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dimanche 5 avril 2020

CORONAVIRUS (COVID-19), LE MONDE ET HAITI A LA CROISÉE DES CHEMINS(?)


CORONAVIRUS (COVID-19), LE MONDE ET HAITI A LA CROISÉE DES CHEMINS(?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
5 AVRIL 2020 REVU LE 6 AVRIL 2020

Le Coronavirus/COVID-19 est en Haïti officiellement depuis le 19 Mars 2020. On enregistre  en  Haïti, 21 cas confirmés, 1 mort (5 Avril) et une personne guérie , et dans  le monde, 1,255,861 cas confirmés, 68,869 morts et 259,692 personnes guéries à date[1]. Cette pandémie met le monde à genoux au propre comme au figuré. Mise à part la Chine, l’usine du monde, le premier pays touché, qui amorce une certaine reprise, l’économie mondiale est en lambeau. La première puissance mondiale ne sait pas à quel saint se vouer, plus de 6.5 M de personnes au chômage, les autres puissances économiques, en particulier celles du G7, sont en confinement total comme l’Italie et ramassent des morts à la pelle. Et les solutions ne sont pas pour demain. Haïti, qui vient de connaitre le phénomène de « peyilok », prolongé par le kidnapping, la rébellion policière, était déjà moribonde et enlisée[2] avant l’arrivée du COVID-19. C’est un pays très fragilisé, pataugeant dans une crise socioéconomique et politique qui va s’aggravant, avec un taux de croissance négative économique (-1.2%[3]) en 2019, un taux de change franchissant, ces derniers jours, la barre psychologique de 100  G pour 1 USD, un taux de chômage supérieur à 65%, et une insécurité alimentaire touchant 4.1 M de personnes, qui fait face au COVID-19. N’est-ce pas le moment de se demander si le monde et Haïti ne sont pas à la croisée des chemins? 

A.    LA SITUATION MONDIALE ET LE COVID-19

La situation au niveau mondial est plutôt catastrophique et chaotique. Quand on regarde le nombre de cas de contamination et le nombre de morts enregistré par jour, on ne trouve pas d’adjectifs plus appropriés pour qualifier la situation mondiale actuelle. Mis à part la chine, la Russie et Cuba, on a comme l’impression que tous les gouvernements ont été pris de court par la pandémie COVID-19. Les systèmes de santé ne répondent pas correctement aux effets de la pandémie et ne proposent pas de solutions adéquates aux politiques pour des décisions rationnelles. Tout le monde  singe la Chine, le confinement partiel ou total, l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne, le Canada, la République Dominicaine, Haïti, pour ne citer que ceux-là. Or le confinement signifie l’arrêt des activités économiques, la fermeture des frontières, la non circulation des personnes et le ralentissement de la circulation des biens, le ralentissement des services non essentiels, la concentration maximale sur la réponse de santé face au coronavirus. Donc, il va sans dire que l’économie mondiale est en train de prendre un sacré coup dont peut-être elle ne se relèvera jamais, en tout cas pas sous sa forme actuelle. Le système politique à l’occidental également (?). Cela est une autre histoire. Concentrons-nous sur l’aspect économique et financier.

En 2009, l'économie mondiale s'est contractée de 1,7%

L’économie mondiale subit les conséquences du COVID-19, le marché financier également. Il suffit de regarder ce qui se passe au niveau du marché boursier mondial. La récession marche à grand pas et s’accélère avec le coronavirus. Par rapport à 2009, la plus récente année de récession mondiale, l'économie mondiale s'est contractée de 1,7%. Il faut rappeler que notre pays a étonné le monde en 2009 avec un taux de croissance du PIB de 2.9%.

Selon Wikipedia[4], « La crise économique mondiale des années 2007-2012, quelquefois appelée dans le monde anglophone Grande Récession (Great Recession, en référence à la Grande Dépression de 1929), est une récession dans laquelle sont entrés la plupart des pays industrialisés du monde, mis à part le Brésil, la Chine et l'Inde, à la suite du krach de l'automne 2008, lui-même consécutif de la crise des subprimes de 2006-2007. Les États-Unis ont été les premiers à entrer en récession, en décembre 2007, suivis par plusieurs pays européens au cours de l'année 2008, ainsi que la zone euro dans son ensemble. La France n'entre comptablement en récession qu'en 2009. Cette crise économique mondiale est considérée comme la pire depuis la Grande Dépression ».

En 2020, il est prévu une contraction de 0.9% de l’économie mondiale

Or, quand on regarde la situation actuelle du monde, c’est l’ensemble des pays qui sont touchés par le COVID-19. Tout le monde avait déjà prévu une récession mondiale pour 2020, mais personne n’avait prévu le coronavirus. Son arrivée a surpris tout le monde. Ce qui explique les réponses désordonnées des gouvernements face à ce virus. Si on se réfère au rapport publié le mercredi 1er Avril 2020 par les Nations Unies et repris par le Journal haïtien, Le Nouvelliste[5], il est prévu une contraction de 0.9% de l’économie mondiale en raison de la pandémie, une contraction encore plus forte de la production mondiale, « si les restrictions imposées aux activités économiques se prolongent jusqu'au 3e trimestre de 2020 et si les réponses budgétaires ne soutiennent pas les revenus et les dépenses de consommation ». Selon le département des affaires économiques  et sociales des Nations Unies (DASA), « Les restrictions croissantes à la circulation des personnes et les blocages en Europe et en Amérique du Nord frappent durement le secteur des services, en particulier les industries qui impliquent des interactions physiques telles que le commerce de détail, les loisirs, l'hôtellerie, et le transport ».

