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mardi 7 février 2017

DOCUMENT D’ORIENTATION POUR LA REFONDATION DE L’ETAT D’HAÏTI SELON UNE VISION HAÏTIENNE

DOCUMENT D’ORIENTATION POUR LA REFONDATION DE L’ETAT D’HAÏTI SELON UNE VISION HAÏTIENNE

FONHDILAC 
Avril 2011 
Actualisé par JR JEAN-NOEL
7 Février 2017

Remerciement.
La Fondation Haïtienne pour le Développement Intégrale Latino-Américain et Caribéen (FONHDILAC) tient à remercier celles et ceux qui ont rendu ce document possible. Ce document est le second de la série ; il a été revu, corrigé, augmenté, donc actualisé en Février 2017,  et se veut être un humble hommage à la mémoire des trop nombreuses victimes du séisme du 12 janvier 2010 et des ouragans, dont Matthew de catégorie 4 (3-4 Octobre 2016), qui ont ravagé Haïti. La fondation tient à manifester également sa gratitude au Forum Agricole Goâvien (FAG) qui a facilité une validation certaine des communautés rurales et périurbaines de cet exercice en Mai 2011. Ce document est repris en ce début d’année de grâce 2017 pour dire  à tous et à toutes qu’il y a encore de l’espoir pour notre pays.


I. CONTEXTE

La République d’Haïti occupe le tiers occidental de l’île d’Haïti (Quisqueya) dans la Mer des Caraïbes sur une superficie totale de 27 750 km2. La population haïtienne était estimée à 10, 911,819 habitants en 2015 alors que le pays ne comptait que 3 millions de personnes en 1950 (IHSI). Cette forte croissance démographique se traduit en une forte densité d´environ 393 habitants par km2. Malgré une tendance à l’urbanisation progressive (52%), la population en milieu rural représente environ 48% de la population totale.

Le pays est administrativement divisé en dix (10) départements. Parmi ces 10 départements, celui de l’Ouest à lui seul absorbe 37% de la population totale avec une très forte concentration dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince (25% de la population).

Située sur la route des cyclones, Haïti est régulièrement victime des ouragans. En 2004, elle a fait les frais de deux inondations majeures suite à des phénomènes climatiques exceptionnels à Mapou/Fond Verrettes en mai et aux Gonaïves en septembre qui ont fait plus de 4,000 morts. En 2008, elle a été dévastée par quatre tempêtes tropicales (Fay, Gustave, Hanna, Ike) ayant frappé neuf (9) des dix (10) départements du pays. Ces ouragans dévastateurs avaient fait, d’après les organisations humanitaires, plus de 800 morts, 800,000 sinistrés, et causé des pertes matérielles estimées à environ 1 milliard de dollars américains (15% du PIB). En dépit de cette situation, des efforts du Gouvernement et ceux de la communauté internationale  avaient permis, contre toute attente, à des résultats surprenants en 2009 (taux de croissance du PIB de 2.9%), le seul PMA de la région Amérique Latine et Caraïbe (ALC) venait de surprendre tout le monde dans une année de récession mondiale.

Malheureusement, Haïti a subi, le 12 janvier 2010, un violent séisme de magnitude 7.3, dont l’épicentre se trouvait à 10 Kms de profondeur aux environs de la ville de Léogâne. Ce séisme a provoqué des dégâts dans plusieurs villes haïtiennes dont la Capitale, Port-au-Prince, et l’effondrement de la quasi-totalité des symboles physiques de l’État (120% du PIB de 2009 selon le PDNA 2010). Il a été enregistré, selon les autorités compétentes, 316,000 morts, 3,5 millions d’individus en situation d’urgence médicale, 4,000 amputés, 1,3 million de sans abri. Dans le cadre du plan national pour la relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH), il est prévu 34.5 milliards d’USD pour la reconstruction du Pays durant 22 ans. Ce plan présenté à New York, le 31 Mars 2010, a reçu 9.9 milliards d’USD de promesse de la Communauté Internationale (CI). La continuité des travaux prévus dans le cadre du document stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP2008-2011) et les premières actions humanitaires et de relèvement dans le cadre du PARDNH, n’ont certes pas permis de maintenir le taux de croissance du PIB de 2009, mais ont évité un taux de croissance négatif à deux chiffres (taux de croissance 2010 : -5.1% ). Des 9.9 milliards d’USD, 37.2% ont été engagés jusqu’en mars 2011, selon Bill Clinton, dans la cadre de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH). Avec ce taux de croissance négatif, la situation de la population haïtienne (taux de croissance de population 2.5% 1982-2003 selon IHSI) s’est donc aggravée : augmentation de la pauvreté, insécurité alimentaire, « 55% de la population vit dans des conditions infrahumaines liées à la faiblesse institutionnelle nationale et locale et aux inégalités spatiales dans l’offre des équipements collectifs » (Guichard Doré in Le Matin du 15 au 21 avril 2011).

De plus, en 2010, Haïti a dû faire face à d’autres problèmes découlant du choléra (plus de 10,000 morts (?) depuis novembre 2010), du cyclone Tomas, des résultats des élections du 28 novembre 2010 (100 M d’USD de dommages et pertes) et du 20 mars 2011 (perturbations au niveau de certaines villes et sur les routes nationales). 

Malgré tout, lors des journées de la finance (4-8 Avril 2011) organisées par le Group Croissance et la Banque de la République d’Haïti (BRH), le Ministre de l’économie et des finances, Ronald Baudin, affirmait que, en dépit des perturbations politiques enregistrées au cours du premier semestre de l’exercice fiscal 2010-2011, le taux de croissance du PIB de 8.9% prévu serait autour de 8% à la fin de l’exercice, à moins que l’on enregistre des catastrophes graves avant septembre 2011. Contrairement aux prévisions du ministre Baudin, il a été enregistré en réalité un taux de croissance de 5.1% du PIB. 

D’un autre côté, le mercredi 4 avril 2011, à la cérémonie d’ouverture de cet événement, le Gouverneur de la BRH, Charles Castel, tablait sur des hypothèses de taux de croissance de 7% du PIB durant les 10 prochaines années pour passer de 700 USD du PIB per capita à 1400 USD du PIB per capita. L’économiste, Charles Clermont, pensait qu’avec une politique axée sur le développement des PME, Haïti pourrait doubler son PIB per capita tous les cinq (5) ans avec une hypothèse de taux de croissance annuel de 15% du PIB. Quant au banker, Carl Braun, du Groupe UNIBANK, il pensait que  Haïti pourrait doubler son PIB per capita tous les six(6) ans,  avec une hypothèse de taux de croissance annuel de 12% du PIB. 

Lors de la réunion mensuelle du deuxième dimanche du mois de la FONHDILAC, le 9 avril 2011, les cadres de l’institution, comme ils ont fait après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ont pris la résolution de mettre en place un comité de rédaction pour l’élaboration d’un document d’orientation qui pourrait contribuer à orienter le pays durant les 25 prochaines années, y inclus le quinquennat du nouveau président SEM Michel Joseph Martelly.

Malheureusement, à cause de la crise politique qui s’est maintenue durant tout le règne de Martelly, Haïti a certes connu des taux de croissance positifs mais très, très loin des prévisions (5.1% en 2011, 2.9% en 2012, 4.2% en 2013, 2.8% en 2014, 1.2% en 2015, 1.4% en 2016). Cette entropie politique  a forcé Martelly à négocier son départ en février 2016 et son remplacement par le président du Sénat, Jocelerme Privert, faute d’aboutissement du processus électoral démarré en Aout 2015. Le processus a pu être mené à bien par l’administration Privert, s’est soldé, au niveau présidentiel, par l’élection de Jovenel Moïse , au niveau du Parlement, par une écrasante majorité du PHTK et alliés, le parti de M. Martelly, et s’est pratiquement achevé, le 29 Janvier 2017, par le 2e tour des sénatoriales partielles et les collectivités territoriales (CASEC, Délégué de ville, en attendant les élections indirectes : Assemblée des sections communes (ASEC), Assemblée Communale (AC), Assemblée Départementale (AD), Conseil interdépartemental (CID).

Il faut noter que durant tout le règne de Martelly et de Privert, Haïti n’a cessé de faire face à des catastrophes naturelles : Isaac et Sandy en 2012, Erika en 2015, et surtout Matthew en 2016 de catégorie 4 qui a causé des dommages et pertes estimés à plus de 30% du PIB (2.8 Mrds USD), selon le ministre de la planification et de la coopération externe, Me Aviol Fleurant (Réf. Interview du 1er Janvier 2017 avec Kesner Pharel, Radio Métropole).

Ce qui se traduit par un changement d’administration, le 7 Février 2017, l’administration Moïse qui prend la place de celle de Privert. L’administration Moïse semble opter pour une continuation des actions de Martelly, des corrections par rapport à des actions jugées imparfaites et des innovations.

Ainsi, ce changement d’administration et de vision politique a poussé les cadres de la FONHDILAC à réfléchir, suite à leur Plaidoyer pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision Haïtienne, sorti en février 2010, sur une version actualisée du document intitulé : Document d’orientation pour la Refondation de l’Etat D’Haïti selon une vision haïtienne, sorti en Avril 2011. Ce document, qui se veut une suite logique du premier, s’articule autour d’une vision, des objectifs, d’un cadre philosophique, des principes directeurs, des résultats attendus, des grandes lignes d’orientation, des actions, d’une stratégie globale de mise en œuvre, du chiffrage des actions, d’un chronogramme des actions, des risques et de leur gestion.

