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mardi 28 août 2018

HAITI : L’ARROGANCE DE L’IGNORANCE


HAITI : L’ARROGANCE DE L’IGNORANCE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
27 AOUT 2018

J’ai beaucoup lu et beaucoup écrit. J’ai adapté et créé beaucoup de concepts.  Citons, entre autres, Le concept approche participation-responsabilisation axé sur l’information, la sensibilisation, la communication, la motivation directe, la motivation indirecte, la formation, la structuration et la mise en réseau ; le concept approche hexagonale axé sur l’humain, le social, l’environnemental, l’infrastructurel, l’économique/le financier et la politique/gouvernance ; le concept stratégie d’imbrication, d’articulation et d’intégration des actions (SIAAA) applicable à n’importe quelle structure micro, meso et macro, et le dernier en date, le concept « arrogance de l’ignorance ». C’est  quoi l’arrogance de l’ignorance ? Comment il m’est venu l’idée de créer ce nouveau concept ? En quoi peut-il être  utile à la situation actuelle de notre pays?

C’est  quoi l’arrogance de l’ignorance ?

C’est cette habitude de la plupart des haïtiens d’aborder n’importe quel sujet dont ils ignorent l’ABC comme le pic de la Mirandole. Plus ils ignorent le sujet, plus ils en parlent fort, plus ils en font des affirmations avec cette arrogance qui caractérise les ignorants. Enfin, c'est une combinaison de deux mots donnant naissance à une nouvelle expression pour dire de façon plutôt élégante « taisez-vous quand vous ne savez pas de quoi vous parlez » ou tout simplement  « donnez-vous la peine de vous informer de quelque chose avant d’en parler ».

Comment il m’est venu l’idée de créer ce nouveau concept ?

Depuis la fin du 20e siècle et le début du 21e siècle, je produis des articles suite à de nombreux rapports produits pour des institutions étatiques, des ONGs, des organisations internationales comme  consultant. De 2004 à date, je produis de manière régulière des articles sur Haïti, au moins un article par mois (Réf. www.jrjean-noel.blogspot.com ), parallèlement à mes activités professionnelles comme consultant et/ou contractuel de l’Etat, sans compter les nombreux rapports, documents de projets, manuels de formations sur de nombreuses thématiques. J’ai eu la chance et l’opportunité de côtoyer tant en Haïti qu’à l’étranger des gens biens formés et bien éduqués, des collègues et des amis dont la grande majorité a eu une influence positive sur ma longue carrière et ma formation sur le tas.

J’ai pu aussi observer longuement mes frères haïtiens de toutes catégories, la masse, les classes moyennes et la bourgeoisie, les paysans, les techniciens, les politiciens ; car j’ai eu la chance, durant ma longue carrière, de discuter et de travailler avec tous ces gens qui m’ont beaucoup appris, mais il y en a parmi eux qui parlent de choses qu’ils ne maitrisent pas avec une telle arrogance qu’ils m’ont inspiré ce nouveau concept : l’arrogance de l’ignorance.

Parmi tous ces gens, une catégorie m’a le plus inspiré ce concept. Ce sont les politiciens, certes pas tous, mais la grande majorité. Cette attitude de tout savoir, de parler de n’importe quoi, de débiter des bêtises sur n’importe quel sujet d’intérêt national, est vraiment ahurissante. Je ne sais pas si vous vous donnez la peine de les écouter à la radio, à la télévision.

J’ai collaboré directement ou indirectement à l’élaboration de beaucoup de dossiers sur Haïti, le cadre de coopération intérimaire (CCI), le document stratégique national pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP), le  Post-Desaster Needs assesment  (PDNA 2010) après le tremblement de terre de 2010, le plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH),  le Plan de développement agricole (PDA 2010-2025), le plan national de sécurité alimentaire (PNSAN 2010-2025), le plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH), le PDNA 2017 après le passage de Matthew en octobre 2016, et plus récemment la stratégie caravane du changement et l’actualisation du plan national de sécurité alimentaire (PNSAN 2018-2030).

Et à chaque fois qu’il y a un document sérieux sur Haïti, je me donne la peine de le lire pour avoir une bonne compréhension du dossier avant d’en parler ou d’y consacrer un ou plusieurs articles. Souvent, je suis sidéré d’entendre les gens parler de ces documents sans même se donner la peine d'y jeter un coup d'oeil et encore moins de lire le résumé exécutif, en particulier nos politiciens qui ont dirigé, dirigent et aspirent à diriger le pays.

Un exemple flagrant, la caravane du changement. J’ai entendu des gens et pas des moindres débiter des inepties sur cette stratégie novatrice et globalisante. Ce serait « le projet/programme phare du président », qui n’aurait pas de ligne budgétaire donc il y aurait détournement de fonds pour toute activité réalisée dans le cadre de la caravane. On pourrait multiplier à l'infini d'autres affirmations et critiques par rapport à cette stratégie venant, en majeure partie, de la classe politique et aussi d'autres secteurs. 

La caravane du changement, qui n’est qu’une stratégie de coordination et de gouvernance en lien avec l’ensemble des structures étatiques et visant le développement participatif du pays, en utilisant les compétences des structures déconcentrées et décentralisées de l’Etat et des collectivités territoriales dans la mise en œuvre des actions sectorielles sur l’ensemble du territoire, n’a pas besoin de budget propre, tout se fait à travers les secteurs et les collectivités territoriales et leur budget respectif. 

Pourtant un député, qui est censé maitriser tout ce processus, a accusé récemment le Ministère de l’économie et des finances (MEF) de mettre à la disposition du Président de la République 11 millions de gourdes par semaine comme per diem pour la caravane. Cette déclaration farfelue a été reprise par les médias tandis que la note explicative et rectificative du MEF n’a pas eu le même écho.

Un autre exemple, la nomination de Jean Henry Céant comme premier ministre qui correspond plus ou moins au profil défini au préalable (Réf. https://jrjean-noel.blogspot.com/2018/07/et-lapres-jack-guy-lafontant.html  ), a donné lieu à un ensemble d’articles acides et destructeurs sur ce monsieur que je ne connais pas personnellement ; il en a été de même pour la première ministre Michèle Pierre-Louis en 2008. C’est ahurissant cette capacité de destruction que nous avons.  Ces gens qui ont osé écrire et dire de telles choses connaissent-ils vraiment ce monsieur, ont-ils des preuves de leurs accusations? 

En quoi ce concept peut-il être  utile à la situation actuelle de notre pays?

L’arrogance de l’ignorance est notre mal absolu. Nous ne nous donnons pas la peine de lire, de prendre connaissance des dossiers avant d’en parler. Nous parlons de tout et de rien avec la même arrogance. Quand nous voulons détruire quelqu’un, nous inventons n’importe quoi sur la personne et nous avons une certaine presse et les réseaux sociaux pour nous appuyer dans ce processus de destruction. Nous utilisons des dossiers que nous ne maitrisons pour détruire, pour mener la lutte politique contre nos adversaires, nous accusons sans preuve. Nous mentons impunément, au vu et au su de tout le monde, sans nous soucier du mal que nous faisons à nos concitoyens et à notre pays. Jusqu’à présent la bataille politique ne vise pas le développement du pays, mais la prise du pouvoir par un ou des clans politiques associés. Ôte-toi que je m’y mette.

