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vendredi 30 avril 2021

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (14), CRISE POLITIQUE, KINDNAPPIING, RENFORCER LE CAPITAL HUMAIN EN HAITI

 

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (14), CRISE POLITIQUE, KINDNAPPIING, RENFORCER LE CAPITAL HUMAIN EN HAITI

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

30 AVRIL 2021, REVU, CORRIGE ET AUGMENTE 1er MAI 2021 

C’est ma 14e chronique mensuelle consacrée à cette thématique, « Covid-19 : Haïti et le monde à la croisée des chemins ». Je ne sais pas combien de mes chroniques qui ont été consacrées à la crise politique haïtienne depuis 2000. Depuis 2004, je ne sais pas combien de chroniques où j’ai fait un clin d’œil au kidnapping. Depuis mi-Décembre 2019, le kidnapping revient constamment dans mes chroniques et domine l’actualité en Haïti. Quant au capital humain, le 1er  des six capitaux (humain, socioculturel, environnemental, infrastructurel, économique/financier et politique/gouvernance), cette thématique est l’élément-clé de l’approche hexagonale[1] développée par la FONHDILAC (Fondation Haïtienne pour le Développement Intégral Latino-Américain et Caribéen). « L’objectif de la Fondation est de contribuer au développement intégrale d’Haïti dans le contexte  Latino-Américain et Caribéen (LAC) ». L’approche hexagonale sert de guide aux membres de la fondation dont j’ai été le 1er président en l’année 2000. Selon cette approche, l’humain est le tenant et l’aboutissant de tout processus de développement. C’est en m’y inspirant que j’ai terminé ma dernière chronique, en formulant le vœu de nous voir nous mettre ensemble pour construire une nouvelle Haïti et produire, dans le cadre d’un accord de 25 ans, une masse critique de gens compétents à l’image de Dr Pape[2]. Le fait par le Group Croissance de choisir le thème « Renforcer le capital humain en Haïti dans le contexte post-covid » pour le 11e Sommet de la Finance, me pousse à en faire le titre principal de ma chronique du mois d’Avril 21.

Avant de nous attarder sur le renforcement du capital humain en Haïti, il sera utile de jeter un coup d’œil sur ce qui se passe au niveau mondial en termes de coronavirus, de passer en revue les 100 jours du Président Biden aux USA, d’analyser la crise haïtienne en mettant l’accent sur le kidnapping, en passant à pieds joints sur certains autres aspects dominants de la crise, et de dégager certaines perspectives en termes de la nécessité de l’incontournable stabilité politique et du renforcement du capital humain en Haïti à la lumière du 11e Sommet de la Finance du Group Croissance et de la 6e édition de la Fintech.

LA SITUATION AU NIVEAU MONDIAL, EN PARTICULIER AUX USA

Le coronavirus au niveau mondial accuse 149,718,851 cas de confirmation, 3,153,418 cas de mortalité, et  86,843,039 cas de récupération, en date du 29 Avril 2021[3]. Les USA sont toujours en 1ere position en dépit de la reprise d’une vie presque normale, avec 200 M de vaccinés ; l’Inde passe en 2e position ; le Brésil régresse en 3e position malgré environ 400,000 cas de mortalité ; la France demeure en 4e position ; la Turquie passe en 5e position par rapport à la Russie 6e position. Le cas particulier d’Haïti se traduit par seulement 13,017 cas de contamination, 254 cas de mortalité et 12,143 cas de récupération.

Le cas de l’Inde

Le cas de l’Inde mérite qu’on s’y attarde un peu. La population de l’Inde est de 1,390,790,274 milliards de personnes. En pleine 2e vague, l’Inde a enregistré 354,000 cas de contamination en 24 h, durant la dernière semaine du mois d’Avril 21, et les hôpitaux sont débordés. Cette situation découle d’une certaine relâche après la première vague, du non-respect des mesures barrières. A titre d’exemples : la campagne politique pour les élections régionales, les mariages. A la fin de la 1e vague, le FMI avait même prévu une reprise économique à 12% pour 2021. Ce qui a expliqué en partie cette relâche. Et puis, est arrivée la 2e vague avec le variant indien. La situation  a basculé  dans certaines régions  en Inde où, à New Delhi, ils sont obligés de bruler les cadavres. Cela est dû à la crise du système de santé privé, conçu en grande partie pour la classe moyenne au détriment de la masse. Le cas de l’Inde pourrait être transposé à d’autres pays. Ce qui pourrait déboucher, surtout en Afrique ou en Haïti, sur une sorte de tsunami de covid-19, en cas d’une autre vague avec de nouveaux variants plus contagieux et moins connus.  

La particularité américaine[4]

Certes en matière de covid-19, les USA sont toujours en tête, avec 32,230,809  cas de contamination  et 574,330 cas de mortalité. Toutefois, la marche forcée imposée par Biden depuis une centaine de jours à la gestion  du pays, tant sur le plan interne qu'externe, se traduit par des résultats spectaculaires. Ce sont ces résultats qu’il a exposés devant le Congrès. Il a signalé, au début de sa prise parole, la présence historique de deux femmes derrière lui, la vice-présidente Kamala Harris et la représentante Nancy Pelosi, deux femmes dans l’ordre de succession en cas d’empêchement du président selon la constitution américaine. Tout un symbole dans la lutte des femmes aux USA.

Sur le plan interne, Il a égrené ces résultats devant l’assistance, environ 200 M de personnes vaccinées, 1,300,000 emplois créés, 160 M de chèques de 1400 USD distribués dans le cadre du plan de relance (Stimulus plan) de 1900 Mrds d’USD. Il a cité, en ce qui a trait à son pays, la projection de 6% de croissance du FMI pour 2021.

 Sur le plan externe, il a envoyé des signaux clairs, en adoptant une posture ferme par rapport à la Russie, la Chine et l’Iran, en réintégrant l’accord de Paris sur l’environnement, l’OMC, l’accord Iranien sur le nucléaire. Il a maintenu les troupes américaines en alerte en Indo-Pacifique et en Europe, « non pas pour entrer en conflit mais pour le prévenir », précise-t-il lors de son premier « état de l’union » face au Congrès, le 28 Avril 2021.

