Rechercher dans ce blog et le WEB

jeudi 6 avril 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (36) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (13), LE STATU QUO ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU LE REGNE DES GANGS

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (36) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (13), LE STATU QUO ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU LE REGNE DES  GANGS

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

6 AVRIL 2023

« Va-t-on vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un appui musclé de la CI ? » me suis-je interrogé en terminant  ma 35e chronique relative à cette interrogation « Haïti et le Monde à la croisée des chemins(?) ». Cette interrogation qui s’est imposée à nous depuis les premiers cas de la pandémie mondiale, Covid-19, s’est insinuée davantage depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022.

Dans cette 36e chronique, l’actualité mondiale est toujours  dominée par la guerre en Ukraine, la Cour Pénale Internationale lance un mandat contre Vladimir Poutine pour crime de guerre, et la guerre d’attrition se concentre dans le Donbass, en particulier à Bakhmuth. Un autre point important de l’actualité internationale est l’inculpation de l’ex-président Trump. Quant à l’actualité nationale haïtienne, c’est  la persistance de l’instabilité politique et de l’insécurité généralisée avec des conséquences désastreuses sur l’économie du pays, surtout l’industrie du kidnapping  au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. D’où le titre de  cette 36e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (36) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (13) ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE OU LE REGNRE DES GANGS.»

I.                    SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

1.1.  Vladimir Poutine et Donald Trump indexés[1]

Prenons d’abord le cas de Trump. La saga Trump revient au-devant de l’actualité comme prévu. En effet, ce monsieur est indexé sur plusieurs dossiers chauds. On a relevé 5 grands dossiers d’accusation contre lui y inclus celui pour lequel il est inculpé, avec 34 chefs d’inculpation. Celui pour lequel il est inculpé concerne ses relations sexuelles avec une actrice pornographique. Il a promis à cette actrice de la recevoir dans un show télévisé qu’il animait. Il n’a pas tenu ses promesses. Lorsqu’il a déclaré quelques années plus tard sa candidature pour les présidentielles de 2016, l’actrice a décidé d’agir contre lui. Son avocat a dû bloquer l’affaire en la soudoyant (entrave à la justice). Elle est revenue à la charge après la fin du mandat de Trump. Le Grand Jury[2] a dû décider de faire inculper Trump. C’est pour la première fois que c’est arrivé dans l’histoire politique américaine, selon ce qui est rapporté par les grandes chaines de TV américaine, CNN, ABC, etc. Il y a 4 autres cas pendants, un dans l’Etat de New-York en relation avec le FISC, un autre à Georgia en relation avec la fraude électorale et un en relation avec l’invasion du CAPITOL le 6 janvier 2021, et enfin les documents « Top secret » qu’il a pris avec lui en laissant la maison blanche. A noter et c’est très important, même s’il est reconnu coupable de tous ces crimes, il pourra quand même redevenir président si le peuple américain le votera. C’est la loi. Naturellement, la  grande majorité des républicains parlent de persécutions  politiques.

En ce qui a trait à V. Poutine[3], il a déporté plus de 300,000 enfants ukrainiens vers la Russie sans le consentement de leurs parents. C’est un crime de guerre, le tribunal international a commencé par ce cas. D’autres suivront. Souvenez-vous des massacres de Boutcha et autres où les cas sont bien documentés. Poutine s’en fiche. Certains pays prennent des dispositions pour appliquer le mandat dont très certainement les pays de l’OTAN moins la Hongrie, tandis que les partenaires de la Russie ne sont pas favorables sauf l’Arménie ou gardent le silence sur le dossier. En tout cas, ce mandat réduit les possibilités de déplacement du président russe qui continue son « opération militaire spéciale en Ukraine », pour ne pas dire sa guerre, mot interdit en Russie.

1.2. La guerre[4][5] en Ukraine[6]

Le 24 mars 2023 a marqué le 13e mois de cette guerre. La situation n’évolue pas trop par rapport au mois dernier. La guerre d’attrition se concentre dans le Donbass sur environ 800 km, en particulier  la bataille Bakhmuth au prix de pertes énormes en vies humaines et en matériels des deux côtés, avec un ratio de 1 à 10 ou de 1 à 5 en faveur des ukrainiens. Jusqu’à présent, la ville ne tombe pas, alors que, depuis plus de deux mois, on annonce sa chute. Le centre de Bakhmuth est contrôlé par les russes. La bataille continue de faire rage au niveau de cette ville.

Plus globalement, la Russie occupe 14% du territoire ukrainien. Les occidentaux continuent de soutenir l’Ukraine financièrement et en armes. Elle prépare activement sa contre-offensive. Quand est-ce que cette contre-offensive va débuter. Personne ne sait. C’est le mystère total. Comme pour Kharkiv, elle a annoncé une contre-offensive sur Kherson au sud, mais l’Ukraine a attaqué au nord et a récupéré environ 6% de son territoire à date en un temps plutôt éclair. Ce qui a obligé les russes à lancer une forme de mobilisation de 300,000 conscrits, les a lancés sur le Donbass après avoir officiellement annexé 4 oblasts de l’Ukraine, Donets, Louhans,  Zaporijia et Kherson, et dont plusieurs parties de ces territoires sont encore sous domination ukrainienne, l’exemple de la ville Kherson.

La Russie n’est pas en reste. On dit qu’elle est en train de préparer aussi sa contre-offensive, tout au moins renforcer celle qu’elle mène déjà dans le Donbass. Pour cela, elle renforce ses relations avec la Biélorussie, un pays vassalisé frontalier de l’Ukraine, non seulement en y amassant les troupes et armes, en menaçant d’y déployer des armes nucléaires, à quelques encablures de l’Ukraine et surtout de l’Europe. En tout cas, contre-offensives de part et d’autre, elles ne pourront pas avoir lieu avant le dégel, la raspoutitsa, phénomène météo favorisant littéralement « la saison des mauvaises routes ». On verra.  

