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lundi 10 octobre 2016

HAITI, LE VRAI DEBAT (?)

HAITI, LE VRAI DEBAT (?)

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
9 OCTOBRE 2016
Revu le 14 OCTOBRE 2016

Haïti était en mode élection. La campagne électorale battait son plein. Les candidats sillonnaient le pays pour vendre leur programme. Les meetings  se faisaient pour la plupart dans une atmosphère d’intolérance. Normal, puisqu’on est en Haïti ! Cela ne devrait pas. Le pays était en mode débat aussi. Télé Soleil s’est concentré sur les sénatoriales. D’autres médias sur la présidentielle avec l’aide de la société civile et du secteur privé. Un premier débat a opposé Edmonde Supplice Beauzile, Jean-Henry Céant, Jude Célestin, Jean-Charles Moïse et Jovenel Moïse, les candidats les plus en vus, moins Mme Maryse Narcisse de LAVALAS. L’arrêt 168-13 du 23 septembre 2013, qui dénationalise les dominicains d’ascendance haïtienne en majeure partie, et qui, 3 ans plus tard, est encore objet de débat et n’apporte pas de solution à ce problème d’apatridie malgré certaines mesures adoptées par le gouvernement dominicain face à la levée de boucliers au niveau international. Ajoutée à tout cela, la décision du Pdt Obama de reprendre le rapatriement des haïtiens non en règle avec l’immigration américaine. Les dispositions prises par l’administration Privert pour recevoir les rapatriés haïtiens attendent d’être mises en application. Le débat autour de la loi sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme aboutit au vote du Sénat après celui de la chambre basse. Le festival avorté des homosexuels, « le Massimadi » (massissi, madivine, des mots tabous dans le langage des biens pensants haïtiens), a été l’objet d’un débat intense sur l’homosexualité en Haïti, a failli couter son poste au commissaire Danton Léger et fait percevoir cette décision rapportée de l’administration actuelle comme une prise de position en faveur des homosexuels. Jean Charles Moïse et Jude Célestin avec son alliance avec Eric Jean-Baptiste  ont fait du départ de la MINUSTAH un thème de campagne, ce qui a poussé le Président Privert à proposer à l’assemblée annuelle des Nations Unies le départ de la MINUSTAH d’Haïti pour 2017. Enfin, le grand débat c’est aussi et surtout  autour du passage du cyclone Matthew de catégorie 4 sur l’échelle Saphir-Simson qui en compte 5 et la vulnérabilité d’Haïti avec son bilan partiel très lourd et le renvoi des élections sine die. D’où le titre de notre article : «Haïti, le vrai débat?»

Le bilan partiel du passage de Matthew
Le journaliste/politicien, Clarens Renois, a rapporté un bilan partiel du passage de Matthew en Haïti sur Facebook en ces termes : « véritable catastrophe pour Haïti. Le dernier bilan partiel : 122 morts, 2 disparus et 91 blessés, 115.000 familles sinistrées, 500 maisons complètement détruites, 25.000 fortement endommagées. Il faut ajouter les 178 établissements scolaires endommagés sans compter les fermes et plantations ravagées. Les dégâts sont énormes, les pertes inimaginables. Le sud et la Grand-Anse sont balayés. Le pays est meurtri, malade au cœur et au corps... ».

 Selon le Figaro, un journal Français : « Le dernier bilan établi à partir des chiffres fournis par les équipes de la Protection civile sur le terrain s'élève précisément à 877 morts, mais l'agence centrale, qui met plus de temps à rassembler les informations, parle pour le moment de 271 morts et de 61.500 sans-abri. Le gouvernement avait évalué jeudi à 350.000 le nombre de sinistrés ayant besoin d'une aide immédiate ».

Les premières images sur le grand Sud montrent la dévastation de la région sous les rafales et les bourrasques de plus de 200 km/h et des pluies diluviennes de plus de 300 mm. Les arbres sont déracinés, la couverture végétale et forestière au niveau de cette région s’est pratiquement envolée comme les toits de la majorité des maisons en tôles. Valery Numa a expliqué que la zone de Camp-Perrin est totalement dévastée, églises, hôtels, maisons, arbres, plantations, bétails. D’autres sources ont parlé de possibilité de famine dans les prochains jours. Les Nippes et la région des palmes ont subi de sérieux dégâts matériels. Pour le grand Sud, le pont sur la rivière La Digue à l’entrée de Petit Goâve est coupé, le pont sur la ravine du Sud également. Les routes menant sur la côte sud de torbeck à Tiburon en passant par Port Salut, les Coteaux, Roche à Bateau, Port-à-Piment, Chardonnières, les Anglais, cette petite ville sur laquelle l’œil de Mathieu a touché terre à 7 h AM, ce 4 Octobre 2016, sont gravement endommagées. Il faut rappeler que la route nationale desservant cette sous-région côtoie la mer et est traversée par de nombreuses rivières. De l’autre côté, de Camp-Perrin à  les Irois en passant par Roseaux, Jérémie, Dame Marie, Anse-D’Ainault, etc., la route en construction jusqu’à Jérémie, la route en terre prolongée jusqu’à les Irois, subissent les mêmes assauts avec la seule différence, elle est moins exposée aux marées hautes mais aux éboulements/glissements de terrains. La communication téléphonique étant encore coupée au niveau de certaines zones, on a une idée très partielle de l’ampleur des dégâts et des pertes (évaluation en cours au niveau des départements touchés).

On sait que l’Ouest à l’Est et au nord de Port-au-Prince n’a pas été très exposé, exception de Kenscoff si l’on en croit au bilan partiel présenté par le maire de cette ville. Mais les rafales de vent, l’abondante pluie (environ 250 mm en 24 heures, selon Agr. PG LAFONTANT) ont causé des dégâts à partir de la chute des arbres et des inondations au niveau de toutes les villes (chutes d’arbres), en particulier à Tabarre, Cité Soleil , Croix-des-Bouquets, Ganthier, Thomazeau (inondations) ; par contre l’Ile de la Gonâve a été durement frappée parce que très exposée.

Pour l’Artibonite, selon Télé Papillon, c’est la marée haute qui a provoqué des dégâts au niveau du Warf des Gonaïves. Les zones situées au niveau de la mer, qui sont habituellement inondées, le sont à nouveau, mais rien de grave. Par contre au niveau de Coridon, les marais salants sont inondés en partie.

Pour le Nord-Ouest, très exposé à Matthew, la situation était assez inquiétante au niveau de Baie de Henne, Bonbadopolis, Môle Saint Nicolas, Ile de La Tortue, Port-de-Paix, Saint Louis du Nord, Anse-à-Foleur, des villes côtières subissant les assauts de la mer, de la pluie et du vent. Mais, jusqu’à date, les informations font état d’une situation préoccupante. En tout cas, aucune commune mesure par rapport au grand Sud.

LE VRAI DEBAT, C’EST HAÏTI

Le vrai débat est maintenant sur Haïti. 2016 avec Matthew est plus catastrophique que 1954 avec Hazel. Que faire pour éviter une autre catastrophe plus grave dans les 60 prochaines années?

Un pays vulnérable à tous les points de vue
Haïti est un pays vulnérable à tous les points de vue, les ressources humaines exposées à des problèmes de santé avec une espérance de vie autour de 60 ans, pas bien éduquées avec une fuite énorme des cerveaux, mal organisées socialement, vivant dans un environnement physique dégradé et insalubre et mal aménagé, dans des infrastructures non normalisées et insuffisantes, avec une économie rachitique malgré des ressources en sous-sol estimée à plus de 100 trillions de USD et gangrénée de corruption, et dans un système politique non adapté organisé autour d’une gouvernance au petit bonheur tant au niveau national, déconcentré et décentralisé (?). En résumé, (i) la capital humain sans soins adéquats, (ii) le capital social non organisé, (iii) le capital environnemental vulnérable et non aménagé, (iv) le capital infrastructurel non normalisé et très insuffisant, (v) le capital économique/financier rachitique et  (vi) le capital politique galvaudé et prédateur.

