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dimanche 11 juin 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (38) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (15), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU « BWA KALE » (2) QUI REDUIT LA SUPREMATIE DES GANGS.

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (38) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (15), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE » (2) QUI REDUIT LA SUPREMATIE DES GANGS.

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

11 JUIN 2023

La 38e chronique, consacrée à l’interrogation « Haïti et le monde à la croisée des chemins(?) », a pris du retard à cause de mes problèmes personnels et familiaux. En effet, le 6 mai, ma femme, Marie Andrée Florvil Jean-Noël, est partie pour l’au-delà à l’âge de 61 ans ([1]) ; et le 23 mai 23, c’était le tour de ma sœur, Rose-Marie Jean-Noël  Thermil, « Maman Bouboune », je l’appelais ainsi lorsque j’étais un petit garçon. C’est donc moi qui me retrouve à la croisée des chemins. Ma vie de couple si bien organisée depuis 44 ans (fiançailles et mariage inclus) vient de basculer. Il m’a fallu plus d’un mois avant de reprendre mon cap et de comprendre l’ampleur de ces pertes et la nécessité de répartir sur de nouvelles bases pour moi et mes enfants. Je me suis donc replongé dans ma chronique du mois d’avril 23([2]) et sa conclusion par rapport à mon pays m’a sauté aux yeux : 

« Et puis le 24 avril 23, contre toute attente, le peuple réagit et sort de sa torpeur, c’est l’opération BWA KALE. Est-il possible  d’appuyer ce mouvement pour changer les choses, changer Haïti et jeter les bases pour concrétiser cette vision 2054, en faisant de notre pays, « le pays phare du monde en matière de démocratie solidaire, réduisant drastiquement l’écart entre les riches et les pauvres », en atteignant une première étape en 2032, avec 88% de souveraineté alimentaire, et une deuxième étape en 2042, un pays émergent à la manière de la Scandinavie, avant l’étape finale de 2054? ».

Travailler à la concrétisation de la vision 2054, c’est ma mission primordiale. Il me faut continuer la lutte en produisant des réflexions eu égard à cette mission. « Haïti d’abord et avant tout », et mes chroniques sont des chapitres de cette grande œuvre de ma vie.

La 38e chronique parlera de la géopolitique mondiale, avec la guerre en Ukraine comme toile de fond, et de la situation chaotique de mon pays, Haïti, l’opération « BWA KALE », la baisse de l’insécurité en termes de cas de kidnapping, les tentatives de résolution de la crise multiforme et multidimensionnelle que traverse Haïti, les intempéries, etc. D’où le titre de cette 38e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (38) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (15), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE » (2) QUI REDUIT LA SUPREMATIE DES GANGS. »

 

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

La situation géopolitique mondiale est dominée par (i) la guerre en Ukraine et certains éléments considérés comme la contre-offensive ukrainienne, (ii) la réélection plutôt correcte d’Erdogan en Turquie (sans trop grand écho dans la presse occidentale) lui permettant d’entamer une 3edécennie au pouvoir,  (iii) le G7, la situation politique aux USA et la saga Trump. Dans ce chapitre, nous nous attardons sur la partie i et iii.

1.1. La guerre ([3]) en Ukraine, l’imminence de la contre-offensive(?)

Le 24 mai 2023, la guerre en Ukraine rentre dans son 16e mois. La situation a grandement évolué par rapport au mois dernier.  Certes la guerre d’attrition se concentre toujours dans le Donbass, mais la ligne de front s’étend sur plus  de 1000km,  avec les incursions des groupes rebelles russes anti-Poutine et pro-Ukrainiens dans l’Oblast  russe de Belgorod. L’Oblast russe est en partie sous contrôle de ces rebelles que l’Armée régulière n’arrive pas à déloger jusqu’à présent. Ce qui obligerait l’Armée russe qui se bat en Ukraine à se dégarnir pour aller protéger la frontière russe un peu plus au nord de la ligne de front habituel. Les habitants de cet oblast russe, face à la faiblesse de l’Armée régulière russe, semble faire appel à la milice Wagner qui y répond pour les aider à faire face à l’ennemi.

La ville de Bakhmuth sous contrôle russe

D’un autre côté, la ville de Bakhmuth sous contrôle russe, la milice Wagner dans un premier temps et l’Armée régulière russe dans un second temps, subit dans sa périphérie sud, est et nord, les contre-attaques de l’Armée Ukrainienne. C’est vrai que la ville est administrativement sous contrôle russe, mais les manœuvres d’encerclement amorcées  par l’Armée Ukrainienne, les frappes à partir de l’artillerie et les assauts répétés des forces spéciales ukrainiennes, pourraient rendre intenable pour longtemps   la ville rasée par l’Armée régulière russe. D’autant que, à ce qu’il parait, l’approvisionnement en armes, munitions et hommes semble connaitre certaines difficultés.

L’usage des drones et des missiles

En plus de ces aspects classiques de la guerre, la Russie et l’Ukraine se bombardent mutuellement à partir de missiles et de drones. La Russie frappe au niveau des villes de manière un peu aveugle en visant soit des bâtiments stratégiques et soit des dépôts de munitions, mais  en touchant la population civile. Par contre, les ukrainiens frappent avec beaucoup plus de précision des dépôts de munitions russes, des trains de transport, des ouvrages, des centres de décision, etc. Ils envoient aussi des drones jusqu’aux environs de Moscou. Ces drones, semble-il, n’avaient pas de charges importantes. C’était, selon moi, des tests pour évaluer le système de défense russe. C’est clair que la défense russe n’est pas aussi performante qu’on pourrait le croire. Par la suite, ils ont envoyé des drones avec des charges explosives plus importantes qui ont fait mouche. On attend la réplique des russes.