Sa vision de long terme est exposée dans un plan de 2,900 Mrds d’USD, axé sur l’infrastructure, les technologies (intelligences artificielles et autres) et l’éducation (renforcer le capital humain), et qui vise, entre autres, à dépasser le niveau de compétitivité actuelle  et à maintenir l’avance américaine sur la Chine. Ce plan sera financé par une augmentation d’impôt  sur les riches. « Il est temps pour que les riches payent une juste part », ce qui a soulevé un tonnerre d’applaudissements des démocrates et un silence de cimetière de la part des républicains. A noter que le plan global avoisine 6000 Mrds d’USD.

C’est  une sorte de new deal à la manière de Roosevelt, une nette rupture par rapport au trumpisme (normal) et surtout par rapport au reaganisme, étape novatrice, que même Clinton et Obama n’ont pas osé franchir. Il a donc donné un coup de barre à gauche malgré le côté centriste de sa longue carrière politique. Il a aussi parlé de beaucoup d’autres choses, dont le contrôle des armes, la réforme de la police à partir d’une loi qu’il aimerait présenter le mois prochain marquant l’anniversaire de l’assassinat de Georges Floyd. Toute cette politique (approuvée par 64% des américains) aura des répercussions positives sur le monde entier, en particulier sur Haïti.

 

LA SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

La situation d’Haïti est des plus critiques. On dirait une mort lente voulue par ses filles et fils. La bataille politique se fait au détriment du peuple et du pays. C’est l’exacerbation de la bataille des clans au détriment du pays. C’est le règne de l’insécurité : le kidnapping fait rage ; l’économie périclite ; l’insécurité alimentaire est entrée dans sa phase d’urgence (+ de 4.4 M de personnes).

La situation politique : kidnapping, insécurité

La situation politique est toujours dominée par cette instabilité politique liée à la polarisation en dépit de la tentative de « Religions pour la Paix » de trouver un accord politique, vite déchantée sous la pression de l’opposition politique ; cette dernière tentative pourrait sonner le glas de cette entité en Haïti. Au niveau de l’instabilité gouvernementale, le Premier Ministre (PM) Jouthe a donné sa démission au Pdt Moïse et a été remplacé ad intérim par le Ministre des Affaires étrangères, Dr Claude Joseph, le 6e PM de cette présidence, qui conserve son poste au MAE ; tandis le Ministre de l’économie et des Finances (MEF), Patrick Boisvert assure ad intérim le poste de Ministre de la Planification et de la coopération Externe (MPCE) ; il en est de même du ministre des haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE), Gonzague Day, qui assure l’intérim  au ministère de l’intérieur et des collectivités Territoriales (MICT).

Par rapport au phénomène de  kidnapping, politisé à outrance par nos politiciens, on a  enregistré 50 cas en Janvier, 65 cas en Février et 27 cas  en Mars. Pour le mois d’Avril 21, les informations ne sont pas encore disponibles. Quand on essaie de dénombrer les divers cas rapportés journellement par les médias de toutes catégories, depuis le 1er jour du mois jusqu’à date, on devient vraiment inquiet, tellement l’arrogance des kidnappeurs défie l’entendement et les forces de l’ordre, et continue d’exiger des rançons faramineuses en USD. Ceux de Grand Ravine, de Village de Dieu, de Croix-des-Bouquets, et de Cité Soleil opèrent au vu et au su de tout le monde, dans la rue, à la maison, kidnapping d’individus et de groupes d’individus de toutes catégories sociales (4 étudiants, 2 policiers, 3 chauffeurs, passagers, 2 docteurs, 2 infirmières tuées, 1 CASEC, 1 entrepreneur dans le secteur pétrolier), de toutes confessions religieuses (franc Maçon, pasteurs, prêtres, sœurs, fidèles, 20 personnes). L'église catholique a réagi en organisant des messes et en fermant les portes de ses établissements scolaires en deux temps de 3 jours.

 Dans un autre registre, ils ont pris des véhicules bondés de passagers, à Grand Ravine, à Croix-des-Bouquets, à Cité Soleil, et tiré sur un véhicule de transport, au moins 6 morts. Un homme d’affaire a été pris en chasse par des motards et tué au niveau de Canapé vert. Et, à chaque fois, les réactions de la population se font sentir au niveau de la rue (krazebrize, barricades, incendies de véhicules des passants, de l’Etat). A Petit-Goâve, la population a érigé un mur en maçonnerie sur la Nationale No 2 pour exiger la libération du CASEC, paralysant par ainsi trois départements. Un peu plus tôt, mi-avril, les bandits de Grand Ravine et de Village de Dieu avaient pris d’assaut la Nationale No 2, au niveau de Martissant, après avoir forcé les forces de l’ordre à vider les lieux. A Delmas, la population a incendié un corbillard et bloqué les rues. A Lascohobas, les manifestants ont paralysé la circulation sur la route internationale Belladère-Mirebalais, pour exiger la libération des 3 jeunes kidnappés, à Croix-des-Bouquets, par 400 Mawozo, qui vient de les libérer ainsi que les 5 autres religieux et le laïc, qui étaient  encore en leur possession sur les 10 personnes enlevées spectaculairement depuis près d’une quinzaine de jours. Il en a été de même, à l’Avenue Pouplard, Port-au-Prince, pour exiger la libération de l’ex-commissaire de police, ex-commandant du département du centre, Manuel Gaston Orival, enlevé chez lui, le 27 Avril dans la soirée, et libéré le 29 Avril.

Il faut ajouter à tout cela, les accidents de circulation causant la mort de temps à autre, dont le fameuse collision entre deux véhicules de transport, avec un bilan de 21 morts, 30 blessés, selon Stop Accident, rapporté par HPM.TV. Selon le juge de paix de l’Arcahaie, le bilan serait de 14 morts. A ce qu’il parait, les autres personnes sont décédées en cours de route vers les hôpitaux. Il faut noter que le service de circulation n’existe que de nom et les routes ne sont pas contrôlées ainsi que les véhicules. Ces genres d’accidents sont monnaie courante en Haïti.