C’est un document basé sur des hypothèses optimistes (8-12% de croissance économique annuelle et 1% de croissance annuelle de la population) en dépit du fait que Haïti, pays de surprises négatives mais aussi capable d’exploits les plus extraordinaires et de résultats les plus surprenants dans des contextes mondiaux hostiles, puisse faire mentir les plus pessimistes et entrainer ses fils et filles vers des résultats axés sur une vision d’ensemble assez claire et des objectifs précis basés sur des hypothèses de travail certes optimistes, mais réalistes dans un contexte haïtien de réconciliation nationale, d’envie de vivre ensemble et disposant de ressources en sous-sol (Iridium, or, pétrole, mercure, etc.,) estimées à 100 Trillions de dollars américains, en vue de refaire de notre pays, la perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbe, et être un pays émergent à l’horizon 2040

II. LA VISION ET LES OBJECTIFS

Selon le ministère de la planification et de la coopération externe (MPCE) (réf. http://www.mpce.gouv.ht/fr/vision-long-terme-du-developpement-dhaiti)  , qui a repris en l’amplifiant la vision exprimée dans le PDNA de 2010, « La Vision à long terme du développement d’Haïti est la refondation de la nation haïtienne transformant la catastrophe du 12 janvier 2010 en une opportunité pour qu’Haïti devienne un pays émergent d’ici 2030. Cette refondation doit se matérialiser en :
·  une société équitable, juste, solidaire et conviviale, vivant en harmonie avec son environnement, sa culture, une société moderne où l’état de droit, la liberté d’association et d’expression et l’aménagement du territoire sont établis ; 
·  une société dotée d’une économie moderne, diversifiée, forte, dynamique, compétitive, ouverte, inclusive, et à large base territoriale ; 
·   une société où l’ensemble des besoins de base de la population sont satisfaits en termes quantitatifs et qualitatifs ;
·    une société apprenante dans laquelle l’accès universel à l’éducation de base, la maitrise des qualifications dérivant d’un système de formation professionnelle pertinent, et la capacité d’innovation scientifique et technique nourrie par un système universitaire moderne et efficace, façonnent le nouveau type de citoyen dont le pays a besoin pour sa refondation ; et
·       le tout supporté par l’encadrement d’un État unitaire, fort, responsable, garant de l’application des lois et de l’intérêt des citoyens, ainsi que fortement déconcentré et décentralisé ».

En effet, la vision de cette Haïti de demain n’est pas différente de celle exprimée dans le document stratégique national pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP 2008-2011). Cette vision a été énoncée dans le discours de lancement du PDNA 2010, le 18 février 2010, à Karibe Convention Center, Pétion ville : « Nous partageons un rêve : celui de voir Haïti comme un pays émergent d’ici 2030, société de la simplicité, équitable, juste et solidaire, vivant en harmonie avec son environnement, sa culture et une modernité maîtrisée où l’Etat de droit, la liberté d’association et d’expression et l’aménagement du territoire sont établis, dotée d’une économie moderne, forte, dynamique, compétitive, ouverte et à large base territoriale, où l’ensemble des besoins de base de la population sont satisfaits et gérés par un Etat unitaire, fort, garant de l’intérêt général, fortement déconcentré et décentralisé ».

Cette vision gouvernementale n’est pas non plus trop différente de celle déjà exprimée par la société civile tant en Haïti que dans la diaspora. En tout cas, elle résume bien le texte de plaidoyer de la FONHDILAC, et sied parfaitement à la vision exprimée par la FONHDILAC et à la philosophie dégagée dans le cadre de l’approche hexagonale.

Objectif Principal

L'objectif principal du Document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne est de formuler des propositions concrètes aux instances concernées par la refondation de l’Etat d'Haïti, en se basant sur des réflexions menées de manière participative tant au niveau de la FONHDILAC qu’au niveau d’autres entités de l’Etat, de la société civile et de la communauté internationale collaborant avec Haïti, et en profitant au maximum des expertises et sensibilités disponibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.

Objectifs spécifiques

1. Promouvoir les actions visant la refondation de l’Haïti de demain, plus équitable, fondée sur le droit, le partage, la solidarité, l'éducation, le respect de l'environnement et le culte du bien commun;

2. Promouvoir la mise en place d’un système tendant vers un citoyen responsabilisé dans « une société économiquement riche, socialement équitable et politiquement responsable ».

3. Promouvoir le développement d'Haïti par une planification stratégique basée sur l’humain, le social, l’environnemental, sur l’infrastructurel, et sur une bonne gouvernance économique, financière et politique, et tenant compte de l’utilisation efficace des ressources humaines disponibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ainsi que des ressources naturelles à l’intérieur d'Haïti;

4. Mettre en place des mécanismes permettant une solidarité internationale plus efficiente à l'égard d'Haïti dans le cadre de la réforme de l’Etat visant une meilleure distribution de la justice, une meilleure distribution de la richesse du pays, la déconcentration administrative, la décentralisation et l’aménagement du territoire selon 4 régions (Nord, Centre, Ouest et Sud), 10 départements, 42 arrondissements, 140 communes et 570 sections communales, avec accent sur 4 grands pôles régionaux de croissance et de développement et de 32 micros Pôles au niveau des arrondissements.

III. LE CADRE PHILOSOPHIQUE ET LES PRINCIPES DIRECTEURS

Approches philosophiques

Le cadre philosophique de ce document d’orientation s’articule autour des approches participatives, territoriales et se base surtout sur l’approche hexagonale développée par la FONHDILAC. « L’approche hexagonale est étroitement liée aux approches Bassin Versant, territoriale, Cluster, à l’approche participative et ses diverses dérivées : le partenariat, la synergie, la responsabilisation individuelle et collective, la mise en réseau aux niveaux local, national, régional et mondial. Elle peut constituer le cadre de diagnostic, d’analyse et d’application de tout le processus de développement durable à ces divers niveaux » D’où les principes directeurs retenus.

Principes Directeurs

Dans le cadre de ce document, nous avons adopté les six principes du groupe GRAHN :

« 1. Justice sociale et participation citoyenne : reconstruire une citoyenneté partagée qui permet à chaque Haïtienne/Haïtien de jouir pleinement de ses droits, sans aucune forme de discrimination, tout en assumant pleinement ses devoirs envers la société;

2. Droit et accessibilité aux services de base : reconnaître le droit de tout citoyen à des services de base tels l'éducation, la santé, l'alimentation, l'eau potable, le logement, et entreprendre les actions nécessaires visant à terme l'accessibilité de ces services de base à tous les Haïtiennes/Haïtiens, sans exclusive;

3. Continuité des actions positives : identifier, valoriser et poursuivre les bonnes initiatives qui ont cours dans le pays, en évitant de faire table rase des expériences édifiantes pour repartir de zéro;

4. Arrimage avec le pays intérieur comme manifestation de la solidarité nationale : prendre en compte les aspirations et les préoccupations de la société civile haïtienne afin de contribuer à la réalisation de celles-ci et de les porter au-devant de la scène internationale;

5. Urgence compatible avec le long terme : régler les problèmes urgents d'aujourd'hui en ayant recours à des solutions intelligentes et responsables qui n'hypothèquent pas l'avenir du pays;

6. Développement durable : privilégier les choix de reconstruction et de développement qui préservent les générations futures ».

Auxquels, nous ajoutons les principes directeurs définis par la FONHDILAC en relation avec les axes fondamentaux de l’approche hexagonale :

Axe humain
Le principe fondamental est la satisfaction des droits humains fondamentaux en référence à la déclaration universelle des droits de l’homme, la constitution de 1987 et les 17objectifs de développement durable (ODD 2016-2030).

Axe socio-culturel
Au niveau de cet axe, nous avons deux principes fondamentaux
1. Participation-responsabilisation
2. Promotion et Protection de la culture nationale

Axe environnemental
Le principe fondamental est le développement durable, exploitation « conservatrice » des ressources naturelles.

Axe infrastructurel
Au niveau de cet axe, nous avons deux principes fondamentaux :
1. l’aménagement du territoire doit respecter le principe du développement durable
2. les investissements doivent être répartis de manière équilibrée sur l’ensemble du territoire (déconcentration économique).

Axe économique et financier
Le principe fondamental est l’accès équitable aux biens et services résultant des activités de production et de distribution.

Axe politique
Le principe fondamental est une répartition équitable, socialement (principe démocratique) et géographiquement (décentralisation, déconcentration administrative), de la participation de la population aux décisions et de leur mise en œuvre.

En référence au cadre philosophique et aux principes directeurs retenus et développés, on peut s’attendre à des résultats tels que détaillés au point 4.

