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dimanche 25 novembre 2012

HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?



HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
25 NOVEMBRE 2012

Après le passage de Sandy qui a ravagé la cote Nord-est des USA, les américains ont décidé, le Mardi 6 Novembre 2012, de donner un second mandat à Obama. La bataille s’annonçait rude et très serrée. Au final, OBama l’a emportée haut la main avec 332 /538 de  votes des Grands électeurs et 50.51% de votes populaires contre 47.85% à Romney. Le peuple américain a fait son choix sans ambigüité. Le monde entier a semblé soulager.

En Haïti, après les dégâts de Sandy (750 M USD) et l’inondation dans le Nord du Pays qui a fait une quinzaine de morts au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, je nous croyais prêts pour « un complot positif » pour le « Haïtian Dream », (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/10/haiti-apres-sandy-le-complot-pour-le_31.html). Comme je l’avais écrit, « Nous sommes trop petits pour voir aussi grand ». Pour être plus positif,  voyons quelques éléments d’actualité avant de remonter le temps pour voir les réponses données à ces genres de situation et les résultats obtenus, interrogeons-nous sur la situation actuelle, et essayons de proposer quelques solutions.

Le voyage du Président Martelly en Europe et le Premier Ministre aux Caraïbes
Au cours de ce mois de novembre 2012, le Président Martelly a visité officiellement l’Espagne dans le cadre du Sommet Ibéro-Américain où Haïti est unanimement admise comme membre observateur, a été au Parlement Européen à Strasbourg (France), a été reçu, en Italie, avec Femme et enfants, par le Pape Benoit XVI au Vatican, et en a profité pour avoir des discussions avec les agences de Rome, en particulier la FAO. D’où cet extrait : « La FAO et le gouvernement de Haïti espèrent obtenir, au cours des 12 prochains mois, 74 millions de dollars pour la réhabilitation du secteur agricole à la suite de l'ouragan Sandy, de la tempête tropicale Isaac et de la sécheresse qui a sévi plus tôt cette année. Ensemble, ces trois phénomènes climatiques extrêmes ont causé des dommages colossaux à l'agriculture et à la pêche. Depuis le mois d'octobre, deux millions de Haïtiens souffrent d'insécurité alimentaire et de malnutrition ».

Entre temps, l’insécurité de type banditisme semble reprendre du poil de la bête ; le Premier Ministre Lamothe a été à St Thomas, en particulier à l’Université du même nom, là où il a fait sa maitrise, pour parler d’Haïti ; le 18 Novembre 2012 n’a pas été commémoré comme par le passé à cause de l’absence au pays des  deux principales autorités , de plus le monument des Héros de Vertières a été « profané en rose et blanc » ; la sélection haïtienne est qualifiée pour la phase finale de la Coupe de la Caraïbe, une bonne chose dans cette grisaillerie haïtienne du mois de novembre (temps maussade comme la population, on dirait que la nature est triste pour nous) ; les manifestions estudiantines de rues suite à l’assassinat de l’un d’entre eux ; la tentative de certains Députés de présurer le Premier Ministre pour une affaire de 10 M HTG/député qui seraient distribuées à des députés progouvernementaux (?) ; l’état d’urgence d’un(1) mois décrété par le Gouvernement Lamothe en réponse à Sandy pour l’application d’un programme de réponse post-Sandy, etc. Après le passage de Jeanne en 2004 et les 4 cyclones de 2008, aux réponses gouvernementales, quelles autres réponses Haïti a connues et avec quels résultats ?

L’opération Bagdad/le Kidnapping érigé en mode opératoire quotidien
En tout cas, en 2004, en réponse au ravage de Jeanne aux Gonaïves, alors que le Gouvernement de transition de Latortue se battait pour donner une réponse à la mesure du défi environnemental gonaïvien, on a eu « la fameuse opération Bagdad » qui a érigé en mode opératoire quotidien le kidnapping qui jusqu’ici était quelque chose de sporadique. Que de dégâts, que de ravage psychologique, que de larmes nous a coûtés et nous coûte encore le kidnapping ! Heureusement, le Président Préval, après les quatre cyclones de 2008, a continué, sous le gouvernement de Mme Pierre-Louis, même avec quelques modifications, la politique d’Alexandre-Latortue vis-à-vis des Gonaïves (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html). Actuellement, avec l’agrandissement de la rivière La Quinte dont la capacité est passée à plus de 1000 m3 /s, la reconstruction des ponts  au niveau de Pont Gaudin et de Mapou et les interventions même partielles au niveau du bassin versant (70,000 ha) dans le cadre de plusieurs programmes dont le Programme PIA-Ennery-Quinte financé par la BID, la problématique gonaïvienne est en voie de solution. Il reste certes beaucoup à faire. Si les efforts sont maintenus et intensifiés, on finira par solutionner définitivement le problème gonaïvien, toujours dans le cadre de ce mariage savant de la gestion de l’urgence et du développement.

Manifestations estudiantines, l’autre opération (?) et/ou Etat d’urgence environnementale (?)
En 2012, alors que le Gouvernement de Lamothe se bat pour trouver des fonds pour la mise en œuvre du programme post Sandy,  la réponse à Sandy, en dehors du gouvernement, semble s’acheminer vers des manifestations estudiantines de rues sous prétexte de réclamer justice pour leur camarade tué par un policier déjà mis aux arrêts par le Gouvernement avec promesse de le juger. Alors que veulent réellement les étudiants ? Sont-ils conscients de la situation actuelle de leur pays en matière environnementale ? Et Sur quelle opération, cette fois-ci, cela va-t-il déboucher, si on analyse au second degré les prises de position de certains parlementaires et de la plupart de nos politiciens ? En tout cas, pas sur ce « complot positif » tant rêvé par le grand naïf que je suis, pas sur « cette déclaration d’Etat d’urgence environnementale » discutée lors de la dernière réunion mensuelle de la FONHDILAC (11/11/2012) et débattue à l’émission  de « Mélodie and Company » du mardi 13/11/2012 entre 5.30-7h PM, animée par Bernard Ethéart sur Mélodie FM! Sommes-nous vraiment trop petits pour oser envisager nous-mêmes la manière de sauver notre pays ?

La réponse gouvernementale et le ministère de l’agriculture
Haïti essaie de se relever difficilement. L’Etat, par l’intermédiaire du Premier Ministre Lamothe, a estimé à 750 M USD les dommages causés par l’Ouragan Sandy. Par rapport à la sécheresse et au passage d’Isaac et de Sandy, les pertes au niveau du secteur agricole sont estimés à environ 400 M USD par le secrétaire d’Etat Dorcin  lors du dernier conseil de gouvernement (14 Novembre 2012). Le Gouvernement a déclaré l’Etat d’urgence pour un mois et mis sur pied un programme autour de trois ministères, le ministère de l’Environnement (MDE), le ministère des Travaux Publics, transports et Communication (MTPTC) et le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR). Le MARNDR a présenté  un programme de réponse post Sandy de 4 Mrds de HTG dont le financement n’est que partiellement assuré, la communauté internationale tarde à répondre au « flash appeal » lancé par la FAO et le MARNDR. Ce programme d’urgence post-Sandy est imbriqué dans un programme triennal plus large de relance agricole de 62 Mrds de HTG (2012-2015). Sera-ce une fois de plus un mariage savant de l’urgence et du développement comme aux Gonaïves ? En tout cas, la solution actuelle au problème du pays haïtien passe par trois piliers fondamentaux.

Les piliers Fondamentaux du développent national
En Haïti, tout est prioritaire à cause de la vulnérabilité, de la pauvreté et de l’extrême pauvreté du pays, la santé, l’éducation, l’infrastructure, l’économie, etc. Les trois piliers prioritaires pour amorcer le développement d’Haïti demeurent,  à mon avis, la sécurité, l’environnement et la population. Analysons la situation eu égard à ces piliers.

