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mercredi 3 juin 2020

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (3)- SECURITE ALIMENTAIRE, INVERSER LA TENDANCE[1] (2) : ELEMENTS D’UN PROGRAMME-CADRE AXE SUR L’ENVIRONNEMENT ET L’AGRICULTURE


COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (3)- SECURITE ALIMENTAIRE, INVERSER LA TENDANCE[1] (2) : ELEMENTS D’UN PROGRAMME-CADRE AXE SUR L’ENVIRONNEMENT ET L’AGRICULTURE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
3 JUIN 2020

Malgré les prévisions pessimistes, jusqu’à date, Haïti n’a pas encore franchi le cap de 100 morts, ni le cap de 3000 contaminés sur les 5,562 testés[2]. Toutefois, les 281 cas de contamination en 24 h enregistrés, le 28 Mai et le 1er  Juin2020, inquiètent et révèlent une tendance à la hausse qui pourrait culminer dans les prochaines semaines à des sommets non connus à date. En tout cas, les sceptiques haïtiens, qui refusaient même de parler de coronavirus, et attaquaient les endroits préposés aux éventuels patients au point de bruler vif un présumé patient à Carrefour, Lamentin 52[3], en incendiant sa résidence, sollicitent de plus en plus le ministère de la Santé Publique et de la population (MSPP) pour des tests, plus de 600,000 demandes, sur fond d’insécurité au niveau de la zone métropolitaine (tueries entre gangs). Le déni fait donc place à la panique, d’autant que de grandes personnalités politiques, de médias, de l’Etat, et de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ont contracté la maladie ; un haut gradé de l’Armée en est mort, et des « foyers de fièvre » se constatent dans l’ensemble du pays, en particulier au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, et dans certaines villes de province, Gonaïves, St Marc, Cap-Haïtien, etc. Le Gouvernement, qui distribue les matériels médicaux commandés en chine pour 18.6 M USD, a déjà dépensé environ 56 M USD en relation avec la COVID-19, et  a prolongé l’Etat d’urgence sanitaire pour deux mois et rendu le port de masque obligatoire. Au niveau mondial, c’est la décrue et le déconfinement en Europe, sauf la Russie, contrairement à l’Amérique, avec les USA en tête, se débattant dans des révoltes/émeutes liées à l’assassinat de George Floyd, un noir de 46 ans, par un policier blanc, avec des répercutions au niveau mondial , suivis du Brésil avec plus de 1000 morts par jour. En clair, la situation au niveau mondial se traduit à date[4] par : 6,373,783 cas de personnes contaminées, 2,706,352 cas de personnes guéries et 379,844   cas de morts[5] ; tandis qu’Haïti enregistre officiellement, 2,509 cas de personnes contaminées, 24 cas de personnes guéries et 48 cas de morts. Les menaces de famine demeurent en Haïti et au niveau mondial.  D’où le titre de cet article, « COVID-19, HAITI ET LE MONDE ET A LA CROISEE DES CHEMINS (3), SECURITE ALIMENTAIRE, INVERSER LA TENDANCE(2) : ELEMENTS D’UN PROGRAMME-CADRE AXE SUR L’ENVIRONNEMENT ET L’AGRICULTURE ».

A.      PERSPECTIVES 10 ANS : INVERSER LA TENDANCE 65% PRODUITS ALIMENTAIRES LOCAUX ET 35% DE PRODUITS IMPORTES

Les premières conclusions par rapport à la situation alarmante d’Haïti liée, en majeure partie, à la vulnérabilité environnementale du pays haïtien, et à sa gestion socioéconomique et politique  et ses conséquences néfastes sur la vie de la population, conduisent tout droit vers des réponses de types stratégiques qui tiennent compte des expériences accumulées et des innovations à apporter dans tous les domaines de développement, en particulier l’agriculture, l’environnement, la gouvernance, et surtout  qui  visent une utilisation maximum de l’abondante main d’œuvre du pays liée à sa jeunesse, sa principale richesse.

Les réponses à fournir doivent impérativement s’articuler autour des stratégies prévues ou en cours d’application. Certaines remontent à quelques années, d’autres sont plutôt récentes. Avec l’imbrication de la communauté internationale dans la crise haïtienne et dans ses perspectives de solutions, ces réponses s’articuleront autour des stratégies mondiales ou régionales ayant une incidence directe sur Haïti, comme les 17 objectifs du développement durable (ODD) par exemple, autour du document de la stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP), du Plan d’action pour le relèvement et le développement National d’Haïti (PARDNH 2010-2030), du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH).

Plus spécifiquement, il faudra s’appuyer sur : (i) la politique de développement Agricole (PDA 2010-2025) ; (ii) le plan national d’investissement agricole (PNIA 2017-2021) et le programme triennal de relance agricole (PTRA 2013-2016) à actualiser ; (iii) le document de Synthèse des plans d’action départementaux et ses 17 axes prioritaires, en particulier ses axes liés à l’environnement (400,000 ha), l’agriculture (120,000 ha), le transport (4000 km) et la création d’emplois ; (iv) le Plan National de Sécurité alimentaire et Nutritionnelle (PNSAN 2018-2030), selon ces mêmes axes stratégiques ; (v) les diverses stratégies définies au niveau du Ministère de l’Environnement (MDE), du Ministère de l’Agriculture  (MARNDR) et au niveau de la commission nationale de sécurité alimentaire (CNSA). L’ensemble de ces stratégies constitue le cadre de référence de ce document.

En d’autres termes, avec la dépendance d’un pétrole dont le baril de brute ne cesse de battre des records de baisse[6] (autour de 36 USD/le baril), les crises de « payi lok » et du Coronavirus (COVID-19), l’intensification de la coupe des arbres pour le charbon de bois, une population devenant de plus en plus pauvre, une législation qui peine à se mettre en place et à se faire respecter, un certain laxisme des autorités face à la chose environnementale et l’absence d’un plan d’aménagement du territoire, l’aggravation de la dégradation des bassins versants va poursuivre sa progression avec les conséquences encore plus importantes que par le passé. Il faut donc agir et agir vite dans un schéma global cohérent, reposant sur une répartition territoriale  en fonction des potentialités identifiées par zone (les 5 châteaux d’eau du pays), tournant autour de la mutualisation des ressources, de l’imbrication intra-sectorielle des actions, de leur articulation intersectorielle et de leur intégration à l’action gouvernementale, centré sur la personne comme tenant et aboutissant du processus de développement, et orienté vers la production nationale, la commercialisation des produits et la redistribution de la richesse nationale.

Dans le cas contraire, la situation, vécue ces derniers mois (3e et 4e  trimestre 2019 et les 5 premiers mois de 2020, et après le passage  de la crise de COVID-19), deviendra la règle. Haïti deviendra une terre invivable et continuera de déverser ses survivants sur les rives des autres états de la Caraïbe, de l’Amérique du Nord et de l’Amérique latine. La pression démographique étant relativement élevée, il faut s’attendre à une dégradation plus importante de l’environnement global, une occupation plus anarchique des terres et par conséquent à des conséquences socioéconomiques de plus en plus dramatiques, des phénomènes naturels comme les ouragans, les cyclones et les tempêtes et les tremblements de terre, des phénomènes politiques de type « peyi lok », s’il n’y aura pas une prise de conscience nationale.