L’explosion du barrage hydroélectrique de Kakhovka

Aux dernières nouvelles, le barrage hydroélectrique de Kakhovka ([4]) a été partiellement endommagé (18 milliards de m3 d’eau). Les russes  et les ukrainiens s’accusent mutuellement. Il est de plus en plus clair que l’explosion partielle du barrage met en cause les russes qui avaient le contrôle total sur le barrage. Les moyens explosifs utilisés et les analyses des experts ont conduit à la piste russe. Aucun élément logique ne peut mettre en cause  la responsabilité ukrainienne. « C’est stratégiquement à l’avantage des russes », selon Xavier Tytelman ([5]). En tout cas, « c’est un écocide », selon Volodymyr Zelensky. Putin utilise à peu près les mêmes mots en matière d’impacts environnementaux. « C’est une manœuvre de sidération », selon Guillaume Ancel.

La contre-offensive a pratiquement commencé (?)

A partir des attaques au niveau de l’Oblast de Zaporijia, de celui de Louhans et de celui de Donetsk, la contre-offensive ukrainienne a pratiquement commencé ([6]) sur au moins trois axes. C’est confirmé par les médias américains (Washington Post, ABC), par le Haut-commandement russe, par les chaines Télégramme, et repris par les médias ukrainiens. Les russes ont dit qu’ils ont repoussé des attaques ukrainiennes. Selon d’autres sources, les ukrainiens ont déjà repris certains villages au niveau des trois oblasts cités et qui sont sous occupation russe. Selon les spécialistes militaires européens, les ukrainiens devraient opérer une ou des percées, en particulier au niveau de Zaporijia, pour couper en deux l’Armée russe à cet endroit et ainsi rendre non-opérationnel le pont terrestre établi entre l’Est et le sud de l’Ukraine, en grande partie sous le contrôle russe. Ainsi, les oblasts de Kherson et de Crimée se retrouveraient isolés. Cette contre-offensive ukrainienne est rendue possible grâce à l’aide massive de l’occident, en particulier les USA.

1.2.   G7, USA, Campagne électorale et la saga Trump

Après la réunion du G7 du 17-21 mai 2023, toujours sous la domination des USA, à  Hiroshima, Japon, et son long communiqué, abordant les grandes préoccupations mondiales dont la guerre en Ukraine, cette entité mondiale, initiée en 1975 par Valery Giscard D'Estaing de France, se comporte toujours comme la principale institution mondiale dictant leur conduite aux autres nations du monde. Les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont pris part à la réunion de 2023 sont : Joe Biden des USA, Emmanuel Macron de France, Justin Trudeau du Canada, Rishi Sunak de la Grande Bretagne, Olaf Scholz de l’Allemagne, Fumio Kishida du Japon, Giorgia Meloni de l’Italie, l’UE était représentée par Charles Michel, président du Conseil Européen, et Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission Européenne. Il est important de lire le communiqué ([7]) du G7 de cette année 2023. Il faut noter que V. Zelensky a été l’invité d’honneur à ce sommet.

Trump, une 2e inculpation avec 37 chefs d’accusation[8]

Une fois la réunion terminée, Joe Biden est revenu aux USA pour s’occuper des affaires intérieures du pays, en particulier de sa campagne électorale. Du côté du parti républicain, en plus de Donald Trump, qui se débat dans ses imbroglios judiciaires, en particulier le très sérieux  dossier des documents classifiés, deux autres poids lourds viennent de se jeter dans l’arène républicaine. Il s’agit du gouverneur de la Floride, de Ron  DeSantis, et de l’ex-vice-président de Trump, Mike Pence. Malgré la possibilité d’une 2e inculpation avec 37 chefs d’accusation par un tribunal fédéral de Miami, D. Trump se jette à corps perdu dans la course à la présidence de 2024, devançant de loin l’ensemble de ses adversaires républicains. Il faut dire que Trump n’a pas le choix « c’est la présidence ou la prison ».Très certainement, les thématiques, immigration, Ukraine et Haïti, seront, entre autres, de la partie comme des thèmes majeurs de campagne.       

II.                   SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 La situation haïtienne est préoccupante. L’ONU se penche sur le dossier Haïti. La CARICOM également. Kamala Harris, la vice-présidente américaine, fait une plaidoirie pour une intervention militaire en Haïti. A peine démarrée, la saison cyclonique 2023 (Juin-Novembre) qui s’annonce terrible pour notre pays, cause des dégâts considérables (pertes en vies humaines, pertes de bétails, inondations monstres, glissements de terrain, etc.) à partir d’une simple dépression tropicale. L’opération BWA KALE même ralentie favorise un net ralentissement des activités des gangs.

L’instabilité politique et ses conséquences

              Comme listé à l’introduction de ce chapitre II, la conjoncture de ce mois de mai et du début juin 2023, est terrible. Il est vrai que le phénomène Bwa Kale favorise une certaine amélioration de la situation avec un ralentissement des activités criminelles des gangs et une augmentation des actions de la police nationale (PNH). En effet :

(i)                  Si l’on en croit le Bilan fait par une organisation des droits humains, « Près de 160 présumés bandits dont 134 dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ont jusqu’à date, fait les frais de justice expéditive de membres de la population », selon le centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH-Haïti). Au niveau de l’Artibonite le BWA KALE a beaucoup affaibli la base GRANGRIF au niveau de Savien. Il est constaté que, quand bien même la réaction un peu tardive des gangs face à ce phénomène, (Vitelhomme Innocent, Ti Lapli, IZO et même Krisla au niveau de Carrefour), la peur a changé de camp. Ce qui se traduit par un net ralentissement du phénomène de kidnapping et un regain d’activités économiques au niveau de certaines zones du pays.

(ii)                Selon son porte-parole Gary Desrosiers, propos rapportés par le Journal Le National, « La Police a effectué 2730 arrestations, récupéré 70 armes, un lot de 2661 munitions, 67 véhicules et 2 chaloupes. Elle a aussi confisqué 16 kilos de marijuana, 9 kilos de cocaïne, 24,723,466 gourdes et 39,000 dollars américains, dans le cadre de l’opération Tornade, du 26 janvier au 26 mai.» C’est vrai que le bilan de la PNH va très au-delà de la période BWA KALE, mais les principaux succès de la police se situe dans la période de cette réaction populaire où le peuple s’est associé à l’institution policière.

