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vendredi 7 juillet 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (39) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (16), POUTINE VASCILLE (?) CONTRE-OFFENSIVE PIETINE ; HAITI : INSTABILITE POLITIQUE, INSECURITE ET IMPUNITE, EFFETS DES 3 «I».

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (39) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (16), PUTIN VASCILLE (?) CONTRE-OFFENSIVE PIETINE ; HAITI : INSTABILITE POLITIQUE, INSECURITE ET IMPUNITE, EFFETS DES 3 «I».

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

7 JUILLET 2023

En terminant la 38e  chronique consacrée à l’interrogation « Haïti et le monde à la croisée des chemins(?) », on a formulé le vœu de voir la crise multidimensionnelle et multiforme haïtienne s’achever par un appui musclé de la communauté internationale et une entente inter-haïtienne basée sur un document portant les germes de réussite de la vision 2054. Malheureusement, jusqu’à date, rien ne bouge en ce sens, sinon la visite du Secrétaire Général de l’ONU en Haïti, le 1er juillet 23, qui fait un plaidoyer pour « le déploiement immédiat d'une force de sécurité internationale robuste pour assister la Police nationale d'Haïti dans sa lutte contre les gangs ». A part cela, c’est toujours la même rengaine : l’Instabilité politique, l’insécurité et l’impunité, ce que nous appelons les 3 « I ».

Sur le plan international, la guerre en Ukraine s’est vu voler la vedette par le naufrage de Titan et ses 5 passagers milliardaires et surtout par la mutinerie de la Milice Wagner contre le pouvoir en place en Russie, tandis que le sommet de Paris pour un Nouveau Pacte Financier Mondial suivi d’une bavure policière causant, à Nanterre,  la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans, qui embrase la France entière,  et  la saga Trump aux USA font l’essentiel de l’actualité mondiale.

La 39e chronique synthétisera tout cela en commençant par  la géopolitique mondiale, et en essayant d’analyser les effets des trois « I » sur Haïti depuis l’assassinat crapuleux du président Moïse le 7 juillet 2021, il y a deux ans. D’où le titre de cette 39e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (39) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (16), POUTINE VASCILLE (?) LA CONTRE-OFFENSIVE PIETINE ; HAITI : INSTABILITE POLITIQUE, INSECURITE ET IMPUNITE, EFFETS DES 3 «I». »

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

La situation géopolitique mondiale est dominée par (i) la guerre en Ukraine, la mutinerie de la milice Wagner en Russie,  le piétinement de la contre-offensive ukrainienne, le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, la mort de Nahel qui embrase la France et la saga Trump aux USA.

1.1.  La guerre ([1]) en Ukraine, la mutinerie de Wagner et la contre-offensive

 

Le 24 juin 2023, la guerre en Ukraine rentre dans son 17e mois. Par rapport au mois de mai 23, la contre-offensive lancée début juin 23 n’a pas donné les résultats escomptés, selon le scénario hollywoodien envisagé par la presse occidentale. Seulement 37 km2 récupérés par l’Ukraine depuis le début de cette contre-offensive, selon le président Zelensky. Cette récupération ne se fait dans le sens de la profondeur qui s’apparenterait à une forme de percée. La défense russe tient bon jusqu’à date et ne se contente pas de défendre mais opère des contre-attaques localisées. Un gouverneur d’un des oblasts de l’Ukraine en partie sous domination russe a estimé à 180,000 hommes les troupes déployées par la Russie sur le front-est. C’est énorme par rapport aux 60,000 à 70,000 hommes prévus pour la contre-offensive ukrainienne

Donc la mutinerie de Wagner (25,000 hommes aguerris et armés) contre le pouvoir russe, qui a parcouru en 24 heures 780 km de Rostov à 200 km de la capitale Moscou, détruisant 6 avions de guerre, 5 hélicoptères et 13 soldats russes tués (rapporté par HPM[2]), a certes fait vaciller Vladimir  Poutine l’espace d’un cillement, mais n’a pas trop perturbé l’armée russe sur le terrain face à l’Ukraine. L’Ukraine en a certes profité un peu sur les divers points du front de plus de 1000 km, mais pas au point de réaliser une percée extraordinaire. Selon les analystes occidentaux, cette mutinerie de Prigogine, qui a montré les faiblesses de l’armée russe et qui devrait perturber psychologiquement les soldats  sur le terrain, s’est achevée par une sorte de démantèlement  de Wagner en Russie et un exil en Biélorussie (?) de son chef emblématique, Evgueni Prigogine, en attendant son éventuelle élimination physique car Vladimir Poutine n’a jamais pardonné ces genres de trahison.

Pourquoi Poutine ferait-il maintenant une exception à ce principe caractéristique de son pouvoir de domination axé sur la peur et la brutalité, et épargnerait-il la vie de Prigogine au risque de créer une brèche fatale qui, à la longue,  pourrait sonner le glas de son régime ? A cause des promesses faites lors des négociations qu’aurait menées le président de la Biélorussie, Aleksander Loukachenko, pour éviter le bain de sang entre frères d’armes russes ? A cause des multiples[3] enjeux de la contre-offensive ukrainienne dont la plupart des troupes de Wagner en constituent un rempart sérieux dans la défense russe ? A cause de ce que représente Wagner dans le dispositif de domination russe à l’étranger, en particulier en Afrique ? En tout cas, à moins d’un changement radical dans le comportement normal de Poutine, l’élimination physique de Prigogine est, à mon avis, juste différée. Une question de temps et d’opportunité du moment.     

1.2.      Le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial

C’est ce moment qu’a choisi Emmanuel Macron pour lancer le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, en réunissant les représentants de l’ensemble des continents, gouvernements, institutions financières, sociétés civiles, secteurs privés et ONG. Ce sommet a permis des débats entre des chefs d’État et de gouvernement de pays du Nord et du Sud, des représentants d’institutions financières mondiales, des ONG, des représentants du secteur privé et de la société civile (économistes) en vue "de jeter les bases d’un nouveau système pour relever nos défis communs : la lutte contre les inégalités, le changement climatique, la protection de la biodiversité".

Les objectifs sont multiples mais l'idée générale de ce sommet est, selon les organisateurs, de "réformer le système financier international", à savoir "construire un nouveau consensus pour un système financier international plus solidaire. " Cela passe notamment par "définir les principes des réformes à venir et fixer une trajectoire vers un partenariat financier plus équilibré entre le Sud et le Nord." Il doit aussi "ouvrir la voie à de nouveaux accords pour lutter contre le surendettement et permettre à davantage de pays d’accéder aux financements dont ils ont besoin pour investir dans le développement durable, mieux préserver la nature, faire chuter les émissions et protéger les populations contre la crise écologique, là où c’est le plus nécessaire."