(i)                 La Sécurité
Après 1986, le phénomène d’insécurité a pris de l’ampleur. Du banditisme d’Etat, l’insécurité est passée aux mains des groupes organisés et armés, des réseaux de malfaiteurs. Ce qui a favorisé l’évolution du phénomène  d’insécurité du simple banditisme en kidnapping bien sophistiqué, et tous autres phénomènes désagréables et connexes confrontés par le pays haïtien actuellement. A partir de 2004, le phénomène va s’aggraver avec « l’opération Bagdad » jusqu’à devenir un phénomène de société. Depuis, l’insécurité se conjugue au quotidien, fait beaucoup de dégâts au pays et à la société haïtienne et ralentit les investissements en Haïti. Le développement d’Haïti passe par la mise en place d’un système de sécurité performant. Ce système de sécurité doit prendre en compte l’ensemble des aspects de la sécurité et se baser sur des politiques publiques permettant le contrôle des moindres parcelles du territoire national. Il faudrait un consensus national sur cette question, un « complot positif » contre l’insécurité sous toutes ses formes y incluse l’insécurité environnementale.

(ii)               L’environnement
L’ensemble des bassins versants méritent d’être réhabilités. La vulnérabilité environnementale est à la base des inondations fréquentes qui font des ravages au pays à la moindre averse. Avec moins de 2% de couverture forestière primaire en particulier au niveau des châteaux d’eau et plus de 25% de couverture végétale plus qu’au niveau des plaines qu’au niveau des mornes, Haïti est dans une situation très critique du point de vue environnemental. La position d’Haïti sur la route des cyclones et sur des failles techtoniques nécessite des politiques publiques environnementales y afférentes et susceptibles de favoriser une amélioration de la situation environnementale du pays dans les trois (3) à cinq (5) prochaines années et au delà. La réhabilitation de l’environnement haïtien doit se faire dans le cadre d’une « déclaration d’état d’urgence environnementale » à prendre  par le gouvernement Martelly-Lamothe avec l’appui inconditionnel de l’ensemble des forces vives de la nation haïtienne. Il faudra viser haut : la récupération de 25% de la couverture végétale du pays durant les 25 prochaines années, et ce dans le cadre d’une politique de population bien pensée et appliquée de manière rigoureuse.

(iii)             La population
Avec plus de 10 M d’individus actuellement sur nos 27750 km2 en 2012, il nous faudra deux choses (i) une révolution des taux de croissance économique autour de 10%/an et plus (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html) , et (ii) une réduction du taux de croissance de la population autour de 1%/an et moins, durant les 25 prochaines années. Ce qui nous conduira à une augmentation de 25% de la population pour 250% d’augmentation de croissance économique, une réduction drastique de la pauvreté extrême et de la pauvreté tout court, et une marche ascensionnelle et irréversible vers le développement intégral de notre pays.

En conclusion : Ainsi, avec un plan de développement très sérieux axé sur l’humain, le social/culturel, l’environnemental, l’économique/financier et la politique/gouvernance (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html), on a de fortes chances d’atteindre un niveau de développement équivalent à celui  d’un pays émergent, même sur une période plus longue. Pour cela, il nous faudra contrôler notre sécurité, notre environnement et notre population, et marier savamment urgence et développement. Pour un gouvernement haïtien dans le cadre d’un mandat de 5 ans, c’est difficile sinon impossible. Pour l’Etat et la nation haïtienne unis autour d’un rêve de grandeur (tous ensemble sans exclusive sur une période de 25 à 50 ans avec des gouvernements successifs appliquant le même plan par tranche de 5 ans), c’est un jeu d’enfant. Et c’est là que ça se complique. N’ai-je pas raison ? Commençons par nous mettre d’accord sur les 3 piliers fondamentaux du développement national. Pour le reste, on verra plus tard. N’est-ce pas un bon deal entre nous ?

mercredi 31 octobre 2012

HAITI: APRES SANDY, LE “COMPLOT” POUR LE « HAITIAN DREAM » ?



HAITI: APRES SANDY, LE “COMPLOT” POUR LE « HAITIAN DREAM » ?
Texte remanié, revu, corrigé et augmenté
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 OCTOBRE 2012

Le titre de mon article pour ce mois d’octobre 2012 est une combinaison de mots empruntés à trois (3) personnages importants qui se sont signalés au cours de ce mois d'Octobre. En effet, (i) l’Ouragan Sandy a ravagé Haïti les 25 et 26 octobre 2012, laissant, après son passage, 54 morts, 20 disparus (Réf. MICT), et des dégâts matériels beaucoup plus importants que la tempête ISAAC (aout 2012) ; (ii)le Ministre de l’Education Nationale, M. PIERRE, après une séance de travail avec le Parlement, a parlé de « complot pour l’éducation »,  et (iii) Mme Clinton a insisté sur le thème «  Haitian dream » dans son discours à l’inauguration du Parc Industriel de Caracol au Nord d’Haïti (22/10/12), « le plus grand Parc Industriel de la Caraïbe » lorsqu’il sera achevé.

Après toutes les agitations politiques et sociales du mois d’octobre 2012, les manifestions contre la vie chère et contre Martelly, la rencontre des forces politiques de l’opposition le 17 octobre 2012 au Cap-Haïtien, en essence contre la présidence de Martelly, puisque ces forces politiques seraient prêtes à « suivre le peuple », leur leader, si ce dernier continue à réclamer la tête du Président ou de n'importe quel Président élu et en fonction contrairement à la Constitution (Ref. Haiti En Marche de cette semaine)http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html, la participation du président au 14e Sommet de la Francophonie organisé à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012, au Congo, en Afrique, l’arrestation de Cliford BRANDT comme chef d’un puissant réseau de kidnapping, etc., et, comme nous avons cette fâcheuse tendance à nous mettre ensemble contre quelque chose ou quelqu’un, http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/09/haiti-cherte-de-la-vie-quelles-solutions.html, je me suis dit pourquoi pas un complot pour le rêve haïtien après le passage de Sandy ?

« The Haitian Dream » ?
Y-a-t-il un rêve haïtien ? Oui. C’est un rêve légué par nos ancêtres, en particulier, l’Empereur Jean Jacques Dessalines (assassiné le 17 Octobre 1806), qui voulait faire de ce coin de terre un refuge pour tous les opprimés de la terre. Tous avaient allié la parole aux actes en aidant les autres. Par la suite,  des grands hommes avec de grandes idées ont tenté et réalisé de grandes choses, http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/04/larticulation-technique-et-politique-ou.html. Plus près de nous, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, nous avons dégagé une certaine vision d’Haïti, celle d’un « pays émergent à l’horizon 2030 », http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/03/haiti-apres-le-seisme-la-conference-de.html. Certes, on peut dire que ce n’est pas réaliste, que c’était l’affaire du Pdt. Préval, du PM Bellerive. C’est une belle vision dans laquelle se retrouverait la majorité des haïtiens . Il faudrait la réaliser sur une période plus longue tout simplement.  Le secteur Privé a eu un plan. La diaspora en a eu deux, le PSSN et le GRAHN. La FONHDILAC aussi a sorti un plaidoyer et un plan d’orientation avec une vision très claire de refaire de notre pays, « La Perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbes », à partir d'un "système visant un citoyen responsabilisé dans une société économiquement riche, socialement équitable et politiquement responsable". Nous avons donc assez de matériaux pour une grande concertation nationale comme le réclame depuis des lustres, notre cher ami, Tunep DELPE. De Préval à Martelly, on n’a pas senti ce souci de nous mettre ensemble pour asseoir cette vision haïtienne, ce rêve haïtien, d’autant que nous faisons face de manière périodique à ces valses de cyclones qui effacent en un clin d'oeil des efforts de toute une année de travail, modeste contribution à la réalisation de ce rêve lointain. C'est ce qui, jusqu'ici, a poussé peut-être nos dirigeants, de manière consciente ou inconsciente, à se concentrer de préférence sur les urgences (avec en prime des bénéfices politiques immédiats) au détriment du développement donc  d'un quelconque rêve haïtien lointain.  