Notre vulnérabilité à la base des dégâts et pertes subis
On comprend pourquoi les menaces et les risques sont si grands quand une catastrophe naturelle survient, en particulier, tremblement de terre et cyclones. En effet, Haïti a connu de grands cyclones qui ont marqué les esprits, Inès, Flora, David, Gordon, Jeanne 2004 (destruction de la ville des Gonaïves, 3000 morts), les 4 cyclones de 2008, Gonaïves, une fois de plus très gravement endommagée avec moins de pertes en vies humaines, environ 700 morts cette fois-ci). Ce ne sont pas des ouragans pour la grande majorité. Très souvent, c’étaient des tempêtes tropicales. Si ma mémoire est bonne, Matthew est le seul cyclone de catégorie 4 ayant traversé Haïti. Les autres étaient de catégorie inférieure ou étaient tout simplement des tempêtes. C’est notre vulnérabilité qui est à la base des dégâts et pertes subis.

Les leçons tirées
Pour la plupart, on a tiré des leçons qui nous sont utiles, même dans le cas actuel. Certes, le bilan est partiel et déjà très lourd. On a enregistré beaucoup de pertes matérielles, mais de moins en moins de pertes en vies humaines. Gonaïves se développe différemment au niveau des plateaux et des piedmonts, les maisons sont à étage, le réseau de drainage est plus dense, les drains de ceinture sont de plus grande capacité, la rivière La Quinte a une capacité 10 fois supérieure, Pont Mapou et Pont Gaudin ont été reconstruits pour favoriser l’écoulement de 1000 m3/s, les berges ont été renforcées, très certainement pas assez, mais elles tiennent jusqu’à présent. Des interventions ont été éparpillées sur les 70000 ha du bassin versant, trop minimes certes, mais réalisées quand même. Des solutions ont été proposées par une équipe de techniciens haïtiens des ministères de l’agriculture, de l’environnement, des travaux publics, de l’intérieur, coordonnée par Ing Jean-Robert JEAN-NOEL, et partiellement appliquées par manque de volonté politique. Elles peuvent servir de modèle pour d’autres régions du pays (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html ). La Direction des infrastructures agricoles du ministère de l’agriculture a répliqué partiellement ce modèle sur la Ville de Cabaret, de Jacmel, de Léogane avec un certain succès car certaines composantes essentielles n’ont pas été prises en compte faute de moyens financiers et de manque de volonté politique (vision et planification). Il faut aller au-delà de ces cas d’espèces, tenir compte des petites expériences réussies liées à la mise en défens, l’exploitation des forêts énergétiques dans certaines zones du pays (Nippes, Sud), la mise en place des retenues collinaires et leur exploitation, la généralisation des cas de réussite au niveau d’une commune, d’un département, d’une région et du pays. D’où la nécessité de se départir de la politique politicienne.

La prédominance de la politique politicienne
Depuis la mort de Dessalines, les politiciens ne font que se battre pour la prise du pouvoir personnel. La plupart, plutôt minime, imprégnés de la notion pays, ont lié leurs intérêts personnels ou de clans à ceux du pays. Ce qui nous a donné des moments de développement. Mais, comme les intérêts des clans ont été toujours plus importants que ceux du pays, il s’ensuit un mal développement du pays qui tire insuffisamment encore profit en matière touristique de la politique de fortification initiée par Dessalines, continuée par Christophe et Pétion et clôturée par Boyer. La construction de certains ouvrages utiles comme des ponts sous le gouvernement d’Hyppolite, d’institutions financières sous Salomon, de développement urbain sous le Gouvernement d’Antoine Simon, de gouvernance sous l’occupation américaine (centralisation), réorganisation de l’armée, mise en place d’infrastructures de gouvernance, Palais National, palais des ministères, palais judiciaire, conception et mis en place des grands ouvrages de développement d’électricité, barrages d’irrigation, politique de développement urbain et routier (Estimé, Magloire, Duvalier)  adoquinage de rues au niveau des grandes et petites villes et application partielle des divers plans de développement avec l’appui de la communauté internationale (Duvalier Fils, Aristide, Préval, les divers gouvernements de transition, Martelly ). Il faut noter que, ces derniers temps, Haïti a été victime de l’exacerbation de la bataille des clans avec la mise en application de slogans politiques, transformés à la va-vite en des programmes politiques non liés, en grande partie, aux plans existants et mal appliqués une fois nos politiciens au pouvoir. C’est un peu le cas pour ces élections interrompues, en termes de programmes s’entend (nécessité de combiner ces divers programmes en un seul pour Haïti par celui qui aurait gagné). Quant aux divers plans de développement depuis la démocratisation, Haïti est sur le papier un pays développé, mais la réalité est un mal développement, un non développement, dû en particulier à une absence et/ou manque d’application des rares politiques publiques clairement définies.

EN GUISE DE CONCLUSION

Heureusement, il existe dans les tiroirs plusieurs documents qui, une fois remaniés, adaptés, combinés avec certains éléments de programmes de nos prétendants actuels au pouvoir suprême et adoptés par l’ensemble des acteurs du développement, devraient contribuer au développement harmonieux du pays. Pour cela, il faudrait suspendre la bataille des clans, organiser la grande concertation nationale avec pour finalité le vrai plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH) basé sur les objectifs de développement durable (ODD 2016-2030), sur les cinq (5) châteaux d'eau du pays et sur les six (6) capitaux, et sa mise en application par les gouvernements successifs sur une période de 25 ans et plus.

Pour y arriver, il faudra commencer par prendre conscience de cette grande vulnérabilité du pays qui vient d’être mise à nue par le passage de Matthew. Les départements affectés par cette catastrophe nécessitent un traitement à trois niveaux : urgence, relèvement et développement. Parallèlement, il faut continuer avec le processus électoral en identifiant les endroits où placer les bureaux électoraux et les centres de vote dans les départements affectés, ne serait-ce que sous des tentes.

Pour la partie d’urgence du plan d’une durée de  six (6) mois, il faudrait (i) des kits de première nécessité (pain, bonbon, fruit, fromage, eau, boite de sardine, nourriture crue pour une quinzaine de jours au moins, flash, allumette, etc.), (ii) le retour des déplacés dans leur résidence ou de l’endroit qui y tient lieu, (iii) une évaluation exacte de la situation, (iv) la réparation des voies de communication (routes, pistes), (v) le rétablissement des communications téléphoniques, (vi) l’auto réparation des maisonnettes moyennant mise à disposition de matériaux et de matériels (tôles, bois, clous, marteaux, etc.), (vii) la réparation et curage des systèmes d’irrigation et remise en eau, (viii) la mise à disposition des kits de semences, des kits médicaux si nécessaire et cliniques mobiles,(ix) les études pour réparation et réhabilitation des infrastructures (écoles, dispensaires, centres de santé, hôpitaux, églises, etc.) ; la mise en place de certaines actions sous forme d’essais. Certaines recommandations faites au Gouvernement de Transition Alexandre-Latortue lors du passage de Jeanne aux Gonaïves en 2004 peuvent être appliquées et adaptées aux circonstances actuelles (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/09/inondation-aux-gonaives-et-autres-zones.html ). Pour cette phase, il faudra au minimum créer 400,000 Personnes-mois (P-M) de travail durant 4 mois, Ce qui correspond grosso modo à 64,000,000.00 USD

Pour la partie relèvement du plan d’environ 18 mois, la finalisation des études et du plan de développement de la région affectée et/ou du département affecté, la recherche de financement, la reconstruction des infrastructures  pour résister à un cyclone de catégorie 5 et un tremblement de niveau 9, la finalisation du vrai plan stratégique de développement national (PSDH) axé sur les ODD, sur les pôles de croissance et de développement au niveau des cinq (5) châteaux d'eau du pays, selon le modèle esquissé par le ministère de l’agriculture, et sur les six capitaux (humain, social, environnemental, infrastructurel, économique/financier et politique/gouvernance).

