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jeudi 5 octobre 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (41) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (18-19), CONTRE-OFFENSIVE DE L’UKRAINE EN TERRITOIRES OCCUPÉS,EN MER NOIRE ET EN RUSSIE, NOUVELLES STRATEGIES ; HAITI : EN PLUS DU STATU QUO ANTE, LE CANAL MASSACRE SOLIDARISE LE PEUPLE ET LE CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU VOTE POUR UN APPUI MUSCLE

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (41) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (18-19), CONTRE-OFFENSIVE DE L’UKRAINE EN TERRITOIRES OCCUPÉS,EN MER NOIRE ET EN RUSSIE, NOUVELLES STRATEGIES ; HAITI : EN PLUS DU STATU QUO ANTE, LE CANAL MASSACRE SOLIDARISE LE PEUPLE ET LE CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU VOTE POUR UN APPUI MUSCLE

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

4 OCTOBRE 2023

Durant les mois d’août et de septembre  2023, j’avais une sorte de blocage. J’avais réuni toutes les informations pour produire mes deux chroniques. Pourtant, je n’arrivais pas à écrire. J’ai dû me forcer pour reprendre le flambeau au début de ce mois d’octobre 2023. Je m’excuse donc auprès de mes lecteurs. Il faut noter par contre que je me suis débrouillé pour produire  des vidéos sur ce qui se passe dans le monde et surtout en Haïti[1].

Depuis le 11 août 23, date de ma dernière chronique, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Dans le monde, la guerre en Ukraine domine l’actualité internationale, Trump s’est fait inculper pour la 4e fois à Georgia, la France s’est faite expulser de Niger. En Haïti, après les enterrements de Liliane Pierre Paul (70 ans), de Boniface Alexandre (87 ans) et de Jean Jacques Honorat (92 ans), c’est toujours le règne des bandits et leurs exactions au niveau de la Capitale, du Bas Artibonite, de Saut d’Eau et de Mirebalais. Malgré l’insistance de la CARICOM, les protagonistes politiques n’arrivent pas à s’entendre. Heureusement, les paysans de Ferrier et de Wanaminthe ont décidé de reprendre la construction du Canal Massacre, suspendue depuis l’assassinat crapuleux du président Jovenel Moïse, ce qui a provoqué des réactions démesurées de la République Dominicaine et une solidarité profonde de l’ensemble des Haïtiens tant en Haïti que dans la Diaspora, et qui influence le vote du Conseil de Sécurité de l’ONU pour une intervention musclée en Haïti sous la direction de Kenya et 11 autres pays du pays du monde. D’où ce long titre de la 41e  chronique consacrée à cette interrogation sur la croisée des chemins d’Haïti et du monde : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (41) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (18-19), CONTRE-OFFENSIVE DE L’UKRAINE EN TERRITOIRES OCCUPÉS,EN MER NOIRE ET EN RUSSIE, NOUVELLES STRATEGIES ; HAITI : EN PLUS DU STATU QUO ANTE, LE CANAL MASSACRE SOLIDARISE LE PEUPLE ET LE CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU VOTE POUR UN APPUI MUSCLE. »

1.       LA SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

Durant cette période sous étude, la situation mondiale est, entre autres, dominée par (i) la guerre en Ukraine et sa contre-offensive contre la Russie en territoires occupés par la Russie, (ii) le sommet des BRICS sans Poutine, (iii) le sommet du G20 qui s’est déroulé en Inde sans le président Chinois, et (iv) la 4e inculpation de Trump dans l’Etat de Georgia.

1.1. La guerre en Ukraine et la contre-offensive

L’Invasion de l’Ukraine par la Russie rentre dans son 20e mois le  24 octobre 2023. Cette invasion remonte au 24 février 2022. Pour une guerre éclair à la manière de la Géorgie en 2008 et de la Crimée en 2014, cela devient un peu long et coûte des deux côtés des pertes en vies humaines et en matériels. Malheureusement pour l’Ukraine, elle perd des militaires mais aussi beaucoup de civils, même si, selon certaines sources occidentales pro-ukrainiennes, les pertes russes en vies humaines (militaires) avoisineraient plus de 200,000, tandis que les pertes en matériels militaires à plus de 10,000 unités. Ce qui expliquerait peut-être cette amitié soudaine entre Vladimir Poutine de la grande Russie et Kim JONG-UN de la petite Corée du Nord. A court de munitions et même de soldats, la grande Russie se verrait obligée de s’adresser à la Corée du Nord, puissance nucléaire de son état, mais avec des difficultés économique énormes et qui aurait besoin du blé russe pour nourrir sa population. C’est ce qui ressort des analyses occidentales. En tout cas, vu que cette guerre s’annonce dans la durée, on verra la véracité ou non de ces types d’analyse.

Ce qui est sûr, la guerre d’attrition fait rage dans le Donbass en grande partie sous contrôle russe. Les brèches relevées ces derniers temps laissent supposer une certaine avancée de l’armée ukrainienne mais pas assez significative pour parler de percées. Ukraine a traversé une première ligne de défense et s’attaque à une 2e ligne. Toutefois, la Russie a contré les assauts ukrainiens et s’est permis de contre-attaquer de temps à autre. Ce qui explique les pertes de tous genres des deux côtés.

La Russie, qui était maitresse de la Mer Noire et qui pouvait utiliser ses bateaux pour lancer des missiles sur l’Ukraine, en particulier sur Odessa, se voit obligée de  reculer et même  de mettre certains bateaux à l’abri pour éviter les attaques de l’Ukraine à partir des drones navales, car la plupart ont été coulés par ces drones. Même le grand port de Sébastopol en Crimée a subi des dommages ainsi que certains dispositifs militaires tant en Crimée que dans les autres zones occupées comme le Donbass et les 4 oblasts déclarés illégalement  territoires de Russie. A partir des armes soviétiques modifiées et de création de nouvelles armes à grande portée et à vitesse supersonique, l’Ukraine arrive à frapper jusqu’au cœur de la Russie en visant des objectifs militaires. Ce qui a poussé la Russie à déplacer plus en profondeur certaines armes stratégiques pour n’être plus à la portée des armes ukrainiennes (missiles et drones).

Il faut noter que la Russie ne reste pas inactive et continue de bombarder l’Ukraine à distance à partir des missiles balistiques et autres mais avec des munitions conventionnelles et non nucléaires, craignant la réaction de l’OTAN et le largage de son partenaire des BRICS, la grande Chine, qui l’a mise en garde contre toute tentation du genre.  Malgré la pression de certains faucons de son régime qui le poussent à utiliser l’arme nucléaire, Poutine n’a jusqu’à présent pas osé. D’autant que Poutine est sous la menace d’un mandat international qui l’empêche de participer physiquement au sommet des BRICS en Afrique du Sud.  

1.2. Le Sommet des BRICS en Afrique du Sud sans Poutine

Le 22 aout 23 est la date d’ouverture du sommet des BRICS sans la présence physique de Vladimir Poutine à cause du mandat d’arrêt international à son encontre pour crime de guerre. Il a fait son intervention par visioconférence et a été représenté par son ministre des affaires étrangères, M. Lavrov. « Le 15e sommet des BRICS intervient à un moment où les divisions sur la scène internationale ont été accentuées par l'invasion russe de l'Ukraine a expliqué France 24[2].

En effet, « le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a accueilli à Johannesburg ses homologues brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, et chinois, Xi Jinping. L'Inde y est représentée par son Premier ministre, Narendra Modi, et la Russie par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov

 

Les BRICS, qui produisent un quart de la richesse mondiale et comptant 42 % de la population du globe, se sont entendus pour créer une banque de développement et se sont élargis à d’autres pays. Les BRICS intégreront six nouveaux membres en 2024 : l'Iran, l'Argentine, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Certains de ces pays sont aussi membres du G20.