Actuellement, il y a un réveil lié au dossier PETROCARIBE. C’est une bonne chose qu’un dossier orienté politiquement finit par déboucher sur un réveil citoyen contre la corruption en général. Il est admis que la corruption est responsable de 40% des fonds alloués au développement, si ce n’est un peu plus dans le cas de notre pays. J’ai déjà écrit cinq articles sur la corruption en Haïti depuis 2008. Je suis content que le dossier PETROCARIBE fasse prendre conscience à la majorité des haïtiens de ce fléau qui a contrarié jusqu’ici le développement du pays.

Beaucoup de gens s’embarquent dans ce dossier sans savoir de quoi il s’agit. Je ne vais pas y revenir puisque j’y ai déjà consacré deux articles. Ce dossier traité par deux commissions sénatoriales orientées politiquement souffrent des faiblesses de ses auteurs qui ne maitrisent pas les procédures de fonctionnement de l’Etat en général et de la passation des marchés publics haïtiens en particulier (l’arrogance de l’ignorance) et qui mènent à visière levée une bataille politique à travers ce dossier. Ce qui a provoqué les réactions négatives des indexés qui se retrouvent, pour la grande majorité, dans un même camp politique; normal d’ailleurs c’est ce camp qui a eu beaucoup plus de résolutions dans le cadre de la gestion des fonds  PETROKARIBE par le BMPAD.

La saisine de ce dossier par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) est en soi une bonne chose, en ce sens qu’elle lui a redonné son aspect technique au détriment de son aspect politique, avec beaucoup plus de chance de déboucher sur le procès souhaité par tout le monde.

Un autre élément important dans le cadre de ce dossier, il est inscrit dans  la feuille de route du Président de la République au Premier Ministre nommé. Comme quoi, pour une fois, tout le monde est d’accord pour lutter contre la corruption à travers PETROCARIBE comme symbole de la lutte anti-corruption.

Une réflexion que je voudrais partager avec mes lecteurs pour leur montrer que PETRCARIBE est un élément d’un ensemble plus grand. De 2008 à 2018, les fonds engagés dans le cadre du PETROCARIBE seraient de 3.8 milliards dollars américains. Sur cette même période avec un budget annuel autour de 2 milliards d’USD en moyenne, ce qui ferait un montant global de 20 milliards d’USD engagés. Si on enlevait les 70% environ liés au fonctionnement de l’Etat (14 milliards d’USD),  donc 30% (6 milliards d’USD) auraient été investis dans le développement du pays pour les résultats que l’on sait. 

A partir de cette réflexion, il faudrait demander des comptes pour 6 milliards d’USD et non pas seulement pour les 3.8 milliards d’USD de PETROKARIBE sur la base d’un audit sérieux, de préférence, international. A ce moment-là seuls les plus justes seront sauvés en cas de réalisation de ce procès tant attendu.

En tout cas, pour finir,  il y a nécessité d’une prise de conscience par rapport à cette arrogance de l’ignorance pour nous aider à mieux nous informer et nous former quand on aspire à quelque chose au lieu d’utiliser des coups bas contre nos adversaires, nos concurrents, ou d’utiliser notre ignorance, nos peu d’informations et de connaissances à des fins de destruction. Il serait beaucoup plus profitable au pays que nos ignorants arrogants cessent d’intervenir dans les médias pour donner une chance au pays de s’en sortir. Avec une prévision de croissance économique de 1.8% pour 2017-2018 (Radio Vision 2000/CEPALC), Haïti est loin de sortir de la pauvreté abjecte dans laquelle nous l’avons plongée. Révolution tranquille versus révolution violente? A bon entendeur salut!

vendredi 30 avril 2021

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (14), CRISE POLITIQUE, KINDNAPPIING, RENFORCER LE CAPITAL HUMAIN EN HAITI

 

COVID-19 : HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (14), CRISE POLITIQUE, KINDNAPPIING, RENFORCER LE CAPITAL HUMAIN EN HAITI

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

30 AVRIL 2021, REVU, CORRIGE ET AUGMENTE 1er MAI 2021 

C’est ma 14e chronique mensuelle consacrée à cette thématique, « Covid-19 : Haïti et le monde à la croisée des chemins ». Je ne sais pas combien de mes chroniques qui ont été consacrées à la crise politique haïtienne depuis 2000. Depuis 2004, je ne sais pas combien de chroniques où j’ai fait un clin d’œil au kidnapping. Depuis mi-Décembre 2019, le kidnapping revient constamment dans mes chroniques et domine l’actualité en Haïti. Quant au capital humain, le 1er  des six capitaux (humain, socioculturel, environnemental, infrastructurel, économique/financier et politique/gouvernance), cette thématique est l’élément-clé de l’approche hexagonale[1] développée par la FONHDILAC (Fondation Haïtienne pour le Développement Intégral Latino-Américain et Caribéen). « L’objectif de la Fondation est de contribuer au développement intégrale d’Haïti dans le contexte  Latino-Américain et Caribéen (LAC) ». L’approche hexagonale sert de guide aux membres de la fondation dont j’ai été le 1er président en l’année 2000. Selon cette approche, l’humain est le tenant et l’aboutissant de tout processus de développement. C’est en m’y inspirant que j’ai terminé ma dernière chronique, en formulant le vœu de nous voir nous mettre ensemble pour construire une nouvelle Haïti et produire, dans le cadre d’un accord de 25 ans, une masse critique de gens compétents à l’image de Dr Pape[2]. Le fait par le Group Croissance de choisir le thème « Renforcer le capital humain en Haïti dans le contexte post-covid » pour le 11e Sommet de la Finance, me pousse à en faire le titre principal de ma chronique du mois d’Avril 21.

Avant de nous attarder sur le renforcement du capital humain en Haïti, il sera utile de jeter un coup d’œil sur ce qui se passe au niveau mondial en termes de coronavirus, de passer en revue les 100 jours du Président Biden aux USA, d’analyser la crise haïtienne en mettant l’accent sur le kidnapping, en passant à pieds joints sur certains autres aspects dominants de la crise, et de dégager certaines perspectives en termes de la nécessité de l’incontournable stabilité politique et du renforcement du capital humain en Haïti à la lumière du 11e Sommet de la Finance du Group Croissance et de la 6e édition de la Fintech.

LA SITUATION AU NIVEAU MONDIAL, EN PARTICULIER AUX USA

Le coronavirus au niveau mondial accuse 149,718,851 cas de confirmation, 3,153,418 cas de mortalité, et  86,843,039 cas de récupération, en date du 29 Avril 2021[3]. Les USA sont toujours en 1ere position en dépit de la reprise d’une vie presque normale, avec 200 M de vaccinés ; l’Inde passe en 2e position ; le Brésil régresse en 3e position malgré environ 400,000 cas de mortalité ; la France demeure en 4e position ; la Turquie passe en 5e position par rapport à la Russie 6e position. Le cas particulier d’Haïti se traduit par seulement 13,017 cas de contamination, 254 cas de mortalité et 12,143 cas de récupération.