En attendant ces probables contre-offensives, le président E. Macron  de la France[7], qui se débat dans ses problèmes internes liés à la loi sur la retraite et les manifestations violentes qui s’en suivent, s’est rendu en Chine pour discuter avec le président Xi Jinping du changement climatique, de la biodiversité marine, de la sécurité alimentaire, de la paix et de la stabilité en Europe et … de lui demander de « ramener la Russie à la raison ». Quant au président chinois, il parle surtout du multilatéralisme, donc du nouvel ordre mondial qui se dessine. Avec la présidence du Conseil de Sécurité de l’ONU  sous la responsabilité de la Russie,  cela promet, d’autant que Biden, lors de son sommet avec Trudeau, a, entre autres, parlé de transférer le dossier d’Haïti  à l’ONU.

II.    SITUATION AU NIVEAU D’HAITI[8]

 En ce mois de mars 2023,  la situation haïtienne a évolué en pire. Les bandits règnent au niveau de la zone métropolitaine de de Port-au-Prince et le bas Artibonite. Les territoires de certaines zones du pays s’agrandissent au profit des bandits. Voici un bon résumé de la situation par l’Hebdomadaire, Haïti en Marche : « L’insécurité continue de battre son plein. Les derniers jours ont été particulièrement difficiles pour les résidents de la capitale. On n’a pas le temps de déplorer une victime qu’un autre drame surgit. C’est tous les jours que les Port-au-princiens tiennent un baromètre du crime pour indiquer par exemple à leurs proches quels endroits éviter. Cela n’aide que partiellement vu que rien n’arrête les malfaiteurs ».

Maintenant, voyons pour les détails de cet éditorial de l’Hebdo Haïti en Marche : « La semaine dernière, on a kidnappé un médecin. Des tentatives d’enlèvement à Kenscoff ont été enregistrées, même si certaines ont échoué. À Delmas, pareillement. Des bandits se sont même introduits jeudi dernier dans le Village des Palmes, quartier limitrophe de celui de Vivi Mitchel, non loin de là où habite le Premier ministre Ariel Henry. Heureusement qu’ils ont été repoussés par des forces de l’ordre. De temps en temps, les gangsters prospectent des zones résidentielles pour tenter de s’accaparer des terres des habitants et cette fois aussi, conscients de leur puissance, ils sont allés jusqu’à pénétrer dans une zone avoisinant la résidence du chef du gouvernement. Il y a certes des forces de police sur place mais cette action traduit toutefois l’audace démesurée des gangsters. Le week-end du 24 mars dernier, les hommes du chef de gang Ti Macaque ont chassé quarante familles de leurs maisons à Laboule 12. Les échanges de tirs entre gangs rivaux sont devenus monnaie courante. Des résidents lancent régulièrement des SOS sur les réseaux sociaux. En un mot, la situation ne fait que s’aggraver. Plus le temps passe plus les bandits s’enhardissent. On constate chaque jour l’incapacité de l’État à gérer la situation. L’aide promise par l’International pour remembrer la police va prendre un certain temps avant d’être effective. Le problème est qu’on n’a pas ce temps parce que les policiers sont débordés et que certains sont découragés par la violence décuplée des bandes armées urbaines. En plus de leur nombre insuffisant, la police doit de surcroît faire face à des espions liés aux bandits en son sein ».

Toujours selon l’éditorialiste de l’Hebdo Haïti en Marche, qui a rapporté les propos d’un journaliste canadien : « Analysant la situation critique d’Haïti, un journaliste canadien, Loïc Tassé, a écrit dans Le Journal de Montréal, que « Haïti risque de tomber complètement entre les mains de groupes mafieux qui se serviront encore davantage du paravent des institutions d’État pour mener leurs trafics et pour imposer leur ordre. La population deviendra plus misérable et le nombre de réfugiés augmentera. Cet enfer pourrait durer indéfiniment » (fin de citation) ».

Enfin, selon l’éditorialiste et je partage son constat : « Le pays a besoin d’une aide militaire internationale pour aider la police haïtienne à affronter les gangs. Mais pour toutes les raisons que l’on sait – désintérêt de l’étranger, déficit de légitimité des dirigeants, représentants peu convaincants côté haïtien etc., il ne l’obtient pas. Quand bien même bénéficierions-nous de cette assistance, cela sera insuffisant aussi longtemps que nous ne parvenons pas à trouver un consensus entre nous sur la manière de gérer le pays ».

3.                          III.  CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

La situation tant au niveau international que national ne laisse présager rien de bon. La guerre en Ukraine va rentrer dans une phase décisive dans les prochains jours avec les contre-offensives annoncées et les dispositions prises par les belligérants. Comme nous l’avons écrit, l’Ukraine est devenue plus forte qu’en février 2022. L’expérience acquise sur le terrain par ses soldats durant plus d’un an de guerre de haute intensité lui permettra de résister à toute contre-offensive d’une guerre conventionnelle avec la Russie. Ils savent se battre, en témoigne la bataille de Bakhmuth. Avec les moyens mis à disposition par les occidentaux, ils donneront beaucoup plus de fil à retordre aux russes, à moins que ces derniers décident d’utiliser l’arme nucléaire tactique ou stratégique. Donc le monde et Haïti sont de plein fouet dans cette croisée des chemins. Un effort de guerre de près de 200 milliards de dollars américains (USA +UE), cela pèse lourd dans l’économie mondiale et se répercute sur tout le monde, y incluse Haïti.

Notre pays importe pour plus de 3.5 Mrds d’USD dont près de 2 Mrds de produits alimentaires et dérivés. On comprend mieux le chiffre de 6 millions de personnes en insécurité alimentaire avancé par certains spécialistes et le taux de change sur le marché informel avoisinant 170 G pour 1 USD. Donc la cherté de la vie bat son plein en Haïti. Et les projections de ce journaliste canadien se révéleront judicieuses. Avec le règne de plus en plus marqué des gangs, et leur audacité arrogante vis-à-vis des représentants de l’Etat et de la population, ne sont-ils pas en train d’envisager la prise directe du pouvoir à travers des bandits à cravate ?  