Pour la partie Développement du PSDH, les études complémentaires du plan global, les recherches et les exploitations minières,  les études spécifiques, la généralisation de certaines actions mises en œuvre à titre d’essais durant les périodes d’urgence et de relèvement, surtout en termes de construction des grands ouvrages de développement (Ports, Aéroport, routes, barrages, irrigation, retenues collinaires, plantation, pêche et aquaculture ), la déconcentration administrative, la décentralisation (gouvernance au niveau national et local), le développement de cinq (5) pôles de croissance et de développement au niveau des cinq (5) châteaux d'eau du pays.




dimanche 4 septembre 2016

INDEXATION, CAMPAGNE ELECTORALE, ENTENTE PREALABLE (?)

INDEXATION, CAMPAGNE ELECTORALE, ENTENTE PREALABLE (?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 AOUT 2016

Au cours de ce mois d’Août 2016, Haïti est en mode élection depuis le lancement de la campagne électorale. Toutefois, tout au long du mois, il y eu d’autres thématiques dominantes comme l’augmentation du prix des produits pétroliers et le retrait rapide de cette décision par rapport à ce tollé soulevé à travers le pays ; la participation du Président de la République à la cérémonie d’investiture du Président Danilo Medina pour son second mandat comme Président de la République Dominicaine (RD) ; la mise en application par M. Privert du principe de la continuité de l’Etat en procédant à l’inauguration des logements sociaux au niveau du Parc de Caracol, à l’inauguration de la prison de haute sécurité au niveau de Ferrier (NE), à l’inauguration de la sous- station d’EDH de Tabarre et la mise en marche d’une turbine hydroélectrique au niveau du complexe de Péligre (18 MW) ; tous ces travaux de construction et de réhabilitation ont démarré soit sous l’administration de Martelly et/ou celle de Préval.

D’autres thématiques dominantes ont été relevées au cours de ce mois d’Aout, le mandat d’amenée contre le candidat au Sénat de la Grande-Anse, Guy Philippe ; le rapport de l’ l’Unité centrale de renseignement financier (UCCREF) indexant Jovenel Moïse, candidat du PHTC, et le rapport de la commission sénatoriale d’éthique et d’anticorruption indexant une quinzaine d’anciens hauts fonctionnaires de l’Etat des administrations passées ayant à voir avec la gestion des fonds de PETROCARIBE de 2008 à 2015 ; le risque encouru par Haïti  de voir ses huit (8) banques indexées de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme international, si elle ne se conforme pas aux exigences du groupe d’action financière (GAFI).  

Il faut noter la sortie du documentaire de Valéry Numa sur l’immigration au Brésil d’environ 90,000 Haïtiens qui vivent dans cet « eldorado » dans des conditions infra humaines dont la grande majorité n’a pas les moyens de se payer un billet de retour et l’installation du nouveau conseil de la BRH présidé par M. Dubois qui promet « un maximum de croissance et un minimum d’inflation ». C’est dans ce contexte dominé par une misère noire due en grande partie à la hausse du dollar par rapport à la gourde (65 HTG= 1 USD), qu’est lancée la campagne électorale sans cette entente préalable entre nous. Que faudra-t-il en espérer ?

On pourrait tenter une analyse de l’ensemble de ces faits saillants et regarder leurs liens avec le processus électoral. Ce serait une analyse assez longue et fastidieuse qui pourrait laisser sur sa fin le lecteur non averti. On se contentera de regarder (i) la mise en application du principe de continuité de l’Etat, (ii) l’indexation éventuelle des institutions bancaires haïtiennes, (iii) l’indexation des anciens hauts fonctionnaires de l’Etat dans le cadre de la gestion de PETROCARIBE, (iv) l’indexation de Guy Philippe (mandat d’amenée) et de Jovenel Moïse par le rapport de l’UCCREF, et (v) le lancement de la campagne électorale. Et on termine sur les conclusions appropriées.

1.    Le principe de continuité de l’Etat

Sur le principe de continuité de l’Etat, il faut rappeler ici que le complexe Péligre a été mis en œuvre par quatre administrations successives, l’administration Estimé (1946-1950), l’Administration Magloire (1950-1956), l’administration Duvalier Père et Fils (1957-1971). En ce sens, Privert a suivi la tradition avec la réhabilitation partielle de la centrale en remettant en opération l’une des trois turbines de Péligre et en inaugurant la sous-station de l’Ed’H de Tabarre, et n’aura peut-être pas la chance d’inaugurer les deux autres turbines qui seront remises en service très probablement après son départ du pouvoir. Heureusement pour le Président, il a pu procéder à l’inauguration des autres ouvrages démarrés sous l’administration Martelly cités à l’introduction. Dans ce même ordre d’idées, le Premier Ministre a procédé au lancement officiel des travaux de construction de la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) qui sera très certainement inaugurée par une autre administration. L’application du principe de continuité de l’Etat devra servir de leçon à la prochaine administration qui sortira des urnes. Privert a su aussi suivre la trace des autres avant lui en participant à l’investiture du Président Médina pour son second mandat. Cette administration peut-elle éviter le « de-risking » à notre pays ?

2.    L’indexation éventuelle des institutions bancaires haïtiennes en novembre prochain(?)

Voici le résumé fait par le journal, Le Nouvelliste :
« Sénateurs, députés, représentants de l’exécutif, état-major de la Police nationale d’Haïti ont tous répondu, ce vendredi 26 août 2016, à l’invitation du Ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) et de la Banque de la République d’Haïti en prenant part à la conférence débat qui s’est tenue au centre de convention et de documentation de la BRH. Tous les participants à cet événement reconnaissent que l’heure est grave et qu’il y a péril en la demeure. Aussi ont-ils pris congé en se promettant de mettre les bouchées doubles pour effectuer en quelques semaines ce qu’ils n'ont pas pu accomplir». (Réf.: http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/162535/Blanchiment-financement-du-terrorisme-le-mois-de-novembre-est-decisif-pour-Haiti#sthash.aMYlY9gI.dpuf)

Les banques haïtiennes pourraient être accusées de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme et n’avoir plus de relation avec les banques intermédiaires et partenaires, si Haiti ne se conforme pas aux exigences du groupe d’action financière de la Caraïbe (GAFIC) et pourrait être considérée comme un pays à risque « et d’être mise en quarantaine par les institutions financières internationales ». « Ce qui aura notamment pour conséquences l’intensification du phénomène du « de-risking » dans notre système financier », selon le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH). « C’est un problème national qui interpelle tous les fils et toutes les filles de la nation pour que chacun en ce qui le concerne prenne ses responsabilités pour éviter le pire », a renchéri le ministre de la Justice Camille Edouard Jr. Dans le cas où ce problème ne serait pas solutionné avant novembre 2016, ce serait 93% de nos exportations, 75% des transferts reçus, 72% des transferts vers l’étranger qui seront affectés de manière significative. « On doit notamment penser aux effets socio-économiques que cela pourrait avoir si les 2 milliards de dollars américains de transfert, soit 21% du PIB ne pouvaient plus alimenter le revenu des couches les plus vulnérables », s’inquiète M. Dubois. A l’interne, il faut s’inquiéter aussi par rapport au travail de la commission d’éthique et anticorruption du Sénat qui indexe certains anciens hauts fonctionnaires.