             Réaction violente de la population ou BWA KALE

Pour revenir aux activités des gangs avant le BWA KALE, les bilans sont assez macabres et le peuple en a payé un lourd tribut. Selon le RNDDH, il a été dénombré sous le gouvernement d’Ariel Henry : « Neuf massacres et plus de 700 morts ». Rappelez-vous  les conflits entre gangs rivaux à Cité Soleil, Croix-des-Missions, Canaan, Croix-des-Bouquets, Bélair, etc. Selon l’organisation Fondasyon Je Klere (FJKL), le massacre de Source-Matelas, entre Croix-des-Bouquets et Cabaret, c’est plus de 100 personnes assassinées dont 13 membres d’une même famille décapités, la famille Joachim, et 13 bébés assassinés par le gang de Canaan lié au caïd de Village de Dieu, Izo. Ce sont tous ces massacres et injustices, dont a été victime la population sous l’œil indifférent du gouvernement et de la communauté internationale, qui ont provoqué sa réaction violente connue sous le vocable BWA KALE.  Face à tant méchancetés de la part des terroristes, la communauté internationale et le gouvernement n’ont pipé mot, mais la réaction BWA KALE a fait un tollé au niveau international. Il faut à tout prix arrêter la barbarie du peuple haïtien, le monde civilisé ne peut en aucun cas accepter cette justice expéditive. D’où l’intensification des tentatives de solutions au niveau international, l’ONU, la CARICOM,  et même au niveau interne sous l’instigation de l’International.

Forum sous Forum, qu’en sortira-t-il ?

En plus des nombreuses visites effectuées par les commissaires américains pour tenter de résoudre la crise multiforme et multidimensionnelle d’Haïti, et des nombreuses réunions à l’ONU, à l’OEA,  à la CARICOM, le Haut Conseil de Transition (HCT) issu de l’accord du 21 décembre 2022 a organisé un forum sur la sécurité du pays, et Mme Manigat de préciser lors de son intervention à ce forum les 3 extrants attendus : 1) une stratégie de sécurité élaborée par des experts nationaux et internationaux ; 2) un document de déclaration conjointe pour la révision de la Constitution, et 3) La préparation des élections à venir selon un chronogramme assez concluant, mais raisonnable pour encadrer la mise en œuvre des étapes. Qu’en est-il en réalité ? Pas grand-chose ! C’est toujours la division, la bataille pour le pouvoir au niveau de la classe politique, ou tout au moins de ce qui en reste après les sanctions américaines, canadiennes et dominicaines. Au point que la Caricom a jugé bon de convoquer  une trentaine de personnalités  à une rencontre inter-haïtienne à la Jamaïque sur la crise les 11,12 et 13 juin 2023. Qu’en sortira-t-il ? Ariel Henry renouvelle sa demande pour une force multinationale spécialisée en Haïti. Est-ce que cela se fera ?

 

La question de la vie chère de l’insécurité alimentaire

En attendant, notre pays paie les conséquences de nos inconséquences, la dégradation de notre environnement physique ne permet pas au pays de résister à des pluies d’une simple dépression tropicale, bilan « 30 décès, 9 personnes disparues, 5 blessés, 7475 familles sinistrées, 7500 maisons inondées, pour le seul département de l’Ouest en particulier la commune de Léogane », selon la Protection Civile. Il faut également noter avec Frantz Duval du Nouvelliste, « Naufrage du bateau Métropole ; inondations dans plusieurs régions ; séisme au niveau de la Grande-Anse ; actes de violence ; choléra en résurgence ; impréparations des responsables ; insouciance des politiciens. A chaque fois, des morts dans la population ». Et nous ajoutons « la question de la vie chère et de l’insécurité alimentaire qui touche plus de 5 millions d’haïtiens ».

 

Toutefois, notons quelques bonnes nouvelles

Il faut signaler la condamnation à perpétuité de Rodolphe Jaar dans le cadre de l’assassinat du président Jovenel Moïse par un tribunal de la Floride ; la plus importante recette mensuelle en gourdes jamais enregistrées  en douane en Haïti (12, 78, 335,988. 25 G) perçues pour le mois de mai 2023 ; la tendance baissière du dollar par rapport à la gourde depuis le déclenchement de l’opération BWA KALE et qui favorise une certaine baisse des prix des produits alimentaires. Dans un pays où l’emploi se fait de plus en plus rare et se concentre en majorité dans le secteur informel, toute possibilité de réduire la vie chère est une bonne chose. Pour information, Haïti Dev rapporte que « Selon le rapport de l’OIE, l’emploi informel domine et représente plus de 80% des actifs, à savoir 40% dans l’agriculture, 25% dans le commerce, 11% dans l’industrie, tandis que le secteur public n’emploie que 2% du total de la population active ».

III.                CONCLUSIONS ET PERPECTIVES  

Même s’il y eu le G7 au Japon, la réélection d’Erdogan en Turquie pour un 3e mandat, la guerre en Ukraine demeure le principal sujet d’actualité au niveau mondial au cours du mois de mai et début juin 2023. Même la finale  de la coupe d’Europe des clubs champions gagnée par Manchester City au détriment de l’Inter de Milan (1-0) n’a pu changer cette réalité. La contre-offensive ukrainienne a bien commencé, mais elle n’est pas aussi fulgurante comme celle de Kharkiv. Il faudra attendre un peu avant de se faire une idée précise sur l’issue de cette contre-offensive. On va voir si les armes occidentales changeront quelque chose. En tout cas, cette guerre continue à impacter le monde et Haïti.

 

Haïti, quant à elle, continue dans ses incertitudes politiques, même si le phénomène BWA KALE casse un peu le feu des gangs en réduisant leur suprématie, et les sanctions contre les brasseurs d’affaires et les politiciens favorisent une décantation de la classe politique. Il suffit de constater la baisse du phénomène de kidnapping et de regarder la liste des personnalités invitées aux discussions de la Jamaïque pour s’en rendre compte. Quelque chose est en train de changer. Jusqu’où ça va aller ? On ne sait pas. C’est pourquoi, après mes multiples problèmes personnels et familiaux, je me suis donné comme tâche principale de continuer à produire des réflexions sur Haïti, en particulier sur la vision 2054.


