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jeudi 1 février 2024

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION SUR LE TERRAIN, LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE FOIS-CI GUERRE CIVILE OU ENTENTE(?)

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION SUR LE TERRAIN, LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE FOIS-CI GUERRE CIVILE OU ENTENTE(?)

 

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

31 JANVIER 2024

 

 Sur le plan international, l’année 2023 est dominée par la guerre Russo-Ukrainienne avec ses dizaines de milliers de morts, de blessés et de disparus, ses pertes matérielles et ses diverses conséquences sur les deux pays et sur le monde. A partir d’octobre 2023, la Guerre Israélo-Hamas, avec des pertes de tout genre, vient compliquer la situation au Moyen-Orient, avec des risques d’escalades et leurs conséquences désastreuses sur le monde entier. Ces deux guerres et d’autres poches de conflits qui mettent face à face l’Occident et ses alliés ainsi que l’Est global avec la Russie et la Chine comme leaders, sont en train, à la suite du Covid-19, de refaçonner le monde en une multipolarité qui étend ses tentacules, avec en particulier des répercussions sur l’Afrique et Haïti. Il faut souligner aussi la domination de Trump sur l’actualité 2023 aux USA et la possibilité d’un nouveau duel Biden vs Trump et ses répercutions éventuelles sur notre pays Haïti.

 

En Haïti , 2023, que j’espérais être l’année de redémarrage d’Haïti[1] sans aucune donnée objective, s’est achevée comme elle avait commencé dans la confusion et l’incertitude, le kidnapping donc l’insécurité globale (I) ; les sanctions internationales contre certaines personnalités politiques et économiques sans suite au niveau national donc impunité (I), même si certains juges ont émis des mandats par-ci par-là contre certaines personnalités plutôt politiques fin d’année 23 et début 24 ; les multiples rencontres entre les politiciens sous contrôle international soit en Haïti, soit à l’étranger, sans aucun résultat, donc instabilité politique (I). Les trois (I) dominent la situation Haïtienne. Cette situation très complexe, confuse et incertaine pourrait déboucher sur une guerre civile en Haïti au cas où une entente entre nous ne serait pas trouvée rapidement, ou encore une intervention de l’international comme en 1915. D’où le titre de cet article : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION SUR LE TERRAIN, LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE FOIS-CI GUERRE CIVILE OU ENTENTE(?) ».

 

I.        SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

 

Comme souligné à l’introduction de cette 43e chronique, les trois grands événements qui ont dominé en 2023 et qui persistent encore en début de 2024 demeurent (i) la guerre Russo-Ukrainienne, (ii) la guerre Israélo-Hamas et (iii) la saga D. Trump avec très probablement un nouveau duel Biden vs Trump. Il y a certes d’autres événements comme ce qui se passe en Afrique (Mali, Burkina Faso et Niger). Essayons de synthétiser ces trois événements.

 

1.1.            Guerre Russo-Ukrainienne

 

Le mois de février 2024 nous rappelle les deux années de guerre entre la Russie et l’Ukraine. La contre-offensive ukrainienne de l’été a échoué. Le pays qui est à l’offensive actuellement c’est la Russie, mais vraiment avec peu de gains importants de territoires. Depuis que la Russie s’est repliée sur le Donbass après avoir tenté vainement de prendre Kiev, la capitale de l’Ukraine, en 2022, la guerre d’attrition s’est concentrée au niveau de cette zone en grande partie dominée par elle depuis 2014.  La Russie considère qu’une grande partie de ces territoires appartient désormais à la grande Russie. Les quatre (4) Oblasts Donets, Louhansk, Zaporijia et Kherson font partie intégrante de la Russie, sans compter la péninsule de Crimée annexée depuis 2014. Ce que conteste l’Ukraine. Donc la guerre fait toujours rage dans ces zones, en particulier dans le Donbass. Le front s’étend sur plus de 1000 km.

 

Au cours de l’année 2023, en plus de la guerre d’attrition dans le Donbass, très consommatrice, d’hommes (+250,000), de matériels (+15,000) et de ressources financières, les deux états utilisent beaucoup de drones et de missiles balistiques (Russie). Les frappes à distance de la Russie touchent toutes les parties de l’Ukraine avec des dégâts au niveau des infrastructures militaires et surtout civiles, causant des pertes dans la population civile ukrainienne. Fort souvent, les frappes russes visent délibérément les infrastructures civiles pour mettre à genoux la population ukrainienne surtout en Hiver, les privant d’eau potable, d’électricité, de services hospitaliers et autres, sans compter les nombreuses pertes en vies humaines.