IV. LES RESULTATS ATTENDUS

Les résultats attendus le sont eu égard à l’approche hexagonale. L’approche hexagonale vise, tout en s’appuyant sur la démarche participative, à développer un cadre harmonieux pour l’évolution de l’humain dans un cadre social équitable, dans un cadre naturel régénéré et bien équipé par des infrastructures adaptées, dans un cadre économique et financier incitatif et dans un cadre politique responsable et démocratique (bonne gouvernance). D’où l’accent mis sur les six capitaux : le capital humain, le capital social, le capital environnemental, le capital infrastructurel, le capital financier et économique et le capital politique (gouvernance). Ce qui peut se schématiser de manière logique avec l’humain à l’intérieur du social, les deux à l’intérieur de l’environnemental, et l’aménagement de l’environnemental de manière telle à ce que l’ensemble soit en harmonie, le système financier et économique pour réaliser cet ensemble et le perpétuer dans le cadre d’une gouvernance économique régulatrice et incitatrice, et le système politique pour la gestion globale et le maintien de l’équilibre harmonieux du système global.

En clair, le résultat final se traduira par la mise en place d’un nouveau système favorisant une Haïti émergente et moderne à l’horizon 2040 axée sur :

(i) Le capital humain comme tenant et aboutissant du processus de développement local et national avec un taux de croissance de population autour  de 1% ; Ce qui se traduira par une masse critique de gens éduqués (90% de la population) tant au niveau primaire (100%), secondaire (100%), universitaire (70%) et professionnel (100%), en bonne santé disposant de services de santé, d’eau potable, d’électricité, de communication, d’emploi (90%) à leur portée et leur permettant de satisfaire leurs besoins primaires (se nourrir, se loger, s’éduquer, se divertir) ;

(ii) Le capital social et Culturel comme élément fondamental du système social et de socialisation (60% de la population regroupés dans des associations) ; en promouvant sa force culturelle, l’haïtien se regroupe en société selon sa religion, son métier, ses intérêts, ses champs de compétences, de loisirs ;

(iii) Le capital environnemental ou naturel comme cadre naturel, environnemental et géographique d’évolution de l’humain et des groupes sociaux ; l’haïtien procède à la régénération de son environnement naturel (25% de forêt primaire ajouté au 29% de couverture végétale actuelle mise à mal par l’ouragan Matthew ) qu’il perpétue avec amour à l’intérieur de ses organisations sociale, culturelle, écologique, économique et politique, en réseaux entre elles et avec des organisations de mêmes types au niveau de la caraïbe, de l’Amérique Latine et du monde ;

(iv) Le capital physique et infrastructurel comme cadre de confort de l’humain et de l’humain regroupé en société ; avec l’aide de la communauté internationale, l’Etat d’Haïti, à travers ses gouvernements, procède, à partir d’un excellent plan d’aménagement du territoire, à la réhabilitation, la construction des équipements (logements (70%), bâtiments administratifs (100%), scolaires (100%), universitaires (4 grandes universités dans 4 régions), sanitaires (70%), industriels (50%), commerciales (50%) et touristiques (40%), réseaux d’irrigation (100%), de routes (100%), d’eau potable (100%), d’électricité (90%), de télécommunications (70%), etc.

(v) Le capital financier et économique ( taux de croissance du PIB 8-12% par an, PIB 2040 : 3.5-4500 USD/Hab., à partir de la bonne gouvernance et avec l’appui de la communauté internationale dans un premier temps, et du secteur privé tant haïtien qu’étranger et à partir de fonds propres issus de l’exploitations des nombreuses ressources du pays, comme cadre de financement de l’ensemble et cadre d’évolution des activités économiques et financières susceptibles de contribuer à l’autonomisation de l’humain et des catégories sociales évoluant dans le système et le perpétuer, et

(vi) Le capital politique (Gouvernance) comme cadre fondamental de planification, de conception, de coordination, d’incitation, d’orientation et de régulation grâce à la bonne gouvernance, s’oriente vers une Haïti compétitive exploitant à fonds ses richesses naturelles et minières en les répartissant de manière la plus équitable possible grâce à une politique de décentralisation et de déconcentration administrative basée sur les potentialités des différentes régions du pays (Macros Pôles) et d’une trentaine de  micros pôles de croissance et de développement au niveau des arrondissements.

V. LES GRANDES ORIENTATIONS

Les grandes orientations stratégiques de ce document d’orientation s’articulent autour des grandes lignes suivantes :

(i) Une politique de population et de développement des ressources humaines axée sur le respect des règles de la vie associative, de la gestion financière et économique, et de la vie politique, sur le respect de l’environnement et des infrastructures mises en place avec et pour la population, et se basant sur un taux de croissance avoisinant 1% au lieu de 2.5 % actuellement, sur une politique sanitaire visant la couverture sanitaire de tout le pays depuis la section communale la plus reculée jusqu’au niveau de la ville , sur une politique de sécurité alimentaire et nutritionnelle visant la satisfaction des besoins de la population en la matière jusqu’au niveau de souveraineté alimentaire le plus élevé possible et tenant compte des aspects sanitaires, éducatifs, environnementaux, agricoles, culturaux, économiques et financiers ;

(ii) Une politique de mise en place d’un système social et culturel plus équitable basé sur l’éducation visant la compétitivité, en passant par la scolarisation universelle, le nouveau secondaire, l’université, tenant compte de la culture haïtienne avec des ouvertures sur l’extérieur, en particulier la Caraïbe, l’Amérique Latine, l’Afrique, l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Asie et le monde, et promouvant une vie associative riche et bien régulée par une gouvernance sérieuse et incitative, des structures de gestion de l’environnement, des infrastructures, des structures de participation à la vie économique et à la vie politique avec des investissements importants dans le système social ;

(iii) Une politique de protection de l’environnement et des ressources naturelles axée sur l’éducation au respect de l’environnement, sur la gestion des risques et désastres, sur la participation de la population et de ses organisations à la gestion de l’environnement, sur sa réhabilitation totale, sur la promotion de l’écotourisme, du tourisme culturel, sur la mise en place des structures de gestion de l’environnement tant au niveau étatique, que des collectivités territoriales et de la société civile, et sur des investissements importants au niveau de l’environnement ;

(iv) Une politique d’aménagement du territoire agressive axée sur l’éducation au respect des infrastructures, sur la participation des structures sociales, de la société civile, des collectivités territoriales et étatiques dans la gestion des infrastructures, avec un zoning strict des aménagements (logements, routes, irrigation, eau potable, écoles, hôpitaux, etc.) respectueux des normes environnementales, tenant compte de la nature montagneuse de la République d’Haïti et de la situation de la vulnérabilité de l’environnement haïtien et de ses nombreux risques et des investissements importants y relatifs ;

(v) Une politique économique et financière visant un système financier et économique non inflationniste (taux d’inflation < 10%), protectionniste au même niveau que la Caraïbe sur certains aspects et libérale sur d’autres aspects, basée sur des grands choix économiques et financiers, sur l’harmonisation des politiques fiscales (taux de taxation autour de 15%) et monétaires (taux de change autour de 50 HTG pour 1 USD) et des taux de crédit incitatifs et favorables au développement des petites et moyennes entreprises (PME) et une couverture d’assurance à toutes épreuves couvrant tous les risques auxquels fait face le Pays Haïtien. Tout ceci est soutenu par une éducation économique et financière à la base, une incitation à la vie économique, à la priorisation de la protection de l’environnement, à la répartition équitable des infrastructures sur tout le territoire national ;

(vi) Une gouvernance politique visant le bien être de la population haïtienne et axée sur l’éducation politique de la population, sur sa participation à la vie politique, à la gestion de l’environnement, à la gestion des infrastructures, à la gestion des ressources financières, sur la déconcentration administrative, sur la décentralisation à partir des 4 régions, des 10 départements et des 42 arrondissements, sur une justice équitable , sur la réforme de l’Etat, sur la répartition des richesses eu égard aux potentialités de chaque région et des pôles de développement susceptible de garantir une croissance soutenue du PIB autour de 8-12% sur une période de 25 ans.

VI. LES ACTIONS

De ces grandes orientations découlent les actions suivantes articulées autour des ressources humaines comme tenants et aboutissants du processus de développement durable. Partant de la gouvernance politique qui englobe l’éducation politique, la participation à la vie politique, à la gestion de l’environnement, des infrastructures, des ressources financières, les politiques d’Etat axées autour des six axes et exprimées en termes d’éducation, de gestion, de respects des normes et des règles du jeu établies et en termes d’investissements publics et privés, ne visent qu’au renforcement du cadre de vie de l’Haïtien et de ses associations. Toutes les actions exprimées et articulées autour des six axes sont autant de politiques publiques à renforcer et à mettre en œuvre pour aboutir à l’Haïti de demain rêvée par tous les haïtiens.

VII. LA STRATEGIE DE MISE EN OEUVTRE

La stratégie de mise en œuvre du nouvel Etat d’Haïti selon une vision haïtienne, tout en s’inspirant de certaines propositions de réformes de l’Etat glanées ça et là et de certaines pratiques en cours au niveau de l’actuel Etat d’Haïti pour faciliter la transition et la continuité, se base sur deux points importants à notre avis : A) la réorganisation de l’Etat d’Haïti, et B) la gestion des grandes catégories d’actions.

A. La réorganisation de l’Etat d’Haïti

Pour la mise en œuvre de l’ensemble des actions ou politiques publiques décrites plus haut, il faudrait procéder par une réorganisation profonde de l’appareil étatique et gouvernemental. La constitution de 1987 modifiée, le plan stratégique de sauvetage National (PSSN), les travaux de réformes de la commission Nationale de réforme administrative (CNRA), les travaux du Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle (GRAHN), les Travaux des diverses commissions présidentielles, les travaux de la société Civile et du secteur privé Haïtien pourront contribuer à la mise en œuvre de ce document d’orientation.