Je reste persuadé que la crise multiforme et multidimensionnelle actuelle d’Haïti ne pourrait se résoudre que dans le cadre d’une entente inter-haïtienne avec un appui musclé de la communauté internationale, mais, cette fois-ci, il nous faudrait produire un document sérieux traduisant réellement les aspirations du peuple haïtien et non nous laisser imposer, comme d’habitude, un document par nos amis. C’est ce document en trois étapes successives, bien imbriquées, bien articulées, et intégrant l’ensemble des actions d’urgence, de relèvement et de développement du pays qui aboutirait à la réalisation de la  vision 2054. Il faut commencer maintenant. Le temps presse. Que chacun s’y mette !



[1] https://jrjean-noel.blogspot.com/2023/05/marie-andree-jean-noel-le-pilier.html

[2] https://jrjean-noel.blogspot.com/2023/05/haiti-et-le-monde-la-croisee-des.html

[3]  https://www.youtube.com/watch?v=P2wGB_QIjKw

[4] https://www.youtube.com/watch?v=PHXYzs_lQ0s

[5] https://www.youtube.com/watch?v=ItQRzOwDxLs

[6] https://www.youtube.com/watch?v=DYsldipTBBA

[7] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/05/20/communique-des-chefs-detat-et-de-gouvernement-du-g7-hiroshima#:~:text=1.,cap%20d'un%20avenir%20meilleur.

[8] https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/proces-des-archives-37-chefs-daccusation-contre-donald-trump-1951000

mardi 23 mai 2023

MARIE-ANDRÉE JEAN-NOËL, LE PILIER CENTRAL DE NOTRE ÉDIFICE FAMILIAL, UN MODÈLE FASCINANT À SUIVRE

 

MARIE-ANDRÉE JEAN-NOËL, LE PILIER CENTRAL DE NOTRE ÉDIFICE FAMILIAL, UN MODÈLE FASCINANT À SUIVRE

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

21 MAI 2023

 


Après le décès de leur mère, ma belle épouse, Marie Andrée Jean-Noël, le 6 mai 2023, les enfants m’ont demandé avec insistance d’écrire quelque chose pour Manmi comme ils l’appellent affectueusement. Je ne me sentais pas la force de le faire. Le Bon Dieu et Andoue, comme je la surnomme affectueusement, m’ont aidé à « me détacher » et à me sentir « non concerné directement », pour pouvoir camper cette magnifique femme, mon amie, mon amour, mon épouse chérie. Andoue et moi, on a vécu 52 ans ensemble, répartis en trois grandes périodes,1) la période de connaissance et d’amitié : la petite fille de 9 ans à 13 ans que je regardais grandir, la belle jeune fille de 13 à 17 ans, mon amie qui assistait toujours souriante à mes multiples aventures amoureuses, 2) la période de fiançailles avec cette belle jeune fille épanouie de 17 à 22 ans, cette marabout noire aux cheveux longs, qui attire les regards de tout le monde, et 3)  la longue période d’union sacrée, avec cette sculpturale épouse, toujours bien mise, ma reine, une belle âme, tout simplement une bonne personne, de 22 ans jusqu’à sa mort à l’âge de 61 ans. Je vous présente donc ma femme. Prenez le temps de parcourir la synthèse de sa vie bien remplie, partie  trop tôt  selon moi, mais que le Tout Puissant a décidé d’appeler vers la lumière.    

Marie Andrée Jean-Noël, Andoue, Manmi,  est née le 26 avril 1962, fille de Carmène Louis et d'Inovil Florvil. Son parcours éducatif a commencé chez Marcelle Ruiz et chez les Sœurs St Pierre Claver, avant de poursuivre ses études secondaires au Lycée Louis Diaquoi aux Gonaïves, Haïti, de 1965 à 1980. Elle a ensuite poursuivi ses études en gestion et en informatique à New-Jersey, Excess County College, de 1980 à 1985, à une époque où la science informatique balbutiait encore.

              Le voyage d’étude aux USA

Le 21 juillet 1984, elle a épousé Jean-Robert Jean-Noël, un ingénieur de profession, son ami et son amour. L’adolescent de 17 ans et la  petite-fille de 9 ans se sont vraiment rencontrés à la Ruelle Orival où l’adolescent venait d’aménager avec ses  parents, Mr et Mme Dudray Jean-Noël. Elle avait 13 ans lorsqu’ils se sont liés d’amitié. Cette amitié s’est transformée en un amour profond le 20 mai 1979. L’histoire d’amour de Bob et d’Andoue était née. Durant plus d’un an, ils ont vécu un  amour fou en Haïti. Elle devait partir en 1980 continuer ses études aux USA. Ils se sont retrouvés en Juillet 1982, en Avril 1983 à New-Jersey et en Haïti en décembre 1983, et ont pris la décision de s’unir pour le meilleur et pour le pire, le 21 Juillet 1984, à l’Eglise Catholique d’East-Orange, N.J.  

              Le premier retour en Haïti

Ensemble, ils ont construit en 1985 leur nid d’amour à la Croix-des-Bouquets et y ont élevé avec amour leurs quatre enfants, Jahim, Andaïka, Joséphine et Mardochée. Elle a su transformer sa maison en un petit paradis fleuri grâce à sa passion pour les plantes ornementales. Après son retour en Haïti en décembre 1985, elle a travaillé pendant un an dans une société informatique et également au Journal La Phalange de l'Église Catholique. Pendant cette période, elle a fréquenté l'Institut Français de Port-au-Prince pendant plus d'un an pour maîtriser à nouveau la langue française, qu'elle avait apprise dès sa plus tendre enfance auprès de sa marraine, Mme Archimède Bois, et plus tard à l’école des sœurs et au Lycée. Elle s’est consacrée en priorité à l’éducation des enfants sans pour autant négliger son mari qui, pour des raisons professionnelles, a dû sillonner Haïti. Lors du séjour de ce dernier comme directeur départemental de l’Artibonite du ministère des Travaux Publics, elle est retournée dans sa ville natale aux Gonaïves, pour continuer à s’occuper de ses enfants, de son mari, de leur entreprise de « Matériaux de Construction » et a eu  le temps de retourner à l’Université pour acquérir des connaissances en sociologie et à nouveau en informatique de gestion.