Sandy, dégâts autour de 10% du PIB ?
Sandy a tout ravagé sur son passage. Les premières évaluations pour le secteur agricole sont terribles. A titre d’exemple, la zone goâvienne au niveau des périmètres irrigués est ravagée à 80% (bananeraies), les infrastructures d’irrigation sont endommagées et sédimentées, les pertes en bétails sont considérables (104 M USD). Pour les autres secteurs c’est la même chose. Les routes, les ponts, les maisons d’habitation dans l’Ouest, le Sud-Est, les Nippes, le Sud et la Grande Anse sont endommagés, emportés ou embourbés. Une amie qui a survolé ces départements en hélicoptère n’a vu que la désolation. Un collègue qui a survolé la Plaine du Cul de Sac a fait le même constat. Ce ne serait pas étonnant que les coûts des dégâts globaux avoisineraient les 700 M USD(?) (750 M USD, a confirmé le Premier Ministre), si on se réfèrait aux estimations faites pour Gonaïves au passage de Jeanne, entre 800 M. USD et 1 Mrd. USD. De plus, c’est la recrudescence du choléra et l’augmentation du nombre de morts (Et ça n’a pas de prix). Avec ces milliers de tonnes d’eau déversées par Sandy, c’était prévisible.

Réduire la vulnérabilité physique du pays par la HIMO
Des Sandy, on en aura encore et encore, Haïti étant sur la route des cyclones. Le niveau de vulnérabilité d’Haïti, c’est cela notre problème. Il est bien identifié et bien cerné. En 25 ans, avec une récupération vigoureuse de 1%/l'an (27,750 ha) de notre couverture végétale, on aura récupéré 25% (693,750 ha) comme l’a proposé la FONHDILAC dans son document d’orientation. Dans le programme Martelly, il a été prévu de récupérer 5% en 5 ans, soit un total de 138,750 ha. Où est-ce qu’on en est ? Il n’existe pas, à ma connaissance, d’information à ce sujet. Le ministère de l’Agriculture a prévu dans le plan national d’investissement agricole (PNIA 2010-2016) $US 2500/ha pour le traitement des bassins versants. Dans le cadre des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), on peut récupérer des terres  pour ameliorer la couverture végétale; mais, pour cela,  il faut faire de la HIMO et non du WOY-WOY comme on a l’habitude de le faire au niveau de l’Etat : ministère de l’agriculture, ministère des TPTC, ministère de l’Environnement. Le Manuel du ministère de l’Agriculture adopté par le MTPTC et ABA GRANGOU montre clairement comment on fait de bons travaux HIMO. Mais les habitudes ont la dent dure. Et nous n’avons pas le courage d’en changer. Certes, on faisait la HIMO en payant par jour, et les gens travaillaient. Maintenant, il faut passer des contrats payables sur base d’extrants (à la tache), car les gens ne veulent plus travailler quand on les paie par jour. Qu’est-ce qui nous empêche de généraliser cette méthode? La HIMO est un mode d’exécution noble, il ne faut pas continuer à la dénaturer au point de la faire considérée comme une mauvaise approche. Il est à noter que, dans le monde, pour exécuter les travaux, il n’y a que deux grandes approches : La HIMO et la HIEQ (Haute intensité d’équipements). Or ce dont on dispose en abondance ici en Haïti, c’est la main d’œuvre. Donc, il nous faudra bien utiliser notre main d’œuvre et donc la HIMO (entre autres) pour développer notre pays, en commençant par réduire sa vulnérabilité physique. Et cessons le gaspillage dans des woy-woy sans lendemain visant uniquement à favoriser l’appétit féroce de certains groupuscules qui utilisent « la pression des armes, la pression politique » pour faire de l’argent facile.

Que faire ?
Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, au lieu de nous mettre ensemble pour penser Haïti, nous avons préféré faire bandes à part. Le pouvoir d’alors s’est recroquevillé sur lui-même en gérant la situation comme une affaire privée, en n’exploitant pas à fond le momentum de solidarité qui se manifestait. Quant à l’opposition, après une trêve, elle s’est manifestée contre la gestion du pouvoir de la catastrophe. Et la mauvaise organisation des élections de novembre 2010 allait aiguiser les antagonismes entre le pouvoir et l’opposition jusqu’à l’arrivée au pouvoir de M. Martelly. Maintenant, avec les ravages de Sandy, a-t-on une chance de nous asseoir ensemble « pour panser et penser Haïti » ?  Les plaies béantes de notre pays méritent notre attention. Va-t-on continuer à nous battre politiquement pour les transformer en cancer sans aucune chance de récupération ? Comme nous n’aimons pas les mots tels que : consensus, grande concertation nationale, conférence nationale, alors, faisons tous ensemble (pouvoir/opposition) et avec l’appui de nos amis de la communauté internationale, « un complot » contre la vulnérabilité de notre pays, contre le chômage, contre la pauvreté, contre la division qui nous ronge, contre la corruption qui nous gangrène, contre la façon dont nous gérons jusqu’ici notre espace de vie, nos 10 M d’habitants, nos groupes sociaux, culturels et politiques, nos maigres infrastructures, notre chétive économie et notre capital politique dilapidé tout au long de notre existence de peuple , enfin contre le sous-développement de notre pays. Ainsi, nous arriverons à coup sûr à matérialiser le « Haitian Dream », la vision d’une«Haïti émergente à l’horizon 2060 » redevenue par la finalité de ce « complot »  « La Perle des Antilles, l’Exception Culturelle de la Caraïbe ».

Et notre génération de nains aura mérité de la Patrie de Jean Jacques Dessalines, le Grand, l’enfant terrible de l’histoire universelle qui a su, par sa seule volonté, ouvrir des brèches fatales dans l’édifice esclavagiste mondial, en créant cet Etat Nègre ouvertement anti-esclavagiste !!! C’est énorme ! Quelle est, pour nous autres de la génération actuelle, la signification d’un tel exploit? Rien. Nous sommes trop petits pour voir aussi grand. Après la lecture de cet article, si vous, politiciens haïtiens et aussi toi-même, vous ne vous sentez pas interpellés par rapport à la réalisation de ce « Complot positif», pour répéter un officiel à qui j’avais parlé de mon intention d’élaborer cet article, il est compréhensif que l’on soit le bon dernier en tout avec votre complicité agissante et votre appartenance plus qu’à votre clan qu’à notre chère Haïti! En tout cas, même si vous vous complaisez  dans votre zone de confort (clan), faites un geste de grandeur, en partageant ce texte avec vos amis. Et ainsi de suite, on contribuera, après Sandy, à la réalisation de ce « Complot » contre les maux d’Haïti, et… pour le « Haitian Dream ».

dimanche 30 septembre 2012

HAITI: CHERTE DE LA VIE, QUELLES SOLUTIONS ?



HAITI: CHERTE DE LA VIE, QUELLES SOLUTIONS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
30 SEPTEMBRE 2012

Singulier petit pays ! Depuis le Congrès de l’Arcahaie, le 18 mai 1803, où Dessalines et Pétion se sont mis d’accord pour la lutte en vue de  l’indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804, face à la plus grande puissance coloniale de l’époque, la France,  l’histoire n’a pas rapporté d’autres dates où nous nous sommes mis ensemble pour quelque chose. C’est comme si la leçon fondamentale retenue de ce Congrès est la lutte « contre la puissance française » et non « pour l’indépendance d’Haïti ». En effet, deux ans 10 mois  et 17 jours après l’indépendance, nous nous sommes mis d’accord contre le père de l’indépendance, en tuant l’Empereur Dessalines. Ce « parricide » a ancré  dans notre subconscient, peut-être pour  payer  ce crime expiatoire, la tendance à nous mettre toujours d’accord contre quelque chose ou quelqu’un et jamais pour Haïti. Au lieu de construire, nous nous sommes mis à détruire. Jusqu’à réduire à une peau de chagrin notre espace de vie. Haïti est tellement devenue vulnérable que, eu égard à nos luttes intestines pour le pouvoir politique, la moindre averse se traduit par des inondations et des dizaines de morts. Nos efforts pour nous donner à manger se heurtent aux phénomènes naturels et anthropiques  susceptibles de les anéantir mais aussi et surtout de nous apporter d’autres sources de souffrances.