 

Ces derniers temps, l’Ukraine a agi de la même manière à Belgorod en Russie, ce qui n’est pas à son honneur. D’une manière générale, l’Ukraine vise les infrastructures militaires. Après avoir forcé la Russie à s’éloigner le plus loin possible au niveau de la Mer Noire (20 navires russes coulés depuis le 24 février 2022 et en Crimée à partir des drones navals et des missiles d’origine européennes et américaines et dans les territoires occupés, l’Ukraine utilise ses propres moyens pour frapper la Russie dans la profondeur à des distances de plus de 1000 km, détruisant des objectifs militaires, des infrastructures de stockage de munitions, de carburants, des infrastructures de transports, de la logistique, des infrastructures d’approvisionnements. Ce qui oblige la Russie à faire des détours plus longs pour approvisionner ses troupes dans les territoires occupés. Malgré tout en matière de munitions, l’économie de guerre a permis à la Russie d’avoir beaucoup plus de disponibilités en termes de munitions et de matériels militaires et grâce aussi à l’aide de certains alliés comme la Corée du Nord et l’Iran.

 

 Contrairement à l’Ukraine qui a vu ses ressources diminuer à cause de manque de moyens mis à disposition par les occidentaux. Les Républicains sont réticents à accorder des crédits à l’Ukraine tandis que Victor Urban de la Hongrie, ami personnel de Poutine, a longtemps empêché l’Union Européenne de décaisser 50 milliards d’Euros pour l’Ukraine jusqu’à récemment encore. Les F16 promis à l’Ukraine par l'Occident arrivent à compte-gouttes. Heureusement que la France commence à envoyer certains missiles de précision comme le SCALP, l’équivalent du STORM SHADOW britannique. En tout cas, ce qui est en train de se mettre en place montre clairement que cette guerre va encore durer longtemps.

  

1.2.            Guerre Israélo-Hamas

 

L’autre guerre qui occulte celle de l’Ukraine c’est la guerre Israélo Ukrainienne. C’est une guerre terrible. C’est vrai que le Hamas a attaqué les personnes sans défense et a tué et pris en otage 1500 Israélien, la riposte d’Israël est à mon avis un peu démesurée, plus de 25,000 morts dont des enfants dans la population palestinienne en 4 mois de guerre et ça continue. La destruction d’une bonne partie de Gaza City et de la Bande de Gaza en général où vivent plus de 2 millions de palestiniens. Comme je l’ai dit dans une vidéo, de victime Israël est devenu bourreau.

 

Emu dans un premier temps pour les Israéliens, le monde est en train de changer de camp, ce qui a donné lieu à des manifestations anti-israéliennes dans plusieurs grandes villes du monde et même aux USA. Le premier ministre d’Israël refuse un cessez le feu réclamé par la majorité du monde. L’Afrique du Sud a même porté plainte au Tribunal International contre Israël, ce pays victime de génocide durant la 2e guerre mondiale est à son tour accusé de génocide par un pays avec lequel il a de bons rapports commerciaux et autres. Il est vrai aussi que l’Afrique du Sud, ce pays ami aussi de la Russie dans le cadre des BRICS, n'a pas levé le petit doigt quand la Russie a été accusée de génocide dans sa guerre sale contre l’Ukraine.

 

Cette guerre a des conséquences très désastreuses sur le monde, sur le commerce mondial en particulier. En effet, les Houtis du Yémen, sous contrôle uranien, attaquent les navires marchands qui traversent la Mer Rouge avant de franchir le Canal de Suez. Ce qui oblige la plupart d’entre eux à éviter cet itinéraire dangereux (baisse de 45% du commerce mondial) pour aller contourner l'Afrique jusqu’en bas (Afrique du Sud) avant de remonter l’Océan Atlantique vers l’Afrique du Nord et la Méditerranée. Ce parcours fait perdre beaucoup de temps et d’argent.

 

De plus, l’occident est obligé de prendre des mesures drastiques contre « ces terroristes » dont des frappes ciblées américaines et britanniques sur des bases au Yémen. Une base américaine située en Jordanie à la frontière avec la Syrie a été attaquée avec des drones, tuant 3 jeunes soldats américains et blessant une vingtaine d’autres. Biden a nommément accusé l’Iran et promet une réponse. Il y a donc risques d’escalades. Et notre cher ami Trump en a profité pour accuser Biden de faible.

