuer au pouvoir par tous les moyens (personnes interposées et autres), mais les gangs ont  de plus en plus conscience de leurs forces, conquièrent de nouveaux territoires, exploitent en particulier les masse et les couches moyennes (Kidnapping, viols, vols, assassinats), et visent, en s’échappant de la tutelle des politiques et des oligarques, de plus en plus le pouvoir politique direct. Du train où ça va, il ne serait pas étonnant qu’un jour ils assautent le pouvoir, en prenant ce qui reste du Palais National, et en occupant  la Primature.

Pour éviter cette perspective honteuse et sombre qui achèverait de nous enterrer aux yeux du monde civilisé, il est impératif qu’ un sursaut patriotique s’empare de ce qui nous reste des hommes et femmes politiques susceptibles de sacrifier leurs intérêts de clans, en s’efforçant de trouver un accord politique, et en se mettant ensemble pour faire face aux bandits, pour changer le cours des choses et pour  mettre Haïti sur de nouveaux rails.

vendredi 1 juillet 2022

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (28) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE (5), L’EUROPE, L’AMERIQUE LE G7 ET LE SOMMET DE L’OTAN ; HAITI, LA BATAILLE POLITIQUE AU NIVEAU DE LA RUE

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (28) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE (5), L’EUROPE, L’AMERIQUE,  LE G7 ET LE SOMMET DE L’OTAN ; HAITI, LA BATAILLE POLITIQUE AU NIVEAU DE LA RUE

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

30 JUIN 2022

              Dans la 27e  chronique[1], on s’est penché, entre autres,  sur la situation au niveau mondial, avec, en toile de fond, la guerre en Ukraine, et sur la situation haïtienne, en particulier sur la question de la dette de l’Indépendance, l’indemnité ou la rançon, pour reprendre le mot d’un ex président français, François Hollande. Dans cette 28e chronique, il faut noter que la guerre en Ukraine s’inscrit dans la durée et amorce la crise économique mondiale due à la guerre, elle-même, et aussi à la situation post-COVID-19 (?). L’Occident se solidarise avec l’Ukraine qui voit sa candidature à l’Europe acceptée. Les USA, qui cherchent la vérité sur les événements du 6 janvier 2021 au Capitol pour changer le résultat de la présidentielle de 2020 en faveur de Trump, se voient infliger un retour en arrière de 50 ans par rapport à l’annulation de la loi sur l’avortement par sa Cour Suprême composée en majorité de républicains (6/9). Après le Sommet des Amériques sans Cuba, sans Nicaragua et sans Venezuela, organisé à Los Angeles, Californie, le président Biden s’est rendu en Allemagne pour le Sommet du G7 et le Sommet de l’OTAN dominé par la guerre en Ukraine et les mesures contre la Russie, la menace no 1 pour la sécurité de l’Europe. En Haïti, la bataille politique s’accentue avec des manifestations de rue contre l’insécurité, contre le PM Ariel Henry, pro Montana et surtout pro Aristide, occultant celles réclamant la justice pour Jovenel Moïse, qui aurait 54 ans ce mois-ci, et dont l’assassinat crapuleux connaitra sa première année, le 7 Juillet 2022. Ce qui est résumé dans le titre de la 28e chronique consacrée à cette interrogation liée au COVID-19 et à cette croisée des chemins que connaissent le monde et Haïti : « COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (28) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE (5), L’EUROPE, L’AMERIQUE, LE G7 ET LE SOMMET DE L’OTAN ; HAITI, LA BATAILLE POLITIQUE AU NIVEAU DE LA RUE ».

              L’analyse de la situation  se fera au niveau mondial avec accent sur le Covid-19, la guerre en Ukraine, le G7, le Sommet de l’OTAN ;  tandis qu’en Haïti, elle s’articulera autour la bataille politique pour le remplacement à la tête de l’Etat de Jovenel Moïse qui se joue dans la rue, malgré la persistance de l’insécurité (kidnapping, assassinats, blocage des zones entières du pays, vie chère, crise carburant, etc.), avec les manifestations de rue anti-gouvernementales et pour une hypothétique présidence d’Aristide de la transition, et, enfin, avec un clin d’œil sur la constitution par Ariel Henry d’une équipe de négociation pour discuter avec l’équipe de Montana. Enfin, elle se terminera sur des conclusions appropriées.

1.       La situation au niveau mondial

1.1. Le  Coronavirus.

Commençons par le COVID-19. Même occulté par la guerre en Ukraine, le Covid-19 est toujours là. On parle même d’une 7e  vague en France[2] où on relève une recrudescence des cas de contamination.  En effet, dans un pays où le taux de vaccination a atteint 80.8% de la population totale, on relève en une semaine 15,496 cas d’hospitalisation et 37 cas de mortalité en 24 heures, pour un total de 149, 443 décès depuis le début de la pandémie. Voyons globalement[3] comment cela se présente : les cas de contamination se chiffrent à  546,945, 487,  les cas de mortalité à 6,334,557, y inclus Haïti avec 31,550 cas de contamination et 837 cas de mortalité. Les USA sont toujours en tête suivis de l’Inde, du Brésil et de la France.