Le regroupement des ministères selon leurs missions et attributions

L’ensemble des services de l’Etat seront regroupés en onze (11) grands ministères : (i)Le Ministère de l’intérieur, de la défense nationale et des collectivités territoriales,(ii) le Ministère des affaires étrangères, de la coopération externe et des Haïtiens vivant à l’Etranger,(iii) le Ministère de la planification, de l’Aménagement du Territoire, de la fonction publique, (iv) le Ministère de l’économie, des finances, du commerce et de l’industrie, (v) le Ministère des travaux publics, transports et Communications, (vi) le Ministère de l’éducation Nationale, de la jeunesse, des sports et des Services civiques,(vii) le Ministère de la Santé publique, de la population et de la condition Féminine, (viii)) le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles, de l’environnement et de la pêche, (ix) le Ministère de la culture, de l’Information et du Tourisme,(x) le Ministère des affaires sociales, humanitaires, des cultes et de l’emploi. (xi) Le Ministère de la justice et de la Sécurité publique.

Les secrétaireries d’Etat

Chaque Ministère sera subdivisé en secrétaireries d’Etat. Les ministères actuels regroupés sous le label d’un un autre ministère seront dirigés automatiquement par un Secrétaire d’Etat. Chacun des services de l’État se retrouve déconcentré au niveau des 10 départements et des 42 arrondissements avec tout le personnel et l’équipement nécessaire pour faire fonctionner le service au niveau local et satisfaire les besoins de la population concernée en la matière.

Ce mode d’organisation de l’Etat permettrait un fonctionnement optimum jusqu’à l’adaptation finale qui correspondrait à la vision de changement du nouveau pouvoir. Le changement ne devrait pas être seulement un changement de certaines personnes, mais aussi et surtout un changement de mentalité et de structure organisationnelle de l’Etat avec obligation de résultats périodiques et finaux.

L’organisation des Collectivités Territoriales en 4 régions et 42 arrondissements

Les collectivités territoriales seront regroupées dans 4 régions ou 4 macros pôles : Nord, Centre, Ouest et Sud et administrées au niveau de 42 arrondissements regroupant communes et sections communales avec 32 micros pôles de développement bien équipés , dotés de tous les services de base (hôpitaux, écoles, centres de formation professionnelle, industries, centres de loisir, etc.), et entourés de villes satellitaires tampons bien dotées elles aussi, mais à un degré moindre que les micros pôles, ainsi de suite jusqu'au niveau des sections communales. Les 4 régions seront dotées de 4 campus universitaires garantissant l'avantage compétitif de notre pays dans des domaines bien spécifiques.

B. La mise en œuvre des grandes catégories d’actions de l’Etat

Pour y parvenir, la nouvelle administration, issue des élections, tout en contrôlant, de manière stricte, la question d’insécurité, devrait s’atteler à quatre (4) grandes catégories d’actions. Il en sera de même pour toute nouvelle administration durant les 25 prochaines années avec les mêmes catégories d’actions, mais un peu différentes du point de vue thématique d’un quinquennat à l’autre. Peut-être que l’on n’aura plus besoin d’une grande concertation nationale (réf.7.B.3) après la première qu’aura organisée cette nouvelle administration issue des élections de Novembre 2016 et de Janvier 2017. De toute manière, attardons-nous sur les 4 catégories d’actions.

1. La gestion des actions d’urgences

Les actions d’urgences se regroupent en actions liées au choléra, aux dommages causés par le tremblement de terre et l’ouragan Matthew, le déplacement des sans-abris dans des endroits décents, l’élaboration d’un plan de réponse à la situation actuelle, avec accent particulier sur les urgences à prendre en compte dans un budget rectificatif; la préparation de la saison cyclonique 2017 (et autres saisons cycloniques à venir) avec plans de contingence, la poursuite des travaux de protection des villes contre les inondations périodiques, l’assainissement des villes, des villages, la réparation des rues, des routes de pénétration, des pistes rurales, le curage des drains et des canaux, etc. ; la préparation des campagnes agricoles de printemps, d’été et d’hiver en s’appuyant sur le plan préparé par le ministère de l’agriculture, le cluster agriculture pourrait grandement aider, le traitement des ravines, des rivières, des versants, la mise en place des structures biologiques et mécaniques, etc. ; la création d’emplois temporaires dans les domaines d’assainissement , d’adoquinage de rues, d’irrigation, de conservation de sols et de l’eau, d’enlèvement des débris, de construction de logements sociaux, etc. Il faudrait que les travaux d’urgences aient des liens de continuité avec les actions durables.

2. La gestion des actions durables et structurantes

Certaines actions sont en cours d’exécution au niveau des grands chantiers routiers, d’irrigation, d’eau potable, d’électricité, de constructions d’écoles, de centres administratifs, de santé, d’universités, de centres de stockage. Le Gouvernement a intérêt à poursuivre ces actions, à mettre en œuvre les études, à faire d’autres études, à réaliser d’autres projets. Le plan national d’éducation, le plan national d’investissement agricole, le plan national de sécurité alimentaire, le plan directeur de vulgarisation, les travaux des diverses commissions, les divers projets en cours, les réformes entamées au niveau de l’Etat, au niveau du système bancaire, au niveau du système d’assurance, les projets de lois, les décrets, la réforme constitutionnelle, tous ces travaux, toutes ces actions devront se faire dans un souci de continuité de l’Etat. Il y a nécessité de mettre en place une agence de développement d’Haïti (ADH).

3. La grande concertation nationale

Haïti dispose d’un ensemble de plans dont le PARDNH, le PSDH, le PSSN, le GRAHN, les plans de la société civile, du secteur privé, la grande concertation devrait en faire un plan consensuel sur 25 ans, s'attaquer à l'inégalité sociale, la justice, la déconcentration administrative, la décentralisation à partir des arrondissements, l'aménagement du territoire, l'axe capitale tel que proposé par la FONHDILAC, la mise en place de cette agence de développement d’Haïti, avec droit de regard et d'appui de la communauté internationale, les nouveaux amendements de la constitution, la réforme de l’Etat, sa réorganisation pour lui permettre d’être plus performant, le modèle de décentralisation pour Haïti par rapport aux arrondissements, les 32 micros pôles de croissance et développement à mettre en place dans le cadre de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, leur découpage, celui des quatre régions (macros pôles), les villes Tampons par rapport aux pôles de développement, la validation d’un ensemble de dossiers sur lesquels Haïti n’a pas encore de consensus, les états généraux sectoriels de la nation, etc.

Cette concertation nationale qui viserait le regain de confiance entre les haïtiens, la réconciliation nationale, devrait être inclusive, semi souveraine, car elle ne doit pas remettre en question les résultats des élections qui ont mis en place la nouvelle administration ni toute la constitution de 1987, car cette constitution est aussi une conquête démocratique et traduit une certaine vision de l’Haïti de demain par rapport à cet Etat prédateur mis en place après 1806. Les résultats de cette grande concertation nationale seront dans la mesure du possible d’application immédiate, sauf le plan consensuel qui devra prendre en compte le plan quinquennal de la nouvelle administration.

Ce plan stratégique sera suivi d’un ensemble de plans opérationnels qui seront exécutés par les ministères regroupant un certain nombre de secrétaireries d'Etat et/ou organismes autonomes sous tutelle de ces ministres avec des structures déconcentrées et décentralisées couvrant tout le pays.

4. L’Organisation des élections indirectes

La Nouvelle administration aura à organiser des élections indirectes au cours de cette année en vue de  mettre en place des institutions prévues pour la mise en place des Collectivités Territoriales (CT), les diverses assemblées au niveau section communale, au niveau communal, au niveau départemental et interdépartemental. L’amendement constitutionnel prévoit comment mettre en place le CEP permanent, une fois fait, il faudrait rapidement procéder à la mise en place de ce nouveau CEP et le Conseil Constitutionnel prévus par les amendements. La nouvelle administration pourrait, par la suite, procéder à l’organisation des élections sénatoriales, municipales et indirectes telles que prévues par les amendements constitutionnels.

Il faut noter et souligner que le Nouveau Pouvoir aura à organiser durant sa dernière année de Mandat de 5 ans, les élections générales telles que prévues par les amendements qui pourraient être confirmés et même renforcés par la grande concertation semi souveraine avec des résolutions d’application quasi immédiate.

Quant aux autres quinquennats qui viendront après, les élections générales se feront durant la dernière année de la présidence selon le « calendrier harmonisé » prévu par les amendements actuels et peut-être par d’autres issus de la Grande Concertation du Premier quinquennat.

VIII. LE CHIFFRAGE, LE FINANCEMENT

Dans notre exercice de chiffrage, nous nous inspirons des réflexions et estimations faites par des professionnels aussi bien haïtiens qu’étrangers. La proposition d’érection d’une ville universitaire de 50,000 habitants près de Ganthier se chiffre à 6 milliards de dollars américains. Le document d’orientation sur Gonaïves reste dans ces ordres de grandeur. Le DSNCRP a prévu pour sa part 4.3 milliards de dollars américains sur trois ans. Ainsi, compte tenu de tout ce qui précède, nos projections pour la construction de cette nouvelle Haïti ont été de 40 milliards de dollars américains sur une période de 10 années. Ce qui correspond à des investissements moyens de 4 milliards par an.