 

1.3.            2024, Elections américaines, un probable duel des gérontes Biden vs Trump

 

Trump a occupé tout l’espace médiatique américain durant toute l’année 2023 et en ce début d’année 24. Il a beaucoup de démêlés avec la justice. Il est inculpé dans plusieurs affaires et est condamné récemment à payer 83.3 millions de dollars dans une des affaires. D’autres l’attendent au tournant. Pourtant, à chaque inculpation, il devient plus populaire au point de gagner le caucus de l’IOWA et les primaires de New Hampshire sans efforts et rallier derrière lui presque tous les autres candidats, sauf une, Nikki Haley. Il ne lui reste qu’à battre sa dernière adversaire pour obtenir l’investiture républicaine. Un duel Biden vs Trump se défile de plus en plus à l’horizon. Une victoire de Trump risque une aggravation de la situation mondiale liée à son attitude autocratique et de la situation haïtienne, ce « shithole Country », susceptible avec d’autres pays « d’empoisonner le sang américain », selon Trump.

 

II.      SITUATION AU NIVEAU D’HAITI

 

Au cours de l’année 2023, j’ai pleuré la disparition de deux êtres très chers, ma femme, Marie- Andrée F. Jean-Noël (mai 2023) et ma sœur ainée, ma seconde mère, Marie-Rose J.N. Thermil (juin 2023). Au début de cette année 2024 (18 janvier), c’était le tour de mon très cher professeur de sociologie rurale, mentor, collaborateur et ami, Bernard Ethéart, un patriote avec lequel j’ai mené, et aussi avec d’autres, le combat pour le développement d’Haïti. Tous mes proches-là sont partis sans voir le renouveau d’Haïti. Notre pays s’enfonce dans une sorte de catastrophe qui se renouvelle encore plus grave à chaque fois, en particulier au cours de l’année de malédiction de 2023 et l’année de la catastrophe annoncée de 2024. Heureusement, il y a canal Massacre, canal de la dignité et de l’espoir qui, malgré l'insécurité globale, continue son petit bonhomme de chemin (KPK: Kanal Pap Kanpe).

 

2.1.            Insécurité globale

 

Bien avant la disparition du président assassiné crapuleusement, M. Jovenel Moïse, Haïti était déjà dans un cycle infernal d’insécurité. Elle s’est aggravée depuis juillet 2021 jusqu’à date. Ariel Henry qui gouverne le pays depuis, avec la bénédiction de la communauté internationale, n’a jusqu’à présent respecté aucun des points de son mandat, remanier la constitution, la mise en place d’un Conseil électoral, l’organisation d’une consultation populaire sur la constitution et l’organisation des élections générales, naturellement tout ceci en menant une lutte sans merci contre l’insécurité pour ne pas dire contre le terrorisme.  Au contraire, après plus de 30 mois au pouvoir, il se perd dans des accords et désaccords qui ont exacerbé la situation d’insécurité, au point que la zone métropolitaine de Port-au-Prince est à 80% sous le contrôle des bandes armées qui sèment la terreur au niveau de cette zone et aussi au niveau de l’Artibonite.

 

Une véritable tragédie

Ces bandes armées pillent, kidnappent, violent, s’emparent des propriétés privées et surtout tuent la population et les policiers pour le plaisir (+ 8000 morts et blessés selon l’ONU), accaparent des bâtiments publics (50 commissariats), des institutions publiques et privées (Palais de Justice, écoles, etc.). Plus de 200,000 habitants de la zone métropolitaine sont sans abri et se retrouvent sur des places publiques ou dans des institutions publiques, sans compter les habitants au niveau de la plupart des villes du Bas-Artibonite. Ce qui poussent la plupart des Haïtiens à s’installer dans d’autres régions plus calmes du pays, dans d’autres pays soit clandestinement, soit dans le cadre du programme Biden (+90,000 personnes à date). On ne compte pas les Haïtiens qui sont en République Dominicaine, dans les Antilles, en Amérique Latine, en particulier ces derniers temps au Nicaragua et qui sont disparus en mer ou dans des forêts denses de l’Amérique Latine, une véritable tragédie. Fort souvent sous l’œil indifférent du gouvernement d’Ariel Henry et de ce qui reste de la justice haïtienne.

 

2.2.            Impunité

 

Kiyès ki touye Lanperè

Il faut avouer que l’impunité n’est pas l’apanage de ce gouvernement. C’est une constante de l’histoire haïtienne. En effet, depuis l’assassinat crapuleux de l’Empereur Jean Jacques Dessalines, le 17 octobre 1806, le fondateur d’Haïti, l’impunité s’est installée dans le pays, Kiyès ki touye Lanperè (Qui a tué l’Empereur ?) se répètent les Haïtiens jusqu’à date. Mais ces derniers temps, cette impunité apparait au grand jour et prend de l’ampleur depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, le 5e chef d'Etat assassiné dans le pays depuis 1806. Les gangs, disons plutot les terroristes agissent en toute impunité. Ils se permettent de filmer leurs forfaits sachant que personne ne peut leur demander de comptes. Ils font des menaces publiques et les mettent à exécution.