3.    L’indexation des anciens hauts fonctionnaires de l’Etat dans le cadre de la gestion de PETROCARIBE

« La commission Éthique et Anti-Corruption du Sénat de la République a remis son rapport au président du Sénat, Ronald Larêche, et a rendu public, ce 17 août, un « résumé exécutif » du dit rapport sur l’utilisation des fonds du programme PetroCaribe auquel Haïti a adhéré le 12 avril 2006. La commission indique que son enquête a permis entre autres de confirmer les soupçons de népotisme, de prévarication et de corruption dans la gestion de ce programme ». C’est le résumé qu’a fait Le Nouvelliste (Réf. http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/162164/PetroCaribe-resume-complet-du-rapport-de-la-commission-Ethique-et-Anti-Corruption-du-Senat

Tiré du site de Youri Latortue

En guise d’analyse, des parties du résumé exécutif du rapport publié par le quotidien Le Nouvelliste sont reproduites plus bas sans commentaire. Je laisse au lecteur d’apprécier, même quand j’ai de sérieuses réserves sur certaines personnes citées dans ce rapport dont les actions qui leur sont reprochées sont tellement minimes qu’elles ne devraient pas y figurer, alors que d’autres non citées auraient dû y être. En tout cas, dans le résumé du résumé exécutif, nous avons mis en exergue les points saillants permettant au lecteur de bien saisir l’essentiel du rapport, son objet, ses limites et ses recommandations. Voyons voir.

Le fonds PETROCARIBE
« Il s’agit en fait d’un prêt concessionnel au taux préférentiel de 1% l’an remboursable sur vingt-cinq (25) ans avec un délai de grâce de deux (2) ans. Dès sa mise en application en 2008, jusqu’au 21 mars 2016, le Fonds PetroCaribe a monétisé USD 3 833 890 217,58. À partir de ce montant, le BMPAD paye comme dette à court terme (30 jours) pour les produits pétroliers reçus USD 1 714 288 623,21. La somme de USD 2 119 601 594,37 a alimenté le budget d’investissement de l’État sur cette période ».

Eviter toute partisannerie et l’obligation de rendre compte
« Compte tenu de l’énormité de la tâche et de la limitation des moyens matériels et humains dont elle disposait, la Commission n’a pas pu investiguer chaque projet et chaque décaissement effectué. Cependant, la Commission a eu le souci permanent de veiller à éviter toute partisannerie dans l’exercice de ses travaux. Les investigations ont porté sur tous ceux qui ont eu la responsabilité de la gestion du fonds sans égard pour leur rang ou pour leur appartenance politique. Ainsi, ont été analysées les transactions réalisées par les administrations Préval/Pierre-Louis (septembre 2008 – octobre 2009) USD 197 500 000.00, Préval/Bellerive (novembre 2009 – mai 2011) USD 348 240 830,01, Martelly/ Conille (novembre 2011- Mai 2012) USD 210 303 222,68 , Martelly/ Lamothe (Mai 2012 – Décembre 2014) USD 668 315 429,20, Martelly/Paul (Janvier 2015 – Mars 2016) USD 280 003 698,66. Aucune administration n’a été laissée de côté. L’obligation de rendre compte concerne toutes celles et tous ceux qui ont eu le privilège et l’honneur d’être aux commandes des affaires de l’État ».

L’utilisation abusive de la loi sur l’Etat d’urgence
« Un autre élément troublant est le recours systématique aux lois d’urgence pour signer des contrats qui n’avaient rien d’urgent juste pour contourner les dispositions de la législation sur la passation des marchés publics, conçues justement pour garantir la transparence, éviter le népotisme et assurer que l’État obtienne le meilleur rapport qualité-prix. Des marchés ont été conclus sous la loi d’urgence et n’ont été exécutés que des années plus tard. Il est évident que la loi sur l’État d’urgence devra être revue ou interprétée par les tribunaux de façon restrictive pour éviter les dérives constatées. La justice doit demander des explications à ceux qui ont antidaté des contrats passés à partir de résolutions adoptées en 2013, 2014 et 2015, pour les faire tomber dans la période d’urgence qui s’est terminée en novembre 2012 »

Soupçons de népotisme et de prévarication et de corruption et jurisprudence
« L’enquête a permis de confirmer les soupçons de népotisme et de prévarication et de corruption dans la gestion de ce programme. En effet, le recours au mécanisme de gré à gré ou d’appel d’offres restreint pour l’attribution des marchés publics a facilité la signature de contrats au détriment des intérêts de l’État. Des dirigeants ont autorisé, par exemple, trois sociétés appartenant aux mêmes personnes de faire des offres pour des marchés totalisant plusieurs centaines de millions de dollars, ce qui leur a permis de les rafler tous sans compétition ».
« La Commission n’a pas pu investiguer dans le détail chaque contrat et chaque décaissement, mais elle a trouvé suffisamment d’éléments indiciels sur des opérations douteuses pour justifier la saisine des instances judiciaires compétentes. L’arrêt de la Cour de cassation en date du 13 septembre 1904 (Procès de la Consolidation) constitue notamment la jurisprudence qui permet aux anciens ministres de se présenter devant les tribunaux de droit commun ».

Les recommandations de la commission
« Ainsi, la Commission a recommandé que les investigations soient approfondies sur pratiquement tous les fonctionnaires qui, en raison de la nature même de leurs responsabilités, sont intervenus dans la gestion du fonds PetroCaribe et que l’action publique soit mise en mouvement contre ceux dont l’implication s’est avérée confirmée dans cette vaste supercherie d’État. Il s’agit en particulier de: Jean-Max Bellerive, ancien Premier ministre pour forfaiture, concussion, violations avérées de la loi de passation de marchés de 2009, de la loi d’urgence de 2010 art 7.5, népotisme…; Laurent Salvador Lamothe, ancien Premier ministre, pour violations systématiques de la loi de passation de marchés de 2009, contrats antidatés (Nouveaux projets résolutions 2013-2014...). L’ancien ministre des TPTC Jacques Gabriel, l’ancien ministre des Finances Daniel Dorsainvil et l’ancien directeur du BMPAD, Michael Lecorps, pour détournement de fonds publics (dossier équipement CNE); Les anciens ministres des Finances Wilson Laleau et Marie Carmelle Jean Marie, l’ancien ministre de la Planification Josefa Gauthier, pour complicité de détournement de fonds (décaissements injustifiés pour les firmes GTC et TROPIC BUILD), forfaiture …; Hébert Docteur, ancien ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural pour usurpation manifeste de titre, ayant signé une résolution à la place de l’ancien Premier ministre Conille sans titre ni qualité; Florence Duperval, ancien ministre de la Santé, pour faux et usage de faux (signature contrat avec un défunt); Michael Lecorps, ancien directeur du BMPAD, pour forfaiture, concussion, fraude constatée dans les livres comptables du BMPAD et des TPTC; Et du Comité d’appel d’offres restreint au ministère de la Planification (composé des employés Hervé Day, Lionel Grand Pierre et Jules Content) pour violation systématique des lois de passation de marchés ».

« La Commission recommande également que le dossier de: Mme Nonie Mathieu, ancienne présidente de la Cour des comptes et membre de ladite Cour jusqu’ici, soit transféré à la Chambre des députés en vue d’être mise en accusation pour « fautes graves commises dans l’exercice de» ses «fonctions» (approbation de contrats illégaux) ».

Par ailleurs, la Commission recommande aussi que:
« Le parquet près le tribunal de première instance, l’ULCC et la Cour supérieure des comptes diligentent des investigations approfondies sur la gestion de tous les anciens membres du conseil d’administration du BMPAD pendant la période s’étendant de janvier 2008 à septembre 2015.