Suite à ce sommet, le Nouveau pacte financier mondial permettra de mieux "lutter contre les hauts niveaux d’endettement qui empêchent les gouvernements de mettre en œuvre une action ambitieuse pour réduire les fractures climatiques, économiques et technologiques qui risquent de fragmenter notre monde." Emmanuel Macron le promet: "nous frapperons fort, car nous allons tout d’abord établir un nouveau consensus."

Nahel est victime d’une bavure policière et la France s’embrase

Sans avoir eu le temps de savourer  les résultats immédiats de ce sommet de Paris, une bavure policière coutant la vie à Nahel, un adolescent de 17 ans d’origine arabe, la France va s’embraser. La France brule. Des jeunes de 14 à 16 ans mettent le feu en France, brulent des véhicules, attaquent et blessent plus de 200 policiers, les commissariats de police, les mairies, brisent les vitrines des magasins pour piller, voler. Plus de 700 interpellations. Malgré tout, il n’a pas été enregistré de mort d’homme jusqu’à date.

 L’actualité qui était dominée par la mutinerie en Russie et la guerre en Ukraine est réorientée vers la France. Le gouvernement français est sur la sellette et se concentre sur la gestion de cette crise qui a pris une ampleur inexpliquée. Cette bavure policière a été le détonateur de  quelque chose qui couvait déjà. Tout le monde essaie de trouver des explications à ce déchainement soudain de violences aveugles. On a évoqué la réforme de retraite qui passe de l’âge de 62 à 64 ans et qui aiguise le mécontentement des syndicats et des extrêmes en France en dépit de l’arbitrage favorable de la Cour Constitutionnelle avec quelques légères modifications. Les leaders de l’opposition qui commençaient à jaser, à prendre position, se sont vite rétractés par rapport à l’ampleur de la crise et surtout par rapport à la violence qui l’accompagne. La Russie qui accusait les américains et l’occident de déstabilisation par rapport à la mutinerie de Wagner, n’est-elle pas pour quelque chose dans ce déchainement de violence en France, l’un des membres influents de l’occident et apôtre de la démocratie libérale que redoutent Poutine et tous les dictateurs à travers le monde?     

1.3.      La saga Trump

De l’autre côté de l’Atlantique, Trump continue de faire des siennes. Il rejette  les accusations portées contre lui par le département de la Justice (DOJ) ; il en accuse l’administration Biden de persécutions politiques malgré les évidences de sa culpabilité dans l’utilisation des documents « top secret ». De plus, un autre dossier, celui de Georgia où il a tenté de corrompre le secrétaire d’Etat républicain de cet Etat, en exigeant de lui l’attribution frauduleuse de plus de 11,000 votes qui lui auraient permis de garder le pouvoir lors de la dernière présidentielle gagnée par Joe Biden. On dirait un leader politique haïtien.

II.                   SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 Par rapport au mois de mai 23, la situation haïtienne n’a pas vraiment évolué. Le forum de la Jamaïque n’a pas donné de résultats spectaculaires. La participation du PM Henry au sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial lui a permis de faire un plaidoyer pour une intervention militaire en Haïti. L’opération Bwa Kale perd de son ampleur, les bandits réapparaissent avec une certaine arrogance (Vitelhomme et Baz Gran Grif). Il faut noter que la situation actuelle est étroitement liée aux 3 « I » qui ont conduit à l’assassinat crapuleux du président Moïse, le 7 juillet 2021. Et le 7 juillet 23 est déclaré « Jour Férié » par le gouvernement.

L’instabilité politique, l’impunité et l’insécurité et leurs effets

Pour bien comprendre ce qui se passe au pays haïtien  actuellement, il faut remonter le temps. On pourrait remonter à l’assassinat de Dessalines comme je l’ai fait dans deux vidéos en relation avec les 3 « I », mais il suffit de partir de l’assassinat de Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 eu égard à l’instabilité politique, l’impunité et l’insécurité, pour avoir une idée assez exacte de la situation actuelle.     

Avant de nous plonger dans une analyse  plus approfondie, revoyons avec Dimitri Norris[4] ce qui a marqué le mois de Juin 2023. « Il (le mois de Juin) débute par un événement climatique qui montre la fragilité du territoire national aux événements climatiques extrêmes de moyenne ampleur. On le savait déjà. On le constate encore. Une pluie qui dure plus de vingt-quatre heures noie le pays haïtien. Si elle a peut-être eu un impact positif en amont, elle est catastrophique en contrebas et en particulier pour la ville et la commune de Léogane. Parallèlement le gouvernement haïtien et l'ensemble de la classe politique sont invités par la Caricom à un dialogue inter-haïtien à la Jamaïque. Il ne semble pas en avoir résulté grand-chose. Quelques déclarations qui resteront probablement sans suite même si d'un autre côté, cette rencontre permet de mieux saisir les contours de certains acteurs et notamment de la nouvelle cheffe de la BINUH qui nous apprend que le gouvernement de Mr. Ariel Henry installée par un tweet de Madame Lalime représente en Haïti la légitimité du pouvoir. Ce qui en pareille circonstance signifie que rien n'est appelé à changer. Et voilà elle donne le ton, tout le reste ne sera que gesticulations. Un événement extrêmement grave se produit durant ce dialogue inter-haïtien qui se tient à Kingston: le sac de la Sun Auto et du coup du consulat de la Jamaïque. Est-ce une coïncidence? Si l'on voulait envoyer un message, on ne saurait pas faire mieux. C'est limpide. Vous de la Caricom, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Sur la même lancée, on kidnappe Marie Lucie Bonhomme en allant la prendre chez elle, puis son mari, (Pierre-Louis) Opont ».

La justice semble se réveiller, et l’impunité se fissurer (?)

      Continuons avec notre ami Dimitri : « Le mois de Juin a son homme, le juge Morin et au-delà la justice haïtienne, elle se réveille de sa léthargie. La convocation de Dieu tout puissant, ainsi nommé Jean Edouard Baussan, l'arrestation de Johanne Clérié, l'inculpation de Youri Latortue, etc..., révèlent quelques fissures au pays de l'impunité totale, capitale, intégrale. Mais au-delà de cela, si les activités de "Bwa Kalé" semblent à l'arrêt, si les blocages ont recommencé sur la route de Martissant, s’il y a encore quelques incidents, le train de l'insécurité n'est plus ce qu'il était. L'été s'annonce. Les examens d'État se profilent. On a presque envie de dire que l'on retrouve une vie normale alors que l'Université Quisqueya organise une conférence internationale sur l'insécurité en Haïti avec la collaboration de partenaires étrangers.»