Cette semaine, à la faveur de la cherté de la vie, un phénomène mondial qui, vu notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur, nous frappe de plein fret, surtout les plus vulnérables, on dénombre des manifestations au Cap, aux Cayes et à Port-au-Prince contre la vie chère, et de plus en plus contre le Président Martelly. La ville des Gonaïves, baromètre politique depuis 1985, s’est prononcée pour le Président Martelly, pendant combien de temps encore ? D’un phénomène économique sur lequel on aurait dû se mettre d’accord consensuellement pour trouver des solutions de court, moyen et long termes pour notre pays exsangue, on l’a transposé sur le plan politique pour mieux nous antagoniser et régler nos comptes politiques avec le pouvoir en place.  Alors, la cherté de la vie en Haïti, quelles solutions ? Techniques ou politiques ?

Les racines de la vie chère en Haïti en 2012

La situation de la vie chère n’est pas particulière à Haïti. Cette sécheresse qui a touché les grands pays producteurs de céréale comme les USA, la Russie, a permis d’augurer cette situation de vie chère. Certes, la situation n’est pas comparable à 2008. En 2008, la tonne de riz sur le marché international était autour de 1000 USD, actuellement elle est autour de 500 USD. Le baril de carburant est loin d’être comparable à 2008. Les émeutes de 2008 se sont produites au Printemps à partir d’une exploitation politique de la situation  de l’époque : http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/haiti-08-vie-chere-causes-consequences.html. En ce mois de septembre 2012, on vit une période post sécheresse et post cyclone Isaac. On estime à plus de 40% les pertes de production liées à la sécheresse. Les pertes réelles liées au passage d’Isaac sont de 160 M USD (CNSA). Il en résulte, en Haïti, une augmentation des prix  de 48.5% des produits stratégiques (riz, maïs, pois, farine de blé) de septembre 2011 à septembre 2012 (CNSA).

Les outils à disposition actuellement

En référence au lien internet plus haut, nous avons analysé, en 2008, le phénomène de la vie chère tant sur le plan conjoncturel, qui est un peu différent maintenant, que sur le plan structurel, qui reste fondamentalement le même, mais qui est mieux cerné maintenant et qui dispose d’outils de réponse. Ces outils, même appliqués entièrement, ne pourront donner leur pleine mesure que sur le long terme (horizon 2025). Actuellement, Haïti dispose  de toute une batterie de réponses, le plan d’action pour le relèvement et le développement national (PARDN 2010-2032), le Plan Stratégique de développement d’Haïti (PSDH non encore validé), le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN 2010-2025), la politique de développement agricole (PDA 2010-2025), le plan national d’investissement agricole (PNIA 2010-2016), le Plan Directeur de vulgarisation agricole (PDVA 2010-2016), le programme de développement agricole du gouvernement actuel basé en grande partie sur le PNIA, le programme de réponse post sécheresse et post cyclone Isaac de 1.87 Mrds HTG (Sept 2012-Février 2013) actuellement en application.

La situation de la sécurité alimentaire d’Haïti et quelles solutions immédiates ?

En outre, en 2011 selon la CNSA, Haïti ne produit  que 50% de ses besoins alimentaires, reçoit 4% d'aide alimentaire et importe, par l'intermédiaire des commerçants, 46% de ses besoins pour être en équilibre alimentaire. Pour agir immédiatement sur la situation actuelle, il a fallu envisager une approche de subvention comme pour le carburant et comme, récemment, pour l'engrais. En clair, l'Etat subventionne et fixe les prix des produits stratégiques sur tout le territoire, ne serait-ce que pour un temps limite? Combien de temps? Combien d'argent ? Et ou trouver cet argent?

En tout cas, c’est cette solution qui est actuellement en application accouplée au programme post sécheresse/cyclone Isaac : http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/09/haiti-savanne-dianee-et-isaac-de.htm. L’Etat a décidé de subventionner un ensemble de produits stratégiques (riz, maïs, pois, huile, etc.).  La solution subvention ne peut être que provisoire car l'Etat d'Haïti, contrairement aux grands pays industrialisés et grands producteurs de denrées alimentaires, n'a pas les moyens d'une subvention permanente du secteur agricole. Nos amis n'accepteraient jamais de financer la subvention du secteur agricole haïtien. Le programme post sécheresse/cyclone ne reçoit qu’une partie des financements nécessaires de l’Etat d’Haïti. Il faudrait trouver le GAP du coté de la communauté internationale. Ce qui nécessiterait des négociations dans une ambiance non surchauffée. Or la situation politique qui se développe actuellement ne permet pas d’avoir une ambiance sereine propre aux négociations. Au contraire ! Donc si le Gouvernement ne trouve pas de moyens propres et quelques dons sans trop grandes conditionnalités de la communauté internationale, la situation aura de préférence tendance à s’empirer.

Les solutions à moyen et long termes

De plus, il faudrait envisager, à coté de ces solutions de court terme, des actions de long terme contenues dans le plan national de sécurité alimentaire, le plan national d'investissement agricole, le programme agricole du GOH actuelPour arriver à avoir des réponses durables à la vie chère, Haïti a tiré les leçons des émeutes de la  faim de 2008. Malheureusement, tous les GOH, mis à part l'exercice 2008-2009 à partir des apports extrabudgétaires avec des résultats que l’on sait : http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/12/haitibilan-2009-du-secteur-agricole-un.html, n'ont pas su doter le secteur de 10% du budget national pour favoriser la relance de l'économie haïtienne. C'est un secteur porteur utilisé au niveau du discours et négligé dans la réalité des faits. D'ou notre situation actuelle de vie chère. Pour la changer définitivement, il faut prendre des mesures appropriées de court, moyen et long termes. Or ces solutions existent heureusement.  Donc il nous faudrait tout simplement nous donner les moyens financiers de notre politique en la matière. En avons-nous la volonté? Préférerions-nous des solutions de chambardements politiques comme en 2004 ou comme en 2008 ?

Les solutions politiques

En 2004, l’année de nos 200 ans d’indépendance, nous nous sommes mis d’accord pour renvoyer le Président Aristide. Car nous croyions dur comme fer que son depart était la solution à nos problèmes. Il est effectivement parti pour revenir 7 ans plus tard nous retrouver dans une situation encore plus alarmante. C’était la même chose en 2008. Haïti a été le seul pays à renvoyer son gouvernement en la personne de M. ALEXIS pour cause de cherté de la vie. En réalité, le renvoi de M. ALEXIS a été fondamentalement politique. Dans les deux cas cités, au lieu de trouver un consensus politique pour avancer, nous avons choisi de chambarder politiquement pour reculer. Notre économie ressemble à celle d’une « économie en guerre », et nous nous foutons pas mal de caracoler en queue du classement mondial en tout. On dirait même que nous en sommes fiers ! C’est toujours l’autre, le responsable!

C’est en fonction de ces expériences vécues, profitables plus à des clans politiques qu’au pays, que j’avais prévu qu’il pourrait y avoir une exploitation politique de la situation post sécheresse et post cyclonique. Cette exploitation politique pourrait être liées à certaines mesures administratives arrêtées par le GOH à l’encontre de ses alliés naturels, ou, tout  au plus, certains d’entre eux. En tout cas, certains membres du Parlement, adversaires politiques du Président Martelly, s’en donneraient à cœur joie  et s’en donnent effectivement (Ramasse de Radio Caraïbes du 29 Sepembre 2012). Il en est de même au niveau de l’opposition politique, les alliances politiques commencent à se dessiner. Comme en de pareilles circonstances, les facteurs combinés conduisent toujours à une augmentation du taux d’insécurité. Ça y est. On est en plein là-dedans, au point que nos amis  des USA, du Canada et de la France ont jugé bon de mettre en garde leurs ressortissants à ne pas faire le voyage en Haïti, si ce n’est strictement nécessaire et d’éviter certaines zones pour ceux-là qui sont sur place. Ce qui complique la tache de l’actuelle administration (open for business) qui fait du tourisme un des piliers de son programme.

