HAITI,
LE DIALOGUE INTER-HAITIEN, L’UNION NE FAIT-ELLE PLUS LA FORCE ? SVP, UNE
TREVE POUR HAITI !
JEAN-ROBERT
JEAN-NOEL
31
MARS 2014
Comme
je l’ai écrit, le mois dernier, il aurait fallu prémunir le protocole contre
les dérives éventuelles des parties prenantes (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/02/haiti-le-mois-de-fevrier-2014-un.html). C’est pourquoi, je me sens confortable avec l’article
12 du protocole signé entre les protagonistes, même si ce protocole ne se prémunit pas contre les dérives
éventuelles du pouvoir exécutif. Ce
protocole a peut-être préjugé que le Parlement, en particulier le Sénat, serait
plus enclin à ne pas respecter sa parole vu la réticence manifestée par le
Président de ce corps à signer le protocole en février 2014 et la déclaration
du Sénateur Exius en relation avec le
protocole d’accord. C’est à se demander, face à la situation globale du pays
caractérisée par des défis pratiquement insurmontables, l’union entre haïtiens
ne fait-elle plus la force ?
Après
le carnaval gonaïvien, un succès indéniable, le gouvernement Lakay de Jérémie
et ses lots de promesses, le renvoi du 3e round de dialogue binational avec les dominicains, les
divers ateliers du gouvernement et de la société civile, le séminaire-atelier
sur la stratégie de croissance où les représentants du MARNDR se sont fait
remarquer par des interventions judicieuses (Réf Le MARNDR pris en sandwich, Le
Nouvelliste du 26 mars 2014), la visite du Premier ministre Vietnamien en Haïti
avec une délégation d’une centaine de personnes, j’aurais pu choisir de m’attarder
sur un de ces points comme toile de fond de cet article. J’ai choisi d’analyser
l’accord signé entre les protagonistes politiques aux risques de toucher un
sujet plutôt controversé susceptible de me valoir des critiques acerbes et
des inimitiés. Qu'importe, dans la vie, il faut parfois faire des choix selon sa conviction intime.
Le texte de l’accord Del
Rancho et l’objet de la controverse entre les parties prenantes
C’est
un accord trouvé sur les trois points en discussion dans la première phase du
dialogue inter haïtien, à savoir, la Gouvernance, l’organisation des Elections
et l’amendement de la Constitution de 1987. Le texte de l’accord comprend 4
chapitres et 14 articles et pour chaque cas traité, la responsabilité de
chacune des parties ; l’accord s’est
prémuni contre les dérives des parties
prenantes à partir d’un certain nombre
de dispositions transitoires dont l’article 12 de l’accord signé entre les
protagonistes (Réf. http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/128860/Le-texte-de-laccord-dEl-Rancho-sanctionnant-le-Dialogue-politique-et-institutionnel-inter-haitien.html).
Voici l’article 12 qui est controversé :
« Article 12 : Dans le cas où les amendements
à la loi électorale prévus et proposés dans le cadre du dialogue ne sont pas
votés par les deux branches du Parlement dans le délai imparti à l’article huit
(8) du présent accord, les Parties constatent avec le Conseil Electoral
Provisoire (CEP) l’impossibilité matérielle d’appliquer les articles visés. En
conséquence les Parties conviennent que ces dits articles entrent
automatiquement en veilleuse et l’organisme électoral est autorisé à y passer
outre. En conséquence les Parties conviennent que ces dits articles entrent
automatiquement en veilleuse et l’organisme électoral est autorisé à y passer
outre. » Cet article 12 a mis de l’eau dans les moulins de l’opposition
radicale, alors qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Si le Parlement vote
les amendements dans les délais impartis, il n’y aura pas de problème. Le
Parlement préfère-t-il ne pas voter à temps les amendements à la loi électorale
de 2013 pour aider l’opposition radicale dans sa stratégie de déchoucage de l’administration
en place ?
En
effet, il a été programmé et réalisé par l’opposition radicale la manifestation 29 mars
2014 pour solliciter la démission de Martelly et pour l’organisation des élections
générales à la fin de 2014. C’est ce qu’ont réclamé FANMI LAVALAS et le MOPOD,
ce 29 mars 2014, à l’occasion du 27e
anniversaire de la Constitution de 1987. Très certainement, c’est la
position de la majorité du Sénat et des membres de l’opposition à la Chambre
basse. D’où le rejet de cette catégorie de politiciens de l’accord inter-haïtien signé
le 14 mars 2014 par les protagonistes y inclus le Sénat par l’intermédiaire du
Sénateur Steven Benoit qui l’a dénoncé par la suite estimant avoir été trompé,
et par le Président de la Chambre basse, M. Timoléon quelques jours plus tard. A noter que le protocole d’accord a été
paraphé par le Président de la République, M. Martelly, et par les partis
politiques qui ont pris part aux assises comme la KID d’Evans Paul, l’OPL. Par
contre les partis comme LAVALAS et FUSION ont abandonné le processus en cours
de route. Il est à signaler que les explications fournies par l’opposition et
le Parlement pour rejeter cet accord inter-haïtien sont l’inconstitutionnalité
de l’accord à cause de l’article 12 et les deux personnes qui ont signé l’accord
pour le Parlement n’ont pas été mandatées. Par conséquent, l’opposition
radicale et ses alliés au sein du Parlement ne reconnaissent pas l’accord
sanctionnant le Dialogue inter-haïtien, le premier du genre depuis l’ère
haïtienne.