L’humiliation et l’avilissement

Fermons la parenthèse avec notre ami D. Norris : « Mais à regarder de plus près, l'événement le plus important de ce mois de Juin, c'est la décision du Canada à la suite de la rencontre à la Jamaïque d'installer un bureau de coordination de l'aide au renforcement de la PNH en République Dominicaine, je crois qu'en matière d'humiliation on ne peut faire mieux. Je crois que cette décision marque un moment essentiel dans la mise sous tutelle d'Haïti. Cela confirme ce que je pense depuis longtemps. La communauté internationale poursuit deux objectifs avec Haïti: avilir et asservir. En matière d'avilissement, le fait par le Canada de mettre dans un même lot le citoyen André Apaid et les dénommés Vitelhomme, Lanmo Sanjou et Izo, représente à mes yeux l'avilissement de l'année. »

Les effets néfastes des 3 « I »

Instabilité politique

Dans cette synthèse de Dimitri Norris, les 3 « I », l’instabilité politique, l’insécurité et l’impunité sont présentes. Depuis ces deux dernières années, elles caractérisent un peu plus la vie nationale. Certes Ariel Henry est président et premier ministre, c’est plutôt stable. Le pays se gouverne sur  base d’accords et de désaccords entre les anciens opposants à Jovenel Moïse. C’est une lutte sans merci pour le pouvoir entre deux groupes, l’accord de Montana (30 août 21) et l’accord du 11 septembre 21 (accord Ariel) devenu plus tard l’accord du 21 décembre 22. Ariel Henry se bat avec l’aide de la communauté internationale pour se maintenir au pouvoir et en face Montana et autres veulent le remplacer (ôte-toi que je m’y mette). Instabilité politique.

Insécurité

D’où les multiples rencontres tant en Haïti qu’à l’étranger et les missions de la communauté internationale pour « une entente inter-haïtienne d’abord » sur fond d’augmentation de l’insécurité, assassinat, kidnapping, rançon, vol, viol, bwa kale, etc., et ses conséquences sur la vie quotidienne des haïtiens : insécurité alimentaire +50% de la population, vie chère avec une inflation autour de 50% et les records du dollar par rapport à  la gourde, la fuite des haïtiens à l’intérieur du pays, vers l’extérieur avec les phénomènes de boat people et de fly people. Une véritable tragédie avec des milliers de morts dus à des massacres et des tueries quotidiennes, des naufrages de bateaux et des accidents de véhicules. Tout simplement l’enfer !

                           Impunité

Durant la majeure partie de toute cette période, la justice haïtienne est aux abonnés absents. Et puis il y a les sanctions internationales qui pleuvent sur nos politiciens, nos brasseurs d’affaires, nos gangs à sapâtes dont la plupart sont devenus millionnaires en USD dans l’industrie du kidnapping. L’ULCC qui indexe certains politiciens, la justice qui instruit et accuse Youri Latortue et Joseph Lambert. Dans le dossier d’assassinat de Jovenel Moïse, la justice américaine bouge, Rodolphe JAAR est condamné à perpétuité. Le juge d’instruction dans le cadre de l’enquête relative à l’assassinat de Jovenel Moïse, Walther Wesser Voltaire,  convoque les proches de Jovenel et ses opposants, Guichard Doré, l’ex-PM Joseph JOUTHE, Pierre Espérance, André Michel et autres. Martine Moïse porte plainte aux USA à défaut de ne pouvoir le faire devant un tribunal international. Le pays et la famille Moïse auront-ils justice. Le règne de l’impunité prendra-t-il un coup sévère ? Rien n’est sûr. Seul l’avenir connait la vérité. 

45e Réunion régulière des chefs d’Etat et de gouvernement de la CARICOM

En attendant cet avenir plutôt lointain, le dossier d’Haïti s’est octroyé la première place dans la 45e Réunion régulière de la CARICOM qui fête ses 50 ans à Trinidad and Tobago. Cette réunion s’est déroulée en présence du Secrétaire Général de l’ONU, M. Guterres, le secrétaire d’Etat américain, M. Blinken, le président du Rouanda, M. Kagamé, le premier ministre haïtien, M. Henry, et d’autres Chefs d’Etat et de Gouvernements de cette organisation régionale constituée de 15 pays de la Caraïbe.

« Déploiement d’une force multinationale en Haïti: « aujourd’hui, nous sommes plus proche », déclare Ariel Henry, a titré Gazette Haïti.com[5], suite au point de presse donné par le PM Henry de retour de Trinidad and Tobago. Henry a déclaré, jeudi 6 juillet 2023, à l’Aéroport Toussaint Louverture, eu égard au déploiement de cette force multinationale « robuste » pour reprendre le mot de Guterres : « Je ne vais pas beaucoup parler. Je veux vous dire qu’aujourd’hui, nous sommes plus proche». Selon  la Gazette Haïti, le conseil de sécurité de l’ONU se penche  actuellement sur le dossier Haïti, avec la participation  des officiels haïtiens.

La Gazette précise : « Lors de son point de presse, le premier ministre a rappelé que l’objectif de son gouvernement est de réaliser les prochaines joutes électorales en vue de remettre le pays à un gouvernement démocratique élu pour le rétablissement des institutions républicaines. Le chef du gouvernement annonce des rencontres avec des acteurs de la société civile, du secteur privé des affaires et d’autres protagonistes de la crise. Il annonce aussi l’élargissement prochain du Haut Conseil de la Transition, la modification de la constitution, la mise en place du Conseil Électoral Provisoire et le remaniement ministériel.»

III.                CONCLUSIONS ET PERPECTIVES  

La guerre en Ukraine s’est vu détrôner dans l’actualité mondiale ces derniers jours par la mutinerie de Wagner contre Moscou qui a fait vaciller un peu Poutine, par les événements en France liés à l’assassinat de Nahel dû à une grosse bavure policière et par la saga de Trump aux Etats-Unis ; le pays de l’Oncle a été choqué par la disparition de 5 millionnaires du sous-marin Titan qui devait effectuer un voyage touristique au bateau Titanic, naufragé en mer depuis le début du 20e siècle, tandis que la Cour Suprême des USD annule deux executive orders favorables aux minorités. Entre temps, la contre-offensive ukrainienne continue avec quelques grignotements de territoires sur les 5 points d’attaque de la longue ligne de front. La contre-offensive piétine et Poutine s’apprête à faire des élections dans les territoires occupés ; tandis que l’OTAN va se réunir à Vilnius pour décider, entre autres, du sort de la Suède qui veut officiellement y accéder, mais qui fait face à la résistance de la Turquie et de la Hongrie, les deux pays de cette institution ayant de bons rapports avec Poutine.

