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mardi 23 mai 2023

MARIE-ANDRÉE JEAN-NOËL, LE PILIER CENTRAL DE NOTRE ÉDIFICE FAMILIAL, UN MODÈLE FASCINANT À SUIVRE

 

MARIE-ANDRÉE JEAN-NOËL, LE PILIER CENTRAL DE NOTRE ÉDIFICE FAMILIAL, UN MODÈLE FASCINANT À SUIVRE

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

21 MAI 2023

 


Après le décès de leur mère, ma belle épouse, Marie Andrée Jean-Noël, le 6 mai 2023, les enfants m’ont demandé avec insistance d’écrire quelque chose pour Manmi comme ils l’appellent affectueusement. Je ne me sentais pas la force de le faire. Le Bon Dieu et Andoue, comme je la surnomme affectueusement, m’ont aidé à « me détacher » et à me sentir « non concerné directement », pour pouvoir camper cette magnifique femme, mon amie, mon amour, mon épouse chérie. Andoue et moi, on a vécu 52 ans ensemble, répartis en trois grandes périodes,1) la période de connaissance et d’amitié : la petite fille de 9 ans à 13 ans que je regardais grandir, la belle jeune fille de 13 à 17 ans, mon amie qui assistait toujours souriante à mes multiples aventures amoureuses, 2) la période de fiançailles avec cette belle jeune fille épanouie de 17 à 22 ans, cette marabout noire aux cheveux longs, qui attire les regards de tout le monde, et 3)  la longue période d’union sacrée, avec cette sculpturale épouse, toujours bien mise, ma reine, une belle âme, tout simplement une bonne personne, de 22 ans jusqu’à sa mort à l’âge de 61 ans. Je vous présente donc ma femme. Prenez le temps de parcourir la synthèse de sa vie bien remplie, partie  trop tôt  selon moi, mais que le Tout Puissant a décidé d’appeler vers la lumière.    

Marie Andrée Jean-Noël, Andoue, Manmi,  est née le 26 avril 1962, fille de Carmène Louis et d'Inovil Florvil. Son parcours éducatif a commencé chez Marcelle Ruiz et chez les Sœurs St Pierre Claver, avant de poursuivre ses études secondaires au Lycée Louis Diaquoi aux Gonaïves, Haïti, de 1965 à 1980. Elle a ensuite poursuivi ses études en gestion et en informatique à New-Jersey, Excess County College, de 1980 à 1985, à une époque où la science informatique balbutiait encore.

              Le voyage d’étude aux USA

Le 21 juillet 1984, elle a épousé Jean-Robert Jean-Noël, un ingénieur de profession, son ami et son amour. L’adolescent de 17 ans et la  petite-fille de 9 ans se sont vraiment rencontrés à la Ruelle Orival où l’adolescent venait d’aménager avec ses  parents, Mr et Mme Dudray Jean-Noël. Elle avait 13 ans lorsqu’ils se sont liés d’amitié. Cette amitié s’est transformée en un amour profond le 20 mai 1979. L’histoire d’amour de Bob et d’Andoue était née. Durant plus d’un an, ils ont vécu un  amour fou en Haïti. Elle devait partir en 1980 continuer ses études aux USA. Ils se sont retrouvés en Juillet 1982, en Avril 1983 à New-Jersey et en Haïti en décembre 1983, et ont pris la décision de s’unir pour le meilleur et pour le pire, le 21 Juillet 1984, à l’Eglise Catholique d’East-Orange, N.J.  

              Le premier retour en Haïti

Ensemble, ils ont construit en 1985 leur nid d’amour à la Croix-des-Bouquets et y ont élevé avec amour leurs quatre enfants, Jahim, Andaïka, Joséphine et Mardochée. Elle a su transformer sa maison en un petit paradis fleuri grâce à sa passion pour les plantes ornementales. Après son retour en Haïti en décembre 1985, elle a travaillé pendant un an dans une société informatique et également au Journal La Phalange de l'Église Catholique. Pendant cette période, elle a fréquenté l'Institut Français de Port-au-Prince pendant plus d'un an pour maîtriser à nouveau la langue française, qu'elle avait apprise dès sa plus tendre enfance auprès de sa marraine, Mme Archimède Bois, et plus tard à l’école des sœurs et au Lycée. Elle s’est consacrée en priorité à l’éducation des enfants sans pour autant négliger son mari qui, pour des raisons professionnelles, a dû sillonner Haïti. Lors du séjour de ce dernier comme directeur départemental de l’Artibonite du ministère des Travaux Publics, elle est retournée dans sa ville natale aux Gonaïves, pour continuer à s’occuper de ses enfants, de son mari, de leur entreprise de « Matériaux de Construction » et a eu  le temps de retourner à l’Université pour acquérir des connaissances en sociologie et à nouveau en informatique de gestion.

Le couple a ensuite dû quitter Gonaïves pour retourner dans leur nid d’amour de la Croix-des-Bouquets, car le mari a été contracté par une organisation internationale, la PADF. Pendant ce temps, Marie Andrée a repris tout en main au niveau de la maison, en réaménageant sa cour, son jardin fleuri et des coins intimes d’évasion. Elle est également tombée enceinte en juin 1994 de leur benjamine, Jihanne Mardochée, Dochie. Elle conduisait les enfants à l’école le matin et les récupérait l'après-midi lorsque son mari était en province. À la fin de cette grossesse début 1995, elle a recruté un chauffeur, Alexis Victory, dit Maboul, qui fait toujours partie de la famille.