1.3. Le Sommet du G20 en Inde sans Xi JINPING

Le sommet s’est déroulé du 9 au 10 septembre 2023 à New Delhi en Inde, sous la présidence indienne du G20. Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, représentaient l'UE.

Les dirigeants ont publié une déclaration commune à l'issue du sommet à New Delhi : « Nous sommes résolus à jouer un rôle moteur pour surmonter les difficultés auxquelles le monde est actuellement confronté et à bâtir un avenir plus sûr, plus fort, plus résilient, plus solidaire et plus sain pour nos concitoyens et notre planète.»

Sous le thème "Une Terre, une famille, un avenir", les dirigeants du G20 ont débattu, entre autres, des sujets suivants: (i) la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine ; une croissance forte et durable ; (iii) les objectifs de développement durable ; (iv) le climat et l'environnement ; (v) la transition numérique ; (vi) l'égalité des sexes ;

Ils ont également élargi le G20 à l'Union africaine en tant que membre permanent du G20 et ses 54 Etats membres.  L’Afrique, le continent de l’avenir, est donc courtisée par tout le monde dans cette lutte hégémonique pour le nouvel ordre mondial entre les USA et l’Occident d’un côté, la Chine, la Russie et les autres de l’autre. Cette lutte hégémonique exacerbée par l’invasion de l’Ukraine pourrait basculer dans l’autre camp en cas de l’élection de l’inculpé Trump à la présidentielle américaine de l’année 2024.

1.4. La 4e inculpation de Trump dans l’Etat de Georgia

Le mois d’Aout 2024 a vu l’inculpation de l’ex-président Trump pour la 4e fois et 18 autres personnalités de la politique américaine pour tentative de fraude électorale dans l’Etat de Georgia. Le cas de Georgia est tellement grave que lui et ses co-inculpés ont dû payer une caution pour ne pas rester en prison. Mais ce qui est sûr c’est que chacun de ces messieurs a désormais un casier de prisonnier pour la vie. Pourtant, cela ne les empêchera pas de briguer une fonction élective contrairement à Haïti.

2.       LA SITUATION AU NIVEAU D’HAÏTI

La situation haïtienne, quant à elle, c’est, entre autres, a) le statu quo sur le plan politique, b) le règne des bandits et leurs exactions, c) le Canal Massacre et la solidarité du peuple haïtien, d) la 78e Assemblée Générale (AG) de l’ONU et le duel Ariel Henry et Luis Abinader, e) le Conseil de Sécurité de l’ONU vote une résolution pour une intervention musclée en Haïti.

2.1.  Sur le plan politique, le statu quo

Rien ne bouge sur le plan politique malgré la dernière tentative de la CARICOM, malgré les bruits de bottes de l’armée kenyane. Les positions restent figées. Ariel Henry et son équipe restent sur leur position, tandis que les opposions font pareil. Haïti demeure le cadet de leurs soucis. « Je me maintiens », dit l’un ; « ôte-toi que je m’y mette », dit l’autre. Même s’ils ne le disent pas de cette manière, c’est ce qu’on ressent dans leurs attitudes, comportements et propos. On dirait qu’ils ne voient pas ce qui se passe autour d’eux, dans notre pays qui meurt à petit feu à cause des bandits en particulier. 

2.2. Le règne des bandits et leurs exactions

Depuis quelque temps, les bandits occupent le devant de la scène. Ils kidnappent, rançonnent, violent, pillent et tuent. Ils bloquent les routes, saisissent des maisons des particulier, les incendient souvent. Ils massacrent des milliers de gens à travers la zone métropolitaine de Port-au-Prince, en particulier ces derniers temps, à Cannaan, Carrefour Feuille, Cité Soleil, Pétionville, Tabarre, Croix-des-Bouquets, Bélair, Solino. Ces deux dernières années, on en dénombre plus de 2500 tués. C’est la même chose dans le Bas Artibonite, Petite Rivière, Liancourt, Deschapelles, Verrettes, Lestère,  et au niveau de certaines localités comme Savien. De plus, ils étendent leurs tentacules sur des villes comme Cabaret, Saut d’Eau et Mirebalais. Heureusement, ils ont eu pour leur compte. La plupart ont été tués et/ou brulés vifs.

A un moment donné, on avait cru à une jonction possible entre les bandits de Port-au-Prince, en particulier ceux de Canaan et ceux du Bas-Artibonite, BAZ GRAN GRIF. A cause  de la mésaventure de la BAZ CANNAAN à SAUT-D’EAU et à Mirebalais, cette hypothèse est écartée pour le moment. Pour combien de temps encore ?

2.3. Le Canal Massacre solidarise le peuple haïtien

Heureusement que les paysans de Ferrier et de Wanaminthe ont décidé de reprendre la construction du Canal Massacre, mise en veilleuse par l’actuel gouvernement depuis l’assassinat crapuleux du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, le lendemain de la lettre du ministre dominicain des affaires étrangères datant du 6 février 2021 et adressée au ministre haïtien des Affaires Etrangères, Claude Joseph et premier ministre par intérim, demandant  tout simplement au gouvernement haïtien d’arrêter les travaux.

Depuis, les travaux étaient arrêtés. Les paysans en ont décidé autrement au cours de ce mois de septembre 2023, et le président Abinader de la République Dominicaine s’est tellement offusqué qu’il a décidé de manière exagérée de fermer les frontières terrestres, maritimes et aériennes avec Haïti et déployer l’armée dominicaine au niveau de la frontière, en particulier à Dajabon, la ville frontalière avec Wanaminthe. Cette décision a renforcé la détermination de l’ensemble des haïtiens  à se solidariser avec les paysans. Le Canal Massacre devient un symbole de résistance haïtienne face à l’ennemi Abinader.

Il croyait pouvoir intimider les haïtiens en prenant ces mesures arbitraires et en prononçant des sanctions contre certains citoyens haïtiens, comme l’ex-sénateur Jacques Sauveur JEAN. Il a provoqué une solidarité sans faille entre les haïtiens. Pour un simple canal de 1.5 m3/s, de 2600 ml sur la rivière massacre, une rivière internationale séparant les deux pays, le premier du genre, on n’a franchement pas compris l’attitude d’Abinader.

 Sur cette même rivière, les dominicains ont déjà construit  et exploitent 11 canaux du même genre sans jamais avertir l’Etat haïtien, comme le prévoient le « Traité de paix, d’amitié éternelle et d’arbitrage » du 20 février 1929 entre les deux pays et la Convention de l’Eau de l’ONU d’Helsinki de 1997. Sans compter la déclaration conjointe signée à Santo Domingo le 27 mai 2021 et relative à la construction du canal. C’est à croire qu’il s’agit tout simplement d’une manœuvre électorale d’Abinader, candidat à sa propre succession à la présidentielle de 2024, pour avoir l’appui des ultra nationalistes dominicains hostiles aux haïtiens. De plus, il a essayé de se justifier à la 78e Assemblée Générale de l’ONU.

2.4. La 78e Assemblée Générale de l’ONU Ariel Henry vs Abinader

Pour la première fois depuis sa prise de fonction en Juillet 2021, Ariel Henry[3] a fait un discours qui a satisfait la majorité des haïtiens en prenant une position ferme par rapport à la construction du canal. Il ne comprend pas « ce malaise inutile » ; car selon lui « Haïti n’est en guerre avec personne », et que toute ressource commune entre les deux pays doit être partagée « de manière équitable et sans heurt ». Il a indiqué  le chemin  du « dialogue pour régler le différend avec la République Dominicaine ». Tout en sollicitant l’appui de la communauté Internationale pour venir en aider à  notre pays, qui par le passé a beaucoup aidé d’autres pays, le premier ministre croit qu’ « Haïti peut encore et veut redéfinir son avenir.»