Le cas de l’Inde

Le cas de l’Inde mérite qu’on s’y attarde un peu. La population de l’Inde est de 1,390,790,274 milliards de personnes. En pleine 2e vague, l’Inde a enregistré 354,000 cas de contamination en 24 h, durant la dernière semaine du mois d’Avril 21, et les hôpitaux sont débordés. Cette situation découle d’une certaine relâche après la première vague, du non-respect des mesures barrières. A titre d’exemples : la campagne politique pour les élections régionales, les mariages. A la fin de la 1e vague, le FMI avait même prévu une reprise économique à 12% pour 2021. Ce qui a expliqué en partie cette relâche. Et puis, est arrivée la 2e vague avec le variant indien. La situation  a basculé  dans certaines régions  en Inde où, à New Delhi, ils sont obligés de bruler les cadavres. Cela est dû à la crise du système de santé privé, conçu en grande partie pour la classe moyenne au détriment de la masse. Le cas de l’Inde pourrait être transposé à d’autres pays. Ce qui pourrait déboucher, surtout en Afrique ou en Haïti, sur une sorte de tsunami de covid-19, en cas d’une autre vague avec de nouveaux variants plus contagieux et moins connus.  

La particularité américaine[4]

Certes en matière de covid-19, les USA sont toujours en tête, avec 32,230,809  cas de contamination  et 574,330 cas de mortalité. Toutefois, la marche forcée imposée par Biden depuis une centaine de jours à la gestion  du pays, tant sur le plan interne qu'externe, se traduit par des résultats spectaculaires. Ce sont ces résultats qu’il a exposés devant le Congrès. Il a signalé, au début de sa prise parole, la présence historique de deux femmes derrière lui, la vice-présidente Kamala Harris et la représentante Nancy Pelosi, deux femmes dans l’ordre de succession en cas d’empêchement du président selon la constitution américaine. Tout un symbole dans la lutte des femmes aux USA.

Sur le plan interne, Il a égrené ces résultats devant l’assistance, environ 200 M de personnes vaccinées, 1,300,000 emplois créés, 160 M de chèques de 1400 USD distribués dans le cadre du plan de relance (Stimulus plan) de 1900 Mrds d’USD. Il a cité, en ce qui a trait à son pays, la projection de 6% de croissance du FMI pour 2021.

 Sur le plan externe, il a envoyé des signaux clairs, en adoptant une posture ferme par rapport à la Russie, la Chine et l’Iran, en réintégrant l’accord de Paris sur l’environnement, l’OMC, l’accord Iranien sur le nucléaire. Il a maintenu les troupes américaines en alerte en Indo-Pacifique et en Europe, « non pas pour entrer en conflit mais pour le prévenir », précise-t-il lors de son premier « état de l’union » face au Congrès, le 28 Avril 2021.

Sa vision de long terme est exposée dans un plan de 2,900 Mrds d’USD, axé sur l’infrastructure, les technologies (intelligences artificielles et autres) et l’éducation (renforcer le capital humain), et qui vise, entre autres, à dépasser le niveau de compétitivité actuelle  et à maintenir l’avance américaine sur la Chine. Ce plan sera financé par une augmentation d’impôt  sur les riches. « Il est temps pour que les riches payent une juste part », ce qui a soulevé un tonnerre d’applaudissements des démocrates et un silence de cimetière de la part des républicains. A noter que le plan global avoisine 6000 Mrds d’USD.

C’est  une sorte de new deal à la manière de Roosevelt, une nette rupture par rapport au trumpisme (normal) et surtout par rapport au reaganisme, étape novatrice, que même Clinton et Obama n’ont pas osé franchir. Il a donc donné un coup de barre à gauche malgré le côté centriste de sa longue carrière politique. Il a aussi parlé de beaucoup d’autres choses, dont le contrôle des armes, la réforme de la police à partir d’une loi qu’il aimerait présenter le mois prochain marquant l’anniversaire de l’assassinat de Georges Floyd. Toute cette politique (approuvée par 64% des américains) aura des répercussions positives sur le monde entier, en particulier sur Haïti.

 

LA SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

La situation d’Haïti est des plus critiques. On dirait une mort lente voulue par ses filles et fils. La bataille politique se fait au détriment du peuple et du pays. C’est l’exacerbation de la bataille des clans au détriment du pays. C’est le règne de l’insécurité : le kidnapping fait rage ; l’économie périclite ; l’insécurité alimentaire est entrée dans sa phase d’urgence (+ de 4.4 M de personnes).

La situation politique : kidnapping, insécurité

La situation politique est toujours dominée par cette instabilité politique liée à la polarisation en dépit de la tentative de « Religions pour la Paix » de trouver un accord politique, vite déchantée sous la pression de l’opposition politique ; cette dernière tentative pourrait sonner le glas de cette entité en Haïti. Au niveau de l’instabilité gouvernementale, le Premier Ministre (PM) Jouthe a donné sa démission au Pdt Moïse et a été remplacé ad intérim par le Ministre des Affaires étrangères, Dr Claude Joseph, le 6e PM de cette présidence, qui conserve son poste au MAE ; tandis le Ministre de l’économie et des Finances (MEF), Patrick Boisvert assure ad intérim le poste de Ministre de la Planification et de la coopération Externe (MPCE) ; il en est de même du ministre des haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE), Gonzague Day, qui assure l’intérim  au ministère de l’intérieur et des collectivités Territoriales (MICT).

Par rapport au phénomène de  kidnapping, politisé à outrance par nos politiciens, on a  enregistré 50 cas en Janvier, 65 cas en Février et 27 cas  en Mars. Pour le mois d’Avril 21, les informations ne sont pas encore disponibles. Quand on essaie de dénombrer les divers cas rapportés journellement par les médias de toutes catégories, depuis le 1er jour du mois jusqu’à date, on devient vraiment inquiet, tellement l’arrogance des kidnappeurs défie l’entendement et les forces de l’ordre, et continue d’exiger des rançons faramineuses en USD. Ceux de Grand Ravine, de Village de Dieu, de Croix-des-Bouquets, et de Cité Soleil opèrent au vu et au su de tout le monde, dans la rue, à la maison, kidnapping d’individus et de groupes d’individus de toutes catégories sociales (4 étudiants, 2 policiers, 3 chauffeurs, passagers, 2 docteurs, 2 infirmières tuées, 1 CASEC, 1 entrepreneur dans le secteur pétrolier), de toutes confessions religieuses (franc Maçon, pasteurs, prêtres, sœurs, fidèles, 20 personnes). L'église catholique a réagi en organisant des messes et en fermant les portes de ses établissements scolaires en deux temps de 3 jours.

 Dans un autre registre, ils ont pris des véhicules bondés de passagers, à Grand Ravine, à Croix-des-Bouquets, à Cité Soleil, et tiré sur un véhicule de transport, au moins 6 morts. Un homme d’affaire a été pris en chasse par des motards et tué au niveau de Canapé vert. Et, à chaque fois, les réactions de la population se font sentir au niveau de la rue (krazebrize, barricades, incendies de véhicules des passants, de l’Etat). A Petit-Goâve, la population a érigé un mur en maçonnerie sur la Nationale No 2 pour exiger la libération du CASEC, paralysant par ainsi trois départements. Un peu plus tôt, mi-avril, les bandits de Grand Ravine et de Village de Dieu avaient pris d’assaut la Nationale No 2, au niveau de Martissant, après avoir forcé les forces de l’ordre à vider les lieux. A Delmas, la population a incendié un corbillard et bloqué les rues. A Lascohobas, les manifestants ont paralysé la circulation sur la route internationale Belladère-Mirebalais, pour exiger la libération des 3 jeunes kidnappés, à Croix-des-Bouquets, par 400 Mawozo, qui vient de les libérer ainsi que les 5 autres religieux et le laïc, qui étaient  encore en leur possession sur les 10 personnes enlevées spectaculairement depuis près d’une quinzaine de jours. Il en a été de même, à l’Avenue Pouplard, Port-au-Prince, pour exiger la libération de l’ex-commissaire de police, ex-commandant du département du centre, Manuel Gaston Orival, enlevé chez lui, le 27 Avril dans la soirée, et libéré le 29 Avril.