              Le 2e retour un peu forcé de la mère accompagnatrice des enfants aux USA

Lorsque les enfants ont atteint l’âge d’aller à l’Université, sauf Dochie, Marie Andrée qui a acquis la nationalité américaine depuis le début des années 1990, a décidé, avec l’accord de son cher époux, d’accompagner ses enfants aux USA, leur lieu de naissance. Après avoir vécu en Haïti, ils ont déménagé momentanément dans l’Etat de Georgia aux États-Unis, où Marie Andrée a continué à fleurir leur nouvelle maison avec l’assistance physique sporadique de son mari, resté au pays pour des raisons professionnelles de 2007 à 2017. Et là elle allait passer 10 ans dans l’Etat de Georgia. Elle en a profité pour embrasser les sciences infirmières et obtenir un certificat pour retourner sur le marché du travail, en particulier à Meryl Garden, tout en continuant à bercer la benjamine, Dochie, et à accompagner les adolescents jusqu’à l’obtention de leur « bachelor et master degres », pour la plupart. Elle s’est convertie au mouvement adventiste du 7e jour et y a entrainé son mari et deux de ses enfants. En 2014, elle a été diagnostiquée du cancer du sein. Elle y a survécu. Elle a participé activement aux préparatifs de mariages de deux de nos enfants et à la naissance de notre premier petit-fils James Robert dit Jay.

              Le 2e retour en Haïti qu’on croyait définitif

En 2017, Marie Andrée (Andoue) est retournée en Haïti rejoindre son mari. Depuis son retour, ils ont voyagé ensemble aux États-Unis pour assister à des événements importants tels que les graduations et les mariages de leurs enfants. Grâce aux nouvelles technologies, Marie Andrée est restée en contact étroit avec sa famille, ses amis et ses frères et sœurs. Malgré la détérioration de la situation en Haïti, le couple a décidé de prendre sa retraite aux Gonaïves et a commencé la construction d'une maison, qui est maintenant à un stade avancé. Cependant, la situation s'est dégradée dans le pays et le couple a subi les difficultés imposées par  le "Peyilock", un terme utilisé pour décrire la situation d'insécurité dans le pays. Malheureusement, ils ont également été confrontés à un risque de kidnapping sur la nationale No 1, près de Carrefour Paye.

En octobre 2020,  en pleine période de COVID-19 en Haïti, on a décidé de faire un bilan financier de notre vie de couple. Le constat était à la limite plutôt  inquiétant. Je lui ai proposé un plan stratégique familial. Elle l’a accepté et m’a promis de l’opérationnaliser tout de suite. Elle s’est mise au travail avec la plus grande discrétion comme à ses habitudes. Toute l’opération a été circonscrite autour de mes revenus de consultant. J’avais encore, la cote fin 2020 et début 2021. Malheureusement, la situation politique s’est détériorée rapidement à partir  de janvier 2021, surtout à partir de février, date de fin de mandat du président Moïse, selon les oppositions politiques. Cela est devenu de plus en plus corsé jusqu’à notre départ du pays le 4 juin 2021.    

              Le voyage sans retour et l'exploit de la gestionnaire

Le 4 juin 2021, le couple est parti aux États-Unis pour un voyage médical de routine et s'y est retrouvé bloqué depuis avec l’assassinat crapuleux du président Moïse. Malheureusement, le cancer est réapparu au cours de l’année 2022 et elle s'est battue avec détermination, croyant que Dieu lui permettrait de vaincre la maladie une fois de plus. Malgré la maladie, vu que son mari n’a plus de revenu suffisant pour faire face aux dépenses quotidiennes, elle est retournée travailler. Elle a insisté 3 mois avant sa mort pour une évaluation financière de notre situation par deux de nos enfants spécialistes de la question. Et  On a  redécouvert que ma femme, Andoue, était une gestionnaire hors pair et d’une discrétion à nulle autre pareille. Elle s’est arrangée, selon le plan stratégique familial établi avec son mari en octobre 2020, pour réduire de 50%, en moins de 3 ans, nos dettes, à partir de nos maigres moyens issus des consultations de son mari, de son salaire depuis notre retour ici aux USA, et de la vente d’un terrain en Haïti. Toute la famille était subjuguée par cette performance et surtout par la stratégie utilisée pour atteindre ce résultat hors du commun.

Malheureusement, la maladie n’a pas cessé de progresser. On a dû l’interdire de continuer à travailler. Et deux mois plus tard, Andoue, la femme courage nous a quittés le samedi 6 mai 2023, après avoir fêté son 61e anniversaire en famille le 26 avril 2023. Elle laisse derrière elle son mari Bob, ses enfants Jaja, Dadoue, Dopie et Dochie, ainsi que ses quatre petits-enfants, Jay, Dayday, Enzo et Amira-Rose, ses sœurs Gélène, Mona, Marjorie, Yvana, Muracia, Fifi et Mamane, ses oncles, tantes, neveux, nièces, amis et collègues dans la plus profonde des douleurs.