2.5. Le Conseil de Sécurité de l’ONU vote pour une intervention musclée en Haïti

Le Lundi 2 octobre 2023, le Conseil de sécurité  (CS) de l’ONU a voté une résolution présentée par l’Equateur et les USA sur la crise Haïtienne. Cette résolution a été votée par 13 membres du CS contre 2 abstentions. Une douzaine de pays s’est engagée pour faire partie de cette mission sur Haïti.  « Dans sa résolution adoptée lundi[4], le Conseil de sécurité indique que l’exécution de cette opération temporaire sera financée au moyen des contributions volontaires des États Membres et des organisations régionales et avec leur appui, « en vue de soutenir l’action menée par la Police nationale d’Haïti pour rétablir la sécurité en Haïti et créer les conditions de sécurité propices à la tenue d’élections libres et régulières ».

« La mission internationale est chargée de fournir un appui opérationnel à la police haïtienne, alors que celle-ci s’emploie « à lutter contre les bandes et à améliorer les conditions de sécurité dans le pays, où règnent enlèvements, violences sexuelles et fondées sur le genre, traite des personnes, trafic de migrants, contrebande d’armes, homicides, exécutions extrajudiciaires et recrutement d’enfants par des groupes armés et des réseaux criminels ».

3.       CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Je m’excuse une fois de plus pour le retard mis à produire cette 41e chronique. J’ai essayé donc, selon moi, d’analyser les faits les plus saillants de cette période de deux mois tant sur le plan international que national.

Au niveau mondial, la guerre en Ukraine s’annonce dans la durée. La controffensive  ukrainienne prend plusieurs formes. En plus de la guerre d’attrition dans le Donbass avec des pertes en matériels et en vies humaines des deux côtés, la Russie continue de bombarder l’Ukraine à distance en visant, en particulier  et entre autres, le port d’Odessa pour empêcher l’Ukraine de vendre ses matières agricoles et autres à travers le monde, en particulier en Afrique. L’Ukraine réagit et attaque les navires russes de la Mer Noire à l’aide drones navales, obligeant la Russie  à éloigner sa flotte vers des endroits plus surs. Elle frappe aussi les objectifs stratégiques de la Russie tant au niveau des zones occupées qu’en Russie. Certaines brèches  s’agrandissent au niveau du Donbass et pourraient se transformer en percée. Attendons voir.

En attendant, toutes les autres grandes actions au niveau mondial ont un lien quelconque avec la guerre en Ukraine, la non-participation de Poutine au sommet des BRICS en Afrique du Sud, leur élargissement à d’autres pays, les résolutions prises ; les résolutions du G20, l’admission de l’Union Africaine et ses Etats membres ; la position de Trump plutôt pro-Poutine. La guerre en Ukraine favorise un repositionnement mondial et de nouvelles alliances, avec, en prime et à moyen terme, un monde multipolaire. Le Nouvel ordre mondial, amorcé par le COVID-19, se met en place lentement mais surement. Haït en a-t-elle conscience?

Certes au niveau des gens qui réfléchissent, mais pas au niveau des représentants actuels de l’Etat et de la classe politique. S’ils en ont conscience, ils n’en parlent pas, car trop occupés à se battre pour le pouvoir, et à regarder faire les gangs. Heureusement, le Canal Massacre et le vote de l’ONU viennent nous rappeler qu’il faut se battre désormais pour Haïti.

 Il faut dorénavant apprendre à planifier correctement l’avenir de notre pays, en prenant comme prétexte le  Canal Massacre, pour proposer un plan global  de notre pays 2024-2054 à raison de 5 milliards de dollars américains par année (5 Mrds d’USD/an), soit un montant global de 150 Mrds d’USD, avec des aspects d’urgence, de relèvement et de développement, et l’imposer à la Communauté Internationale (CI) qui viendra nous aider à résoudre la crise multiforme et multidimensionnelle de notre pays qui remonte à des années et qui a atteint son point culminant ces deux dernières années.  Ce plan pourrait être financé partiellement à travers le budget 2023-2024 de 320, 645, 000,000 de gourdes (2.4 Mrds USD), effectif depuis le 1er octobre 2023.

Soyons grands et voyons grand comme nos pères fondateurs. Sommes-nous en mesure maintenant de  faire ce plan ou allons-nous continuer à nous battre pour les broutilles du pouvoir suprême ?

 

dimanche 13 août 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (40) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (17), CONTRE-OFFENSIVE EN TERRITOIRES OCCUPÉS, EN MER NOIRE ET EN RUSSIE ; HAITI : EN PLUS DU STATU QUO ANTE, LA GRANDE FAUCHEUSE EMPORTE 3 GRANDES PERSONNALITES.

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (40) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (17), CONTRE-OFFENSIVE EN TERRITOIRES OCCUPÉS, EN MER NOIRE ET EN RUSSIE ; HAITI : EN PLUS DU STATU QUO ANTE, LA GRANDE FAUCHEUSE EMPORTE 3 GRANDES PERSONNALITES.

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

1 1 AOUT 2023

Sur le plan international, rien de nouveau sous le soleil, l’Ukraine butte sur l’armée russe dans les territoires occupés par cette dernière, choisit d’amener la guerre non seulement sur les territoires occupés mais aussi au niveau de la Mer Noire, en Crimée, et même à Moscou, à coup de frappes  de missiles, de drones navales et aériens ; l’OTAN s’est réunie à Vilnius en Lituanie ; Vladimir Poutine a organisé son Sommet Russie/Afrique ; le coup d’Etat au Niger en Afrique de l’Ouest divise, et la saga Trump revient au-devant de la scène avec deux inculpations en relation avec les documents « top-secret » et le dossier « January 6Th » où M. Trump a tenté de changer le résultat de la présidentielle de 2020.

En ce début du mois d’août 2023 et par rapport au mois dernier, rien ne change non plus en Haïti sur le plan sociopolitique. C’est le statu quo. C’est toujours le règne des 3 « I », (Insécurité, Impunité et Instabilité politique). Ariel Henry  est toujours à la barre et ne s’entend pas avec les oppositions. Le banditisme, pour ne pas dire le terrorisme, reprend ses droits, étend ses territoires tout en augmentant la cadence des kidnappings et fait de la provocation en donnant des ultimatums aux autorités établies. Ça va sans dire que les bandits agissent en toute impunité, malgré les bruits de certains éléments du système judiciaire. Et le Kenya s’est offert pour prendre la tête de la force multinationale « robuste » qui viendrait aider la police nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte contre le banditisme. C’est dans cette ambiance morose que l’ex-premier ministre Jean Jacques Honorat (92 ans), l’icône de la presse haïtienne  Liliane Pierre-Paul (70 ans) et l’ex-président Boniface Alexandre (87 ans) se sont donné rendez-vous avec la grande faucheuse. Ce qui nous amène à intituler cette 40e chronique ainsi : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (40) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (17), CONTRE-OFFENSIVE EN TERRITOIRES OCCUPÉS EN MER NOIRE ET EN RUSSIE ; HAITI : EN PLUS DU STATU QUO ANTE, LA GRANDE FAUCHEUSE EMPORTE 3 GRANDES PERSONNALITES.