Il faut ajouter à tout cela, les accidents de circulation causant la mort de temps à autre, dont le fameuse collision entre deux véhicules de transport, avec un bilan de 21 morts, 30 blessés, selon Stop Accident, rapporté par HPM.TV. Selon le juge de paix de l’Arcahaie, le bilan serait de 14 morts. A ce qu’il parait, les autres personnes sont décédées en cours de route vers les hôpitaux. Il faut noter que le service de circulation n’existe que de nom et les routes ne sont pas contrôlées ainsi que les véhicules. Ces genres d’accidents sont monnaie courante en Haïti.

Une situation d’urgence humanitaire

La situation économique est des plus terribles. La majorité de la population n’arrive pas à manger à sa fin. Le pouvoir d’achat s’amenuise de jour en jour, avec la dégringolade de la gourde par rapport au dollar, 85.19 G pour 1 USD à l’achat et 87.75, selon le taux de référence de la Banque de la République d’Haïti (BRH), et 95-97 G pour 1 USD au marché parallèle. La vie chère s’installe, la faim également. Une situation d’urgence humanitaire!

On comprend que, dans ces conditions, les secteurs, Santé et éducation, traversés par des turbulences politiques, docteurs, infirmières et personnel de santé en grève ou empêchés, étudiants, écoliers, professeurs du secteur éducatif instrumentalisés (manifestations de rue), sont très fortement perturbés. Depuis le phénomène de paylok (2019), la situation d’instabilité politique, le Covid-19, le kidnapping, les pertes de jours de classe (2020,2021) qui en découlent, agissent considérablement et négativement sur ces secteurs et sur le capital humain.

              11E SOMMET DE LA FINANCE : RENFORCER LE CAPITAL HUMAIN

              C’est dans cette ambiance délétère, dominée par le kidnapping et ses conséquences fâcheuses sur la vie quotidienne du peuple, que s’est déroulé, du 13 au 15 Avril 21, le 11e sommet de la finance sous le thème : Renforcer le Capital Humain dans le contexte post-covid-19. Le thème est vraiment approprié.

Le principal organisateur de cet événement annuel, qui a obtenu le prix de l’événement Online l’année dernière, le président du « Group Croissance », Kesner Pharel a su nous mettre dans l’ambiance dans ses propos d’introduction. Il nous a rappelé que cet événement totalement Online cette année, a eu une version 1.0 en présentiel, en 2010, juste après le tremblement de terre de 2010, fortement appuyée par la BRH, a dû innover pour s’adapter à la nouvelle conjoncture liée au COVID-19, et s’est transformé en une  version 2.0, Online, en s’appuyant sur la  BRH, Show Carel là, et PROFIN.TV. Il s’est déroulé simultanément sur 2 plateformes, celle de la BRH en relation avec la Macroéconomie et le développement, et celle de PROFIN en relation avec la microéconomie, l’entreprenariat et la finance. Les sous-thèmes principaux sont naturellement la Santé, l’éducation et la protection sociale, éléments fondamentaux du renforcement du capital humain.

La crise étant d’abord sanitaire avant d’être économique, heureusement pas encore financière, il est donc tout indiqué d’honorer cette année les docteurs  Pape et Paul Farmer, les deux sommités mondiales (haïtiens d’origine et « d’adoption ») qui contribuent à sa résolution. Pharel croit que, pour sortir de cette crise, il faut en premier lieu la stabilité politique, connecter la chaine de l’offre comme le font les dominicains, réaliser des partenariats au niveau de la région, sortir du niveau d’assemblage pour aller vers les produits électroniques, microprocesseurs en nette demande aux USA, vers des produits médicaux (Pourquoi pas un cluster médical au niveau de la zone de Mirebalais où il existe déjà un hôpital de grand renom ? Interview avec Dr Farmer), chercher comment mettre de la valeur ajoutée, d’où la nécessité de renforcer le capital humain haïtien (augmentation de la productivité et de la compétitivité pour pallier le retard dû au « peyilok » et au covid). Ce qui nous ramène aux trois piliers : Santé, éducation et protection sociale. Car même avec « une croissance de 10% du PIB, une bonne partie de la population ne sera pas touchée au bas de la pyramide haïtienne », a-t-il conclu.

Durant 24 h sur une période de trois jours, les 27 interventions (discours +panels), 15 sur la plateforme BRH et 12 sur la plateforme PROFIN, vont s’atteler à suivre les lignes directrices tracées par PHAREL, avec quelques nuances prêtes.

Prenons le discours du Gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois. Il a expliqué que la BRH, pour faire face à la conjoncture et projeter l’avenir, a adopté toute une panoplie de mesures et d’actions, la stratégie d’inclusion financière, l’éducation financière ; fourni des réponses conjoncturelles tout en visant les réponses structurelles ; procédé  à la modernisation du système financier, coopératives  d’épargnes et de crédits, fonds de soutien aux coopératives (100 M de G contribution de la BRH) ; pris  des lois et des circulaires  à caractère économique, dont de nouveaux produits financiers pour la population, la loi sur le bureau de crédit, sur les nouveaux billets de 2500 G, et 5000 G, la modernisation du système de crédit, la gourde digitale, la modernisation du système de paiement, l’interopérabilité, les lignes directrices pour les FINTECH, la modernisation de l’écosystème de la politique monétaire, les obligations corporatives, la titrisation immobilière et d’autres dettes (résidence à bon marché, programme 10,10, 20, soit 10% de down et 10% d’intérêt sur 20 ans), et donné accès aux crédits aux petites et moyennes entreprises.

Selon le gouverneur,   le capital humain constitue l’épine dorsale de toute politique de croissance et de création d’emploi, d’où des programmes de bourses (ambassade de France, bourse d’excellence, des partenariats avec des universités haïtiennes, etc. Par rapport aux lois de finances haïtiennes, il a constaté, en fonction des pourcentages accordés au secteur éducation, que le renforcement du capital humain n’a jamais été une vraie préoccupation pour nos dirigeants. L’éducation coute cher, mais constatons le prix que nous payons pour l’ignorance. « Le capital humain est incontournable  pour la réalisation  de grands objectifs », c’est sa principale conclusion si l’on veut déboucher sur cette nouvelle Haïti.

Je ne reviens pas sur les propos du responsable de PROFIN, Robert Paret Jr, sur ceux  du Dr Paul Latortue en relation avec l’université (1% du budget), «former du capital humain pour le développement : quel rôle pour les universités haïtiennes ? », et  sur ceux du panel, éducation entrepreneuriale et financière : Quel modèle d’école pour former du capital humain adapté au 21e siècle ? Si je me mets à résumer l’ensemble des thématiques du 11e Sommet, il me faudrait écrire un livre.