Le couple a ensuite dû quitter Gonaïves pour retourner dans leur nid d’amour de la Croix-des-Bouquets, car le mari a été contracté par une organisation internationale, la PADF. Pendant ce temps, Marie Andrée a repris tout en main au niveau de la maison, en réaménageant sa cour, son jardin fleuri et des coins intimes d’évasion. Elle est également tombée enceinte en juin 1994 de leur benjamine, Jihanne Mardochée, Dochie. Elle conduisait les enfants à l’école le matin et les récupérait l'après-midi lorsque son mari était en province. À la fin de cette grossesse début 1995, elle a recruté un chauffeur, Alexis Victory, dit Maboul, qui fait toujours partie de la famille.

              Le 2e retour un peu forcé de la mère accompagnatrice des enfants aux USA

Lorsque les enfants ont atteint l’âge d’aller à l’Université, sauf Dochie, Marie Andrée qui a acquis la nationalité américaine depuis le début des années 1990, a décidé, avec l’accord de son cher époux, d’accompagner ses enfants aux USA, leur lieu de naissance. Après avoir vécu en Haïti, ils ont déménagé momentanément dans l’Etat de Georgia aux États-Unis, où Marie Andrée a continué à fleurir leur nouvelle maison avec l’assistance physique sporadique de son mari, resté au pays pour des raisons professionnelles de 2007 à 2017. Et là elle allait passer 10 ans dans l’Etat de Georgia. Elle en a profité pour embrasser les sciences infirmières et obtenir un certificat pour retourner sur le marché du travail, en particulier à Meryl Garden, tout en continuant à bercer la benjamine, Dochie, et à accompagner les adolescents jusqu’à l’obtention de leur « bachelor et master degres », pour la plupart. Elle s’est convertie au mouvement adventiste du 7e jour et y a entrainé son mari et deux de ses enfants. En 2014, elle a été diagnostiquée du cancer du sein. Elle y a survécu. Elle a participé activement aux préparatifs de mariages de deux de nos enfants et à la naissance de notre premier petit-fils James Robert dit Jay.

              Le 2e retour en Haïti qu’on croyait définitif

En 2017, Marie Andrée (Andoue) est retournée en Haïti rejoindre son mari. Depuis son retour, ils ont voyagé ensemble aux États-Unis pour assister à des événements importants tels que les graduations et les mariages de leurs enfants. Grâce aux nouvelles technologies, Marie Andrée est restée en contact étroit avec sa famille, ses amis et ses frères et sœurs. Malgré la détérioration de la situation en Haïti, le couple a décidé de prendre sa retraite aux Gonaïves et a commencé la construction d'une maison, qui est maintenant à un stade avancé. Cependant, la situation s'est dégradée dans le pays et le couple a subi les difficultés imposées par  le "Peyilock", un terme utilisé pour décrire la situation d'insécurité dans le pays. Malheureusement, ils ont également été confrontés à un risque de kidnapping sur la nationale No 1, près de Carrefour Paye.

En octobre 2020,  en pleine période de COVID-19 en Haïti, on a décidé de faire un bilan financier de notre vie de couple. Le constat était à la limite plutôt  inquiétant. Je lui ai proposé un plan stratégique familial. Elle l’a accepté et m’a promis de l’opérationnaliser tout de suite. Elle s’est mise au travail avec la plus grande discrétion comme à ses habitudes. Toute l’opération a été circonscrite autour de mes revenus de consultant. J’avais encore, la cote fin 2020 et début 2021. Malheureusement, la situation politique s’est détériorée rapidement à partir  de janvier 2021, surtout à partir de février, date de fin de mandat du président Moïse, selon les oppositions politiques. Cela est devenu de plus en plus corsé jusqu’à notre départ du pays le 4 juin 2021.    

              Le voyage sans retour et l'exploit de la gestionnaire

Le 4 juin 2021, le couple est parti aux États-Unis pour un voyage médical de routine et s'y est retrouvé bloqué depuis avec l’assassinat crapuleux du président Moïse. Malheureusement, le cancer est réapparu au cours de l’année 2022 et elle s'est battue avec détermination, croyant que Dieu lui permettrait de vaincre la maladie une fois de plus. Malgré la maladie, vu que son mari n’a plus de revenu suffisant pour faire face aux dépenses quotidiennes, elle est retournée travailler. Elle a insisté 3 mois avant sa mort pour une évaluation financière de notre situation par deux de nos enfants spécialistes de la question. Et  On a  redécouvert que ma femme, Andoue, était une gestionnaire hors pair et d’une discrétion à nulle autre pareille. Elle s’est arrangée, selon le plan stratégique familial établi avec son mari en octobre 2020, pour réduire de 50%, en moins de 3 ans, nos dettes, à partir de nos maigres moyens issus des consultations de son mari, de son salaire depuis notre retour ici aux USA, et de la vente d’un terrain en Haïti. Toute la famille était subjuguée par cette performance et surtout par la stratégie utilisée pour atteindre ce résultat hors du commun.

Malheureusement, la maladie n’a pas cessé de progresser. On a dû l’interdire de continuer à travailler. Et deux mois plus tard, Andoue, la femme courage nous a quittés le samedi 6 mai 2023, après avoir fêté son 61e anniversaire en famille le 26 avril 2023. Elle laisse derrière elle son mari Bob, ses enfants Jaja, Dadoue, Dopie et Dochie, ainsi que ses quatre petits-enfants, Jay, Dayday, Enzo et Amira-Rose, ses sœurs Gélène, Mona, Marjorie, Yvana, Muracia, Fifi et Mamane, ses oncles, tantes, neveux, nièces, amis et collègues dans la plus profonde des douleurs.

            Son dernier mot

 Avant de partir définitivement vers la lumière pour retrouver notre Sauveur Jésus, elle a eu le temps de se  confier à notre fille, Dadoue, et de nous envoyer à Toutes et à Tous ce message de réconfort : "TOUT À JÉSUS ! DIEU EN CONTROLE!"

