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mercredi 27 février 2013

HAITI : DU SPIRITUEL AU CULTUREL ET A L’ECONOMIQUE



HAITI : DU SPIRITUEL AU CULTUREL ET A L’ECONOMIQUE
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
27 FEVRIER 2013

Le mois de Février 2013 a vu : (i) le Président Obama prononcer son discours sur l’Etat de l’Union aux USA avec des orientations très claires de politiques internes et externes pour les 4 prochaines, (ii) le Pape Benoit  XVI annoncer sa démission historique au Vatican, du jamais vu dans l’histoire vaticane moderne, (iii) le pays haïtien retomber dans son train-train quotidien (yon pa kita yon pa nago) surtout en politique  où l’on n’arrive pas jusqu’à présent à mettre en place cet énième conseil électoral provisoire en vue de la réalisation prochaine des élections municipales et sénatoriales,(iv) le Gouvernement réussir son Carnaval National au Cap-Haïtien (v) M. Ficher, le Chef a. i de la MINUSTAH, déclarer Haïti n’est pas encore « open for business », (vi) les Chefs d’Etat et de Gouvernement  répliquer, lors du 24e  Sommet de la CARICOM et  à travers l’un d’entre eux, « Haïti is open for business »  comme en réponse à Mr Ficher, (vii)    le Sénat Haïtien invalider l'exécution de tous les permis d'exploitation déjà  signés entre l'Etat Haïtien et les compagnies minières  (viii) l'ex-Président Jean Claude DUVALIER, se présenter en personne à la Cour d'Appel de Port-au-Prince, le 28 Février 2013, et répondre aux interrogations de cette cour en présence des journalistes haïtiens et étrangers et des centaines de partisans de l'Ex-Président chantant en dehors de la salle d'audience "maché pran yo Duvalier, kon yo wè Duvalier Kè a yo soté". Lesquels de ces points approfondir  et sous quel titre pour donner une certaine cohérence à l’article de ce mois? En fonction des trois points retenus, le titre le plus cohérent est « Haïti, du Spirituel au culturel et à l’économique ». Il sera donc fait (1) un plaidoyer pour profiter de l’esprit Kita Nago, (2) une analyse du carnaval décentralisé comme prétexte de développement, (3) un coup d’œil sur le 24e Sommet de la CARICOM en Haïti. Le texte s’agonisera avec des conclusions appropriées en relation avec les thématiques traitées et dans l’esprit de KITA NAGO.

1.       Plaidoyer pour profiter de l’esprit de KITA NAGO

KITA NAGO était l’événement du mois de Janvier 2013. La majorité des élites haïtiennes n’ont pas saisi le sens profond d’un tel phénomène. Certains ont osé dire, dans les coulisses, que KITA NAGO a eu son succès grâce à la période carnavalesque. Heureusement qu’il existe des fous comme Kerlens Tilus, Marc- Antoine Noël, comme les invités de Ramasse de Radio Caraïbes, comme Robert Paret et comme moi au sein de la classe moyenne pour expliquer le sens de cette énergie positive, de ce symbole de solidarité, de ce souffle spirituel qui a traversé, durant  les 27 premiers jours de l’année 2013, les masses haïtiennes et, à travers elles, le peuple haïtien dans son ensemble . Je profite de l’occasion pour féliciter une fois de plus les initiateurs de KITA NAGO comme Harry Nicolas, Smoye Noisy, Me Alphonse, Nesmy Manigat, etc qui ont pensé, réalisé et accompagné le mouvement sur le terrain, ainsi que les CASEC, Maires, les parlementaires, les Délégués départementaux comme celui de l’Ouest, les ministres comme celui de l’Agriculture, qui ont favorisé et même porté KITA NAGO, et aussi le Premier Ministre qui a décoré les initiateurs du mouvement. Il faut remercier aussi les médias traditionnels ainsi que les gens sur les medias sociaux comme Facebook, les médias en ligne qui en ont parlé, écrit et diffusé les images. Et après ?

Je comprends difficilement qu’un événement, qui a mobilisé autant de représentants d’institutions comme les Collectivités Territoriales concernées, le Parlement, l’Exécutif, la société civile et les médias, n’ait pas eu la suite grandiose attendue ou, du moins je l’espère, pas encore. N’oubliez pas, il n’a pas fallu des millions pour réaliser un tel exploit, seulement une vision, une bonne stratégie et de la solidarité à toute épreuve des masses haïtiennes qui ont fait leur cette initiative et ont décidé de l’amener jusqu’au bout avec une énergie frisant la possession collective de l’Esprit Positif qui se manifeste toujours en des moments les plus inattendus chez l’Haïtien. Profitons du momentum. Comme en 1803, faisons de 2013 avec le phénomène KITA NAGO le point de départ pour lancer la nouvelle Haïti. Relisez SVP mon texte y relatif : http://jrjean-noel.blogspot.com/2013/01/haiti-kita-nago-on-pa-kita-ou-nago-ou.html . Classe moyenne, faites vous violence, lisez le dernier texte de Marc-Antoine Noël : http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/02/la-classe-moyenne-haitienne-et-le.html . A noter que cette énergie positive se manifeste aussi durant les périodes carnavalesques, ce vaste mouvement culturel qui nous prend à la gorge annuellement et bi-annuellement avec ce gouvernement.

2.       Le Carnaval National Décentralisé comme prétexte de développement

Du spirituel au culturel il n’y a qu’un pas. Le Carnaval National des Cayes a été un événement culturel exceptionnel. Après la trêve port-au-princienne du Carnaval des fleurs de juillet 2012, le cap carnavalesque de 2013 a été mis par le Gouvernement sur le Cap-Haïtien. Du Sud au Nord du pays, le même parcours que KITA NAGO, simple coïncidence ou connexion spirituelle ? En tout cas, même annoncée tardivement, cette initiative de réaliser le carnaval décentralisé au Cap cette fois-ci a permis de mettre les bouchées doubles pour améliorer la route Gonaïves-Cap-Haïtien (100 km) en un temps record, de réparer les rues du Cap-Haïtien, de réaliser des travaux d’infrastructures au Cap et dans la zone du Nord, plusieurs tronçons de route dont celui de Cap-Labadie, Milot, pour ne citer que ceux-là, ont été améliorés, réparés, réhabilités et/ou construits. Il en a été de même pour le réseau électrique. Tout a été fait pour la réussite de cet événement culturel. Même le Ministère de l’Agriculture s’est mis de la partie de manière différente cette année, en favorisant la disponibilité, durant la période de cet événement culturel, de produits agricoles frais pour approvisionner les hôtels, la population capoise qui a reçu beaucoup de visiteurs à résidence dans les maisons familiales à cause du manque de structures hôtelières pour recevoir autant de personnes en même temps.

Un succès non « aloral » et le cap sur Gonaïves
Quant au carnaval lui-même, c’était globalement un succès. On peut déplorer certaines imperfections et certaines décisions du Pouvoir vis-à-vis de certains groupes. Toutefois, on ne peut pas dire que ce carnaval a été « aloral » comme cette meringue si populaire qui n’a pu défiler et qui a fait couler beaucoup de salive. En termes d’organisation, c’était bon, mais il faudra encore améliorer : « Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage » disait l’autre. En tout cas, la nouvelle ministre de la culture n’a pas attendu le dernier moment pour annoncer le lieu du prochain événement culturel carnavalesque, le cap est mis sur Gonaïves, dans l’Artibonite,  au centre du pays, avec la réalisation du carnaval des fleurs à Port-au-Prince dans l’Ouest comme d’habitude en Eté prochain.