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

Comme mentionné au paragraphe 1 de l’introduction, un certain nombre de points méritent une analyse plus poussée pour être bien appréhendés par le lecteur, tels que :

1.1.  La guerre en Ukraine, le piétinement de la contre-offensive

Tous les analystes occidentaux admettent maintenant au cours de ce 18e mois que la contre-offensive ukrainienne piétine sur les 1000 km de la ligne de front. Les deux armées russe et ukrainienne se neutralisent. C’est la guerre d’attrition dans le Donbass. Beaucoup de pertes en vies humaines et en matériels des deux côtés. Car la Russie a bien préparé sa défense. Et l’Ukraine n’a pas reçu à temps les matériels promis par l’Occident, en particulier les chars modernes et les fameux avions F-16.

D’un autre côté, la Russie n’a jamais cessé de bombarder et continue de bombarder à distance l’Ukraine, causant des pertes en vies humaines au niveau de la population civile et des dégâts matériels, comme des dépôts de stockage de blé (+100,000 TM selon certaines sources) et des installations dans le port d’Odessa depuis la cessation unilatérale de l’accord quadripartite impliquant l’ONU, la Turquie et les deux belligérants en représailles aux frappes ukrainienne du pont de Crimée, et très certainement aussi en frappant des dépôts de munitions et de carburant, même si on n’a pas trop d’informations en ce sens.

Quant à l’Ukraine, grâce aux armes occidentales reçues, aux drones de fabrications soviétiques modernisés et de fabrications ukrainiennes, drones navales et aériens, elle frappe en profondeur dans les territoires occupés, au niveau de la Crimée, des 4 derniers oblasts annexés récemment, du territoire russe et jusqu’à Moscou. Elle utilise des drones aériens en Crimée et à Moscou ; des drones navales, au niveau de la Mer Noire et de la Mer d’Azov, heurtant avec force des bâtiments militaires et des pétroliers russes. Avec des armes occidentales de haute précision,  elle cause des dégâts dans  des installations stratégiques comme des dépôts de munitions, des raffineries de pétrole, des nœuds ferroviaires, des ponts comme ceux de Crimée et autres bâtiments stratégiques en Crimée et dans les territoires occupés.

1.2. Le Sommet de l’OTAN à Vilnius en Lituanie

Comme la situation au niveau de l’Ukraine est préoccupante, l’essentiel de ce sommet a été consacré à l’invasion de l’Ukraine et aux menaces de Moscou par rapport à l’occident, en particulier par rapport aux états baltes. Malgré les réticences de la Turquie et de la Hongrie, l’OTAN a fini par admettre officiellement la Suède en son sein.  Avec la Finlande et la Suède, l’OTAN devient beaucoup plus forte et plus unie. L’action de Poutine en Ukraine a donc produit l’effet inverse par rapport aux prévisions de Moscou qui tablait, en fonction de ces mêmes types d’actions en Tchétchénie (1994-1996), en Géorgie (2008) et même en Crimée (2014), sur la même passivité dont a fait preuve  l’occident par le passé. Cette fois-ci, l’OTAN qui était en état de « mort cérébrale », s’est réveillée, s’est renforcée et appuie à fond l’Ukraine.

1.3. Le Sommet Russie-Afrique

Suite au Sommet de Vilnius qui a vu la consolidation de l’unité de l’OTAN, sa grande solidarité et son engagement  vis-à-vis de l’Ukraine, la Russie a réuni, à Saint-Pétersbourg, la quasi-totalité des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Afrique (49/54) dont les putschistes de Mali, de Burkina Faso, sur la nécessité de renforcer les partenariats entre Moscou et les capitales africaines : forum économique et humanitaire, accords sur le commerce, l’investissement, et la coopération scientifique et technique. C’est le 2e sommet du genre, avec un accent particulier sur la guerre en Ukraine (« l’opération spéciale », selon Moscou). Au cours de ce sommet, il a été évoqué la question de la faim en Afrique et de la crise alimentaire mondiale. Et Vladimir Poutine, qui a rompu unilatéralement l’accord quadripartite céréalier et s’est mis à bombarder le port d’Odessa, le seul port ukrainien sur la mer noire, les autres étant sous domination russe, a promis de venir en aide à l’Afrique, qui s’approvisionne en grande partie en Ukraine, en promettant la livraison de 250,000 TM de céréales en remplacement du blé ukrainien. C’est l’utilisation de l’arme alimentaire par Poutine pour affamer le monde et surtout l’Afrique et le Moyen Orient, en mettant tout cela sous le compte des sanctions occidentales.

Il faut noter que, dans cette guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’Afrique a toujours fait preuve globalement d’une neutralité orientée pro-russe, car elle s’est toujours abstenue de condamner la Russie lors des résolutions de l’ONU. Il faut noter le discours du Capitaine Ibrahim Traore, digne héritier de Thomas Sankara, et chef d’Etat de Burkina Faso, qui a fait sensation sur les réseaux sociaux mais qui a poussé les anciens à lui tirer un peu les oreilles eu égard à certains propos malencontreux. Il faut noter aussi que Moscou a condamné le coup d’Etat contre le président élu du Niger, même si, dans la réalité, lors des manifestations pro-putschistes, les drapeaux russes occupent le devant de la scène. Dans cette zone de l’Afrique de l’Ouest divisée sur le coup d'état du Niger, la bataille entre les puissances hégémoniques anti et pro-occidentales fait rage. C’est un théâtre assez propice pour alimenter un 3e conflit mondial en vue du contrôle des ressources stratégiques abondantes qui s’y trouvent.

1.4. La saga Trump continue   

De l’autre côté de l’Atlantique, la saga Trump continue. En plus d’être inculpé pour le dossier des documents « top-secret », il vient d’être inculpé sur le dossier « January 6th » où il a incité ses partisans à attaquer le Capitol (Parlement) pour changer le résultat de la présidentielle de 2020. Le procureur l’a inculpé pour 4 chefs d’accusation qui pourraient lui valoir de manière cumulée, s’il est condamné par le Grand Jury, plus d’une cinquantaine d’années de prison. Le dossier de Georgia pour tentative de fraude électorale devrait incessamment prendre le relais pour une 4e inculpation si l’on ajoute celle de New-York. En attendant, Trump, qui bénéficie des effets de ces inculpations et s’en vante, mène la danse dans les sondages pour remporter l’investiture républicaine avec plus de 50% d’intentions de vote, suivi de très loin par Ron DeSantis avec 17% et par une multitude de candidats avec moins de 5% d’intentions de vote. De là il n’y a qu’un pas  à revoir le match Biden-Trump en 2024. Attendons voir! Et Haïti profite du programme PAROLE de Biden avec plus de 50,000 personnes déjà admises eu égard à la crise multiforme et multidimensionnelle qui s’empire de jour en jour sur le terrain.

II.                   SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

2.1. La situation n’évolue pas trop en Haïti

Par rapport au mois dernier et en ce début du mois d’août, la situation n’évolue pas trop. C’est la même rengaine. C’est le statu quo ante. Ariel Henry mène la danse au niveau politique avec l’aide de la communauté internationale, malgré la convocation du juge d’instruction dans le cadre de l’assassinat de Jovenel Moïse. Aucune entente à l’horizon avec les oppositions politiques en dépit des manifestations de rue par une frange de la population (Carrefour-Feuille, Gonaïves, etc.) exigeant son départ. La situation socioéconomique se détériore malgré une baisse relative du dollar par rapport à la gourde. Plus de la moitié de la population est dans l’insécurité alimentaire. Ce sont les effets de l’instabilité politique, de l’insécurité et de l’impunité. C’est pourquoi les bandits se sentent libres pour maltraiter la population et opérer en toute impunité.  