Du côté haïtien, mis à part le déploiement probable de la force multinationale internationale en Haïti, dont le contour est défini dans un document confidentiel de l’ONU analysé par le Miami Herald, Haïti semble se contenter du statu quo ante lié aux 3 « I ». Le 2e anniversaire de l’assassinat crapuleux du président Moïse n’est certes pas passé inaperçu, à cause de la plainte de Martine Moïse dans un tribunal des USA contre les présumés assassins de son mari et des auditions du Juge d’Instruction en charge de ce dossier, mais la situation globale du pays n’a pas trop évolué. Les gangs qui ont repris du service à un certain moment de la période sous étude, semblent confronter des difficultés face à la Police Nationale et l’Armée. Le kidnapping à domicile de la Journaliste très connue, Marie Lucie Bonhomme, et un peu plus tard, de son mari, toujours entre les mains des ravisseurs, M. Opont, nous rappelle que les bandits ont toujours la main et nous exigent de doubler de vigilance. Cette situation globale de crise nous interpelle  et nous inquiète. Et nous gardons la perspective ébauchée le mois dernier car elle demeure d’actualité et pourrait inspirer les acteurs dans le cadre d’une probable intervention en Haïti d’une « force multinationale robuste ».

« Je reste persuadé que la crise multiforme et multidimensionnelle actuelle d’Haïti ne pourrait se résoudre que dans le cadre d’une entente inter-haïtienne avec un appui musclé de la communauté internationale[6], mais, cette fois-ci, il nous faudrait produire un document sérieux traduisant réellement les aspirations du peuple haïtien et non nous laisser imposer comme d’habitude un document par nos amis. C’est ce document en trois étapes successives, bien imbriquées, bien articulées, et intégrant l’ensemble des actions d’urgence, de relèvement et de développement du pays qui aboutiraient à la réalisation de la  vision 2054. Il faut commencer maintenant. Le temps presse. Que chacun s’y mette ! ».

 

 

 



[1]  https://www.youtube.com/watch?v=P2wGB_QIjKw

[2] https://www.youtube.com/watch?v=xPsF4XnivJU

[3] https://www.radiofrance.fr/franceinter/enjeux-programme-attentes-tout-savoir-sur-le-sommet-de-paris-pour-un-nouveau-pacte-financier-mondial-2221320

[4] Agr de son état et citoyen haïtien

[5] https://gazettehaiti.com/node/10055

[6] https://jrjean-noel.blogspot.com/2023/06/haiti-et-le-monde-la-croisee-des.html

dimanche 11 juin 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (38) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (15), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU « BWA KALE » (2) QUI REDUIT LA SUPREMATIE DES GANGS.

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (38) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (15), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE » (2) QUI REDUIT LA SUPREMATIE DES GANGS.

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

11 JUIN 2023

La 38e chronique, consacrée à l’interrogation « Haïti et le monde à la croisée des chemins(?) », a pris du retard à cause de mes problèmes personnels et familiaux. En effet, le 6 mai, ma femme, Marie Andrée Florvil Jean-Noël, est partie pour l’au-delà à l’âge de 61 ans ([1]) ; et le 23 mai 23, c’était le tour de ma sœur, Rose-Marie Jean-Noël  Thermil, « Maman Bouboune », je l’appelais ainsi lorsque j’étais un petit garçon. C’est donc moi qui me retrouve à la croisée des chemins. Ma vie de couple si bien organisée depuis 44 ans (fiançailles et mariage inclus) vient de basculer. Il m’a fallu plus d’un mois avant de reprendre mon cap et de comprendre l’ampleur de ces pertes et la nécessité de répartir sur de nouvelles bases pour moi et mes enfants. Je me suis donc replongé dans ma chronique du mois d’avril 23([2]) et sa conclusion par rapport à mon pays m’a sauté aux yeux : 

« Et puis le 24 avril 23, contre toute attente, le peuple réagit et sort de sa torpeur, c’est l’opération BWA KALE. Est-il possible  d’appuyer ce mouvement pour changer les choses, changer Haïti et jeter les bases pour concrétiser cette vision 2054, en faisant de notre pays, « le pays phare du monde en matière de démocratie solidaire, réduisant drastiquement l’écart entre les riches et les pauvres », en atteignant une première étape en 2032, avec 88% de souveraineté alimentaire, et une deuxième étape en 2042, un pays émergent à la manière de la Scandinavie, avant l’étape finale de 2054? ».

Travailler à la concrétisation de la vision 2054, c’est ma mission primordiale. Il me faut continuer la lutte en produisant des réflexions eu égard à cette mission. « Haïti d’abord et avant tout », et mes chroniques sont des chapitres de cette grande œuvre de ma vie.

La 38e chronique parlera de la géopolitique mondiale, avec la guerre en Ukraine comme toile de fond, et de la situation chaotique de mon pays, Haïti, l’opération « BWA KALE », la baisse de l’insécurité en termes de cas de kidnapping, les tentatives de résolution de la crise multiforme et multidimensionnelle que traverse Haïti, les intempéries, etc. D’où le titre de cette 38e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (38) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (15), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE » (2) QUI REDUIT LA SUPREMATIE DES GANGS. »

 

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

La situation géopolitique mondiale est dominée par (i) la guerre en Ukraine et certains éléments considérés comme la contre-offensive ukrainienne, (ii) la réélection plutôt correcte d’Erdogan en Turquie (sans trop grand écho dans la presse occidentale) lui permettant d’entamer une 3edécennie au pouvoir,  (iii) le G7, la situation politique aux USA et la saga Trump. Dans ce chapitre, nous nous attardons sur la partie i et iii.

1.1. La guerre ([3]) en Ukraine, l’imminence de la contre-offensive(?)

Le 24 mai 2023, la guerre en Ukraine rentre dans son 16e mois. La situation a grandement évolué par rapport au mois dernier.  Certes la guerre d’attrition se concentre toujours dans le Donbass, mais la ligne de front s’étend sur plus  de 1000km,  avec les incursions des groupes rebelles russes anti-Poutine et pro-Ukrainiens dans l’Oblast  russe de Belgorod. L’Oblast russe est en partie sous contrôle de ces rebelles que l’Armée régulière n’arrive pas à déloger jusqu’à présent. Ce qui obligerait l’Armée russe qui se bat en Ukraine à se dégarnir pour aller protéger la frontière russe un peu plus au nord de la ligne de front habituel. Les habitants de cet oblast russe, face à la faiblesse de l’Armée régulière russe, semble faire appel à la milice Wagner qui y répond pour les aider à faire face à l’ennemi.

La ville de Bakhmuth sous contrôle russe

D’un autre côté, la ville de Bakhmuth sous contrôle russe, la milice Wagner dans un premier temps et l’Armée régulière russe dans un second temps, subit dans sa périphérie sud, est et nord, les contre-attaques de l’Armée Ukrainienne. C’est vrai que la ville est administrativement sous contrôle russe, mais les manœuvres d’encerclement amorcées  par l’Armée Ukrainienne, les frappes à partir de l’artillerie et les assauts répétés des forces spéciales ukrainiennes, pourraient rendre intenable pour longtemps   la ville rasée par l’Armée régulière russe. D’autant que, à ce qu’il parait, l’approvisionnement en armes, munitions et hommes semble connaitre certaines difficultés.