1.2.  Sommet des BRICS[4] (Brésil, Russie, Inde, Chine)  

L’Union Européenne s’est réunie pour endurcir les sanctions contre la Russie pour la punir à cause de l’invasion de l’Ukraine, un 6e parquet de sanction, les pays émergents, appelés les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), se sont réunis en Chine en présentiel et par visioconférence dans le cadre de ce que l’on appelle le Sommet des BRICS qui s’est tenu les 23 et 24 Juin 2022 à Pékin, capitale de la Chine. Il est à noter que :

(i)     L’Historique des BRICS. « Les BRICS sont une organisation intergouvernementale créée en 2009 par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. L’Afrique du Sud s’est jointe à ce groupement en 2011 » ;

(ii)   Le Poids des BRICS. « Les BRICS représentent 41% de la population mondiale, 24% du PIB mondial, et 16% du commerce mondial. Le classement actuel mondial par le PIB des pays des BRICS place la Chine en 2ème position, l’Inde en 7ème, le Brésil en 9ème, la Russie en 11ème, l’Afrique du Sud en 32ème ».

(iii)  Les objectifs visés. « Le Sommet des BRICS du 23 Juin 2022 à Pékin dans le contexte de la guerre en Ukraine avait pour thème « Favoriser un partenariat de qualité entre les BRICS : ouvrir une nouvelle ère pour le développement mondial ».

(iv)  Les Points débattus. «  Quelques 1.000 participants ont pris part à ce Sommet en ligne et en présentiel, pour débattre dans 5 séminaires : la réforme du système multilatéral, la reprise économique, le partage des technologies, la lutte contre les épidémies, et le développement durable ».

(v)   Les USA dans le collimateur du Président chinois. « Dans le discours d’ouverture, le président chinois Xi Jinping a déclaré que « Les gens s’inquiètent de voir l’économie mondiale tomber dans le bourbier des crises ».Il a exhorté les BRICS à relancer l’économie mondiale, à opposer un « contre-récit positif » aux sanctions du G7, et à proposer un autre modèle de développement que celui des Etats-Unis ».

(vi) Quant à Vladimir Putin, « Il a condamné les sanctions à motivation politique, qui causent une rupture volontaire des liens de coopération, et qui détériorent les chaines de transport et de logistique. Tout cela d’après lui se fait au détriment des intérêts commerciaux mondiaux, et affecte négativement le bien-être de populations. Il a critiqué les « actions égoïstes » des pays occidentaux, notamment le fait de se servir des mécanismes financiers (Swift) pour rendre le monde entier responsable de leurs propres erreurs. Il a ajouté que les BRICS devraient jouer un rôle de meneur pour élaborer une politique unificatrice, positive et visant à créer un système mondial multipolaire. Il a enfin affirmé que les BRICS pourraient compter sur le soutien de plusieurs pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ».


1.3.  Le G7, le Sommet de l’Otan et La guerre en Ukraine


L’Historique du G7 et Invitations Spéciales. « Au lendemain du Sommet des BRICS, le G7 s’est réuni le 26 Juin 2022 en Bavière (Allemagne). Rappelons que suite au premier choc pétrolier de 1973, un G5 informel est lancé en 1974 regroupent les Etats-Unis, le Japon, la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Royaume-Uni. En 1976, l’Italie a rejoint le G5, et en 1976 ce fût le tour du Canada, pour aboutir au G7 actuel qui a également intégré l’Union européenne. Entretemps, la Russie avait rejoint le G7 en 1997, mais a été suspendue en 2014 après l’annexion de la Crimée. Ont été invités au Sommet du G7 du 26 Juin : l’Indonésie, l’Inde, le Sénégal, l’Afrique du Sud et l’Argentine. »

Appui de l’Occident à l’Ukraine. « Le Président américain Joe Biden a annoncé un nouvel appel à l’unité du G7 et de l’OTAN face à Moscou qui a de nouveau bombardé Kiev le Dimanche 26 Juin. Rappelons que dès le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par Moscou le 24 Février 2022, le camp Occidental a pris le parti de l’Ukraine, en condamnant vivement cette agression, en prenant des sanctions sévères contre la Russie, en fournissant à l’Ukraine une aide financière importante, ainsi que des armes légères et lourdes et des renseignements militaires. En outre, le Conseil européen des 23 et 24 Juin 2022 a accordé à l’Ukraine le statut de pays candidat à l’Union européenne ».

« L’OTAN a décidé de ne pas intervenir directement dans la guerre en Ukraine, car le président Poutine a menacé à plusieurs reprises qu’il utiliserait si nécessaire l’arme nucléaire. Il a annoncé le Samedi 25 Juin son intention de livrer à la Biélorussie des missiles capables de transporter des charges nucléaires. Le Sommet du G7 a décidé de nouvelles sanctions contre la Russie, dont l’interdiction d’importer de l’or russe. Il a décidé également d’augmenter la livraison d’armes lourdes à l’Ukraine en ce moment critique du conflit qui entame son cinquième mois ».

600 Mrds d’USD pour l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine. « L’objectif est de renverser le cours de la guerre en faveur de l’Ukraine et de ne pas entamer des négociations maintenant. Le Président Biden a demandé à ses alliés non seulement de tenir tête à la Russie, mais de faire face également à la Chine, qui est entrain de structurer sa domination économique sur le monde grâce à ses « nouvelles routes de la soie ». C’est pourquoi à l’initiative des Etats-Unis, le G7 a décidé de mobiliser 600 milliards de dollars d’ici 2022 pour investir dans les infrastructures des pays défavorisés en Afrique, Asie, et Amérique latine. Ces pays défavorisés sont du fait de la guerre en Ukraine exposés au risque de pénuries alimentaires et à l’explosion des coûts de l’énergie ».