En 2020, une récession supérieure à celle de 2009 (1.7%+) ?

Donc, eu égard à ce qui s’est passé lors de la récession de 2009, aux prévisions par les économistes en lien avec la récession de 2020 sans coronavirus, à l’intrusion du Covid-19 et ses conséquences sur l’économie mondiale et aux hypothèses un peu trop optimistes des Nations Unies, ne serait-il pas possible de nous retrouver en 2020 avec une récession supérieure à celle de 2009 (1.7%+)

Les pays vulnérable et les petits Etats insulaires comme Haïti seront grandement affectés et beaucoup plus que les grands pays. Rappelons que ces petits états vivent du tourisme, de la sous-traitance avec des ouvriers peu qualifiés et de l’agriculture en ce qui concerne Haïti (65% produits alimentaires importés). « Les gouvernements peuvent être contraints de réduire les dépenses publiques à un moment où ils doivent augmenter leurs dépenses pour contenir la pandémie et soutenir la consommation et l'investissement ».

En guise de conclusions à cette partie : « Bien que nous devions donner la priorité à la riposte sanitaire pour contenir à tout prix la propagation du virus, nous ne devons pas perdre de vue ses effets sur la population la plus vulnérable et ce que cela signifie pour le développement durable. Notre objectif est d'assurer une reprise résiliente de la crise et de nous remettre sur la voie du développement durable », souligne Elliott Harris, économiste en chef des Nations Unies et Sous-Secrétaire général au développement économique.

B.    LA SITUATION HAÏTIENNE VS COVID-19

Haïti n’a pas eu trop de difficultés à passer de « peyilok » lié à la situation politique, au kidnapping et au confinement lié au COVID-19. D’ailleurs, dès le début du mois de Mars 2020, j’avais fait un tweet intitulé « vers un autre peyilok eu-égard à ces phénomènes qui ont traversé toute l’année 2019 et les deux premiers mois de l’année 2020 et à la menace de COVID-19. L’annonce des mesures gouvernementales en relation avec cette pandémie ne m’a pas du tout surpris. Je savais que le virus devrait toucher Haïti rapidement vu qu’il était en République Dominicaine et dans toute la Caraïbe. J’avais toujours pensé que les cas détectés avec un peu de retard  sont liés aux faiblesses de notre système de santé. Il en est de même pour l’ampleur de la maladie dans le pays. A mon avis, la maladie touche déjà beaucoup plus de personne. J’aimerais me tromper.

En tout cas, dès l’annonce des deux premiers cas de coronavirus, le nouveau Gouvernement a adopté un certain nombre de mesures administratives, économiques, fiscales, monétaires et financières, la fermeture des frontières terrestres et maritimes, des écoles, des industries, le couvre-feu à partir de 8h PM à 5h AM, le travail à distance, la subvention pour les familles les plus défavorisés (1.5 M de familles) pour le secteur éducation (20 à 30% des 100,000 professeurs de tous les niveaux primaire, secondaire, professionnel et universitaire), le secteur des industries de la sous-traitance (60,000 travailleurs), le secteur transport y inclus les motocyclistes, les primes spéciales pour le personnel de santé et le personnel de la Police Nationale d’Haïti (PNH), la réduction du taux directeur par la Banque centrale (BRH), de la réserve obligatoire, le moratoire sur les prêts, les cartes de crédit, le gel des paiements d’avril à juillet 2020, la prise en compte de deux dates charnières, le 30 septembre 2019 et le 31 Mars 2020  etc. L’interview de Kesner PHAREL de Télé Métropole[6] avec le Gouverneur de la BRH, M. Jean Baden DUBOIS, et le Ministre de l’économie et des finances, M. Michel Patrick BOISVERT est très éloquente et facilite la compréhension du contexte de ces mesures visant globalement à sauver des vies par rapport au COVID-19 mais aussi à répondre aux effets des phénomènes qui ont bloqué le pays et qui ont dessiné une forme et un type de confinement à l’haïtienne.

En dépit de ces mesures, le phénomène du kidnapping n’a pas cessé. En pleine période de confinement, les bandits n’ont pas chômé et ont continué à harceler la population. Un exemple frappant, le kidnapping du Dr Bitar de l’Hôpital Bernard Mews, l’un des centres hospitaliers les plus actifs du pays. Les autorités et même l’opposition ont élevé la voix pour inciter les bandits à libérer le docteur qui s’est donné tant de peine pour soigner les bandits lors des affrontements entre gangs rivaux. Le pays a continué à enregistrer des actes de vandalisme, même si le covid-19 a pris le pas sur l’actualité politique qui a toujours dominé la scène haïtienne.