Maintenant que nous prévoyons la mise en œuvre du document d’orientation sur une période beaucoup plus longue de 25 ans au lieu de 10 ans, il faudra revoir à la hausse les chiffres. Le Plan Stratégique de Sauvetage National (PSSN) a prévu 100 milliards USD sur une période de 25 ans. Le Plan d’action pour le Relèvement et le développement National d’Haïti (PARDNH) a prévu 34.5 milliards d’USD sur 22 ans.

Naturellement, on aurait tendance à se baser sur le montant budgétaire annuel actuel autour de 2 Mrds USD. Toutefois, il serait plus réaliste de revoir les chiffres à la hausse et les situer au niveau du PSSN, soit 100 milliards, qui correspondent au montant prévu par la FONHDILAC par extension. D’autant que, selon les hypothèses de taux croissance annuel du PIB (8-12%) prévues par la FONHDILAC, il faudra des investissements annuels (APD, publics, privés et financement à partir de l’exploitation de nos ressources minières) de l’ordre de 4 milliards d’USD/an pour soutenir cette croissance sur une période de 25 ans pour faire d’Haïti, « un pays émergent et moderne » à l’horizon de 2040.

Haïti pourrait sur le moyen terme financer son développement si l’on se basait sur les informations fournies par l’Ing. Antoine Dimanche et le Dr Henry Vixamar dans le cadre des interviews sur Radio Métropole et d’autres sources. Haïti disposerait de 500 Trillions de m3 de gaz naturel suite au séisme du 12 Janvier 2010, selon l’Ing. Dimanche, elle disposerait de ressources minières de très bonne qualité dont l’iridium (1 tonne d’iridium coute 45 Mrds USD, selon Dr Vixamar). Une autre source a estimé à 100 Trillions USD les ressources minières d’Haïti. Il nous suffirait, si ces informations s’avéraient exactes, de bien planifier sur la durée l’exploitation de nos mines pour financer notre développement.

IX. LA DUREE

La mise en œuvre de la refondation de l’Etat d’Haïti se fera en trois phases : l’urgence sur 2 ans, le relèvement sur 3 ans et la reconstruction sur 20 ans subdivisés en périodes quinquennales. Dans la réalité, les trois phases ne sont jamais aussi séquentielles et rigides. En effet, à cause de la vulnérabilité du pays, durant au moins les dix premières années de la reconstruction, l’Etat aura à gérer les urgences annuelles liées aux intempéries, et même au-delà, il y aura toujours des urgences à gérer. C’est pourquoi, il faudra des phases parfaitement imbriquées, articulées et intégrées de façon à former un tout cohérent conduisant au développement durable de notre pays. Ce calendrier doit tenir compte des investissements prévus dans le plan stratégique développement d’Haïti (PSDH) qui a remplacé le plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH), des investissements des secteurs privés haïtiens et étrangers, de la diaspora haïtienne et de l’exploitation de nos ressources propres (humaines, naturelles et minières). Une période de 5 à 7 ans serait suffisante pour atteindre la vitesse de croisière, si nous arrivions à bien gérer les risques inhérents à une telle entreprise aussi ambitieuse de refonder un Etat, et pas n’importe lequel, le plus imprévisible de tous et aussi le plus surprenant.

X. LES RISQUES ET LA GESTION DES RISQUES EN GUISE DE CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Avec l’Etat d’Haïti actuel, les risques en temps normal se retrouvent à chaque pas. Dans le cas qui nous concerne de promouvoir la mise en place d’un nouvel Etat, la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne, il faudra les multiplier par 4 sinon plus. Aussi allons-nous sélectionner quelques-uns qui pourraient surgir à n’importe quelle phase du processus de refondation de l’Etat.

La gestion des risques et désastres
Haïti fait face à des risques cycloniques et sismiques, car elle est sur la route des cyclones qui pourraient atteindre la catégorie 5 avec le changement climatique, et basée sur un réseau de failles sismiques susceptibles de provoquer des tremblements de terre assez violents (7, 8 de magnitude) et d’éventuels tsunamis. Son degré de dégradation environnementale la rend encore plus vulnérable. Ces données doivent être prises en compte dans les politiques publiques. C’est pourquoi, chaque année, dans le budget de la République, les fonds pour la mise en œuvre d’un plan annuel de contingence doivent être inscrits pour gérer ces risques jusqu’à ce que le pays atteigne un niveau de développement qui tienne compte de ces données et qui permettent, une fois le niveau de vulnérabilité jugé assez réduit, de diminuer proportionnellement les coûts prévus pour manager ces risques et désastres. Donc, il faut éviter de refaire pareil.

Tentation de refaire pareil
Dans le cas d'Haïti dévastée, il ne peut s'agir seulement, ni d'abord, de reconstruction technique d'infrastructures et de structures. Il s'agit fondamentalement de reconstruction politique et sociale orientant la reconstruction économique et technique. Ce serait gaspiller l'aide internationale et toute la solidarité citoyenne partout mobilisée à tous les niveaux, si l'on se contentait de refaire une copie neuve sur papier vélin de la société d'avant le séisme et Matthew.

Dans cette perspective, il ne suffit point de déclarer dans des discours politiquement corrects qu'on reconnaît et respecte la souveraineté d'Haïti. Il faut le montrer dans la pratique et les formes d'aide. C'est d'autant plus nécessaire que l'État haïtien, fragilisé avant le séisme, s'est quasiment effondré après le séisme et l’ouragan Matthew. Ainsi blessé presque à mort, il est devenu une proie facile pour tous les États forts tentés de se conduire en redresseurs d'États fragiles. La nouvelle administration devra être très vigilante dans ses rapports avec ses partenaires de la communauté internationale.

Les rapports avec la communauté internationale
L'extrême fragilisation des gouvernements successifs depuis 2004 et de l'État pourrait faire croire à certains qu'Haïti n'a plus les moyens de s'autogouverner dans le court terme. D’où la CIRH et « cette assistance mortelle» décrite par Raoul Peck. Nous voulons avoir des relations équilibrées avec la communauté internationale telles que prévues par les principes de la déclaration de Paris. Le peuple haïtien n'a besoin d'aucun «consortium» de pays amis pour gérer la crise à sa place, ce qui mettrait entre parenthèses la souveraineté d'Haïti. Même si l’expertise technique ainsi que l’appui financier de ces pays demeurent incontournables, tout au moins dans un premier temps. Donc, ni protectorat déclaré, ni tutelle déguisée! La refondation de l’Etat d’Haïti exige des rapports harmonieux, mais aussi équilibrés entre partenaires.

La lenteur de l’Etat à décider
Pour avoir une chance de réaliser ce rêve de refonder Haïti, l’Etat doit se départir de sa lenteur proverbiale. Il est impératif que l’Etat Haïtien entame des démarches pour sauvegarder l’intérêt collectif en mettant en place cette Agence de développement d’Haïti pour assurer le suivi du PSDH. Ce faisant, il éviterait que les haïtiens, individualistes invétérés, en l’absence de l’État, ne continuent à construire n’importe comment comme ils le font déjà, selon le « common sense » et en fonction purement de leurs intérêts égoïstes, il donnerait un signal fort à la CI sur son intention d’investir dans le durable. Dans le cas contraire, un travail de sensibilisation auprès des trois (3) pouvoirs de l’Etat devrait être entrepris par tous ceux qui se retrouvent un tant soit peu dans ce document d’orientation et qui y adhèrent même informellement.

La résurgence des vieux démons de division
Durant les premières heures après le séisme et de l’ouragan Matthew, la solidarité entre haïtiens a été vantée par les observateurs étrangers. Beaucoup de gens se sont sacrifiés pour sauver d’autres frères et sœurs. Avant l’arrivée des secours, on a partagé même un morceau de pain. Mais, depuis quelque temps et durant la période électorale, on sent l’exacerbation de la division. Le pays a payé les pots cassés. La bataille pour le pouvoir en 2010 a fait des morts et des dégâts estimés à plus de 100 M d’USD. A partir des résultats contestés  de la présidentielle de novembre 2016, les blessures de division risquent de prendre du temps pour se cicatriser. D’où la nécessité de cette grande concertation nationale pour nous réconcilier avec nous-mêmes. Il faut à tout prix arriver à gérer cette division en nous concentrant sur l’essentiel, la reconstruction du pays, la refondation de l’Etat d’Haïti.

La mainmise d’un petit groupe avec l’appui de la communauté internationale
La communauté internationale (CI) a sa clientèle en Haïti, un petit groupe qui le plus souvent voit ses intérêts avant ceux du pays. Il faut qu’elle change sa façon d’opérer pour se mettre à la hauteur de l’évènement et s’ouvre un peu plus sur d’autres catégories de gens. Les gens de bien qui veulent voir changer les choses pour de bon doivent se liguer contre ce petit groupe. Et la CI doit faire l’effort aussi de s’ouvrir à d’autres groupes qui, certes, ne maitrisent pas son jargon mais qui ont les compétences et l’honnêteté nécessaire pour accompagner cette refondation de l’Etat dans le sens de la collectivité.