 

Car la justice fait partie du système depuis 1806

Il faut préciser que ces bandes armées ne sont pas un phénomène spontané. C’est tout un construit qui remonte à des temps immémoriaux. Mais depuis le début du processus de démocratisation à partir du départ de Jean Claude Duvalier (1986), elles sont encouragées par l’appareil étatique à se mettre en place et agir pour le compte des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis. Il en a été de même pour les oppositions politiques et divers secteurs des affaires dont les secteurs obscurs de la drogue. La justice a dû fermer les yeux sur beaucoup de cas de corruption, d’assassinat, de magouilles, etc. Car la justice fait partie du système mis en place depuis 1806. Rappelons l’assassinat de l'Empereur, de Salnave et du grand Journaliste Jean Léopold Dominique.

 

C’est le monde à l’envers

Regardons actuellement comment est traité le dossier de Jovenel Moïse en Haïti. Alors que, sur le plan international, aux USA, voyons l’orientation des condamnations des différentes personnes tant haïtiennes qu’étrangères impliquées dans cet assassinat crapuleux. Faisons la comparaison avec l’orientation que donne la justice haïtienne. Elle vise surtout certains proches de la victime comme son chef de la Police, certains anciens ministres, et sa femme Mme Martine Moïse, victime collatérale de cet assassinat crapuleux avec un bras cassé qui a nécessité  plusieurs interventions chirurgicales pour un semblant de fonctionnement normal. Pourtant un mandat d’amener est émis à son encontre par le juge instructeur, alors que certaines personnes du gouvernement actuel dont les noms sont cités dans des rapports de la police judiciaire et des organisations haïtiennes des droits de l’homme, du FBI et de la grande presse américaine après des enquêtes minutieuses, et qui ont fait des menaces directes contre l’ex-président, ne sont même pas inquiétées. C’est le monde à l’envers. Cette orientation semble être beaucoup plus politique.  

 

2.3.            Instabilité politique

 

C’est l’instabilité politique qui a conduit à l’assassinat du président Moïse, avec l’implication directe ou indirecte des oppositions politiques, des secteurs des affaires, de la drogue, de l’internationale. C’est pourquoi on parle de crime transnational impliquant au premier chef les Haïtiens, les Colombiens (commando), les USA et la République Dominicaine. Jovenel Moïse s’est attaqué au système. Il en est victime.  Depuis 1986, le système haïtien est très sérieusement ébranlé par la constitution de 1987 qui dispose de beaucoup d’éléments positifs pour lui tordre le coup. En voulant le changer en douceur, la constitution de 1987 a créé un déséquilibre en accordant trop de pouvoir au Législatif par rapport aux deux autres entités de l’Etat, à savoir l’Exécutif et le Judiciaire. Le système s’est donc réadapté par rapport à cette nouvelle donne, en jouant à fond la carte parlementaire pour capturer l’Etat et continuer ses magouilles et approfondir l’écart entre une élite corrompue et la masse. Dans un article publié[2] en pleine période de « pays lock » (2019), j’ai schématisé[3] ce déséquilibre et proposé un système équilatéral avec une répartition égale des trois pouvoirs d’Etat.

 

De la publication de cet article à date, la situation politique s’est considérablement dégradée surtout après l’assassinat du président Moïse et la prise de pouvoir par Ariel Henry tiré de l’opposition politique modérée et qui a fait alliance avec la branche de l’opposition radicale en la personne de Me André Michel, la principale figure de cette branche radicale de l’opposition qui a hérité en la personne de Ricard Pierre, l’homme qui a cassé, avec 3 autres sénateurs, les mobiliers du Sénat,  le ministère de la planification, l’un des ministères-clé du pays. L’instabilité politique s’est traduite par une sorte d’inaction masquée par des négociations sans fin, favorisant la perpétuation de cette équipe au pouvoir et le règne grandissant de bandits armés.

 

Le phénomène « Bwakale » est donc étouffé

Comme le peuple souffre, il a réagi contre les bandits par un phénomène appelé « Bwakale » où il a entrepris d’éliminer de manière violente certains bandits. Automatiquement, la communauté internationale et le gouvernement haïtien, jusque-là indifférents au sort du peuple haïtien, la grande victime de ces malfrats, s’offusquent et le gouvernement prend des mesures pour casser le mouvement. Le phénomène « Bwakale » est donc étouffé. Et les bandits qui étaient paniqués au point de chercher refuge dans certaines villes et villages de province, ont repris confiance et ont continué leurs exactions contre le peuple.