            Son dernier mot

 Avant de partir définitivement vers la lumière pour retrouver notre Sauveur Jésus, elle a eu le temps de se  confier à notre fille, Dadoue, et de nous envoyer à Toutes et à Tous ce message de réconfort : "TOUT À JÉSUS ! DIEU EN CONTROLE!"

              Le modèle à suivre

Marie Andrée était une femme aimante, dévouée, attentionnée, une bonne gestionnaire, une grande amoureuse de la nature et des plantes qu’elle caressait comme s’il s’agissait d’une personne ; elle leur parlait, c’était fascinant ! Durant son agréable séjour parmi nous, elle  a touché la vie de nombreuses personnes dont la grande majorité la considère tout simplement comme le modèle à suivre. Elle a laissé un impact indélébile sur sa famille, ses amis et sa communauté, et elle restera à jamais dans nos cœurs et nos mémoires.

              Le Pilier central de notre édifice familial

Andoue était tout simplement, comme dit toujours son autre moitié, Bob, « le pilier central de notre édifice familial ».  

Que ton âme repose en paix ! Et que Dieu te reçoive à bras ouverts dans sa demeure, mon amour!!!

Que la terre te soit légère !!!

Adieu Andoue ! On se rencontrera là-haut !!!

Qu’il en soit ainsi au nom de Jésus !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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mercredi 3 mai 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (37) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU « BWA KALE » EST-IL LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (37) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE » EST-IL LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

2 MAI 2023

Dans la conclusion de la 36e  chronique, je m’interrogeais sur ce qui pourrait se passer en Haïti : « Va-t-on vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un appui musclé de la Communauté Internationale ? ».Biden envisage de transférer le dossier d’Haïti à nouveau à l’ONU, et Abinader, le président dominicain, notre voisin de l’Est, persiste et signe, la communauté internationale devra « Pacifier Haïti » ; en tout cas, c’est ce qu’il a déclaré lors du sommet Ibéro-américain qu’il a hébergé cette année. »

Effectivement, le dossier d’Haïti est retourné au niveau de l’ONU à la fin du mois d’Avril 23. Et l’on parle d’une probable intervention urgente, la nouvelle représentante du BINUH, Mme Salvador l’a clairement demandé dans son dernier rapport sur Haïti, surtout parce que le peuple a déclenché de manière inattendue une opération de déchoucage des bandits, plus connue sous le vocable « BWA KALE[1] ».

Dans cette 37chronique, la guerre en Ukraine occupe toujours le devant de la scène, avec  la guerre d’attrition dans le Donbass, en particulier à Bakhmuth, qui est presque encerclée par les russes ;  Biden a déclaré sa candidature à sa succession. Concernant l’actualité nationale haïtienne, le règne des bandits semble en passe de s’achever à partir de l’opération Bwa kale déclenchée spontanément par la population le 24 avril 23, au niveau de la zone de Canapé Vert, un quartier de Port-au-Prince, la capitale. D’où le titre de  cette 37e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (37) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (14), CONTRE-OFFENSIVE ( ?) ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU  « BWA KALE» EST-IL LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DE LA VISION 2054 ?

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

1.1.  Biden vs Trump en 2024 ?

Biden a annoncé sa candidature pour la présidentielle américaine de 2024 en dépit d’une opinion publique défavorable à 70%. En principe, le parti au pouvoir ne présente pas de candidat en face du président en fonction. Dans le cas de Biden, il aura à faire face à un Kennedy prénommé Robert Jr, 69 ans, fils de Robert Kennedy, le frère et ministre de la Justice  de John Fitzgerald Kennedy (JFG),  comme le président Carter en 1980 face à Edouard Kennedy, un autre frère de JFK. Ce Robert Kennedy Jr ne semble pas faire le poids face à Biden qui sera désigné le candidat du parti démocrate.

En face de Biden, il y aura Trump qui est en ballotage favorable face à ses adversaires du parti républicain. Les problèmes de justice que confronte Trump blindent sa campagne. Et, quand bien même, il sera condamné pour ses nombreux crimes, il pourra quand même redevenir président si le peuple américain le préfèrera à Joe Biden. C’est la loi. En cas de la prise de pouvoir par Trump 2024, si la guerre en Ukraine ne se termine pas entre temps, l’appui de l’administration américaine à l’Ukraine sous Trump sera très compromis.

1.2. La guerre[2] en Ukraine, l’imminence de la contre-offensive(?)

Le 24 avril 2023, c’était le 14e mois de cette guerre qui rentre dans son 15e mois. On constate une certaine évolution de la situation par rapport au mois dernier. La guerre d’attrition se concentre toujours dans le Donbass sur environ 800 km, en particulier sur la ville de Bakhmuth à 88% russe aux dernières nouvelles. C’est une ville presqu’entièrement rasée par les russes pour éviter les ripostes des tireurs d’élite ukrainiens, qui, cachés dans ces grands bâtiments, ont causé des pertes énormes dans les rangs de la milice Wagner et dans l’armée russe (20,000 morts selon des sources occidentales).  Jusqu’à présent, la ville ne tombe pas encore totalement, puisque les ukrainiens occupent 12% de la ville presque encerclée par les russes et procèdent par des raids pour reprendre certaines positions. Cette fois-ci, on sent que la fin est proche.Mais… Les ukrainiens avaient-ils raison  de sacrifier autant d’hommes aguerris  pour une ville sans importance stratégique? En tout cas, cette ville est devenue un symbole de la résistance ukrainienne face à l’agression russe. Elle a permis de fixer une grande concentration de l’armée russe à cet endroit et d’en éliminer une quantité considérable d’hommes. A un moment donné, on parlait de pertes à raison de 1 pour 10 en faveur des ukrainiens.