Le carnaval 2014 comme prétexte pour améliorer le développement des Gonaïves
C’est l’occasion pour cette ville aux grands boulevards comme Descahos, Avenue des Dattes, avenue de Bienac, aux rues très larges surtout au centre ville, aux infrastructures urbaines fraichement réhabilitées ou en en cours de réhabilitation avec la firme Estrella, de déposer son cahier de charge auprès du Gouvernement MARTELLY-LAMOTHE, en utilisant le carnaval 2014 comme prétexte pour améliorer son développement. La ville de l’Indépendance a certes beaucoup bénéficié de l’Etat (Alexandre, Préval et Martelly). Sur un dossier de 941 M USD concernant le transport, l’agriculture et l’environnement, ce qui est réalisé jusqu’ici ne représente pas 50% des fonds prévus : http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html. La rivière La Quinte est recalibrée pour véhiculer plus de 1000 m3 /s en cas de crues normales ; les ponts à Mapou et à Gaudin sont recalibrés en conséquence et reconstruits ; le drainage urbain a été repris ; les rues sont réhabilités ou en phase de l’être ; les travaux de protection de l’environnement sont en cours dans le cadre du Projet PIA sur une partie du vaste Bassin Versant de La Quinte (70,000 ha), les travaux d’irrigation aussi.

Quelques éléments du cahier de charge des Gonaïves
Mais on est encore très loin de ce qui a été projeté. Il faudra (i) consolider la berge droite de La Quinte pour protéger la ville en cas de crues exceptionnelles, (ii) reprendre le passage à gué qui mène à  Souvenance, haut lieu du Vodou, (ii) améliorer la berge gauche  en la décalant de la berge droite d’au moins 1 m pour favoriser l’évacuation des surplus  d’eau sur Savane Désolée (Zone tampon)  en cas de cyclones de la dimension de Jeanne et d’Annah qui ont favorisé l’inondation de la ville en 2004 et en 2008, (iii) favoriser la circulation des surplus d'eau des deux cotés de la route nationale au niveau de la Savane Désolée (risque de rupture de la digue que constitue le corps de chaussée de la Nationale No 1), (iv) prolonger jusqu’à la mer le travail d’élargissement de La Quinte (si non risque d’inondation de Raboteau et des marais salants), (v) draguer la mer au niveau du Quai des Gonaïves, (vi) récupérer l’ancien Quai de SEDREN susceptible de recevoir les bateaux de fort tonnage, (vii) recalibrer et revêtir totalement les drains de ceinture de Biénac et de l’ODPG pour canaliser les surplus d’eau qui pourraient s’échapper de la rivière La Quinte, (viii) Réhabiliter les systèmes d’irrigations qui arrosent la basse plaine des Gonaïves (2500 ha) et la plaine de Bayonnais (3000 ha), (ix) Réhabiliter les routes internes et les routes vers les villes environnantes pour mieux accéder aux plages à l’Ouest de la ville et pour éviter l’isolement de la ville en cas d’inondation comme par le passé , (x) accélérer les travaux au niveau des sous-bassins ayant une incidence directe sur la ville des Gonaïves. Cet événement culturel de 2014 pourrait servir de base pour relancer l’économie de la zone. 

Parlons maintenant de la communauté économique de la Caraïbe, plus connue sous le nom de CARICOM, en particulier du 24e sommet qui a eu lieu en Haïti.

3.       Le 24e sommet de la CARICOM en Haïti.

Du lundi 18 au mardi 19 février 2013, à Port-au-Prince, 11 chefs d’Etat et de gouvernement  et une centaine de délégués ont participé au 24e sommet de la CARICOM en Haïti, qui assure la présidence tournante de la communauté caribéenne depuis janvier 2013. Le président Michel Martelly a procédé ce lundi à l’ouverture du 24e Sommet de la CARICOM, à Port-au-Prince. Le chef de l’Etat a dit souhaiter que ce sera l’occasion pour les pays de la région, de délibérer sur des problèmes cruciaux, notamment celui de la circulation des biens et des personnes. Les discussions porteront notamment sur la stabilité financière, la stratégie commerciale, le renforcement de la lutte contre  la criminalité au sein de la CARICOM et l’introduction du français comme langue officielle et de travail de l’organisation.

Le Président a déclaré : «  Aujourd’hui Haïti doit être perçue et traitée comme une opportunité pour la région.  Nous représentons un marché de 10 millions d’habitants, des atouts naturels insoupçonnables et un riche patrimoine culturel qui peuvent fournir une contribution à la santé de nos économies ». Pour cela, selon le Président, « les échanges commerciaux intercommunautaires n’arriveront pas à atteindre un niveau de croissance acceptable » sans la libre circulation  des concitoyens haïtiens  dans la communauté de la Caraïbe.

D’où la nécessité pour l’économie haïtienne d’être soutenue par des investissements productifs, de se mettre en règle avec le régime communautaire par l’harmonisation des lois nationales aux normes communautaires, de lutter contre la criminalité transnationale et le trafic de la drogue organisé  qui constituent également  un handicap au  développement durable et de s’unir dans le cadre d’un renforcement de la coopération pour contrer les malfaiteurs qui n’hésitent pas à mettre en péril le système économique haïtien en créant des perturbations politiques dans le pays. Le Président Martelly a profité du 24e Sommet pour,  selon le Journal le Matin, « faire un plaidoyer en faveur du financement des actions visant à résoudre les problèmes environnementaux auxquels sont confrontés les petits pays et ceux de la CARICOM en particulier. Aussi, fait-il remarquer que le caractère urgent que revêtent les actions pour atténuer les risques dans ce secteur. La désignation de l’année 2013 comme année de l’environnement en Haïti traduirait ses inquiétudes et sa volonté de voir atterrir des programmes pour réduire la vulnérabilité. » Plus loin, selon le Matin : « Haïti doit profiter pleinement de son intégration dans la CARICOM », a martelé le Président, qui a mis l’accent sur l’énorme potentiel d’Haïti, en ce qui a trait à l’agriculture, notamment dans la production des légumineuses et l’artisanat qui constituent une spécialité nationale.

Selon le Secrétaire Général de la CARICOM, Irwin Larocque : « la force et la résilience du peuple haïtien sont une source d’inspiration qui nous encourage d’aller vers l’avant dans les 4 prochaines années ».Et le Premier ministre de Sainte Lucie, Kenny Davis Anthony, d’ajouter à propos de  l’indépendance haïtienne : «Sans la liberté haïtienne, nous ne serions pas libres».

Comme il est de mise en de pareils cas, le 24e Sommet s’est soldé par une déclaration finale où il est consigné l’ensemble des points discutés durant le sommet qui s’est réalisé avec la participation du Ministre de la justice des USA. Ce qui n’est pas une mince affaire si on le regarde sous l’angle de la sécurité régionale et de la lutte contre le trafic de la drogue, et pourquoi pas du contrôle politique et économique de ce petit marché certes, mais oh combien important en nombre (OEA,ONU)?

En guise de conclusion, Haïti a été en avance sur le monde par sa révolution anti-esclavagiste réussie en 1804. Le monde esclavagiste de l’époque ne le lui avait pas pardonné. Elle a durement payé le pot cassé d’une telle initiative, au point de se retrouver aujourd’hui en queue du classement mondial en tout. Nous nous sommes enfermés dans notre attitude défaitiste (yon pa kita, yon pa nago) depuis le parricide commis par la plupart d’entre nous. Nous nous enfonçons dans notre subconscient encouragés par les autres et par nous-mêmes à répéter et agir selon le concept « depi nan Guinen, neg ap trayi neg ». Nous nous en faisons un mode de vie qui se conjugue au quotidien. Malgré notre devise « Union fait la force », nous préférons mille fois agir de manière individuelle et souvent clanique au détriment de la collectivité, et ce, malgré les leçons tirées de la lutte pour l’indépendance  qui continuent d’inspirer les autres mais pas nous. A partir du phénomène KITA NAGO, des périodes carnavalesques, de Rara, nous nous retrouvons comme par enchantement. Ces phénomènes spirituel et culturel expriment notre vraie nature, mettent en exergue cette solidarité collective, ce bouillon culturel, cette spiritualité qui s’empare de la collectivité haïtienne à chaque fois et qui retombe en sommeil au fond de nous jusqu’à la prochaine occasion. Profitons-en pour jeter les bases de notre développement humain, socio-culturel, environnemental, infrastructurel, économique et politique. N’est-ce pas le moment pour Haïti, avec l’esprit KITANAGO, de passer du spirituel au culturel et à l’économique ? C’est le chemin à suivre pour notre développement. C’est notre chemin de salut! Que Dieu nous vienne en aide!!! 

jeudi 31 janvier 2013

HAITI : « KITA NAGO, YON PA KITA YON PA NAGO » OU LA REDYNAMISATION DE L’ENERGEIE POSITIVE HAITIENNE POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE DU PAYS ?