Une situation d’urgence humanitaire

La situation économique est des plus terribles. La majorité de la population n’arrive pas à manger à sa fin. Le pouvoir d’achat s’amenuise de jour en jour, avec la dégringolade de la gourde par rapport au dollar, 85.19 G pour 1 USD à l’achat et 87.75, selon le taux de référence de la Banque de la République d’Haïti (BRH), et 95-97 G pour 1 USD au marché parallèle. La vie chère s’installe, la faim également. Une situation d’urgence humanitaire!

On comprend que, dans ces conditions, les secteurs, Santé et éducation, traversés par des turbulences politiques, docteurs, infirmières et personnel de santé en grève ou empêchés, étudiants, écoliers, professeurs du secteur éducatif instrumentalisés (manifestations de rue), sont très fortement perturbés. Depuis le phénomène de paylok (2019), la situation d’instabilité politique, le Covid-19, le kidnapping, les pertes de jours de classe (2020,2021) qui en découlent, agissent considérablement et négativement sur ces secteurs et sur le capital humain.

              11E SOMMET DE LA FINANCE : RENFORCER LE CAPITAL HUMAIN

              C’est dans cette ambiance délétère, dominée par le kidnapping et ses conséquences fâcheuses sur la vie quotidienne du peuple, que s’est déroulé, du 13 au 15 Avril 21, le 11e sommet de la finance sous le thème : Renforcer le Capital Humain dans le contexte post-covid-19. Le thème est vraiment approprié.

Le principal organisateur de cet événement annuel, qui a obtenu le prix de l’événement Online l’année dernière, le président du « Group Croissance », Kesner Pharel a su nous mettre dans l’ambiance dans ses propos d’introduction. Il nous a rappelé que cet événement totalement Online cette année, a eu une version 1.0 en présentiel, en 2010, juste après le tremblement de terre de 2010, fortement appuyée par la BRH, a dû innover pour s’adapter à la nouvelle conjoncture liée au COVID-19, et s’est transformé en une  version 2.0, Online, en s’appuyant sur la  BRH, Show Carel là, et PROFIN.TV. Il s’est déroulé simultanément sur 2 plateformes, celle de la BRH en relation avec la Macroéconomie et le développement, et celle de PROFIN en relation avec la microéconomie, l’entreprenariat et la finance. Les sous-thèmes principaux sont naturellement la Santé, l’éducation et la protection sociale, éléments fondamentaux du renforcement du capital humain.

La crise étant d’abord sanitaire avant d’être économique, heureusement pas encore financière, il est donc tout indiqué d’honorer cette année les docteurs  Pape et Paul Farmer, les deux sommités mondiales (haïtiens d’origine et « d’adoption ») qui contribuent à sa résolution. Pharel croit que, pour sortir de cette crise, il faut en premier lieu la stabilité politique, connecter la chaine de l’offre comme le font les dominicains, réaliser des partenariats au niveau de la région, sortir du niveau d’assemblage pour aller vers les produits électroniques, microprocesseurs en nette demande aux USA, vers des produits médicaux (Pourquoi pas un cluster médical au niveau de la zone de Mirebalais où il existe déjà un hôpital de grand renom ? Interview avec Dr Farmer), chercher comment mettre de la valeur ajoutée, d’où la nécessité de renforcer le capital humain haïtien (augmentation de la productivité et de la compétitivité pour pallier le retard dû au « peyilok » et au covid). Ce qui nous ramène aux trois piliers : Santé, éducation et protection sociale. Car même avec « une croissance de 10% du PIB, une bonne partie de la population ne sera pas touchée au bas de la pyramide haïtienne », a-t-il conclu.

Durant 24 h sur une période de trois jours, les 27 interventions (discours +panels), 15 sur la plateforme BRH et 12 sur la plateforme PROFIN, vont s’atteler à suivre les lignes directrices tracées par PHAREL, avec quelques nuances prêtes.

Prenons le discours du Gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois. Il a expliqué que la BRH, pour faire face à la conjoncture et projeter l’avenir, a adopté toute une panoplie de mesures et d’actions, la stratégie d’inclusion financière, l’éducation financière ; fourni des réponses conjoncturelles tout en visant les réponses structurelles ; procédé  à la modernisation du système financier, coopératives  d’épargnes et de crédits, fonds de soutien aux coopératives (100 M de G contribution de la BRH) ; pris  des lois et des circulaires  à caractère économique, dont de nouveaux produits financiers pour la population, la loi sur le bureau de crédit, sur les nouveaux billets de 2500 G, et 5000 G, la modernisation du système de crédit, la gourde digitale, la modernisation du système de paiement, l’interopérabilité, les lignes directrices pour les FINTECH, la modernisation de l’écosystème de la politique monétaire, les obligations corporatives, la titrisation immobilière et d’autres dettes (résidence à bon marché, programme 10,10, 20, soit 10% de down et 10% d’intérêt sur 20 ans), et donné accès aux crédits aux petites et moyennes entreprises.

Selon le gouverneur,   le capital humain constitue l’épine dorsale de toute politique de croissance et de création d’emploi, d’où des programmes de bourses (ambassade de France, bourse d’excellence, des partenariats avec des universités haïtiennes, etc. Par rapport aux lois de finances haïtiennes, il a constaté, en fonction des pourcentages accordés au secteur éducation, que le renforcement du capital humain n’a jamais été une vraie préoccupation pour nos dirigeants. L’éducation coute cher, mais constatons le prix que nous payons pour l’ignorance. « Le capital humain est incontournable  pour la réalisation  de grands objectifs », c’est sa principale conclusion si l’on veut déboucher sur cette nouvelle Haïti.