Retour de la guerre Froide entre deux blocs. « En conclusion, on ne peut que conclure au retour de la guerre froide entre deux blocs antagonistes : le bloc Occidental comprenant les Etats-Unis et l’Europe, et le bloc des BRICS. Le premier bloc se targue d’être un espace de liberté, de démocratie, de respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme. Sur le plan économique, il prône le libéralisme et la lutte contre le changement climatique, et représente 45% de la richesse mondiale. Les BRICS ont plutôt des régimes autoritaires peu respectueux des libertés et des droits de l’Homme (Chine et Russie) et ne représentent que 24% de la richesse mondiale ».

« L’issue de la guerre en Ukraine aura des conséquences importantes sur le nouvel ordre mondial en devenir ». La Finlande et la Suède ont officiellement intégré l’OTAN au sommet de Madrid en acceptant les conditions imposées par la Turquie. L’Otan s’est donc renforcée. Selon l’AFP, les USA décident de « renforcer leur positionnement militaire en Europe » en vue de permettre à l’Otan de « répondre à des menaces venant de toutes les directions et dans tous les domaines : la terre, l’air et la mer », a précisé Joe Biden lors du sommet de l’OTAN.  

2.       La situation au niveau d’Haïti

La situation haïtienne se caractérise par une crise multiforme et multidimensionnelle, une sorte de descente aux enfers d’un pays au passé glorieux, savamment réduit, avec des complicités internes, à une sorte de gouvernorat par des bandits à cravates et à sapâtes  

2.1.  La domination  des gangs et ses conséquences

Alors que le monde rentre à nouveau dans la guerre froide, Haïti se déchire dans une sorte de bataille politique sans fin sous le règne des gangs[5] au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Le local du Palais de Justice  est toujours entre les mains d’Izo 5 segond. Vitelhomme a mis en défi le gouvernement de facto dans la zone de Tabarre (Torcelle). 400 Mawozo mène la danse à Croix-des-Bouquets, Ti Lapli à Martissant, krisla à Fontamara, Barbecue à Delmas, Chen Mechan à Croix-des-Missions, etc. Port-au-Prince est encerclé, avec en vue, selon des rumeurs persistantes, la prise du Palais National par les Gangs.

Quant au kidnapping, ce phénomène fait rage au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Je connais une famille qui a été kidnappée, Mari, femme et enfant. Le mari a été  libéré pour aller chercher de l’argent en vue de la libération de sa femme et de son fils. Ce qui a été fait. Ce cas n’est pas reporté et la police n’est pas au courant. Combien de personnes subissant le même sort au moment où nous écrivons ces lignes ?

Selon RNDDH, un organisme des droits humains, le bilan en lien avec la guerre des gangs pour la conquête de territoires entre 400 Mawozo et Chen Mechan, est de 191 personnes assassinées, 18 femmes violées, et 17 exécutées par la suite, 81 maisons et 57 véhicules incendiés.

D’un autre côté, Radio RFM 104.9 a rapporté dans un tweet en date du 28 Juin 2022, qu'un bateau avec plus de 178 migrants haïtiens s’est échoué sur les côtes cubaines, le 27 Juin, selon le quotidien Granma. Les migrants haïtiens tentaient de se rendre aux USA. Ils ont été secourus par les autorités cubaines. Combien d’Haïtiens périssent en mer sans être secourus ? Nous devons nous pencher sur le problème des boat people Haïtiens. C’est un problème très sérieux malheureusement occulté par l’instabilité politique, l’insécurité et l’impunité qui en sont les causes profondes.

2.2.  L’instabilité politique, la mère de tous nos maux

Parlons-en. C’est l’instabilité politique qui est à la base de tous nos problèmes. Malheureusement, elle s’est accentuée depuis l’assassinat crapuleux du président Moïse le 7 Juillet 2021. Les groupes politiques et de la société civile, qui se sont liguées contre lui et  qui ont largement contribué à son assassinat, certains en sont même complices, n’arrivent pas à s’entendre pour partager le pouvoir. Cela va faire un an depuis qu’ils se battent pour leur clan respectif au détriment du pays. En effet, la situation globale s’est totalement dégradée, vie chère, crise carburant, kidnapping, guerres des gangs, crise alimentaire, crise migratoire. Pourtant, au niveau politique, il n’y a  pas vraiment d’avancées significatives.

              La bataille politique revient donc logiquement au niveau de la rue. On a relevé des manifestions de rue motivées politiquement, à Hinche, aux Cayes, à Port-au-Prince, au Cap-Haïtien, etc., contre l’insécurité, contre le pouvoir de facto sans programme, sans limite, sans chronogramme d’actions, et surtout en faveur d’un retour hypothétique au pouvoir de l’ex-président Aristide pour mener à bien la transition politique, surtout après les visites de Mme Lalime, la représentante des Nations Unies, et du PM Henry chez M. Aristide. Ce qui est triste dans cette histoire de manifestation, un chef de Gangs, nommé Ezéchiel Alexandre, « alias Ze », chef de gangs de  base Pilate, appréhendé par la Police Nationale d’Haïti, le dimanche 26 Juin 2022, à Carrefour Feuilles, au niveau de la Place Jérémie, a eu droit à des manifestations de rue.

Aux dernières nouvelles, 5 camions de marchandises en provenance de l’Artibonite ont été détournés au niveau de Canaan, Route Nationale no 1. Les « Madan Sara » (marchandes) ont été dépouillées de tout, téléphones, argent, marchandises. Un trailer, pris en chasse par des bandits, a provoqué l’accident de deux camionnettes bondées de passagers dont la plupart sont écrabouillés sur le coup. Ces informations sont rapportées par Haitian Public Media (HPM).