Cette prise de conscience devrait nous permettre d’inverser la tendance actuelle en matière de sécurité alimentaire qui se traduit par 65% de produits alimentaires importés et 35% de produits alimentaires locaux. Ne serait-il pas possible d’inverser réellement la tendance en faveur de notre pays ? Ce document propose certaines actions à entreprendre pour y arriver dans le cadre de ce programme de sécurité alimentaire axé sur l’environnement et l’agriculture et utilisant des approches appropriées.


B.      APPROCHES BASSIN VERSANT, PARTICIPATION, INTERCOMMUNALITE ET MULTISECTORIALITE


Les principales approches supportant les actions dans les bassins versants

L’historique des actions de réhabilitation de l’environnement montre des millions de dollars engloutis pour des résultats mitigés mais dans l’ensemble peu convaincants. Toutefois, deux grandes approches se sont dégagées dans le temps : l’approche bassin versant (années 1950-1960)  axée beaucoup plus sur les structures mécaniques dans une unité hydrographique ou BV, menée de manière dirigiste par l’Etat avec une implication très limitée des bénéficiaires dans les décisions, et l’approche parcelle (années 1980) axée sur les structures biologiques dans des micro ou sous bassins, impliquant au premier  chef les ONG avec une utilisation de la participation des bénéficiaires dans les décisions à tous les niveaux. Une troisième approche (années 1990-2000), une sorte de combinaison des deux précédentes, axée sur une implication effective des divers acteurs (Etat, ONG, Bénéficiaires et Collectivités territoriales) tente de s’imposer, en utilisant le contrôle de l’érosion comme un moyen plutôt qu’un but, en encourageant la production agricole par une  meilleure utilisation des sols, de l’eau et la fertilité, en visant surtout l’amélioration des conditions économiques des communautés locales bénéficiaires par l’utilisation de la méthode HIMO et autres. Les résultats sont encourageants mais la durabilité des actions laisse à désirer à cause du manque de suivi et de la prise en charge des actions par les acteurs, chacun en ce qui le concerne.

L’Intercommunalité et la multisectorialité

Les cinq châteaux d’eau du pays regroupent les 4 régions (Nord, Centre, Ouest et Sud), les divers départements et communes du pays, sont à cheval sur plusieurs communes, départements et régions. Ces communes, départements et régions hébergent l’ensemble  des actions sectorielles.  Ce qui implique ipso facto la nécessité des approches intercommunales et multisectorielles pour améliorer l’efficacité et l’efficience des actions d’urgence, de relèvement et de développement. Comme les rôles et les responsabilités ne sont jamais clairement définis, c’est ce qui explique la situation actuelle du pays où tous les indicateurs sont au rouge. Il y a lieu donc de combiner l’ensemble de ces approches, d’approfondir leurs modalités d’application et leur application effective par région, département, commune et section communale. Il y va de l’avenir d’Haïti.

C’est dans cette perspective d’agir autrement qu’il est proposé  ce programme et ses éléments clés.

C.       ELEMENTS CLES DU PROGRAMME-CADRE

                 Les actions à entreprendre

Pour mener à bien un tel programme, il y a lieu de retenir un certain nombre d’actions interalliées dont les 7 principales suivantes : (I)     Les actions de relèvement et de réhabilitation des bassins versants ; (II)   La remise en état, la réhabilitation et la construction des systèmes d’irrigation ; (III)            L’appui à la production agricole et à la valorisation des biens agricoles ; (IV).      La remise en état des pistes rurales vers des zones de production ; (V) L’appui à une définition institutionnelle claire et au renforcement de l’Etat et des collectivités territoriales ; (VI)           La prise en compte de la question de formation, et (VII)          L’utilisation de l’approche HIMO[7] comme mode d’exécution par excellence.

(I)          Les actions de relèvement et de réhabilitation des bassins versants

Les actions de relèvement et de réhabilitation au niveau des bassins versants, en particulier au niveau des 5 châteaux d’eau du pays et les sous-bassins (400,000 ha) surplombant les périmètres irrigués et irrigables, se concentreront sur la mise en place des structures mécaniques et biologiques pour  conserver les sols et l’eau et arriver à l’emblavement en cultures appropriées des bandes de terre entre les structures mécaniques et biologiques, là où c’est possible, en s’appuyant sur l’agroforesterie comme mode opératoire. Les ravines seront traitées selon les techniques appropriées, les sources seront captées et utilisées au besoin de la population, tandis que les rivières seront maintenues dans la mesure du possible dans leur lit par des techniques appropriées. La mise en place de pépinière sera encouragée. Il est proposé une approche intégrative[8] de réhabilitation de l’environnement associée à une utilisation optimum de la modalité HIMO pour déboucher sur des activités économiques génératrices de revenus. Ceci inclut également et, entre autre, au niveau de la gouvernance, la participation effective des collectivités territoriales concernées.

(II)         La remise en état, la réhabilitation et la construction des systèmes d’irrigation (120,000 ha)

Une attention soutenue sera accordée aux périmètres irrigués dans les bassins versants retenus. Des travaux de curage seront effectués suivi de travaux de réparation  et de réhabilitation/construction pour les rendre opérationnels et garantir, en combinaison avec d’autres facteurs, de meilleurs rendements pour une meilleure sécurité alimentaire. Au niveau de la sécurité alimentaire, les grands points d’intérêts identifiés par le MARNDR, la CASDA et la CNSA serviront d’éléments de base pour l’analyse mais surtout pour guider les propositions et recommandations à faire aux responsables nationaux, locaux et aux bailleurs à différents niveaux.

                 (III)    L’appui à la production agricole et à la valorisation des biens agricoles

Au niveau de la production agricole incluant la pêche, l’aquaculture et l’élevage, les actions sont très liées à celles de la sécurité alimentaire. Elle fait facilement le lien entre la gestion de l’environnement et la sécurité alimentaire. La production locale ne bénéficiant que de peu d’encadrement subit la concurrence des produits importés, souvent déjà subventionnés depuis leur pays d’origine. Toutefois des efforts sont faits dans le domaine de la production agricole dans certaines zones avec des succès pouvant se répliquer ailleurs dans le pays. L’appui à la production prendra la forme de services financiers de proximité, d’introductions de techniques culturales antiérosives, d’introduction de cultures à haute valeur ajoutée et adaptées au changement climatique, de transformation artisanale et industrielle de produits agricoles, de l’appui à la commercialisation de ces produits sur le marché local et sur le marché international.