HAITI : « KITA NAGO, YON PA KITA YON PA NAGO » OU LA REDYNAMISATION DE L’ENERGIE POSITIVE HAITIENNE POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE DU PAYS ?
Jean Robert JEAN-NOEL
31 Janvier 2013

Dans ce 1er  article de l’année 2013 consacré à KITA NAGO, je m’attarderai sur le train-train quotidien (YON PA KITA YON PA NAGO), je définirai avec les promoteurs de KITA NAGO, le sens de ce phénomène en y mettant un peu du mien, je m’interrogerai sur l’utilisation la plus rationnelle à faire de KITA NAGO, j’essaierai d’ébaucher sommairement un plan et ses éléments fondamentaux, et je terminerai sur certaines conclusions nous engageant tous en tant que peuple nègre sans distinction de nuances ni appartenances sociale et/ou politique.

A-      YON PA KITA YON PA NAGO: LE TRAIN-TRAIN QUOTIDIEN

Le mois de Janvier 2013 est dominé par un certain nombre de faits saillants. C’est le phénomène KITA NAGO qui est la toile de fonds de cet article. Le seul fait positif totalement sorti de l’ordinaire. Tout le reste est du déjà vu et même du train-train quotidien.  C’est la réouverture des travaux parlementaires avec le maintien par consensus de M. Dieuseul Simon DERAS à la tête du Senat et l’élection de M. Jean Tholbert ALEXIS à la tête de la Chambre basse à la place de M. Levaillant LOUIS-JEUNE. A l’Assemblée Nationale, le Président Martelly « a reçu des cartons jaunes » et le Premier Ministre Lamothe a été « empêché » de faire son bilan par certains députés de l’opposition. Il a pu quand même le faire au Conseil de Gouvernement télévisé et le diffuser sur le net. C’est « normal », selon certains, « scandaleux », selon d’autres.

C’est la sonnette d’alarme de la CNSA sur la situation de la sécurité alimentaire (SA) du pays avec plus de 50% de la population en insécurité alimentaire et 1.5 M de personnes en insécurité alimentaire sévère. On s’y attendait un peu après les catastrophes naturelles de 2012 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html ) et la hausse des prix des produits alimentaires et du pétrole au niveau mondial.

C’est le 2e remaniement ministériel, en moins d’un an, du Gouvernement Lamothe avec le remplacement des ministres de l’intérieur, de la communication, des affaires sociales, de la culture, des haïtiens vivant à l’étranger et de l’environnement. « Un remaniement pour rien » selon « Haïti en Marche ». Un signe de plus de l’instabilité gouvernementale et l’accentuation de cette peur de se voir renvoyer du gouvernement à n’importe quel moment. Comment être efficace dans de telles dispositions d’esprit? Nos deux principaux dirigeants en ont-ils conscience ?

  Le Président au Chili et le Premier Ministre à Davos
C’est le voyage du Président Martelly au Chili dans le cadre du Sommet de la Communauté des Etats latino-américains et caribéens (CELAC) et de l’Union Européenne (UE). Le Président a plaidé pour « la promotion de l’investissement et le renforcement des capacités » au détriment des « programmes d’assistance ». Tandis que les participants se sont engagés à « éviter le protectionnisme et à promouvoir le commerce interrégional ».

C’est le voyage du Premier Ministre Lamothe à Davos, en Suisse, à la 43e Réunion Annuelle du Forum Economique Mondial sur le thème « résilience dynamique » avec une intervention sur « une nouvelle vision pour l’agriculture : accélérons son impact ». Face à la situation économique mondiale, Christine Lagarde, la patronne du FMI a déclaré : « La pression à court terme a diminué, mais elle est là sur le long terme ».

C’est le lancement du programme d’urgence post-Sandy à travers le pays par les hauts responsables du ministère de l’agriculture. Une partie des 5 Mrds de fonds du programme d’urgence vient d’être mise à disposition du ministère de l’agriculture (en est-il de même pour les autres ministères concernés ?). Le reste sera remis ultérieurement. Ces 5 Mrds HTG ne sont donc pas « dilapidés » comme véhiculé au niveau de certains médias qui ont relayé certains parlementaires.

C’est la fin de la saga Josué Pierre-Louis, président du CEP permanent, et Marie Danielle Bernadin. Elle a jeté l’éponge en retirant sa plainte pour viol. Deux mois d’actualité sur cette affaire. Il était temps d’y mettre fin. Comme par hasard, la « Religion pour la paix » s’est retirée de la négociation pour la mise en place de cette entité boiteuse qui n’est ni un conseil électoral permanent ni un conseil électoral provisoire. En tout cas, deux des membres de la « Religion pour la paix », le représentant de l’Eglise Catholique et la représentante du Vodou, ont accueilli KITA NAGO à son arrivée triomphale à Ouanaminthe, le 27 Janvier 2013, après avoir parcouru sur les épaules des masses haïtiennes 700 km des Irois, extrême Sud-ouest d’Haïti, à Ouanaminthe, extrême Nord-est, en face de la République Dominicaine, notre voisin de l’Est.

B.            KITA NAGO C’EST QUOI ?

« C’est un symbole d’unité construit à partir d’un acajou, arbre venant de Métivier, un quartier de Pernier, septième section de Bellevue Chardonnière, commune de Pétion ville Haïti. Il mesure 3,10 m de haut, 0,36 m de diamètre et pèse à peu près 500 Kilos[1] ». Dans un article publié par Alter Press, on lit ceci :« Lancé le 1er janvier 2013, depuis la commune des Irois (extrême Sud), le mouvement Kita Nago a pu terminer son itinéraire à Ouanaminthe (extrême Nord-Est) le dimanche 27 janvier 2013[2]. » Le mouvement KITA NAGO a été initié par Harry Nicolas, MET FEY VET, aidé de Smoy Noisy et de Me Lesly Alphonse.

Voici ce que j’avais écrit à propos de KITA NOGO en réponse à un ami sur Facebook : « C'est juste une pièce de bois d'acajou d'environ 500 Kg qu'un groupe de 3 personnes a décidé de transporter à bras d'hommes et de femmes des Irois à Ouanaminthe, de l'Ouest à l'Est, à partir du 1er janvier 2013. Cela prendra le temps qu'il faudra pour passer d'une extrémité du pays à l'autre. Et ça a soulève une solidarité à nulle autre pareille. Tout le monde s'y met sans savoir pourquoi. La charge symbolique de ce bout de bois est suffisante pour nous faire prendre conscience que l'on peut faire de grandes choses ensemble pour Haïti. A mon humble avis, une exploitation rationnelle de cette charge symbolique par les élites haïtiennes débouchera sur cette nouvelle Haïti rêvée par tout Haïtien digne de ce nom ».January 24 at 12:56am.

KITA NAGO, bwa a (le bois), selon le people, a pu parcourir à épaules d’hommes et de femmes 700 km en 27 jours du 1er Janvier 2013 au 27 Janvier 2013, en traversant 7 départements sur 10, en touchant les lieux les plus symboliques d’Haïti, en mobilisant près de 3 M de personnes. Pourquoi un peuple, qui refuse de balayer ses rues, de curer ses canaux, de traiter ses ravines en dépit des 200 gourdes/jour payées dans le cadre de travaux d’urgence post-catastrophes, accepte-t-il de faire cette corvée de manière volontaire, sans rechigner, avec une joie indicible et des déhanchements frisant la possession, le chevauchement de forces positives (pas de mort, pas de sang versé), seulement des sueurs et une volonté inébranlable d’atteindre le but fixé ? Continuons-nous à faire du surplace (yon pa kita yon pa nago) comme nos politiciens ? Comment canaliser une telle énergie positive redynamisée vers le développement  de notre pays et non celui des clans?