Enfin, le PM Henry a mis en place une équipe de l’accord du 11 Septembre 21  pour négocier avec les membres de l’accord Montana ou de 30 Aout 21. Malheureusement, les deux équipes sont contestées de part et d’autre par des alliés d’hier. Donc, personne ne sait ce qui va se passer.

En attendant la vie en Haïti, surtout au niveau de la zone métropolitaine, le centre de décision du pays, est tout simplement intenable. Les gangs opèrent, décident du rythme de la vie, forcent 55,000 enfants à ne plus fréquenter l’école, un vrai réservoir pour leur futur, leur pérennité, une vraie guerre de tranchées contre l’intelligence et pour le maintien d’une gouvernance scélérate du premier pays nègre indépendant du monde.  

3.       Conclusion

L’Ukraine continue de se battre contre l’envahisseur Russe qui domine de plus en plus la zone de Donbass, la prise de la ville de Severodonetsk  se fait au prix de beaucoup de sang versé dans les deux camps. En tout cas, selon les estimations, on n’est pas loin de 50,000 morts dans les deux camps et aussi surtout des civils Ukrainiens. Il se dessine, à cause de cette guerre, deux blocs non monolithiques, l’Occident sous le leadership américain, et un autre bloc, encore moins monolithique, qui se constitue sous le leadership Chinois et Russe. Le monde est entrain de changer sous les assauts du Covid-19 et de la guerre en Ukraine.

 Tandis que, au niveau interne, les USA, la superpuissance mondiale, apôtre de la démocratie libérale,  font un retour en arrière  de 50 ans par rapport à l’élimination de la loi sur l’avortement et par la domination d’un ex-chef d’Etat, Donald Trump, à forte tendance autocratique, qui influence la vie politique et demeure intouchable malgré les évidences de sa participation à un « coup d’Etat manqué », le 6 Janvier 2021, qui a coûté la vie à des policiers chargés de la protection du Capitol, le symbole de la démocratie américaine, et qui aurait pu couter la vie au 2e personnage du pays, le vice-président américain, Mark Pence, et le 3e personnage, le speaker du Congrès américain, Nancy Pelosi. 

La Cour Suprême, dominée par les conservateurs dont la plupart ont été nommés par Trump, et qui vient de recevoir sa première femme noire juge, Kentanji Brown Jackson, « a limité jeudi les moyens fédéraux de lutter contre le réchauffement climatique dans un arrêt qui pourrait plus largement compliquer tous les efforts de régulation de l’État américain ». « Notre planète est en feu et cette Cour suprême extrémiste détruit la capacité du pouvoir fédéral de se battre », a ajouté la sénatrice Elizabeth Warren.

Pas trop loin de là, la petite Haïti est en train d’expérimenter un régime ni autocratique ni démocratique, une sorte d’innovation dans le mal, caractérisée par une sorte de banditisme à cravates et à sapâtes dont l’objectif inavoué est de perpétuer un non-état, une sorte de laboratoire, un échantillon de la gouvernance nègre, surtout de ces descendants de nègres qui avaient osé défier la gouvernance esclavagiste mondiale en 1804, 500,000 va-nu-pieds qui se sont défaits de 25,000  combattants aguerris de la plus grande armée du monde de l'époque, celle de Napoléon Bonaparte, le génie militaire français.  

Alors, où sont passés les penseurs Haïtiens? Nos élites d’aujourd’hui, où sont-elles ? Sommes-nous arrivés à ce point où la faim, comme celle de ces prisonniers squelettiques du Pénitancier National dont les images sur les reseaux sociaux font pleurer beaucoup d'Haïtiens, nous empêche de penser, de réfléchir, de proposer et d’agir. Comment se fait-il que les gangs arrivent à s’organiser au détriment de tout un peuple, surtout la masse et les couches moyennes, nous poussant à devenir des boat-people ou des fly- people, vidant le pays de substance (jeunesse instruite et cadres bien formés). Qu’arrive – t- il à nos élites politiques actuelles pour continuer à se battre pour des broutilles de pouvoir sous contrôle de fait des gangs ? La bataille politique pour ces broutilles de pouvoir vous transforme-t-elle tout simplement en gangs à cravates ? Les gangs à sapâtes travaillent-ils pour vous ?  

Ressaisissez-vous, entendez-vous sur un minimum vital pour Haïti, en ramenant la bataille politique autour de la table, la sortant une fois pour toutes de la rue. Utilisez le peu de ressources  du pays; équipez la PNH et l’Armée d’Haïti de plus que les 12 millions d’USD dépensés pour les 20 blindés et les matériels commandés en vue d'atténuer l'insécurité; demandez de l’aide à nos vrais/faux amis de la communauté internationale pour changer cette crise multiforme et multidimensionnelle en de vraies opportunités pour Haïti. Il y va de notre avenir à tous et  de celui de ce coin de terre légué à nous au prix du sang !


lundi 6 juin 2022

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (27) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UCRAINE (4) ET L’INFLATION, ET HAITI, LA RANCON DE L’INDEPENDANCE, QUE FAIRE ?