              2.2. Le règne du terrorisme

En effet, le banditisme, pour ne pas dire le terrorisme, reprend ses droits. C’est le règne du terrorisme. Vitelhomme reste le maitre du jeu dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, en particulier au niveau Kenscoff, de Pétionville, de Tabarre et une partie de la Croix-des-Bouquets. Lanmò 100 Jou mène la danse à Ganthier, Croix-des-Bouquets, Thomazeau. Le Gang Canaan, qui a subi des revers de la police (8 morts selon les dernières informations) étend ses tentacules sur Zoranger, menace la ville de Saut-D ‘eau. Grand Grif et Kokorat San Ras occupent une bonne partie du Bas-Artibonite, Verrettes, Deschapelles, Liancourt, Petite-Rivière de l’Artibonite, L’Estère et Périsse aux portes des Gonaïves, et par conséquent isolent les villes comme Marchand-Dessalines, Desdunes, Grande Saline et Saint-Marc. Ces terroristes font irruption dans des maisons, emportent tout, y inclus parfois les résidents de ces maisons. Ils étendent leurs  territoires tout en augmentant la cadence des kidnappings et font de la provocation en donnant des ultimatums aux autorités établies. Ça va sans dire que les bandits agissent en toute impunité, malgré les bruits de certains éléments du système judiciaire.  

              2.3. Le Kenya à la tête de la force multinationale robuste(?)

C’est dans cette ambiance délétère que l’information de l’arrivée  du Kenya à la tête de la Force Multinationale Robuste occupe le devant de l’actualité depuis plus de quinze jours. Cette annonce divise les haïtiens sur la question. Certes, le Kenya s’est offert pour prendre la tête de la force multinationale « robuste » qui viendrait aider la police nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte contre le banditisme ; mais la question n’est vraiment réglée sans l’approbation des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. Par rapport aux rivalités entre les 5 membres du Conseil Permanent, composé des USA, de la France, de la Grande Bretagne d’un côté, et de l’autre, la Chine et la Russie, personne ne sait ce qui va vraiment se passer. Dans le cas d’une approbation unanime des membres du Conseil, tout le monde doute de la capacité d’une force multinationale composée exclusivement de policiers, à venir à bout des bandits qui opèrent en Haïti. Pour plusieurs spécialistes de la question, la situation actuelle d’insécurité en Haïti est une affaire de militaires. Il sera difficile sinon impossible pour cette force multinationale en appui à la Police Nationale d’Haïti d’arriver à des résultats escomptés par l’ensemble des haïtiens de bonne volonté, dont la plupart qui ont occupé de grandes fonctions au niveau de l’Etat et une journaliste de renom, fine observatrice de la politique durant des décennies, sont frappés par la grande faucheuse.

              2.4. La faucheuse a frappé 3 grandes personnalités haïtiennes

Effectivement, l’ex-Pm Jean Jaques Honorat (92 ans), l’icône de la presse haïtienne  Liliane Pierre-Paul (70 ans) et l’ex-président Boniface Alexandre (87 ans) se sont donné rendez-vous avec la grande faucheuse. Elle est passée par là et nous a privés de ces 3 grandes personnalités qui ont marqué la vie nationale. Certes les deux politiques étaient déjà à la retraite, mais Liliane, quant à elle, était très active et animait avec passion ses émissions sur Radio Quisqueya. Le « Jounal 4 Trè » était suivi à travers le monde tous les jours par les haïtiens, et, en partie, souvent repris sur les réseaux sociaux. Liliane a passé près de 50 ans sur les ondes, exception faite de la période d’exil. En effet, elle a commencé très jeune à Radio Haïti. Elle a été arrêtée, torturée et exilée. Elle est revenue mieux préparée, plus aguerrie et surtout plus mature. C’était « un personnage haut en couleur et qui ne se laisse pas faire même dans des moments difficiles », m’a confié une de ses  consœurs. Avec elle, c’est toute une génération qui s’éteint au fur et à mesure. Il ne nous reste, entre autres, que Marvel Dandin, Elsie Ethéart et Marcus Garcia.

A noter que, lors des funérailles grandioses de Liliane, Me André Michel, le principal porte-parole de l’opposition à Jovenel Moïse, le président assassiné le 7 juillet 2021, et fer de lance du mouvement « peyi lok » de 2019 qui a fait comprendre à la population que son avenir est derrière les barricades, a été agressé par cette même population, estimant avoir été trahie par ce monsieur qui jouit actuellement des largesses du pouvoir en place.  Ce dernier, qui a eu la vie sauve grâce aux gardes de corps mis à sa disposition par le pouvoir, accuse la femme du président assassiné, Martine Moïse, d’être à la base d’un complot pour l’assassiner.

III.                CONCLUSIONS ET PERPECTIVES  

Plus ça ne change, plus c’est la même chose tant à l’étranger qu’en Haïti. Haïti et le monde sont, depuis le covid-19 et la guerre en Ukraine actuellement avec leurs multiples effets multiplicateurs sur l’ensemble de la planète, toujours à la croisée des chemins. Et l’interrogation relative à cette croisée des chemins ne trouve pas encore de réponse, même si on sent le contour de quelque chose d’indéfinissable se dessiner à l’horizon. En attendant…

Sur le plan international, la guerre en Ukraine, dont les effets sont « mondialisés » ou encore appelée « guerre hybride », semble être le déclencheur de ce nouveau contour mondial amorcé par le covid-19. Depuis 18 mois, le monde vit au rythme de cette guerre, « l’opération spéciale » selon Moscou, qui, parfois, est détrônée par une actualité brulante d’un moment qui lui est liée ou apparemment sans lien direct, mais façonne le nouvel ordre mondial qui se met en place lentement mais surement. Ces jours-ci, l’actualité autour de l’Afrique avec ce simple coup d’Etat au Niger, qui divise la CEDAO, la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest qui a fait le pari de la démocratie eu égard à l’occident, et dont certains membres sous influences grandissantes de la Russie et de la Chine choisissent de manière brutale la voie autocratique (coups d’Etat). Le sommet de l’OTAN à Vilnius donc de l’occident et celui de la Russie/Afrique s’inscrivent dans une démarche de renforcement de liens de partenariats entre deux camps opposés voulant à tout prix imposer leur vision du monde, en se servant du dossier ukrainien comme paravent. Très certainement le 15e  sommet du BRICS (protagoniste sérieux de l’occident), le 22 août 2023, en Afrique du Sud, ainsi que les élections américaines avec une probable investiture républicaine de Trump, se serviront du dossier ukrainien comme thème de discussion  et de campagne. La guerre en Ukraine est donc à toutes les sauces mondiales et contribue, par ses effets mondialisés, à définir le contour du nouvel ordre mondial multipolaire et à influencer la situation haïtienne.

Sur le plan national, la situation sociopolitique ne change pas et imprime son sceau à tout le reste. Le terrorisme prend de l’ampleur et gagne de nouveaux territoires. L’arrogance des gangs est inacceptable ainsi que leurs menaces. La mort de certaines personnalités influentes n’est pas pour arranger les choses. En particulier celle de Liliane. S’il se confirmait le Kenya à la tête de la force multinationale d’intervention, une voix comme celle de Liliane aurait pu aider à mieux orienter les choses ainsi que la contribution de Me B. Alexandre à la rédaction d’une nouvelle constitution pour ce nouvel Etat d’Haïti dont le plan de développement, résultant d’une concertation approfondie entre nous appuyée par la communauté internationale. Ce plan serait axé sur les six capitaux : (i)Humain, (ii)Socio-culturel, (iii) Environnemental, (iv) Infrastructurel, (v) Economique et financier, et enfin (vi) Politique et gouvernance), dont le croisement aboutirait à 36 éléments fondamentaux de développement basés sur un système équilatéral favorisant l’équilibre parfait des 3 pouvoirs d’Etat, et débouchant au final sur la « Vision 2054 », faire d’Haïti le Pays Phare du monde en 2054, une démocratie solidaire réduisant l’écart entre les riches et les pauvres, en passant par 2 étapes fondamentales, à savoir : 1) Atteindre un niveau de souveraineté de 88% en 2032, et 2) Arriver en 2042 à un niveau d’émergence équivalent aux pays de la Scandinavie (Norvège, Suède, Finlande, Danemark).  

vendredi 7 juillet 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (39) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (16), POUTINE VASCILLE (?) CONTRE-OFFENSIVE PIETINE ; HAITI : INSTABILITE POLITIQUE, INSECURITE ET IMPUNITE, EFFETS DES 3 «I».