C’est pourquoi, je recommande de revivre les panels et les présentations de ce 11e événement sur la finance du Group Croissance et de ses partenaires. Revivre ces panels et présentations, c’est une forme de renforcement du  capital humain. On en apprend tellement que cela équivaudrait à une formation continue  d’un trimestre. En tout cas, c’est mon avis. A vous d’en profiter et de faire votre propre opinion. Revivez donc les Panels et Présentations de la 11ème Sommet de la Finance[5] et de la 6ème édition de la Fintech[6], et vous ne le regretterez pas.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES 

            L’exacerbation de la polarisation politique autour du référendum, des élections, du départ forcé du pdt Moïse occulte tout le reste. Une frange de l’opposition opte pour un départ négocié, l’autre frange ne pense qu’à la mobilisation populaire, le lâchage du Pdt Moïse par les américains et la communauté internationale, pour forcer son départ; en ce sens, cette frange projette 7 jours de manifestations à partir du 1er Mai. Quant au pouvoir en place, il organise au Cap-Haïtien la foire traditionnelle de l'agriculture et de l'artisanat, met à la disposition de la Centrale électrique de Ste Philomene 10.8 MW (moteurs sur place et non encore opérationnels), et procédera, le 1er Mai, à l'inauguration du Barrage Marion, son projet-phare multifonction: 20 M de m3 d'eau stockés annuellement, 3000 ha en attendant, station d'eau potable pour les populations avoisinantes (en cours), usine hydroélectrique de 200 Kw (prévue), pêche/aquaculture et tourisme (projection). 

        En attendant, la situation économique se dégrade. Le pays fonctionne au ralenti, surtout au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, avec une population abandonnée à elle-même. L’instabilité politique, l’insécurité, le kidnapping et le Covid-19 ont grandement perturbé le fonctionnement normal du pays, en particulier le secteur éducatif. Le capital humain haïtien en a pris un grand coup qui aura des répercussions fâcheuses  sur le développement du pays. En comparant la situation d’Haïti par rapport à la République Dominicaine, la Jamaïque et Trinidad, un intervenant au 11e Sommet  a fait remarquer que c’est le système éducatif de ces pays qui leur a permis d’avoir un capital humain de qualité, en bonne santé, bien éduqué et compétitif. Et c’est ce qui fait la différence entre ces pays et le nôtre. Il suffit de comparer leur niveau de richesse par rapport à celui de notre pays pour s’en convaincre.

         La semaine de la finance axée sur le renforcement du Capital Humain nous indique plusieurs pistes de solutions que nous devrons exploiter à fond. Mais, sans cette stabilité politique, la crise perdurera, et on continuera à s’enfoncer. Pour rattraper le temps perdu, il nous faudra sortir du cycle infernal de la violence liée à cette bataille politique sans grandeur et sans lendemain. Pour sortir la tête de l’eau, le pays a besoin coûte que coûte d’un accord politique, pour garantir cette stabilité politique, « le premier des biens publics », selon le Pdt Moïse, et un plan de 25 ans axé sur les six capitaux, avec accent particulier sur le capital humain, tenant et aboutissant de tout processus de développement. Pour l'accord politique, le pouvoir et l'opposition font appel à l'OEA, même si les objectifs visés sont divergents. C'est déjà cela! Que Dieu bénisse Haïti !!!  

 

 

 



 

 

 

dimanche 31 janvier 2016

HAITI : PLAIDOYER POUR UNE VRAIE SORTIE DE CRISE DANS LE CADRE D’UNE GRANDE CONCERTATION NATIONALE


HAITI : PLAIDOYER POUR UNE VRAIE SORTIE DE CRISE  DANS LE CADRE D’UNE GRANDE CONCERTATION NATIONALE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 JANVIER 2016

Ces derniers jours, il m’a été donné l’occasion (i) de visiter du 21 au 22 Janvier 2016, le Nord-Ouest du Pays où les manifestations de la Capitale Haïtienne du 22 janvier, obligeant le Conseil Electoral Provisoire à renvoyer les élections du 24 Janvier 2016 sine die et à se voir privé de son président, Pierre Louis OPONT et d’un autre membre influent, Pierre Manigat , n’avaient aucun écho ; (ii) de participer à Radio Mélodie FM, le mardi 26 Janvier 2016, à une émission  sur la crise haïtienne animée par Bernard Ethéart, Melody and Company ; (iii) de lire les diverses propositions de sortie de crise liées à la problématique haïtienne actuelle et au départ imminent du pouvoir  du Président Martelly, le 7 Février 2016, selon les prescrits de la constitution de 1987 amendée, et (iv) d’éplucher un texte intéressant de Yanick Lahens publié dans le journal, Le National, en mémoire d’Henri Bazin, « L’impasse ou la sortie du précariat », À la mémoire d’Henri Bazin, serviteur exemplaire de l’État (Réf : http://lenational.ht/limpasse-sortie precariat1/?fb_action_ids=10153413137391818&fb_action_types=og.comments). Il m’est donc venu l’idée sous l’insistance de Bernard Ethéart et de notre ami hollandais, Geert Van Vliet, de produire ce plaidoyer.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, le Lecteur doit noter que Yanick Lahens et Henri Bazin  sont des modèles à suivre. Selon moi, l'une est l'archétype du grand écrivain haïtien de la fin du 20e et du début du 21e siècle, et l'autre le plus grand fonctionnaire haïtien des 66 dernières années. Malheureusement, Ricot Bazin est parti. C'est normal que Yanick s'inspire de lui dans son article. C’est aussi normal que je cite ces deux noms en exemple pour mieux asseoir la vision d’une Haïti future peuplée en majorité de ces genres de personnes en lieu et place de ces défenseurs de clan que sont nos actuels politiciens avec, heureusement, quelques rares exceptions.

Ce parricide qui nous poursuit et nous fait perdre le nord
Tout ceci pour aboutir à la conclusion que la crise haïtienne est trop profonde pour la laisser uniquement entre les mains de nos politiciens à courte vue qui ne pensent, pour la grande majorité, qu'à leur clan respectif et jamais à Haïti, qui se mettent toujours contre quelque chose ou quelqu'un et jamais pour Haïti. Ce constat, qui traverse toute notre histoire de peuple libre et indépendant, s’est amplifié, durant toute la présidence de Martelly, pour culminer à ce que j’appelle « l’exacerbation de la bataille des clans », à cette crise permanente susceptible, cette-fois-ci, de déboucher sur la guerre civile. Il faut souligner que  cette crise s’enracine dans l'assassinat de Dessalines en 1806, ce parricide qui nous poursuit et nous fait perdre le nord.

Dans les propositions de sortie de crise, on insiste sur la nécessité d’un dialogue entre haïtiens, d’un pacte de gouvernabilité, de consensus, de dialogue politique. Notre grand ami Turnep Delpé aurait dit tout simplement « conférence nationale ». La Commission présidentielle d’évaluation électorale, qui avait été décriée par l’opposition politique, avait fait des propositions très sérieuses autour de la crise électorale, qui, si elles avaient été appliquées par le pouvoir en place, nous auraient évité le sommet atteint aujourd’hui dans le cadre de cette crise et toutes ces inquiétudes par rapport à l’avenir de notre pays.

Un cadre de référence pour le développement d’Haïti
A la réflexion et en relisant les divers textes produits depuis 1999 dans le cadre du réseau National Haïtien de FIDACIARA, (RENAH-FIDACIARA) devenu plus tard la Fondation Haïtienne pour le Développement Intégrale Latino-Américain et Caribéen (FONHDILAC), et en passant en revue la plupart de mes articles sur la problématique haïtienne, il m’est venu l’idée de revisiter le cadre de référence pour le développement d’Haïti basé sur l’approche hexagonale développée par la FONHDILAC autour des six capitaux, le capital humain, le capital social, le capital environnemental, le capital infrastructurel, le capital économique et financier, et le capital politique (institution et gouvernance) (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/05/lapproche-hexagonale.html). Ces six capitaux combinés ensemble donnent un cadre théorique de 36 éléments fondamentaux, un cadre de référence pour le développement de notre pays.