 

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (27) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UCRAINE (4) ET L’INFLATION, ET  HAITI, LA RANCON DE L’INDEPENDANCE, QUE FAIRE ?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

5 JUIN 2022

 

              Dans cette conjoncture mondiale dominée par la guerre en Ukraine et ses conséquences, la petite Haïti patauge dans sa crise multiforme et multidimensionnelle. Le New-York Times (NYT) a remis les projecteurs sur le pays, en soulevant la question de « la dette », de « l’indemnité » ou de «  la rançon de l’Indépendance » et ses répercussions sur son sous-développement, " le seul pays moins avancé de l’Hémisphère occidental"(PMA). De la perle des Antilles en tant que colonie française sous le nom de Saint-Domingue, la petite Haïti  a obtenu  de haute lutte, son indépendance en 1804 comme étant le premier pays nègre du monde. Elle est devenue le paria de la zone des Amériques, en pleine basse-cour de la première superpuissance mondiale, les USA. Une anomalie  eu égard à l’ensemble des pays de l’Amérique du Nord et du Sud, en passant par l’Amérique Centrale et la Caraïbe. D’où le titre de cette 27e chronique relative à la cette interrogation liée au Covid-19,  à l’entame du 4e  mois de  la Guerre en Ukraine et à ces articles du NYT sur la dette, indemnité ou rançon de l’Indépendance : « COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (27) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UCRAINE (4) ET L’INFLATION, ET  HAITI, LA RANCON DE L’INDEPENDANCE, QUE FAIRE? ».

              Comme d’habitude, on passera en revue la situation au niveau mondial, toujours avec accent sur le covid-19, la guerre  en Ukraine et ses multiples conséquences au niveau mondial. On s’attardera sur la situation haïtienne, avec accent sur la crise politique et sur les révélations du NYT qui pourraient nous ouvrir des opportunités sur l’avenir d’Haïti. On terminera sur des conclusions appropriées.

1.       La situation au niveau mondial

La situation au niveau mondial est, comme on l’a mentionné plus haut, dominée par la guerre en Ukraine et ses répercussions  sur  l’économie mondiale. La guerre en Ukraine fait oublier que le coronavirus est toujours là.

1.1.  Le coronavirus qui mute et la variole du singe qui revient

Le Covid-19 a franchi, au cours de ce mois de mai 2022, la barre symbolique de 1 million de morts aux USA et de plus de 5 millions au niveau mondial. En effet, au 5 juin 2022, les cas de contamination se chiffrent à 531, 714,125 et les cas de mortalité à 6,298, 452 au niveau mondial[1], y inclus les cas de contamination de 30,892 et les cas de mortalité de 835 en Haïti. Le virus ne cesse de muter. Cette fois-ci, on parle d’un nouveau variant  ayant pour nom, Omicron BA-5, découvert au Portugal. On craint une 6e vague dans ce pays à partir de l’automne prochain. En tout cas, l’immunité vaccinale et l’immunité naturelle, ou l’immunité hybride, aident dans la protection contre le virus, ou tout au moins  réduisent ses effets et les cas de mortalité.

Ce qui est triste dans cette histoire, c’est le réveil des virus[2], la variole du singe qui existe en Afrique depuis les années 1950, refait surface. Elle se transmettait d’animal à l’homme dans le passé, et d’humain à l’humain vivant dans une même communauté (transmission interhumaine), surtout dans une même famille où un membre l’avait contracté d’un animal. Maintenant, on la retrouve dans plusieurs pays où les personnes infectées n’ont jamais mis les pieds en Afrique. Elle se retrouve en Europe, en Amérique ou même dans la Caraïbe (transmission interhumaine dans des rapports sexuels entre hommes), et en Haïti où un cas aurait été signalé dans l’Artibonite. 200 cas relevés dans le monde (19 pays infectés dont 7 cas en France) jusqu’à date, c’est peut-être « le sommet de l’iceberg », pour reprendre le mot du directeur de l’OMS. Heureusement, les vaccins pour la variole du singe existent. Toutes ces informations sont occultées par la guerre en Ukraine.

1.2. La guerre en Ukraine, situation à date

La prise de Marioupol est totale. Sur demande du président Volodymyr  Zelensky, le bataillon d’Azov a accepté de se rendre aux Russes  qui ont vite fait de les orienter vers des prisons dans les républiques séparatistes de Dondbass, qui appliquent la peine de mort ; il y a donc un risque que ces prisonniers de guerre soient fusillés à la fin. Dans la chronique précédente[3], On a fait le point sur la situation  en Ukraine. Dans cette  chronique, on parle de l’évolution de la situation avec la concentration de la guerre au niveau de Dondbass dans l’est et le sud-est de l’Ukraine. La 2e ville du pays, Kharkiv, dans le nord-est, a été reprise par l’armée ukrainienne. La Russie a concentré toutes ses forces dans le Dondbass, avance petit à petit et surement. Son objectif actuel c’est la ville de Severodonetsk, occupée à 80%, mais sévèrement détruite.  Actuellement, la Russie contrôle 20% de l’Ukraine et toute une zone stratégique allant de la Crimée aux Républiques séparatistes, en passant par Marioupol. Malgré les moyens mis à disposition  par les USA et  l’Europe, plus de 50 milliards de dollars, prévus et fournis en partie à l’Ukraine par les Américains à date, la situation n'évolue pas trop en faveur de l’Ukraine, tout au moins dans le Dondbass.