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (39) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (16), PUTIN VASCILLE (?) CONTRE-OFFENSIVE PIETINE ; HAITI : INSTABILITE POLITIQUE, INSECURITE ET IMPUNITE, EFFETS DES 3 «I».

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

7 JUILLET 2023

En terminant la 38e  chronique consacrée à l’interrogation « Haïti et le monde à la croisée des chemins(?) », on a formulé le vœu de voir la crise multidimensionnelle et multiforme haïtienne s’achever par un appui musclé de la communauté internationale et une entente inter-haïtienne basée sur un document portant les germes de réussite de la vision 2054. Malheureusement, jusqu’à date, rien ne bouge en ce sens, sinon la visite du Secrétaire Général de l’ONU en Haïti, le 1er juillet 23, qui fait un plaidoyer pour « le déploiement immédiat d'une force de sécurité internationale robuste pour assister la Police nationale d'Haïti dans sa lutte contre les gangs ». A part cela, c’est toujours la même rengaine : l’Instabilité politique, l’insécurité et l’impunité, ce que nous appelons les 3 « I ».

Sur le plan international, la guerre en Ukraine s’est vu voler la vedette par le naufrage de Titan et ses 5 passagers milliardaires et surtout par la mutinerie de la Milice Wagner contre le pouvoir en place en Russie, tandis que le sommet de Paris pour un Nouveau Pacte Financier Mondial suivi d’une bavure policière causant, à Nanterre,  la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans, qui embrase la France entière,  et  la saga Trump aux USA font l’essentiel de l’actualité mondiale.

La 39e chronique synthétisera tout cela en commençant par  la géopolitique mondiale, et en essayant d’analyser les effets des trois « I » sur Haïti depuis l’assassinat crapuleux du président Moïse le 7 juillet 2021, il y a deux ans. D’où le titre de cette 39e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (39) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (16), POUTINE VASCILLE (?) LA CONTRE-OFFENSIVE PIETINE ; HAITI : INSTABILITE POLITIQUE, INSECURITE ET IMPUNITE, EFFETS DES 3 «I». »

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

La situation géopolitique mondiale est dominée par (i) la guerre en Ukraine, la mutinerie de la milice Wagner en Russie,  le piétinement de la contre-offensive ukrainienne, le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, la mort de Nahel qui embrase la France et la saga Trump aux USA.

1.1.  La guerre ([1]) en Ukraine, la mutinerie de Wagner et la contre-offensive

 

Le 24 juin 2023, la guerre en Ukraine rentre dans son 17e mois. Par rapport au mois de mai 23, la contre-offensive lancée début juin 23 n’a pas donné les résultats escomptés, selon le scénario hollywoodien envisagé par la presse occidentale. Seulement 37 km2 récupérés par l’Ukraine depuis le début de cette contre-offensive, selon le président Zelensky. Cette récupération ne se fait dans le sens de la profondeur qui s’apparenterait à une forme de percée. La défense russe tient bon jusqu’à date et ne se contente pas de défendre mais opère des contre-attaques localisées. Un gouverneur d’un des oblasts de l’Ukraine en partie sous domination russe a estimé à 180,000 hommes les troupes déployées par la Russie sur le front-est. C’est énorme par rapport aux 60,000 à 70,000 hommes prévus pour la contre-offensive ukrainienne

Donc la mutinerie de Wagner (25,000 hommes aguerris et armés) contre le pouvoir russe, qui a parcouru en 24 heures 780 km de Rostov à 200 km de la capitale Moscou, détruisant 6 avions de guerre, 5 hélicoptères et 13 soldats russes tués (rapporté par HPM[2]), a certes fait vaciller Vladimir  Poutine l’espace d’un cillement, mais n’a pas trop perturbé l’armée russe sur le terrain face à l’Ukraine. L’Ukraine en a certes profité un peu sur les divers points du front de plus de 1000 km, mais pas au point de réaliser une percée extraordinaire. Selon les analystes occidentaux, cette mutinerie de Prigogine, qui a montré les faiblesses de l’armée russe et qui devrait perturber psychologiquement les soldats  sur le terrain, s’est achevée par une sorte de démantèlement  de Wagner en Russie et un exil en Biélorussie (?) de son chef emblématique, Evgueni Prigogine, en attendant son éventuelle élimination physique car Vladimir Poutine n’a jamais pardonné ces genres de trahison.

Pourquoi Poutine ferait-il maintenant une exception à ce principe caractéristique de son pouvoir de domination axé sur la peur et la brutalité, et épargnerait-il la vie de Prigogine au risque de créer une brèche fatale qui, à la longue,  pourrait sonner le glas de son régime ? A cause des promesses faites lors des négociations qu’aurait menées le président de la Biélorussie, Aleksander Loukachenko, pour éviter le bain de sang entre frères d’armes russes ? A cause des multiples[3] enjeux de la contre-offensive ukrainienne dont la plupart des troupes de Wagner en constituent un rempart sérieux dans la défense russe ? A cause de ce que représente Wagner dans le dispositif de domination russe à l’étranger, en particulier en Afrique ? En tout cas, à moins d’un changement radical dans le comportement normal de Poutine, l’élimination physique de Prigogine est, à mon avis, juste différée. Une question de temps et d’opportunité du moment.     

1.2.      Le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial

C’est ce moment qu’a choisi Emmanuel Macron pour lancer le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, en réunissant les représentants de l’ensemble des continents, gouvernements, institutions financières, sociétés civiles, secteurs privés et ONG. Ce sommet a permis des débats entre des chefs d’État et de gouvernement de pays du Nord et du Sud, des représentants d’institutions financières mondiales, des ONG, des représentants du secteur privé et de la société civile (économistes) en vue "de jeter les bases d’un nouveau système pour relever nos défis communs : la lutte contre les inégalités, le changement climatique, la protection de la biodiversité".

Les objectifs sont multiples mais l'idée générale de ce sommet est, selon les organisateurs, de "réformer le système financier international", à savoir "construire un nouveau consensus pour un système financier international plus solidaire. " Cela passe notamment par "définir les principes des réformes à venir et fixer une trajectoire vers un partenariat financier plus équilibré entre le Sud et le Nord." Il doit aussi "ouvrir la voie à de nouveaux accords pour lutter contre le surendettement et permettre à davantage de pays d’accéder aux financements dont ils ont besoin pour investir dans le développement durable, mieux préserver la nature, faire chuter les émissions et protéger les populations contre la crise écologique, là où c’est le plus nécessaire."

Suite à ce sommet, le Nouveau pacte financier mondial permettra de mieux "lutter contre les hauts niveaux d’endettement qui empêchent les gouvernements de mettre en œuvre une action ambitieuse pour réduire les fractures climatiques, économiques et technologiques qui risquent de fragmenter notre monde." Emmanuel Macron le promet: "nous frapperons fort, car nous allons tout d’abord établir un nouveau consensus."