La Russie a actuellement occupé 14% du territoire ukrainien et n'a gagné que 70 km2 ces derniers jours. Cependant, les Occidentaux continuent de soutenir financièrement et en armes l'Ukraine, qui prépare activement sa contre-offensive. Personne ne sait quand cette contre-offensive commencera, mais il est important de noter que 98% des véhicules de combat[3] promis par les Occidentaux sont déjà sur place. Avec ces armes, les Ukrainiens ont réussi à frapper des dépôts de munitions à Sébastopol en Crimée, dans le sud, ainsi qu'à Belgorod en Russie, en face de Kharkiv dans le nord-est de l'Ukraine, à saboter des trains de munitions en territoire ruse, à 60 km de la frontière. Certains considèrent ces frappes comme le début de la contre-offensive ukrainienne, malgré les conditions climatiques difficiles. Le président ukrainien, Zelensky[4], a clairement déclaré que "les principales batailles sont imminentes", la raspoutitsa. Certaines sources évoquent même une date possible pour le début de cette contre-offensive. Prigogine parle de 15 mai 2023. Il reste à voir si cette date est exacte ou si elle n'est qu'une supposition. Quoi qu'il en soit, il est clair que quelque chose est en route et que les événements dans la région continuent d'évoluer rapidement.

La Russie est en état d’alerte. Ils ont annulé le défilé traditionnel du 1er  mai 23 sur la place rouge. Elle se prépare à faire face à la contre-offensive ukrainienne. Comme le front s’étend sur plus de 800 km, il sera difficile pour les russes d’être fortement représentés sur toute la ligne de front.

Il est impossible de savoir exactement quelle est le niveau de préparation russe face à la contre-offensive ukrainienne, car les informations à ce sujet sont souvent contradictoires ou incomplètes. Cependant, on peut présumer que la Russie se prépare également à l'éventualité de cette contre-offensive ukrainienne, étant donné qu'elle a déjà déployé d'importants moyens militaires dans la région, notamment des troupes, des armes et des équipements, et elle peut compter sur ses bateaux de guerre en mer noire, en mer caspienne et sur ses bases pour frapper à distance l’Ukraine.

Il est possible que la Russie renforce par endroits ses défenses le long de la ligne de front pour se protéger contre des attaques, ou qu'elle prépare des contre-mesures pour neutraliser les forces ukrainiennes. Elle pourrait également chercher à consolider ses positions dans les zones qu'elle a déjà occupées en Ukraine, afin d'éviter toute avancée ukrainienne.

En outre, la Russie a essayé sans succès d’exercer une pression psychologique sur les alliés de l'Ukraine, en invoquant la menace nucléaire, pour les dissuader de fournir un soutien militaire supplémentaire à Kiev. Elle a également intensifié sa propagande pour influencer l'opinion publique internationale et justifier son intervention en Ukraine.

Cependant, il est important de noter que les informations sur les préparatifs russes ne sont pas publiques et que certaines informations peuvent être des rumeurs ou des spéculations. Par conséquent, il est difficile de déterminer avec précision quelle est la préparation russe face à une éventuelle contre-offensive ukrainienne.

Top of FormBottom of FormLula en Chine et au Portugal

En effectuant des visites aux USA, en Chine et au Portugal, le président brésilien Lula Da Silva remet son pays sur la scène internationale. En Chine, il plaide pour des échanges directs entre les pays à partir de leur monnaie et non à partir du dollar, tandis qu'au Portugal, il a de bons échanges avec l'ancienne puissance coloniale du Brésil, en dépit d'une différence d'approche sur le dossier ukrainien, en raison de son appartenance au BRICS.

L’ONU et le dossier Haïti

Lors des séances de l'ONU sur le dossier Haïti, l'affrontement entre l'Occident et ses deux principaux rivaux, la Russie et la Chine, est palpable. Ces deux géants anti-occidentaux n'hésitent pas à monter au créneau contre les États-Unis, considérés comme le principal responsable de la situation en Haïti décrite dans le rapport du secrétaire général sur Haïti, qui réclame le bénéfice de l'urgence pour notre pays. Il est à noter que le dernier développement de la situation haïtienne en lien avec l'opération de déchoucage des bandits, plus connue sous le vocable "Bwa Kale", y est très certainement pour quelque chose. 

II.    SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 En ce mois d’avril 2023, je m’étais proposé de consacrer une bonne partie de cette chronique à l’événement annuel du Group Croissance, Sommet International de la finance, en particulier me pencher, entre autres, sur l’intervention de Paul Latortue, que je résume à une des personnes qu’il a citée, Lavoisier  : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Malheureusement, l’opération Bwa Kale lui a volé la vedette.