Dans le Dondbass, l’armée ukrainienne confronte des difficultés, à cause des problèmes d’approvisionnement en armes et de munitions et aussi en hommes. Il faut noter que la Russie a détruit, à travers l’ensemble de l’Ukraine, et continue de détruire à distance et à l’aide de missiles guidés, des points stratégiques d’approvisionnement : rails, ponts, dépôts de stockage de produits agricoles, de carburants, d’armes ; usines de fabrication ; certains bâtiments de commandement ;  blocage de ports au sud et au sud-est de l’Ukraine, et contrôle de la mer d’Azov et de la mer noire pour empêcher l’exportation de produits alimentaires vers l’extérieur, etc. Par rapport à la livraison d’armes sophistiquées en provenance des USA et d’Europe, Vladimir Putin promet de les détruire et accuse les occidentaux de faire perdurer la guerre et d’augmenter la souffrance du peuple ukrainien, en fournissant des armes à l’Ukraine. Il Faut noter aussi la 6e batterie de sanctions adoptées par l’Union Européenne en relation avec le pétrole russe et autres secteurs de l’économie. Ce qui favorise l’analyse des conséquences de cette guerre, certes en Russie et en Ukraine, et mais aussi et surtout ses répercussions sur l’économie mondiale.  

1.3.  Les conséquences de la guerre sur le monde

L’invasion de l’Ukraine a conforté les relations entre les pays de l’OTAN, et l’Union Européenne. La Finlande et la Suède, membres de l’Union Européenne, décident, face à la menace Russe, d’abandonner leur neutralité de longue date et de rentrer dans l’OTAN. Certes, il y a la résistance de la Turquie, qui, il faut le rappeler, joue sur les deux tableaux Russe et Ukrainien et profite de l’occasion pour régler  ses contentieux avec ces deux pays de la Scandinavie, qui auraient abrité des rebelles kurdes considérés comme des terroristes par le président turque, Erdogan. La Finlande est privée du gaz russe en représailles et la Russie prévoit d’autres mesures, comme « une guerre hybride et totale », selon Serguei Lavrov, le ministre Russe des affaires étrangères, en fonction de l’évolution de la situation.

« La guerre en Ukraine n’est pas mondiale, mais la crise économique, oui ». On estime à 40% la quantité de blé qui transite par la Mer  Noire. Il faut noter aussi d’autres produits agricole comme les huiles de cuisine, le maïs, les 15% de l’engrais en provenance de la Russie. Les sanctions des Occidentaux contre la Russie se retournent aussi contre ces pays et leurs populations. D’où le phénomène d’inflation généralisée (aux USA, en Europe, en Russie, entre 5 et 19%), et la crise économique qui s’installe. On enregistre une augmentation des cours du carburant autour de 120 USD/baril, du blé, avec  des risques d’émeutes de la faim, en Afrique, au Moyen Orient, Yemen, Egypte, Liban, etc. Avec le phénomène de sécheresse au niveau mondial (2/3 de l’Europe, l’Inde, etc.) dû aux changements climatiques, l’année 2023 sera encore plus terrible. Tout cela a des répercussions sur Haïti.

2.       La situation au niveau d’Haïti

La situation au niveau d’Haïti est stationnaire sur le plan politique, si l’on excepte une petite tendance à des pourparlers entre les protagonistes, les efforts de la police nationale d’Haïti (PNH) et du commissaire Muscadin des Nippes face à l’arrogance des gangs, et surtout les articles du New-York Times (NTY) relatifs à la dette, rançon ou indemnité de l’Indépendance, qui entraine encore plus de division entre nous, alors qu’il faudrait s’accorder sur la stratégie pour obtenir réparation de la part  des deux puissances tutrices à la base en grande partie de notre situation actuelle.

2.1. Un semblant d’évolution au niveau politique

Le premier ministre Ariel Henry de l’accord 11 septembre 2021 a étonné tout le monde en se déplaçant pour aller discuter avec Mme Magali Como Denis de l’accord du 30 août 2021 dit de Montana. Cet entretien chez Magali à huit clos a fait couler beaucoup de salive, de diatribes de la part de la plupart des parties prenantes de Montana. Le plus important, les contacts ont été repris, il y a eu échange d’une sorte d’éléments de protocole. Entre temps, un comité  de médiation de la société civile s’est mêlé de la partie pour proposer un consensus plus large que les deux principaux accords dits d’Ariel Henry et de Montana. Ce comité de médiation est  composé de Religions pour la paix-Haïti, de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH) et de la Conférence des recteurs et présidents des universités haïtiennes (CORPUHA). Le 31 mai, le comité a fait sortir pour expliquer sa méthodologie de travail et le Nouvelliste de titrer : « Crise, le comité de médiation se dirige vers un troisième accord[4] ». Va-t-on vers une réelle combinaison des accords ou est-ce un épisode de plus de la crise multiforme et multidimensionnelle? Ces discussions ont dominé l’actualité durant une bonne partie du mois de mai 2022 jusqu’à la sortie des articles du NYT, avant d’être détrônées  par d’autres faits d’actualité en relation avec les gangs, les vrais maîtres du pays.

2.2.  L’arrogance des gangs

Malgré les efforts de la PNH, l’arrogance des gangs se fait de plus en plus sentir. Ils continuent de se battre pour des territoires, de kidnapper, d’exiger des rançons faramineuses, de violer, de saisir des biens privés et de tuer de paisibles citoyens et aussi des policiers. Est-ce du terrorisme ou du gangstérisme ? En tout cas, le blocage de la route de Martissant vient de franchir un an, ce 1er juin 2022, les cas de kidnapping sont en augmentation par rapport à l’année dernière. A titre d’exemple, il est signalé une demie douzaines de cas à Duval 24 (Croix-des-Bouquets), du dimanche 29 au lundi 30 mai 2024, des cas non répertoriés par la PNH. Combien de cas de ce genre au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ? Il faut signaler la  reprise des activités du Gang du défunt Odma à Savien, en particulier au niveau de la Petite Rivière de l’Artibonite et au niveau de Carrefour Peye. Il en a été de même  au niveau de Milot dans  le Nord du Pays.