Nahel est victime d’une bavure policière et la France s’embrase

Sans avoir eu le temps de savourer  les résultats immédiats de ce sommet de Paris, une bavure policière coutant la vie à Nahel, un adolescent de 17 ans d’origine arabe, la France va s’embraser. La France brule. Des jeunes de 14 à 16 ans mettent le feu en France, brulent des véhicules, attaquent et blessent plus de 200 policiers, les commissariats de police, les mairies, brisent les vitrines des magasins pour piller, voler. Plus de 700 interpellations. Malgré tout, il n’a pas été enregistré de mort d’homme jusqu’à date.

 L’actualité qui était dominée par la mutinerie en Russie et la guerre en Ukraine est réorientée vers la France. Le gouvernement français est sur la sellette et se concentre sur la gestion de cette crise qui a pris une ampleur inexpliquée. Cette bavure policière a été le détonateur de  quelque chose qui couvait déjà. Tout le monde essaie de trouver des explications à ce déchainement soudain de violences aveugles. On a évoqué la réforme de retraite qui passe de l’âge de 62 à 64 ans et qui aiguise le mécontentement des syndicats et des extrêmes en France en dépit de l’arbitrage favorable de la Cour Constitutionnelle avec quelques légères modifications. Les leaders de l’opposition qui commençaient à jaser, à prendre position, se sont vite rétractés par rapport à l’ampleur de la crise et surtout par rapport à la violence qui l’accompagne. La Russie qui accusait les américains et l’occident de déstabilisation par rapport à la mutinerie de Wagner, n’est-elle pas pour quelque chose dans ce déchainement de violence en France, l’un des membres influents de l’occident et apôtre de la démocratie libérale que redoutent Poutine et tous les dictateurs à travers le monde?     

1.3.      La saga Trump

De l’autre côté de l’Atlantique, Trump continue de faire des siennes. Il rejette  les accusations portées contre lui par le département de la Justice (DOJ) ; il en accuse l’administration Biden de persécutions politiques malgré les évidences de sa culpabilité dans l’utilisation des documents « top secret ». De plus, un autre dossier, celui de Georgia où il a tenté de corrompre le secrétaire d’Etat républicain de cet Etat, en exigeant de lui l’attribution frauduleuse de plus de 11,000 votes qui lui auraient permis de garder le pouvoir lors de la dernière présidentielle gagnée par Joe Biden. On dirait un leader politique haïtien.

II.                   SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 Par rapport au mois de mai 23, la situation haïtienne n’a pas vraiment évolué. Le forum de la Jamaïque n’a pas donné de résultats spectaculaires. La participation du PM Henry au sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial lui a permis de faire un plaidoyer pour une intervention militaire en Haïti. L’opération Bwa Kale perd de son ampleur, les bandits réapparaissent avec une certaine arrogance (Vitelhomme et Baz Gran Grif). Il faut noter que la situation actuelle est étroitement liée aux 3 « I » qui ont conduit à l’assassinat crapuleux du président Moïse, le 7 juillet 2021. Et le 7 juillet 23 est déclaré « Jour Férié » par le gouvernement.

L’instabilité politique, l’impunité et l’insécurité et leurs effets

Pour bien comprendre ce qui se passe au pays haïtien  actuellement, il faut remonter le temps. On pourrait remonter à l’assassinat de Dessalines comme je l’ai fait dans deux vidéos en relation avec les 3 « I », mais il suffit de partir de l’assassinat de Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 eu égard à l’instabilité politique, l’impunité et l’insécurité, pour avoir une idée assez exacte de la situation actuelle.     

Avant de nous plonger dans une analyse  plus approfondie, revoyons avec Dimitri Norris[4] ce qui a marqué le mois de Juin 2023. « Il (le mois de Juin) débute par un événement climatique qui montre la fragilité du territoire national aux événements climatiques extrêmes de moyenne ampleur. On le savait déjà. On le constate encore. Une pluie qui dure plus de vingt-quatre heures noie le pays haïtien. Si elle a peut-être eu un impact positif en amont, elle est catastrophique en contrebas et en particulier pour la ville et la commune de Léogane. Parallèlement le gouvernement haïtien et l'ensemble de la classe politique sont invités par la Caricom à un dialogue inter-haïtien à la Jamaïque. Il ne semble pas en avoir résulté grand-chose. Quelques déclarations qui resteront probablement sans suite même si d'un autre côté, cette rencontre permet de mieux saisir les contours de certains acteurs et notamment de la nouvelle cheffe de la BINUH qui nous apprend que le gouvernement de Mr. Ariel Henry installée par un tweet de Madame Lalime représente en Haïti la légitimité du pouvoir. Ce qui en pareille circonstance signifie que rien n'est appelé à changer. Et voilà elle donne le ton, tout le reste ne sera que gesticulations. Un événement extrêmement grave se produit durant ce dialogue inter-haïtien qui se tient à Kingston: le sac de la Sun Auto et du coup du consulat de la Jamaïque. Est-ce une coïncidence? Si l'on voulait envoyer un message, on ne saurait pas faire mieux. C'est limpide. Vous de la Caricom, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Sur la même lancée, on kidnappe Marie Lucie Bonhomme en allant la prendre chez elle, puis son mari, (Pierre-Louis) Opont ».

La justice semble se réveiller, et l’impunité se fissurer (?)

      Continuons avec notre ami Dimitri : « Le mois de Juin a son homme, le juge Morin et au-delà la justice haïtienne, elle se réveille de sa léthargie. La convocation de Dieu tout puissant, ainsi nommé Jean Edouard Baussan, l'arrestation de Johanne Clérié, l'inculpation de Youri Latortue, etc..., révèlent quelques fissures au pays de l'impunité totale, capitale, intégrale. Mais au-delà de cela, si les activités de "Bwa Kalé" semblent à l'arrêt, si les blocages ont recommencé sur la route de Martissant, s’il y a encore quelques incidents, le train de l'insécurité n'est plus ce qu'il était. L'été s'annonce. Les examens d'État se profilent. On a presque envie de dire que l'on retrouve une vie normale alors que l'Université Quisqueya organise une conférence internationale sur l'insécurité en Haïti avec la collaboration de partenaires étrangers.»

L’humiliation et l’avilissement

Fermons la parenthèse avec notre ami D. Norris : « Mais à regarder de plus près, l'événement le plus important de ce mois de Juin, c'est la décision du Canada à la suite de la rencontre à la Jamaïque d'installer un bureau de coordination de l'aide au renforcement de la PNH en République Dominicaine, je crois qu'en matière d'humiliation on ne peut faire mieux. Je crois que cette décision marque un moment essentiel dans la mise sous tutelle d'Haïti. Cela confirme ce que je pense depuis longtemps. La communauté internationale poursuit deux objectifs avec Haïti: avilir et asservir. En matière d'avilissement, le fait par le Canada de mettre dans un même lot le citoyen André Apaid et les dénommés Vitelhomme, Lanmo Sanjou et Izo, représente à mes yeux l'avilissement de l'année. »

Les effets néfastes des 3 « I »

Instabilité politique

Dans cette synthèse de Dimitri Norris, les 3 « I », l’instabilité politique, l’insécurité et l’impunité sont présentes. Depuis ces deux dernières années, elles caractérisent un peu plus la vie nationale. Certes Ariel Henry est président et premier ministre, c’est plutôt stable. Le pays se gouverne sur  base d’accords et de désaccords entre les anciens opposants à Jovenel Moïse. C’est une lutte sans merci pour le pouvoir entre deux groupes, l’accord de Montana (30 août 21) et l’accord du 11 septembre 21 (accord Ariel) devenu plus tard l’accord du 21 décembre 22. Ariel Henry se bat avec l’aide de la communauté internationale pour se maintenir au pouvoir et en face Montana et autres veulent le remplacer (ôte-toi que je m’y mette). Instabilité politique.