Je reste donc persuadé et les cadres de la FONHDILAC aussi, en particulier, notre président, Bernard Ethéart, que la formule de sortie de crise haïtienne devrait forcément passer : (i) par un diagnostic sérieux des six capitaux haïtiens, et par (ii) des solutions très sérieuses en relation avec ce diagnostic en profondeur. Tout ceci doit être analysé et synthétisé dans le cadre d'une grande concertation nationale.         

La nécessité d’une grande concertation nationale
Cette grande concertation nationale se fera avec toutes les forces vives du pays, les représentants du Pouvoir Exécutif, ceux du Pouvoir Législatif et du Pouvoir Judiciaire ; ceux des collectivités territoriales ; ceux des partis politiques au pouvoir et dans l’opposition ; ceux de la Société civile et du Secteur Privé des affaires ; ceux des groupes de base et du secteur paysan; ceux des universités, la communauté internationale jouant un rôle d’observateur  et éventuellement de Co-financeur. Et de cette grande concertation sortira un plan définitif de sortie de crise (plan de développement) de 25 ans à appliquer par tranche de 5 ans par des gouvernements successifs issus d’élections, un pacte entre nous pour (i) vivre ensemble sur cette terre, (ii) améliorer la situation actuelle, et (iii) projeter sur le très long terme, la vision d'une HAÏTI EMERGENTE, d’où sortira cet HAITIEN COMPETITIF (en sante et bien éduqué), vivant en communauté dans son organisation articulée par rapport aux autres organisations sociales, économiques et politiques du pays, évoluant dans un environnement régénéré et bien équipé d'infrastructures appropriées, tout ceci financé à l'horizon 10 ans à partir des ressources propres (les ressources potentielles haïtiennes du sous-sol étant estimées à 100 trillions de USD) et actuellement à partir des dons, des prêts en attendant la génération des ressources propres du pays, et, enfin, grâce à la mise en place d'institutions fortes basées sur une gouvernance à toutes épreuves tant au niveau étatique ( Central et déconcentration administrative) qu'au niveau local (collectivités territoriales et décentralisation).

La vision d’un groupe appropriée par tout un pays (?)
Cette vision est celle de notre groupe, la Fondation Haïtienne pour le Développement Intégrale Latino-Américain et Caribéen (FONHDILAC) dont l'objectif est de contribuer au développement intégrale d'Haïti dans le concert caribéen et latino-américain. Dans cette situation de crise permanente susceptible de culminer à une guerre civile après le 7 février 2016 avec, à la clef, une occupation en bonne et due forme de notre pays, cette fois-ci et une fois de trop, par les américains 101 ans après celle de 1915, n’y a-t-il pas lieu d’une appropriation de cette vision par l’ensemble du pays ? En tout cas, il n'y a plus de place pour la plaisanterie. Haïti a besoin de tous ses cerveaux (son cerveau collectif actuel) pour, comme en 1803, rééditer, en 2016, le congrès de l'Arcahaie en vue de le remettre sur les rails du développement durable et équitable au bénéfice de toutes les couches de la société haïtienne sans exclusive.

mardi 30 juillet 2019

HAITI, DU PAYS LOCK 2 A LA NOMINATION D’UN NOUVEAU PM, M. F.W. MICHEL, A L’ARRESTATION DU PUISSANT CHEF DE GANG, ARNEL JOSEPH, ET A LA NECESSITE D’UN NOUVEAU SYSTEME


HAITI, DU PAYS LOCK 2 A LA NOMINATION D’UN  NOUVEAU PM, M. F.W. MICHEL, A L’ARRESTATION DU PUISSANT CHEF DE GANG, ARNEL JOSEPH, ET A LA NECESSITE D’UN NOUVEAU SYSTEME
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30  JUILLET 2019

La situation  haïtienne du mois de juillet 2019 a été dominée, au début, par le football. Haïti  a obtenu la 3e à la Gold Cup après son élimination par le Mexique qui a battu les USA (1-0) en finale ; tandis que Brésil a été sacré Champion de la Copa América aux dépens du Pérou (2-0). Cette équipe haïtienne a fait la fierté de l’ensemble des Haïtiens et a favorisé un rare moment de communion entre nous, ce qui, avec la victoire du Brésil à la Copa America et le travail de sensibilisation réalisé par le ministre de l’ éducation nationale au sujet des examens d’Etat (un succès malgré certaines carences et les tentatives de destabilisation), a permis de casser la mobilisation politique relative à l’opération Pays lock 2[1], pour déloger le Président Jovenel Moïse au Palais National. La tentative par les petro-challengers de relancer la mobilisation en vue de fêter le premier anniversaire des événements des 6, 7, 8 Juillet 2018, et l’adhésion de l’opposition politique à cette mobilisation dans le cadre de l’ « opersyon amagedon », n’ont pas eu le succès escompté malgré un bon travail médiatique. La période d’accalmie qui s’en est suivie, en dépit de quelques épisodes d’insécurité (Croix-des-Bossales, abandon du marché par les marchandes sous les exactions des gangs, Matissant des tirs nourris et sporadiques), l’administration Moïse a choisi la date du 22 Juillet 2019 pour annoncer la démission du Premier Ministre (PM) Lapin, la nomination d’un nouveau premier ministre et l’arrestation de Arnel Joseph, le caïd le plus recherché du pays, ces derniers temps, tout en proposant, pour plus tard, un gouvernement d’ « Union Nationale ». D’où le titre de l’article du mois de juillet 2019 : «  Haïti, du pays lock 2 à la nomination d’un nouveau PM, Fritz Michel William, à l’arrestation du chef de gang, Arnel Joseph, et à la nécessité d’un nouveau système ».

Dans cet article, on passera à pieds-joints sur les conséquences de l’opération pays lock, en y faisant un clin sur les examens d’Etat; on s’attardera sur la nomination du nouveau premier ministre et de son gouvernement dans le cadre de l’ancien système qui ne veut pas mourir, les tweets attribués au nouveau PM qui en a porté un démenti formel,  et les révélations/rumeurs éclaboussant sur le plan médiatique la rapidité des actions du 22 Juillet 2019 de l’administration Moïse; et, enfin, on tournera vers la nécessité d’un nouveau système avec une vision claire et un équilibre parfait entre les composantes fondamentales du  système.

1.       Pays lock 2 et ses conséquences

On ne va pas s’attarder sur le pays lock 2e version largement traité dans l’article du mois de Juin 2019[2] . Comme il est de mise dans de pareil cas, le pays a été paralysé. Le gouvernement intérimaire de M. Lapin n’a pas eu l’aval du Parlement, qui a tout fait pour l’empêcher de fonctionner durant les quatre (4) mois de son existence, les services de l’Etat n’avaient  pas fonctionné durant la période de pays lock. Les services de la douane et de la direction générale des impôts (DGI) ont eu beaucoup de difficultés à fonctionner, le pays (secteurs étatique et privé) a eu toutes les peines du monde à avoir un semblant de fonctionnement normal. Il en résulte un effondrement  de l’économie lié à un manque de production, à une crise de change, à un déficit budgétaire, à une Inflation/stagflation : 18.6% au mois de juin 2019 ; ce qui met le pays à la limite d’une crise humanitaire, selon un économiste bien connu, d’autant que, selon les dernières informations (FAO/CNSA), 2.6 millions de personnes en insécurité alimentaire (AI) dont 2 millions en situation de crise (niveau  3) et 571,000 en situation d’urgence (niveau  4) dont 50% en milieu rural.