Un revirement spectaculaire de la situation haïtienne

En effet, l’opération BRA KALE a surpris tout le monde par sa spontanéité, sa soudaineté et ses effets immédiats sur le règne sans partage  des gangs.  Le règne  des bandits à sapâtes,à souliers et à cravate  semble prendre un coup d’arrêt. Les chasseurs deviennent des gibiers. Pourtant au début du mois, personne ne s’attendait à un tel revirement de la situation. Les bandits régnaient en maitres et rendaient la vie impossible à la population haïtienne sous l’œil indifférent des autorités haïtiennes et de la communauté internationale.  La zone métropolitaine de Port-au-Prince et le bas Artibonite sous l’emprise totale des bandits regardaient les populations de la majorité  des quartiers de ces 2 zones se faire voler, violer et massacrer par ces terroristes. On a dénombré au niveau de Cité Soleil plus de 70 morts, au niveau de Source Matelas plus d’une cinquantaine de morts violentes, et au niveau du pays des maisons, des commissariats de police, des véhicules incendiés. Des médias traditionnels, des médias en ligne et réseaux sociaux rapportaient comme des faits divers ces atrocités commises par ces terroristes improprement qualifiés de bandits, de gangs. Ces terroristes rançonnaient la population, l’agaçait en se mettant en scène sur des réseaux sociaux. C’était l’enfer.

Et puis Ti Makak, le puissant chef terroriste de Laboule 12 a été tué. Ses ouailles ont pris peur et s’enfuyaient avec armes et bagages. Ces terroristes  ont été interceptés par la police au niveau de Pétionville et ont été conduits au commissariat de Canapé-vert. La population, ayant appris la nouvelle, a débarqué dans ce commissariat, s'est emparée de 14 bandits et les ont brulés vifs. C’était le déclic, le début de l’opération de déchoucage des bandits. Le peuple a donné un nom succulent à cette opération, « Bwa Kale ».

Bwa Kale, une déformation de Bukele

J’ai essayé de comprendre ce nom. Je n’ai pas vu le rapport avec la signification créole de cette expression. Et puis j’ai vu une vidéo sur Tik Tok qui fait la comparaison avec le président « » du Salvador, BUKELE, qui mène une lutte sans merci contre les gangs dans son pays et qui a offert son aide à Haïti deux mois auparavant. J’ai compris que « BWAKALE » est une déformation de « BUKELE ».  En tout cas, ce qui est sûr, c’est que plus de 200 bandits ont déjà perdu la vie dans des conditions atroces depuis le 24 avril à date. Et ça continue ! Les images de ces assassinats sont insoutenables. De plus, les foules de justiciers sont accompagnées par la police nationale d’Haïti (PNH). 

On comprend la panique de ces terroristes qui essaient par tous les moyens de s’échapper, de laisser la zone métropolitaine pour des cieux plus cléments. Malheureusement ou heureusement, la plupart ont pu être appréhendés par la PNH et par la population pour être « passés à l’infinitif ». On rapporte qu’un jeune bandit pris de panique s’est réfugié chez ses parents qui n’ont pas hésité à le tuer tout simplement. Ce cas exprime tout simplement le niveau de souffrance et de rejet qu’a dû endurer la population face aux exactions de ces bandits.

Face à ces atrocités qui choquent le monde civilisé, l’ONU décide d’ « agir en urgence ». Il faut dire aussi que certaines personnes commencent à demander aux foules de s’orienter vers les anciens commanditaires de ces bandits, de ces gangs, de ces terroristes, que je qualifie de « gangs à cravate ». Il s’agit de politiciens au pouvoir et dans les oppositions et de brasseurs d’affaires en Haïti, dont la plupart sont sanctionnés par le Canada, les USA, la République Dominicaine, et l’ONU.

Le gouvernement haïtien qui était indifférent au sort de la population a réagi par la voix du premier ministre. La communauté internationale, qui tergiversait récemment encore, lors des exactions des bandits, des gangs et de ces terroristes, réagit à cette situation qualifiée improprement de guerre civile et propose d’intervenir en urgence en Haïti. Comme l’a sollicité le mois dernier, le président dominicain Abinader, l’ONU va venir « pacifier Haïti ». Va-t-elle intervenir pour finir avec les terroristes ou pour protéger les bandits à sapâtes et à cravate. Faut noter que, jusqu’à présent, aucun des chefs de gangs connus n’a encore été victime de l’opération Bwa kalé. Au contraire, certains promettent de faire des représailles sur la population.

Ce mouvement doit être transformé en une révolution et non stoppé

Ce mouvement spontané devrait être canalisé pour débarrasser le pays de tous ces terroristes à cravate et à sapâtes. Certes, la méthode utilisée est trop violente ; mais il faut remarquer que c’est une réaction naturelle de la population face à ses oppresseurs, ses violeurs, ses bourreaux, des accapareurs de ses biens, face à tout ce système d’exploitation mis en place en 1806 et dont elle est la victime expiatoire. Ce système, qui est un prolongement du système esclavagiste contre lequel nos ancêtres se sont sacrifiés, exploite les plus faibles depuis cette date. A rappeler que les gangs ont été mis en place par des brasseurs d’affaires, des politiciens au pouvoir et des politiciens dans les oppositions pour préserver les intérêts de leurs clans respectifs tout en capturant l’Etat. Rappelez-vous les propos du sénateur Hyacinthe le 12 décembre 2017, qui a pointé du doigt ces trois catégories qui actuellement sont sous sanctions internationales. Ce mouvement doit être transformé en une révolution et non stoppé comme par le passé par la communauté internationale et les USA.  