L’usage des drones et des missiles

En plus de ces aspects classiques de la guerre, la Russie et l’Ukraine se bombardent mutuellement à partir de missiles et de drones. La Russie frappe au niveau des villes de manière un peu aveugle en visant soit des bâtiments stratégiques et soit des dépôts de munitions, mais  en touchant la population civile. Par contre, les ukrainiens frappent avec beaucoup plus de précision des dépôts de munitions russes, des trains de transport, des ouvrages, des centres de décision, etc. Ils envoient aussi des drones jusqu’aux environs de Moscou. Ces drones, semble-il, n’avaient pas de charges importantes. C’était, selon moi, des tests pour évaluer le système de défense russe. C’est clair que la défense russe n’est pas aussi performante qu’on pourrait le croire. Par la suite, ils ont envoyé des drones avec des charges explosives plus importantes qui ont fait mouche. On attend la réplique des russes.

L’explosion du barrage hydroélectrique de Kakhovka

Aux dernières nouvelles, le barrage hydroélectrique de Kakhovka ([4]) a été partiellement endommagé (18 milliards de m3 d’eau). Les russes  et les ukrainiens s’accusent mutuellement. Il est de plus en plus clair que l’explosion partielle du barrage met en cause les russes qui avaient le contrôle total sur le barrage. Les moyens explosifs utilisés et les analyses des experts ont conduit à la piste russe. Aucun élément logique ne peut mettre en cause  la responsabilité ukrainienne. « C’est stratégiquement à l’avantage des russes », selon Xavier Tytelman ([5]). En tout cas, « c’est un écocide », selon Volodymyr Zelensky. Putin utilise à peu près les mêmes mots en matière d’impacts environnementaux. « C’est une manœuvre de sidération », selon Guillaume Ancel.

La contre-offensive a pratiquement commencé (?)

A partir des attaques au niveau de l’Oblast de Zaporijia, de celui de Louhans et de celui de Donetsk, la contre-offensive ukrainienne a pratiquement commencé ([6]) sur au moins trois axes. C’est confirmé par les médias américains (Washington Post, ABC), par le Haut-commandement russe, par les chaines Télégramme, et repris par les médias ukrainiens. Les russes ont dit qu’ils ont repoussé des attaques ukrainiennes. Selon d’autres sources, les ukrainiens ont déjà repris certains villages au niveau des trois oblasts cités et qui sont sous occupation russe. Selon les spécialistes militaires européens, les ukrainiens devraient opérer une ou des percées, en particulier au niveau de Zaporijia, pour couper en deux l’Armée russe à cet endroit et ainsi rendre non-opérationnel le pont terrestre établi entre l’Est et le sud de l’Ukraine, en grande partie sous le contrôle russe. Ainsi, les oblasts de Kherson et de Crimée se retrouveraient isolés. Cette contre-offensive ukrainienne est rendue possible grâce à l’aide massive de l’occident, en particulier les USA.

1.2.   G7, USA, Campagne électorale et la saga Trump

Après la réunion du G7 du 17-21 mai 2023, toujours sous la domination des USA, à  Hiroshima, Japon, et son long communiqué, abordant les grandes préoccupations mondiales dont la guerre en Ukraine, cette entité mondiale, initiée en 1975 par Valery Giscard D'Estaing de France, se comporte toujours comme la principale institution mondiale dictant leur conduite aux autres nations du monde. Les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont pris part à la réunion de 2023 sont : Joe Biden des USA, Emmanuel Macron de France, Justin Trudeau du Canada, Rishi Sunak de la Grande Bretagne, Olaf Scholz de l’Allemagne, Fumio Kishida du Japon, Giorgia Meloni de l’Italie, l’UE était représentée par Charles Michel, président du Conseil Européen, et Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission Européenne. Il est important de lire le communiqué ([7]) du G7 de cette année 2023. Il faut noter que V. Zelensky a été l’invité d’honneur à ce sommet.

Trump, une 2e inculpation avec 37 chefs d’accusation[8]

Une fois la réunion terminée, Joe Biden est revenu aux USA pour s’occuper des affaires intérieures du pays, en particulier de sa campagne électorale. Du côté du parti républicain, en plus de Donald Trump, qui se débat dans ses imbroglios judiciaires, en particulier le très sérieux  dossier des documents classifiés, deux autres poids lourds viennent de se jeter dans l’arène républicaine. Il s’agit du gouverneur de la Floride, de Ron  DeSantis, et de l’ex-vice-président de Trump, Mike Pence. Malgré la possibilité d’une 2e inculpation avec 37 chefs d’accusation par un tribunal fédéral de Miami, D. Trump se jette à corps perdu dans la course à la présidence de 2024, devançant de loin l’ensemble de ses adversaires républicains. Il faut dire que Trump n’a pas le choix « c’est la présidence ou la prison ».Très certainement, les thématiques, immigration, Ukraine et Haïti, seront, entre autres, de la partie comme des thèmes majeurs de campagne.       

II.                   SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 La situation haïtienne est préoccupante. L’ONU se penche sur le dossier Haïti. La CARICOM également. Kamala Harris, la vice-présidente américaine, fait une plaidoirie pour une intervention militaire en Haïti. A peine démarrée, la saison cyclonique 2023 (Juin-Novembre) qui s’annonce terrible pour notre pays, cause des dégâts considérables (pertes en vies humaines, pertes de bétails, inondations monstres, glissements de terrain, etc.) à partir d’une simple dépression tropicale. L’opération BWA KALE même ralentie favorise un net ralentissement des activités des gangs.

L’instabilité politique et ses conséquences

              Comme listé à l’introduction de ce chapitre II, la conjoncture de ce mois de mai et du début juin 2023, est terrible. Il est vrai que le phénomène Bwa Kale favorise une certaine amélioration de la situation avec un ralentissement des activités criminelles des gangs et une augmentation des actions de la police nationale (PNH). En effet :

(i)                  Si l’on en croit le Bilan fait par une organisation des droits humains, « Près de 160 présumés bandits dont 134 dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ont jusqu’à date, fait les frais de justice expéditive de membres de la population », selon le centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH-Haïti). Au niveau de l’Artibonite le BWA KALE a beaucoup affaibli la base GRANGRIF au niveau de Savien. Il est constaté que, quand bien même la réaction un peu tardive des gangs face à ce phénomène, (Vitelhomme Innocent, Ti Lapli, IZO et même Krisla au niveau de Carrefour), la peur a changé de camp. Ce qui se traduit par un net ralentissement du phénomène de kidnapping et un regain d’activités économiques au niveau de certaines zones du pays.