Selon  de nombreuses analyses faites sur Jean-Robert Jean-Noël.TV[9] et Télé Provinciale[10], avec Jean Victomé et Reynald Orival, on s’est donné jusqu’à mars 2023 pour envisager une évolution positive de la crise multiforme et multidimensionnelle que traverse Haïti. Aucun signe durant ce mois de mars 2023. Au contraire, la situation tend à s’aggraver. Les gangs règnent. Les politiciens se battent pour le maintien et l’accès au pouvoir sans un regard compatissant pour le peuple haïtien et le pays qui les a vus naitre.  On dirait des inconscients!

Je reprends donc l’interrogation du mois dernier : « Va-t-on vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un appui musclé de la Communauté Internationale ? ».Biden envisage de transférer le dossier d’Haïti à nouveau à l’ONU, et Abinader, le président dominicain, notre voisin de l’Est, persiste et signe, la communauté internationale devra « Pacifier Haïti » ; en tout cas, c’est ce qu’il a déclaré lors du sommet Ibéro-américain qu’il a hébergé cette année.

 

 

 

mardi 7 mars 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (35) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (12), LE STATU QUO ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, PLUS DE TERRITOIRES POUR LES GANGS

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (35) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (12), LE STATU QUO ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, PLUS DE TERRITOIRES POUR LES GANGS

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

6 MARS 2023

              J’ai terminé la 34e chronique relative au questionnement «  Haïti et le monde à la croisée des chemins (?), avec la certitude que notre pays, « Haïti ne pourra pas sortir de ce bourbier sans un appui musclé de la communauté internationale ». C’est aussi « la position de 69% de la population haïtienne ». Et j’ai écrit aussi  que  « la solution à la problématique haïtienne passera forcément par une proposition collective haïtienne en termes de programme d’urgence et de long terme appuyée par la communauté internationale. C’est la porte de salut pour Haït[1]i ! »  

              Dans cette 35e chronique, si, au niveau mondial, l’actualité est dominée (i) par le tremblement de terre (7.8 de magnitude) en Turquie et en Syrie, avec des dégâts considérables et près de 50,000 morts, et (ii) par la stagnation de la guerre en Ukraine au niveau de Donbass, dans l’est de l’Ukraine, avec un certain avantage pour la Russie,  au niveau d’Haïti c’est la mort subite de l’Ex PM Gérard Latortue[2], la persistance de l’instabilité politique et de l’insécurité avec des gains territoriaux de la part des gangs tant au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince qu’au niveau de l’Artibonite. D’où le titre de  cette 35e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (35) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (11), LE STATU QUO ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, PLUS DE TERRITOIRES POUR LES GANGS.»

  1.     SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

 

 La guerre en Ukraine[3]

Le 24 février 2023 a marqué le 12e mois de cette guerre et amorce le 13e mois. La situation n’évolue pas trop par rapport au mois dernier. Le Donbass demeure le centre névralgique  de la guerre d’attrition qui y sévit, avec un certain avantage pour la Russie.  Elle est en train de gagner la bataille Bakhmuth[4] au prix de pertes énormes en vies humaines et en matériels. Les soldats ukrainiens se retirent au fur et à mesure sur les hauteurs dominant la ville.

              La guerre en chiffres  

Plus globalement, après un an de guerre, la Russie, qui, dans les premiers mois (février-juin 22), avait occupé 20% du territoire ukrainien, a dû, face à la contre-offensive de l’été (août 22), en concéder 6% à l’Ukraine dont les territoires des grandes villes comme Kharkiv, Kherson, etc. Les pertes en vies humaines se chiffrent en  dizaines de milliers et même en centaines de milliers. Les ukrainiens admettent avoir perdu plus de 13,000 hommes, quant aux russes, ils parlent de 6000 hommes. Mais les sources occidentales parlent de près de 200,000 du côté russe et de 80 à 100,000 du côté ukrainien. Les civils ukrainiens atteignent au moins 100,000 morts. Quant aux réfugiés ukrainiens, on parle plus de 8,000,000 personnes, en excluant les 300,000 enfants déportés vers la Russie. Les pertes en matériels de guerre atteignent près de 10,000 du côté russe et près de 7000 du côté ukrainien. Quant aux dégâts matériels, ils se chiffrent à des centaines de milliards de dollars américains. Certaines villes ukrainiennes sont rasées à 90% par les bombardements russes. Les installations civiles en matière d’électricité, très endommagées jusqu’au début de l’Hiver, sont actuellement réparées ou en phase de réparation. Ce qui fait dire aux occidentaux que l’Ukraine a gagné la bataille de l’électricité.

Contre-offensive russe ou Ukrainienne ?

Pour la suite  de cette guerre de longue durée, les occidentaux ont fourni et fournissent, même avec beaucoup de retard, des armes sophistiquées offensives et défensives à l’Ukraine. Actuellement, l’Ukraine  est beaucoup mieux armée qu’elle ne l’était au début de la guerre. Avec les moyens mis à disposition par l’Occident, Etats Unis en tête, l’Ukraine deviendra encore plus forte et pourra mieux faire face à une probable contre-offensive russe et/ou mieux préparer une nouvelle contre-offensive dans les prochaines semaines ou deux prochains mois, très certainement après le dégel du printemps.