3.                          III.  CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

L’Ukraine se prépare à la contre-offensive. Le monde occidental souhaite la réussite de cette contre-offensive. La Russie se prépare à lui faire échec pour s’accaparer de ce grand pays totalement ou partiellement contrairement à toutes les lois internationales. Les USA sont embourbés dans ses contradictions internes républicaines et démocrates, caractérisées par deux vieillards, TRUMP, 78 ans, et BIDEN 80 ans. Tout cela n’annonce rien de bon. L’occident est esseulé. Les non-occidents se renforcent. Les BRICS se battent pour un monde multipolaire qui fasse des échanges dans leur propre monnaie au détriment du dollar-roi. Le monde est vraiment à la croisée des chemins. La guerre en Ukraine favorise le début de ce nouveau monde en gestation. Ses effets sont mondialisés et tout le monde en paie les conséquences.

Haïti qui est devenue un enfer par l’entremise de ses propres fils à la solde de la communauté internationale, en particulier l’occident colonisateur, semble dire adieu au règne odieux de gangs à souliers, à cravate et à sapâtes, et semble s’orienter vers sa propre croisée des chemins  Ce mouvement spontané Bwa Kalé, qui est une réaction à tant d’atrocités subies en silence par un peuple résilient plutôt pacifique mais poussé à bout par des terroristes, met tout le monde au pied du mur.

Est-ce le premier pas vers la vision 2054 ?

J’avais écrit en décembre 22 que l’année 2023 devra être l’année de « redémarrage d’Haïti ». Je n’avais aucun argument sérieux pour l’écrire. Je le sentais tout simplement. Dans un show vidéo avec Jean Victomé, on s’était fixé une date, mars 2023, pour amorcer ce changement. Après mars, on s’est dit que tout était foutu. Et puis le 24 avril 23, contre toute attente, le peuple réagit et sort de sa torpeur, c’est l’opération Bwa Kale. Est-il possible  d’appuyer ce mouvement pour changer les choses, changer Haïti et jeter les bases pour concrétiser cette vision 2054, en faisant de notre pays, « le pays phare du monde en matière de démocratie solidaire, réduisant drastiquement l’écart entre les riches et les pauvres », en atteignant une première étape en 2032, avec 88% de souveraineté alimentaire, et une deuxième étape en 2042, un pays émergent à la manière de la Scandinavie, avant l’étape finale de 2054 ?



[1] Je pense que l’Opération BWAKALE a emprunté en le déformant le nom du président salvadorien « BUKELE » qui se bat efficacement contre les gangs dans son pays.

[3] https://www.youtube.com/watch?v=-hBQ2z6i7HA

[4] https://www.youtube.com/watch?v=ob4sRC5hGAQ

jeudi 6 avril 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (36) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (13), LE STATU QUO ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU LE REGNE DES GANGS

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (36) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (13), LE STATU QUO ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU LE REGNE DES  GANGS

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

6 AVRIL 2023

« Va-t-on vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un appui musclé de la CI ? » me suis-je interrogé en terminant  ma 35e chronique relative à cette interrogation « Haïti et le Monde à la croisée des chemins(?) ». Cette interrogation qui s’est imposée à nous depuis les premiers cas de la pandémie mondiale, Covid-19, s’est insinuée davantage depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022.

Dans cette 36e chronique, l’actualité mondiale est toujours  dominée par la guerre en Ukraine, la Cour Pénale Internationale lance un mandat contre Vladimir Poutine pour crime de guerre, et la guerre d’attrition se concentre dans le Donbass, en particulier à Bakhmuth. Un autre point important de l’actualité internationale est l’inculpation de l’ex-président Trump. Quant à l’actualité nationale haïtienne, c’est  la persistance de l’instabilité politique et de l’insécurité généralisée avec des conséquences désastreuses sur l’économie du pays, surtout l’industrie du kidnapping  au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. D’où le titre de  cette 36e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (36) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (13) ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU LE REGNRE DES GANGS.»

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

1.1.  Vladimir Poutine et Donald Trump indexés[1]

Prenons d’abord le cas de Trump. La saga Trump revient au-devant de l’actualité comme prévu. En effet, ce monsieur est indexé sur plusieurs dossiers chauds. On a relevé 5 grands dossiers d’accusation contre lui y inclus celui pour lequel il est inculpé, avec 34 chefs d’inculpation. Celui pour lequel il est inculpé concerne ses relations sexuelles avec une actrice pornographique. Il a promis à cette actrice de la recevoir dans un show télévisé qu’il animait. Il n’a pas tenu ses promesses. Lorsqu’il a déclaré quelques années plus tard sa candidature pour les présidentielles de 2016, l’actrice a décidé d’agir contre lui. Son avocat a dû bloquer l’affaire en la soudoyant (entrave à la justice). Elle est revenue à la charge après la fin du mandat de Trump. Le Grand Jury[2] a dû décider de faire inculper Trump. C’est pour la première fois que c’est arrivé dans l’histoire politique américaine, selon ce qui est rapporté par les grandes chaines de TV américaine, CNN, ABC, etc. Il y a 4 autres cas pendants, un dans l’Etat de New-York en relation avec le FISC, un autre à Georgia en relation avec la fraude électorale et un en relation avec l’invasion du CAPITOL le 6 janvier 2021, et enfin les documents « Top secret » qu’il a pris avec lui en laissant la maison blanche. A noter et c’est très important, même s’il est reconnu coupable de tous ces crimes, il pourra quand même redevenir président si le peuple américain le votera. C’est la loi. Naturellement, la  grande majorité des républicains parlent de persécutions  politiques.