Dans une émission de Mise au Point, le 22 Juillet 2019, sur la TNH, Etzer Emile[3] a fourni toutes les informations en rapport avec la dégradation de l’économie haïtienne : 55% de chômage, taux de change 94 G pour 1 USD, prévision de croissance 0.4% pour 2018-2019 ; la situation d’oligopole qui structure l’économie haïtienne où, par exemple, 6 importateurs contrôlent le marché du riz. C’est à peu près la même chose pour les autres secteurs, comme le secteur bancaire par exemple. Il a décrit un Etat d’Haïti « en captivité ». Il pense qu’il faudrait une cassure, une sorte de rupture vers un « Etat visionnaire ». On y reviendra à la fin de cet article. 

Malgré tout, les Examens d’Etat ont eu lieu

En dépit de cette situation décrite plus haut,  les examens d’Etat à travers le pays ont pu avoir lieu. Le mérite revient en partie au ministre de l’éducation nationale sortant, M. Agénor,  qui a mené une bonne bataille médiatique. Les manœuvres de l’opposition politique et de certains syndicats n’ont pu empêcher la réalisation de ces examens. Il faut aussi mentionner la détermination des parents qui, pour la plupart, ont accompagné leurs enfants jusqu’aux lieux de ces examens et ont veillé jusqu’à la fin des épreuves au péril de leurs vies.

A noter que le retrait de la plupart des petro-challengers par rapport à la mobilisation programmée pour les 6 et 7 Juillet 2019 a handicapé la mise en route de l’operasyon amagedon de l’opposition politique, lancée pour la même période et au-delà, avec un objectif clair de saboter les examens d’Etat ; puisque cette opération, qui aurait dû couvrir toute la période d’examens, aurait été tout simplement fatale pour l’organisation des examens d’Etat. On en prend pour preuves les perturbations de ces examens dans certaines écoles à Saint-Marc.

Il faut signaler aussi le parcours extraordinaire de la sélection haïtienne à la Gold Cup et du Brésil à la Copa America. Cette ambiance footballistique a créé un climat favorable à l’organisation des examens d’Etat. Et, enfin, la lassitude de la population haïtienne face à cette bataille politique beaucoup plus pour le pouvoir que pour le changement du système et Haïti. A entendre, certaines personnes engagées dans la bataille, soit disant, pour changer le système, le focus est beaucoup plus mis sur la démission de Jovenel Moïse et la mise à côté de PHTK. Comme quoi, dès qu’on se débarrasse de ce régime, le problème d’Haïti serait résolu. Cela nous laisse un parfum de 2004, avec Aristide et Lavalas comme le problème. On sait ce qu’il en est résulté. C’est vrai que le système, mis en place en 1804 et affiné en 1806 après le parricide du 17 octobre 1806 (assassinat du père de la nation Jean Jacques Dessalines le Grand), a permis, de régime politique et régime politique, un ensemble de pratiques de prébendes, de prédation, de corruption, etc., qui conduisent à la situation d’aujourd’hui, ce qui nécessite un changement du système, car l’ancien a atteint ses limites.

2.       La nomination du nouveau Premier Ministre et de son gouvernement

Bien avant les pétro- challengers, les esprits avisés avaient réclamé le changement du système, et la FONHDILAC, se basant sur certaines réflexions des auteurs haïtiens et étrangers, avait proposé, fin des années 1990 et début des années 2000, toute une approche, l’approche hexagonale[4], pour le diagnostiquer, le faire fonctionner mieux et/ou le changer, malheureusement vingt ans plus tard, le système se perpétue parce que mis sous perfusion par ses profiteurs et vrais maitres[5].

C’est dans ce système que vont évoluer le nouveau Premier Ministre, Fritz William Michel, 38 ans, le 4e  PM de Jovenel Moïse[6], et son gouvernement, composé de neuf (9) femmes, plutôt jeunes.  Le nouveau PM nommé et non encore ratifié par le Parlement, a fait le dépôt de ses pièces au Parlement. Bien avant cette étape, M. Guichard Doré, conseiller spécial du Président Jovenel Moïse, a présenté le gouvernement de M. Michel comme un gouvernement de transition en vue de permettre le fonctionnement de l’Etat, et après, il sera remplacé par un gouvernement d’union nationale, qui sera issu des négociations avec l’opposition politique (Chita tande).

Rapidité des actions de l’administration stoppée par les « tweets du PM » et les « révélation/rumeurs » d’Arnel Joseph

La démission du PM Lapin et la nomination du PM Michel et de son gouvernement ont été  faites avec une rapidité étonnante. Ainsi que l’arrestation d’Arnel Joseph, le caïd le plus recherché du pays. Cette rapidité dans l’action de la part du pouvoir en place a été stoppée nette par des « révélations/rumeurs » sur des tweets attribués au PM nommé et datant de plus de dix (10) ans. Malgré le démenti apporté par le PM et son secrétaire d’Etat à la communication, M. Alexis, les réseaux sociaux se sont emparés de ces tweets. Il en a été de même pour les prétendues révélations du bandit Arnel Joseph, tout au moins au niveau des réseaux sociaux. La remarque c’est que ces «révélations » viendraient conforter la thèse développée par l’opposition politique et les organisations des droits humains. Les noms cités sont tous des gens proches de PHTK ou des conseillers du Président Moïse. Le Président, lui-même, aurait été en contact direct avec le caïd. C’est un peu insensé pour un esprit avisé de s’entendre dire qu’une administration utilise les services des bandits pour se déstabiliser, car c’est de cela qu’il s’agit, payer des bandits pour escroquer la population, pour kidnapper, pour détourner des camions de marchandises. Cela dépasserait l’entendement.

Si le cas de massacre de La Saline s’avérait ainsi que les attaques perpétrées par les bandits contre les marchandes de Croix-des-Bossales, on aurait tendance à croire que toutes révélations mettant en cause cette administration pourraient se révéler vraies. Même si, en ce qui concerne le marché de la Croix-des-Bossales, un groupe de trois marchandes a révélé, au micro de Marie Lucie Bonhomme de Vision 2000, que  ce qui se passe au niveau du marché est le résultat de la bataille pour le contrôle du marché par deux groupes de bandits qui, tous les deux, avaient l’habitude de les rançonner sous une forme ou une autre, et que ces bandits ne sont pas forcément liés à l’administration. Où est la vérité dans cet imbroglio ? Toujours est-il qu’un marché, qui brasse plus d’un  million de dollars américains par jour, et qui aide des milliers de marchandes à se tirer d’affaire sans l’appui de l’Etat, serait l’objet d’attaques de la part des bandits à la solde des gens de l’administration en place. Tout ceci laisserait tout esprit avisé ébahi.

« L’incertitude est l’ennemi no 1 de l’activité économique ».