C.            LA REDYNAMISATION DE L’ENERGIE POSITIVE HAITIENNE VERS LE DEVELOPPEMENT DURABLE  DU PAYS?

KITA NAGO c’est le refus d’assister sans participer. C’est l’union fait la force. C’est se fixer un but et l’atteindre en 27 jours. C’est cette femme « cajou » qu’on peut repolir pour qu’elle retrouve sa beauté d’antan. C’est la possibilité de refaire d’Haïti, « la perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbe». C’est la preuve par 10 que l’on peut ensemble porter notre fardeau du développement sur notre dos durant 27 jours sur 700 km, durant 27 ans à partir de ce mois de janvier 2013. Mais pour cela, il nous faut commencer par dialoguer. « Essuyons le tableau », dirait Serge Beaulieu.

Le dialogue national pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon notre vision
Kita Nago nous invite à dialoguer entre nous, à nous mettre ensemble, à nous battre pour notre pays, à nous donner un plan consensuel de long terme.

Un Plan de 27 ans axé sur 30 pôles de croissances et de développement

La vision
Faisons d’Haïti la « Taïwan de la Caraïbe à l’horizon 2040 ». En 27 ans, on transformera ce pays dégradé en un véritable joyau. L’énergie KITA NAGO aidant, on commencera par nous mettre d’accord sur la vision d’ensemble, en faisant taire nos intérêts de clans, de partis, de quartiers, de sections communales, de communes, de départements, de régions, en nous concentrant sur l’intérêt d’Haïti.

Le diagnostic de la situation actuelle
Utilisons toutes les informations à notre disposition. Générons des informations à partir d’études sérieuses. Utilisons les outils théoriques à notre disposition comme le SWOT analysis : Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces. Mettons nous d’accord sur les résultats de ce diagnostic sur le plan humain, sur le plan social, sur le plan environnemental, sur le plan infrastructurel, sur le plan économique et sur le plan politique.

Les éléments du plan
Les services et l’emploi au niveau de ces 30 pôles à l’intérieur de 4 Régions en fonction des potentialités de chaque région dans le cadre d’un plan d’aménagement du territoire découlant du diagnostic et en regard de notre position géographique et du substrat sur lequel se base Haïti, qui est dangereux avec ses failles tectoniques mais si riche en métaux précieux, en or noir (?), en iridium et autres.

Les politiques publiques relatives au plan  et la politique législative pour leur donner forces de lois.

« A l’impossible,  nous sommes tenus »
C’est un travail colossal. N’oublions pas que nous sommes l’un des pays les plus étudiés de la terre. Nous avons donc de la matière. Et puis, avec les nouvelles technologies, il nous est beaucoup plus facile de compléter les données disponibles et d’en générer d’autres. Et puis, cette fois-ci et pour de bon, pourquoi « A l’impossible, ne nous sommes-nous pas tenus ». N’est-ce pas, M. Latortue, notre premier ministre de la transition 2004-2006? Revoyons l’œuvre législative de ce gouvernement. Que de bonnes choses volontairement oubliées dans les tiroirs!

Conclusions
L'enthousiasme soulevé par KITA NAGO doit être exploité par les élites haïtiennes pour reconstruire notre solidarité collective de peuple nègre et fier en vue de reprendre en main notre avenir et étonner à nouveau le monde.

Nous avons fait 1804 dans le feu et le sang. C’était insensé. Nous l’avions réussi contre toute attente. Nous avons changé le cours de l’Histoire. On nous l’a fait payer tout le long de notre existence de peuple. Une chose est sure, nous continuons d’exister malgré vents et marées et tremblements de terre.

MET FEY VET a tenté un pari insensé. Nous nous l’approprions. Nous l’avons fait notre. Nous l’avons réussi. Alors, allons-nous nous contenter de mettre ce bout de bois dans un musée à Ouanaminthe et continuer avec notre « YON PA KITA YON PA NAGO » ou allons-nous canaliser toute cette énergie positive KITA NAGO vers le développement intégral de notre pays à l’horizon 2040? La balle est dans le camp de chacun de nous, en particulier dans le camp du Président Martelly, qui se retrouve être, veut, veut pas, notre président en ce moment précis de notre histoire de peuple nègre fier et digne de ce nom ! A nous de jouer notre partition, à lui de se révéler un excellent chef d’orchestre ! Vive KITA NAGO, l’espoir des lendemains meilleurs ! Que Dieu nous vienne en aide !!!



[1] https://www.facebook.com/notes/carigroup-caribvillage/kita-nago-700-kilomètres-à-pied-de-les-irois-à-ouanaminthe-kita-nago-un-défi-lan/1015152700930041[2] Haïti-Kita Nago : 700 km parcourus à pied pour stimuler la solidarité et la concertation. Alter Press


mercredi 26 décembre 2012

HAITI, BILAN 2012 ET PERSPECTIVES 2013: D’UNE FAIBLE CROISSANCE ECONOMIQUE A LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)



HAITI, BILAN 2012 ET PERSPECTIVES 2013: D’UNE FAIBLE CROISSANCE ECONOMIQUE A LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

26 DECEMBRE 2012

Après la lecture du bilan 2012 de Michel Soukar, je m’étais dit que je n’allais pas faire un bilan de plus. En relisant l’ensemble de mes textes de 2011 et 2012, (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com et Haïti Marche) je me suis dit : pourquoi pas ? Alors, il me fallait trouver un titre qui résume tout. Après avoir couché plusieurs titres sur le papier, j’ai retenu celui-ci : « Haïti, Bilan 2012 et Perspectives 2013: D’une faible croissance économique à la route du développement (?) ». Ce dernier article de l’année 2012 étalera les faits saillants après l’article du mois de novembre, fait un clin d'oeil au cadre théorique du bilan 2012, analysera certains éléments du bilan 2012, dégagera des perspectives de 2013 et débouchera sur des recommandations aux parties prenantes du développement d’Haïti.

Faits saillants depuis mon dernier article
Après le voyage en Europe et à Cuba, le Président Martelly a été au Japon et le Premier Ministre au Vietnam toujours dans le souci de renforcer des liens de coopération pour mieux diversifier les rapports d’Haïti avec ses partenaires internationaux en termes d’assistance technique et financière. La plupart de nos partenaires financiers traditionnels se faisant de plus en plus réticents, il faut frapper à d’autres portes surtout après ces catastrophes naturelles en cascades. Ce n’est certes pas l’interprétation de l’opposition qui y voit du gaspillage d’argent dans une période « soit disant d’austérité ». Il faut noter les 17.5 M USD annoncés par La BID pour aider à la réhabilitation d’infrastructures de transport affectées par Sandy et les 47 M d’Euros mobilisés ces derniers mois par l'Allemagne en Haïti à travers ses ONG  dont  Agro Action Allemande (AAA) dans le secteur agricole et dans le secteur de l’énergie (réparation à Péligre). C’est la visite en Haïti du Premier Ministre d’Antigua et de Barbuda, Baldwin Spencer. C’est fin Novembre 2012 le lancement du cadre de coordination de l’aide externe au développement (CAED), une entité du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) avec un Coordonnateur Haïtien, qui remplace la CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti). C’est la réouverture de l’Aéroport Toussaint Louverture réhabilité. C’est le séjour même trop court de Murielle Leconte en Haïti, toujours malade mais quel courage ! C’est la qualification de la sélection haïtienne pour la Gold Cup aux USA en 2013 en se classant 3e au Championnat de la Caraïbe et 39e mondiale au classement de la FIFA. C’est l’inauguration  de l’Hôtel 5 étoiles Royal Oasis. C’est la pose de la première pierre de l’Hôtel 4 étoile Marriott à Turgeau  sous financement du Groupe Digicel. C’est l’annonce de la compensation électronique des chèques, ce qui fera tomber de 10 jours (chèques de province) et de 5 jours (chèques Capitale) à 2 jours le temps mis pour rendre disponibles les fonds à partir de Janvier 2013, selon le Gouverneur de la Banque Centrale (BRH). C’est le départ de l’Ambassadeur français, Didier Lebret, honoré de l’Ordre National de Grand Croix par Haïti. C’est l’accord trouvé entre le Parlement et l’Exécutif pour la mise en place d’un autre CEP provisoire (Collège Transitoire). C’est l’affaire du présumé viol de Me Josué Pierre-Louis, Président du CEP, sur Mlle Danièle Bernadin, son assistante (un mois d’actualité). C’est aussi malheureusement l’augmentation de l’insécurité malgré les efforts de la Police Nationale d’Haïti.C'est la manifestation du 16 Décembre 2012 de la FANMI LAVALAS qui a été émaillée de violences, en dépit de la démarcation tardive des responsables du Parti par rapport à ces violences. C’est l’annonce manquée de la fin du monde (21/12/2012) ; Dieu merci, notre planète est encore en train de tourner.  C’est enfin, au début du mois de Décembre 2012, l’atelier sur la politique législative auquel j’ai eu la chance de participer et qui va, entre autres, me servir de cadre d’analyse pour cet article.