Ce ne sont pas les gangs qui tuent, mais le commissaire

Quant au Département des Nippes sous contrôle du commissaire Muscadin, ce ne sont pas les gangs qui tuent, mais le commissaire qui ordonne de les tuer ou qui les tue, selon une vidéo en circulation. Et le FJKL, un organisme des droits humains, exige la révocation du commissaire et les policiers qui l’accompagnent. Ce qui fait un tollé au niveau de la République et des prises de positions contradictoires. On comprend le message que veut envoyer le commissaire, mais il ne peut pas agir comme les bandits en tant que représentant de la loi. Mais, d’un autre côté, pourquoi les organismes des droits humains ne dénoncent pas les exactions des gangs, tuant des policiers, des civils en toute impunité? Le respect des droits humains incombe-t-il seulement aux responsables de l’Etat ? Ce sont des sujets controversés comme les articles du NTY sur « la rançon de l’indépendance » pour reprendre l’expression de l’ex-président français, François Hollande. 

2.3. Les articles du NYT[5] [6] [7] [8]sur la rançon de l’Indépendance

La question de la rançon de l’indépendance est analysée en profondeur par le NYT. Les faits sont rapportés avec précision, les dates, les acteurs impliqués, le montant de la rançon exigée de la petite Haïti (500 M de francs Or), les paiements effectués par l’Etat Haïtien de 1825 à 1947 (Estimation entre 21 et 115 Mrds d’USD), en principe c’aurait dû être les perdants qui paient, dans le cas d’Haïti, c’est l’inverse. Le président Salomon procéda à la création de la Banque Nationale d’Haïti en 1880, pour liquider la dette et équiper le pays d’infrastructures indispensables. Nad marinad! Cette banque, régie par un conseil d’administration composé de français relevant d’une banque française, Crédit Industriel et commercial (CIC)[9], filiale actuelle du consortium Crédit Mutuel Européen, exigea des commissions très élevées sur toutes les transactions effectuées par l’Etat. Le prêt effectué auprès de la banque française pour rembourser définitivement la dette ne fait que  rendre Haïti plus servile vis-à-vis de la France. « De cette façon, le prêt a contribué à prolonger la servitude financière d’Haïti envers la France. Bien après que les familles d’anciens esclavagistes aient été remboursées, Haïti a continué à payer — cette fois-ci, auprès du CIC ».

Les USA, la puissance montante qui a acheté la Louisiane de la France pour 80 M d’USD, l’équivalent de 15 Etats actuels,  va se mêler de la partie, conformément à la doctrine de Monroe, « l’Amérique aux Américains ». En 1914, à la faveur des turbulences politiques entre Haïtiens, les USA vont procéder à  la prise de la réserve d’or haïtienne de 500,000 USD par un commando américain, et à l’achat  à la France de ce qui reste de la dette/rançon à travers la National City Bank de New York, l’ancêtre de Citigroup d’aujourd’hui.

Il a fallu attendre 2003 pour voir un président Haïtien, en la personne de Jean Bertrand Aristide, réclamer de la France la somme de 21 Mrds d’USD sous forme de « Restitution et Réparation ». Et Aristide sera victime, le 29 février 2004, d’un « coup » selon l’ambassadeur Thierry Burkhard, fomenté par la France et les USA qui s’en défendent par son ambassadeur d’alors James B. Foley. Et il a fallu attendre le passage dans les Antilles Françaises de François Hollande, issu de la gauche française, pour prononcer le mot de « la rançon de l’indépendance » en ce qui a trait à la dette et parler de remboursement vite rectifié par son entourage, en la qualifiant de « dette morale ».

 Comment le NYT explique-t-il la situation d’Haïti  d’aujourd’hui ?

« La corruption chronique des dirigeants du pays constitue sans aucun doute une partie de la réponse. Mais une autre partie se trouve dans des textes tombés dans l’oubli, éparpillés à travers Haïti et la France dans des centres d’archives et des bibliothèques », selon le NYT. En d’autres termes, les deux grandes puissances tutrices, la France coloniale et la superpuissance américaine ont une grande part de responsabilité dans la situation actuelle d’Haïti. Il faudrait des réparations à la petite Haïti, exploitée jusqu’à l’os par ces deux pays devenus amis d’Haïti et essayant hypocritement de la sortir de là. Avec la sortie de ces articles sur la rançon de l’indépendance, c’est une opportunité pour nous de faire la paix entre nous et de nous mettre ensemble pour réclamer des réparations à ces deux puissances. Que faire et comment en tirer profit ?

 

2.3.1.        Que faire et Comment en tirer profit

Haïti a eu  une expérience plutôt fructueuse avec Taïwan en relation avec des ouvrages clés en main.  Il faudrait étendre cette expérience à la France et aux USA qui ont des expertises assez pointues dans plusieurs domaines. Mais, bien avant, comme l’a suggéré l’ex-premier ministre Gérard Latortue[10], il faudrait mettre en place une équipe pluridisciplinaire pour le montage d’un dossier sérieux sur la question de l’indemnité/rançon de l’indépendance en vue de discuter un processus négocié de  réparation pour Haïti. Pour absorber une telle somme (Entre 21 Mrds  et 115 Mrds d’USD), quand on arrive à une entente avec ces deux puissances tutrices sur cette question de réparation, il faudrait principalement mettre l’accent sur les infrastructures susceptibles d’absorber des sommes considérables sur une période de 25 ans  à raison de 4 Mrds d’USD par an. Dans cette chronique, nous faisons certaines suggestions sur les domaines d’infrastructures qui pourraient être rapidement chiffrés par des experts  et faire une différence énorme au moment de la mise en œuvre du  processus de renforcement de développement du pays :