La lutte hégémonique entre les grands pour des raisons économiques et géo-stratégiques
Ce séisme et le passage de Matthew montrent déjà la volonté des grands de se battre pour avoir le leadership de la refondation/reconstruction. Cette bataille entre les grands pourrait compromettre cette reconstruction ou la conduire dans des directions opposées à cette vision à l’haïtienne. Les haïtiens doivent faire preuve d’intelligence pour tirer le meilleur parti pour Haïti dans cette lutte des grands. Selon certains experts, il est de plus en plus sûr que notre sous-sol dispose de certaines matières assez rares et même du pétrole, on estime à 100 trillions de USD les ressources enfouies dans notre sous-sol ; en tout cas, notre pays est placé dans une position stratégique par rapport au reste de la Caraïbe et de l’Amérique Latine. Il nous faudrait avoir une conscience informée de notre réalité pour bien négocier cette solidarité internationale conduite par les grands de ce monde ou tout au moins la gérer pour le mieux.

La barrière constitutionnelle
La constitution de 1987 pourrait constituer une barrière sur certains aspects liés à la refondation de l’Etat suivant la vision dégagée. Il faut voir cette refondation au-delà du prisme de la Constitution de 1987. Il faudrait, si nécessaire, soit la modifier, soit la changer. Même si en tant qu’élément de notre lutte démocratique, il serait préférable de l’amender dans le cadre d’une grande concertation nationale semi souveraine au lieu de la changer pour préserver son côté symbole.

L’amélioration de l’image du pays
L’image du pays n’a cessé de se dégrader au cours de ces 30 dernières  années. Les agences internationales dans leur évaluation périodique continue à considérer Haïti comme un endroit à risque de plus en plus élevé. Ces considérations ne sont pas sans conséquences sur la gestion de la collaboration avec les bailleurs de fonds. Les conditions se durcissent, rendant du coup la mise en œuvre des projets et programmes de développement plus compliqués à se mettre en œuvre dans des délais convenables. Un effort sensible au niveau de la gouvernance s’avère être aussi important qu’urgent. Des actions visibles visant la réduction de la corruption et/ou tout au moins sa perception, par exemple, seraient de grande utilité pour amorcer un changement positif de l’image que nous donnons au monde.

La résistance au changement
La résistance au changement va être l’obstacle le plus difficile à gérer, selon Charles Cadet, l’ex-responsable de la très sérieuse Commission Nationale de la Réforme administrative (CNRA) qui avait fait des propositions pertinentes et innovantes pour la restructuration et la refondation de l’Etat, oubliées jusqu’à cette minute dans les tiroirs de l’administration de l’Etat. Il faudrait plus qu’un simple groupe comme la FONHDILAC, mais l’adhésion de la Nation Haïtienne pour porter cette vision de la refondation/reconstruction/construction de l’Etat d’Haïti qui doit redevenir, à terme, La perle des Antilles ou l’exception culturelle de la Caraïbe, et rentrer dans le cercle des pays émergents à l’horizon 2040.

FONHDILAC. Avril 2011

Actualisé en Février 2017

mercredi 26 décembre 2012

HAITI, BILAN 2012 ET PERSPECTIVES 2013: D’UNE FAIBLE CROISSANCE ECONOMIQUE A LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)



HAITI, BILAN 2012 ET PERSPECTIVES 2013: D’UNE FAIBLE CROISSANCE ECONOMIQUE A LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)

JEAN ROBERT JEAN-NOEL

26 DECEMBRE 2012

Après la lecture du bilan 2012 de Michel Soukar, je m’étais dit que je n’allais pas faire un bilan de plus. En relisant l’ensemble de mes textes de 2011 et 2012, (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com et Haïti Marche) je me suis dit : pourquoi pas ? Alors, il me fallait trouver un titre qui résume tout. Après avoir couché plusieurs titres sur le papier, j’ai retenu celui-ci : « Haïti, Bilan 2012 et Perspectives 2013: D’une faible croissance économique à la route du développement (?) ». Ce dernier article de l’année 2012 étalera les faits saillants après l’article du mois de novembre, fait un clin d'oeil au cadre théorique du bilan 2012, analysera certains éléments du bilan 2012, dégagera des perspectives de 2013 et débouchera sur des recommandations aux parties prenantes du développement d’Haïti.

Faits saillants depuis mon dernier article
Après le voyage en Europe et à Cuba, le Président Martelly a été au Japon et le Premier Ministre au Vietnam toujours dans le souci de renforcer des liens de coopération pour mieux diversifier les rapports d’Haïti avec ses partenaires internationaux en termes d’assistance technique et financière. La plupart de nos partenaires financiers traditionnels se faisant de plus en plus réticents, il faut frapper à d’autres portes surtout après ces catastrophes naturelles en cascades. Ce n’est certes pas l’interprétation de l’opposition qui y voit du gaspillage d’argent dans une période « soit disant d’austérité ». Il faut noter les 17.5 M USD annoncés par La BID pour aider à la réhabilitation d’infrastructures de transport affectées par Sandy et les 47 M d’Euros mobilisés ces derniers mois par l'Allemagne en Haïti à travers ses ONG  dont  Agro Action Allemande (AAA) dans le secteur agricole et dans le secteur de l’énergie (réparation à Péligre). C’est la visite en Haïti du Premier Ministre d’Antigua et de Barbuda, Baldwin Spencer. C’est fin Novembre 2012 le lancement du cadre de coordination de l’aide externe au développement (CAED), une entité du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) avec un Coordonnateur Haïtien, qui remplace la CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti). C’est la réouverture de l’Aéroport Toussaint Louverture réhabilité. C’est le séjour même trop court de Murielle Leconte en Haïti, toujours malade mais quel courage ! C’est la qualification de la sélection haïtienne pour la Gold Cup aux USA en 2013 en se classant 3e au Championnat de la Caraïbe et 39e mondiale au classement de la FIFA. C’est l’inauguration  de l’Hôtel 5 étoiles Royal Oasis. C’est la pose de la première pierre de l’Hôtel 4 étoile Marriott à Turgeau  sous financement du Groupe Digicel. C’est l’annonce de la compensation électronique des chèques, ce qui fera tomber de 10 jours (chèques de province) et de 5 jours (chèques Capitale) à 2 jours le temps mis pour rendre disponibles les fonds à partir de Janvier 2013, selon le Gouverneur de la Banque Centrale (BRH). C’est le départ de l’Ambassadeur français, Didier Lebret, honoré de l’Ordre National de Grand Croix par Haïti. C’est l’accord trouvé entre le Parlement et l’Exécutif pour la mise en place d’un autre CEP provisoire (Collège Transitoire). C’est l’affaire du présumé viol de Me Josué Pierre-Louis, Président du CEP, sur Mlle Danièle Bernadin, son assistante (un mois d’actualité). C’est aussi malheureusement l’augmentation de l’insécurité malgré les efforts de la Police Nationale d’Haïti.C'est la manifestation du 16 Décembre 2012 de la FANMI LAVALAS qui a été émaillée de violences, en dépit de la démarcation tardive des responsables du Parti par rapport à ces violences. C’est l’annonce manquée de la fin du monde (21/12/2012) ; Dieu merci, notre planète est encore en train de tourner.  C’est enfin, au début du mois de Décembre 2012, l’atelier sur la politique législative auquel j’ai eu la chance de participer et qui va, entre autres, me servir de cadre d’analyse pour cet article.

Cadre théorique d’analyse du bilan 2012
Au cours de ce séminaire organisé par le Ministre délégué chargé des relations avec le Parlement à l’Hôtel Montana, 5 et 6 Décembre 2012, j’ai beaucoup appris, en particulier que toutes les politiques publiques sectorielles et la politique législative découlent de la politique générale du Premier Ministre. J’ai donc ajouté cette approche aux diverses théories qui guident mes réflexions comme l’approche participative, l’approche bassin Versant, l’approche territoriale, l’approche hexagonale développée par la FONHDLAC avec ses 6 axes (i) humain, (ii) social et culturel, (iii) environnemental, (iv) infrastructurel, (v) économique et financier, et (vi) politique (gouvernance) et ses 36 éléments de croisement pour aboutir au développement intégral : (http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/lapproche-hexagonale.html ). Ce dernier cadre engloberait parfaitement les 5 E du programme gouvernemental du Président Martelly. Et le Groupe auquel j’appartiens, la FONHDILAC, a proposé en avril 2011 au gouvernement Martelly un « document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne (http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html ). Pour être honnête, certains éléments de ce document d’orientation ont été pris en compte dans les énoncés de politique générale des deux Premiers Ministres (MM. Conille et Lamothe) du Président Martelly en Octobre 2011 et Avril 2012 (http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/10/haiti-politique-generale-du-dr-conille.html ). Essayons maintenant d’analyser le bilan 2012.