Cadre théorique d’analyse du bilan 2012
Au cours de ce séminaire organisé par le Ministre délégué chargé des relations avec le Parlement à l’Hôtel Montana, 5 et 6 Décembre 2012, j’ai beaucoup appris, en particulier que toutes les politiques publiques sectorielles et la politique législative découlent de la politique générale du Premier Ministre. J’ai donc ajouté cette approche aux diverses théories qui guident mes réflexions comme l’approche participative, l’approche bassin Versant, l’approche territoriale, l’approche hexagonale développée par la FONHDLAC avec ses 6 axes (i) humain, (ii) social et culturel, (iii) environnemental, (iv) infrastructurel, (v) économique et financier, et (vi) politique (gouvernance) et ses 36 éléments de croisement pour aboutir au développement intégral : (http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/lapproche-hexagonale.html ). Ce dernier cadre engloberait parfaitement les 5 E du programme gouvernemental du Président Martelly. Et le Groupe auquel j’appartiens, la FONHDILAC, a proposé en avril 2011 au gouvernement Martelly un « document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne (http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html ). Pour être honnête, certains éléments de ce document d’orientation ont été pris en compte dans les énoncés de politique générale des deux Premiers Ministres (MM. Conille et Lamothe) du Président Martelly en Octobre 2011 et Avril 2012 (http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/10/haiti-politique-generale-du-dr-conille.html ). Essayons maintenant d’analyser le bilan 2012.

A.      BILAN 2012 : MEFAITS SOCIOPOLITIQUES+CATASTROPHES NATURELS= REDUCTION DE LA CROISSANCE

Résultats macroéconomiques et amateurisme politique
Le bilan 2012 sera analysé eu égard aux politiques générales qui avaient prévu des taux de croissance autour de 9% du PIB revus à la baisse pour se situer, en réalité et au final, autour de 2.8% du PIB. Le Taux d’inflation a atteint 7% en glissement annuel(6.5% selon C. CASTEL de BRH, Interview Leslie Delatour, Radio Metropole 2 janvier 2013). Le taux de change du dollar par rapport à la gourde s’est stabilisé autour de 42 gourdes (une bande de 2-3% acceptable pour la Banque Centrale, BRH), les reserves de change correspondant à 6 mois d'importation(1.2 Mrds nette et 2.2 Mrds brute, BRH) . Les investissements dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires n’ont pas eu tout le financement nécessaire, avec quand même 168 M USD d'investissement direct étranger (Réf. BRH). Malgré tout, sur le plan macroéconomique, Haïti reste l’une des meilleures économies de la Caraïbe. Ce manque de performance de l’économie est lié (i) à une gestion de type amateurisme de la Présidence (reconnue par le Président lui-même, interview avec Alex St-Surin, Radio MEGA, Mai 2012), (ii) à une attitude globalement hostile du Parlement par rapport à la Présidence , (iii) à une vassalisation du Pouvoir Judiciaire par les deux autres pouvoirs en dépit de certains succès indéniables dans la mise en place du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPG), de la nomination de l’ensemble des membres de la Cour de Cassation et de la tentative de mettre en place un conseil électoral permanent selon les prescrits de la Constitution amendée, (iv) à une gouvernance un peu brouillonne des divers événements sociopolitiques et naturels qui ont caractérisé la période sous observation, (v) à une gestion clanique du pays tant au niveau de l’Exécutif, du Parlement que du Pouvoir Judiciaire, et (vi) à une insécurité présente à travers le pays (manifestations impromptues sur les routes nationales et dans les rues, morts d’hommes, de femmes et de policiers, banditisme ).

Microéconomie : résultats mitigés
 Il faut noter aussi les succès en matière d’infrastructures routières, aéroportuaires (Cap, PAP. Jacmel), d’irrigation (5e Section St Marc, Savane Diane, PIA-Quinte, etc.), de mise en place de lacs collinaires (retenues collinaires à Ennery, Plateau Central), du village de l’espoir à Savane Diane, d’eau potable, d’électricité, de logements sociaux, scolaires et sportives, hôtelières (Best Western, Royal Oasis et autres),  hospitalières (Mirebalais), industrielles (le Parc Caracole), des travaux d’endiguement de rivières (en terre et en gabions) et de contrôle de ravines dont la plupart ont été endommagés ( routes, ponts, canaux), embourbés (Irrigation et drainage) par les cyclones Isaac et Sandy. Les principales places publiques ont été dégagées de leurs occupants. La production agricole, malgré un manque d’investissement notoire, aurait connu un succès indéniable sans les phénomènes naturels comme la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy qui ont causé des pertes évaluées finalement à 254 M USD (CNSA, Déc. 2012). La gestion par le GOH de ces phénomènes a été acceptable en dépit d’un manque flagrant de l’aide des amis d’Haïti et de la communauté internationale en général.

Sur le plan socioculturel et économique, les deux grands événements populaires comme le Carnaval national et le carnaval des fleurs ont été des succès indéniables. Il en a été de même pour le RARA, la semaine de la diaspora. Sur le plan social, de nombreuses actions ont été menées (Ti Maman Chéri, ABA GRANGOU, Katié Pam Pozé et autres) apparemment sans articulation, on se perd  si on essaie de se remémorer l’ensemble de ces programmes qui semblent ne pas avoir de liens entre eux. Ils sont là soulageant une frange de la population, minime soit-elle. C’est l’essentiel. Beaucoup d’emplois HIMO ont été créés et d’autres emplois aussi tant au niveau des villes qu’en milieu rural pour recapitaliser les bénéficiaires et/ou victimes durant les campagnes agricoles et après le passage des cyclones et des inondations tant au niveau du secteur agricole qu’au niveau des secteurs des Travaux publics, de l’environnement, du Tourisme et de l’Industrie, etc.

A coté de ces actions dont la plupart ont démarré sous les gouvernements précédents (continuité de l’Etat), certaines politiques publiques ont été mises en place et/ou renforcées (MARNDR, ENERGIE, SANTE, TOURISME, EDUCATION, etc.), des études, des conférences réalisées, des voyages effectués. Malheureusement, certains méfaits politiques, catastrophes naturelles ont conduit à une forte réduction du taux croissance par rapport aux prévisions de départ.

1.       Les méfaits sociopolitiques
L’amateurisme politique dont a fait preuve la Présidence s’est fait sentir dans une série de déclarations et d’actions. En premier lieu, il faut noter qu’au départ, le Président n’avait pas bien compris le régime politique haïtien tel que décrit par la Constitution de 1987. Elu sous la bannière de « répons peyizan », il ne dispose à la chambre basse que de 3 députés. Il fallait faire des alliances au sein du Parlement pour constituer une majorité parlementaire en vue de gouverner le Pays (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/04/inite-et-martelly-ou-le-changement-dans.html ). Il n’a pas pris d’actions en ce sens et a fait des déclarations maladroites qui avaient plutôt antagonisé les positions. D’où le sort réservé à ses deux premiers ministres désignés par le Parlement plus par souci de blocage, de démonstration de forces que pour des raisons valables. D’ailleurs, par la suite, le Parlement a approuvé M. Conille qui n’avait pas un meilleur profil politique que les deux premiers désignés (5 ans de résidence affilée dans le pays). Ecarts de langage du Président par rapport à un journaliste, amplifiés à outrance, arrestation d’un Député après une prise de gueule au Palais, mauvaise gestion de relations interpersonnelles avec un Sénateur qui en a fait un opposant farouche au point de chercher par tous les moyens à « démettre le Président » (accusation de double nationalité, accusation de mise en place d’une armée rose, manifestations de rues, alliances politiques, etc.).