On comprend que, dans ces conditions, la situation du pays ne peut être qu’inquiétante. Les gens mal intentionnés sur les réseaux sociaux  se donnent à cœur-joie pour diffuser de fausses informations sur le coronavirus. La sortie médiatique de la vedette infectée et guérie, Roody Roodboy,  n’a pas arrangé les choses. La plupart des membres de la population ont mal interprété ses propos. La sortie de certains journalistes à sensation n’a pas permis à la population de bien comprendre les menaces et risques que représente le COVID-19. En témoigne le comportement de la population dans le transport public, au niveau des marchés publics, dans des manifestions culturelles à Côte-de-Fer, et des manifestions de soutien au journaliste Louko DESIR, maladroitement interpellé par le Parquet de Port-au-Prince, pour des propos certes un peu trop sensationnalistes, basés sur des déductions suite à une conversation avec des étudiants haïtiens en Russie en lien avec des matériels médicaux, dont  des masques, commandés  en chine  par le Gouvernement haïtien et qui pourraient être  contaminés, mais qui ne nécessiteraient pas une telle démonstration de la part du Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince. Ce qui a permis à notre Louko national de tester sa popularité lors de sa libération sous la pression de la population.

En de pareille circonstance, il faut éviter ces genres d’incidents qui ne mènent nulle part. Louko n’avait aucun intérêt à « sonner » la sonnette d’alarme de cette manière-là et  le commissaire n’avait aucun intérêt à agir comme il l’a fait. Les deux auraient pu nous aider à mieux nous concentrer sur la courbe exponentielle du COVID-19 qui ne manquera pas de progresser jusqu’à son pic infernal avant d’amorcer sa descente qui, tout au long de ce processus de montée et de descente, sera accompagnée de milliers de morts et des dizaines de milliers de guérisons. Donc, pour Haïti,  le pire est à venir à moins que le Bon Dieu en décide autrement!

Les effets combinés du peyilok et du COVID-19 font présager un avenir sombre pour notre pays à tous les points de vue. Nos économistes, spécialistes en sécurité, planificateurs, bref nos opérateurs de développement ont raison de s’alarmer. Le franchissement du seuil psychologique de 100 G pour 1 USD en est la première manifestation, même si, en toute sincérité, ce franchissement est plutôt lié, à mon humble avis, à des spéculations qu’à un problème réel. Pour le peu de connaissance dont je dispose en la matière (hommage à Pharel pour mes 30 ans dans l’Université de Métropole et de Group Croissance), le ralentissement actuel de l’économie haïtienne, les annonces de l’apport des bailleurs de fonds internationaux, ne devraient de préférence que ralentir une telle dégringolade. Le déficit budgétaire, les anticipations négatives, la grimaçante récession économique de 2020, l’accélération du chômage aux USA,  expliqueraient-ils cette dégringolade de la gourde par rapport au dollar qui lui-même est très sérieusement secoué par cette pandémie mondiale? J’en doute. Il faudrait nous  trouver d’autres arguments plus costauds.


C.    LES PERSPECTIVES : SOMMES-NOUS A LA CROISEE DES CHEMINS D’UN NOUVEL ORDRE MODIAL ?

Il est clair pour chacun de nous que rien ne sera plus comme avant. Nous ne verrons pas, pour la plupart d’entre nous et non des moindres, les effets néfastes et globaux de la crise liée au COVID-19. Le monde ne sera plus ce qu’il était avant cette pandémie. La pandémie enfantera une autre façon de faire les choses. On espère que ce sera pour le mieux et non pour le pire. Haïti, à moins d’un miracle, sera frappée de plein fret dans son capital humain, dans son capital social, dans son capital économique et financier, et peut-être dans son capital politique et de gouvernance. On espère qu’elle en sortira plus forte car habituée à relever des défis encore plus terribles que le coronavirus. A titre d’exemple, le défi de son indépendance dans un monde esclavagiste.

Le ministre de l’économie a prévu des pertes autour de 30% du PIB et une chute du taux de croissance de 2.7%, si cette situation ne perdure que trois mois. Sans être un prophète de malheur, je trouve très optimistes ces prévisions du ministre. J’avais prévu pour les épisodes de « péyilok » des pertes et dommages supérieurs à 35% du PIB en comparaison aux effets/impacts  du cyclone Matthew sur notre pays (32% du PIB). Je maintiens cette prévision, si l’on tient compte des effets de « peyilok », du kidnapping, des violences, des émeutes et du COVID-19. J’aimerais me tromper. Avec un pays moribond et chaos debout avant le COVID-19, une situation d’insécurité alimentaire (4.6 M dont 2.6 M de personnes en situation d'urgence, projection CNSA) qui va s’accélérant avec la dégringolade de la gourde, l’augmentation du taux de chômage, le ralentissement des maigres activités économiques, les éléments objectifs pour une reprise sont loin d’être réunis et probants. Les incertitudes liées au COVID-19, tant au niveau Haïti qu’au niveau mondial, ne laissent présager aucune issue favorable pour l’instant. Il faut attendre l’atteinte des pics  mortels et la maitrise des effets du virus par les grandes économies mondiales, pour savoir les grandes orientations qui sortiront de la fin de la guerre contre le COVID-19.