La mise à pied du pouvoir exécutif actuel ?

Pour certains parlementaires, partis politiques et personnalités politiques, le départ de l’actuel exécutif est la principale réponse à la cherté de la vie. D’autres, en sourdine, pensent qu’il serait bon que le Président parte en laissant le champ libre au Premier Ministre (diviser pour régner) ou l’inverse (probable position des gens au sein du pouvoir actuel (?), Ex : le cas du PM CONILLE). Or, tous, nous savons que la cherté de la vie a tres peu à voir avec le pouvoir Martelly. Aucun gouvernement (ni actuel ni nouveau) n’a et n’aura de solutions magiques à la cherté de la vie. C’est un problème complexe qui demande du temps, de l’argent et des politiques publiques pour être solutionné. La mise à pied du pouvoir actuel ne résoudra rien. Au contraire ! A moins que... Bon appétit, Messieurs !

samedi 1 septembre 2012

HAITI: SAVANE DIANE ET ISAAC, DE L’ESPOIR AU DESESPOIR, VIVE LA REVOLUTION TRANQUILLE HAITIENNE




HAITI: SAVANE DIANE ET ISAAC, DE L’ESPOIR AU DESESPOIR, VIVE LA REVOLUTION TRANQUILLE HAITIENNE

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

31 AOUT 2012

 En ce dernier jour du mois d’Août 2012, Haïti se bat pour se relever des effets de la Tempête Isaac. La situation ne s’est pas vraiment améliorée après le Carnaval des fleurs. L’espoir plus que la réalité a allégé le poids des tambours. Pourtant les événements se sont succédé à un rythme effréné et s’enchainent au point de créer un imbroglio inextricable et difficilement analysable. Après un bref rappel de la situation politique, il vous sera présenté deux faits marquants du mois d’Août 2012, l’inauguration du "Village de l'Espoir" de Savane Diane à partir d’une analyse du discours du ministre de l’Agriculture et le passage de la tempête Isaac, ses effets sur le secteur agricole et la réponse envisagée. De l’espoir au désespoir, il nous faut ouvrir la voie pour cette révolution tranquille haïtienne !

 Situation politique actuelle et sa pomme de discorde
Au niveau politique, le Premier Ministre (PM) Lamothe a procédé, avec l’approbation du Président Martelly,  à un remaniement ministériel surprise. Le Ministre de l’Intérieur, Me T. Mayard-Paul, est remplacé par l’ex-ministre des affaires sociales, Mr R. Saint-Cyr, la  ministre du plan et de la coopération externe, Mme Josepha Gauthier, mutée aux affaires sociales, est remplacée par Mr Lamothe qui cumule désormais la fonction de Premier et de ministre du plan comme le PM Bellerive avant lui, le ministre de l’Environnement, Ronald Toussaint, un excellent technicien, est remplacé par Dr Jean Vilmont Hilaire tandis que celui de l’Education nationale, M.Reginald Paul, est remplacé par Vanneur Pierre. Cette situation aurait pu passer inaperçue comme une révolution de palais s'il n' y  avait pas eu la mise à pied du ministre de l’Education Nationale qui venait d’annoncer la réouverture des classes pour septembre 2012 contrairement au PM Lamothe qui maintient cette réouverture pour octobre 2012 comme l’année dernière , et surtout la révocation du « minis pep la », le « tout puissant » ministre de l’Intérieur, Me Thierry Mayard-Paul. Il y a eu beaucoup de spéculations et peu d’analyses comme toujours en de pareils cas. Toujours est-il que Me Mayard-Paul a rebondi comme « Conseiller Privé du Président de la République avec rang de ministre ». Je ne sais pas ce que cela veut dire mais en politique cela a une très grande signification.

CEP permanent, pomme de discorde
Après  ce remaniement, Haïti a eu droit à la mise en place d’un Conseil Electoral Permanent de six (6) membres contrairement aux neuf (9) membres prévus par la Constitution. Le Parlement et la classe politique crient au scandale. Le CEP est installé malgré les protestations des uns et des autres. Les arguments pour ou contre fusent de toute part. Les non initiés ont perdu le nord. Entre temps, Mario André Sol, arrivé en fin de mandat, a été remplacé à la tête de la Police Nationale par Godson Aurelus comme Commandant en Chef ratifie  par le Senat le 30 aout 2012. Profitant de cet imbroglio où chacun essaie d’appréhender la conjoncture, les kidnappeurs opèrent au niveau de la plaine du Cul de Sac, à Santo, à Lillavois où une collègue de promotion a été enlevée chez elle, en présence de son mari et dans sa voiture en prime, la nuit du passage de la Tempête Isaac.

Savane Diane (20,000 ha) et le discours « révolutionnaire du Ministre de l’Agriculture »

Avant de m’attarder sur le bilan d’Isaac et les mesures envisagées par le ministère de l’agriculture, je voudrais parler un peu de Savane Diane qui a été l’objet d’un événement majeur pour le secteur agricole. Bernard Ethéart y a consacré un article: «  Le Village de l’Espoir » (Réf. Haïti en Marche #31, 22 Août 2012, http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2012/09/village-de-lespoir.html), et Agr Michel WILLIAM  au moins deux émissions sur Radio Télé Guinen.

Lisons ensemble le discours du ministre Thomas JACQUES de l’agriculture : « La cérémonie du jour peut paraitre tout à fait ordinaire.  D’aucuns peuvent penser qu’il s’agit d’une inauguration de plus.   Il me plait cependant de vous dire que ce que nous lançons aujourd’hui a la prétention  d’inspirer ce que devrait être le modèle organisationnel du milieu rural et le modèle fonctionnel du secteur agricole pour les prochaines années, voire les prochaines décennies ».
Plus loin : « J’aimerais tout d’abord présenter les remerciements du Ministère de l’Agriculture, des Ressources et du Développement Rural à tous ceux qui ont rendu possible le projet que nous sommes en train de lancer.  Car, contrairement à la signification traditionnelle d’une cérémonie d’inauguration, il ne s’agit pas d’un projet qui se termine et qu’on réceptionne, mais d’un projet que nous sommes en train de lancer ».

Après des remerciements au Gouvernement de Taïwan représenté par l’Ambassadeur de Taïwan en Haïti et par la présidente de la Croix-Rouge taïwanaise venue spécialement pour cette inauguration, après des remerciements aux anciens ministres de l’agriculture impliqués dans la conception, la mise en œuvre  et la mise en valeur de Savane Diane, comme Sébastien Hilaire, Philippe Mathieu, Joanas GUE, le Ministre a poursuivi en ces termes : « À l’origine, il s’agissait d’un projet à caractère d’urgence humanitaire visant à relocaliser des personnes victimes du séisme dévastateur du 12 janvier  2010 et qui s’étaient réfugiées dans la région de St-Michel.  Cependant, du 12 janvier 2010 à maintenant, des changements significatifs sont intervenus dans la région et dans le pays qui ont permis de modifier ce projet dans son esprit pour en faire un projet qui se place dans une perspective de développement durable ».