                 (IV).      La remise en état des pistes rurales vers des zones de production

Le monde rural est desservi par un réseau de pistes totalisant approximativement 2000 KM. Ces pistes ne sont pour la plupart praticables qu’en saison sèche. Certaines nécessitent, même en saison sèche, d’être prolongées pour atteindre les zones de production. En saison pluvieuse, en général quand la production agricole est abondante, elles sont, pour la grande majorité, impraticables, causant des pertes énormes de produits agricoles comme les fruits, les légumes (40% environ). Ne serait-ce que pour réduire les pertes  de 50%, il serait vital pour l’économie haïtienne que l’Etat fasse quelque chose. Un programme de réparation, de réhabilitation, et de constructions de tronçons vers des zones de production serait le bienvenu (environ 750 Km de pistes prioritaires dans un premier temps et sur période relativement courte). Le document de synthèse des plans d’action départementaux pourrait aider à l’identification de ces pistes prioritaires, le MARNDR dispose des données sur ces pistes prioritaires (voir le document du MARNDR Bassin et Pistes rurales, études financées par la BID). Le CNGIS facilitera le travail des techniciens chargés de l’élaboration  de cet axe du programme en leur fournissant les cartes y relatives.

(V)         L’appui à une définition institutionnelle claire et au renforcement de l’Etat

Au niveau de la gestion environnementale, l’un des obstacles identifiés pour une gestion durable demeure l’inefficacité de la coordination institutionnelle actuellement. La faiblesse institutionnelle de l’état à travers le MDE ou encore le MARNDR et le manque de définition des rôles expliquent parfaitement leur incapacité à délivrer les services dus à la population. A cette faiblesse s’ajoutent le financement global, la qualité des extrants, le manque de ressources humaines qualifiées, disposées et disponibles et, dans une certaine mesure, un manque de volonté soutenue du côté des autorités du pays. D’où nécessité de fournir un appui  pour aider à la correction de ce problème mais aussi pour faire un plaidoyer sur un plan d’aménagement du territoire et un plan de renforcement de l’Etat et des collectivités territoriales (gouvernance étatique et gouvernance territoriale, déconcentration et décentralisation).

(VI)        La prise en compte de la question de formation

La formation, qui est transversale par rapport à l’ensemble des éléments stratégiques retenus, demeure la pierre angulaire pour la réussite de tout programme de réponse aux problématiques décrites. C’est l’élément clé par excellence. Elle prendra la forme de séminaires, de sensibilisation/information, de plaidoyer, de formation de moyen et long termes, et se concentrera sur les aspects participation des communautés, de gestion décentralisée des ressources naturelles, de l’intercommunalité  dans le souci d’une appropriation par les acteurs bénéficiaires.

(VII)      L’utilisation de l’approche HIMO comme mode d’exécution par excellence

L’utilisation de l’abondante main d’œuvre dont dispose le pays haïtien est un impératif. La main-d’œuvre haïtienne est en générale non qualifiée, mais elle est disponible et est façonnable à souhait surtout manuellement. L’expérience l’a prouvée. Malheureusement, elle n’a jamais fait l’objet d’une utilisation systématique dans le cadre d’une politique publique conçue à cet effet. D’où la nécessité, surtout dans la conjoncture actuelle, de réparer ce tort, en permettant aux couches les plus défavorisées de participer dignement au développement durable de leur pays. Toutefois l’approche HIMO n’écartera pas l’approche HIEQ[9] là où c’est possible et nécessaire, pour garantir la durabilité des infrastructures réhabilités et/ou construites

D.      CONSIDERATIONS FINALES

L’environnement d’Haïti reste et demeure son problème numéro 1. Chaque année, les bassins versants dégradés du pays déversent des tonnes d’eau  dans les villes et les champs, causant des pertes en vies humaines, au niveau des maigres infrastructures productives (Route, Irrigation, drainage urbain) et dans l’agriculture. Cette situation devient de plus en plus grave compte tenu du phénomène du Changement Climatique (CC) et demeure un frein sérieux au développement du pays. Dans l’espace de quatre ans (2004-2008), la ville des Gonaïves a été victime de deux tempêtes plutôt mineures par rapport à l’échelle de référence. En Janvier 2010, un tremblement de terre de 7.2 a fait périr plus de 300,000 personnes en 35 secondes et causer des pertes et dommages estimés à 120%du PIB. En octobre 2016, le pays est dévasté par l’ouragan Matthew de catégorie 4, dont les dommages et pertes sont estimés à 32% du PIB. Sans oublier les longues périodes de sécheresse alternées à des périodes d’inondations et les menaces liées aux saisons cycloniques annuelles et aux tremblements de terre dont celle du séisme du Nord du pays (prévision) qui dégagera une énergie équivalente à « 900 bombes atomiques », selon le Directeur du Bureau des Mines et de l’énergie, l’Ing. Claude Prépetit. Ce qui dénote le degré de fragilité et de vulnérabilité d’Haïti aux aléas hydrométéorologiques et tectoniques  par rapport aux autres pays de la région.

Pour contribuer à  l’atténuation de ce problème, Haïti a intérêt à se doter d’outils efficaces de politiques publiques orientées vers la gestion environnementale, l’adaptation aux CC et les risques tectoniques, à travers des institutions préposées à la gestion de ces menaces. La communauté internationale soutiendra sans doute une telle approche. En ce sens, elle serait disposée, avec l’aval du Gouvernement Haïtien (GOH), à participer à (i) l’accompagnement du GOH dans l’élaboration  d’un tel programme, (ii) à une contribution substantielle  au financement de l’exécution, et (iii) à la prise en charge des infrastructures par les bénéficiaires. D’où la nécessité d’un programme-cadre décennal bien ficelé, avec une définition claire et précise des rôles et responsabilités de chaque partie prenante, avec des possibilités d’extension sur un horizon plus large, 20, 25 ans, et couplé à d’autres programmes sectoriels en liaison avec la sécurité alimentaire, pour inverser la tendance actuelle en notre faveur, soit 65% de produits locaux et 35% de produits importés, et atteindre à terme un niveau d’autosuffisance alimentaire de 85%.



[2] On dénombre à l’Hôpital de Mirebalais beaucoup de cas asymptomatiques, donc il faut redoubler de vigilance.
[3] Rapporté par Enock Arismat de Vision 2000 sur son compte tweeter.
[4] https://infographics.channelnewsasia.com/covid-19/map.html, situation évolutive d’heure en heure.
[5] C’est la décrue aussi au niveau mondial en termes de nombre de morts/jour. C’est bon signe.
[6] Pour combien de temps encore, avec le déconfinement au niveau mondial? Rappelons qu’en 2008, lors des émeutes de la faim au niveau mondial, le baril de brute avoisinait 100 USD.
[7] Sans négliger là où c’est nécessaire la combinaison d’approches haute intensité d’équipements (HIEQ) et Haute intensité de main d’œuvre (HIMO).
[8] Mutualisation des ressources, imbrication intra-sectorielle, articulation intersectorielle et intégration à l’action gouvernementale.
[9] Haute intensité d’équipement  ou HIEQ

mercredi 6 mai 2020

COVID-19, HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 2, PROFITER DE LA CRISE POUR INVERSER LA TENDANCE EN MATIÈRE DE SECURITE ALIMENTAIRE


COVID-19, HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 2, PROFITER DE LA CRISE POUR INVERSER LA TENDANCE EN MATIÈRE DE SECURITE ALIMENTAIRE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
6 MAI 2020

L’économie mondiale rentrera en récession au cours de 2020, chute du prix du baril de pétrole, chute marché boursier, chute du PIB deux fois consécutives, c’est aussi simple, selon Dr Labossière[1]. A la base de tout cela, le coronavirus. Il se propage de manière différenciée d’un continent à un autre et d’un pays à un autre, jetant en deuil des milliers de familles, forçant les états à se replier et à compter sur eux-mêmes, en cherchant des solutions appropriées pour faire face à la pandémie et préparer l’après crise, le cas de Madagascar[2]. Ce qui a inspiré le Group Croissance dans le choix du thème de cette année pour la semaine de la Finance et de la Technologie. Par rapport à ce repli sur soi, notre pays, Haïti, cherche aussi sa voie et veut profiter de l’opportunité pour mettre de l’ordre chez elle. En tant que technicien, nous essayons de l’orienter dans sa recherche de solution, en l’aidant à affiner sa réponse face au COVID-19, mais aussi en la poussant à aller très au-delà de cette crise qui porte en elle les germes d’une rédemption définitive  sur un horizon de 25 ans. D’où le titre de cet article : « COVID-19, HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS NO 2, PROFITER DE LA CRISE POUR INVERSER LA TENDANCE EN MATIÈRE DE SECURITE ALIMENTAIRE ».