 

Une véritable dictature sanguinaire des bandits

Entre temps, nos politiciens indifférents au sort du peuple et la communauté internationale continuent leur semblant de négociation pour une solution durable à l’haïtienne laissant le champ libre aux bandits qui se pavanent en régnant sur des territoires qui s’agrandissent tous les jours. Ils deviennent de plus en plus riches et s’octroient des fonctions régaliennes de l’Etat comme percevoir des « taxes », décidant quand et où intervenir et même du droit de vie ou de mort sur le peuple. Ils ont établi une véritable dictature sanguinaire.

 

Tentative de paralysie du BSAP

Les Américains, pour une raison ou une autre, ont relâché l’ex-sénateur élu (et privé de son mandat), Guy Philippe après 6 ans dans leur geôle. Ce dernier aussitôt débarqué au pays a changé la donne politique en se constituant en révolutionnaire et en catalyseur des diverses parties prenantes anti Ariel Henry. Le Pouvoir pris de panique qui plaçait en douceur ses pions au sein de l’administration, accélère le processus en nommant des maires, des délégués au niveau des départements et arrondissements prenant fait et cause pour Guy Philippe, révoque le directeur général des aires protégées et intime l’ordre au BSAP, cette force dont la mission primaire est de sécuriser les aires protégées mais qui s’est faite une popularité en se tenant en face des forces dominicaines pour défendre la construction du canal Massacre contestée par Luis Abinader, le président dominicain, et en prenant position pour Guy Philippe.

 

2.4.            Canal Massacre, « canal de la dignité et de l’espoir »

En septembre 2023, les habitants de Ouanaminthe et de Ferrier ont décidé de reprendre la construction du canal Massacre suspendu depuis l’assassinat du président Moïse. Malgré l’opposition du président Abinader qui a adopté vis-à-vis d’Haïti une série de mesures disproportionnées pour un simple canal de capacité de 1.5 m3/s. Ces mesures ont eu pour effets immédiats de galvaniser les Haïtiens qui se sont arrangés sans l’appui du gouvernement pour mener à bien la construction du canal.

Le canal devient un enjeu politique

Actuellement, l’ouvrage de prise en rivière est pratiquement achevé. Les mesures adoptées par Abinader ont favorisé le renforcement d’une solidarité à toutes épreuves des Haïtiens autour du canal, qualifié de Canal de la dignité et de l’espoir. Au dernier moment, le gouvernement s’est manifesté pour apporter son appui dans la reconstruction du canal. Cet appui qui est d’ailleurs naturel, a fait polémique car la politique politicienne s’est mêlée de la question. Normalement, la construction de tous ouvrages de cette envergure relève exclusivement de l’Etat. Malheureusement, vu que ce gouvernement n’avait pris aucune mesure pour continuer la construction depuis plus de 2 ans, les paysans ont compris qu’ils étaient de leur devoir de prendre les choses en main.

Et c’est ce qu’ils ont fait et les politiciens se sont mêlés de la partie pour nuire au gouvernement en place déjà décrié. Le canal devient un enjeu politique. Et la plupart des politiciens de l’opposition ont payé de leur présence sur le canal, une petite visite par-ci, par-là, peut-être d’autres contributions (?). En tout cas, ce canal a forcé certains techniciens, profitant de l’engouement du canal, à proposer le montage d’un dossier sérieux pour Haïti et aussi pour l’agriculture. En tout cas, le canal nous redonne de l’espoir pour une autre Haïti, peut-être pas en 2024 mais pour plus tard sans faute.


III.    CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

L’année 2023, que j’ai qualifiée de l’année de redémarrage d’Haïti dans mon bilan 2022 et perspective 2023, s’est révélée une année catastrophique sur le plan personnel, pour Haïti et aussi pour le monde. Elle semble se prolonger en 2024 avec la disparition de mon très cher ami Bernard Ethéart, avec le 21e mois de la guerre Russo-Ukrainienne et le 4e mois de la guerre Israélo-Hamas, avec les dizaines de milliers de morts et de blessés dénombrés et les risques d’escalades au niveau mondial, et avec les milliers de morts et de blessés recensés et la catastrophe annoncée en Haïti pour l’année 2024.

En effet, au niveau mondial, les guerres Russo-Ukrainienne et Israélo-Hamas provoquent à elles deux plus de 250,000 morts et blessés, des pertes en matériels énormes chiffrés à des centaines de milliards de dollars américains, un réarmement mondial tous azimuts. On parle de course aux armements, la Russie parle d’économie de guerre, les budgets de défenses augmentent considérablement dans presque toutes les grandes et moyennes puissances mondiales au détriment de tout le reste. Le commerce international est très perturbé baisse de 45% au niveau de la Mer Rouge donc du Canal de Suez. L’économie mondiale va en subir les conséquences, ralentissement, inflation, insécurité globale, insécurité alimentaire, l’agriculture en paiera le prix, les démocraties mondiales seront affaiblies au profit des autocraties en favorisant la prise de pouvoir par des régimes autoritaires ou tout au moins à caractère autoritaire, ou encore avec basculement vers la droite comme en Pologne, en Suède, en Italie. L’année 2024 sera l’année de tous les dangers pour le monde et pour Haïti surtout avec la possible prise de pouvoir par Trump aux USA.