1803 : « vivre libre ou mourir »
Depuis
le 18 mai 1803, nos ancêtres se sont mis
ensemble à l’Arcahaie pour « vivre
libre ou mourir ». Ce congrès a débouché sur l’indépendance d’Haïti le 1er
Janvier 1804. Depuis, il y a eu des moments où nous essayions de nous mettre
ensemble pour régler quelques petites choses, mais jamais on a eu un dialogue
inter-haïtien de la dimension de celui qu’on a vécu au mois de février 2014, n’en
déplaise à notre grand ami, Tunep Delpé, qui a voulu faire croire le contraire
en prenant le cas de Mme Truillot (sa nomination dans le cadre d’un consensus
contre le pouvoir en place), le cas de Préval qui a mis en place un gouvernement
d’ouverture. Dans les deux cas cités en référence, nous n’avons pas eu une
médiatrice et c’étaient deux cas différents : un contre le gouvernement en
place suite à un coup d’état (Avril) et un cas pour le gouvernement en place
suite à des élections libres et honnêtes (Préval).
Dans le cas qui nous concerne, le dialogue inter-haïtien a prévu deux
phases : 1) une première qui vient de se terminer par la signature de ce
protocole avec la probabilité d’organiser les élections législatives et des
collectivités territoriales en octobre 2014, et 2) une deuxième phase qui
poserait les problèmes profonds du pays dans le cadre d’un dialogue national
(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2014/01/haiti-lesprit-kitanago-le-dialogue.html).
2014 : rester divisé
et mourir
Le
MOPOD, LAVALAS, certains Sénateurs et députés veulent d’abord la démission de l’administration
Martelly sous prétexte d’être « une dictature », et un dialogue
inter-haïtien par la suite posant les grands défis de l’heure dont la
dégradation physique de l’environnement haïtien. Mise à part, la démission de l’Administration
en place, les deux camps veulent la même chose : les élections. Un camp
veut les élections générales en 2014 sans Martelly, tandis que Martelly, ses
alliés et partenaires dans le cadre du protocole signé veulent les élections en
deux temps cette année (2014) pour les
législatives et les municipales et l’année prochaine (2015) pour les présidentielles.
Les deux camps n’ont pas de problème avec le dialogue national posant les grands défis de l’heure.
La FUSION qui n’a pas signé l’accord, l’OPL et la KID qui l’ont signé, les
opposants radicaux au Président Martelly, tous, ils disent qu’ils iront aux élections
avec ou sans Martelly. Alors pourquoi pas un consensus pour aller aux
élections et participer à la 2e
phase du dialogue inter-haïtien pour poser ensemble les vrais problèmes du pays ?
A
entendre l’opposition radicale, l’administration Martelly est le problème. C’est
une question de stratégie. Il faudrait à tout prix mettre Martelly hors jeu.
Après, on verra. Si on lit et relit l’accord, il suffit au Parlement d’amender
la loi électorale 2013 à temps, c’est-à-dire dans les délais impartis, et le
problème sera quasi résolu. Naturellement, il faudrait que chaque partie
prenante fasse son travail tel que prévu dans l’accord. Les critiques les plus acerbes
contre l’accord s’articulent autour de l’article 12 qui permet à l’accord de se
prémunir contre les dérives éventuelles du Parlement qui pourrait céder à la
tentation de ne pas amender la loi électorale 2013. Comme on est encore dans
les délais, faisons, comme sous l’administration Préval vis-à-vis de l’amendement
de la Constitution, un « coucou rouge » pour amender la loi électorale
2013 ; n’est-ce pas Sénateur Riché, vice Président du Sénat ? En
effet, pourquoi ne pas le faire et avancer au lieu de continuer à nous battre
pour des mots ? A moins que nous voulions rester divisés et mourir, du
moins c’est mon interprétation du rejet
de cet accord certes imparfait mais ayant suscité tant d’espoir chez la majorité
silencieuse !