A.      BILAN 2012 : MEFAITS SOCIOPOLITIQUES+CATASTROPHES NATURELS= REDUCTION DE LA CROISSANCE

Résultats macroéconomiques et amateurisme politique
Le bilan 2012 sera analysé eu égard aux politiques générales qui avaient prévu des taux de croissance autour de 9% du PIB revus à la baisse pour se situer, en réalité et au final, autour de 2.8% du PIB. Le Taux d’inflation a atteint 7% en glissement annuel(6.5% selon C. CASTEL de BRH, Interview Leslie Delatour, Radio Metropole 2 janvier 2013). Le taux de change du dollar par rapport à la gourde s’est stabilisé autour de 42 gourdes (une bande de 2-3% acceptable pour la Banque Centrale, BRH), les reserves de change correspondant à 6 mois d'importation(1.2 Mrds nette et 2.2 Mrds brute, BRH) . Les investissements dans les secteurs primaires, secondaires et tertiaires n’ont pas eu tout le financement nécessaire, avec quand même 168 M USD d'investissement direct étranger (Réf. BRH). Malgré tout, sur le plan macroéconomique, Haïti reste l’une des meilleures économies de la Caraïbe. Ce manque de performance de l’économie est lié (i) à une gestion de type amateurisme de la Présidence (reconnue par le Président lui-même, interview avec Alex St-Surin, Radio MEGA, Mai 2012), (ii) à une attitude globalement hostile du Parlement par rapport à la Présidence , (iii) à une vassalisation du Pouvoir Judiciaire par les deux autres pouvoirs en dépit de certains succès indéniables dans la mise en place du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPG), de la nomination de l’ensemble des membres de la Cour de Cassation et de la tentative de mettre en place un conseil électoral permanent selon les prescrits de la Constitution amendée, (iv) à une gouvernance un peu brouillonne des divers événements sociopolitiques et naturels qui ont caractérisé la période sous observation, (v) à une gestion clanique du pays tant au niveau de l’Exécutif, du Parlement que du Pouvoir Judiciaire, et (vi) à une insécurité présente à travers le pays (manifestations impromptues sur les routes nationales et dans les rues, morts d’hommes, de femmes et de policiers, banditisme ).

Microéconomie : résultats mitigés
 Il faut noter aussi les succès en matière d’infrastructures routières, aéroportuaires (Cap, PAP. Jacmel), d’irrigation (5e Section St Marc, Savane Diane, PIA-Quinte, etc.), de mise en place de lacs collinaires (retenues collinaires à Ennery, Plateau Central), du village de l’espoir à Savane Diane, d’eau potable, d’électricité, de logements sociaux, scolaires et sportives, hôtelières (Best Western, Royal Oasis et autres),  hospitalières (Mirebalais), industrielles (le Parc Caracole), des travaux d’endiguement de rivières (en terre et en gabions) et de contrôle de ravines dont la plupart ont été endommagés ( routes, ponts, canaux), embourbés (Irrigation et drainage) par les cyclones Isaac et Sandy. Les principales places publiques ont été dégagées de leurs occupants. La production agricole, malgré un manque d’investissement notoire, aurait connu un succès indéniable sans les phénomènes naturels comme la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy qui ont causé des pertes évaluées finalement à 254 M USD (CNSA, Déc. 2012). La gestion par le GOH de ces phénomènes a été acceptable en dépit d’un manque flagrant de l’aide des amis d’Haïti et de la communauté internationale en général.

Sur le plan socioculturel et économique, les deux grands événements populaires comme le Carnaval national et le carnaval des fleurs ont été des succès indéniables. Il en a été de même pour le RARA, la semaine de la diaspora. Sur le plan social, de nombreuses actions ont été menées (Ti Maman Chéri, ABA GRANGOU, Katié Pam Pozé et autres) apparemment sans articulation, on se perd  si on essaie de se remémorer l’ensemble de ces programmes qui semblent ne pas avoir de liens entre eux. Ils sont là soulageant une frange de la population, minime soit-elle. C’est l’essentiel. Beaucoup d’emplois HIMO ont été créés et d’autres emplois aussi tant au niveau des villes qu’en milieu rural pour recapitaliser les bénéficiaires et/ou victimes durant les campagnes agricoles et après le passage des cyclones et des inondations tant au niveau du secteur agricole qu’au niveau des secteurs des Travaux publics, de l’environnement, du Tourisme et de l’Industrie, etc.

A coté de ces actions dont la plupart ont démarré sous les gouvernements précédents (continuité de l’Etat), certaines politiques publiques ont été mises en place et/ou renforcées (MARNDR, ENERGIE, SANTE, TOURISME, EDUCATION, etc.), des études, des conférences réalisées, des voyages effectués. Malheureusement, certains méfaits politiques, catastrophes naturelles ont conduit à une forte réduction du taux croissance par rapport aux prévisions de départ.

1.       Les méfaits sociopolitiques
L’amateurisme politique dont a fait preuve la Présidence s’est fait sentir dans une série de déclarations et d’actions. En premier lieu, il faut noter qu’au départ, le Président n’avait pas bien compris le régime politique haïtien tel que décrit par la Constitution de 1987. Elu sous la bannière de « répons peyizan », il ne dispose à la chambre basse que de 3 députés. Il fallait faire des alliances au sein du Parlement pour constituer une majorité parlementaire en vue de gouverner le Pays (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/04/inite-et-martelly-ou-le-changement-dans.html ). Il n’a pas pris d’actions en ce sens et a fait des déclarations maladroites qui avaient plutôt antagonisé les positions. D’où le sort réservé à ses deux premiers ministres désignés par le Parlement plus par souci de blocage, de démonstration de forces que pour des raisons valables. D’ailleurs, par la suite, le Parlement a approuvé M. Conille qui n’avait pas un meilleur profil politique que les deux premiers désignés (5 ans de résidence affilée dans le pays). Ecarts de langage du Président par rapport à un journaliste, amplifiés à outrance, arrestation d’un Député après une prise de gueule au Palais, mauvaise gestion de relations interpersonnelles avec un Sénateur qui en a fait un opposant farouche au point de chercher par tous les moyens à « démettre le Président » (accusation de double nationalité, accusation de mise en place d’une armée rose, manifestations de rues, alliances politiques, etc.).

Il faut noter que, dès le départ, la presse dans sa globalité n’avait pas accordé les 100 jours de sursis au Président. De plus, les relations interpersonnelles avec le Premier Ministre Conille n’étaient pas bonnes, les clans constitués au sein du Pouvoir Exécutif (Primature, Présidence et Première Dame) et la mise à pied du Premier Ministre  Conille après le succès du Carnaval National aux Cayes ont ruiné les espoirs d’une grande réussite du « pouvoir martelliste » (mauvais calcul politique). Entre temps certains membres de l’ancienne armée d’Haïti accompagnés de jeunes recrus ont occupé des espaces publics et circulé armés dans le pays. Ils se sont même arrogés le droit de pressurer le Parlement pour la ratification « vite et pressée » du Premier Ministre Lamothe.

Les leçons apprises par Martelly par rapport aux tractations précédentes avec le Parlement ont certes permis la ratification du Premier Ministre Lamothe. Mais à quel prix ! Un « Gouvernement HIMO » pour payer le prix des négociations avec le Parlement et les autres forces politiques et qui pèse très lourd en matière de budget, la mise à pied de certains ministres clés et non des moindres, l’adaptation des nouveau venus, la crainte de se voir éjecter de son poste, autant de signaux inquiétants envoyés par le Gouvernement Martelly-Lamothe (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/05/haiti-lheure-de-verite-2-le-style.html ) . Et c’est seulement en mai 2012 que le Président Martelly a pu faire ratifier son premier budget à cinq (5) mois de la fin de l’exercice 2011-2012. La réduction du taux de croissance de l’économie était donc prévisible. Peut-être pas à ce point. Mais les catastrophes naturelles, la bataille de clans au sein du Pouvoir Exécutif avec la victoire apparente du PM Lamothe (dernier remaniement ministériel), les manifestations de rues contre la vie chère (prétexte) et contre Martelly (réalité) sont venues mettre plus à mal une économie en manque de financement externe et en manque sévère de fonds propres.

2.       Les catastrophes naturelles
Au cours de la période sous étude, Haïti a connu trois phénomènes naturels majeurs : la sécheresse, les cyclones Isaac et Sandy. Il est à noter que depuis 2004, Haïti a connu une fréquence plus rapprochée des phénomènes naturels : Fonds Verrettes, Gonaïves avec la Tempête Jeanne (3000 morts), les 4 cyclones de 2008, le tremblement de terre de 2010 et les récents cyclones. Soient deux cyclones sérieux tous les 4 ans. 2008 avec ses 4 cyclones en moins d’un mois était tout simplement exceptionnel. En 2004, la croissance économique était négative, en 2005 elle était autour de 1.5%, en 2006 autour de 1.8, en 2007 autour de 3.2%, en 2008 autour de 0.8, en 2009 autour de 2.9%, en 2010 autour de -5.4%, en 2011 autour de 5.6%, et en 2012 autour de 2.8%.

3.       La réduction de la croissance
Remarquez que dans les années de catastrophes, il y a toujours une réduction de la croissance de l’économie. Et quand on combine catastrophes et méfaits sociopolitiques, cela devient encore plus grave. Les deux années les plus frappantes sont 2004 et 2010. Dans les deux cas, on a connu la chute violente du gouvernement du Président Aristide et le cyclone Jeanne, le tremblement de terre de 2010 et les manifestations politiques tout au long de l’année électorale 2010.

Il faudra retenir ces leçons pour mieux gérer le pays, en évitant, dans la mesure du possible, les querelles sans lendemain, les batailles de clans au sein du Pouvoir Exécutif, du Pouvoir Législatif et du Pouvoir judiciaire, et les prétextes fallacieux pour envenimer les relations entre les trois (3) pouvoirs,  et empêcher la mise en œuvre de politiques publiques (politique de chaises vides au Parlement), le vote de lois et conventions susceptibles de contribuer à un meilleur fonctionnement de l’appareil étatique et au développement du pays.