L’Economie mondiale en récession à cause du Covid-19

Comme suggéré dans mon dernier article[3], il faudrait revoir à la hausse les chiffres liés à la récession tant en Haïti qu’au niveau mondial. Les autorités haïtiennes parlent maintenant d’une chute du PIB de (-4%) au lieu de (-2.7%). Les puissances économiques comme les USA (-4.8%) pour le 1er trimestre, l’Allemagne (-6%) pour l’année, la France (-8%) pour la même période, ont revu à la hausse les chiffres de leur récession. Comme je l’avais prévu, on est donc parti vers une récession mondiale beaucoup plus importante que celle de 2009.

Quant au Coronavirus, il atteint des chiffres astronomiques en termes de quantité de personnes infectées (3,659,011),  de morts (259,574) et de guérisons (1,197,313) au niveau mondial[4], et en Haïti, on relève (101) personnes infectées, (12) morts, (10) personnes guéries au 5 Mai. Tandis qu’en Asie et en Europe, il est sur la pente descendante ; en Amérique Nord, Amérique Latine et les Caraïbes, il  continue sa montée vers son pic, et en Afrique, il entame à peine sa montée.

En Europe, la courbe en cloche laisse présager une amorce vers la fin du Covid-19  pour ce continent ; faudra-t-il s’attendre à une descente aussi rapide que la montée ? En tout cas, on parle déjà de déconfinement progressif. Certains pays européen comme l’Allemagne, la France, l’Italie, pour ne pas les citer tous, planifient des dates pour le déconfinement.

Quant aux USA, le pic n’est pas encore atteint ; pourtant Président Trump qui a gaffé en demandant à ses concitoyens de s’injecter des désinfectants, vite rectifié à partir du tollé mondial provoqué,  parle aussi de déconfinement sous prétexte de relancer la machine économique américaine, sur fond de polémique avec des Gouverneurs démocrates de New-York et de California, tandis que d’autres Gouverneurs, comme celui de Georgia, ont déjà procédé au déconfinement. La bataille électorale pour la présidentielle de Novembre 2020 aux USA  est donc en marche sur fond de Coronavirus.

Le Covid-19 naturel ou pas ?

Quant à la Chine, l’usine du monde d’où est parti le coronavirus, elle a amorcé sa reprise réelle, tout en faisant face à un flot d’accusations de la part de l’Occident, USA en tête, l’Allemagne, l’Australie, la France, etc. Ce que Pascal Pecos Lundy (PPL) qualifie de « la riposte de l’occident ». Et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui croit que le virus est « naturel », est jugée trop indulgente vis-à-vis de la Chine, selon M. Trump, qui a suspendu son appui financier à l’OMS. Cette dernière a dû demander à la Chine de « l’inviter »  pour faire la lumière sur les suspicions ; d’autant que le professeur Luc Montanier, Prix Nobel de la Médecine pour la découverte du virus du SIDA, insinue que le COVID-19 n’est pas « naturel ». Ce qui a renforcé l’Occident dans sa conviction liée à la responsabilité de la Chine dans cette catastrophe sanitaire et son impact sur l’économie mondiale. Et M. Trump de s’agiter avec ses menaces contre la Chine. On verra.

Haïti, la menace est multiforme : réduction de transferts, Gangs, « Fantom 509 »

En attendant, Haïti, qui a renouvelé pour un mois supplémentaire son « Etat d’Urgence sanitaire », avec ouverture sur l’état d’urgence agricole/sécurité alimentaire[5], se bat contre ce fléau avec les moyens du bord, en décaissant ses fonds propres (18.6 M USD) pour une commande de 463 tonnes matériels médicaux en chine et d'autres dépenses pour faire face aux urgences). La mise à disposition des fonds de FMI (111.6 M USD), de l’USAID, et la concrétisation des promesses de fonds de la BID (17 M USD + la réallocation des fonds sur les projets déjà en cours), de la Banque Mondiale , de l’Union Européenne (165 M Euros), font au total 850 M USD attendus en support au COVID-19. Et le pays reste sous la menace (i) de la réduction des transferts de la diaspora de 557 M USD, (ii) de l’extension du COVID-19 avec le rapatriement de 21,000 réfugiés, éparpillés sur la majeure partie du territoire dont certains sont porteurs de cette maladie, (iii) des gangs du Village de Dieu qui bloquent l’entrée sud de Port-au-Prince, tuent de paisibles citoyens  à quelques encablures du Palais National, (iv) des gangs de la Vallée de l’Artibonite qui nuisent à la production agricole et à la circulation des véhicules sur la Nationale No 1,  et au transport des biens, (v) du groupe  de « policiers Fantom 509 », qui, le Lundi  27 Avril 2020, a enflammé une partie de la zone métropolitaine et s’est permis d’incendier 4 véhicules dont 3 de l’Etat sur la cour même du Ministère  de l’économie et des finances (MEF), réclamant 50,000 G de salaire de base et 25,000 G sur la petite carte. Inouï. Des revendications impossibles à satisfaire vu l’état de délabrement de l’économie haïtienne à l’heure actuelle. Sont-ce vraiment des policiers? Et pourquoi choisir justement la date de la fin de l’ultimatum de 72 h du Ministre de la Justice et de la Sécurité publique, M. Lucmane Délile, pour déguerpir les bandits de Village de Dieu ? Simple coïncidence ou choix délibéré de la part de « Fantom 509 »?

La semaine de la finance du Group Croissance et l’agriculture

C’est dans cette ambiance que le Group Croissance et ses partenaires ont choisi pour lancer virtuellement, du 28 au 30 Avril 2020, la semaine de la Finance et de la Technologie, sous le thème, COVID-19 : FINANCER LA RÉPONSE, PRÉPARER LA REPRISE. Tous les intervenants ont scrupuleusement respecté le thème retenu. On en a appris beaucoup de choses. Tous les haïtiens capables de le faire, en particuliers, nos élites, devraient se donner le plaisir de lire, d’écouter  ou de réécouter ces exposés les uns plus enrichissants que les autres. Dans le cadre de cet article, j’utilise  en particulier les exposés de MM. Pierre Marie Boisson et Thomas Lalime et leurs liens avec le secteur agricole et la sécurité alimentaire.  J’ai beaucoup apprécié le coté optimiste de l’exposé de Pierre Marie Boisson, rapporté par Le Nouvelliste[6] : « Sur la baisse d’environ  600 millions de dollars américains, prévue  par le Fonds monétaire international (FMI), au niveau des transferts dans le monde, Haïti enregistre une diminution  de 557 millions de dollars sur les envois de fonds de ses migrants », a indiqué M. Boisson, précisant que 60% des familles haïtiennes vivent des transferts.