 C’est à ce moment qu’on pourra contempler le bout du tunnel. En attendant, Haïti doit travailler sur deux fronts : un plan d’urgence de réponse à COVID-19 et un plan de relèvement et de développement post-COVID-19. Les éléments des deux plans se retrouvent dans les divers documents et les réflexions sur Haïti, dans les tiroirs et les bibliothèques. Il faut les sortir, les épousseter, ajouter, corriger, revoir et les finaliser rapidement et approfondir la mise en application au niveau de chaque secteur, avec le secteur santé comme élément central pour le plan d’urgence, et le secteur agricole (inverser la tendance, 65% produits alimentaires locaux, et 35% produits importés) comme locomotive de la croissance inclusive pour le plan de développement, en ayant à l’esprit qu’il n’y a pas de frontière étanche et de compartimentage réel entre l’Urgence, le relèvement et le développement. Les trois sont parfois imbriqués, souvent articulés et toujours intégrés. Tout est dans la stratégie de mise en œuvre et dans l’ordonnancement du chronogramme/calendrier d’exécution.

En guise de conclusion, la question de départ demeure sans réponse pour le monde et Haïti. Les cinq puissances mondiales qui ont droit de véto au niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies se regardent avec méfiance, déplaçant chacune ses pions sans proposer de solution globale à cette crise. Sont-elles dépassées par les événements ou sont-elles en face d’une équation insolvable? En tout cas, l’Assemblée Générale des Nations Unies met la pression (réponse multilatérale) pour faire bouger les choses en faveur de l’ensemble des pays victimes du COVID-19, en particulier les plus vulnérables dont Haïti. Sommes-nous à la croisée des chemins vers un autre ordre mondial ou le maintien de l’ordre ancien modifié? L’avenir se chargera de la réponse.


mardi 3 mars 2020

HAITI S’ENLISE SOUS LA MENACE DU CORONAVIRUS: KIDNAPPING, REBELLION POLICIERE, ET J’EN PASSE



HAITI S’ENLISE  SOUS LA MENACE DU CORONAVIRUS: KIDNAPPING, REBELLION POLICIERE, ET J’EN PASSE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
3 MARS 2020
Revu le 5 Mars 2020 

La pandémie Coronavirus (COVID 19) est mondiale. Elle est là à côté. Sous cette menace, Haïti s’enlise : l’insécurité fait rage sous sa forme la plus abjecte, le kidnapping, la police en rébellion, le carnaval avorté, la rigueur de la faim, échec dialogue-inter haïtien. Que faire ?

En pleine période de kidnapping qui s’est intensifié au cours du mois de Février 2020 en frappant toutes les catégories sociales sans distinction, avec des morts, des viols  et toutes autres cruautés, le « syndicat » de la Police Nationale d’Haïti, la seule institution  responsable de la sécurité du pays, a choisi la forme la plus violente pour faire entendre sa voix. La principale responsable de ce mouvement syndical au sein de la PNH, Mme Yanick Joseph, a été convoquée à la DCPG, la police des polices, le 7 février 2020. Elle s’est faite accompagnée d’autres policiers, dont certains encagoulés. Après des accrochages  à  l’intérieur du bureau de la DCPG, les policiers « syndiqués », accompagnés d’individus encagoulés, se sont mis à tirer sur la route de Delmas, au niveau du carrefour de Delmas 2, jetant la panique au sein de la population, bloquant la circulation des véhicules, tout ceci sous l’œil des caméras des Télévisions et des téléphones intelligents. Les réseaux sociaux ont été inondés de ces images choquantes. On aurait cru des bandits.

Comme il est normal en pareil cas, les sanctions tombent. Mme Joseph et 4 de ses collègues ont été révoqués pour sédition. C’était jeter de l’huile sur le feu. Les débats contradictoires sur la question syndicale au sein de cette institution hiérarchisée faisaient rage entre les avocats, juristes inféodés politiquement ou non, arguments pour, arguments contre. Le commun des mortels y a perdu son latin. Entre temps, les policiers « syndiqués » occupaient le devant la scène, rejetant au second plan le kidnapping qui a pris de l’ampleur, occupant l’espace médiatique, Mme Joseph est devenue un symbole, une icône. Le « Syndicat de la PNH, SPNH, et des « policiers encagoulés »,  ont organisé des manifestations de rue, saisissant les clés des véhicules privés et publics, causant la peur, les traumatismes chez la population civile. Les clés ont été déposées  un peu plus tard, à mille lieux de là, à Radio Caraïbe. Imaginons la pagaille d’une telle situation.