B.      PERSPECTIVES 2013 = LA ROUTE DU DEVELOPPEMENT (?)

Par rapport à la situation de 2012 décrite précédemment, 2013 s’annonce plutôt difficile. La situation de pauvreté a frisé la stagnation avec une augmentation de la population (10.2 M de personnes en octobre 2012) et un taux de croissance de 2012 de l’économie autour de 2.8% du PIB, Haïti est certes devenue beaucoup moins pauvre qu’auparavant (Taux de croissance de la population 2-2.2%), mais l'économie n'a pas cru assez vite pour un décollage réel et irreversible. Alors que le gouvernement Conille tablait sur un taux de croissance autour de 9 à 10% de l’économie et revu à la baisse par le Gouvernement Lamothe au cours de l’exercice écoulé, on avait quand même envisagé l’avenir avec une certaine sérénité. Les catastrophes naturelles sont venues anéantir nos espoirs en ramenant la croissance de l’économie à un taux de 2.8% nettement inférieur aux prévisions (contraction du PIB agricole de -2.2%). Il est donc capital d’avoir une politique économique axée sur une forte croissance et continue sur une période plus ou moins longue, une sorte de « révolution de croissances » pour répéter un économiste haïtien et en même temps une politique de réduction du taux de croissance de la population. Les effets des catastrophes de l’exercice 2011-2012 n’étaient pas finis d’être évalués que le pays a du faire face à une nouvelle catastrophe, Sandy, au premier mois du nouvel exercice, octobre 2012. On comprend dès lors toute la difficulté pour le gouvernement et pour le pays de faire face à autant de problèmes sans l’aide et des promesses sérieuses de financements de la communauté internationale. Ce qui pourrait nuire à la croissance projetée.  

Taux de croissance projeté
En effet, le taux de croissance projeté de l’économie est de 6.9% avec un taux d’inflation inférieure à 10% (6-7%) et un taux de change autour de 42 HTG pour 1 USD dans le cadre d’un budget annuel de plus de 3.25 Mrds d’USD dont 31% de fonctionnement et 69% d’investissement. « Les principaux secteurs bénéficiant des priorités de ce budget sont le secteur économique (53% du total du budget) avec notamment des investissements de l’ordre de 18.2 milliards  HTG pour les infrastructures de transport, 2.3 milliards pour l’eau, 4.2 milliards pour l’énergie, et le secteur social (25% du total du budget) dont des investissements de 12.3 milliards pour l’éducation et de 9.5 milliards pour la santé. Le développement territorial disposera d’un programme d’investissement de 12.9 milliards ». (Réf. Communiqué de Presse du MEF, Dépôt Loi de Finance 2012-2013 au Parlement. 29 Juin 2012).

 C’est beaucoup plus réaliste, selon certains observateurs, de projeter des taux de croissance proches de ceux qu’on a déjà atteints. Les politiques publiques prévues au niveau du secteur agricole, le principal pilier de la croissance, s’articulent autour d’un programme triennal 2012-2015 de relance de 62 Mrds de Gourdes (1.5 Mrds USD) sur les 3 prochaines années (500 M USD/an supérieurs à 10% du Budget National mais non inscrits tel quel dans le budget de cet exercice 2012-2013). Sans entrer dans une analyse exhaustive des autres secteurs contribuant à la croissance de l’économie, les secteurs de la construction et autres secteurs (Tourisme, industries, énergie, éducation) dans cette phase  de développement devraient substantiellement contribuer à cette croissance projetée. Une bonne politique de population (non prévue (?) et à mettre en place en urgence) articulée à une politique de sécurité plus constante (contrôle des moindres parcelles du territoire national) et surtout à une politique environnementale dans le cadre  de la déclaration, par le gouvernement en accord avec l’opposition  et autres parties prenantes, d’un état d’urgence environnementale, devrait renforcer davantage la croissance de l’économie (réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/11/haiti-les-trois-piliers-du.html).

Il est clair que, pour mettre le pays sur les rails du développement, il ne suffit pas d’avoir une bonne politique de propagande qu’il ne faut pas confondre avec une politique de communication et des slogans sans contenus. Il faut savoir que le développement est un processus bien planifié exigeant des sacrifices, de la créativité, de l’innovation, des politiques publiques soutenues par une politique législative et des actes administratifs,  et des moyens et stratégies pour une mise en œuvre du plan de développement adopté. Depuis 2010, le pays dispose d’un plan développement transformé par cette administration (en 2012) en plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH) avec son cadre de coordination (CAED). Ce plan peut être renforcé, dans le cadre d’une grande concertation nationale, par les divers plans de la société civile haïtienne y inclus ceux de  la diaspora et du secteur privé. Ce plan consensuel marquerait une rupture dans notre façon de faire de la politique et déboucherait sur le développement du pays tant souhaité par tous les haïtiens dignes de ce nom et fiers de l’être.

Recommandations aux parties prenantes du développement d’Haïti

Pour cela, il faudrait avant toute chose la primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt des clans et/ou individuels.

(i)       D’où la nécessité d’une grande concertation nationale (conférence nationale, pacte de gouvernabilité, etc.) pour se mettre d’accord sur une vision d’Haïti ou consolider celle qui existe (appropriation) dans le cadre de ce plan consensuel et des moyens à mettre en œuvre  pour atteindre le niveau de développement lié à cette vision et au plan consensuel finalement accepté par tous comme notre cadre de référence pour le développement de notre pays.

(ii)   La nécessité pour l’Exécutif (Présidence, Primature, Première Dame) d’offrir une image d’unité ne serait-ce qu’au niveau de la perception et de fonctionner dans le cadre de la politique générale définie ainsi que les politiques publiques sectorielles et politique législative y relative (une entente en ce sens à rechercher coûte que coûte) ; tout changement de gouvernement, en particulier du Premier Ministre actuel, compromettrait définitivement les chances de réussite de la présidence de Martelly, à moins que ce soit le sacrifice (fruit) d’un consensus vraiment national et non clanique ;

(iii)   La nécessité pour le Parlement de fonctionner dans le cadre d’une politique législative en relation avec la politique générale du Premier Ministre, d’exercer son pouvoir de contrôle  de l’exécutif sans souci de blocage et sans la volonté délibérée d’obtenir des avantages personnels et de remplacer les collectivités territoriales dans leurs taches quotidiennes et de développement ;

(iv)    La nécessité pour le Pouvoir Judiciaire de jouer son rôle d’arbitre entre les deux autres pouvoirs dans les limites de la Loi et de fortement contribuer à la construction de cet Etat de droit rêvé par tous, en commençant par mettre de l’ordre en son propre sein, éliminer les poches de corruption, prendre ses distances par rapport au ministère de la justice, et s’ériger contre vents et marées en un vrai pouvoir d’Etat comme les deux autres pouvoirs ;

(v)   La nécessité pour les collectivités territoriales (CT) de prendre en charge les urgences, le relèvement et le développement de leurs communautés respectives dans le cadre de plans communaux et de plans de sections communales bien ficelés dans le cadre d’un plan global d’aménagement du territoire imbriqué dans des politiques de décentralisation de l’Etat et de déconcentration de l’administration publique haïtienne ;

(vi)   La nécessité pour la société civile  de s’impliquer davantage dans la gestion des affaires de l’Etat en faisant les pressions nécessaires  pour le respect des engagements dans le cadre de l’énoncé de politique générale du Premier Ministre, des politiques publiques et de la politique législative y afférentes;

(vii)   La nécessité pour la communauté internationale d’accompagner le Gouvernement Haïtien (GOH) dans le cadre de la vision du Président, de la politique générale du PM, en fournissant l’assistance technique et financière nécessaire à la mise en œuvre  des politiques publiques sectorielles et de la politique législative y relatives.

En guise de conclusion, la situation de 2013 ne s’annonce pas rose. On peut la changer. Nous savons quoi faire pour la changer. Par exemple, pour éviter une cherté de la vie plus sévère en 2013 par rapport à 2012, il nous faudra financer le programme d’urgence post Sandy durant la saison sèche (4 Mrds HTG), le programme triennal de relance agricole (62 Mrds HTG), et importer suffisamment de produits alimentaires avant mars 2013 pour éviter des émeutes de la faim au cours de la période comprise entre janvier et juin 2013. On espère que les voyages au Japon et au Vietnam des hauts responsables de l’Etat ont été faits dans cet esprit. Sur un plan plus macro, il nous faudra bien gérer (i) la situation politique (élections 2013, entente politique, partis politiques), (ii) la situation économique (campagnes agricoles 2013, investissements dans les infrastructures, tourisme, saison cyclonique etc.) et (iii) la situation sociale (sécurité, élèves, étudiants, groupes de pression, santé, éducation, loisir, etc.). Ainsi, bonne gestion socio-économique et politique + bonne gestion des  catastrophes naturelles = Augmentation de la croissance économique et bonne répartition de ses retombées. N’est-ce cela la route du développement ? Prenons-la, Bonne journée du 26 Décembre à V. NUMA et Bonne Année 2013 à tous!