Plus loin dans  ce même article : « Haïti va recevoir pour l’année 2020 au moins 400 millions de dollars américains des bailleurs de fonds. Ensuite, l’Etat va économiser 240 millions de dollars, le montant que représentait la subvention des produits pétroliers à la pompe sur une année. Haïti gagnera sur le pétrole ce qu’elle va perdre sur les transferts, les exportations et le tourisme »…« Une amélioration du climat de sécurité facilitera le déplacement des produits agricoles du milieu rural vers les villes et la circulation des touristes locaux dans tout le pays. Il est aussi important d’avoir des investissements dans le domaine d’assainissement : des investissements dans des travaux d’adduction d’eau potable, des canaux d’irrigation, de drainage, etc. Des investissements doivent être consentis aussi pour améliorer les axes routiers et les attraits des sites touristiques », a recommandé Pierre-Marie Boisson.  

 D’un autre côté, Dr Thomas Lalime croit que  « Si plus de 80% de la population utilise du moins un produit dans un secteur donné d’activité, cela donne une idée du potentiel dudit secteur pour la croissance économique ». Qui dit médecine traditionnelle dit secteur agricole.

COVID-19, Secteur Agricole et Sécurité alimentaire (dégringolade de produits locaux de 50% à 35%)

Comme en 2008, le monde entier craint les émeutes de la faim pendant et après le Covid-19. D’ailleurs, la Russie, grande productrice de céréales et exportatrice de ces denrées, décide de geler toute exportation jusqu’au 1er juillet 2020. D’autres pays grands producteurs agricoles ont la même tendance. Les USA ont débloqué 10 Mrds USD pour supporter les producteurs agricoles américains. Il est donc prévu une rareté des produits alimentaires sur le plan mondial. Donc « chak koukouy klere pour jew » (il faut compter d’abord sur soi-même).

Les spécialistes haïtiens et même le simple observateur pensent que c’est le moment ou jamais de relancer le secteur agricole et, cette fois-ci, pour de vrai. Quand on regarde ce qui se passe au niveau du secteur agricole et au niveau de la sécurité alimentaire (SA), on constate une dégringolade de la SA de 2012 à 2020. Lors de l’élaboration participative du plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN 2018-2030), on a constaté que, même dans les zones les plus reculées du pays, 30% des produits alimentaires étaient locaux et 70% importés (2017). Dans les documents produits sur Haïti (2019-2020, les produits alimentaires importés représentent 65% et les produits locaux 35%, donc une dégringolade des produits alimentaires locaux. Or si on relit le Programme Triennal de relance agricole (PTRA 2013-2016), on constate qu’en 2012, l’équilibre était parfait entre les produits importés et les produits locaux. Il était projeté d’atteindre le chiffre optimiste de 60% de produits alimentaires locaux en 2016. A la fin de 2013 le secteur agricole a crû de 4.6% en termes de PIB agricole (PIBA), portant ainsi la croissance économique à un PIB de 4.2%. On était plutôt bien parti.

Mais les Cyclones naturels et anthropiques en décident autrement

 Pourtant,  dès 2014, la crise politique qui était à l’état latent s’est intensifié et provoqua  le départ du Premier Ministre Lamothe et son remplacement par Evans Paul en 2015. Le gouvernement de transition d’Enex Jean Charles et du Président provisoire Jocelerme Privert, tout en se débattant dans la résolution de la crise politique par l’organisation  d’élections générales, va être frappé par le cyclone Matthew de catégorie 4, achevant de mettre à plat l’économie, avec des pertes et dommages estimés à 32% du PIB[7]( plus de 600 M USD au niveau du secteur agricole). L’élection de Jovenel Moïse a apporté, sur fond de contestations, une éclaircie de quelques mois, jusqu’au premier choc du 12 Septembre 2017, manifestation contre «le budget criminel ». C’était le redémarrage de la crise politique qui allait culminer les 6.7 et 8 Juillet 2018, jusqu’aux phénomènes de « peyilok » de 2019, et les phénomènes connexes, comme le gangstérisme, le kindnapping, la rébellion policière, et, sans crier gare, le covid-19 s’est mêlé de la partie, avec son lot d’incertitudes.  Cette dernière crise a donc trouvé un pays exsangue avec une chute du PIB  (-1.2%, +ou-100 G pour 1 USD, actuellement entre 103.25 et 104.75 G pour 1 USD[8]), un secteur agricole désarçonné, incapable de bien jouer sa partition en termes de disponibilité alimentaire, des produits alimentaires répartis en 65% de produits importés et 35% de produits locaux. Le panier de la ménagère avoisine 2000 G/jour (1960 G) en Mars 2020, selon la CNSA. D’où la nécessité de faire quelque chose pour le secteur agricole et inverser la tendance en matière de sécurité alimentaire.

              Nécessité de saisir l’opportunité que représente le CODIVID- 19

Par rapport au constat de repli sur soi de chaque Etat, Haïti risque de connaitre des moments difficiles en matière d’insécurité alimentaire qui pourrait déboucher sur des émeutes en dépit des promesses et apports de la communauté internationale qui pourraient avoisiner les 850 M USD. C’est  pourquoi dans la  réponse globale au covid-19, nous avons proposé deux phases, une phase d’urgence axée sur la santé publique et une phase de relèvement et de développement axée sur le secteur agricole et sur la sécurité alimentaire qui exige une approche multisectorielle, impliquant plusieurs ministères sectoriels comme le prévoit le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN 2018-2030).

Le plan de réponse du Ministère de l’agriculture au covid-19 contient ces deux aspects et se circonscrit dans la période du mandat de l’administration  Moïse. Ce plan qui privilégie l’aspect urgence à cause du COVID-19, doit aller au-delà de l’administration actuelle pour ne pas subir le sort des divers plans et programmes du ministère de l’agriculture avant lui, très prometteurs mais trop circonscrits au temps politique, par exemple le Programme Triennal de Relance Agricole (PTRA 2013-2016) qui devait théoriquement nous amener à une autosuffisance alimentaire autour de 60% en 2016, mais qui, malheureusement, a dû être mis au rencart pour cause de manque de continuité de l’Etat.

Le  Plan de réponse idéal du secteur agricole et de la sécurité alimentaire

Le plan de réponse axé sur le secteur agricole et la sécurité alimentaire[9] devrait s’étendre jusqu’en 2030, la même année que les objectifs de développement durable (ODD 2016-2030), et la même année que le PNSAN 2018-2030, pour bien intégrer les aspects d’urgence, de relèvement et de développement, comme le plan de réponse du secteur agricole produit après le tremblement de terre, malheureusement transformé, avec l’aide de la communauté internationale, en plan national d’investissement agricole (PNIA 2010-2016) sur une période plus courte que prévue initialement.