Chez nous en Haïti, avec la domination de l’insécurité globale et ses répercussions sur l’ensemble du pays, en termes d’aggravation de la longue crise politique, de la décroissance de l’économie (-1.9%) pour la 5% année consécutive, de l’insécurité alimentaire (50% de la population), Taux de change autour de 131.54 G pour 1 dollar, Taux d’inflation élevé, l’année 2024 sera encore plus terrible par rapport à 2023. Car, si la guerre civile annoncée devient réalité, alors là Haïti sera, peut-être, libérée d’une certaine manière, mais à quel prix ? Ne serait-il pas mieux de s’entendre pour une transition en douceur du pouvoir ? Alors Guerre civile ou Entente ? A moins que cette fois-ci la communauté Internationale se mêle de la partie pour nous aider réellement et non pour préserver ses intérêts mesquins vis-à-vis de ce pays qui l’a forcée à modifier son système d’exploitation de l’homme par l’homme. Attendons voir !

jeudi 7 décembre 2023

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (42) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (18-19), STAGNATION DE LA CONTRE-OFFENSIVE DE L’UKRAINE ; GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI : CANAL MASSACRE, INSECURITE ALIMENTAIRE ET INSECURITE GLOBALE.

 

HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (42) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (18-19), STAGNATION DE LA CONTRE-OFFENSIVE DE L’UKRAINE ; GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI : CANAL MASSACRE, INSECURITE ALIMENTAIRE ET INSECURITE GLOBALE.

6 DECEMBRE 2023

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

Durant ces mois d’octobre et de novembre 2023, la situation tant au niveau d’Haïti qu’au niveau mondial a connu des évolutions plutôt tristes, la guerre des gangs en Haïti, surtout au niveau de Carrefour/Mariani, de Cité Soleil, de Solino, etc. ; en plus de la guerre en Ukraine, il faut dorénavant compter avec la guerre Israélo-HAMAS. Cette dernière occulte celle de l’Ukraine et crée des conditions plutôt favorables pour la Russie, même si le sommet Biden/Xi Jinping, en Californie, a beaucoup décrispé la situation au niveau mondial. Heureusement, au niveau d’Haïti, le canal Massacre demeure au centre de l’actualité malgré les exactions des gangs et l’indifférence de nos politiciens tant au niveau du pouvoir qu’au niveau des oppositions. Pourtant avec l’arrestation de Joseph Félix Badio, présenté comme le cerveau de l’assassinat crapuleux de Jovenel Moïse, et les sanctions internationales contre la plupart de nos politiciens et de nos hommes d’affaires les plus-en-vue et les plus connus, tout ce beau monde aurait dû regarder avec beaucoup plus d’intérêt la situation du pays haïtien victime de leurs magouilles pour la capture de l’Etat. Il n’en est rien. C’est encore l’instabilité politique, l’insécurité et l’impunité. D’où le titre de cette 42e chronique : « HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (42) ? LE MONDE : GUERRE EN UKRAINE (18-19), STAGNATION DE LA CONTRE-OFFENSIVE DE L’UKRAINE, GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI : CANAL MASSACRE, INSECURITE ALIMENTAIRE ET INSECURITE GLOBALE ».

1.   LA SITUATION AU NIVEAU MONDIAL

 

1.1.             La guerre Israélo-Hamas détrône l’Ukraine[1]

L’attaque surprise de Hamas le 7 octobre 2023 contre des jeunes israéliens qui s’amusaient dans le désert au sud de la Bande de Gaza, a fait plus de 1300 morts et des otages. Les combattants du HAMAS qui ont bien préparé leur coup à l’insu du service secret israélien, le MOSAD, se sont réfugiés dans la Bande de Gaza, un territoire palestinien de 385 km2, en particulier dans des tunnels, des galeries de centaines de km réalisés sous des bâtiments administratifs et des centres hospitaliers et scolaires, qui ont mis en grande difficulté l’armée israélienne dans sa riposte. Ce qui a donné lieu à des milliers de victimes palestiniennes dont plus de 15,000 morts civiles selon le Hamas, au point qu’un haut fonctionnaire de l’ONU aurait évoqué la notion de crimes de guerre, d’autres dirigeants utilisent le vocable génocide. De victime Israël est passé à l'état de bourreau. Dans les pays occidentaux qui soutiennent Israël, il a été enregistré des manifestations monstres en faveur des Palestiniens, sans compter celles enregistrées dans les pays arabes.