Joe Biden en Ukraine, Zelensky en Europe de l’Ouest

Il faut noter qu’au cours du mois de février, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a effectué des visites d’Etat en Angleterre, en France, et a été reçu au Parlement Européen. Le président américain, Joe Biden, a effectué une visite surprise dans la capitale ukrainienne, à Kiev, le 20 février 23, et a promis d’autres appuis au président Zelensky, avant de se rendre en Pologne. Et le 24 février, le jour du 1er anniversaire de la guerre, l’Assemblée Générale des Nations Unies a voté, avec une majorité de 141 pays « pour », de 7 pays « contre » et de l’abstention de 32 pays dont naturellement la Chine, la résolution condamnant l’agression de la Russie contre l’Ukraine. La chine a présenté un plan de paix plutôt pro-russe sans consulter l’Ukraine, la victime de l’agression, dossier Taïwan oblige.

Le nouvel ordre mondial est en train de se dessiner

La guerre en Ukraine oriente le monde vers trois camps, les pro-russes, les pro-occidentaux et les pro-non alignés qui penchent un peu plus du coté russe. Le nouvel ordre mondial est en train de se dessiner.  Dans cette répartition du monde, le dossier d’Haïti à l’ONU oppose la Chine et la Russie d’un côté, les USA, la France et le Canada de l’autre. Et la crise multiforme d’Haïti s’invite dans la géopolitique mondiale.

        3.     SITUATION AU NIVEAU D’HAITI[5]

 En ce mois de février 2023, Haïti a beaucoup dansé, période carnavalesque oblige, sans pour autant baisser le niveau d’insécurité, sauf durant les trois jours  gras. Donc, il n’y a pas de différence entre le mois de février et les six derniers mois. La détérioration de la situation globale persiste, et l’insécurité prend de l’ampleur. L’origine de toute cette situation est bien décrite dans le rapport des Nations Unies sur le trafic d’armes et de drogue en Haïti qui est devenue un carrefour de trafics de tous genres. Malgré la 44e Réunion de la CARICOM à Bahamas, malgré la présence dans les eaux haïtiennes de 2 bateaux de guerre de la marine canadienne, malgré la présence d’une mission de la CARICOM, avec à sa tête le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, la situation semble connaitre une accélération négative. La mission de Mme Lalime à la tête du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a pris fin. C’est ce moment-là que l’ex-Pm Gérard Latortue a choisi pour danser « le dernier Tango[6] » à l’âge de 88 ans. Paix à son âme !

Le chaos, l’instabilité politique et l’insécurité généralisée

Dans le cadre de l’accord du 21 décembre 2022, il a été mis en place le Haut Conseil de Transition (HCT) le 6 février 2023, avec à sa tête Mme Manigat. Tout le long du mois de février, la situation générale du pays se détériore davantage. Comme on est un peuple qui chante et qui danse, la période carnavalesque aide beaucoup le pays à oublier ses problèmes quotidiens, en tout cas une bonne et grande partie  du peuple haïtien.

Toutefois, les bandits n’ont pas chômé. Un peu effrayés lors du survol du territoire haïtien par cet avion canadien et par l’opération tornade 1 déclenchée par la police nationale, les bandits se sont repris et ont agrandi leurs territoires tant au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince qu’au niveau du Bas-Artibonite. Le leader des 400 Mawozo est revenu sur la scène, tandis que Vitelhomme Innocent, en difficulté un moment et coincé par la PNH, s’est replié pour rebondir. Ses hommes qui ont tué au moins 4 policiers au mois de janvier et plusieurs civils, ont envahi la zone de Fort Jacques, se sont emparés du commissariat du même nom, y ont mis le feu et calciné des véhicules de la PNH, et se sont attaqués à des résidences privées, volant, violant et tuant des personnes paisibles. Ce qui a provoqué un exode de la plupart des résidents vers des zones plus clémentes aux environs de la Capitale et dans les villes de province.

Quant aux bandits de l’Artibonite, en l’occurrence, Base GrandGrif et autres, ils ont étendu leurs territoires tout le long de la route interdépartementale, Pont-Sondé-Mirebalais, occupant les villes comme Désarmes, Verrettes, Deschapelles et Liancourt, s’accaparant par la même occasion les commissariats et sous-commissariats se trouvant sur leur parcours. Le commissariat de L’Estère a été évacué durant quelques jours ; heureusement la PNH en a repris le contrôle. 

Les conséquences de la situation décrite plus haut

Les territoires occupés sont des zones résidentielles, commerciales et de productions agricoles. Ce qui a des effets socioéconomiques très sérieux. Pour ce qui concerne la zone du Bas Artibonite, c’est là que se situe le plus grand système d’irrigation du pays où se concentre la plus grande rizière du pays (32,000 ha), sans compter les autres systèmes de moyenne importance qui, en plus du riz, produisent d’autres cultures vivrières. Imaginez les impacts de ces occupations de territoires sur la production nationale en générale, et la production agricole en particulier.

Les gangs se sont attaqués aux établissements scolaires en kidnappant les parents et les enfants, selon certaines sources ils ont kidnappé plus de 80 personnes pour le seul mois de février. Comme ils se sont mis à se battre entre eux pour des territoires (Bélair, Solino, Delmas 24, Nazon. Etc.), on dénombre des morts et des blessés. La plupart se sont permis de faire irruption dans des hôpitaux pour achever leurs rivaux blessés en présence des soignants (Docteurs, infirmières, auxiliaires). Ce qui a provoqué des fermetures d’hôpitaux, de centres de santé et autres dont le dernier hôpital géré par Médecins Sans Frontières. Là encore, imaginez les effets et les impacts sur la population haïtienne. C’est tout simplement l’enfer !

La Communauté Internationale et l’entente inter-haïtienne ?

Et la Communauté internationale (ONU, OEA, CARICOM, USA, CANADA) s’amuse avec le dossier Haïti, organisant des réunions, envoyant des missions, avions et bateaux en Haïti, avec un seul refrain, la nécessité d’abord d’une entente inter-haïtienne. Ce refrain dure depuis Jovenel Moïse, qui a été crapuleusement assassiné. Et son assassinat aurait été déjà oublié si les USA n’avaient pas continué à investiguer sur ce dossier. Un Procureur américain d’origine haïtienne, Mackenzie Lapointe, a fait venir d’Haïti les principaux prisonniers du Pénitencier National, dont Sanon et 3 autres, et  a fait coffrer 4 suspects américains de l’entreprise, dont le chef d’origine vénézuélienne, impliquée dans la planification de l’assassinat du président Jovenel Moïse.