Je ne reviens pas sur les propos du responsable de PROFIN, Robert Paret Jr, sur ceux  du Dr Paul Latortue en relation avec l’université (1% du budget), «former du capital humain pour le développement : quel rôle pour les universités haïtiennes ? », et  sur ceux du panel, éducation entrepreneuriale et financière : Quel modèle d’école pour former du capital humain adapté au 21e siècle ? Si je me mets à résumer l’ensemble des thématiques du 11e Sommet, il me faudrait écrire un livre.

C’est pourquoi, je recommande de revivre les panels et les présentations de ce 11e événement sur la finance du Group Croissance et de ses partenaires. Revivre ces panels et présentations, c’est une forme de renforcement du  capital humain. On en apprend tellement que cela équivaudrait à une formation continue  d’un trimestre. En tout cas, c’est mon avis. A vous d’en profiter et de faire votre propre opinion. Revivez donc les Panels et Présentations de la 11ème Sommet de la Finance[5] et de la 6ème édition de la Fintech[6], et vous ne le regretterez pas.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES 

            L’exacerbation de la polarisation politique autour du référendum, des élections, du départ forcé du pdt Moïse occulte tout le reste. Une frange de l’opposition opte pour un départ négocié, l’autre frange ne pense qu’à la mobilisation populaire, le lâchage du Pdt Moïse par les américains et la communauté internationale, pour forcer son départ; en ce sens, cette frange projette 7 jours de manifestations à partir du 1er Mai. Quant au pouvoir en place, il organise au Cap-Haïtien la foire traditionnelle de l'agriculture et de l'artisanat, met à la disposition de la Centrale électrique de Ste Philomene 10.8 MW (moteurs sur place et non encore opérationnels), et procédera, le 1er Mai, à l'inauguration du Barrage Marion, son projet-phare multifonction: 20 M de m3 d'eau stockés annuellement, 3000 ha en attendant, station d'eau potable pour les populations avoisinantes (en cours), usine hydroélectrique de 200 Kw (prévue), pêche/aquaculture et tourisme (projection). 

        En attendant, la situation économique se dégrade. Le pays fonctionne au ralenti, surtout au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, avec une population abandonnée à elle-même. L’instabilité politique, l’insécurité, le kidnapping et le Covid-19 ont grandement perturbé le fonctionnement normal du pays, en particulier le secteur éducatif. Le capital humain haïtien en a pris un grand coup qui aura des répercussions fâcheuses  sur le développement du pays. En comparant la situation d’Haïti par rapport à la République Dominicaine, la Jamaïque et Trinidad, un intervenant au 11e Sommet  a fait remarquer que c’est le système éducatif de ces pays qui leur a permis d’avoir un capital humain de qualité, en bonne santé, bien éduqué et compétitif. Et c’est ce qui fait la différence entre ces pays et le nôtre. Il suffit de comparer leur niveau de richesse par rapport à celui de notre pays pour s’en convaincre.

         La semaine de la finance axée sur le renforcement du Capital Humain nous indique plusieurs pistes de solutions que nous devrons exploiter à fond. Mais, sans cette stabilité politique, la crise perdurera, et on continuera à s’enfoncer. Pour rattraper le temps perdu, il nous faudra sortir du cycle infernal de la violence liée à cette bataille politique sans grandeur et sans lendemain. Pour sortir la tête de l’eau, le pays a besoin coûte que coûte d’un accord politique, pour garantir cette stabilité politique, « le premier des biens publics », selon le Pdt Moïse, et un plan de 25 ans axé sur les six capitaux, avec accent particulier sur le capital humain, tenant et aboutissant de tout processus de développement. Pour l'accord politique, le pouvoir et l'opposition font appel à l'OEA, même si les objectifs visés sont divergents. C'est déjà cela! Que Dieu bénisse Haïti !!!  

 

 

 



 

 

 

lundi 29 juin 2020

CORONAVIRUS, LE MONDE ET HAITI A LA CROISEE DES CHEMINS (4), LA POLITIQUE REPREND SA PLACE, AVEC L’ESPOIR DU MODÈLE, ANTOINE JOACHIM, POUR UNE HAITI EMERGENTE EN 2040 ET PHARE DU MONDE EN 2054


CORONAVIRUS, LE MONDE ET HAITI A LA CROISEE DES CHEMINS (4), LA POLITIQUE REPREND SA PLACE, AVEC L’ESPOIR DU MODÈLE, ANTOINE JOACHIM, POUR UNE HAITI EMERGENTE EN 2040 ET PHARE DU MONDE EN 2054
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
29 JUIN 2020 REVU LE 30 JUIN 2020 ET LE 1er JUILLET 2020

La conjoncture, tant au niveau mondial qu’en Haïti, est marquée par le coronavirus, avec un glissement de plus en plus net vers la politique qui reprend ses droits et entraine, avec elle, son cortège d’inquiétudes. En effet, l’organisation mondiale de la Santé (OMS) s’inquiète du pic le plus élevé de COVID-19 depuis le début de la pandémie, autour de 150,000 contaminations en en 24 h, en particulier en Amérique,  ce qui se traduit, en ce matin du 29 Juin 2020[1], par 10, 123,690 cas de confirmés, 501,410 cas de morts et 5, 103,391 cas de guérison, tandis qu’en Haïti, il est enregistré 5777 cas de contaminations, 100 cas de morts et 706 cas de récupérés. Avec le débat au niveau politique tant Haïti qu’ailleurs, et l’aggravation de la situation socioéconomique et politique, le monde et Haïti sont toujours à la croisée des chemins. Pour nous convaincre de pouvoir nous en sortir en Haïti, nous avons honoré pour la fête des pères, le 28 Juin 2020, un citoyen modèle, avec l’espoir de projeter une vision positive de notre pays, Haïti. Et nous titrons notre article sur la conjoncture : « CORONAVIRUS, LE MONDE ET HAITI A LA CROISEE DES CHEMINS, LA POLITIQUE REPREND SA PLACE, AVEC L’ESPOIR DU MODÈLE, ANTOINE JOACHIM, POUR UNE HAITI EMERGENTE EN 2040 ET PHARE DU MONDE EN 2054.»