 Après une autre grande manifestation devant le quartier général de la PNH, à Pétionville, cette fois-ci, avec la présence de Yanick Joseph, en uniforme et pieds nus, entourée de policiers en uniforme et d’autres individus encagoulés, qui se réclament du mouvement, et simulant une cérémonie « vodouesque » en bénissant les policiers « syndiqués »avec une sorte de parfum, ces « policiers », accompagnés de motards  et galvanisés à souhait, se sont attaqués au cabinet de Me Madistin, brulant des groupes électrogènes, des véhicules, ont tenté de mettre le feu aux archives du cabinet, se sont rués sur les stands de carnaval au Champs de Mars, brulant tout sur leur passage, sans la réaction du reste de la PNH. On aurait dit que c’est tout le Champs de Mars qui brulait. C’était une attaque en bonne et due forme contre l’organisation du Carnaval National. Ils ont rejoint, par ainsi, la position de la plupart des membres de l’opposition politique, d’autant que, quelques jours plus tôt, le Président Moïse et le Premier Ministre  Lapin s’enorgueillissaient de la réussite du Carnaval de Jacmel. Le Président en a profité pour équiper la Vallée de Jacmel d’équipements électromécaniques et faire d’autres promesses pour la zone du Sud-Est.

Après l’annonce du PM Lapin de maintenir coûte que coûte le Carnaval National au niveau de la zone Métropolitaine de Port-au-Prince, les choses ne se sont pas arrêtées là. Des chars musicaux, stationnés à l’intérieur de la Cour du Stade Sylvio Cator, ont été incendiés par « des individus encagoulés pour la plupart se réclamant du SPNH, et, toujours accompagnés de motards.

Pour essayer de répondre aux revendications de SPNH, les autorités ont mis en place une commission de facilitation, et la veille du Carnaval, le samedi 22 Février 2020, le Président s’est adressé au Haut Etat-major de la PNH, répondant à certaines revendications des policiers, 600 logements sociaux dont la construction débute le 31 Mars, crédit policier, augmentation de 5000 G à 10,000 G la carte de débit des policiers à la base et a promis des matériels de travail, dont 15 véhicules blindés, qui ont été remis le soir même à la PNH. Nad marinad.

Le Dimanche 23 Février 2020, le SPNH, accompagné du « peuple revendicatif » et, encore et toujours, d’individus encagoulés, c’était l’occupation du Champs de Mars et l’attaque en règle du Quartier Général des Forces Armées d’Haïti (FADH) qui a répliqué. 2 morts, un soldat et 1 policier, au moins une dizaine de blessés. L’un des civils blessés a porté plainte, par l’intermédiaire de son avocat, Me Michel André, contre le Général en chef de l’Armée « illégale », Jodel Lessage. 

En plus de cela, ces individus se sont attaqués à Radio Caraïbe, qui était en direct au moyen de ces drones, tentant d’y mettre le feu et incendiant les véhicules en stationnement devant la station. Ce qui a forcé les associations de médias et de journalistes à s’insurger contre les agissements de ces individus se réclamant du SPNH et qui mettent en péril notre fragile démocratie. Il faudrait écouter l’éditorial de Marcus Gracia de Mélodie FM à ce sujet. C’était le comble.

Le Carnaval a été annulé à Port-au-Prince, maintenu aux Cayes, à St Marc, aux Gonaïves, et au Cap-Haitien où Sweet Mickey, Michel Martelly, ancien président d’Haïti, arrivé en triomphateur au Cap, circulant à pied au milieu d’une foule de partisans au son d’une bande à pied, a dû déchanter le lendemain à cause de la manifestation anti-Martelly orchestrée par l’opposition politique et doublée de la « passivité » de la PNH du Nord. Est-ce un avant-goût de la bataille électorale de 2021 ?

Malgré tout, la bande à Martelly est sortie le 2e jour gras, accompagnée d’une foule compacte, qui a été ensuite dispersée sous une pluie de balles, heurtant le char de Sweet Mickey et blessant à la jambe l’un de ses proches fanatiques. Martelly a, dans une courte adresse pré-enregistrée, jeté l’éponge et le Carnaval du Cap-Haïtien a maintenu son cap le lendemain sans incidents, avec, entre autre, la participation de Tropicana et Septentrional, les deux orchestres ténors du pays et de la Zone Nord. 

Par la suite, les deux hauts états-majors des FADH et de la PNH se sont réunis  pour offrir une image de paix, de solidarité et d’entente pour « Koaper » ensemble le phénomène d’insécurité qui gangrène le pays. Le haut état-major de la PNH a mis sur pied une commission pour dialoguer avec le SPNH avec l’assistance du Protecteur des Citoyens, M Hedouville. Et, contrairement aux hypothèses les plus  pessimistes émises, la situation s’est miraculeusement dégelée.