              Le modèle à suivre

Marie Andrée était une femme aimante, dévouée, attentionnée, une bonne gestionnaire, une grande amoureuse de la nature et des plantes qu’elle caressait comme s’il s’agissait d’une personne ; elle leur parlait, c’était fascinant ! Durant son agréable séjour parmi nous, elle  a touché la vie de nombreuses personnes dont la grande majorité la considère tout simplement comme le modèle à suivre. Elle a laissé un impact indélébile sur sa famille, ses amis et sa communauté, et elle restera à jamais dans nos cœurs et nos mémoires.

              Le Pilier central de notre édifice familial

Andoue était tout simplement, comme dit toujours son autre moitié, Bob, « le pilier central de notre édifice familial ».  

Que ton âme repose en paix ! Et que Dieu te reçoive à bras ouverts dans sa demeure, mon amour!!!

Que la terre te soit légère !!!

Adieu Andoue ! On se rencontrera là-haut !!!

Qu’il en soit ainsi au nom de Jésus !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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mercredi 3 mai 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (37) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU « BWA KALE » EST-IL LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (37) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE » EST-IL LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

2 MAI 2023

Dans la conclusion de la 36e  chronique, je m’interrogeais sur ce qui pourrait se passer en Haïti : « Va-t-on vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un appui musclé de la Communauté Internationale ? ».Biden envisage de transférer le dossier d’Haïti à nouveau à l’ONU, et Abinader, le président dominicain, notre voisin de l’Est, persiste et signe, la communauté internationale devra « Pacifier Haïti » ; en tout cas, c’est ce qu’il a déclaré lors du sommet Ibéro-américain qu’il a hébergé cette année. »

Effectivement, le dossier d’Haïti est retourné au niveau de l’ONU à la fin du mois d’Avril 23. Et l’on parle d’une probable intervention urgente, la nouvelle représentante du BINUH, Mme Salvador l’a clairement demandé dans son dernier rapport sur Haïti, surtout parce que le peuple a déclenché de manière inattendue une opération de déchoucage des bandits, plus connue sous le vocable « BWA KALE[1] ».

Dans cette 37chronique, la guerre en Ukraine occupe toujours le devant de la scène, avec  la guerre d’attrition dans le Donbass, en particulier à Bakhmuth, qui est presque encerclée par les russes ;  Biden a déclaré sa candidature à sa succession. Concernant l’actualité nationale haïtienne, le règne des bandits semble en passe de s’achever à partir de l’opération Bwa kale déclenchée spontanément par la population le 24 avril 23, au niveau de la zone de Canapé Vert, un quartier de Port-au-Prince, la capitale. D’où le titre de  cette 37e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (37) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ( ?) ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE» EST-IL LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

1.1.  Biden vs Trump en 2024 ?

Biden a annoncé sa candidature pour la présidentielle américaine de 2024 en dépit d’une opinion publique défavorable à 70%. En principe, le parti au pouvoir ne présente pas de candidat en face du président en fonction. Dans le cas de Biden, il aura à faire face à un Kennedy prénommé Robert Jr, 69 ans, fils de Robert Kennedy, le frère et ministre de la Justice  de John Fitzgerald Kennedy (JFG),  comme le président Carter en 1980 face à Edouard Kennedy, un autre frère de JFK. Ce Robert Kennedy Jr ne semble pas faire le poids face à Biden qui sera désigné le candidat du parti démocrate.

En face de Biden, il y aura Trump qui est en ballotage favorable face à ses adversaires du parti républicain. Les problèmes de justice que confronte Trump blindent sa campagne. Et, quand bien même, il sera condamné pour ses nombreux crimes, il pourra quand même redevenir président si le peuple américain le préfèrera à Joe Biden. C’est la loi. En cas de la prise de pouvoir par Trump 2024, si la guerre en Ukraine ne se termine pas entre temps, l’appui de l’administration américaine à l’Ukraine sous Trump sera très compromis.

1.2. La guerre[2] en Ukraine, l’imminence de la contre-offensive(?)

Le 24 avril 2023, c’était le 14e mois de cette guerre qui rentre dans son 15e mois. On constate une certaine évolution de la situation par rapport au mois dernier. La guerre d’attrition se concentre toujours dans le Donbass sur environ 800 km, en particulier sur la ville de Bakhmuth à 88% russe aux dernières nouvelles. C’est une ville presqu’entièrement rasée par les russes pour éviter les ripostes des tireurs d’élite ukrainiens, qui, cachés dans ces grands bâtiments, ont causé des pertes énormes dans les rangs de la milice Wagner et dans l’armée russe (20,000 morts selon des sources occidentales).  Jusqu’à présent, la ville ne tombe pas encore totalement, puisque les ukrainiens occupent 12% de la ville presque encerclée par les russes et procèdent par des raids pour reprendre certaines positions. Cette fois-ci, on sent que la fin est proche.Mais… Les ukrainiens avaient-ils raison  de sacrifier autant d’hommes aguerris  pour une ville sans importance stratégique? En tout cas, cette ville est devenue un symbole de la résistance ukrainienne face à l’agression russe. Elle a permis de fixer une grande concentration de l’armée russe à cet endroit et d’en éliminer une quantité considérable d’hommes. A un moment donné, on parlait de pertes à raison de 1 pour 10 en faveur des ukrainiens.

La Russie a actuellement occupé 14% du territoire ukrainien et n'a gagné que 70 km2 ces derniers jours. Cependant, les Occidentaux continuent de soutenir financièrement et en armes l'Ukraine, qui prépare activement sa contre-offensive. Personne ne sait quand cette contre-offensive commencera, mais il est important de noter que 98% des véhicules de combat[3] promis par les Occidentaux sont déjà sur place. Avec ces armes, les Ukrainiens ont réussi à frapper des dépôts de munitions à Sébastopol en Crimée, dans le sud, ainsi qu'à Belgorod en Russie, en face de Kharkiv dans le nord-est de l'Ukraine, à saboter des trains de munitions en territoire ruse, à 60 km de la frontière. Certains considèrent ces frappes comme le début de la contre-offensive ukrainienne, malgré les conditions climatiques difficiles. Le président ukrainien, Zelensky[4], a clairement déclaré que "les principales batailles sont imminentes", la raspoutitsa. Certaines sources évoquent même une date possible pour le début de cette contre-offensive. Prigogine parle de 15 mai 2023. Il reste à voir si cette date est exacte ou si elle n'est qu'une supposition. Quoi qu'il en soit, il est clair que quelque chose est en route et que les événements dans la région continuent d'évoluer rapidement.