En ce qui a trait à V. Poutine[3], il a déporté plus de 300,000 enfants ukrainiens vers la Russie sans le consentement de leurs parents. C’est un crime de guerre, le tribunal international a commencé par ce cas. D’autres suivront. Souvenez-vous des massacres de Boutcha et autres où les cas sont bien documentés. Poutine s’en fiche. Certains pays prennent des dispositions pour appliquer le mandat dont très certainement les pays de l’OTAN moins la Hongrie, tandis que les partenaires de la Russie ne sont pas favorables sauf l’Arménie ou gardent le silence sur le dossier. En tout cas, ce mandat réduit les possibilités de déplacement du président russe qui continue son « opération militaire spéciale en Ukraine », pour ne pas dire sa guerre, mot interdit en Russie.

1.2. La guerre[4][5] en Ukraine[6]

Le 24 mars 2023 a marqué le 13e mois de cette guerre. La situation n’évolue pas trop par rapport au mois dernier. La guerre d’attrition se concentre dans le Donbass sur environ 800 km, en particulier  la bataille Bakhmuth au prix de pertes énormes en vies humaines et en matériels des deux côtés, avec un ratio de 1 à 10 ou de 1 à 5 en faveur des ukrainiens. Jusqu’à présent, la ville ne tombe pas, alors que, depuis plus de deux mois, on annonce sa chute. Le centre de Bakhmuth est contrôlé par les russes. La bataille continue de faire rage au niveau de cette ville.

Plus globalement, la Russie occupe 14% du territoire ukrainien. Les occidentaux continuent de soutenir l’Ukraine financièrement et en armes. Elle prépare activement sa contre-offensive. Quand est-ce que cette contre-offensive va débuter. Personne ne sait. C’est le mystère total. Comme pour Kharkiv, elle a annoncé une contre-offensive sur Kherson au sud, mais l’Ukraine a attaqué au nord et a récupéré environ 6% de son territoire à date en un temps plutôt éclair. Ce qui a obligé les russes à lancer une forme de mobilisation de 300,000 conscrits, les a lancés sur le Donbass après avoir officiellement annexé 4 oblasts de l’Ukraine, Donets, Louhans,  Zaporijia et Kherson, et dont plusieurs parties de ces territoires sont encore sous domination ukrainienne, l’exemple de la ville Kherson.

La Russie n’est pas en reste. On dit qu’elle est en train de préparer aussi sa contre-offensive, tout au moins renforcer celle qu’elle mène déjà dans le Donbass. Pour cela, elle renforce ses relations avec la Biélorussie, un pays vassalisé frontalier de l’Ukraine, non seulement en y amassant les troupes et armes, en menaçant d’y déployer des armes nucléaires, à quelques encablures de l’Ukraine et surtout de l’Europe. En tout cas, contre-offensives de part et d’autre, elles ne pourront pas avoir lieu avant le dégel, la raspoutitsa, phénomène météo favorisant littéralement « la saison des mauvaises routes ». On verra.  

En attendant ces probables contre-offensives, le président E. Macron  de la France[7], qui se débat dans ses problèmes internes liés à la loi sur la retraite et les manifestations violentes qui s’en suivent, s’est rendu en Chine pour discuter avec le président Xi Jinping du changement climatique, de la biodiversité marine, de la sécurité alimentaire, de la paix et de la stabilité en Europe et … de lui demander de « ramener la Russie à la raison ». Quant au président chinois, il parle surtout du multilatéralisme, donc du nouvel ordre mondial qui se dessine. Avec la présidence du Conseil de Sécurité de l’ONU  sous la responsabilité de la Russie,  cela promet, d’autant que Biden, lors de son sommet avec Trudeau, a, entre autres, parlé de transférer le dossier d’Haïti  à l’ONU.

II.    SITUATION AU NIVEAU D’HAITI[8]

 En ce mois de mars 2023,  la situation haïtienne a évolué en pire. Les bandits règnent au niveau de la zone métropolitaine de de Port-au-Prince et le bas Artibonite. Les territoires de certaines zones du pays s’agrandissent au profit des bandits. Voici un bon résumé de la situation par l’Hebdomadaire, Haïti en Marche : « L’insécurité continue de battre son plein. Les derniers jours ont été particulièrement difficiles pour les résidents de la capitale. On n’a pas le temps de déplorer une victime qu’un autre drame surgit. C’est tous les jours que les Port-au-princiens tiennent un baromètre du crime pour indiquer par exemple à leurs proches quels endroits éviter. Cela n’aide que partiellement vu que rien n’arrête les malfaiteurs ».