Durant toute cette période troublée, les négociations entre les partis politiques ont continué dans la discrétion la plus totale, semble-t-il. Paul Denis, dans un tweet, s’est plaint  d’en être écarté et une note a annoncé l’échec des négociations inter-haïtiennes. Le  Président devrait incessamment nommer un premier ministre, et le pays, sous la menace du COVID19, devrait être doté d’un gouvernement d’ici la mi-mars. Surprise, le 2 Mars, un tweet du Président de la République annonce la nomination de l’ing Joseph JOUTHE, ministre ai de l’environnement et ministre ai de l’économie et des finances, comme nouveau premier ministre du pays. Ce dernier aura pour mission de constituer un gouvernement d’union nationale dans un délai relativement court. Il a, en effet, constitué un gouvernement basé sur "un consensus minimal", le 4 Mars 2020, et axé sur 3 priorités: (i) Rétablissement d'un climat sécuritaire, (ii)réduction  des inégalites sociales et (iii)relance de l'économie. Une lueur d'espoir dans cette tragédie haïtienne(?)

Ce film tragique, qui s’est déroulé sous nos yeux, traduit la dure réalité haïtienne, avec une gourde qui a perdu 3 points par rapport au dollar, passant de 93,50 G à 96.50 G pour 1 USD, La population appauvrie davantage par le phénomène du kidnapping, traumatisée et stigmatisée par les viols collectifs et les tueries sauvages, est confrontée à l’insécurité alimentaire, la faim, 4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire en cette période de soudure où le Barrage de Péligre n’arrive plus à alimenter en eau d’irrigation la Vallée de l’Artibonite, en proie au banditisme, et en électricité la zone métropolitaine de Port-au-Prince, en proie au blackout, au banditisme/kidnapping. Les bandits ont profité de la rébellion policière pour se renforcer et rendre beaucoup plus invivable la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ont infiltré le SPNH pour commettre leurs forfaits en toute impunité  et accomplir, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes par des gens mal intentionnés, le sale boulot pour empêcher le déroulement normal du Carnaval et attaquer le quartier général de FADH. « Une tentative de coup d’Etat », selon le ministre de la Justice.

L’échec du carnaval au niveau de cette zone métropolitaine et l’incendie des stands et des chars carnavalesques constituent une perte sèche pour l’économie et le secteur culturel. Les orchestres musicaux auront du mal à se relever d’une telle situation, la période carnavalesque étant celle la plus profitable pour ces orchestres, selon les explications fournies par les leaders de ces bandes musicales.

L’industrie du loisir, qui vient de passer toute une année de vache maigre en 2019 à cause du phénomène «peyilok», est loin de sortir de l’auberge. C’est le pays tout entier qui en pâtit.

C’est ce pays moribond, enlisé dans une crise politique sans fin (une lueur d'espoir avec le nouveau gouvernement?) et ses conséquences désastreuses sur l’économie et le social, qui attend, pratiquement sans défense, l’arrivée de cette pandémie mondiale, le coronavirus/COVID19 qui infecte, au 5 Mars, 96,170 personnes et fait 3,305 morts[1] à travers la planète. A noter qu’il n’y a encore ni remède, ni vaccin pour ce virus inconnu originaire de la Chine continentale.

En attendant, il faut se préparer. N’est-ce pas l’occasion de se donner la main pour Haïti et faire "une trêve" comme sollicité par le nouveau Premier Ministre ? Il faut oublier nos querelles politiques intestines et claniques, en nous tournant résolument vers Haïti d’abord et avant tout. Arrêtons l’enlisement de notre Haïti chérie, notre patrimoine commun!!!


dimanche 2 février 2020

HAITI, DIALOGUE POLITIQUE SUR FOND DE KIDNAPPING , DE L’INSECURITE ET SOUS LA MENACE DU CONRONAVIRUS (?)


HAITI, DIALOGUE POLITIQUE SUR FOND DE KIDNAPPING ET DE L’INSECURITE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
1er  FEVRIER 2020

L’année 2019 s’est achevée sur une accalmie politique sur fond de kidnapping, qui avait pris de l’ampleur durant la 2e moitié du mois de Décembre. C’était une année d’ouragan politique qui s’est traduit par un taux de croissance négatif (-1.2%)[1] selon le FMI, (-2%) selon le grand argentier du pays, Joseph JOUTHE, qui prévoit un taux de croissance du PIB de (0.2%)[2] pour 2020 contrairement à la Banque Mondiale qui prévoit une décroissance de (-1.4%).

Après la constatation de la caducité du Parlement par le Président Jovenel Moïse, la révocation de Me Claudy Gassant comme Directeur de l’ULCC juste après une journée porte ouverte applaudie par le Président lui-même, les bandits se font de plus en plus arrogants, tant au niveau de Martissant que de Carrefour Pèye et au niveau de la Croix-des-Bouquets, au point que la Police  ait décidé, en fin de compte, d’émettre des avis de recherche contre des grands barons les plus connus des gangs.

Le mois de Janvier 2020 a vu une augmentation du kidnapping et de l’insécurité se traduisant par des crimes odieux et spectaculaires (19 personnes tuées par balles dont 4 policiers dans la zone Métropolitaine et plusieurs autres à travers le pays, selon une organisation des droits humains (CJLAP). Quant au kidnapping, il s’oriente, ces derniers jours,  vers des religieux, 3 prêtres et une religieuse kidnappés, selon Luko Désir de  Radio Télé Eclair, Emission du 31 Janvier 2020. Il faut signaler la libération de ces religieux aux dernières nouvelles, contre rançons ou pas (?)