(ii)                Selon son porte-parole Gary Desrosiers, propos rapportés par le Journal Le National, « La Police a effectué 2730 arrestations, récupéré 70 armes, un lot de 2661 munitions, 67 véhicules et 2 chaloupes. Elle a aussi confisqué 16 kilos de marijuana, 9 kilos de cocaïne, 24,723,466 gourdes et 39,000 dollars américains, dans le cadre de l’opération Tornade, du 26 janvier au 26 mai.» C’est vrai que le bilan de la PNH va très au-delà de la période BWA KALE, mais les principaux succès de la police se situe dans la période de cette réaction populaire où le peuple s’est associé à l’institution policière.

             Réaction violente de la population ou BWA KALE

Pour revenir aux activités des gangs avant le BWA KALE, les bilans sont assez macabres et le peuple en a payé un lourd tribut. Selon le RNDDH, il a été dénombré sous le gouvernement d’Ariel Henry : « Neuf massacres et plus de 700 morts ». Rappelez-vous  les conflits entre gangs rivaux à Cité Soleil, Croix-des-Missions, Canaan, Croix-des-Bouquets, Bélair, etc. Selon l’organisation Fondasyon Je Klere (FJKL), le massacre de Source-Matelas, entre Croix-des-Bouquets et Cabaret, c’est plus de 100 personnes assassinées dont 13 membres d’une même famille décapités, la famille Joachim, et 13 bébés assassinés par le gang de Canaan lié au caïd de Village de Dieu, Izo. Ce sont tous ces massacres et injustices, dont a été victime la population sous l’œil indifférent du gouvernement et de la communauté internationale, qui ont provoqué sa réaction violente connue sous le vocable BWA KALE.  Face à tant méchancetés de la part des terroristes, la communauté internationale et le gouvernement n’ont pipé mot, mais la réaction BWA KALE a fait un tollé au niveau international. Il faut à tout prix arrêter la barbarie du peuple haïtien, le monde civilisé ne peut en aucun cas accepter cette justice expéditive. D’où l’intensification des tentatives de solutions au niveau international, l’ONU, la CARICOM,  et même au niveau interne sous l’instigation de l’International.

Forum sous Forum, qu’en sortira-t-il ?

En plus des nombreuses visites effectuées par les commissaires américains pour tenter de résoudre la crise multiforme et multidimensionnelle d’Haïti, et des nombreuses réunions à l’ONU, à l’OEA,  à la CARICOM, le Haut Conseil de Transition (HCT) issu de l’accord du 21 décembre 2022 a organisé un forum sur la sécurité du pays, et Mme Manigat de préciser lors de son intervention à ce forum les 3 extrants attendus : 1) une stratégie de sécurité élaborée par des experts nationaux et internationaux ; 2) un document de déclaration conjointe pour la révision de la Constitution, et 3) La préparation des élections à venir selon un chronogramme assez concluant, mais raisonnable pour encadrer la mise en œuvre des étapes. Qu’en est-il en réalité ? Pas grand-chose ! C’est toujours la division, la bataille pour le pouvoir au niveau de la classe politique, ou tout au moins de ce qui en reste après les sanctions américaines, canadiennes et dominicaines. Au point que la Caricom a jugé bon de convoquer  une trentaine de personnalités  à une rencontre inter-haïtienne à la Jamaïque sur la crise les 11,12 et 13 juin 2023. Qu’en sortira-t-il ? Ariel Henry renouvelle sa demande pour une force multinationale spécialisée en Haïti. Est-ce que cela se fera ?

 

La question de la vie chère de l’insécurité alimentaire

En attendant, notre pays paie les conséquences de nos inconséquences, la dégradation de notre environnement physique ne permet pas au pays de résister à des pluies d’une simple dépression tropicale, bilan « 30 décès, 9 personnes disparues, 5 blessés, 7475 familles sinistrées, 7500 maisons inondées, pour le seul département de l’Ouest en particulier la commune de Léogane », selon la Protection Civile. Il faut également noter avec Frantz Duval du Nouvelliste, « Naufrage du bateau Métropole ; inondations dans plusieurs régions ; séisme au niveau de la Grande-Anse ; actes de violence ; choléra en résurgence ; impréparations des responsables ; insouciance des politiciens. A chaque fois, des morts dans la population ». Et nous ajoutons « la question de la vie chère et de l’insécurité alimentaire qui touche plus de 5 millions d’haïtiens ».

 

Toutefois, notons quelques bonnes nouvelles

Il faut signaler la condamnation à perpétuité de Rodolphe Jaar dans le cadre de l’assassinat du président Jovenel Moïse par un tribunal de la Floride ; la plus importante recette mensuelle en gourdes jamais enregistrées  en douane en Haïti (12, 78, 335,988. 25 G) perçues pour le mois de mai 2023 ; la tendance baissière du dollar par rapport à la gourde depuis le déclenchement de l’opération BWA KALE et qui favorise une certaine baisse des prix des produits alimentaires. Dans un pays où l’emploi se fait de plus en plus rare et se concentre en majorité dans le secteur informel, toute possibilité de réduire la vie chère est une bonne chose. Pour information, Haïti Dev rapporte que « Selon le rapport de l’OIE, l’emploi informel domine et représente plus de 80% des actifs, à savoir 40% dans l’agriculture, 25% dans le commerce, 11% dans l’industrie, tandis que le secteur public n’emploie que 2% du total de la population active ».

III.                CONCLUSIONS ET PERPECTIVES  

Même s’il y eu le G7 au Japon, la réélection d’Erdogan en Turquie pour un 3e mandat, la guerre en Ukraine demeure le principal sujet d’actualité au niveau mondial au cours du mois de mai et début juin 2023. Même la finale  de la coupe d’Europe des clubs champions gagnée par Manchester City au détriment de l’Inter de Milan (1-0) n’a pu changer cette réalité. La contre-offensive ukrainienne a bien commencé, mais elle n’est pas aussi fulgurante comme celle de Kharkiv. Il faudra attendre un peu avant de se faire une idée précise sur l’issue de cette contre-offensive. On va voir si les armes occidentales changeront quelque chose. En tout cas, cette guerre continue à impacter le monde et Haïti.

 

Haïti, quant à elle, continue dans ses incertitudes politiques, même si le phénomène BWA KALE casse un peu le feu des gangs en réduisant leur suprématie, et les sanctions contre les brasseurs d’affaires et les politiciens favorisent une décantation de la classe politique. Il suffit de constater la baisse du phénomène de kidnapping et de regarder la liste des personnalités invitées aux discussions de la Jamaïque pour s’en rendre compte. Quelque chose est en train de changer. Jusqu’où ça va aller ? On ne sait pas. C’est pourquoi, après mes multiples problèmes personnels et familiaux, je me suis donné comme tâche principale de continuer à produire des réflexions sur Haïti, en particulier sur la vision 2054.