Après avoir expliqué les raisons qui ont porté le gouvernement à apporter ces heureuses modifications au projet de départ comme le retour de la grande majorité des réfugiés à Port-au-Prince, les élections qui ont porté au Pouvoir une nouvelle équipe avec une nouvelle vision pour le secteur agricole et la nécessité de regrouper les paysans les plus pauvres de la Savane pour leur offrir les services de base, le Ministre a enchainé : « Sur la base de ces évènements et, en fonction de la nécessité de faire du secteur agricole un secteur rentable, moderne et durable le MARNDR et la Mairie de St Michel se sont entendus pour intégrer dans le projet les populations les plus vulnérables habitant la Savane Diane, de leur donner accès aux facilités de logements et aux terres agricoles ainsi qu’aux infrastructures sociales disponibles.» Et il a ajouté en créole haïtien pour bien se faire comprendre des paysans : « Gouvènman an désidé poul fini ak késyon peyzan mizérab ki abité nan kay tach, ki paka voyé pitit li lékòl, ki paka gen swen santé, kap travay depil jou jouk li nan nuit ak yon rou, yon manchèt é pafwa ak zong li.

Vilaj ESPWA ap pèmèt nou kaba ak zafè dispèsyon an koté chak fanmi retrouvél sou tèt yon mòn san sèvis de baz.  Lap pèmèt tou nou sòti nan zafè chak moun sou ti moso tè li ap dégajél poukòl goumen ak la nati, sanl pa janm ka amélyoré ni zouti lap utilizé, ni kapital fanmi a.  Sé poutèt sa la Méri ak Ministè Agrikilti désidé ke yo pap bay kay, lékòl, dispansè, tè, etsétéra a chak moun men yap remèt yo bay yon asosyasyon ki rélé Òganizasyon Péyizan Déboché/Savàn Dyàn (OPDSD).  Oganizasyon saa li men ap gen poul siyen yon kontra ak chak fanmi.  Kontra saa ap define nan ki kondisyon fanmi yo ap ka jwi byen say o ke Léta mété a dispozisyon yo “.

En clair, pour ceux qui ne comprennent le créole haïtien, le plus important à retenir c’est que la terre ne va pas être répartie par famille, mais est donnée à l’organisation de paysans qui est mise en place, et chaque famille doit rester solidaire à travers l’organisation, et ne peut procéder à la séparation des terres en cas décès du père. En d’autres termes, la loi de succession à la base du morcellement excessif des terres agricoles en Haïti devra être modifiée. De plus, toutes les mesures adoptées dans le cadre de ce projet qui est «  lancé et non encore achevé » sont, à mon humble avis, une révolution tranquille qui est amorcée en Haïti, tout au moins dans le secteur agricole.

En outre, c’est plus qu’un projet agricole. C’est un projet de développement local impliquant l’Etat central et ses structures déconcentrées (MARNDR, DDA, BAC), les collectivités Territoriales (Mairie de St Michel et CASEC), une organisation de la société civile (OPDSD) et les populations bénéficiaires. Ce sont ces partenaires qui sont les parties prenantes de ce projet ambitieux qui de l’urgence humanitaire est passé au rang de projet de développement avec une première phase réalisée avec le concours financier des taïwanais (200 maisons construites,  500 ha mis en valeur et emblavés en petit mil et en maïs au moment de l’inauguration).

Rôles et responsabilités des parties prenantes :
Selon le ministre de l’agriculture : « Dans ce projet, quatre partenaires sont impliqués : (i) La mairie de St Michel de l’Attalaye, en tant que gouvernement local, gestionnaire prioritaire selon la Constitution de 1987 amendée des terres  de l’État; (ii) Le Ministère de l’Agriculture en tant qu’institution sectorielle dont la mission principale est d’organiser et d’appuyer le développement du secteur agricole, (iii) L’Organisation des Paysans de Débauché/Savane Diane en tant que garante de la participation des bénéficiaires, et (iv) les familles bénéficiaires elles-mêmes ».

La vision du Gouvernement mise en pratique
Le Ministre a dégagé cette vision en ces termes : « Il s’agit donc d’un projet avant-gardiste  qui s’inscrit dans la ligne de la responsabilisation des collectivités territoriales (Mairie et CASEC) et de la fourniture effective de services par les instances déconcentrées (Ministère de l’Agriculture, Ministères de l’Éducation et da la Santé). Le gouvernement Martelly/Lamothe entend faire du village Espoir un modèle qui doit inspirer la restructuration du monde rural et la relance du secteur agricole.

Pour sa part, le MARNDR entend continuer à encadrer les producteurs et à les aider à améliorer leur situation afin de passer le cap d’agriculteurs pour  devenir de véritables entrepreneurs.  Le village doit être à la fois une vitrine et un creuset de formation et de réflexion sur les problématiques du développement local et de la modernisation du secteur agricole.  Une ferme agricole de plus de cinq cent hectares est en cours d’aménagement et d’équipement sur les terres adjacentes au village ».

En conclusion, tout un programme à mettre en œuvre dans ce que j’appelle une révolution tranquille dans le secteur et laissons la parole au Ministre : « La Savane Diane représente, avec le reste du Haut Plateau Central et le Nord-est, l’une des principales réserves foncières du pays.  Le MARNDR entend faire de cette zone un pôle important de croissance agricole.  C’est pourquoi nous avons prévu des investissements importants dans la région au cours des prochaines années. Irrigation, lacs collinaires, arboriculture fruitière, école moyenne d’agriculture, formation d’entrepreneurs agricoles, telles sont quelques actions prévues et articulées autour d’une valorisation du potentiel régional que le ministère compte mettre en œuvre dans le cadre de la relance du secteur agricole ». C’est ambitieux mais c’est à notre portée si les chamailleries politiques et les cyclones ne viennent pas perturber notre chère Haïti. Malheureusement, nous continuons à nous battre politiquement et Isaac est passé par là pour nous rappeler notre fragilité.

Isaac, parlons-en enfin!
Dans la nuit du 24 au 25 août 2012, Haïti a enregistré sa première tempête tropicale de la saison cyclonique 2012 (vent 100km/h). Le ministère de l’agriculture en a fait un bilan partiel : 24 morts, 3 disparus, des pertes de bétail (4297 têtes animaux), des dommages sur 81,250 ha de terres plantées en banane, en fruits et café, en céréales et légumineuses, et 72.5 km de routes rurales. La valeur des pertes non inclus les morts et disparus qui n’ont pas de prix, est de 259, 202,480 dollars américains (Réf.MARNDR/CNSA Aout 2012, Bilan partiel Isaac). Cette valeur correspond aux pertes  d’un seul secteur. Imaginez les pertes pour l’ensemble des secteurs. Ce qui va contribuer à une révision à la baisse  du PIB de 2011-2012 et mettre encore plus en evidence notre niveau de pauvrete.

L’aggravation des effets de la sécheresse
Les effets de la sécheresse qui a affecté la campagne de Printemps avec des pertes de l’ordre de 40% se sont donc aggravés. Le programme de réponse à la sécheresse du ministère de l’agriculture (1.4 Mrds GHT), actuellement en cours d’exécution, nécessite d’être complémenté. Sans quoi, on risque une déperdition à la nouvelle rentrée scolaire d’Octobre 2012, une hypothèque sur la campagne d’Hiver, une anticipation d’une insécurité alimentaire touchant des couches plus ou moins aisées et aggravant la situation des couches vulnérables, une baisse de niveau d’emploi en milieu rural qui pourrait déboucher sur des tensions sociales liées à une appréciation des prix des produits agricoles, une augmentation des importations des produits alimentaires. D’où nécessité d’un programme complémentaire.

Le programme de relèvement post-Sécheresse/cyclone 2012
Le programme complémentaire est « un plan de relance du secteur agricole », selon le mot du Ministre de l’agriculture, Thomas JACQUES. Il vise la recapitalisation des exploitations agricoles en vue de renforcer leurs capacités productives par (i) la réhabilitation des infrastructures productives et l’acquisition des pompes pour l’irrigation de 18000 ha, (ii) la plantation de 10 M d’arbres fruitiers et forestiers, (iii) la mise à disposition des semences aux agriculteurs, (iv) la relance de l’aviculture, la pêche et l’aquaculture, (v) la vaccination de 3.5 M d’animaux (toutes espèces confondues). Ce programme qui sera exécuté conjointement avec la Ministre déléguée aux affaires paysannes, la Ministre Déléguée aux Droits de l’homme et de la lutte contre la pauvreté et le ministère de l’environnement, permettra de produire 36,000 T d’équivalents céréaliers supplémentaires et créera plus de 115,000 emplois durant  les 6 mois d’exécution (Septembre 2012-Février 2013) à travers et particulièrement dans les zones affectées avec accent sur le Sud-est et l’Ouest. Le montant global est de 1.87 Mrds GHT.