C’est dans ce contexte que le Comité Haïtien d’Initiative Patriotique (CHIP) a lancé, le 29 Janvier 2020, le dialogue inter-haïtien, à la Nonciature apostolique, avec l’appui du Bureau Intégré des Nations unies Pour Haïti (BINUH) et de l’OEA, dont l’objectif est d’aboutir à un accord politique pour sortir le pays de la crise.

Il faut noter que, dès le début de l’année 2020, le 1er Janvier, le Président J. Moïse n’a pu se rendre aux Gonaïves, défié par l’opposition politique. La célébration officielle de la date de l’indépendance d’Haïti a dû se faire au Palais National. Le Président en a profité pour inviter ses opposants au dialogue comme il le fait à chaque prise de parole publique depuis plus d’un an. Parallèlement, l’opposition a transformé en manifestation anti-gouvernementale les funérailles d’un militant politique  aux Gonaïves. Il faut signaler que les bandits de Savien avaient pris des dispositions pour perturber la circulation vers le grand Nord du pays au niveau de Carrefour Pèye dès le 30 Décembre 2019 jusqu’au 2 Janvier 2020. Ce qui a empêché la plupart des originaires du grand Nord de s’y rendre, pour se ressourcer, dans leurs villes et villages à la faveur des fêtes de fin d’année et du nouvel an.

Le Président au four et au moulin

Durant le mois de Janvier 2020, le Président de la République, J. Moïse, (i) a globalement repris le contrôle du pays, (ii) a effectué un certain nombre de visites dans le grand Sud et dans le grand Nord, inaugurant la mini centrale solaire de Tiburon, inspectant les travaux d’avancement de l’Aéroport des Cayes (agrandissement piste d’atterrissage), inaugurant le centre semencier du Nord-Est, inspectant les travaux de route de liaison Vallières-Mombin Crochu (percée pour la première fois) où il a déclaré « ne pas avoir un boulevard devant lui » comme on se plait à le dire après le constat de la caducité du Parlement et qu’il voudrait entamer le dialogue avec ses opposants pour sortir le pays de la crise, (iii) a  continué le « dialogue communautaire » initié en Décembre 2019, cette fois-ci au niveau de Kenskoff où il a déclaré, entre autre, que « c’est fini la transition » et a invité ses opposants à « aller aux élections »[3].

Le Parlement « caduc » ou « dysfonctionnel »

Dans un autre registre, le constat, le 13 Janvier 2020, de la caducité du Parlement, lui a valu des démêlés judiciaires avec les 9 sénateurs, élus dans les élections législatives de 2015, et qui estiment que, selon le décret électoral de 2014, leur mandat ne prendrait fin qu’en 2022 contrairement au Palais National  qui croit que, Constitution à l’appui, le mandat de ces sénateurs a pris fin le 13 Janvier 2020. Quant au Conseil Electoral Provisoire (CEP), sollicité dans le cadre de ce conflit par les Sénateurs déchus, il s’est déclaré incompétent[4].

Le parlement est donc réduit à 10 Sénateurs présidés par le Sénateur Sildor du Sud, la Chambre des Députés étant arrivée à son terme le 2e lundi de Janvier 2020. Le Parlement est donc « caduc », selon le pouvoir en place,  « dysfonctionnel », selon certains parlementaires. Question sémantique et de gaspillage d’énergies. Le parlement n’a pas fonctionné depuis son badigeonnage par des matières fécales par des partisans des Sénateurs de l’opposition et des scènes dignes d’un film de cowboy animées par deux Sénateurs proches du parti au pouvoir, dont l’un a blessé, « par accident » selon le mot du Sénateur Dumont, un partisan et un journaliste-photographe, et l’autre, l’arme au poing, menaçait les partisans de l’opposition qui le chahutaient.

 De fait, le Parlement était déjà dysfonctionnel à cause des questions de rivalités politiques responsables, en grande partie, de la situation actuelle du pays, aggravée par l’ouragan politique dû aux trois moments de « Peyilok » de 2019 et, un peu plus tôt, des événements découlant des émeutes des 6,7 et 8 Juillet 2018, liées à l’augmentation ratée des cours du carburant. Cette subvention des produits pétroliers par l’Etat constitue un manque à gagner et une contrainte au financement des activités de développement pour le pays. Tôt ou tard, il faudrait y remédier et ne plus en faire une thématique politique. Il y va du fonctionnement normal du pays perturbé depuis des années par la question du carburant contrairement à d’autres pays de la  région qui ont résolu ce problème.