 L’action publique soit mise en mouvement contre les actionnaires des firmes INFRATEC, GTC, TROPIC BUILD, NOELSAINT CONSTRUCTION, SETRAGEC, INTERLOC, BATIC GRANDANS afin de récupérer les fonds versés à ces firmes pour des travaux non exécutés.
L’ULCC approfondisse les investigations sur les firmes SOTEC, IBT, GENERALE CONSTRUCTION S.A., HADOM, ROFI, DISENOS R.N.M. pour surfacturation, violation des contrats et inéligibilité dans certains cas ».

En guise de  conclusion : un coup d’arrêt à la corruption en Haïti
« La Commission n’est pas une instance de jugement et ne dispose pas des moyens de coercition que la loi met à la disposition d’un juge d’instruction par exemple. Il reviendra donc à ce dernier de se saisir de ces dossiers et de faire ce que de droit. La Commission s’engage à soutenir le pouvoir judiciaire et à obtenir en sa faveur les moyens nécessaires et la sécurité pour les juges qui auront à connaître de ces dossiers. Les contraintes de temps, de moyens et d’effectifs ont empêché la Commission de mener des investigations plus approfondies. Elle espère que ceux qui en ont la responsabilité prendront le relais et réaliseront ce qui sera le procès qui donnera un coup d’arrêt à la corruption en Haïti ». Dans un registre plus restreint, le juge d’instruction des Cayes  et l’UCCREF indexent deux candidats proches de l’ancienne équipe au pouvoir."

4.    L’indexation de Guy Philippe (mandat d’amenée)  et de Jovenel Moïse par le rapport de l’UCCREF

Un fait troublant, pourquoi un mandat d’amenée et une indexation de Jovenel Moise au moment même du lancement de la campagne électorale relative aux élections du 9 octobre 2016? Pourquoi l’investigation des comptes de Jovenel Moise, un entrepreneur haïtien, dont le seul pêché est d’être candidat à la présidence et de poser sa candidature sous la bannière de PHTK, alors qu’il y a tellement de dossiers à investiguer au niveau des institutions étatiques? Certes c’est normal d’indexer des gens pour leurs actes et même de les punir en cas d’évidence grave. Mais, dans ces deux cas d’espèces, on a cette impression de nuisance et de l’intervention en sous-main du pouvoir en place (on se trompe peut-être). Guy Philippe est en ballotage favorable dans la Grande-Anse. Jovenel Moise a été la cible des actuels alliés du pouvoir qui ont violemment empêché la réalisation du second tour de la présidentielle du 24 Janvier 2016, alors que, selon nous, une alliance de l’opposition de l’époque derrière Jude Celestin leur aurait garanti la victoire. Ils ont tout fait pour discréditer ce monsieur et le mettre dehors du processus. Le choix même par le pouvoir en place de reprendre la présidentielle à zéro participe de la mise à l’écart de Jovenel Moise, en espérant qu’il n’allait pas se réinscrire d’autant que PHTK était farouchement opposé à cette démarche.

En toute logique, le reprise du processus au niveau présidentiel aurait dû déboucher sur un boycott du PHTK laissant le champ libre à ses adversaires de l’ancienne opposition actuellement au pouvoir. Bien avant la décision de PHTK de ne pas sortir du processus, certains membres de l’ancienne opposition commençaient déjà à accuser J. Moise, ce que je qualifiais à l’époque de « changement de stratégie» pour le mettre hors-jeu quand même (réf.http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/06/processus-electoral-reprendre-zero.html . De là maintenant à voir dans cette sortie de l’UCCREF une continuation, il n’y a qu’un pas. Le lecteur ne doit pas oublier que Guy Philipe, qui s’est quand même présenté à la juridiction de justice de Jérémie , est un allié de PHTK et un farouche opposant à LAVALAS et il fut le tombeur du Président Aristide en 2004. C’est l’homme à abattre. Les mettre hors-jeu dans la course, c’est autant de gain pour l’ancienne opposition.

Dans cette lutte pour le pouvoir par voie élective, l’ancienne opposition se présente avec trois candidats poids lourds : Jude Celestin, Jean-Charles Moise et Marise Narcisse. Avec la présence de J. Moise et alliés, il y a de forte chance qu’il gagne haut la main le premier tour et qu’il soit suivi de Jude Celestion qui a fait beaucoup d’alliances contrairement à JC Moise et M. Narcisse qui partagent le même électorat. Or donner un KO technique à J. Moise et alliés devrait en toute logique favoriser ou bien JC Moise, ou bien M Narcisse.

A mon humble avis, le momentum est mal choisi pour indexer ces deux candidats qui ont de forte chance de remporter la sénatoriale de la Grande-Anse (Guy Philippe) ou de passer au second tour de la présidentielle (J. Moise). Il aurait fallu les épingler avant. Maintenant, cela ressemble à de la manœuvre politicienne cachée sous une apparence de légalité. Il aurait été mieux de laisser tous les  candidats mener leur campagne électorale  sans interférence des institutions étatiques (Juge d’instruction des Cayes et l’UCCREF).

5.    Le lancement de la campagne électorale

Jean-Charles Moise à l’Arcahaie (la ville du Drapeau) en compagnie de la fille du Président Estimé, Jovenel Moise à Léogane, Maryse Narcise en visite à Pétionville en compagnie du Président Aristide, Jude Célestin à l’Arcahaie aussi (la ville de l’Union) comme JC Moise avant lui, c’est la fièvre électorale qui monte, c’est le lancement de la campagne électorale. Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) au four et au moulin donne cette impression de savoir exactement où il va. Le cap est donc mis vers les élections du 9 octobre 2016, lentement mais surement. A moins des contrariétés de dernières minutes comme cette décision d’augmenter les prix des produits pétroliers qui aurait pu, si elle n’était pas reportée, « coûter la présidence à Monsieur Privert » selon un gonaïvien, fin observateur de la politique haïtienne ! Le pouvoir en place devra être très prudent dans ses décisions, s’il veut vraiment aboutir à des élections inclusives (ou des élections tout cours)  le 9 octobre 2016 et éviter au pays un chaos dont il sera la principale victime, et le pays avec lui. Le pouvoir a intérêt à chercher le dialogue avec les principaux acteurs engagés dans la course électorale.

L’ENTENTE PREALABLE/L’ENTENTE OBLIGATOIRE

Le président Privert a compris la nécessité de marcher sur les traces de ses prédécesseurs (application du principe de continuité de l’Etat). Haïti, face à la menace de l’indexation des banques haïtiennes pour blanchiment d’argent et financement du terrorisme, semble faire bloc pour « éviter le pire » et prendre les dispositions qui s’imposent. La commission Sénatoriale d’éthique et d’anti-corruption indique le chemin à suivre pour combattre le fléau de la corruption, même si on la sent sélective et parfois maladroite dans la liste des noms des hauts fonctionnaires à épingler. Le pouvoir en place marque des points mais il ne doit pas trop tirer sur la corde pour ne pas donner l’impression de favoriser  un camp par rapport à un autre et exacerber la bataille des clans. La voie à suivre serait d’inciter les acteurs à s’entendre. Le Président a certes passé en force en convoquant le peuple en ses comices et en savourant le lancement de la campagne électorale, mais il n’a pas d’autre choix que de chercher cette entente préalable aux élections de 9 octobre 2016. Même en sous-main ! Sans quoi, les élections auront quand même lieu sans pour autant résoudre la crise multiforme et multidimensionnelle du pays dont la résolution passe obligatoirement par une entente entre nous. A bon entendeur, salut !