Alors, où trouver ce complément d’argent ?
L’Etat Haïtien ne dispose que très peu de fonds propres pour faire face à cette nouvelle catastrophe. Il lui faut coûte que coûte s’appuyer sur la communauté internationale. Selon les informations dignes de foi, l’OEA et les amis d’Haïti se sont réunis à Washington,le 30 aout 12, pour voir comment aider notre pays. La plupart des partenaires pensent qu’il faudrait réallouer des fonds de certains projets de développement en cours à ce programme complémentaire de réponse sans pour autant nuire aux objectifs et résultats prévus dans le cadre de ces projets. Le PNUD avait fait un appel consolidé  qui a du être revu à la baisse autour de 128 M USD (http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/07/haiti-un-peuple-qui-chante-et-qui-dance.html) ; seulement 47 M USD du montant sollicité auraient été reçus. Ce montant est-il déjà dépensé ou engagé ? Y a-t-il possibilité de revoir à la hausse l’appel consolidé du système des Nations Unies après cette catastrophe ? Toujours est-il qu’il est très difficile de mobiliser les fonds frais pour faire face aux effets d’Isaac. Peut-être qu’il faudrait regarder du coté des fonds de PETROCARIBE comme en 2008. Le gouvernement Préval/Pierre-Louis a du se rabattre sur PETROCARIBE pour faire face aux effets des quatre cyclones de 2008 avec des résultats positifs que l’on sait à la fin de l’exercice 2008-2009. (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/12/haitibilan-2009-du-secteur-agricole-un.html). On ne sait pas si les mécanismes qui permettaient au Gouvernement Préval/Pierre-Louis d’actionner ce fonds existent encore. En tout cas, la situation économique du pays en partit déjà. Et si nous n’agissons pas vite, nous risquons de nous retrouver dans une situation inextricable économiquement, socialement et politiquement.

En guise de conclusion
Aux acteurs politiques de trouver un terrain d’entente pour éviter que les prochaines élections  annoncées ne soient pas l’étincelle qui fait exploser le baril de poudre, à la communauté internationale de comprendre cette situation aggravée par les effets néfastes du passage d’Isaac et de nous tendre la main pour nous aider à nous en sortir, à la société civile haïtienne de ne pas continuer à regarder mais de s’impliquer de manière non partisane dans la lutte pour l’émergence de cette nouvelle Haïti rêvée par tous les Haïtiens.

Savane Diane nous indique la voie à suivre pour la mise en route d’une révolution tranquille. C’est un élément, un petit élément d’un vaste ensemble. Pourquoi ne pas trouver les autres éléments pour permettre à l’intelligence collective haïtienne de se manifester dans le cadre d’une grande concertation nationale telle que proposée par la FONHDILAC (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html, VII-B3) et susceptible de nous conduire, à partir de cette révolution tranquille, vers le développement durable comme le Canada, notre grand voisin du Nord, l’a réussi à partir de la révolution tranquille amorcée au Québec? (Réf. http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/revolution-tranquille).

Mon cher ami, ma chère amie, Il faut rêver. Celui qui cesse de rêver est tout simplement en train de mourir! De l’espoir à partir de Savane Diane au désespoir infligé à notre pays par le passage d’Isaac et par la plupart de nos politiciens, il nous faut ouvrir la voie à cette grande concertation nationale pour la mise en branle de cette révolution tranquille haïtienne dont le résultat final sera le développement durable de notre Chère Haïti! Etes-vous prêts ? Il faut commencer dès maintenant, chacun dans son champ d’action avec son intelligence individuelle articulée à l’intelligence collective haïtienne qui ne peut se manifester qu’à l’intérieur des groupes organisés en tant que cerveau collectif en vue du développement intégral des sections communales, des communes, des départements et de notre Haïti, redevenue enfin, « La perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbe » !!!

mardi 31 juillet 2012

HAITI : UN PEUPLE QUI CHANTE ET QUI DANSE A METTRE AU TRAVAIL, SECHERESSE OBLIGE


HAITI : UN PEUPLE QUI  CHANTE ET QUI DANSE A METTRE AU TRAVAIL, SECHERESSE OBLIGE
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 JUILLET 2012

C’est le carnaval des fleurs 29, 30, 31 juillet 2012, une tradition reprise au Champs de Mars dégagé finalement de ses occupants du séisme du 12 janvier 2010. Pour ce carnaval des fleurs, un succès, Champs de Mars a retrouvé ses couleurs, sa beauté et ce peuple qui se défoule et se divertit en dépit de la sécheresse et de cette chaleur. Au milieu de ces canavaliers, le Président qui  danse, qui s’amuse et qui s’évade aussi. Il y a tellement de problèmes ici, on dirait que notre résilience proverbiale est liée à toute cette culture.

Ce sont les images fantastiques des jeux olympiques de Londres ouverts officiellement par la Reine d’Angleterre le vendredi 27 juillet 2012. Durant une quinzaine de jours, les sports olympiques sont à l’honneur. Haïti y participe. «  L’important c’est de participer », a dit l’autre. Pour la plupart des pays, c’est plus que cela. Prestige oblige, il faut gagner des médailles pour montrer sa supériorité, surtout l’or. C’est donc une affaire de gros sous ! En tout cas, nous, on est rivés à nos petits écrans quand il y a électricité, ou bien on passe la génératrice, ceux qui ont les moyens naturellement.

Haïti, c’est aussi la politique avec les conseils de gouvernement et des ministres en direct (combien de temps encore ?) et  la continuation de la structuration de l’Etat. En effet,  le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) est mis en place. L’Etat de droit est en principe en marche. La publication le mois dernier de la constitution amendée conduit vers la mise en place de certaines institutions nouvelles comme, entre autres, la Cour Constitutionnelle, la mise en place du Conseil Electoral Permanent (CEP) de manière différente par rapport à ce qui avait été prévu en 1987: maintenant ce sont les trois pouvoirs qui décident. Le processus est en cours. L’Exécutif et le Judiciaire ont déjà choisi leurs représentants, le Parlement prend son temps. C’est un processus sensible et controversé. Les accusations de magouilles pleuvent comme toujours en de pareils cas. Elections sénatoriales partielles, municipales et collectivités territoriales obligent, il faut trouver un compromis politique sans compromissions pour garantir de bons résultats électoraux. Difficile mais pas impossible. Il nous faudra prendre de la hauteur. En sommes-nous capables ?

Le budget 2012-2013 est déposé au Parlement à temps (juin 2012). Peut-être la premiere fois ou la 2e fois depuis le gouvernement de transition, si ma mémoire est bonne. En tout cas, le budget rectificatif 2011-2012 est en cours d’exécution. Celui de 2012-2013 suit son cours de ratification au Parlement. Il y a de fortes chances qu’il soit opérationnel le 1er Octobre 2012. Le Gouvernement Martelly-Lamothe démarrerait  avec son premier budget voté à temps. Le plan annuel 2012-2013 du gouvernement devrait être mis en œuvre sans grosses difficultés avec des chances de réussite plus qu’acceptables, à moins que des catastrophes viennent perturber la marche des choses comme cette sécheresse hors du commun. C’est la toile de fond de cet article. Attardons-nous y un peu !