Le rapport de l’UNODC et la crise haïtienne

Le rapport produit par l’UNODC sur le trafic des armes et de la drogue vers Haïti explique en grande partie la situation actuelle d’Haïti. Il suffit de bien regarder les schémas y relatifs pour comprendre les routes suivies par les armes et la drogue vers Haïti. Ce rapport nous a permis de comprendre les sources d’approvisionnement qui sont les USA et la Jamaïque, et de déduire les parties prenantes nationales impliquées dans l’approvisionnement des gangs en armes et en munitions. Ce rapport a retracé  les pays d’origine de la drogue, des pays de l’Amérique latine et de la Caraïbe (Colombie, Venezuela, Costa-Rica et la Jamaïque. La drogue passe en transit en Haïti, va vers la République Dominicaine, les USA et vers l’Europe, Italie et autres. On comprend, à partir de ces informations, qu’il aurait été difficile pour notre Haïti, en tant que Carrefour, de ne pas en subir les conséquences. Le trafic d’armes et de la drogue contribue grandement au chaos, à l’instabilité politique, à l’impunité, et surtout à l’insécurité généralisée.

            3.    CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

J’aurais pu garder les conclusions et perspectives de la 34e chronique pour cette 35e chronique consacrée à cette interrogation «  Haïti et le Monde à la croisée des chemins ? ». J’invite mes lecteurs à y jeter un coup d’œil. En tout cas, à une année de la guerre en Ukraine, le monde est à peine commencé à subir les répercussions de cette « guerre mondialisée ».  Cette première année de guerre sur le sol européen entre la Russie et l’Ukraine semble partir pour durer. Certes, elle s’enlise maintenant dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, avec un certain avantage pour la Russie.

Malheureusement, les deux camps sont en train de préparer une sorte de contre-offensive. Personne ne peut prévoir à ce stade l’issue de la guerre. L’Ukraine est devenue beaucoup plus forte qu’elle ne l’était au début de la guerre. Les armes fournies par l’Occident et d’autres moyens mis à sa disposition devraient favoriser une meilleure résistance face à une éventuelle contre-offensive russe et même de pouvoir envisager une probable contre-offensive contre la Russie pour récupérer ses territoires en tout et en partie sous domination russe. Cette guerre continue d’impacter le monde entier, en redessinant l’ordre mondial actuel, en aggravant la crise économique mondiale par ses effets immédiats et de long terme sur le monde et sur Haïti.

Quant à Haïti, elle n’est pas prête de sortir de l’auberge. La crise multiforme et multidimensionnelle s’aggrave de jour en jour. L’occupation des territoires de plus importants par les gangs amenuise de plus en plus la marge de manœuvre de l’Etat, qui se révèle de plus en plus inexistant. Les politiques qui ne comprennent rien à rien, sinon le maintien ou la prise du pouvoir à n’importe quel prix, se fichent pas mal du sort du pays haïtien. C’est la bataille des clans au détriment du pays. Et la communauté internationale (CI) nous regarde nous entredéchirer en faisant semblant de se préoccuper de notre sort. Va-t-on vers un pouvoir direct des gangs ou vers une résolution de la crise par un appui musclé de la CI ?

lundi 6 février 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (34) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (11) ET SES INCERTITUDES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, ENCORE DES INCERTITUDES

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (34) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (11) ET SES INCERTITUDES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, ENCORE DES INCERTITUDES

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

6 FEVRIER 2023

              Dans mon bilan 2022 et perspectives 2023[1], j’avais prévu  « des incertitudes qui perdurent », malgré la petite voix qui m’incitait à croire que l’année 2023 serait « l’année de redémarrage d’Haïti ». Cette 34e chronique est encore consacrée à l’interrogation, Haïti et le Monde à la croisée des chemins (?). Elle n’est plus liée au covid-19 définitivement mis de côté, sauf en cas d’informations qui en vaillent la peine. Elle est liée actuellement, au niveau mondial, à la guerre en Ukraine (11), et, en Haïti, à l’instabilité politique et ses dérivées, l’insécurité et l’impunité. Au cours de ce mois de Janvier 2023, les signes s’orientent beaucoup plus vers des incertitudes tant en Ukraine qu’en Haïti. En effet, la guerre en Ukraine est partie pour durer, avec une possible escalade impliquant plus à fond l’OTAN, tandis qu’en Haïti, les gangs passent à une vitesse supérieure, assassinant plus d’une quinzaine de policiers et une vingtaine de civils, continuent leurs forfaits en termes de kidnappings, de pillages, de viols et défient tout simplement le gouvernement en place. D’où le titre de  cette 34e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (34) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (11) ET SES INCERTITUDES ; HAITI : L’INSTABILITE POLITIQUE ET L’INSECURITE, ENCORE DES INCERTITUDES.»

              Dans cette chronique, on passera en revue 1) la situation au niveau mondial avec accent particulier sur (i) la guerre en Ukraine et (ii) quelques éléments de la politique américaine. 2) On s’attardera sur la situation d’Haïti, avec accent particulier sur : (i) le chaos lié à l’instabilité politique, l’insécurité ; (ii) le programme humanitaire de Biden et la ruée vers l’eldorado américain ; (iii) la situation économique du pays à la lumière des grands rendez-vous de Kesner Pharel. 3) On achèvera cette chronique en dégageant  des conclusions et des perspectives plutôt sombres pour Haïti à la lumière des turbulences du mois de janvier 23.