Ce plan devrait tenir compte d’une série d’éléments-clés : (i) l’agriculture pluviale (700,000 ha), (ii) l’agriculture irriguée (80,000 ha actuellement + 40,000 ha plus tard à déduire des 700,000 ha sous la pluie), (iii) l’agriculture urbaine, (iv) l’utilisation des fermes d’Etat[10] (10,000 ha et 12,000 ha squattérisés à récupérer plus tard après entente), (v) la pêche et l’aquaculture, (vi) l’élevage, (vii) l’apiculture, (viii) l’agroforesterie sur les terres agricoles (au moins 300,000 ha en zones humides), en particulier sur les pentes supérieures à 10% et comprises entre 10 et 45%, (ix) l’arboriculture fruitière et forestière, (x) la réorganisation du ministère de l’Agriculture autour de 4 grandes directions, Aménagement, Filières, Innovation,  et Marché, qui, comme le ministère de l’ économie et des Finances (MEF), seront des directions générales auxquelles on adjoindrait l’adjectif « adjointes » comme lorsque Philippe Mathieu était ministre de l’agriculture (2004-2006), et les titulaires auront le titre de Directeurs Généraux Adjoints et le même salaire que les directeurs de direction mais avec une prime spéciale plus élevée due à leur rang, à leurs rôles et responsabilités de coordination et de supervision d’un ensemble de directions.

Pour la mise en application des actions par sous-secteur et domaines connexes, il devrait y avoir des programmes bien ficelés, le tout englobé par un programme-cadre de type PTRA sur une période de 10 ans. Le plus important, il faudrait maintenir une continuité sans faille d’un programme à l’autre sans les habituelles cassures liées au changement de ministres et de gouvernements (instabilité gouvernementale).

                 Un plan global de développement, horizons 10, 20 et 25 ans

Enfin, il faudrait la mise sur pied d’un Plan-Cadre pour Haïti. Il serait par conséquent nécessaire d’élaborer un plan global de développement du pays sur 25 as en remplacement du plan actuel, le PSDH, incluant le programme décrit plus haut, d’autres plans et programmes sectoriels de même type dans les autres domaines et secteurs de la vie nationale, comme la sécurité du pays, l’éducation, la santé, les infrastructures de transport, de  la communication, les industries, le tourisme, etc., à partir des approches participatives, bassin versant, intercommunalité et holistiques, pour sortir le pays définitivement  de sa situation actuelle et amorcer son développement réel et durable.

Ce plan global aurait pour thème central la sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN), s’alignerait sur le PNSAN actuel et viserait, dans un premier temps, d’inverser la tendance actuelle en matière de sécurité alimentaire à l’horizon 10 ans, et,  dans un second temps, d’atteindre un niveau d’autosuffisance alimentaire de 80% à l’horizon 20 ans  et 85% à l’horizon 25 ans. La finalité de ce plan serait d’aboutir à un autre type d’haïtien issu d’un nouveau système, favorisant son évolution intégrale, en parfaite santé, bien éduqué, compétitif à l’échelle de la planète, et qui sera prêt à se sacrifier pour perpétuer ce nouveau système et la vision de la nouvelle Haïti.


C’est cette vision de la nouvelle Haïti qui doit sortir de l’opportunité que représente le COVID-19 et c’est ce à quoi nous devons nous atteler dès à présent, chacun en ce qui le concerne, au lieu de continuer à nous chamailler pour des broutilles de pouvoir dans un pays exsangue.





[1] Economiste haïtien de renom, aux USA on parle de récession  quand le PIB chute deux trimestres consécutifs.
[2] Ce pays se targue d’avoir trouvé le breuvage traditionnel pour guérir le covid-19. Démonstration de son président en personne qui a fait « buzz » sur les réseaux sociaux.
[4] https://infographics.channelnewsasia.com/covid-19/map.html, l’évolution se fait d’heure en heure
[5] Interview du PM Jouthe avec Marie Lucie Bonhomme de Vision 2000
[7] PDNA Janvier 2017, MPCE.
[8] UNIBANK
[9] A noter que la sécurité alimentaire est beaucoup plus large que l’agriculture et ne se résume pas à l’agriculture comme perçue dans certains articles lus dans la presse
[10] La CASDA, cellule d’appui Stratégique au Développement de l’agriculture dispose d’un document y relatif.

dimanche 5 avril 2020

CORONAVIRUS (COVID-19), LE MONDE ET HAITI A LA CROISÉE DES CHEMINS(?)


CORONAVIRUS (COVID-19), LE MONDE ET HAITI A LA CROISÉE DES CHEMINS(?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
5 AVRIL 2020 REVU LE 6 AVRIL 2020

Le Coronavirus/COVID-19 est en Haïti officiellement depuis le 19 Mars 2020. On enregistre  en  Haïti, 21 cas confirmés, 1 mort (5 Avril) et une personne guérie , et dans  le monde, 1,255,861 cas confirmés, 68,869 morts et 259,692 personnes guéries à date[1]. Cette pandémie met le monde à genoux au propre comme au figuré. Mise à part la Chine, l’usine du monde, le premier pays touché, qui amorce une certaine reprise, l’économie mondiale est en lambeau. La première puissance mondiale ne sait pas à quel saint se vouer, plus de 6.5 M de personnes au chômage, les autres puissances économiques, en particulier celles du G7, sont en confinement total comme l’Italie et ramassent des morts à la pelle. Et les solutions ne sont pas pour demain. Haïti, qui vient de connaitre le phénomène de « peyilok », prolongé par le kidnapping, la rébellion policière, était déjà moribonde et enlisée[2] avant l’arrivée du COVID-19. C’est un pays très fragilisé, pataugeant dans une crise socioéconomique et politique qui va s’aggravant, avec un taux de croissance négative économique (-1.2%[3]) en 2019, un taux de change franchissant, ces derniers jours, la barre psychologique de 100  G pour 1 USD, un taux de chômage supérieur à 65%, et une insécurité alimentaire touchant 4.1 M de personnes, qui fait face au COVID-19. N’est-ce pas le moment de se demander si le monde et Haïti ne sont pas à la croisée des chemins? 

A.    LA SITUATION MONDIALE ET LE COVID-19

La situation au niveau mondial est plutôt catastrophique et chaotique. Quand on regarde le nombre de cas de contamination et le nombre de morts enregistré par jour, on ne trouve pas d’adjectifs plus appropriés pour qualifier la situation mondiale actuelle. Mis à part la chine, la Russie et Cuba, on a comme l’impression que tous les gouvernements ont été pris de court par la pandémie COVID-19. Les systèmes de santé ne répondent pas correctement aux effets de la pandémie et ne proposent pas de solutions adéquates aux politiques pour des décisions rationnelles. Tout le monde  singe la Chine, le confinement partiel ou total, l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne, le Canada, la République Dominicaine, Haïti, pour ne citer que ceux-là. Or le confinement signifie l’arrêt des activités économiques, la fermeture des frontières, la non circulation des personnes et le ralentissement de la circulation des biens, le ralentissement des services non essentiels, la concentration maximale sur la réponse de santé face au coronavirus. Donc, il va sans dire que l’économie mondiale est en train de prendre un sacré coup dont peut-être elle ne se relèvera jamais, en tout cas pas sous sa forme actuelle. Le système politique à l’occidental également (?). Cela est une autre histoire. Concentrons-nous sur l’aspect économique et financier.