La situation au niveau mondial

Coronavirus, la décrue continue en Europe, c’est la reprise, avec les élections municipales en France et la présidentielle en Pologne, c’est aussi la reprise des divers championnats de football en Europe, tout au moins dans les grands pays, comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, le Portugal.

En Amérique, du Nord  au Sud, c’est la flambée, avec des crues  aux USA et au Brésil, les deux pays les plus peuplés et les plus riches du continent. Ce qui porte le nombre de contaminés à des pics non encore atteints au niveau mondial, plus de 150,000  en 24h, selon le Directeur Général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Présidents Trump des USA et Bolsonaro du Brésil, en grande difficulté politique, ne jurent que par le déconfinement, en dépit des milliers de morts et des contaminations en cascades dans des Etats économiquement les plus forts. La sortie du livre de son ex-conseiller en sécurité nationale, John Bolton[2],  accouplée à l’affaire Floyd, met Donald Trump dans une situation très embarrassante et donne l’avantage dans les sondages à Joe Biden, le candidat démocrate, pour les présidentielles de Novembre 2020. De plus, le chômage est autour  de 13%, avec plus de 30 M d’américains à la recherche d’un emploi.

Dans les autres continents, la situation n’est pas tellement grave, une certaine tendance à la hausse en Afrique, l’Asie et l’Océanie en décrue, avec quelques foyers en chine. Rien de grave. Certes, on s’inquiète, toutefois, la reprise se maintient. C’est de bon augure. On parle d’élections dans certains pays africains (Mali, Burundi, pour ne pas les citer).

La Banque Mondiale[3] accompagne la plupart des pays, une centaine, qui abrite 70% de la population mondiale, pour les aider à faire face au coronavirus et préparer l’après COVID-19, dont Haïti.

La situation en Haïti, se préparer au pire ?

Haïti, qui a franchi le cap de 100 morts et de plus de 5500 contaminés, et qui a récupéré plus de 700 personnes contaminées, avec une possibilité d'augmentation de cas de contamination dans l'ensemble du pays, à partir du retour de plus de 32,000 personnes de la République dominicaine et d'autres haitiens en provenance d'autres pays (ouverture Aéroport prévue pour le 30 Juin), se débat dans une sorte d’imbroglio politique, lié au mandat du Président Jovenel Moïse, 7 Février 2021 ou 7 Février 2022 ? Si on  se réfère aux arguments de chaque camp, tout le monde a raison. Il faut reconnaitre que nous autres haïtiens, nous avons vraiment cette grande capacité à nous écarter de l’essentiel pour embrasser le superflu. Que de bons textes écrits pour justifier le départ le 7 Février 21 ou 22 ! Et si on avait consacré toute cette énergie à proposer des choses pour sortir Haïti de sa situation actuelle (la dégringolade de la gourde par rapport au dollar, le chômage, la faim, la maladie, le passage de la brume de sable en provenance du Sahara occidental, Afrique du Nord,  le taux d’inflation, la récession, avec une prévision d’une chute de 3.6%) !!! 

La sortie du budget 2019-2020 (198.6 M de gourdes, avec ce taux de change instable et constamment à la hausse autour de 115 G pour 1 USD, correspondrait à  1.73 Mrd d’USD, le taux de référence de la BRH étant de 113.2766 G. pour 1 USD,le 29/06/20) a été diversement interprétée par nos économistes quant à sa sincérité, contrairement au ministre de l’économie et des finances, P. Boisvert[4], Interview avec Pharel. Ce budget, en grande partie déjà consommé, vient de combler un vide budgétaire qui remonte à 2018, car, depuis, le pays vivait sous le régime du «  budget criminel » 2017-2018, qui a déclenché, le 12 septembre 2017, les manifestations anti-gouvernementales, qui se sont intensifiées en juillet 2018, pour culminer en 2019, avec les phénomènes de « peyilok », et prolongées en 2020 par la rébellion policière jusqu’à l’accalmie observée  avec l’apparition du coronavirus en Mars 2020. 

Et, quand on regarde la tendance, avec la sortie d’un ensemble de « décrets controversés » pris par l’administration Moïse-Joute, on est en droit d’être inquiet, surtout si on se réfère aux déclarations de l’opposition politique par rapport à la date du 7 Février 2021, date de fin de mandat du Président Moïse. Cette opposition exige le départ de Moïse et son remplacement par un gouvernement de transition, qui organiserait les élections après 2 ans. Elle est aussi contre la modification (réforme) de la Constitution de 1987, réforme voulue par le Core Group et le pouvoir en place. Donc, dans la mesure où J. Moïse devrait partir le 7 Février 2021, et être remplacé par un gouvernement de transition, l’administration issue des urnes en 2023, ne pourrait passer que 3 ans au pouvoir. Haïti n’est donc pas prête de sortir de l’auberge. Il faudrait donc se préparer au pire.

Les gangs se fédèrent en G9

En effet, si l’on en croyait, les conclusions de deux organisations des droits humains, RNDDH et FJKL, sur les heurts entre gangs, causant des dizaines de morts dans le pays, sans compter les assassinats des citoyens paisibles chez eux au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, le pouvoir serait de connivence avec des gangs qui se fédèrent en G9, sous l’instigation d’un certain J. Chérisier, ex-policier (en principe recherché par la justice)  à la solde de l’administration en place, selon ces deux organisations. De là à rendre le pouvoir responsable de tous les crimes commis, il n’y a qu’un pas. En outre, à entendre parler Chérisier à la radio, on dirait un futur leader politique, tout au moins, un futur candidat. Le simple citoyen haïtien est donc très inquiet par rapport à cette situation d’insécurité, qui touche l’ensemble du pays et qui ralentit considérablement les activités économiques. Insécurité, la faim et le coronavirus, un vrai cocktail explosif qui attend la moindre étincelle pour exploser. A moins que nous prenions conscience de cette éventuelle et probable explosion et que nous nous mettions ensemble pour sauver ce qui peut encore l’être de notre pays meurtri.