dimanche 31 juillet 2016

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PASSE EN FORCE, MAIS…


HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PASSE EN FORCE, MAIS…
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET 2016

L’assemblée nationale (AN) est encore en continuation. La dernière tentative  de reprise de cette assemblée nationale s’est une fois de plus, une fois de trop, soldée par un échec. Cette fois-ci, c’est le groupe proche de PHTK à la Chambre Basse qui a infirmé le quorum. Après cet ultime échec, la situation globale et électorale a connu une accélération :  (i)  le Président Privert a convoqué le peuple en ses comices ; (ii) les inscriptions pour le renouvellement du tiers du Sénat se sont soldées par plus  d’une centaine de postulants à travers la République pour 10 postes à pourvoir ; (iii) le Sénat a finalement confirmé Ronald LARECHE comme président tout en renouvelant son bureau avec l’élection du brouillant Sénateur BENOIT à la vice-présidence ; (iv) le Sénat a donné décharge aux Sénateurs Riché ANDRIS et Carlos LEBON, contrairement à ce qui se dit, sur la base d’un dossier de la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) ; (v) les maires élus dans le cadre des élections du 25 octobre 2015 sont  installés, (vi) l’insécurité est montée d’un cran, l’assassinat de policiers, de simples citoyens et de citoyens connus  par des gens circulant à moto; (vii) la commission sénatoriale a repris du service au niveau des médias par la voie de son président, M. Y. LATORTUE ; (viii) le gouvernement a identifié les sources nationales (55 M USD) de financement des nouvelles élections ; (ix) le ministre Yves Romain BASTIEN a fait  le dépôt du budget 2016-2017 de 121.9 Mrds HTG au Parlement, avec « 75% du budget consacré aux salaires » critique  M. Sassine de l’ADIH, même si , jusqu’à date, le Parlement ne s’est pas encore penché sur le budget rectifié de 2015-2016, et (x) la gourde a franchi le cap de 65 HTG pour 1 USD au marché parallèle, plongeant le pays dans une misère encore plus noire avec maintenant le titre du pays le plus pauvre du monde, selon une étude de Wall Street Journal basée sur des données de la Banque Mondiale, rapportée par Daly Valet (Ref. http://www.montraykreyol.org/article/haiti-classee-comme-le-pays-le-plus-pauvre-du-monde ), etc.

 La décision du Président de convoquer le peuple en ses comices a pris tout le monde au dépourvu : la communauté internationale semble accuser le coup et se range derrière cette décision (tout au moins en a pris note) sans pour autant revenir sur sa décision de ne plus financer le processus électoral ; l’opposition politique est restée sans une réaction proportionnelle ; le parlement est divisé en pour et contre, etc. Cette décision du Président Privert, même controversée, constitue  une sorte de catalyseur du processus électoral et de la situation politique en général. 

Ce passage en force rend-il inutiles les tergiversations de l’opposition parlementaire par rapport au maintien ou non du Président Privert au pouvoir, et permet-il d’aboutir aux élections du 9 Octobre 2016?

Un président légitime ou qui se veut légitime
On dirait que cette décision a sonné le glas de l’opposition parlementaire. D’un coup, on a cette impression que l’Assemblée Nationale en continuation n’est plus nécessaire si ce n’est que de confirmer M. Privert à son poste. L’élection du bureau de Sénat semble être liée à cette décision du Président Privert. D’ailleurs, le Président conteste l’adjectif de facto collé à son titre depuis le 14 Juin 2016. Lors de sa prise de parole à l’Anse à Veau pour la fête patronale de cette ville, il a catégoriquement rejeté ce qualificatif et s’estime légitime puisque issu du Parlement dont il faisait partie depuis son élection comme premier sénateur des Nippes. Tant que le Parlement ne prend pas une décision contraire par rapport à son vote   du 14 Février 2016  lui ayant permis d’accéder au pouvoir suprême, il demeure un président légitime ou qui se veut légitime. C’est sa façon à lui de justifier sa présence à cet endroit qui nous tient lieu de Palais National depuis le tremblement de terre du 12 Janvier 2010. De toute manière, ce n’est pas ce Parlement-là qui l’empêcherait d’y siéger.

Comme un coq ayant reçu « yon Kout ‘t zepon »
En effet, depuis sa décision de convoquer le peuple en ses comices, l’opposition parlementaire et l’opposition politique semblent être désorientées. On ne sait pas si ce qui se passe en Turquie avec le coup d’Etat manqué contre le président Erdogan de ce grand pays, la porte d’entrée de l’Europe à partir de l’Asie (Moyen Orient), a une quelconque influence sur la situation haïtienne. Les représailles de ce président contre les auteurs du coup d’Etat et autres institutions (l’armée, la presse, etc.) font peut-être craindre la même chose pour le Parlement Haïtien (Réf. https://web.facebook.com/daly.valet/posts/1075082679252923 ). On n’est certes pas encore là, on n’arrivera peut-être jamais à cette extrémité, mais on a cette désagréable impression que le Parlement est un peu perdu comme un coq ayant reçu « yon Kout ‘t zepon ». Le choix du parlement se résumerait, selon ma compréhension de la situation depuis cette décision, à abandonner la bataille anti-Privert et le maintenir tout simplement à son poste dans le cadre d’une assemblée nationale en continuation de façade. L’élection à la présidence du Sénat de M. LARECHE enlève à l’opposition parlementaire la présidence de l’assemblée nationale, assurée depuis l’élection de Privert au pouvoir suprême par M. CHANCY, vice-président de l’AN et membre du Parti Ayiti An Aksyon (AAA), le parti du sénateur Latortue,  en opposition ouverte au président de la République. Maintenant, M.LARECHE, proche du Président du pays, présidera désormais l’AN avec beaucoup plus de latitude pour l’orienter dans le sens de l’Exécutif.  C’est un pion important sur l’échiquier politique ; c’est un atout majeur pour l’Exécutif dans cette conjoncture politique où chacun déplace ses pions avec prudence et intelligence. Jusqu’à présent, la balance semble se pencher du côté de l’Exécutif qui en moins de trois (3) mois a pu avoir à son actif la reconstruction du pont de la route 9, à Cité Soleil, rétablissant à ce niveau la circulation entre le Sud et le Nord de la zone métropolitaine, et espérant que les gens ne vont plus arracher les boulons pour aller les revendre, vous vous en souvenez ? (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/04/haiti-un-challenge-la-hauteur-de-la.html ).

Rompre avec cette habitude « d’enquête se poursuit »
De l’autre côté,  le sénateur Latortue, qui paraissait fléchir sa position par rapport à la reprise de l’AN en continuation bien avant la décision du Président de convoquer le peuple en ses comices, semble recentrer sa stratégie sur la commission sénatoriale d’éthique et anti-corruption en occupant l’espace médiatique, portant des estocades aux uns et aux autres avec le souci de paraitre comme l’homme qui veut rompre avec cette habitude « d’enquête se poursuit ». En ce mois de Juillet 2016, certaines personnalités comme Salim Soukar, ancien directeur de Cabinet du Premier Ministre Lamothe, Jean Max Bellerive, ancien Premier Ministre/ Ministre de la planification, actuel Directeur de Cabinet du Président d’Haïti, sont cités comme des personnalités qui auraient bénéficié des pots de vin dans le cadre des contrats liés à PETROCARIBE et autres. Ce qui les a poussés à se défendre du bec et des ongles au niveau des médias, essayant de rétablir la vérité, leur vérité. C’est leur droit le plus entier. Les explications fournies par ces messieurs, surtout JM Bellerive à Radio Vision 2000, vont à l’encontre de ce qui se trouverait dans les dossiers de la commission sénatoriale. Il estime que cet acharnement s’apparenterait à une tentative de salir l’image de quelqu’un qui a plutôt bien servi son pays. En tout cas, aux dernières nouvelles, la commission semble vouloir s’attaquer à de plus gros morceaux encore. Attendons voir.