Je reste persuadé que la crise multiforme et multidimensionnelle actuelle d’Haïti ne pourrait se résoudre que dans le cadre d’une entente inter-haïtienne avec un appui musclé de la communauté internationale, mais, cette fois-ci, il nous faudrait produire un document sérieux traduisant réellement les aspirations du peuple haïtien et non nous laisser imposer, comme d’habitude, un document par nos amis. C’est ce document en trois étapes successives, bien imbriquées, bien articulées, et intégrant l’ensemble des actions d’urgence, de relèvement et de développement du pays qui aboutirait à la réalisation de la  vision 2054. Il faut commencer maintenant. Le temps presse. Que chacun s’y mette !



[1] https://jrjean-noel.blogspot.com/2023/05/marie-andree-jean-noel-le-pilier.html

[2] https://jrjean-noel.blogspot.com/2023/05/haiti-et-le-monde-la-croisee-des.html

[3]  https://www.youtube.com/watch?v=P2wGB_QIjKw

[4] https://www.youtube.com/watch?v=PHXYzs_lQ0s

[5] https://www.youtube.com/watch?v=ItQRzOwDxLs

[6] https://www.youtube.com/watch?v=DYsldipTBBA

[7] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/05/20/communique-des-chefs-detat-et-de-gouvernement-du-g7-hiroshima#:~:text=1.,cap%20d'un%20avenir%20meilleur.

[8] https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/proces-des-archives-37-chefs-daccusation-contre-donald-trump-1951000

mardi 23 mai 2023

MARIE-ANDRÉE JEAN-NOËL, LE PILIER CENTRAL DE NOTRE ÉDIFICE FAMILIAL, UN MODÈLE FASCINANT À SUIVRE

 

MARIE-ANDRÉE JEAN-NOËL, LE PILIER CENTRAL DE NOTRE ÉDIFICE FAMILIAL, UN MODÈLE FASCINANT À SUIVRE

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

21 MAI 2023

 


Après le décès de leur mère, ma belle épouse, Marie Andrée Jean-Noël, le 6 mai 2023, les enfants m’ont demandé avec insistance d’écrire quelque chose pour Manmi comme ils l’appellent affectueusement. Je ne me sentais pas la force de le faire. Le Bon Dieu et Andoue, comme je la surnomme affectueusement, m’ont aidé à « me détacher » et à me sentir « non concerné directement », pour pouvoir camper cette magnifique femme, mon amie, mon amour, mon épouse chérie. Andoue et moi, on a vécu 52 ans ensemble, répartis en trois grandes périodes,1) la période de connaissance et d’amitié : la petite fille de 9 ans à 13 ans que je regardais grandir, la belle jeune fille de 13 à 17 ans, mon amie qui assistait toujours souriante à mes multiples aventures amoureuses, 2) la période de fiançailles avec cette belle jeune fille épanouie de 17 à 22 ans, cette marabout noire aux cheveux longs, qui attire les regards de tout le monde, et 3)  la longue période d’union sacrée, avec cette sculpturale épouse, toujours bien mise, ma reine, une belle âme, tout simplement une bonne personne, de 22 ans jusqu’à sa mort à l’âge de 61 ans. Je vous présente donc ma femme. Prenez le temps de parcourir la synthèse de sa vie bien remplie, partie  trop tôt  selon moi, mais que le Tout Puissant a décidé d’appeler vers la lumière.    

Marie Andrée Jean-Noël, Andoue, Manmi,  est née le 26 avril 1962, fille de Carmène Louis et d'Inovil Florvil. Son parcours éducatif a commencé chez Marcelle Ruiz et chez les Sœurs St Pierre Claver, avant de poursuivre ses études secondaires au Lycée Louis Diaquoi aux Gonaïves, Haïti, de 1965 à 1980. Elle a ensuite poursuivi ses études en gestion et en informatique à New-Jersey, Excess County College, de 1980 à 1985, à une époque où la science informatique balbutiait encore.

              Le voyage d’étude aux USA

Le 21 juillet 1984, elle a épousé Jean-Robert Jean-Noël, un ingénieur de profession, son ami et son amour. L’adolescent de 17 ans et la  petite-fille de 9 ans se sont vraiment rencontrés à la Ruelle Orival où l’adolescent venait d’aménager avec ses  parents, Mr et Mme Dudray Jean-Noël. Elle avait 13 ans lorsqu’ils se sont liés d’amitié. Cette amitié s’est transformée en un amour profond le 20 mai 1979. L’histoire d’amour de Bob et d’Andoue était née. Durant plus d’un an, ils ont vécu un  amour fou en Haïti. Elle devait partir en 1980 continuer ses études aux USA. Ils se sont retrouvés en Juillet 1982, en Avril 1983 à New-Jersey et en Haïti en décembre 1983, et ont pris la décision de s’unir pour le meilleur et pour le pire, le 21 Juillet 1984, à l’Eglise Catholique d’East-Orange, N.J.  

              Le premier retour en Haïti

Ensemble, ils ont construit en 1985 leur nid d’amour à la Croix-des-Bouquets et y ont élevé avec amour leurs quatre enfants, Jahim, Andaïka, Joséphine et Mardochée. Elle a su transformer sa maison en un petit paradis fleuri grâce à sa passion pour les plantes ornementales. Après son retour en Haïti en décembre 1985, elle a travaillé pendant un an dans une société informatique et également au Journal La Phalange de l'Église Catholique. Pendant cette période, elle a fréquenté l'Institut Français de Port-au-Prince pendant plus d'un an pour maîtriser à nouveau la langue française, qu'elle avait apprise dès sa plus tendre enfance auprès de sa marraine, Mme Archimède Bois, et plus tard à l’école des sœurs et au Lycée. Elle s’est consacrée en priorité à l’éducation des enfants sans pour autant négliger son mari qui, pour des raisons professionnelles, a dû sillonner Haïti. Lors du séjour de ce dernier comme directeur départemental de l’Artibonite du ministère des Travaux Publics, elle est retournée dans sa ville natale aux Gonaïves, pour continuer à s’occuper de ses enfants, de son mari, de leur entreprise de « Matériaux de Construction » et a eu  le temps de retourner à l’Université pour acquérir des connaissances en sociologie et à nouveau en informatique de gestion.