            1.     SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

1.1. La guerre en Ukraine[2]

Le 24 Janvier 2023 marque le 11e mois de cette guerre et amorce le 12e mois. A date, la situation est très complexe et difficilement explicable. La guerre d’attrition se concentre sur le Donbass avec un certain avantage pour la Russie qui a repris la ville minière de Soledar, tente de prendre la ville  de Vouhledar (15,000 habitants avant la guerre) et grignote des territoires autour de Bakhmouth. C’est une dynamique qui change de camp, grâce, en partie, à la massification de l’armée russe (mobilisation de nouveaux conscrits). Environ 300km2 gagnés au cours du mois de janvier par la Russie.

C’est vrai que Vouhledar est une petite ville, mais elle a une importance stratégique. C’est un nœud ferroviaire, une sorte de voie d’accès d’alimentation et d’approvisionnement entre Donetsk  (Route H20, T0509) et vers la Crimée. L’Ukraine frappe à distance les nœuds et ponts ferroviaires favorisant l’approvisionnement par la Russie de ces zones en armes, munitions et hommes. Tandis que la Russie continue de bombarder à distance toutes les grandes villes d’Ukraine, Kiev, Kharkiv, Zaporijia, Kherson, Odessa, etc. C’est un travail systématique de destruction d’un pays, sans épargner les infrastructures civiles, les installations électriques et d’eau potable, les complexes résidentiels et autres. Tout cela se fait à l’aide de drones et missiles de croisière tirés depuis  des  bases militaires de la Russie et des bateaux de guerre.

Par rapport à la résilience ukrainienne, la Russie a dû se rabattre sur ces méthodes peu orthodoxes et condamnables par les lois de la guerre. L’Ukraine a sollicité et obtenu de l’Occident des armes un peu plus sophistiquées pour se protéger et continuer de résister. Aux dernières nouvelles, les pays de l’occident commencent à fournir, même en retard, des chars de guerre modernes sollicités depuis belle lurette. Ce qui indispose les dirigeants russes, qui promettent de les détruire. Dans le cas d’un dérapage russe ou d’une  défaite de l’Ukraine (?), l’OTAN serait prête à une « confrontation directe » avec la Russie.

A un moment donné, la dynamique était du côté ukrainien, l’Occident aurait dû en profiter pour fournir à l’Ukraine les moyens sollicités pour bousculer davantage les Russes et les forcer, face à une possible défaite, à négocier. Malheureusement, l’Occident a trop tergiversé au début et même pendant la guerre, car paralysé par les menaces nucléaires russes.

La Russie en a profité pour entreprendre quatre actions plutôt cohérentes : (i)   mobiliser 300,000 conscrits et même plus, (ii) annexer officiellement les territoires conquis, les 4 régions de Donetks, de Louhans, de Zaporijia et de Kherson, (iii) obtenir des partenaires comme l’Iran, la Corée du Nord, les armes et munitions dont elle a besoin pour intensifier ses bombardements à distance de l’Ukraine, en particulier des infrastructures clés de l’Ukraine, bâtiments militaires et surtout bâtiments civiles comme les centrales électriques, les ouvrages de transport, d’irrigation et d’eau potable, et, enfin, (iv) se réorganiser (massification des troupes au niveau de ses frontières et des frontières de la Biélorussie avec l’Ukraine et aussi à l’intérieur des territoires occupés, en vue de reprendre la dynamique et même d’envisager une contre-offensive d’envergure visant, tout au moins dans le discours, ses objectifs de départ, à savoir la prise de Kiev, le changement de régime (dénazification) et le démantèlement de l’armée ukrainienne.

Dans le cas d’une victoire russe, envisageable à partir de la nouvelle dynamique en faveur des russes, l’Occident décide de franchir  une nouvelle étape, en promettant et en fournissant des armes de plus en plus sophistiquées à l’Ukraine, des chars modernes allemands, des chars modernes américains, des missiles longue portée (150 km)[3] et possiblement des avions[4]français et de chasse F16 américains (?), et en envisageant une « confrontation directe » entre l’OTAN et l’Ukraine ; car, selon Zelenski, Poutine ne se contenterait pas de prendre l’Ukraine, mais envisagerait de retrouver les frontières de l’URSS, donc de repousser les frontières actuelles de l’OTAN. Tout ceci appuyé par les déclarations à peine voilées de Poutine[5]  et confortées par les déclarations de Lavrov[6] vis-à-vis de la Moldavie. D’où des incertitudes par rapport à une escalade plutôt sérieuse pouvant déboucher sur une troisième guerre mondiale. 

1.2. Quelques éléments de la politique américaine

Ce qui pousse l’administration américaine, malgré la prise effective de la Chambre Basse(Le Congrès) par les républicains, à intensifier son aide à l’Ukraine et à renforcer ses liens avec l’Europe et l’OTAN pour, à partir de la guerre en Ukraine, affaiblir la puissance russe. La visite de Zelenski aux USA suivie de celle de Macron, le président français, a favorisé cette intensification et ce renforcement de la politique américaine vis-à-vis de l’Ukraine et de l’Europe.

30,000 migrants en provenance de 4 pays latino-américain et caribéen

 Sur le plan interne, Biden, malgré ses démêlés en relation avec des documents « top secret » trouvés chez lui et les dispositions de la justice pour jeter la lumière sur cette affaire, multiplie des initiatives au niveau social et infrastructurel et innove en matière de politique migratoire, en mettant en place un programme humanitaire, visant 30,000 migrants par mois durant 2 ans, le reste de son 1er mandat, en provenance de 4 pays, Venezuela, Nicaragua, Cuba et Haïti. Ce programme devrait permettre à l’administration Biden de refouler, sans aucune forme de procès, tous les migrants en provenance de ces pays et qui ne respectent pas les critères liés à ce programme humanitaire de 2 ans.

