HAITI, CHAOS EVITE OU DIFFERE ? «
CONPOZE » OU PERIR ?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 MARS 2016
Bonne fête à la Constitution de 1987. 29 ans
déjà ! L’université Quisqueya, une fois de plus, s’est penchée sur la
constitution de 1987. La conclusion, il faut la changer. Il en faudra une
autre. En tout cas, c’est ce que j’ai ressenti en regardant la télévision.
Donc, il faut composer, dialoguer, concerter pour arriver à cette nouvelle
constitution. C’est la voie indiquée : konpoze !
Le Premier Ministre, Fritz JEAN, a vu son énoncé de politique générale rejeter
par la chambre basse (prévisible bien avant le vote). Le processus a recommencé. Ce qui a donné lieu
à la nomination d’un autre Premier Ministre par le Président en la personne de
M. Enex JEAN-CHARLES. Comme M. Privert a, cette fois-ci, composé avec les
forces politiques au Parlement, l’énoncé de politique générale de M.
JEAN-CHARLES est passé comme une lettre à la poste et même dans la
précipitation. Le Gouvernement Jean-Charles est investi et installé dans une
période d’une semaine. Un nouveau Conseil Electoral Provisoire (CEP) est mis en
place et est présidé par le Patron de Média, Léopold BELANGER. Une autre étape
est donc franchie dans la mise en application de l’accord signé le 6 février
2016 entre M. Martelly, Chancy et Privert. Il est clair qu’on n’est plus dans
les délais indiqués dans l’Accord en question à cause de ce mois de retard sans
« composition ». « Le chaos est-il définitivement évité ou différé ? »
(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2016/02/haiti-le-chaos-evite-ou-differe-konpoze.html
). Faudra-t-il continuer à composer selon le conseil du Premier sortant, Evans
Paul, qui, cette fois-ci, a participé aux cérémonies d’investiture et d’installation
de son remplaçant, M. Enex JEAN-CHARLES ?
KONPOZE pour le partage de la « pomekêt »
Mis à part la Primature et le Ministère de l’Economie
et des Finances, le Président PRIVERT aurait, cette fois-ci, « tout donné », selon son chef
de Cabinet, M. BELLERIVE (Réf. Invité du Jour de Valéry Numa, le 29 Mars 2016).
Et nos parlementaires qui ont, presqu’à l’unanimité, voté l’énoncé de politique
générale, se sont partagés à cœur joie la « pomekêt »
gouvernementale, selon l’expression savoureuse de Valery Numa. Nous avons
tellement grignoté le gâteau gouvernemental haïtien qu’il ne resterait qu’une « Pomekêt ».
Cela fait sourire, mais c’est bien
triste d’en arriver là et de continuer à nous battre pour nos clans et non pour
Haïti. En tout cas, pour le partage de la « pomekêt », nous avons su « KONPOZE »,
tout au moins l’Exécutif et le Parlement. Pour le CEP aussi.
La Pomme de discorde, Evaluation ou
Vérification du processus électoral?
Les neuf secteurs concernés se sont battus et
déchirés, pour la plupart, avant de désigner leur membre au CEP avant le choix
définitif des neufs membres par l’Exécutif. Selon les premiers commentaires, on
aurait affaire à des gens sérieux susceptibles de compléter le processus
électoral, incluant la commission d’évaluation
ou de vérification ? L’accord parle d’évaluation et non de vérification. C’est
la nouvelle pomme de discorde. Pour certains, il faut vérifier tout le
processus électoral (9 Août et 25 Octobre 2015) avec à la clef l’exclusion de
Jovenel Moïse. Pour d’autres, il faudra vérifier pour crédibiliser le processus
et déterminer qui, parmi les candidats à la Présidence, sont arrivés en
première et deuxième position. Pour d’autres enfin, c’est une perte de temps :
Si la présidentielle est « entachée d’irrégularités assimilables à des
fraudes », quid des parlementaires (qui ont donné lieu à ce Parlement qui
a élu au second degré le Président Privert) et quid des municipales dont les
élus attendent d’être investis et installés ? En tout cas, il faudra
mettre en place une commission d’évaluation selon l’accord, une commission de
vérification selon les partis de l’ancienne opposition à Martelly. Le travail
de cette commission, quel qu’en soit le résultat, sera décrié par une partie
des forces en présence.