Il faut noter que, dès le départ, la presse dans sa globalité n’avait pas accordé les 100 jours de sursis au Président. De plus, les relations interpersonnelles avec le Premier Ministre Conille n’étaient pas bonnes, les clans constitués au sein du Pouvoir Exécutif (Primature, Présidence et Première Dame) et la mise à pied du Premier Ministre  Conille après le succès du Carnaval National aux Cayes ont ruiné les espoirs d’une grande réussite du « pouvoir martelliste » (mauvais calcul politique). Entre temps certains membres de l’ancienne armée d’Haïti accompagnés de jeunes recrus ont occupé des espaces publics et circulé armés dans le pays. Ils se sont même arrogés le droit de pressurer le Parlement pour la ratification « vite et pressée » du Premier Ministre Lamothe.

Les leçons apprises par Martelly par rapport aux tractations précédentes avec le Parlement ont certes permis la ratification du Premier Ministre Lamothe. Mais à quel prix ! Un « Gouvernement HIMO » pour payer le prix des négociations avec le Parlement et les autres forces politiques et qui pèse très lourd en matière de budget, la mise à pied de certains ministres clés et non des moindres, l’adaptation des nouveau venus, la crainte de se voir éjecter de son poste, autant de signaux inquiétants envoyés par le Gouvernement Martelly-Lamothe (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/05/haiti-lheure-de-verite-2-le-style.html ) . Et c’est seulement en mai 2012 que le Président Martelly a pu faire ratifier son premier budget à cinq (5) mois de la fin de l’exercice 2011-2012. La réduction du taux de croissance de l’économie était donc prévisible. Peut-être pas à ce point. Mais les catastrophes naturelles, la bataille de clans au sein du Pouvoir Exécutif avec la victoire apparente du PM Lamothe (dernier remaniement ministériel), les manifestations de rues contre la vie chère (prétexte) et contre Martelly (réalité) sont venues mettre plus à mal une économie en manque de financement externe et en manque sévère de fonds propres.

2.       Les catastrophes naturelles
Au cours de la période sous étude, Haïti a connu trois phénomènes naturels majeurs : la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy. Il est à noter que depuis 2004, Haïti a connu une fréquence plus rapprochée des phénomènes naturels : Fonds Verrettes, Gonaïves avec la Tempête Jeanne (3000 morts), les 4 cyclones de 2008, le tremblement de terre de 2010 et les récents cyclones. Soient deux cyclones sérieux tous les 4 ans. 2008 avec ses 4 cyclones en moins d’un mois était tout simplement exceptionnel. En 2004, la croissance économique était négative, en 2005 elle était autour de 1.5%, en 2006 autour de 1.8, en 2007 autour de 3.2%, en 2008 autour de 0.8, en 2009 autour de 2.9%, en 2010 autour de -5.4%, en 2011 autour de 5.6%, et en 2012 autour de 2.8%.

3.       La réduction de la croissance
Remarquez que dans les années de catastrophes, il y a toujours une réduction de la croissance de l’économie. Et quand on combine catastrophes et méfaits sociopolitiques, cela devient encore plus grave. Les deux années les plus frappantes sont 2004 et 2010. Dans les deux cas, on a connu la chute violente du gouvernement du Président Aristide et le cyclone Jeanne, le tremblement de terre de 2010 et les manifestations politiques tout au long de l’année électorale 2010.

Il faudra retenir ces leçons pour mieux gérer le pays, en évitant, dans la mesure du possible, les querelles sans lendemain, les batailles de clans au sein du Pouvoir Exécutif, du Pouvoir Législatif et du Pouvoir judiciaire, et les prétextes fallacieux pour envenimer les relations entre les trois (3) pouvoirs,  et empêcher la mise en œuvre de politiques publiques (politique de chaises vides au Parlement), le vote de lois et conventions susceptibles de contribuer à un meilleur fonctionnement de l’appareil étatique et au développement du pays.

B.      PERSPECTIVES 2013 = LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)

Par rapport à la situation de 2012 décrite précédemment, 2013 s’annonce plutôt difficile. La situation de pauvreté a frisé la stagnation avec une augmentation de la population (10.2 M de personnes en octobre 2012) et un taux de croissance de 2012 de l’économie autour de 2.8% du PIB, Haïti est certes devenue beaucoup moins pauvre qu’auparavant (Taux de croissance de la population 2-2.2%), mais l'économie n'a pas cru assez vite pour un décollage réel et irreversible. Alors que le gouvernement Conille tablait sur un taux de croissance autour de 9 à 10% de l’économie et revu à la baisse par le Gouvernement Lamothe au cours de l’exercice écoulé, on avait quand même envisagé l’avenir avec une certaine sérénité. Les catastrophes naturelles sont venues anéantir nos espoirs en ramenant la croissance de l’économie à un taux de 2.8% nettement inférieur aux prévisions (contraction du PIB agricole de -2.2%). Il est donc capital d’avoir une politique économique axée sur une forte croissance et continue sur une période plus ou moins longue, une sorte de « révolution de croissances » pour répéter un économiste haïtien et en même temps une politique de réduction du taux de croissance de la population. Les effets des catastrophes de l’exercice 2011-2012 n’étaient pas finis d’être évalués que le pays a du faire face à une nouvelle catastrophe, Sandy, au premier mois du nouvel exercice, octobre 2012. On comprend dès lors toute la difficulté pour le gouvernement et pour le pays de faire face à autant de problèmes sans l’aide et des promesses sérieuses de financements de la communauté internationale. Ce qui pourrait nuire à la croissance projetée.  

Taux de croissance projeté
En effet, le taux de croissance projeté de l’économie est de 6.9% avec un taux d’inflation inférieure à 10% (6-7%) et un taux de change autour de 42 HTG pour 1 USD dans le cadre d’un budget annuel de plus de 3.25 Mrds d’USD dont 31% de fonctionnement et 69% d’investissement. « Les principaux secteurs bénéficiant des priorités de ce budget sont le secteur économique (53% du total du budget) avec notamment des investissements de l’ordre de 18.2 milliards  HTG pour les infrastructures de transport, 2.3 milliards pour l’eau, 4.2 milliards pour l’énergie, et le secteur social (25% du total du budget) dont des investissements de 12.3 milliards pour l’éducation et de 9.5 milliards pour la santé. Le développement territorial disposera d’un programme d’investissement de 12.9 milliards ». (Réf. Communiqué de Presse du MEF, Dépôt Loi de Finance 2012-2013 au Parlement. 29 Juin 2012).

 C’est beaucoup plus réaliste, selon certains observateurs, de projeter des taux de croissance proches de ceux qu’on a déjà atteints. Les politiques publiques prévues au niveau du secteur agricole, le principal pilier de la croissance, s’articulent autour d’un programme triennal 2012-2015 de relance de 62 Mrds de Gourdes (1.5 Mrds USD) sur les 3 prochaines années (500 M USD/an supérieurs à 10% du Budget National mais non inscrits tel quel dans le budget de cet exercice 2012-2013). Sans entrer dans une analyse exhaustive des autres secteurs contribuant à la croissance de l’économie, les secteurs de la construction et autres secteurs (Tourisme, industries, énergie, éducation) dans cette phase  de développement devraient substantiellement contribuer à cette croissance projetée. Une bonne politique de population (non prévue (?) et à mettre en place en urgence) articulée à une politique de sécurité plus constante (contrôle des moindres parcelles du territoire national) et surtout à une politique environnementale dans le cadre  de la déclaration, par le gouvernement en accord avec l’opposition  et autres parties prenantes, d’un état d’urgence environnementale, devrait renforcer davantage la croissance de l’économie (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html).

Il est clair que, pour mettre le pays sur les rails du développement, il ne suffit pas d’avoir une bonne politique de propagande qu’il ne faut pas confondre avec une politique de communication et des slogans sans contenus. Il faut savoir que le développement est un processus bien planifié exigeant des sacrifices, de la créativité, de l’innovation, des politiques publiques soutenues par une politique législative et des actes administratifs,  et des moyens et stratégies pour une mise en œuvre du plan de développement adopté. Depuis 2010, le pays dispose d’un plan développement transformé par cette administration (en 2012) en plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH) avec son cadre de coordination (CAED). Ce plan peut être renforcé, dans le cadre d’une grande concertation nationale, par les divers plans de la société civile haïtienne y inclus ceux de  la diaspora et du secteur privé. Ce plan consensuel marquerait une rupture dans notre façon de faire de la politique et déboucherait sur le développement du pays tant souhaité par tous les haïtiens dignes de ce nom et fiers de l’être.