Entre temps, le processus électoral suit son petit bonhomme de chemin. Les fonds pour l’organisation des élections sont disponibles, tout moins le ministre des finances sait exactement où les trouver, la Douane, la Banque nationale de crédit, les moulins d’Haïti, etc. Toutefois, le grand public pense que les coûts de 55 M USD sont trop élevés et pas assez détaillés. Le Conseil Electoral (CEP), qui a invité quelques cadres de son homologue dominicain, continue son travail d’épuration de l’appareil électoral. Il a révoqué le président du bureau électoral départemental (BED) de l’Artibonite, M. St Hilien et fourni hebdomadairement des informations sur l’avancement du processus. A ce rythme, il est fort probable qu’ils arriveront à organiser les élections en Octobre 2016 comme programmé. Pour cela, il faudra que le gouvernement arrive à bien exécuter sa part de contrat, le financement du processus, le contrôle de la question sécuritaire, l’apaisement social, la recherche d’une forme d’entente politique entre haïtiens, etc.

Il faut s’entendre, c’est la planche de salut pour Haïti!

Cette entente politique est, à mon humble avis, un préalable à l’organisation de bonnes et inclusives élections sans trop de heurt et de casse en octobre 2016. Le Sénateur Benoit incite le Président de la République à rencontrer tout le monde, Jean Bertrand Aristide, René Préval, Michel Martelly, les partis politiques, la société civile, le secteur privé. C’est un impératif si le Président voudra vraiment organiser de bonnes et inclusives élections. La perception c’est que le pouvoir actuel travaille pour l’ancienne opposition à Martelly. Un ministre avait même déclaré que c’est légitime qu’il occupe une fonction ministérielle pour avoir combattu Martelly. Son poste de ministre est donc son butin de guerre. Ce genre de discours m’a personnellement dérangé. Faire opposition systématique à un pouvoir élu, contrarier tous ses plans sans tenir compte si c’est bon ou mauvais pour le pays, le pousser dans ses derniers retranchements par des manifestations violentes, négocier la fin de son mandat et assauter  le pouvoir sans passer par la voie élective, ce n’est pas une bonne stratégie à appliquer dans un système démocratique. Et personne ne me fera avaler ça comme mode opératoire en démocratie. De là à croire que le pouvoir en place est tout acquis à la cause de cette ancienne opposition, il n’y a qu’un pas. Le grand public et les observateurs avertis ont vite fait de le franchir.  Peut-on espérer des élections honnêtes avec un pouvoir partisan ou perçu comme tel ? Ce qu’on avait reproché à Martelly. On le reprochera à Privert s’il ne se décide pas à chercher une entente avec l’actuelle opposition, en particulier avec l’équipe Martelly et consorts (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/07/haiti-le-president-privert-peut-nous.html ). Le passage en force opéré par le président peut déboucher sur des élections, mais ne résoudra pas la crise de manière définitive sinon la différer à nouveau, nous en sommes certains. Alors passer en force, oui, mais il faut s’entendre, c’est la planche de salut pour Haïti. 

samedi 2 juillet 2016

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PEUT NOUS SORTIR DE CET IMBROGLIO

HAITI : LE PRESIDENT PRIVERT PEUT NOUS SORTIR DE CET IMBROGLIO
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 JUIN 2016


Le 14 Juin 2016, comme le 14 Mai, n’a pas vu partir le Président Privert qui a remis son sort entre les mains du Parlement selon l’article 7 de l’accord du 6 Février 2016. Le Parlement s’est réuni difficilement en Assemblée Nationale, mais n’a su et pu arrêter une décision sur le sort du Président qui est devenu depuis cette date un « président de facto ». La raison évoquée, la majorité et la minorité n’ont pas su s’entendre sur la simple question de vote séparé ou non de la feuille de route et de la prorogation du mandat du Président Privert. Ce qui a conduit à la mise en continuation de la séance en Assemblée Nationale. Est-ce la seule explication à cette mise en continuation de l’Assemblée Nationale (AN)? Il faut aller chercher ailleurs la vraie explication à ce désaccord entre pouvoir et opposition. D’ailleurs, la lettre de la minorité au Sénat à l'officiel panaméen, Roberto Zuniga BRID, pour dénoncer la présence du Président Privert parmi ses pairs à l’inauguration de l'extension du canal de Panama préludait déjà ce qui allait se passer à cette séance en assemblée nationale, mainte fois convoquée et renvoyée.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes circonstances
L’actuel groupe minoritaire au Senat pro martelliste (Latortue, Cantave, Foucand, Jacques Sauveur Jean, Onondieu Louis, Zenny), agit comme le G6 (Moïse, Bien-Aimé, Polycarpe, Exius, John Joel Joseph, Jeanty ( ?) ), le groupe minoritaire, qui, sous l’administration Martelly, bloquait toutes les initiatives gouvernementales, en particulier le processus électoral, en infirmant le quorum, en s’absentant du parlement pour ne pas voter la loi électorale amendée (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/03/haiti-le-dialogue-inter-haitien-lunion.html ).
Ce groupe à l’époque était qualifié d’extrémiste, de jusqu’au boutiste, de radical ainsi que ses alliés politiques (LAVALAS, le MOPOD), opposants farouches à Martelly. Voici ce que j’avais écrit au sujet du G6, le 31 Aout 2014: « En dépit de la mise en place  de ce CEP « acceptable » réclamé par la plupart des acteurs politiques, le Sénat n’a pas encore voté, plus de 158 jours depuis son vote par la Chambre Basse, la loi électorale amendée. La grande majorité des haïtiens y inclus certains anti-Martelly, attendent impatiemment  ce vote. A chaque fois, le Groupe des six Sénateurs radicaux (G6), qui réclame l’application de l’article 289 pour la mise en place d’un CEP constitutionnel, infirme le quorum pour empêcher ce vote" (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/08/haiti-imbroglio-politique-desras.html .
Baton ki bat chien blan se li ki bat chien nwa. Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes circonstances. C’est ce que pensent nos politiciens de l’actuelle opposition, proche de Martelly. C’est l’explication à leur comportement. C’est notre perception de l’actuelle opposition. C’est le groupe minoritaire au Senat et ses alliés politiques, opposants farouches à Privert, qui veulent à tout prix le capoter. Le groupe minoritaire actuel du Senat se comporte de la même manière que le G6, il bloque la prolongation du mandat du Président Privert en infirmant le quorum. Eux qui taxaient de radical le G6 par rapport au boycott de l’administration Martelly, au refus de voter la loi électorale amendée, à la velléité de pousser Martelly à la démission, font  la même chose que le G6, pousser le Président, J. Privert à l’abandon de son poste de président provisoire, même si le groupe minoritaire actuel dispose de « quatre (4) ministres au sein du gouvernement actuel et en veut quatre (4) autres », selon le Sénateur Bien-Aimé. Ce qu’a catégoriquement nié le Sénateur Latortue. En tout cas, le Sénateur Bien-Aimé crie fort à ceux qui veulent l’entendre et persiste dans sa vérité. Il qualifie de tous les adjectifs l’actuel groupe minoritaire du Sénat présidé par le Sénateur Jacques Sauveur Jean, le rend responsable de tous nos malheurs actuels et l’accuse avec PHTK d’être à la base des actes de banditisme et de terrorisme enregistrés au pays ces derniers temps.