La Russie est en état d’alerte. Ils ont annulé le défilé traditionnel du 1er  mai 23 sur la place rouge. Elle se prépare à faire face à la contre-offensive ukrainienne. Comme le front s’étend sur plus de 800 km, il sera difficile pour les russes d’être fortement représentés sur toute la ligne de front.

Il est impossible de savoir exactement quelle est le niveau de préparation russe face à la contre-offensive ukrainienne, car les informations à ce sujet sont souvent contradictoires ou incomplètes. Cependant, on peut présumer que la Russie se prépare également à l'éventualité de cette contre-offensive ukrainienne, étant donné qu'elle a déjà déployé d'importants moyens militaires dans la région, notamment des troupes, des armes et des équipements, et elle peut compter sur ses bateaux de guerre en mer noire, en mer caspienne et sur ses bases pour frapper à distance l’Ukraine.

Il est possible que la Russie renforce par endroits ses défenses le long de la ligne de front pour se protéger contre des attaques, ou qu'elle prépare des contre-mesures pour neutraliser les forces ukrainiennes. Elle pourrait également chercher à consolider ses positions dans les zones qu'elle a déjà occupées en Ukraine, afin d'éviter toute avancée ukrainienne.

En outre, la Russie a essayé sans succès d’exercer une pression psychologique sur les alliés de l'Ukraine, en invoquant la menace nucléaire, pour les dissuader de fournir un soutien militaire supplémentaire à Kiev. Elle a également intensifié sa propagande pour influencer l'opinion publique internationale et justifier son intervention en Ukraine.

Cependant, il est important de noter que les informations sur les préparatifs russes ne sont pas publiques et que certaines informations peuvent être des rumeurs ou des spéculations. Par conséquent, il est difficile de déterminer avec précision quelle est la préparation russe face à une éventuelle contre-offensive ukrainienne.

Top of FormBottom of FormLula en Chine et au Portugal

En effectuant des visites aux USA, en Chine et au Portugal, le président brésilien Lula Da Silva remet son pays sur la scène internationale. En Chine, il plaide pour des échanges directs entre les pays à partir de leur monnaie et non à partir du dollar, tandis qu'au Portugal, il a de bons échanges avec l'ancienne puissance coloniale du Brésil, en dépit d'une différence d'approche sur le dossier ukrainien, en raison de son appartenance au BRICS.

L’ONU et le dossier Haïti

Lors des séances de l'ONU sur le dossier Haïti, l'affrontement entre l'Occident et ses deux principaux rivaux, la Russie et la Chine, est palpable. Ces deux géants anti-occidentaux n'hésitent pas à monter au créneau contre les États-Unis, considérés comme le principal responsable de la situation en Haïti décrite dans le rapport du secrétaire général sur Haïti, qui réclame le bénéfice de l'urgence pour notre pays. Il est à noter que le dernier développement de la situation haïtienne en lien avec l'opération de déchoucage des bandits, plus connue sous le vocable "Bwa Kale", y est très certainement pour quelque chose. 

II.    SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 En ce mois d’avril 2023, je m’étais proposé de consacrer une bonne partie de cette chronique à l’événement annuel du Group Croissance, Sommet International de la finance, en particulier me pencher, entre autres, sur l’intervention de Paul Latortue, que je résume à une des personnes qu’il a citée, Lavoisier  : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Malheureusement, l’opération Bwa Kale lui a volé la vedette.

Un revirement spectaculaire de la situation haïtienne

En effet, l’opération BRA KALE a surpris tout le monde par sa spontanéité, sa soudaineté et ses effets immédiats sur le règne sans partage  des gangs.  Le règne  des bandits à sapâtes,à souliers et à cravate  semble prendre un coup d’arrêt. Les chasseurs deviennent des gibiers. Pourtant au début du mois, personne ne s’attendait à un tel revirement de la situation. Les bandits régnaient en maitres et rendaient la vie impossible à la population haïtienne sous l’œil indifférent des autorités haïtiennes et de la communauté internationale.  La zone métropolitaine de Port-au-Prince et le bas Artibonite sous l’emprise totale des bandits regardaient les populations de la majorité  des quartiers de ces 2 zones se faire voler, violer et massacrer par ces terroristes. On a dénombré au niveau de Cité Soleil plus de 70 morts, au niveau de Source Matelas plus d’une cinquantaine de morts violentes, et au niveau du pays des maisons, des commissariats de police, des véhicules incendiés. Des médias traditionnels, des médias en ligne et réseaux sociaux rapportaient comme des faits divers ces atrocités commises par ces terroristes improprement qualifiés de bandits, de gangs. Ces terroristes rançonnaient la population, l’agaçait en se mettant en scène sur des réseaux sociaux. C’était l’enfer.

Et puis Ti Makak, le puissant chef terroriste de Laboule 12 a été tué. Ses ouailles ont pris peur et s’enfuyaient avec armes et bagages. Ces terroristes  ont été interceptés par la police au niveau de Pétionville et ont été conduits au commissariat de Canapé-vert. La population, ayant appris la nouvelle, a débarqué dans ce commissariat, s'est emparée de 14 bandits et les ont brulés vifs. C’était le déclic, le début de l’opération de déchoucage des bandits. Le peuple a donné un nom succulent à cette opération, « Bwa Kale ».