En 2009, l'économie mondiale s'est contractée de 1,7%

L’économie mondiale subit les conséquences du COVID-19, le marché financier également. Il suffit de regarder ce qui se passe au niveau du marché boursier mondial. La récession marche à grand pas et s’accélère avec le coronavirus. Par rapport à 2009, la plus récente année de récession mondiale, l'économie mondiale s'est contractée de 1,7%. Il faut rappeler que notre pays a étonné le monde en 2009 avec un taux de croissance du PIB de 2.9%.

Selon Wikipedia[4], « La crise économique mondiale des années 2007-2012, quelquefois appelée dans le monde anglophone Grande Récession (Great Recession, en référence à la Grande Dépression de 1929), est une récession dans laquelle sont entrés la plupart des pays industrialisés du monde, mis à part le Brésil, la Chine et l'Inde, à la suite du krach de l'automne 2008, lui-même consécutif de la crise des subprimes de 2006-2007. Les États-Unis ont été les premiers à entrer en récession, en décembre 2007, suivis par plusieurs pays européens au cours de l'année 2008, ainsi que la zone euro dans son ensemble. La France n'entre comptablement en récession qu'en 2009. Cette crise économique mondiale est considérée comme la pire depuis la Grande Dépression ».

En 2020, il est prévu une contraction de 0.9% de l’économie mondiale

Or, quand on regarde la situation actuelle du monde, c’est l’ensemble des pays qui sont touchés par le COVID-19. Tout le monde avait déjà prévu une récession mondiale pour 2020, mais personne n’avait prévu le coronavirus. Son arrivée a surpris tout le monde. Ce qui explique les réponses désordonnées des gouvernements face à ce virus. Si on se réfère au rapport publié le mercredi 1er Avril 2020 par les Nations Unies et repris par le Journal haïtien, Le Nouvelliste[5], il est prévu une contraction de 0.9% de l’économie mondiale en raison de la pandémie, une contraction encore plus forte de la production mondiale, « si les restrictions imposées aux activités économiques se prolongent jusqu'au 3e trimestre de 2020 et si les réponses budgétaires ne soutiennent pas les revenus et les dépenses de consommation ». Selon le département des affaires économiques  et sociales des Nations Unies (DASA), « Les restrictions croissantes à la circulation des personnes et les blocages en Europe et en Amérique du Nord frappent durement le secteur des services, en particulier les industries qui impliquent des interactions physiques telles que le commerce de détail, les loisirs, l'hôtellerie, et le transport ».

En 2020, une récession supérieure à celle de 2009 (1.7%+) ?

Donc, eu égard à ce qui s’est passé lors de la récession de 2009, aux prévisions par les économistes en lien avec la récession de 2020 sans coronavirus, à l’intrusion du Covid-19 et ses conséquences sur l’économie mondiale et aux hypothèses un peu trop optimistes des Nations Unies, ne serait-il pas possible de nous retrouver en 2020 avec une récession supérieure à celle de 2009 (1.7%+)

Les pays vulnérable et les petits Etats insulaires comme Haïti seront grandement affectés et beaucoup plus que les grands pays. Rappelons que ces petits états vivent du tourisme, de la sous-traitance avec des ouvriers peu qualifiés et de l’agriculture en ce qui concerne Haïti (65% produits alimentaires importés). « Les gouvernements peuvent être contraints de réduire les dépenses publiques à un moment où ils doivent augmenter leurs dépenses pour contenir la pandémie et soutenir la consommation et l'investissement ».

En guise de conclusions à cette partie : « Bien que nous devions donner la priorité à la riposte sanitaire pour contenir à tout prix la propagation du virus, nous ne devons pas perdre de vue ses effets sur la population la plus vulnérable et ce que cela signifie pour le développement durable. Notre objectif est d'assurer une reprise résiliente de la crise et de nous remettre sur la voie du développement durable », souligne Elliott Harris, économiste en chef des Nations Unies et Sous-Secrétaire général au développement économique.

B.    LA SITUATION HAÏTIENNE VS COVID-19

Haïti n’a pas eu trop de difficultés à passer de « peyilok » lié à la situation politique, au kidnapping et au confinement lié au COVID-19. D’ailleurs, dès le début du mois de Mars 2020, j’avais fait un tweet intitulé « vers un autre peyilok eu-égard à ces phénomènes qui ont traversé toute l’année 2019 et les deux premiers mois de l’année 2020 et à la menace de COVID-19. L’annonce des mesures gouvernementales en relation avec cette pandémie ne m’a pas du tout surpris. Je savais que le virus devrait toucher Haïti rapidement vu qu’il était en République Dominicaine et dans toute la Caraïbe. J’avais toujours pensé que les cas détectés avec un peu de retard  sont liés aux faiblesses de notre système de santé. Il en est de même pour l’ampleur de la maladie dans le pays. A mon avis, la maladie touche déjà beaucoup plus de personne. J’aimerais me tromper.

En tout cas, dès l’annonce des deux premiers cas de coronavirus, le nouveau Gouvernement a adopté un certain nombre de mesures administratives, économiques, fiscales, monétaires et financières, la fermeture des frontières terrestres et maritimes, des écoles, des industries, le couvre-feu à partir de 8h PM à 5h AM, le travail à distance, la subvention pour les familles les plus défavorisés (1.5 M de familles) pour le secteur éducation (20 à 30% des 100,000 professeurs de tous les niveaux primaire, secondaire, professionnel et universitaire), le secteur des industries de la sous-traitance (60,000 travailleurs), le secteur transport y inclus les motocyclistes, les primes spéciales pour le personnel de santé et le personnel de la Police Nationale d’Haïti (PNH), la réduction du taux directeur par la Banque centrale (BRH), de la réserve obligatoire, le moratoire sur les prêts, les cartes de crédit, le gel des paiements d’avril à juillet 2020, la prise en compte de deux dates charnières, le 30 septembre 2019 et le 31 Mars 2020  etc. L’interview de Kesner PHAREL de Télé Métropole[6] avec le Gouverneur de la BRH, M. Jean Baden DUBOIS, et le Ministre de l’économie et des finances, M. Michel Patrick BOISVERT est très éloquente et facilite la compréhension du contexte de ces mesures visant globalement à sauver des vies par rapport au COVID-19 mais aussi à répondre aux effets des phénomènes qui ont bloqué le pays et qui ont dessiné une forme et un type de confinement à l’haïtienne.

En dépit de ces mesures, le phénomène du kidnapping n’a pas cessé. En pleine période de confinement, les bandits n’ont pas chômé et ont continué à harceler la population. Un exemple frappant, le kidnapping du Dr Bitar de l’Hôpital Bernard Mews, l’un des centres hospitaliers les plus actifs du pays. Les autorités et même l’opposition ont élevé la voix pour inciter les bandits à libérer le docteur qui s’est donné tant de peine pour soigner les bandits lors des affrontements entre gangs rivaux. Le pays a continué à enregistrer des actes de vandalisme, même si le covid-19 a pris le pas sur l’actualité politique qui a toujours dominé la scène haïtienne.