Hommage à Antoine Joachin, Haïti émergente en 2040 et phare du monde en2054

C’est en ce sens qu’un groupe de citoyens, des professionnels de tous bords, ont décidé d’honorer, à l’occasion de la fête des pères, le 28 Juin 2020, le citoyen policier, Antoine Joachim,
un modèle qui a fait l’unanimité, puisque, durant le mois de préparation de cette cérémonie d’hommage, à Villa MAMIKA, Croix-des-Bouquets, deux autres groupes de citoyens sans aucune connexion avec le nôtre , nous avaient devancés. 
Dans notre groupe informel, nous avons, entre autres, des citoyens qui collaborent, à titre individuel, avec deux fondations, la fondation haïtienne pour le développement intégral Latino-Américain et Caribéen (FONHDILAC) et la fondation haïtienne pour le relèvement et le développement (FHRD), qui ont en commun la philosophie participative, en particulier, l’approche hexagonale, axée sur l’humain, le socio-culturel, l’environnemental, l’infrastructurel, l’économique
/finance, et la politique / gouvernance. Selon cette approche, il faudra arriver à un citoyen responsable, compétitif, honnête, soucieux de son environnement, vivant  dans un habitat acceptable, dans un pays bien équipé,   économiquement équitable et politiquement responsable.

C’est ce que symbolise, en partie, Antoine Joachim, ce policier responsable, honnête, bon père de famille, bon employé, bon citoyen et bon haïtien, avec un grand sens du devoir.
JOACHIM AU BOULOT
JOACHIM ET SES ENFANTS
Il faut le voir travailler dans la poussière, sous la pluie avec de l’eau boueuse couvrant totalement ses chaussures, pour comprendre notre choix. Ce choix a été déclenché par une photo prise par un de nos amis. Nous nous sommes tous, spontanément, embarqués dans cette aventure de cérémonie d’hommage à ce « potorik gason », qui redonne espoir à cette Haïti que nous voulons reconstruire, et en faire « Un Pays « émergent en 2040 et Phare du monde en 2054 » pour sonner le glas du système haïtien et mondial « Pezesouse», comme notre pays avait sonné le glas du système  esclavagiste mondial en 1804, avec des Héros comme Dessalines, Christophe, Pétion, Capois, pour ne pas les citer tous.

C’était là l’essentiel de mon discours de circonstance, désigné par mes pairs, comme membre du groupe, pour porter la parole officielle, en hommage à notre Antoine Joachim national, avec l’espoir d’avoir d’autres Joachim qui se reconnaissent en ce héros, et l’espoir de produire d’autres Joachim, dont la tâche primordiale serait de construire et  de perpétuer le nouveau système haïtien dans le concert des nations du monde.

C’est cette vision que nous offrons à notre pays, Haïti, et au monde entier, en cette période troublée, en suppliant nos hommes et femmes politiques à se mettre ensemble dans le cadre d’une grande concertation nationale, sans exclusive, pour aboutir à ce Pays émergent en 2040 et phare du monde en 2054, avec une masse critique d’Antoine Joachim pour le perpétuer, afin qu’il serve d’exemple vivant au monde entier. Que Dieu nous vienne en aide !!!

lundi 2 septembre 2019

HAITI, CRISES VS CHANGEMENT DU SYSTÈME ACTUEL



HAITI, CRISES VS CHANGEMENT DU SYSTÈME ACTUEL
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
2 SEPTEMBRE 2019
Mis a jour le 4 septembre 2019

Le pays haïtien est entré dans une crise gouvernementale depuis plusieurs mois (172 jours au 3septemebre 2019). Cette crise gouvernementale se perpétue, en aout 2019, avec (i) la mise en accusation du Président, (ii) la situation d’insécurité dans le pays, en particulier au niveau de Martissant et de Carrefour Peye (Artibonite), (iii) le passage du Sénateur Lambert à l’opposition, (iv) la crise sous-jacente du carburant, (v)  l’implication du Sénateur Onondieu Louis, questeur de la Chambre haute, dans une affaire de corruption, selon un rapport de la Fondation Je Klere (FJK) et (vi) la préparation de la reprise de la mobilisation de l’opposition contre Jovenel Moïse pour la rentrée prochaine des classes[1]. Ces 6 faits sont autant de crises dans la crise qui mine le pays à petit feu et qui s’est accélérée depuis les événements des 6,7 et 8 Juillet 2018. Cette accélération a mis à nu les faiblesses du système initié en 1804 et affiné en 1806. Comme on l’a fait remarquer dans l’article du mois de Juillet 2019, c’est un système bancal, en déséquilibre, qui pourrait être comparé à un triangle quelconque en rouge dans le schéma ci-dessous, avec un grand coté représentant le pouvoir législatif, un moyen coté représentant le pouvoir exécutif et un petit côté représentant le pouvoir judiciaire. Ce système est producteur de pauvreté, favorise la corruption, les pratiques de prébendes et s’est transformé ces derniers temps en un véritable oligopole. (Voir figure 1)

C’est dans ce système à bout de souffle, qui est tenu sous perfusion par ses vrais maitres et profiteurs, que nous évoluons. La ratification du nouveau premier ministre nommé Michel devra se faire dans le cadre de ce système pour permettre au pays d’avoir un semblant de fonctionnement. Malheureusement, l’opposition politique, qui lie malignement le système à  la présence de Jovenel Moïse au Palais, fait tout pour bloquer cette ratification, une manière de complexifier davantage la situation du pays en vue pousser la population à la révolte, faute d’un minimum de services de la part du gouvernement.