Recommandations aux parties prenantes du développement d’Haïti

Pour cela, il faudrait avant toute chose la primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt des clans et/ou individuels.

(i)       D’où la nécessité d’une grande concertation nationale (conférence nationale, pacte de gouvernabilité, etc.) pour se mettre d’accord sur une vision d’Haïti ou consolider celle qui existe (appropriation) dans le cadre de ce plan consensuel et des moyens à mettre en œuvre  pour atteindre le niveau de développement lié à cette vision et au plan consensuel finalement accepté par tous comme notre cadre de référence pour le développement de notre pays.

(ii)   La nécessité pour l’Exécutif (Présidence, Primature, Première Dame) d’offrir une image d’unité ne serait-ce qu’au niveau de la perception et de fonctionner dans le cadre de la politique générale définie ainsi que les politiques publiques sectorielles et politique législative y relative (une entente en ce sens à rechercher coûte que coûte) ; tout changement de gouvernement, en particulier du Premier Ministre actuel, compromettrait définitivement les chances de réussite de la présidence de Martelly, à moins que ce soit le sacrifice (fruit) d’un consensus vraiment national et non clanique ;

(iii)   La nécessité pour le Parlement de fonctionner dans le cadre d’une politique législative en relation avec la politique générale du Premier Ministre, d’exercer son pouvoir de contrôle  de l’exécutif sans souci de blocage et sans la volonté délibérée d’obtenir des avantages personnels et de remplacer les collectivités territoriales dans leurs taches quotidiennes et de développement ;

(iv)    La nécessité pour le Pouvoir Judiciaire de jouer son rôle d’arbitre entre les deux autres pouvoirs dans les limites de la Loi et de fortement contribuer à la construction de cet Etat de droit rêvé par tous, en commençant par mettre de l’ordre en son propre sein, éliminer les poches de corruption, prendre ses distances par rapport au ministère de la justice, et s’ériger contre vents et marées en un vrai pouvoir d’Etat comme les deux autres pouvoirs ;

(v)   La nécessité pour les collectivités territoriales (CT) de prendre en charge les urgences, le relèvement et le développement de leurs communautés respectives dans le cadre de plans communaux et de plans de sections communales bien ficelés dans le cadre d’un plan global d’aménagement du territoire imbriqué dans des politiques de décentralisation de l’Etat et de déconcentration de l’administration publique haïtienne ;

(vi)   La nécessité pour la société civile  de s’impliquer davantage dans la gestion des affaires de l’Etat en faisant les pressions nécessaires  pour le respect des engagements dans le cadre de l’énoncé de politique générale du Premier Ministre, des politiques publiques et de la politique législative y afférentes;

(vii)   La nécessité pour la communauté internationale d’accompagner le Gouvernement Haïtien (GOH) dans le cadre de la vision du Président, de la politique générale du PM, en fournissant l’assistance technique et financière nécessaire à la mise en œuvre  des politiques publiques sectorielles et de la politique législative y relatives.

En guise de conclusion, la situation de 2013 ne s’annonce pas rose. On peut la changer. Nous savons quoi faire pour la changer. Par exemple, pour éviter une cherté de la vie plus sévère en 2013 par rapport à 2012, il nous faudra financer le programme d’urgence post Sandy durant la saison sèche (4 Mrds HTG), le programme triennal de relance agricole (62 Mrds HTG), et importer suffisamment de produits alimentaires avant mars 2013 pour éviter des émeutes de la faim au cours de la période comprise entre janvier et juin 2013. On espère que les voyages au Japon et au Vietnam des hauts responsables de l’Etat ont été faits dans cet esprit. Sur un plan plus macro, il nous faudra bien gérer (i) la situation politique (élections 2013, entente politique, partis politiques), (ii) la situation économique (campagnes agricoles 2013, investissements dans les infrastructures, tourisme, saison cyclonique etc.) et (iii) la situation sociale (sécurité, élèves, étudiants, groupes de pression, santé, éducation, loisir, etc.). Ainsi, bonne gestion socio-économique et politique + bonne gestion des  catastrophes naturelles = Augmentation de la croissance économique et bonne répartition de ses retombées. N’est-ce cela la route du développement ? Prenons-la, Bonne journée du 26 Décembre à V. NUMA et Bonne Année 2013 à tous!

dimanche 25 novembre 2012

HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?



HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
25 NOVEMBRE 2012

Après le passage de Sandy qui a ravagé la cote Nord-est des USA, les américains ont décidé, le Mardi 6 Novembre 2012, de donner un second mandat à Obama. La bataille s’annonçait rude et très serrée. Au final, OBama l’a emportée haut la main avec 332 /538 de  votes des Grands électeurs et 50.51% de votes populaires contre 47.85% à Romney. Le peuple américain a fait son choix sans ambigüité. Le monde entier a semblé soulager.

En Haïti, après les dégâts de Sandy (750 M USD) et l’inondation dans le Nord du Pays qui a fait une quinzaine de morts au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, je nous croyais prêts pour « un complot positif » pour le « Haïtian Dream », (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/10/haiti-apres-sandy-le-complot-pour-le_31.html). Comme je l’avais écrit, « Nous sommes trop petits pour voir aussi grand ». Pour être plus positif,  voyons quelques éléments d’actualité avant de remonter le temps pour voir les réponses données à ces genres de situation et les résultats obtenus, interrogeons-nous sur la situation actuelle, et essayons de proposer quelques solutions.

Le voyage du Président Martelly en Europe et le Premier Ministre aux Caraïbes
Au cours de ce mois de novembre 2012, le Président Martelly a visité officiellement l’Espagne dans le cadre du Sommet Ibéro-Américain où Haïti est unanimement admise comme membre observateur, a été au Parlement Européen à Strasbourg (France), a été reçu, en Italie, avec Femme et enfants, par le Pape Benoit XVI au Vatican, et en a profité pour avoir des discussions avec les agences de Rome, en particulier la FAO. D’où cet extrait : « La FAO et le gouvernement de Haïti espèrent obtenir, au cours des 12 prochains mois, 74 millions de dollars pour la réhabilitation du secteur agricole à la suite de l'ouragan Sandy, de la tempête tropicale Isaac et de la sécheresse qui a sévi plus tôt cette année. Ensemble, ces trois phénomènes climatiques extrêmes ont causé des dommages colossaux à l'agriculture et à la pêche. Depuis le mois d'octobre, deux millions de Haïtiens souffrent d'insécurité alimentaire et de malnutrition ».

Entre temps, l’insécurité de type banditisme semble reprendre du poil de la bête ; le Premier Ministre Lamothe a été à St Thomas, en particulier à l’Université du même nom, là où il a fait sa maitrise, pour parler d’Haïti ; le 18 Novembre 2012 n’a pas été commémoré comme par le passé à cause de l’absence au pays des  deux principales autorités , de plus le monument des Héros de Vertières a été « profané en rose et blanc » ; la sélection haïtienne est qualifiée pour la phase finale de la Coupe de la Caraïbe, une bonne chose dans cette grisaillerie haïtienne du mois de novembre (temps maussade comme la population, on dirait que la nature est triste pour nous) ; les manifestions estudiantines de rues suite à l’assassinat de l’un d’entre eux ; la tentative de certains Députés de présurer le Premier Ministre pour une affaire de 10 M HTG/député qui seraient distribuées à des députés progouvernementaux (?) ; l’état d’urgence d’un(1) mois décrété par le Gouvernement Lamothe en réponse à Sandy pour l’application d’un programme de réponse post-Sandy, etc. Après le passage de Jeanne en 2004 et les 4 cyclones de 2008, aux réponses gouvernementales, quelles autres réponses Haïti a connues et avec quels résultats ?