Or, en politique l’évidence n’est pas forcément la vérité
A la faveur de cette crise politique sans fin, et malgré les intermèdes footballistiques, Copa America Centenario remporté aux tirs au but par le Chili au détriment de l’Argentine, la Coupe d’Europe au stade de quart de finale, les forces rétrogrades ont repris du service. Les bandits passent à l’attaque, le vol, le viol, le kidnapping, la raquette ; le terrorisme aussi : l’attaque contre les grandes entreprises étrangères et nationales, notamment l’hôtel Marriott, la Digicel, la Natcom, Bermahn Motors, Automeca, la Sogebank à Delmas 30; un mois plus tôt l’attaque du commissariat des Cayes, l’incendie des pompes à essence. Pour les partisans du pouvoir en place, c’est l’opposition politique qui opère à travers ses sbires. C’est tellement évident que dans de telles circonstances l’accusée devrait être automatiquement l’opposition. Et certains alliés du pouvoir, et non des moindres, ont vite fait d’accuser PHTK et alliés. Et le commun des mortels a tendance à sauter sur ces genres de conclusions trop évidentes à mon goût. Or, en politique, l’évidence n’est pas forcément la vérité. Qui est-ce qui veut entretenir  cette division entre nous ? Qui en a intérêt ? A qui profite le crime ? En tout cas, cette radicalisation de la situation politique qui favorise les actes de banditisme et de terrorisme pourrait être exploitée par les ennemis du pays pour nous enfoncer davantage, et, plus grave encore, pourrait attirer le terrorisme international dans le back yard américain pour mieux frapper « le Grand Satan » comme il  le fait déjà en Europe (France, Belgique, Turquie). Ce que ne comprennent pas nos politiciens qui s’accusent mutuellement sans une analyse approfondie et au second degré de ces actes apparemment sans liens.

Essayer de « Vivre ensemble »
Alors qu’en réalité, il aurait fallu d’abord penser pays des deux côtés au lieu de penser clans. Ce qui est en train de se passer je l’avais déjà prévu à la fin de mon bilan 2014-2015 sur Haïti, où j’avais fait un certain nombre de recommandations pour sortir de la crise ou, tout au moins, pour essayer de « vivre ensemble ».
Lisez plutôt : « Ces recommandations n’auraient de sens que dans le cas d’une entente entre Haïtiens pour Haïti. Dans le cas d’un déchoucage du clan de Martelly (« opération Boukina Faso »), le clan de l’opposition radicale jubilerait et aurait tout gagné sans aller aux élections. Mais il aurait toutes les difficultés du monde à (i) mettre en place un Gouvernement qui n’aurait d’autre choix que  de « diriger par décret », (ii) maintenir une trajectoire positive de la croissance économique et (iii) surtout organiser les élections inclusives à tous les niveaux en 2015 à moins d’un miracle. Haïti retombera tôt ou tard dans la même crise sous une forme ou une autre avec cette fois-ci le clan Martelly en face, n’est-ce pas le cas actuellement de Lavalas en souvenir de 2004 ? Alors pourquoi ne pas s’entendre maintenant avec un Martelly affaibli pour une Haïti forte et unie? Au lieu d’hériter  d’une Haïti faible, désunie et susceptible de retomber dans les mêmes antagonismes dans un avenir pas trop lointain ? Elections avec ou sans Martelly ? La balle est dans le camp du MOPOD et alliés » (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/12/haiti-bilan-2014-perspectives-2015-du.html ).

Se démarquer du lot pour proposer…un accord politique, la voie proposée et indiquée aux décideurs politiques
A cette phase de radicalisation de la crise comme aujourd’hui qui a des répercussions sur la situation économique du pays (inflation et taux de change à la hausse, budget rectifié non voté, non élaboration du nouveau budget au mois de Juin 2016, le Sénateur Privert avait su, face à une situation similaire en Novembre 2014, se démarquer du lot pour proposer.
Lisez avec attention ce que j’avais écrit  à l’époque  à propos de la prise de position du Sénateur Privert :
« Face à cette radicalisation politique, notre ami, le Sénateur Privert, propose une sorte de sortie de crise même s’il s’en défend : « Face à cet imbroglio politique et l’imminence du vide institutionnel qui s’annonce à partir du deuxième lundi de janvier 2015, seul un accord politique, avec les partis et regroupements politiques de l’opposition et sous l’œil vigilent des secteurs organisés de la société, est capable d’éviter au pays de sombrer dans l’inconstitutionnalité, l’incertitude et le chaos avec toutes ses conséquences pour les acquis démocratiques, la stabilité politique, la croissance économique et la paix sociale ». Le Sénateur s’est servi de l’expérience de M. Préval en 2010 tout de suite après le tremblement de terre, pour faire la proposition d’éviter le vide institutionnel. Dans cette proposition axée en grande partie sur la Constitution, on sent l’Homme d’Etat qui veut à tout prix éviter le chaos. Mais, du côté du G6 au Parlement, du G6+ partis politiques de l’opposition radicale, voient-ils les choses de la même manière ? De plus, M. Préval avait la majorité au Parlement donc il pouvait compter sur le Parlement, ce qui n’est pas le cas pour M. Martelly. De toute manière, pour éviter le vide institutionnel et… le chaos, aucun sacrifice ne devrait répugner les vrais Hommes d’Etat. Il a conclu sa proposition ainsi : « Ce n’est pas une proposition de sortie de crise. C’est uniquement la voie proposée et indiquée aux décideurs politiques pour éviter, au pays, ce vide institutionnel et évacuer le spectre grimaçant de l’instabilité et du chaos qui se profile à l’horizon ». Port-au-Prince, le 20 novembre 2014 ». (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/11/haiti-se-conjugue-en-tion-une-lueur.html ).

Sortez nous de cet imbroglio, Monsieur Le Président !

Qu’est-ce qui empêche à notre ami et condisciple, une fois au pouvoir, de se souvenir de cette magnifique proposition  pour sortir le pays de l’imbroglio actuel ? Est-ce que, comme disait souvent mon papa, « l’homme aux abords du pouvoir n’est pas l’homme au pouvoir » ? En tant que Président Provisoire, mon ami a-t-il oublié son profil de sénateur « homme d’Etat » ? Ou encore n’a-t-il-pas le temps de se relire ? Ou est-il tout simplement sous l’influence des groupes et des clans politiques qui l’empêchent de penser pays ? Mon ami, on est en pleine « instabilité…, le chaos se profile à l’horizon ». Mon cher Président, ne me dites pas que vous ne pouvez pas choisir cette « voie proposée et indiquée aux décideurs politiques » au plus fort de la crise. Cessez de projeter l’image d’un président trop liée à l’ancienne opposition à Martelly, trouvez un accord politique ou , tout au moins, une entente avec votre « ami » Martelly et alliés (Evans Paul, Latortue) pour et au nom du pays, et passer des instructions au CEP pour introduire le vote électronique dans le processus électoral, en demandant aux pays comme le Brésil, le Venezuela de nous aider (ils en ont l’expertise) ; et pourquoi pas la République Dominicaine toute proche ? Pour répéter Ricardo Seitenfus, il ne s’agit en fin de compte que de 13,000 bureaux de vote à équiper d’appareils électroniques (une bagatelle pour un pays comme le Brésil). Cette décision réduirait les possibilités de fraudes et donnerait plus de confiance aux 27 candidats qui ont reconfirmé leur candidature à la présidence, dont Jovenel Moïse du PHTK, ainsi que les candidats pour le renouvellement du tiers du Sénat au processus électoral. Rappelons que le vote électronique est une des recommandations de la Commission Indépendante d’Évaluation et de Vérification Electorale (CIEVE). Alors faites cet accord politique ou cette entente et sortez nous de cet imbroglio, Mr Le Président ! C’est votre responsabilité de  Président et d’Homme d’Etat.