La problématique de la sécheresse
Le jeudi 5 juillet 2012, le Ministre de l’agriculture a souligné, lors du Conseil de Gouvernement, organisé au Cap-Haïtien, que la sécheresse sévit sur la grande majorité des départements du pays et aura une incidence négative sur la récolte de printemps, responsable de 60% de la production annuelle du pays. La commission nationale de la sécurité alimentaire s’est aussitôt mise au travail pour fournir les données nécessaires à la prise de décisions par les autorités du pays, en particulier, le MARNDR et la Présidence, pour faire face à cette situation. Il faut noter que ce même phénomène est observé aux USA compromettant en grande partie la récolte de maïs dans les divers Etats producteurs de cette denrée rentrant dans la consommation de nourriture. Ils l’ont attribué au phénomène du changement climatique. « 55% du territoire américain est déclaré en état de sécheresse sévère. C’est la pire sécheresse qu’ont connu les USA depuis 56 ans ».

Selon les études effectuées par la CNSA, tous les départements sont touchés par ce phénomène de sécheresse, dont les plus touchés sont le Nord-Est, l’Artibonite, l’Ouest, le Sud-Est, et la Grande Anse de « moyennement à sévèrement affectés » tandis que les autres sont touchés de «  faiblement à moyennement affectés » (réf. Carte d’affectation de la sécheresse), surtout le  Centre, les Nippes, le Sud, le Nord et le Nord-Ouest. A bien regarder la carte de sécheresse produite par la CNSA, tous les  départements sont affectés ainsi que les îles adjacentes qui sont sévèrement affectées, sauf l’île de La Tortue qui est moyennement affectée.  

Par analogie, nous pouvons attribuer ce phénomène au changement climatique. De toute manière, quelle que soit l’origine de ce phénomène, on doit y faire face de manière la plus professionnelle que possible. D’autant que la constatation de ce phénomène  aux USA, notre premier partenaire commercial, et dans d’autres pays comme la Russie, grands producteurs de céréales, devrait inciter Haïti à réfléchir sur les conséquence  d’une hausse éventuelle des prix des produits alimentaires sur le plan mondial qui pourrait avoir des répercutions graves sur notre pays. Dans une conjoncture aussi fragile qu’est celle d’Haïti, ces répercutions pourraient être  exploitées à des fins politiciennes avec des conséquences incalculables pour notre fragile économie.  Rappelez-vous les « émeutes de la faim » de 2008. http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/haiti-08-vie-chere-causes-consequences.html.

Selon la CNSA, il y a une possibilité à ce qu’en Août 2012, la pluie recommence à tomber. Dans ce cas précis, selon ce qu’a rapporté Le Nouvelliste : « Si la seconde saison pluvieuse qui débutera en août 2012 offrira des opportunités d'emplois aux pauvres au niveau des montagnes humides dans les plantations des haricots et de tubercules, elle risque  aussi  d'être désastreuse à cause des éventuelles inondations et cyclones. En ce sens, la CNSA tire la sonnette d'alarme sur l'éventualité d'une nouvelle recrudescence de l'épidémie de choléra, comme c'était le cas en 2011, ce qui risque d'affecter des ménages et de mettre durement à l'épreuve les plans de contingence mis en place par la direction de la Protection civile, la Croix-Rouge et leurs partenaires.
Toutefois, « si les pluies s'arrêtent, les pauvres peuvent se trouver dans la précarité dès le mois de septembre dans de nombreuses communes, particulièrement dans le Nord-Ouest et le Nord-Est, où se pratique la culture du maïs », prévient la CNSA. » Réf. Le Nouvelliste, Carl Henry Cadet, Incidence de la sécheresse sur la production agricole, 6 juillet 2012.
Alors quoi faire ?
En mai 2012, la Direction des infrastructures agricoles du ministère de l’agriculture a élaboré pour le compte d’ABA GRANGOU un dossier très sérieux de plus de 20 M USD pour créer des emplois  (130000 P-M) dans le pays à partir des informations fournies par les Directions Départementales agricoles (DDA) (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/04/haiti-lheure-de-verite.html). Durant la même période, il a été entendu que le  MTPTC aurait du produire un dossier du même genre ( ?). Le plan de 4 mois mis en place par le gouvernement a prévu  de faire des interventions à partir de ces dossiers. Il faudrait rapidement penser à la mise en application partielle ou totale de l’ensemble de ces dossiers pour avoir le plus d’impacts possibles. Ces travaux HIMO devraient démarrer et se poursuivre durant cette période de juillet  à octobre 2012, incluant la réouverture des classes en commençant par les départements et/ou communes les plus affectés pour recapitaliser les gens qui sont les plus touchés. Ces travaux devraient continuer jusqu’en février 2013 pour favoriser la soudure entre les différentes campagnes en cours et à venir.  Ce serait l’idéal. Alors que propose le gouvernement, plus particulièrement le MARNDR ?

Plan de réponse à la sécheresse de 2012 du MARNDR
Alors que la sécheresse bat son plein actuellement, les pluies de la période cyclonique et surtout celles de la seconde saison pluvieuse (à partir d’Aout 2012) sont attendues avec grande préoccupation pour tout ce qu’on a évoqué plus haut mais aussi avec impatience pour éviter le pire en matière de sécheresse, l’agriculture haïtienne étant essentiellement pluviale. A travers cette sécheresse se profile une crise alimentaire et agricole caractérisée par un contexte national et international  comme décrit plus haut.

Conséquences significatives attendues de la sécheresse. Les effets pervers de la sécheresse sur la sécurité alimentaire et la production agricole du pays devraient déboucher, selon le ministère de l’agriculture, sur (i)  une baisse de revenus, (ii) une baisse de disponibilité alimentaire, (iii) une baisse de la disponibilité des semences, (iv) une hypothèque des campagnes agricoles d’hiver 2012 et de printemps 2013. Ce qui a conduit à l’adoption des lignes d’actions suivantes.

Les lignes d’actions  retenues et à mettre en œuvre  de juillet à octobre 2012 sont  : (i) les Travaux à Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO) avec la création de 200000 personnes-mois (P-M) de travail pour une valeur de 1.1 Mrds de gourdes ; (ii) la Maitrise et valorisation de l’eau : Réparation et  mise en fonctionnement de pompes d’irrigation et la réparation des ouvrages d’irrigation, plaine des Gonaïves (3000 ha de terre), l’acquisition et la mise en service de motopompes à travers le pays avec une concentration sur le plateau central, les Nippes et le Nord-Ouest ; (iii) le Programme d’amélioration de la sécurité alimentaire : la mise en place de Stocks Stratégiques d’aliments au niveau des zones sensibles, un projet de production de cultures à cycle court : Sorgho à cycle court (développé à Savane Diane), Pois génois ( un mois et demi); Gombo  (en moins de 2 mois), maïs (variété Sweet Corn, récolté en 2 mois) ; (iv) La mise en œuvre d’un programme de distribution de caprins au profit de 10,000 familles paysannes, l’ouverture officielle de cinq nouvelles unités de transformation de lait, le renforcement de la station avicole de Damien et les débuts de travaux pour la mise en place de deux nouvelles stations avicoles (département du Centre et de la Grand ‘Anse). Le financement global de ces activités à travers le Trésor Public et autres partenaires financiers se chiffre à 1.4 Mrds de gourdes.

En guise de conclusion, la situation haïtienne actuelle est moins d’être aussi rose que le carnaval des fleurs le laisse paraître. Si ce plan du MARNDR combiné avec d’autres plans sectoriels, est mis en application, il y a de fortes chances qu’ « aprè dans tambou yo pa twò lou ». Tout est une question de bonne planification et de bonne exécution.  Avec le vote du budget de 2012-2013 et en y  incluant les préoccupations liées à la sécheresse, Haïti pourrait y faire face avec l’appui de ses partenaires de la Communauté Internationale (PNUD : Appel consolidé aide humanitaire 47 M USD en juillet 2012 sur 128 M USD de budget révisé). Le secteur agricole avec un budget global de 400 M USD/an pourrait grandement contribuer à la relance de l’économie haïtienne. Jouet t pou responsab yo !!!