L’opération Bagdad/le Kidnapping érigé en mode opératoire quotidien
En tout cas, en 2004, en réponse au ravage de Jeanne aux Gonaïves, alors que le Gouvernement de transition de Latortue se battait pour donner une réponse à la mesure du défi environnemental gonaïvien, on a eu « la fameuse opération Bagdad » qui a érigé en mode opératoire quotidien le kidnapping qui jusqu’ici était quelque chose de sporadique. Que de dégâts, que de ravage psychologique, que de larmes nous a coûtés et nous coûte encore le kidnapping ! Heureusement, le Président Préval, après les quatre cyclones de 2008, a continué, sous le gouvernement de Mme Pierre-Louis, même avec quelques modifications, la politique d’Alexandre-Latortue vis-à-vis des Gonaïves (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html). Actuellement, avec l’agrandissement de la rivière La Quinte dont la capacité est passée à plus de 1000 m3 /s, la reconstruction des ponts  au niveau de Pont Gaudin et de Mapou et les interventions même partielles au niveau du bassin versant (70,000 ha) dans le cadre de plusieurs programmes dont le Programme PIA-Ennery-Quinte financé par la BID, la problématique gonaïvienne est en voie de solution. Il reste certes beaucoup à faire. Si les efforts sont maintenus et intensifiés, on finira par solutionner définitivement le problème gonaïvien, toujours dans le cadre de ce mariage savant de la gestion de l’urgence et du développement.

Manifestations estudiantines, l’autre opération (?) et/ou Etat d’urgence environnementale (?)
En 2012, alors que le Gouvernement de Lamothe se bat pour trouver des fonds pour la mise en œuvre du programme post Sandy,  la réponse à Sandy, en dehors du gouvernement, semble s’acheminer vers des manifestations estudiantines de rues sous prétexte de réclamer justice pour leur camarade tué par un policier déjà mis aux arrêts par le Gouvernement avec promesse de le juger. Alors que veulent réellement les étudiants ? Sont-ils conscients de la situation actuelle de leur pays en matière environnementale ? Et Sur quelle opération, cette fois-ci, cela va-t-il déboucher, si on analyse au second degré les prises de position de certains parlementaires et de la plupart de nos politiciens ? En tout cas, pas sur ce « complot positif » tant rêvé par le grand naïf que je suis, pas sur « cette déclaration d’Etat d’urgence environnementale » discutée lors de la dernière réunion mensuelle de la FONHDILAC (11/11/2012) et débattue à l’émission  de « Mélodie and Company » du mardi 13/11/2012 entre 5.30-7h PM, animée par Bernard Ethéart sur Mélodie FM! Sommes-nous vraiment trop petits pour oser envisager nous-mêmes la manière de sauver notre pays ?

La réponse gouvernementale et le ministère de l’agriculture
Haïti essaie de se relever difficilement. L’Etat, par l’intermédiaire du Premier Ministre Lamothe, a estimé à 750 M USD les dommages causés par l’Ouragan Sandy. Par rapport à la sécheresse et au passage d’Isaac et de Sandy, les pertes au niveau du secteur agricole sont estimés à environ 400 M USD par le secrétaire d’Etat Dorcin  lors du dernier conseil de gouvernement (14 Novembre 2012). Le Gouvernement a déclaré l’Etat d’urgence pour un mois et mis sur pied un programme autour de trois ministères, le ministère de l’Environnement (MDE), le ministère des Travaux Publics, transports et Communication (MTPTC) et le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR). Le MARNDR a présenté  un programme de réponse post Sandy de 4 Mrds de HTG dont le financement n’est que partiellement assuré, la communauté internationale tarde à répondre au « flash appeal » lancé par la FAO et le MARNDR. Ce programme d’urgence post-Sandy est imbriqué dans un programme triennal plus large de relance agricole de 62 Mrds de HTG (2012-2015). Sera-ce une fois de plus un mariage savant de l’urgence et du développement comme aux Gonaïves ? En tout cas, la solution actuelle au problème du pays haïtien passe par trois piliers fondamentaux.

Les piliers Fondamentaux du développent national
En Haïti, tout est prioritaire à cause de la vulnérabilité, de la pauvreté et de l’extrême pauvreté du pays, la santé, l’éducation, l’infrastructure, l’économie, etc. Les trois piliers prioritaires pour amorcer le développement d’Haïti demeurent,  à mon avis, la sécurité, l’environnement et la population. Analysons la situation eu égard à ces piliers.

(i)                 La Sécurité
Après 1986, le phénomène d’insécurité a pris de l’ampleur. Du banditisme d’Etat, l’insécurité est passée aux mains des groupes organisés et armés, des réseaux de malfaiteurs. Ce qui a favorisé l’évolution du phénomène  d’insécurité du simple banditisme en kidnapping bien sophistiqué, et tous autres phénomènes désagréables et connexes confrontés par le pays haïtien actuellement. A partir de 2004, le phénomène va s’aggraver avec « l’opération Bagdad » jusqu’à devenir un phénomène de société. Depuis, l’insécurité se conjugue au quotidien, fait beaucoup de dégâts au pays et à la société haïtienne et ralentit les investissements en Haïti. Le développement d’Haïti passe par la mise en place d’un système de sécurité performant. Ce système de sécurité doit prendre en compte l’ensemble des aspects de la sécurité et se baser sur des politiques publiques permettant le contrôle des moindres parcelles du territoire national. Il faudrait un consensus national sur cette question, un « complot positif » contre l’insécurité sous toutes ses formes y incluse l’insécurité environnementale.

(ii)               L’environnement
L’ensemble des bassins versants méritent d’être réhabilités. La vulnérabilité environnementale est à la base des inondations fréquentes qui font des ravages au pays à la moindre averse. Avec moins de 2% de couverture forestière primaire en particulier au niveau des châteaux d’eau et plus de 25% de couverture végétale plus qu’au niveau des plaines qu’au niveau des mornes, Haïti est dans une situation très critique du point de vue environnemental. La position d’Haïti sur la route des cyclones et sur des failles techtoniques nécessite des politiques publiques environnementales y afférentes et susceptibles de favoriser une amélioration de la situation environnementale du pays dans les trois (3) à cinq (5) prochaines années et au delà. La réhabilitation de l’environnement haïtien doit se faire dans le cadre d’une « déclaration d’état d’urgence environnementale » à prendre  par le gouvernement Martelly-Lamothe avec l’appui inconditionnel de l’ensemble des forces vives de la nation haïtienne. Il faudra viser haut : la récupération de 25% de la couverture végétale du pays durant les 25 prochaines années, et ce dans le cadre d’une politique de population bien pensée et appliquée de manière rigoureuse.

(iii)             La population
Avec plus de 10 M d’individus actuellement sur nos 27750 km2 en 2012, il nous faudra deux choses (i) une révolution des taux de croissance économique autour de 10%/an et plus (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html) , et (ii) une réduction du taux de croissance de la population autour de 1%/an et moins, durant les 25 prochaines années. Ce qui nous conduira à une augmentation de 25% de la population pour 250% d’augmentation de croissance économique, une réduction drastique de la pauvreté extrême et de la pauvreté tout court, et une marche ascensionnelle et irréversible vers le développement intégral de notre pays.

En conclusion : Ainsi, avec un plan de développement très sérieux axé sur l’humain, le social/culturel, l’environnemental, l’économique/financier et la politique/gouvernance (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html), on a de fortes chances d’atteindre un niveau de développement équivalent à celui  d’un pays émergent, même sur une période plus longue. Pour cela, il nous faudra contrôler notre sécurité, notre environnement et notre population, et marier savamment urgence et développement. Pour un gouvernement haïtien dans le cadre d’un mandat de 5 ans, c’est difficile sinon impossible. Pour l’Etat et la nation haïtienne unis autour d’un rêve de grandeur (tous ensemble sans exclusive sur une période de 25 à 50 ans avec des gouvernements successifs appliquant le même plan par tranche de 5 ans), c’est un jeu d’enfant. Et c’est là que ça se complique. N’ai-je pas raison ? Commençons par nous mettre d’accord sur les 3 piliers fondamentaux du développement national. Pour le reste, on verra plus tard. N’est-ce pas un bon deal entre nous ?