A noter que ce programme fait suite à un programme similaire qui permettait à l’administration Biden de recevoir 30,000 vénézuéliens par mois. A noter aussi que mensuellement, environ 15,000 haïtiens tentent leur chance de rentrer illégalement aux USA, en particulier au niveau des côtes de la Floride, Keys et Miami. Ce programme permettrait à l’administration Biden de réduire le nombre d’illégaux au niveau de la frontière américaine, tout au moins ceux en provenance de ces 4 pays. En effet, l’administration Biden n’aura à recevoir que 7,500 migrants/mois/pays, soit un total de 30,000 migrants/mois. Les adversaires républicains ne pourront plus claironner cette histoire de barrière libre vis-à-vis des immigrants, tolérée par l’administration Biden, qui pourrait appliquer les mesures de refoulement systématique mises en place par les républicains sous l’administration Trump.

Le survol du territoire américain par un « ballon espion » chinois 

Pourtant, à la faveur du survol du territoire américain par un « ballon espion » chinois, les républicains n’ont pas hésité une seconde à solliciter la démission de Joe Biden et Kamala Harris, à cause de la non-protection des frontières terrestres et aériennes des USA. Sous les conseils des militaires américains, le ballon a été abattu sur l’Océan Atlantic, près de Caroline du Nord, pour éviter des dégâts collatéraux. A la faveur de cet événement, on a appris que l’espace aérien américain a été violé trois fois par des ballons chinois sous l’administration Trump, sans aucune réaction publique de l’administration. Une remarque, en cas de démission de Biden et de Harris, c’est le speaker de la chambre basse qui aurait hérité du pouvoir, Kevin McCarthy. De là à demander la démission de l’administration actuelle, il n’y avait qu’un pas. Les républicains l’ont franchi mais sans succès.

7600 faux diplômes d’infirmiers fournis par une école en Floride

Alors que le FBI vient de démanteler un réseau de fraudeurs haïtiens qui, à travers des instituts de nursing (écoles de sciences infirmières), ont vendu 7600 faux diplômes pour plus de 100 millions de dollars américains à raison de 16,000 USD/diplômes, dans l’Etat de la Floride, plus de 2000 haïtiens ont déjà obtenu leur approbation pour rentrer aux USA dans le cadre du programme humanitaire de Biden. 25 responsables[7] de ces 3 écoles sont condamnés à 20 ans de prison et une note est passée aux 50 États américains pour procéder à la révocation de ces faux diplômés. Ce dossier a été traité par un procureur américain d’origine haïtienne, Mackenzie Lapointe PHD, récemment nommé par Biden en septembre 2022.  Une note de recrutement d’infirmières pour le système de santé en Floride fait mention clairement : « Pas d’Haïtiens ». Tous les haïtiens de cette branche de métier paient pour les fraudeurs. La note est bien salée pour Haïti. 

        2.     SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

La situation haïtienne en ce mois de janvier 2023 n’est pas  différente  des cinq derniers mois de l’année 2022. On dénote une détérioration de la situation liée à l’instabilité politique et ses corollaires, l’insécurité et l’impunité. On sent de plus en plus la mainmise des gangs sur la zone métropolitaine de Port-au-Prince et de la zone du Bas-Artibonite, qui, jusqu’à date, opère en toute impunité. Quant aux haïtiens, ils perdent de plus en plus d’espoir et considèrent le programme humanitaire comme une bouée de sauvetage. Cela se comprend vu la situation socioéconomique catastrophique  du pays.

(i)                  Le chaos, l’instabilité politique et l’insécurité généralisée

Le brin d’espoir lié en partie à l’accord du 21 décembre 2022 tarde à se concrétiser. Le Haut Conseil de Transition (HCT), qui devrait jouer un rôle clé, connait des difficultés de concrétisation. En tout cas, aux dernières nouvelles, il est installé. L’insécurité est montée d’un cran et les gangs se donnent à cœur joie dans l’assassinat de policiers, une quinzaine au total depuis le début du mois de janvier, avec une grande accélération à la fin du mois. La vie des policiers ne tient qu’à un fil (commissariats envahis par bandits GranGrif, exemples de Liancourt en janvier, Petite Rivière en l’année 2022 ; Commissariat démoli par Gang Vitelhomme, l’exemple de Pernier). Je me rappelle cette petite phrase d’Evans Paul, ex-premier ministre et leader politique, «  la durée de vie d’un bandit est d’environ une semaine ». La tendance est inversée maintenant avec beaucoup plus d’acuité. En effet, c’est celle d’un policier qui dure une semaine et même moins, si on se réfère au mois de janvier 2023.

On a dénombré l’année dernière 54 cas d’assassinat de policiers, et pour le seul mois de janvier, 14 cas d’assassinat de policiers, Radio Métropole parle d’une vingtaine de cas. Si cette tendance se maintient, l’année 2023 sera terrible pour cette entité régalienne, la seule force vraiment impliquée dans la guerre contre les gangs, la communauté internationale étant réticente par rapport à l’armée d’Haïti. Tous les spécialistes haïtiens de la question sont d’accord, le dossier d’insécurité tel qu’il se présente est un cas militaire et non de police. Comme certains membres de la police nationale d’Haïti (PNH) semblent de connivence avec des groupes de gangs et même partiellement inféodés de Gangs (Fantom-509), on ne comprend pas cette réticence de la communauté internationale, qui, en connaissance de cause, est en train d’envisager une force d’intervention militaire en Haïti, sous l’obédience de l’ONU, malgré la grande réticence de certains pays à envoyer des troupes en Haïti, sauf Jamaïque et Salvador. En attendant, un avion de la « Royal Air Force » du Canada a sillonné le ciel haïtien soit-disant pour identifier les zones de localisation des bandits et informer la PNH. Pourquoi ne pas renforcer l’armée d’Haïti pour lui permettre de se colleter à les bandits ? Parallèlement, les actions des bandits et autres problèmes connexes poussent les haïtiens à rêver au programme humanitaire de Biden et à se ruer vers l’eldorado américain.