Le dialogue inter haïtien à la Nonciature Apostolique

Par rapport au dialogue en cours pour sortir le pays de la crise politique à la Nonciature apostolique, voici le compte rendu du Journal Le Nouvelliste par rapport à la première journée : « Trois signataires de l’accord de Marriott sur cinq, à savoir Mache kontre, la société civile, le Bloc démocratique, et les signataires de l’accord de Kinam ont pris part à la première journée du dialogue politique. Des partis politiques signataires d’aucun accord comme le RDNP, KONA, INIFOS et Palmiste y ont participé aussi. Pour le Palais national il y avait Rénald Lubérice, secrétaire général du Conseil des ministres, Jessy Ménos et Jude Charles Faustin, conseiller du président de la République. Figuraient également la Fédération protestante, la Conférence des évêques de l’Eglise catholique, entre autres ». « La cheffe du Bureau intégré des Nations unies pour Haïti (BINUH), Helen La Lime, le représentant de l’OEA et le représentant du Vatican ont participé à l’ouverture des négociations, mais n’ont pas participé aux discussions, ont fait savoir au Nouvelliste plusieurs sources ayant pris part à la rencontre ».« À l’issue de cette première journée de discussions, sont formulées des propositions qui vont dans le sens d’un accord politique même si celles-ci ne sont pas identiques. Tous les participants sont pour trouver un accord politique », a rapporté au Nouvelliste le professeur Victor Benoît du Bloc démocratique, signataire de l’accord de Marriott.

La 2e journée s’est achoppée[5], selon les médias, sur la démission du Chef de l’Etat ou la réduction de son mandat et la formation du gouvernement. Les débats auraient étaient très houleux : les représentants de la présidence et les représentants de l’accord de Kinam étaient en face de ceux de l’accord de Marriott. Ce qui est normal. Il ne pouvait pas être autrement. En fin de compte, ils se sont rabattus sur la feuille de route du prochain gouvernement, laissant de côté les sujets qui fâchent et espérant déboucher sur « un accord ou un miracle », selon les propos de certains acteurs sous couvert de l'anonymat,  a rapporté le Journal Le Nouvelliste sous la plume de Robenson Geffrard.

Selon un tweet de R. Geffrard @robbygeff , « 12 heures de discussions entre les acteurs politiques à la Nonciature apostolique ! Les acteurs sont déjà d’accord sur la formation d’un gouvernement. Ils négocient maintenant sur la réduction du mandat de Jovenel Moïse, selon un membre de la société civile qui participe aux négociations. »

Le miracle n’a pas eu lieu. Le dialogue est un échec. La présidence n’a pas accepté la réduction du mandat du Président Jovenel Moïse, selon le Nouvelliste : « Après trois longues journées de négociations, les acteurs politiques haïtiens n’ont pas pu arriver à un accord. Une solution concertée de sortie de crise n’est pas pour demain. C'est sur l'impossibilité de s'entendre sur la question de la réduction du mandat du président de la République, que les participants ont constaté leur désaccord aux environs de 2 heures du matin, samedi 1er février après trois journées de négociations politiques à la Nonciature apostolique[6] »En tout cas, si on lit entre les lignes les extraits du communiqué du Gouvernement et de celui du « Core Group », rapportés par Le Nouvelliste, les portes ne sont pas totalement fermées pour déboucher sur un accord dans le cadre d’un éventuel autre round de négociations.

Nécessité d'un second Round de négociations

C’était une bonne chose de s’asseoir ensemble dans une conjoncture aussi difficile. Quand on voit la tournure que prennent le kidnapping et l’arrogance des bandits, il faudrait rapidement que les politiques se mettent d’accord sur quelque chose pour Haïti et non pour leur clan respectif, avec ce leitmotive : Haïti d’Abord et Avant Tout. Les accusations qui veulent faire croire que les deux camps alimentent la situation d’insécurité et de kidnapping, devraient leur permettre de s’entendre pour montrer qu’ils n’y sont pas impliqués et qu’ils veulent à tout prix sortir le pays de cet enfer, « aucun sacrifice n’est trop grand pour Haïti »,crient-ils à longueur de journée. Prouvez-le !

L’opposition politique s’insurge contre cet état de fait et programme une manifestation pour le 7 Février 2020, le jour du 3e anniversaire de la prise de pouvoir par Jovenel Moïse. En voilà une occasion, une opportunité même, pour tout le monde de se mettre ensemble contre ces bandits qui rendent le pays invivable, au lieu de s’accuser mutuellement d’entretenir cette situation qui nuit surtout au peuple haïtien. Il ne faudrait pas que ce soit un prétexte pour une reprise des manifestations anti-Jovenel Moïse vers une autre forme de « peyilok ». Ce serait dommage !

J’avais terminé mon « bilan de l’année 2019 et perspectives 2020 [7]» sur la nécessaire et indispensable concertation entre nous. Les discussions entre la plupart des acteurs politiques à la Nonciature Apostolique ont été en soi un bon début. Il faudrait rapidement reprogrammer un second round de négociations pour déboucher coûte que coûte sur  un accord politique[8],  ce serait le plus beau cadeau que nos politiciens  pourraient offrir au peuple haïtien et à notre pays en ce début d’année 2020, où le coronavirus menace la planète entière.

















[2] Interview du 1er Janvier avec K Pharel de Radio Métropole
[7] Idem que 1
[8] Qui prendrait en compte les recommandations  de ce « Bilan 2019 et Perspectives 2020 », en totalité ou en partie.