La mise en accusation du Président Jovenel Moïse, une sorte de perte de temps

La ratification du gouvernement de Michel n’a donc pu avoir lieu ; le Parlement, en particulier la Chambre des Députés, à partir des exigences d’une vingtaine de députés de l’opposition politique dite l’opposition institutionnelle, a préféré prioriser la mise en accusation du Président de la République, Jovenel Moïse. C’était le principal fait saillant du mois d’Aout 2019, mis à part le remplacement de Michael GEDEON par Normil Rameau à la tete de la Police Nationale d'Haiti (PNH). L’actualité était principalement dominée par cette mise en accusation. De séance en continuation en séance en continuation, cette mise en accusation s’est soldée, comme l’avait prévu le Député Rolphe Papiillon de Corail, le 9 Juillet 2019[2], par 53 votes contre, 3 votes pour et 5 abstentions. C’était une sorte de perte de temps, car on savait que cette mise en accusation, pour être valide, devrait avoir l’aval de 2/3 de la Chambre Basse (80 députés). Donc, avec la majorité relative dont dispose le Président de la République, il n’y avait aucune chance pour que cette mise en accusation aboutisse. En tout cas, à quelque chose malheur est bon, on a pu apprendre que c’était une pratique courante tout le long de notre histoire de peuple, de Toussaint Louverture à Jean Claude Duvalier, en passant par Alexandre Pétion et autres, grâce à l’ancien ministre de communication, journaliste et historien, Ady Jean Gardy, dans une émission Le Point de Radio Métropole[3] animée par Wendell Theodore. Donc, « il n’y a rien de nouveau sous le soleil », selon Ady Jean Gardy. « L’histoire est une racine sans fin » a conclu Ady Jean Gardy, citant Toussaint Louverture.

La situation d’insécurité est montée d’un cran

Entre temps, le pays fonctionne avec deux gouvernements, et deux premiers ministres, Lapin et Michel. Pour être plus clair, le pays n’a pas de premier ministre, car  il ne fonctionne pas du tout. La crise persiste. Durant toute la période des séances de mise en accusation, la situation d’insécurité est montée d’un cran. La zone de Martissant, de village de Dieu, et même de Bicentenaire à quelques encablures du Parlement,  se retrouve, de manière sporadique, sous les feux nourris des armes des bandits, et le Parlement sous la pression des partisans de l’opposition politique, voulant, à tout prix, forcer les députés à mettre en accusation le Président de la République. Les partisans de Arnel Joseph, dont le cas est remis à un juge d’instruction, ont défilé, sans inquiétude, dans la ville de Marchand-Dessalines, et les partisans d’un autre chef de Gang, surnommé Odma, ont, au niveau de Carrefour Peye, criblé de balles un bus faisant le trajet Desdunes-Port-au-Prince, dont un des passager aurait reçu une balle au cou sans mettre sa vie en danger ; cette information est rapportée par le Député de Desdunes.

Le remaniement forcé du Gouvernement du PM Michel[4]

En outre, le gouvernement Michel a dû être remanié puisque la commission de la Chambre Basse a relevé des irrégularités dans les dossiers de 4 ministres, deux ont officiellement donné leur démission, Marjorie Alexandre Brunache  des Affaires étrangères, et Pradel Henriquez de la communication et de la culture. La présidence a pris un autre arrêté pour changer les ministres démissionnaires et d’autres ministres dont les dossiers ne sont pas corrects aux yeux de la commission de la Chambre Basse. Ce nouvel arrêté présidentiel devrait, en principe, relancer la question de la ratification de la politique générale du Premier Ministre Michel au niveau de la Chambre Basse. Rien n’est encore sûr, d’autant que deux commissaires de l’opposition n’ont pas signé le rapport d’analyse des pièces des membres du nouveau gouvernement. Avec la majorité relative du Président Jovenel Moïse au niveau de la Chambre Basse, la ratification du PM Michel devrait être une simple formalité au cours de la séance prévue pour le mardi 3 septembre 2019[5]. Là encore, rien n’est sûr. Aux dernières nouvelles, Il a passé  haut la main le cap de la Chambre Basse avec 76 deputés pour et 3 abstentions. Il ne lui reste que le Sénat. D’autant que, avec le passage du Sénateur Lambert à l’opposition, justement parce que le Président a choisi Michel à son détriment sans même une excuse préalable, Lambert a prédit un mauvais sort à Michel au niveau de la Chambre Haute. Et, pour une raison ou une autre que le commun des mortels ignore, le Président de la Chambre Basse, M. Bodeau, avait menacé (bien avant le vote du 3 septembre), lui aussi, de passer à l’opposition. Que se passait-t-il ? N’est-ce pas ce même M. Bodeau que la rumeur prétend être le vrai patron du PM Michel ? On nage donc en pleine comédie. Et le pays se meurt.

             Le Sénateur Onondieu Louis serait impliqué dans un scandale de corruption

Pour comble de notre malheur, un autre scandale vient assombrir le Parlement, en particulier la Chambre Haute, une fois de plus, un Sénateur, proche du pouvoir, Onondieu Louis, serait impliqué dans une affaire de corruption. Des gens proches du Sénateur auraient échangé près de 29 millions de gourdes en provenance du Trésor Public, selon la FJK. Après l’implication du Sénateur Gracia Delva dans le cas d’Arnel Joseph, ce cas d’Onondieu Louis, qui s’est naturellement défendu d’être impliqué dans une quelconque affaire louche, a défrayé la chronique. Le Sénateur Patrice Dumont est monté au créneau pour demander au Président du Sénat, Dr Carl Murat Cantave, de sévir contre le Sénateur Louis et contre une dame qui travaille au Senat et qui serait impliquée dans toutes les magouilles à la questure. Toutes ces histoires ternissent davantage l’image du Parlement, qui, de haut en bas, laisse l’impression de se foutre pas mal du sort du peuple haïtien pour lequel les sénateurs et les députés disent tous se battre. Quel drôle de façon de se battre pour un peuple aux abois.