Les retombées des
déclarations du Sénateur Benoit
Quant
au Sénateur Benoit, au lieu d’assumer sa responsabilité d’avoir signé l’accord
en lieu et place du Sénateur Desras, absent par obligation ou par tactique(?),
il a préféré faire un certain nombre de déclarations à la limite « mensongères »
selon le qualificatif de Daly Valet (28 mars 2014 à Vision 2000, Vision 2000 à
l’ écoute). Les déclarations du Sénateur Benoit l’ont plus desservi et ont
beaucoup arrangé l’opposition radicale dans sa démarche de voir l’accord tomber
de lui-même et d’en profiter pour reprendre les manifestations de rues contre l’administration
en place, quitte à offrir une image délinquante du pays que l’actuelle
administration essaie tant bien que mal,
plutôt bien, de refaire sur la scène internationale. Sénateur Benoit est allé
encore plus loin, en démissionnant de son poste de premier secrétaire du Bureau
du Sénat et ne s’est pas présenté à la conférence du comité de suivi de l’accord.
Avec l’absence du Sénat au sein de ce comité, c’est un coup dur porté à l’accord.
Pourtant toutes ces dispositions n’arrangeront pas l’affaire personnelle du Sénateur
Benoit. Au contraire ! Elles arrangent
par contre l’affaire de ses pairs radicaux au Parlement dont le Sénateur
Bien-Aimé qui ne reconnait pas l’accord et son comité de suivi pour vice de
procédures. C’est, selon lui, « un accord pour légaliser la dictature »,
interview avec Marie Lucie Bonhomme de Radio Vision 2000, le 28 Mars 2014, L’invité
du Jour. C’est une position radicale qui rejoint celle de l’opposition
organisatrice de la manifestation du 29 mars visant la démission de l’administration
Martelly et l’organisation des élections générales en 2014, naturellement sans
Martelly. Est-ce sa façon à notre Steven national d’aider l’opposition radicale
et ses pairs du Parlement ?
La possibilité d’une
entente ( ?)
Quand
on analyse en profondeur la position des protagonistes politiques, on voit
clairement qu’il y a possibilité d’une entente sur l’essentiel. Certes, le Président
de la République a eu un comportement frisant celui d’un dictateur, mais il a
su à chaque fois reculer, au point d’avoir maintenant un comportement d’un vrai
chef d’Etat qui ne sied plus au Sweet Micky que tout le monde connait. C’est un
gentil monsieur. Il a donc changé. Pourquoi l’opposition ne change-t-elle pas
aussi ? Le Président ne reste qu’un an et quelques mois à passer au
pouvoir, pourquoi vouloir s’en débarrasser à tout prix, même aux prix de voir
Haïti s’entredéchirer ? S’il est vrai qu’il a envoyé tout ce qu’il avait
en main concernant le Sénat au Moniteur pour publication en signe de bonne
volonté par rapport à l’accord signé comme l’a déclaré son porte-parole, M.
JURA, pourquoi encore douter de sa bonne foi ? Alors ne serait-il pas
mieux de continuer à nous asseoir ?
L’union ne fait-elle plus
la force ?
Mettons-nous
d’accord sur l’essentiel. Enterrons la hache de guerre. Permettons à ce nouveau
Cardinal Haïtien de nous guider à travers la Médiatrice. Appliquons l’accord du
14 mars 2014 issu des pourparlers entre nous. Amendons la loi électorale 2013. Organisons
les élections en deux temps comme prévu par l’accord, et surtout organisons le
dialogue national selon notre vision d'Haïti. Utilisons les résultats de
ce dialogue national, en gérant désormais à bon escient et correctement toutes
nos ressources pour le développement durable de notre pays, Haïti. Mettons-nous
ensemble une deuxième fois pour l’atteinte de cette finalité, en renforçant nos
relations avec la communauté internationale, en particulier la coopération
sud-sud avec le Vietnam par exemple dont le Premier Ministre est actuellement dans
nos murs avec une délégation d’une centaine de personnes dont des entrepreneurs
qui ont permis à ce pays d’Asie d’exporter pour 260 Mrds d’USD en 2013 (Domaines
de coopération avec ce pays : Tourisme, Agriculture, Energie, Télécommunications,
Manufacture, etc.) . L’union ne fait-elle plus la force pour nous autres
Haïtiens du 21e Siècle? Prouvons à nos ennemis d’aujourd’hui que
nous sommes encore capables de grandes choses, surtout que nos discours
tournent autour du bien-être de nos frères et sœurs haïtiens et du
développement durable d’Haïti. Alors, qu’est-ce qui nous empêche de
choisir notre pays par rapport à nos clans respectifs? Seulement un
petit sacrifice en termes de temps et du
choix d’élections par rapport au déchoucage, une simple trêve de moins de deux
ans pour Haïti, s’il vous plait !!! En politique, deux ans passent tellement
vite! Savez-vous que 2014 fait exactement 10 ans depuis qu’on a déchouqué le Président
Aristide ? Pour quel résultat aujourd’hui ? Réfléchissons et arrêtons
la meilleure décision pour Haïti selon notre conviction intime!!!