En tout cas, ces tweets et ces « révélations » ont détourné l’attention du grand public de la mise en place du nouveau gouvernement. On attend la semaine en cours pour voir ce qui va se passer. Pour l’opposition « institutionnelle », au niveau de la Chambre basse et du Sénat, il est question plutôt  de la mise en accusation du Président de la République pour haute trahison (Chambre Basse) et de sa démission  pour se mettre à la disposition de la Justice. On est donc très loin  des demandes formulées contre le gouvernement de Lapin, à savoir de nouvelles personnalités qui n’ont pas prêté leurs services au plus haut niveau de l’Etat (ministres et autres). C’était la principale raison évoquée pour boycotter le gouvernement de Lapin. Or ce gouvernement nommé répond à deux exigences, (i) de nouveaux visages pour les petro-challengers, et (ii) de nouveaux ministres pour le  Sénat. Pourtant, on a de sérieux doutes sur l’organisation des séances au Parlement et surtout sur la ratification  de la politique générale du PM. Donc, on nage en plein dans l’incertitude. Pour répéter, Etzer Emile, « l’incertitude est l’ennemi no 1 de l’activité économique ».

3.       La nécessité d’un nouveau système

Dans le système actuel, à bout de souffle à cause de ses pratiques prédatrices de prébendes et de corruption, producteur de pauvreté et de banditisme, et basé sur des oligopoles, il est pratiquement impossible pour Haïti de faire « yon pa kita, yon pas nago ». C’est pourquoi l’opposition politique et les petro-challengers exigent au préalable la démission du Président pour se mettre à la disposition de la Justice. C’est cette bataille, depuis juillet 2018, contre le pouvoir en place qui nous a valu la situation actuelle, la mise à pied d’un PM (Jack G Lafontant), la résiliation d’un autre (Ceant), la non ratification du dernier en date (Lapin), et la nomination de ce dernier jeune loup (Michel); donc la gourde a perdu 40% de sa valeur par rapport au dollar américain (94 G= 1 USD), l’inflation est à 18.6%, 55% de la population en âge de travailler au chômage, 2. 6 millions d’haïtiens en insécurité alimentaire.  C’est normal puisque la bataille pour le pouvoir est plus importante que notre chère Haïti: 229 M d’USD de la FMI en attente d’un nouveau gouvernement, 150 M d’USD de Taïwan (accord non encore ratifié par le Parlement), les services de la Douane et de la DGI n’ont pas pu atteindre les objectifs fixés à cause du ralentissement de l’économie en général. C’est vrai ce n’est pas la nomination d’un nouveau gouvernement qui va nous permettre de changer le système actuel, est-ce une raison pour laisser pourrir la situation dans le seul but d’obtenir la démission du Chef de l’Etat ?

             En passant par le nécessaire dialogue inclusif entre nous

L’administration par l’organe de M Doré parle d’un gouvernement de transition en vue de faire fonctionner l’Etat. Pourquoi ne pas le prendre au mot ? D’autant que, jusqu’à présent, il n’y a pas encore d’alternative au remplacement du Président actuel. Comme le disait mon ami, B. Ethéart, en 1986, en se servant du cas de Jean Claude Duvalier, "pourqu'il y ait départ d'un président, il faut 3 conditions, (i) la volonté du Président de partir, (ii) la mobilisation de la rue, et (iii) le lâchage du Président par l’administration américaine". Cette assertion a été vérifiée avec Aristide en 2004. Actuellement, deux des conditions ne sont pas réunies, la rue seule ne peut pas évincer le Président actuel. Dans ce cas, il ne reste que la négociation, le chita pale, le nécessaire dialogue entre nous, la conférence nationale. Il y a un point sur lequel, les politiques et les pétro-challengers sont d’accord, il faut changer le système. A l’Arcahaie, Jovenel Moïse s’est considéré comme un accident du système. Guichard Doré a parlé de la possibilité d’un gouvernement d’Union Nationale, issu des négociations avec l’opposition politique. Qu’est-ce qui empêche aux politiciens de jouer le jeu, aux petro-challengers, aux représentants des droits humains, à la Société civile, aux représentants des syndicats et des organisations populaires, etc., d’entrer dans ce jeu pour Haïti ?

Ainsi, on pourrait mettre à profit la proposition de la plupart de ces secteurs visant, entre autre, le changement du système, selon ce qu’a rapporté en primeur Le Nouvelliste[7] : « Mettre en place une gouvernance de la transition qui sera désignée par les secteurs représentatifs et organisés de la société ; un organe de contrôle des actions gouvernementales sera constitué de la même façon ; organiser la conférence nationale dont l’objectif est de trouver des solutions appropriées pour engager la rupture avec le système actuel ; organiser le pré-dialogue, établir les thèmes de référence de la conférence… »

« Equilatéralité » du  nouveau Système

On termine cet article pour dire que toute structure ne vaut que par ses composantes et les personnes qui l’intègrent. Il en est de même pour un système. Quant au système actuel, caractérisé principalement par les trois pouvoirs d’Etat, l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, il souffre d’un profond déséquilibre, la constitution fait du Législatif le maitre du jeu, l’Exécutif, son otage,  et le Judiciaire, l’otage des deux. C’est une sorte de triangle quelconque, avec un grand côté (le Pouvoir législatif), un moyen côté (le Pouvoir exécutif) et un petit côté (le pouvoir Judiciaire). Il faudrait rééquilibrer le système par la mise en place d’un triangle équilatéral, avec le pouvoir judiciaire à la base, et les deux autres pouvoirs constituant les deux autres côtés. Le cercle Haïti serait circonscrit autour de ce triangle parfait avec « une vision de croissance et d’emploi » pour répéter Etzer Emile. C’est pourquoi je qualifierais ce nouveau système, de système équilatéral, et que j’inventerais le concept « Equilatéralité du Système ».

Ce nouveau système se baserait, selon l’approche hexagonale, sur six axes fondamentaux avec : « (i)Le capital humain comme tenant et aboutissant du processus de développement local et national ; (ii) Le capital social et culturel comme élément fondamental de socialisation ; (iii)  Le capital environnemental ou naturel comme cadre naturel, environnemental et géographique d’évolution de l’humain et des groupes sociaux ; (iv)  Le capital physique et infrastructurel comme cadre de confort de l’humain et de l’humain regroupé en société ; (v)  Le capital financier et économique, à partir de la bonne gouvernance, comme cadre de financement de l’ensemble et cadre d’évolution des activités économiques et financières susceptibles de contribuer à l’autonomisation de l’humain et des catégories sociales évoluant dans le système et le perpétuer, et (vi)  Le capital politique comme élément fondamental de coordination d’incitation, d’orientation et de régulation grâce à la bonne gouvernance ». Tout ceci avec des objectifs bien précis et des résultats concordants soutenus[8] et mis en œuvre à partir d’une stratégie participative, imbriquant les actions intra-sectorielles, articulant les actions intersectorielles et intégrant ces actions à l’action gouvernementale, pour aboutir à des effets et impacts positifs  sur la population haïtienne dans son ensemble, "sans exclusive", pour reprendre l'expression du professeur Manigat.















[2] idem
[3] Interview d’Etzer Emile avec Sergihio Lyndor : https://www.youtube.com/watch?v=LA_wo8HDCe8&feature=youtu.be
[8]  Document d’orientation pour la refondation de l’Etat d’Haïti selon une vision haïtienne. https://jrjean-noel.blogspot.com/search?q=Document+d%27orientation+pour+la+refondation+de+l%27Etat+d%27Haiti+selon+une+vision+haitienne