Il est à noter que cette attaque du Hamas n’est pas le fruit du hasard. L’Iran qui contrôle le HAMAS palestinien, le HEZBOLLAH libanais et le Yemen, et aussi allié de la Russie, y est très certainement pour quelque chose.  Cela explique en partie le contentement de Vladimir Poutine et sa position face à ce nouveau conflit qui, alliance oblige, force les USA à disperser ses ressources et ses forces sur un autre front autre que l’Ukraine et aussi tout l’Occident. En effet, les USA et l’Occident ont dû porter main forte à Israël, en déployant des forces navales dans la zone, en actionnant leurs bases au niveau de la zone de conflit, pour intimider les puissances propalestiniennes de la zone, en particulier l’Iran et ses alliés, le Yemen, la Syrie. D’autant que l’une des puissances régionales, la Turquie, a pris fait et cause pour les Palestiniens et a eu des pourparlers avec l’Iran sur ce conflit et condamne sans ambages Israël.

Israël, tout en opérant au niveau de Gaza City, encerclée et pénétrée, a dû surveiller et répliquer contre le Hezbollah libanais au Nord et les activistes syriens à l’Est en frappant certaines bases et au moins deux aéroports en Syrie, et en se protégeant des drones et missiles seul et avec l’aide des Américains. On comprend dans ces conditions que tout cela est favorable à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine abandonnée par ses alliés occidentaux et n’ayant pas suffisamment de moyens propres pour combattre la grande Russie dont l’économie de guerre tourne à plein régime avec l’aide des coréens du nord, de l’Iran et de celle indirecte de la Chine et de la Turquie, commerce bilatéral oblige.

1.2.             La guerre en Ukraine stagnation ou échec de la contre-offensive ?

Par rapport à notre dernière rubrique, on n’enregistre pas de changements trop significatifs, sinon une certaine assurance de la part de la Russie avec le déclenchement de la guerre israélo-HAMAS. LUkraine, en particulier la contre-offensive ukrainienne, a pu produire certaines brèches, mais, jusqu’à date, pas de percées. La guerre d’attrition se concentre toujours dans le Donbass. Les deux armées se neutralisent. La Russie s’est permise de contre-attaquer et de reprendre certaines localités. Dans cette partie de l’Ukraine, les deux armées perdent beaucoup d’hommes, la Russie un peu plus. Il faut noter que la Russie a l’avantage du nombre avec ses plus de 150 millions d’habitants et sa doctrine militaire qui n’accorde pas trop d’importance à la vie des soldats, elle peut se permettre de sacrifier beaucoup de soldats pour atteindre certains objectifs militaires jugés cruciaux (la prise de Bakhmuth par exemple). 

C’est pourquoi, elle lance plusieurs contre-offensives dont la plus connue est celle d’Avdiivka et autres qui engloutissent environ 900 soldats par jour selon la presse occidentaleCe que ne peut se permettre l’armée ukrainienne pour deux raisons : premièrement, ce n’est pas dans sa doctrine, et de deux c’est une armée qui se bat à l’occidental, mais aussi avec des réflexes soviétiques. 

Avec des pertes enregistrées depuis le lancement de la contre-offensive, on sent une sorte d’essoufflement, et l’interview sincère du Général Valery Zaloujny[2], le chef d’Etat-Major ukrainien, avec le journal anglais, The Economist, vient confirmer cet état de fait.   De plus, face au manque de ressources humaines dans l’armée ukrainienne et des difficultés à recruter de jeunes hommes, l’Ukraine se défend comme elle peut avec les moyens dont elle dispose, la production de drones navals et de drones kamikazes (50,000/mois). Les propos tenus par le général Zaloujny ne sont très rassurants pour le camp ukrainien. Malgré les propos du président Zelensky en contradiction avec ceux du général, la presse occidentale commence à s’interroger sur un éventuel échec de l’Ukraine.

Les rivalités entre Zelensky et le général Zaloujny, très populaire et qui pourrait se déclarer candidat aux prochaines élections dans le cas où elles se tiendraient en 2024 tel que prévu par la Constitution et dont Zelensky pourrait évoquer l’état de guerre pour ne pas les organiser, apparaissent au grand jour et pourraient affaiblir l’armée ukrainienne.

Les USA et l’Occident, qui soutiennent, à coup de milliards d’USD et de matériels, les efforts de guerre de l’Ukraine face à la Russie, concentrent actuellement leurs efforts dans la protection d’Israël. Toute une armada de l’armée américaine est envoyée dans la zone du conflit, pour dissuader les ennemis d’Israël, en particulier l’Iran, le patron du HAMAS et aussi du Hezbolla libanais (au nord d’Israël) mieux équipés en matériels et en hommes grâce à l’appui de l’Iran.