La grande concertation nationale
L’idéal serait de composer, trouver un
consensus sur la question pour éviter le chaos qui pourrait en découler. Pour y
parvenir, il faudrait commencer par penser Haïti d’abord et avant tout. Or
Haïti est le cadet des soucis de la majorité de nos politiciens. On en prend
pour preuve le partage de la « pomekêt » gouvernementale. Alors,
seront-ils assez grands, eux qui sont si petits, pour arriver à un consensus pour
compléter le processus électoral comme, par exemple, (i) voir l’ancienne
opposition se mettre ensemble derrière Jude Célestin en vue de battre
démocratiquement Jovenel Moïse, (ii) voir Jovenel Moïse désister pour laisser l’ancienne
opposition se battre entre elle, (iii) se mettre d’accord pour une gestion d’un
an par l’actuel pouvoir, de deux ans par l’opposition à Martelly et de deux ans
par Jovenel Moïse. Entre temps, on procéderait à la finalisation des
sénatoriales, des municipales ; on ferait les collectivités territoriales
et on ferait la grande concertation nationale qui déboucherait sur la nouvelle
Haïti. Quel beau rêve !!!
Le réveil brutal
Reveille-toi, JEAN-NOEL. Tu crois qu’Haïti peut
se qualifier pour le Mondial de Russie après son match nul face au Panama au
stade Sylvio Cator et sa défaite (1-0)
face à Panama à Panama City, le 29 Mars 2016? Tu n’y crois plus ? Alors pourquoi
rêves-tu de cette grande concertation nationale entre Haïtiens? Le tremblement
de terre de 2010, au lieu de nous unir, a créé plus de division entre nous.
Actuellement la misère fait rage, le dollar se change à 62.50 HTG, l’inflation
est à 14%. L’insécurité frappe la seule force publique dont nous disposons sous
l’œil presqu’indifférent de notre société et de nos politiciens. L’insécurité
alimentaire est en passe de s’aggraver avec le retour de la sécheresse après
les inondations dans certaines parties du pays. Nos infrastructures (ponts)
sont en danger à cause de notre négligence au niveau de l’Etat et notre
ignorance citoyenne. Nos politiciens au lieu de penser Haïti pensent à la pomekêt
gouvernementale dont chaque clan aimerait en faire une bouchée au détriment de
l’autre ou des autres. La corruption va s’accélérer dans ce contexte
particulier. La masse a faim et aura encore plus faim, la classe moyenne est à
genoux, la bourgeoisie profite de ses rentes sur le dos de la masse et de la
classe moyenne. Personne ne prend conscience du danger qui nous guette (en tout
cas pas une masse critique). C’est cela,
notre réalité. C’est le réveil brutal.
C’est le moment avant qu’il soit trop tard !
Justement, c’est le moment de nous concerter,
de composer entre nous, de trouver les solutions à cette réalité complexe qui
pourrait déboucher sur ce chaos. Il faut se réveiller, s’asseoir ensemble au
nom de et pour Haïti. C’est le sursaut national. Il y va de notre salut à tous.
Tout autour de nous tourne dans le sens positif, Cuba, la République
Dominicaine, la Jamaïque. Ils ont composé pour éviter le chaos et non le
différer. Pourquoi pas nous ? Nous nous sommes mis ensemble une fois. Nous
avons étonné le monde. Qu’est-ce qui nous empêche de le refaire vis-à-vis de nous-mêmes
une seconde fois ? Nous prenons de plus en plus conscience que seule une
entente sérieuse entre nous pourra nous sortir de ce bourbier. Alors, qu’attendons-nous ? C’est le
moment avant qu’il soit trop tard !!! Alors composer ou périr?
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