Le couple a ensuite dû quitter Gonaïves pour retourner dans leur nid d’amour de la Croix-des-Bouquets, car le mari a été contracté par une organisation internationale, la PADF. Pendant ce temps, Marie Andrée a repris tout en main au niveau de la maison, en réaménageant sa cour, son jardin fleuri et des coins intimes d’évasion. Elle est également tombée enceinte en juin 1994 de leur benjamine, Jihanne Mardochée, Dochie. Elle conduisait les enfants à l’école le matin et les récupérait l'après-midi lorsque son mari était en province. À la fin de cette grossesse début 1995, elle a recruté un chauffeur, Alexis Victory, dit Maboul, qui fait toujours partie de la famille.

              Le 2e retour un peu forcé de la mère accompagnatrice des enfants aux USA

Lorsque les enfants ont atteint l’âge d’aller à l’Université, sauf Dochie, Marie Andrée qui a acquis la nationalité américaine depuis le début des années 1990, a décidé, avec l’accord de son cher époux, d’accompagner ses enfants aux USA, leur lieu de naissance. Après avoir vécu en Haïti, ils ont déménagé momentanément dans l’Etat de Georgia aux États-Unis, où Marie Andrée a continué à fleurir leur nouvelle maison avec l’assistance physique sporadique de son mari, resté au pays pour des raisons professionnelles de 2007 à 2017. Et là elle allait passer 10 ans dans l’Etat de Georgia. Elle en a profité pour embrasser les sciences infirmières et obtenir un certificat pour retourner sur le marché du travail, en particulier à Meryl Garden, tout en continuant à bercer la benjamine, Dochie, et à accompagner les adolescents jusqu’à l’obtention de leur « bachelor et master degres », pour la plupart. Elle s’est convertie au mouvement adventiste du 7e jour et y a entrainé son mari et deux de ses enfants. En 2014, elle a été diagnostiquée du cancer du sein. Elle y a survécu. Elle a participé activement aux préparatifs de mariages de deux de nos enfants et à la naissance de notre premier petit-fils James Robert dit Jay.

              Le 2e retour en Haïti qu’on croyait définitif

En 2017, Marie Andrée (Andoue) est retournée en Haïti rejoindre son mari. Depuis son retour, ils ont voyagé ensemble aux États-Unis pour assister à des événements importants tels que les graduations et les mariages de leurs enfants. Grâce aux nouvelles technologies, Marie Andrée est restée en contact étroit avec sa famille, ses amis et ses frères et sœurs. Malgré la détérioration de la situation en Haïti, le couple a décidé de prendre sa retraite aux Gonaïves et a commencé la construction d'une maison, qui est maintenant à un stade avancé. Cependant, la situation s'est dégradée dans le pays et le couple a subi les difficultés imposées par  le "Peyilock", un terme utilisé pour décrire la situation d'insécurité dans le pays. Malheureusement, ils ont également été confrontés à un risque de kidnapping sur la nationale No 1, près de Carrefour Paye.

En octobre 2020,  en pleine période de COVID-19 en Haïti, on a décidé de faire un bilan financier de notre vie de couple. Le constat était à la limite plutôt  inquiétant. Je lui ai proposé un plan stratégique familial. Elle l’a accepté et m’a promis de l’opérationnaliser tout de suite. Elle s’est mise au travail avec la plus grande discrétion comme à ses habitudes. Toute l’opération a été circonscrite autour de mes revenus de consultant. J’avais encore, la cote fin 2020 et début 2021. Malheureusement, la situation politique s’est détériorée rapidement à partir  de janvier 2021, surtout à partir de février, date de fin de mandat du président Moïse, selon les oppositions politiques. Cela est devenu de plus en plus corsé jusqu’à notre départ du pays le 4 juin 2021.    

              Le voyage sans retour et l'exploit de la gestionnaire

Le 4 juin 2021, le couple est parti aux États-Unis pour un voyage médical de routine et s'y est retrouvé bloqué depuis avec l’assassinat crapuleux du président Moïse. Malheureusement, le cancer est réapparu au cours de l’année 2022 et elle s'est battue avec détermination, croyant que Dieu lui permettrait de vaincre la maladie une fois de plus. Malgré la maladie, vu que son mari n’a plus de revenu suffisant pour faire face aux dépenses quotidiennes, elle est retournée travailler. Elle a insisté 3 mois avant sa mort pour une évaluation financière de notre situation par deux de nos enfants spécialistes de la question. Et  On a  redécouvert que ma femme, Andoue, était une gestionnaire hors pair et d’une discrétion à nulle autre pareille. Elle s’est arrangée, selon le plan stratégique familial établi avec son mari en octobre 2020, pour réduire de 50%, en moins de 3 ans, nos dettes, à partir de nos maigres moyens issus des consultations de son mari, de son salaire depuis notre retour ici aux USA, et de la vente d’un terrain en Haïti. Toute la famille était subjuguée par cette performance et surtout par la stratégie utilisée pour atteindre ce résultat hors du commun.

Malheureusement, la maladie n’a pas cessé de progresser. On a dû l’interdire de continuer à travailler. Et deux mois plus tard, Andoue, la femme courage nous a quittés le samedi 6 mai 2023, après avoir fêté son 61e anniversaire en famille le 26 avril 2023. Elle laisse derrière elle son mari Bob, ses enfants Jaja, Dadoue, Dopie et Dochie, ainsi que ses quatre petits-enfants, Jay, Dayday, Enzo et Amira-Rose, ses sœurs Gélène, Mona, Marjorie, Yvana, Muracia, Fifi et Mamane, ses oncles, tantes, neveux, nièces, amis et collègues dans la plus profonde des douleurs.

            Son dernier mot

 Avant de partir définitivement vers la lumière pour retrouver notre Sauveur Jésus, elle a eu le temps de se  confier à notre fille, Dadoue, et de nous envoyer à Toutes et à Tous ce message de réconfort : "TOUT À JÉSUS ! DIEU EN CONTROLE!"

              Le modèle à suivre

Marie Andrée était une femme aimante, dévouée, attentionnée, une bonne gestionnaire, une grande amoureuse de la nature et des plantes qu’elle caressait comme s’il s’agissait d’une personne ; elle leur parlait, c’était fascinant ! Durant son agréable séjour parmi nous, elle  a touché la vie de nombreuses personnes dont la grande majorité la considère tout simplement comme le modèle à suivre. Elle a laissé un impact indélébile sur sa famille, ses amis et sa communauté, et elle restera à jamais dans nos cœurs et nos mémoires.

              Le Pilier central de notre édifice familial

Andoue était tout simplement, comme dit toujours son autre moitié, Bob, « le pilier central de notre édifice familial ».  

Que ton âme repose en paix ! Et que Dieu te reçoive à bras ouverts dans sa demeure, mon amour!!!

Que la terre te soit légère !!!

Adieu Andoue ! On se rencontrera là-haut !!!

Qu’il en soit ainsi au nom de Jésus !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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