Maintenant, voyons pour les détails de cet éditorial de l’Hebdo Haïti en Marche : « La semaine dernière, on a kidnappé un médecin. Des tentatives d’enlèvement à Kenscoff ont été enregistrées, même si certaines ont échoué. À Delmas, pareillement. Des bandits se sont même introduits jeudi dernier dans le Village des Palmes, quartier limitrophe de celui de Vivi Mitchel, non loin de là où habite le Premier ministre Ariel Henry. Heureusement qu’ils ont été repoussés par des forces de l’ordre. De temps en temps, les gangsters prospectent des zones résidentielles pour tenter de s’accaparer des terres des habitants et cette fois aussi, conscients de leur puissance, ils sont allés jusqu’à pénétrer dans une zone avoisinant la résidence du chef du gouvernement. Il y a certes des forces de police sur place mais cette action traduit toutefois l’audace démesurée des gangsters. Le week-end du 24 mars dernier, les hommes du chef de gang Ti Macaque ont chassé quarante familles de leurs maisons à Laboule 12. Les échanges de tirs entre gangs rivaux sont devenus monnaie courante. Des résidents lancent régulièrement des SOS sur les réseaux sociaux. En un mot, la situation ne fait que s’aggraver. Plus le temps passe plus les bandits s’enhardissent. On constate chaque jour l’incapacité de l’État à gérer la situation. L’aide promise par l’International pour remembrer la police va prendre un certain temps avant d’être effective. Le problème est qu’on n’a pas ce temps parce que les policiers sont débordés et que certains sont découragés par la violence décuplée des bandes armées urbaines. En plus de leur nombre insuffisant, la police doit de surcroît faire face à des espions liés aux bandits en son sein ».

Toujours selon l’éditorialiste de l’Hebdo Haïti en Marche, qui a rapporté les propos d’un journaliste canadien : « Analysant la situation critique d’Haïti, un journaliste canadien, Loïc Tassé, a écrit dans Le Journal de Montréal, que « Haïti risque de tomber complètement entre les mains de groupes mafieux qui se serviront encore davantage du paravent des institutions d’État pour mener leurs trafics et pour imposer leur ordre. La population deviendra plus misérable et le nombre de réfugiés augmentera. Cet enfer pourrait durer indéfiniment » (fin de citation) ».

Enfin, selon l’éditorialiste et je partage son constat : « Le pays a besoin d’une aide militaire internationale pour aider la police haïtienne à affronter les gangs. Mais pour toutes les raisons que l’on sait – désintérêt de l’étranger, déficit de légitimité des dirigeants, représentants peu convaincants côté haïtien etc., il ne l’obtient pas. Quand bien même bénéficierions-nous de cette assistance, cela sera insuffisant aussi longtemps que nous ne parvenons pas à trouver un consensus entre nous sur la manière de gérer le pays ».

3.                          III.  CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

La situation tant au niveau international que national ne laisse présager rien de bon. La guerre en Ukraine va rentrer dans une phase décisive dans les prochains jours avec les contre-offensives annoncées et les dispositions prises par les belligérants. Comme nous l’avons écrit, l’Ukraine est devenue plus forte qu’en février 2022. L’expérience acquise sur le terrain par ses soldats durant plus d’un an de guerre de haute intensité lui permettra de résister à toute contre-offensive d’une guerre conventionnelle avec la Russie. Ils savent se battre, en témoigne la bataille de Bakhmuth. Avec les moyens mis à disposition par les occidentaux, ils donneront beaucoup plus de fil à retordre aux russes, à moins que ces derniers décident d’utiliser l’arme nucléaire tactique ou stratégique. Donc le monde et Haïti sont de plein fouet dans cette croisée des chemins. Un effort de guerre de près de 200 milliards de dollars américains (USA +UE), cela pèse lourd dans l’économie mondiale et se répercute sur tout le monde, y incluse Haïti.

Notre pays importe pour plus de 3.5 Mrds d’USD dont près de 2 Mrds de produits alimentaires et dérivés. On comprend mieux le chiffre de 6 millions de personnes en insécurité alimentaire avancé par certains spécialistes et le taux de change sur le marché informel avoisinant 170 G pour 1 USD. Donc la cherté de la vie bat son plein en Haïti. Et les projections de ce journaliste canadien se révéleront judicieuses. Avec le règne de plus en plus marqué des gangs, et leur audacité arrogante vis-à-vis des représentants de l’Etat et de la population, ne sont-ils pas en train d’envisager la prise directe du pouvoir à travers des bandits à cravate ?  

Selon  de nombreuses analyses faites sur Jean-Robert Jean-Noël.TV[9] et Télé Provinciale[10], avec Jean Victomé et Reynald Orival, on s’est donné jusqu’à mars 2023 pour envisager une évolution positive de la crise multiforme et multidimensionnelle que traverse Haïti. Aucun signe durant ce mois de mars 2023. Au contraire, la situation tend à s’aggraver. Les gangs règnent. Les politiciens se battent pour le maintien et l’accès au pouvoir sans un regard compatissant pour le peuple haïtien et le pays qui les a vus naitre.  On dirait des inconscients!

Je reprends donc l’interrogation du mois dernier : « Va-t-on vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un appui musclé de la Communauté Internationale ? ».Biden envisage de transférer le dossier d’Haïti à nouveau à l’ONU, et Abinader, le président dominicain, notre voisin de l’Est, persiste et signe, la communauté internationale devra « Pacifier Haïti » ; en tout cas, c’est ce qu’il a déclaré lors du sommet Ibéro-américain qu’il a hébergé cette année.