On comprend que, dans ces conditions, la situation du pays ne peut être qu’inquiétante. Les gens mal intentionnés sur les réseaux sociaux  se donnent à cœur-joie pour diffuser de fausses informations sur le coronavirus. La sortie médiatique de la vedette infectée et guérie, Roody Roodboy,  n’a pas arrangé les choses. La plupart des membres de la population ont mal interprété ses propos. La sortie de certains journalistes à sensation n’a pas permis à la population de bien comprendre les menaces et risques que représente le COVID-19. En témoigne le comportement de la population dans le transport public, au niveau des marchés publics, dans des manifestions culturelles à Côte-de-Fer, et des manifestions de soutien au journaliste Louko DESIR, maladroitement interpellé par le Parquet de Port-au-Prince, pour des propos certes un peu trop sensationnalistes, basés sur des déductions suite à une conversation avec des étudiants haïtiens en Russie en lien avec des matériels médicaux, dont  des masques, commandés  en chine  par le Gouvernement haïtien et qui pourraient être  contaminés, mais qui ne nécessiteraient pas une telle démonstration de la part du Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince. Ce qui a permis à notre Louko national de tester sa popularité lors de sa libération sous la pression de la population.

En de pareille circonstance, il faut éviter ces genres d’incidents qui ne mènent nulle part. Louko n’avait aucun intérêt à « sonner » la sonnette d’alarme de cette manière-là et  le commissaire n’avait aucun intérêt à agir comme il l’a fait. Les deux auraient pu nous aider à mieux nous concentrer sur la courbe exponentielle du COVID-19 qui ne manquera pas de progresser jusqu’à son pic infernal avant d’amorcer sa descente qui, tout au long de ce processus de montée et de descente, sera accompagnée de milliers de morts et des dizaines de milliers de guérisons. Donc, pour Haïti,  le pire est à venir à moins que le Bon Dieu en décide autrement!

Les effets combinés du peyilok et du COVID-19 font présager un avenir sombre pour notre pays à tous les points de vue. Nos économistes, spécialistes en sécurité, planificateurs, bref nos opérateurs de développement ont raison de s’alarmer. Le franchissement du seuil psychologique de 100 G pour 1 USD en est la première manifestation, même si, en toute sincérité, ce franchissement est plutôt lié, à mon humble avis, à des spéculations qu’à un problème réel. Pour le peu de connaissance dont je dispose en la matière (hommage à Pharel pour mes 30 ans dans l’Université de Métropole et de Group Croissance), le ralentissement actuel de l’économie haïtienne, les annonces de l’apport des bailleurs de fonds internationaux, ne devraient de préférence que ralentir une telle dégringolade. Le déficit budgétaire, les anticipations négatives, la grimaçante récession économique de 2020, l’accélération du chômage aux USA,  expliqueraient-ils cette dégringolade de la gourde par rapport au dollar qui lui-même est très sérieusement secoué par cette pandémie mondiale? J’en doute. Il faudrait nous  trouver d’autres arguments plus costauds.


C.    LES PERSPECTIVES : SOMMES-NOUS A LA CROISEE DES CHEMINS D’UN NOUVEL ORDRE MODIAL ?

Il est clair pour chacun de nous que rien ne sera plus comme avant. Nous ne verrons pas, pour la plupart d’entre nous et non des moindres, les effets néfastes et globaux de la crise liée au COVID-19. Le monde ne sera plus ce qu’il était avant cette pandémie. La pandémie enfantera une autre façon de faire les choses. On espère que ce sera pour le mieux et non pour le pire. Haïti, à moins d’un miracle, sera frappée de plein fret dans son capital humain, dans son capital social, dans son capital économique et financier, et peut-être dans son capital politique et de gouvernance. On espère qu’elle en sortira plus forte car habituée à relever des défis encore plus terribles que le coronavirus. A titre d’exemple, le défi de son indépendance dans un monde esclavagiste.

Le ministre de l’économie a prévu des pertes autour de 30% du PIB et une chute du taux de croissance de 2.7%, si cette situation ne perdure que trois mois. Sans être un prophète de malheur, je trouve très optimistes ces prévisions du ministre. J’avais prévu pour les épisodes de « péyilok » des pertes et dommages supérieurs à 35% du PIB en comparaison aux effets/impacts  du cyclone Matthew sur notre pays (32% du PIB). Je maintiens cette prévision, si l’on tient compte des effets de « peyilok », du kidnapping, des violences, des émeutes et du COVID-19. J’aimerais me tromper. Avec un pays moribond et chaos debout avant le COVID-19, une situation d’insécurité alimentaire (4.6 M dont 2.6 M de personnes en situation d'urgence, projection CNSA) qui va s’accélérant avec la dégringolade de la gourde, l’augmentation du taux de chômage, le ralentissement des maigres activités économiques, les éléments objectifs pour une reprise sont loin d’être réunis et probants. Les incertitudes liées au COVID-19, tant au niveau Haïti qu’au niveau mondial, ne laissent présager aucune issue favorable pour l’instant. Il faut attendre l’atteinte des pics  mortels et la maitrise des effets du virus par les grandes économies mondiales, pour savoir les grandes orientations qui sortiront de la fin de la guerre contre le COVID-19.

 C’est à ce moment qu’on pourra contempler le bout du tunnel. En attendant, Haïti doit travailler sur deux fronts : un plan d’urgence de réponse à COVID-19 et un plan de relèvement et de développement post-COVID-19. Les éléments des deux plans se retrouvent dans les divers documents et les réflexions sur Haïti, dans les tiroirs et les bibliothèques. Il faut les sortir, les épousseter, ajouter, corriger, revoir et les finaliser rapidement et approfondir la mise en application au niveau de chaque secteur, avec le secteur santé comme élément central pour le plan d’urgence, et le secteur agricole (inverser la tendance, 65% produits alimentaires locaux, et 35% produits importés) comme locomotive de la croissance inclusive pour le plan de développement, en ayant à l’esprit qu’il n’y a pas de frontière étanche et de compartimentage réel entre l’Urgence, le relèvement et le développement. Les trois sont parfois imbriqués, souvent articulés et toujours intégrés. Tout est dans la stratégie de mise en œuvre et dans l’ordonnancement du chronogramme/calendrier d’exécution.

En guise de conclusion, la question de départ demeure sans réponse pour le monde et Haïti. Les cinq puissances mondiales qui ont droit de véto au niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies se regardent avec méfiance, déplaçant chacune ses pions sans proposer de solution globale à cette crise. Sont-elles dépassées par les événements ou sont-elles en face d’une équation insolvable? En tout cas, l’Assemblée Générale des Nations Unies met la pression (réponse multilatérale) pour faire bouger les choses en faveur de l’ensemble des pays victimes du COVID-19, en particulier les plus vulnérables dont Haïti. Sommes-nous à la croisée des chemins vers un autre ordre mondial ou le maintien de l’ordre ancien modifié? L’avenir se chargera de la réponse.