v  En matière de construction de Route, La route périphérique d’Haïti à 4 voies au bord de la mer et au bord de la Frontière avec la République Dominicaine et les axes de pénétration vers les nationales 1, 2, 3,  etc., soit approximativement une longueur développée de 2500 Km ;

v  En matière de voies ferrées : on pourrait accompagner  ces routes de lignes de chemins de fer à grande vitesse traversant le pays du Nord au Sud et des bretelles vers certaines villes de l’intérieur, soit approximativement une longueur de 750 Km, avec des zones de stationnement équipées de complexes commerciaux, de complexes hôteliers, industriels et autres lieux de loisirs;

v  En matière d’agriculture Irriguée : la mise sous irrigation de 70,000 ha de terre, la réhabilitation de 80,000 ha, l’agriculture protégée (agriculture sous serres) ; la construction de barrages de régulation, d’hydroélectricité, de dérivation ;

v  En matière d’électrification du pays, des centrales thermiques, hydro, solaires et éoliennes  tant au niveau urbain que rural ;

v  En matière  de construction d’infrastructures aéroportuaires : transport aérien (4 aéroports et 8 aérogares) et portuaires : transport maritime (9 ports dont 2 post-panamax et 20 débarcadères) ;

v  En matière de  complexes administratifs : 10 complexes administratifs au niveau des chefs-Lieux, 32 complexes administratifs au niveau des arrondissements, 103 complexes administratifs au niveau des communes,  et 572 complexes administratifs et de loisirs au niveau des sections communales ;

v  En matière d’Infrastructures scolaires, universitaires, des écoles, des lycées et des complexes universitaires pour absorber la masse d’écoliers et d’étudiants haïtiens qui vont en République Dominicaine ;

v  En matière d’infrastructures Sanitaires : Des complexes hospitaliers  départementaux, Hôpitaux de référence, centres de santé et dispensaires au niveau des départements, communes et sections communales. 

3.       Conclusions appropriées

La situation au mondial n’est pas du tout rose, la mutation du coronavirus en Omicron BA.5, le réveil des virus comme la variole du singe, la guerre en Ukraine au seuil de son 4e mois qui pourrait  durer beaucoup plus que prévu. La prise de la zone de Dondbass par l’armée russe se fera tôt ou tard, à mon humble avis, et l’Ukraine, aidée par l’Occident en termes d’armes et de munitions, ne jettera pas l’éponge de sitôt, d’autant qu’elle croit fermement que Vladimir Putin vise plus haut et plus loin.  La prise de Dondbass, si elle se fera, ne sera qu’une halte comme pour la Crimée en 2014, avant l’envahissement total de l’Ukraine et d’autres pays de l’ancienne Union Soviétique. Il y a donc  risques d’escalade. Même à ce stade, le monde souffre déjà des conséquences de cette guerre sur l’économie mondiale, en provoquant une pénurie de denrées alimentaires, le prix du blé a pratiquement doublé, le baril de pétrole frôle les 120 USD. L’inflation frappe toutes les économies de 5 à 19% en Europe et aux USA.

En Haïti, c’est la stagflation avec 25.9% d’inflation en mars. Très certainement plus grave encore aujourd’hui. La situation  bouge un tout petit peu sur le plan politique. Va –t-on vers un 3e accord avec le Comité de Médiation? Est-ce une manœuvre liée au Sommet des Amériques auquel  participera le PM Ariel Henry ? Ce serait criminel de sa part. Le peuple Haïtien qui subit le terrorisme à outrance des gangs, a trop faim pour « japper ».  En effet, « Le coût nominal moyen du panier alimentaire, en Avril 2022 se situe autour de 3,209 gourdes par personne par mois, soit 16,045 gourdes pour une famille de 5 personnes, contre 3,016 gourdes en Mars 2022, soit respectivement une augmentation de 6% en rythme mensuel et une augmentation de 52% en rythme annuel. Selon les normes SPHERES qui fixe le nombre de kilocalories minimum à 2,100 kcal, le coût nominal moyen du panier alimentaire du mois d’Avril 2022 est de 3,604 gourdes par mois soit 18,018 gourdes pour une famille de 5 personnes ». Bulletin CNSA/MARNDR. Avec près de 60% de la population vivant avec  moins de 1USD/jour, c’est tout simplement catastrophique.

Il est donc urgent de trouver un compromis entre nous. Un accord politique pour gérer au mieux la transition avec un gouvernement de consensus serait fantastique : (i) lutter contre les gangs et rétablir la sécurité ; (ii) se mettre d’accord sur les éléments fondamentaux de la transition, comme jeter les bases du nouveau système, ce qui veut dire nouvelle constitution ou adaptation de celle de 1987 par consensus, la mise en place d’un conseil électoral provisoire, l’évaluation du système électoral, la mise en place d’un programme de fonctionnement et d’investissement, l’initiation des processus pour aboutir à des procès équitables pour l’assassinat du président Moïse, de Me Dorval et les autres cas se retrouvant dans tous les accords, la constitution d’une équipe pluridisciplinaire sur le dossier de réparation de l’indemnité de l’Indépendance ; (iii) organiser des consultations populaires pour l’adoption de la constitution ; (iv) Organiser les élections générales dans le pays sous l’égide de la constitution adoptée ; (v) Remettre le pouvoir aux élus le 1er Octobre 2023, le jour de l’ouverture de la nouvelle année fiscale.