Insécurité

D’où les multiples rencontres tant en Haïti qu’à l’étranger et les missions de la communauté internationale pour « une entente inter-haïtienne d’abord » sur fond d’augmentation de l’insécurité, assassinat, kidnapping, rançon, vol, viol, bwa kale, etc., et ses conséquences sur la vie quotidienne des haïtiens : insécurité alimentaire +50% de la population, vie chère avec une inflation autour de 50% et les records du dollar par rapport à  la gourde, la fuite des haïtiens à l’intérieur du pays, vers l’extérieur avec les phénomènes de boat people et de fly people. Une véritable tragédie avec des milliers de morts dus à des massacres et des tueries quotidiennes, des naufrages de bateaux et des accidents de véhicules. Tout simplement l’enfer !

                           Impunité

Durant la majeure partie de toute cette période, la justice haïtienne est aux abonnés absents. Et puis il y a les sanctions internationales qui pleuvent sur nos politiciens, nos brasseurs d’affaires, nos gangs à sapâtes dont la plupart sont devenus millionnaires en USD dans l’industrie du kidnapping. L’ULCC qui indexe certains politiciens, la justice qui instruit et accuse Youri Latortue et Joseph Lambert. Dans le dossier d’assassinat de Jovenel Moïse, la justice américaine bouge, Rodolphe JAAR est condamné à perpétuité. Le juge d’instruction dans le cadre de l’enquête relative à l’assassinat de Jovenel Moïse, Walther Wesser Voltaire,  convoque les proches de Jovenel et ses opposants, Guichard Doré, l’ex-PM Joseph JOUTHE, Pierre Espérance, André Michel et autres. Martine Moïse porte plainte aux USA à défaut de ne pouvoir le faire devant un tribunal international. Le pays et la famille Moïse auront-ils justice. Le règne de l’impunité prendra-t-il un coup sévère ? Rien n’est sûr. Seul l’avenir connait la vérité. 

45e Réunion régulière des chefs d’Etat et de gouvernement de la CARICOM

En attendant cet avenir plutôt lointain, le dossier d’Haïti s’est octroyé la première place dans la 45e Réunion régulière de la CARICOM qui fête ses 50 ans à Trinidad and Tobago. Cette réunion s’est déroulée en présence du Secrétaire Général de l’ONU, M. Guterres, le secrétaire d’Etat américain, M. Blinken, le président du Rouanda, M. Kagamé, le premier ministre haïtien, M. Henry, et d’autres Chefs d’Etat et de Gouvernements de cette organisation régionale constituée de 15 pays de la Caraïbe.

« Déploiement d’une force multinationale en Haïti: « aujourd’hui, nous sommes plus proche », déclare Ariel Henry, a titré Gazette Haïti.com[5], suite au point de presse donné par le PM Henry de retour de Trinidad and Tobago. Henry a déclaré, jeudi 6 juillet 2023, à l’Aéroport Toussaint Louverture, eu égard au déploiement de cette force multinationale « robuste » pour reprendre le mot de Guterres : « Je ne vais pas beaucoup parler. Je veux vous dire qu’aujourd’hui, nous sommes plus proche». Selon  la Gazette Haïti, le conseil de sécurité de l’ONU se penche  actuellement sur le dossier Haïti, avec la participation  des officiels haïtiens.

La Gazette précise : « Lors de son point de presse, le premier ministre a rappelé que l’objectif de son gouvernement est de réaliser les prochaines joutes électorales en vue de remettre le pays à un gouvernement démocratique élu pour le rétablissement des institutions républicaines. Le chef du gouvernement annonce des rencontres avec des acteurs de la société civile, du secteur privé des affaires et d’autres protagonistes de la crise. Il annonce aussi l’élargissement prochain du Haut Conseil de la Transition, la modification de la constitution, la mise en place du Conseil Électoral Provisoire et le remaniement ministériel.»

III.                CONCLUSIONS ET PERPECTIVES  

La guerre en Ukraine s’est vu détrôner dans l’actualité mondiale ces derniers jours par la mutinerie de Wagner contre Moscou qui a fait vaciller un peu Poutine, par les événements en France liés à l’assassinat de Nahel dû à une grosse bavure policière et par la saga de Trump aux Etats-Unis ; le pays de l’Oncle a été choqué par la disparition de 5 millionnaires du sous-marin Titan qui devait effectuer un voyage touristique au bateau Titanic, naufragé en mer depuis le début du 20e siècle, tandis que la Cour Suprême des USD annule deux executive orders favorables aux minorités. Entre temps, la contre-offensive ukrainienne continue avec quelques grignotements de territoires sur les 5 points d’attaque de la longue ligne de front. La contre-offensive piétine et Poutine s’apprête à faire des élections dans les territoires occupés ; tandis que l’OTAN va se réunir à Vilnius pour décider, entre autres, du sort de la Suède qui veut officiellement y accéder, mais qui fait face à la résistance de la Turquie et de la Hongrie, les deux pays de cette institution ayant de bons rapports avec Poutine.

Du côté haïtien, mis à part le déploiement probable de la force multinationale internationale en Haïti, dont le contour est défini dans un document confidentiel de l’ONU analysé par le Miami Herald, Haïti semble se contenter du statu quo ante lié aux 3 « I ». Le 2e anniversaire de l’assassinat crapuleux du président Moïse n’est certes pas passé inaperçu, à cause de la plainte de Martine Moïse dans un tribunal des USA contre les présumés assassins de son mari et des auditions du Juge d’Instruction en charge de ce dossier, mais la situation globale du pays n’a pas trop évolué. Les gangs qui ont repris du service à un certain moment de la période sous étude, semblent confronter des difficultés face à la Police Nationale et l’Armée. Le kidnapping à domicile de la Journaliste très connue, Marie Lucie Bonhomme, et un peu plus tard, de son mari, toujours entre les mains des ravisseurs, M. Opont, nous rappelle que les bandits ont toujours la main et nous exigent de doubler de vigilance. Cette situation globale de crise nous interpelle  et nous inquiète. Et nous gardons la perspective ébauchée le mois dernier car elle demeure d’actualité et pourrait inspirer les acteurs dans le cadre d’une probable intervention en Haïti d’une « force multinationale robuste ».

« Je reste persuadé que la crise multiforme et multidimensionnelle actuelle d’Haïti ne pourrait se résoudre que dans le cadre d’une entente inter-haïtienne avec un appui musclé de la communauté internationale[6], mais, cette fois-ci, il nous faudrait produire un document sérieux traduisant réellement les aspirations du peuple haïtien et non nous laisser imposer comme d’habitude un document par nos amis. C’est ce document en trois étapes successives, bien imbriquées, bien articulées, et intégrant l’ensemble des actions d’urgence, de relèvement et de développement du pays qui aboutiraient à la réalisation de la  vision 2054. Il faut commencer maintenant. Le temps presse. Que chacun s’y mette ! ».

 

 

 



[1]  https://www.youtube.com/watch?v=P2wGB_QIjKw

[2] https://www.youtube.com/watch?v=xPsF4XnivJU

[3] https://www.radiofrance.fr/franceinter/enjeux-programme-attentes-tout-savoir-sur-le-sommet-de-paris-pour-un-nouveau-pacte-financier-mondial-2221320

[4] Agr de son état et citoyen haïtien

[5] https://gazettehaiti.com/node/10055

[6] https://jrjean-noel.blogspot.com/2023/06/haiti-et-le-monde-la-croisee-des.html