La crise du carburant… en passe d’être atténuée

D’un autre côté, le pays fait face, de manière sporadique, à une crise de carburant. L’Etat haïtien aurait des dettes estimées à plus de 8 milliards de gourdes vis-à-vis des compagnies pétrolières. Malgré  une avance de 2 milliards de gourdes sur la dette, la situation est loin de se résoudre. L’Etat n’a plus les moyens de subventionner le carburant comme il le fait actuellement. A titre d’exemple, sur chaque gallon de gazoline vendu, l’Etat perd 71.77 G, a-t-on appris sur Radio Métropole, où participaient à une émission Le Point[6], un expert en énergie, le président de l’ANADIP (Association nationale des distributeurs de produits pétroliers) et l’économiste Etzer Emile. Et politiquement, il ne peut pas ajuster le prix. A chaque fois, il y a une petite cargaison qui arrive, elle n’arrive pas à couvrir les besoins de la population qui consomme 12000 barils de diesel, 5000 de gazoline et 3000 de kérosène par jour. Ces derniers temps, on enregistre de longues files de véhicules dans les stations d’essence et aussi un marché noir du carburant. Les stations d’essence fonctionnent 1 jour sur 3. Il semblerait que le problème serait en voie de résolution s’il faut se fier à la déclaration de M. Ignace St Fleur, responsable du bureau de monétisation (BMPAD), 258,000 barils seraient disponibles[7]. Une sorte de palliatif pour atténuer la situation. Que faire pour résoudre définitivement le problème? Il faudrait réorienter la subvention vers le transport en commun, augmenter le prix du kérosène  tout en subventionnant les lampes solaires, tout en ajustant de manière progressive les prix,  augmenter le prix du diesel en le mettant au même niveau que la gazoline, changer la structure énergétique 2030-2040, tout ceci devrait être accompagné d’un travail d’information  et de sensibilisation, car, à cause même de la subvention actuelle, l’Etat n’arrive plus à faire des investissements sérieux dans le pays.

Relancer la mobilisation pour obtenir le « raché manyok » de Jovenel Moïse

Enfin, le forum 4 JE KONTRE de l’opposition politique, qui s’est tenu au Plateau Central, a décidé de relancer la mobilisation pour obtenir le « rache manyok » de Jovenel Moïse et du régime PHTK, le renvoi du Parlement, la mise en place d’un gouvernement de transition pour 3 ans, la réalisation de la conférence nationale, l’organisation du procès PETROCARIBE. On serait donc revenu en 2004. Le malheur de ce pays serait le régime en place, responsable de tous les maux du pays. Tout va se faire contre le PHTK comme en 2004 contre Lavalas, avec quelques nuances. L’administration de transition remplacerait- elle tout simplement l’administration actuelle ? Pour la feuille de route de la nouvelle administration, où est-ce que l’administration de transition trouverait-elle les moyens ? Où trouverait-elle sa légitimité pour convaincre la communauté internationale de lui venir en aide[8]? La conférence nationale serait-t-elle inclusive ? Le procès Petrocaribe serait-il équitable ou une simple mise en accusation du régime PHTK ? Quid du changement du système ? Autant d’interrogations qui laissent perplexes les observateurs avisés de la politique haïtienne.  Il nous faut trouver entre nous un terrain d’entente, car nous sommes avant tout des haïtiens.  Je ne comprends pas pourquoi des haïtiens, qui clament partout ils sont prêts à se sacrifier pour sauver Haïti, n’arrivent pas à s’entendre entre eux au nom de notre pays meurtri. Pour changer le système, il faut la participation  de tout le monde. Sans exclusive !

VISION : Haïti pays émergent en 2040 et phare du monde en 2054

En tout cas, l’une des leçons apprises de la situation du pays depuis le 17 octobre 2018[9], il faut changer radicalement notre manière d’agir. Il faudrait rééquilibrer le système par la mise en place d’un triangle équilatéral en rouge dans le schéma, avec le pouvoir judiciaire à la base, et les deux autres pouvoirs constituant les deux autres côtés. Le cercle Haïti serait circonscrit autour de ce triangle parfait. C’est pourquoi je qualifierais ce nouveau système, de système équilatéral, et que j’inventerais le concept « Equilatéralité du Système », voir FIG 2 : le schéma ci-dessous.

Il faut donc nous entendre pour (1) changer le système actuel, (2) favoriser l’émergence de ce système équilatéral avec un équilibre parfait entre les trois pouvoirs d’Etat, et (3) l’articuler autour de  (i) l’humain haïtien comme tenant et aboutissant du processus de développement, (ii) son système socio-culturel, (iii) son système environnemental et naturel, (iv) son système infrastructurel, (v) son système économique et financier, et  (vi) son système politique/gouvernance. La combinaison de ces six (6) axes fondamentaux déboucherait, selon la FONHDILAC[10], sur 36 éléments de développement devant faire de notre pays une Haïti émergente à l’horizon 2040 et phare du monde en 2054, l'année du 250e anniversaire de notre indépendance; une Haïti choisissant l’option  pro-croissance et en mesure de créer des emplois durables et de la richesse à distribuer équitablement, favorisant un vivre ensemble entre tous les Haïtiens sans exclusive, qu’ils soient de la diaspora ou de l’intérieur du pays,  une Haïti s’inspirant des modèles de la Scandinavie et du Rouanda, et, enfin, une Haïti orientée vers un développement durable à visage humain. 









[1] Il est à remarquer que la mobilisation contre l’administration en place s’est estompée avec les examens d’Etat  (fin juin 2019) et sera relancée à la réouverture des classes (début septembre 2019), simple coïncidence ou un complot contre l’éducation ?
[2] https://www.youtube.com/watch?v=jGpa6HymVbI, Pulsations Magazine du 9 Juillet 2019, Télé Pluriel, émission animée par la journaliste bien connue, Marie Lucie Bonhomme.
[3] https://www.youtube.com/watch?v=h4qOc7E_vkc, Le Point, Radio Métropole, 7 Aout 2019.
[8] Malgré la relative légitimité de l’administration actuelle (un président élu, un parlement élu), elle n’arrive pas à avoir accès à des fonds de la FMI, de Taiwan, faute d’un gouvernement légitime puisque non encore ratifié par le Parlement.