(ii)                Le programme[8] humanitaire de Biden[9] et la ruée vers l’eldorado américain

Le Programme humanitaire est bien réel et plus de 2000 haïtiens sont déjà qualifiés, sans oublier les cubains majoritairement qualifiés et les nicaraguayens. Pour avoir accès à ce programme, il suffit d’avoir un sponsor qualifié, c’est-à-dire quelqu’un qui réalise annuellement entre 18,000 et 30,000 USD. Deux ou plusieurs personnes peuvent se mettre ensemble pour sponsoriser un migrant haïtien ou plusieurs, dépendant de leurs capacités financières et de leur situation par rapport aux services de fiscalité américaine (IRS). Les haïtiens investissent le service d’immigration pour obtenir leur passeport à raison de plus de 4000 par jour. Ceci crée un désordre énorme au niveau des bureaux d’immigration à travers le pays. Les téléphones des haïtiens vivant aux USA grésillent à longueur de journée à cause des coups de fil des haïtiens de l’intérieur à la recherche de sponsors. C’est la ruée vers l’eldorado américain à la recherche d’un mieux-être. 

(iii)               La situation économique du pays à la lumière des grands rendez-vous de Kesner Pharel

Cette fuite des haïtiens à la recherche d’un mieux-être est directement liée à la situation socioéconomique et politique du pays. C’est pourquoi, dans ma dernière chronique, j’avais écrit : « la crise politique et ses dérivées débouchent sur le retour du choléra, la crise de carburant, le blackout, le manque d’accès à l’eau potable, l’aggravation de la situation économique, la vie chère, l’inflation de 47.2% (oct. 22), la récession économique pour la 4e année consécutive où le PIB a encore chuté à (-1.7%) en 2022 ».  La situation s’est encore détériorée en décembre 2022 : « Le taux d’inflation en décembre 2022 par rapport à décembre 2021 a atteint le niveau de 48.3% et s’est rapproché du niveau de 3% (2.9%) en décembre 22 par rapport au mois de novembre 2022, selon le dernier rapport de l’IHSI » a twitté l’économiste Kesner Pharel. Il a conclu son tweet ainsi : « Une détérioration continue du pouvoir d’achat de la majorité des Haïtiens ».

Le budget initial de 2022-2023 de 267.5 Mrds de gourdes tient compte de la situation économique actuelle et propose des solutions en relation avec la sécurité alimentaire (Filet de sécurité sociale, Agriculture, tourisme, etc.). En effet, « De septembre 2022 à février 2023, quelque 19000 personnes sont estimées en catastrophe (phase 5 du cadre intégré de classification de l’insécurité alimentaire ou l’IPC). 18% de la population analysée, soit environ 1,8 million de personnes sont classées en phase 4 de l’IPC (urgence) et 29% (environ 2 900 000 personnes) en phase 3 (crise), soit 48% de la population dans le besoin d’une action urgente. » Selon la Commission Nationale de Sécurité Alimentaire, CNSA, rapportée par DEVHaïti.

Quand on écoute les interviews des grands rendez-vous économiques de Pharel, avec le ministre des Finances, Michel Patrick Boisvert[10], avec le gouverneur de la Banque Centrale, Jean Baden Dubois[11], avec l’éditorialiste du Nouvelliste, Frantz Duval[12], avec le représentant du secteur privé, Pierre Marie Boisson[13], on comprend mieux ce qui s’est passé en matière politique et économique en 2022, et, avec eux, on perçoit mieux ce qui pourrait se passer à l’avenir, en particulier en 2023. A mon humble avis, tout professionnel évoluant en Haïti ou qui s’intéresse à la problématique haïtienne devrait écouter chaque année ces interviews.

3        3.     CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Le 24 février 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie connaitra sa première année. Du train où ça va, cette guerre va durer longtemps. L’année 2023 sera décisive. L’Otan a intérêt à soutenir l’Ukraine pour stopper la Russie. Dans le cas contraire, la Russie n’attendra pas longtemps avant d’annexer une autre ancienne république soviétique. Le monde donc va continuer à subir les conséquences de cette guerre, en particulier l’Ukraine et la Russie, mais aussi l’Occident et notre grand voisin américain, le leader de l’occident. Et la situation catastrophique haïtienne se verra empirée, elle restera le théâtre d’affrontement, au sein de l’ONU, entre la Russie et la Chine d’un côté et les USA, le Canada et la France de l’autre.

En effet, Haïti, qui se débattait avec ses démons de division, ses crises multiformes et multidimensionnelles, aura à subir les conséquences de ce qui se passera dans le monde et surtout aux USA. De plus sur le plan interne, on s’achemine beaucoup plus vers un affrontement entre les protagonistes politiques que vers une entente qui atténuerait les effets négatifs de l’instabilité politique. L’insécurité, qui en est un corolaire, est montée à pic ces derniers jours et semble subir une accélération à l’approche du 7 février 2023.

Je voudrais comme à mes habitudes regarder avec optimisme l’avenir immédiat de mon pays. Du train où ça va, je préfère attendre les deux prochains mois pour voir si les lignes vont bouger. Un diplômât dominicain, C. Gabriel affirme que « 70% du territoire haïtien est contrôlé par les gangs ». Quand on regarde la configuration du pays, en particulier les points clés des routes d’accès à l’ensemble du territoire, on a tendance à lui donner raison, même quand, à l’intérieur des grandes zones, on jouit encore d’une relative liberté.

Je reste persuadé que, et, avec moi, 69% de la population haïtienne, Haïti ne pourra pas sortir de ce bourbier sans un appui musclé de la communauté internationale. Et la solution à la problématique haïtienne passera forcément par une proposition collective haïtienne en termes de programme d’urgence et de long terme appuyée par la communauté internationale. C’est la porte de salut pour Haïti ! Mais quand commencera-t-on?