Bwa Kale, une déformation de Bukele

J’ai essayé de comprendre ce nom. Je n’ai pas vu le rapport avec la signification créole de cette expression. Et puis j’ai vu une vidéo sur Tik Tok qui fait la comparaison avec le président « » du Salvador, BUKELE, qui mène une lutte sans merci contre les gangs dans son pays et qui a offert son aide à Haïti deux mois auparavant. J’ai compris que « BWAKALE » est une déformation de « BUKELE ».  En tout cas, ce qui est sûr, c’est que plus de 200 bandits ont déjà perdu la vie dans des conditions atroces depuis le 24 avril à date. Et ça continue ! Les images de ces assassinats sont insoutenables. De plus, les foules de justiciers sont accompagnées par la police nationale d’Haïti (PNH). 

On comprend la panique de ces terroristes qui essaient par tous les moyens de s’échapper, de laisser la zone métropolitaine pour des cieux plus cléments. Malheureusement ou heureusement, la plupart ont pu être appréhendés par la PNH et par la population pour être « passés à l’infinitif ». On rapporte qu’un jeune bandit pris de panique s’est réfugié chez ses parents qui n’ont pas hésité à le tuer tout simplement. Ce cas exprime tout simplement le niveau de souffrance et de rejet qu’a dû endurer la population face aux exactions de ces bandits.

Face à ces atrocités qui choquent le monde civilisé, l’ONU décide d’ « agir en urgence ». Il faut dire aussi que certaines personnes commencent à demander aux foules de s’orienter vers les anciens commanditaires de ces bandits, de ces gangs, de ces terroristes, que je qualifie de « gangs à cravate ». Il s’agit de politiciens au pouvoir et dans les oppositions et de brasseurs d’affaires en Haïti, dont la plupart sont sanctionnés par le Canada, les USA, la République Dominicaine, et l’ONU.

Le gouvernement haïtien qui était indifférent au sort de la population a réagi par la voix du premier ministre. La communauté internationale, qui tergiversait récemment encore, lors des exactions des bandits, des gangs et de ces terroristes, réagit à cette situation qualifiée improprement de guerre civile et propose d’intervenir en urgence en Haïti. Comme l’a sollicité le mois dernier, le président dominicain Abinader, l’ONU va venir « pacifier Haïti ». Va-t-elle intervenir pour finir avec les terroristes ou pour protéger les bandits à sapâtes et à cravate. Faut noter que, jusqu’à présent, aucun des chefs de gangs connus n’a encore été victime de l’opération Bwa kalé. Au contraire, certains promettent de faire des représailles sur la population.

Ce mouvement doit être transformé en une révolution et non stoppé

Ce mouvement spontané devrait être canalisé pour débarrasser le pays de tous ces terroristes à cravate et à sapâtes. Certes, la méthode utilisée est trop violente ; mais il faut remarquer que c’est une réaction naturelle de la population face à ses oppresseurs, ses violeurs, ses bourreaux, des accapareurs de ses biens, face à tout ce système d’exploitation mis en place en 1806 et dont elle est la victime expiatoire. Ce système, qui est un prolongement du système esclavagiste contre lequel nos ancêtres se sont sacrifiés, exploite les plus faibles depuis cette date. A rappeler que les gangs ont été mis en place par des brasseurs d’affaires, des politiciens au pouvoir et des politiciens dans les oppositions pour préserver les intérêts de leurs clans respectifs tout en capturant l’Etat. Rappelez-vous les propos du sénateur Hyacinthe le 12 décembre 2017, qui a pointé du doigt ces trois catégories qui actuellement sont sous sanctions internationales. Ce mouvement doit être transformé en une révolution et non stoppé comme par le passé par la communauté internationale et les USA.  

3.                          III.  CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

L’Ukraine se prépare à la contre-offensive. Le monde occidental souhaite la réussite de cette contre-offensive. La Russie se prépare à lui faire échec pour s’accaparer de ce grand pays totalement ou partiellement contrairement à toutes les lois internationales. Les USA sont embourbés dans ses contradictions internes républicaines et démocrates, caractérisées par deux vieillards, TRUMP, 78 ans, et BIDEN 80 ans. Tout cela n’annonce rien de bon. L’occident est esseulé. Les non-occidents se renforcent. Les BRICS se battent pour un monde multipolaire qui fasse des échanges dans leur propre monnaie au détriment du dollar-roi. Le monde est vraiment à la croisée des chemins. La guerre en Ukraine favorise le début de ce nouveau monde en gestation. Ses effets sont mondialisés et tout le monde en paie les conséquences.

Haïti qui est devenue un enfer par l’entremise de ses propres fils à la solde de la communauté internationale, en particulier l’occident colonisateur, semble dire adieu au règne odieux de gangs à souliers, à cravate et à sapâtes, et semble s’orienter vers sa propre croisée des chemins  Ce mouvement spontané Bwa Kalé, qui est une réaction à tant d’atrocités subies en silence par un peuple résilient plutôt pacifique mais poussé à bout par des terroristes, met tout le monde au pied du mur.

Est-ce le premier pas vers la vision 2054 ?

J’avais écrit en décembre 22 que l’année 2023 devra être l’année de « redémarrage d’Haïti ». Je n’avais aucun argument sérieux pour l’écrire. Je le sentais tout simplement. Dans un show vidéo avec Jean Victomé, on s’était fixé une date, mars 2023, pour amorcer ce changement. Après mars, on s’est dit que tout était foutu. Et puis le 24 avril 23, contre toute attente, le peuple réagit et sort de sa torpeur, c’est l’opération Bwa Kale. Est-il possible  d’appuyer ce mouvement pour changer les choses, changer Haïti et jeter les bases pour concrétiser cette vision 2054, en faisant de notre pays, « le pays phare du monde en matière de démocratie solidaire, réduisant drastiquement l’écart entre les riches et les pauvres », en atteignant une première étape en 2032, avec 88% de souveraineté alimentaire, et une deuxième étape en 2042, un pays émergent à la manière de la Scandinavie, avant l’étape finale de 2054 ?



[1] Je pense que l’Opération BWAKALE a emprunté en le déformant le nom du président salvadorien « BUKELE » qui se bat efficacement contre les gangs dans son pays.

[3] https://www.youtube.com/watch?v=-hBQ2z6i7HA

[4] https://www.youtube.com/watch?v=ob4sRC5hGAQ