2.   LA SITUATION AU NIVEAU D’HAÏTI

D’un autre côté, Haïti  se range derrière le Canal Massacre qui fait la une de l’actualité, malgré l’arrestation de Badio, le principal suspect dans l’assassinat crapuleux du président Jovenel Moïse, malgré les multiples sanctions internationales à l’encontre de la plupart des politiciens et hommes d’affaires, malgré le 1er Sommet Arabie Saoudite/CARICOM auquel a pris part le premier ministre Ariel Henry, malgré le retour au pays après 6 ans d’emprisonnement aux USA de l’ex-sénateur Guy Philippe, le principal instigateur de terrain de la révolte militaire contre le président Aristide en 2004 et qui est bien accueilli par les populations de la Péninsule sud d’Haïti.

2.1.             Le Canal Massacre la solidarité continue

La ferveur des Haïtiens tant en Haïti que dans la diaspora ne faiblit pas. Les travaux continuent de plus bel au niveau du canal, en particulier au niveau de la prise principale. Les murs latéraux en béton armé prolongés par des murs en gabions sont à un stade avancé ainsi que le seuil en rivière. A distance, les travaux semblent de qualité. Et ce, malgré les tensions palpables entre l’armée dominicaine et la population de la zone, malgré l’ouverture de la frontière du coté dominicain et restée fermée du coté haïtien sur demande d’une bonne partie de la population. Ce qui fait perdre des dizaines de milliers de dollars aux dominicains et exige beaucoup de sacrifices de la part des Haïtiens qui s’approvisionnent généralement en République Dominicaine pour leurs besoins primaires et autres (+1.8 Mrds d'USD/An).

Cette détermination haïtienne face aux décisions unilatérales et exagérées de la part du gouvernement dominicain a surpris la partie dominicaine. Abinader, le président dominicain, se retrouve dans ses petits souliers et pourrait payer très cher ses décisions précipitées contre Haïti pour la continuation des travaux sur un simple canal de 1.5 m3/s, alors que, du coté dominicain, ils en ont déjà réalisé 11 prises sur la rivière Massacre. Non seulement la République Dominicaine a déjà porté plainte contre Haïti au niveau de l’OEA et d’autres instances régionales, mais aussi a envoyé au niveau de l’Union Européenne (UE) une délégation de haut niveau sur ce dossier. A noter que l’UE est l’un des financeurs des actions au niveau de la zone frontalière entre les deux pays. L’OEA a visité la RD et Haïti. L’ex-premier ministre britannique, Tony Blair, sollicité par le gouvernement haïtien pour jouer un rôle d’intermédiaire entre les deux pays, a déjà visité la RD. 

Normalement, eu égard à notre connaissance de ce dossier, c’est le gouvernement haïtien (GH) qui aurait dû porter plainte conte la RD avec des chances sérieuses de confondre cette dernière. Malheureusement, le GH est beaucoup plus préoccupé par des problèmes de son maintien au pouvoir que par ce dossier fédérateur du canal massacre qui fait l’unanimité chez tous les Haïtiens.

2.2.             Sur le plan politique, le statu quo

Comme je l’ai constaté dans ma dernière chronique[3], « Rien ne bouge sur le plan politique malgré la dernière tentative de la CARICOM, malgré les bruits de bottes de l’armée kenyane. Les positions restent figées. Ariel Henry et son équipe restent sur leur position, tandis que les opposions font pareil. Haïti demeure le cadet de leurs soucis. « Je me maintiens », dit l’un ; « ôte-toi que je m’y mette », dit l’autre. Même s’ils ne le disent pas de cette manière, c’est ce qu’on ressent dans leurs attitudes, comportements et propos. On dirait qu’ils ne voient pas ce qui se passe autour d’eux, dans notre pays qui meurt à petit feu à cause des bandits en particulier. »

Il est bruit que la CARICOM, l’ONU et d’autres entités internationales continuent de mettre la pression sur la classe politique haïtienne pour trouver un consensus le plus rapidement possible. Une délégation kenyane a séjourné en Haïti et a eu des discussions avec le PM Henry. On a comme l’impression que la communauté internationale voudrait trouver un consensus politique avant l’arrivée de la mission de l’ONU prévue pour le début de l’année 2024. Des rumeurs persistantes parlent d’un draft d’accord entre les protagonistes politiques haïtiens. Le vrai problème demeure l’exigence préalable d'une partie de l’opposition politique, l'éviction du PM Henry. Ce qui nous ramène au problème de départ qui a conduit à l’assassinat du président Moïse : « Ote-toi que je m’y mette ».

Il est clair que la communauté internationale ne voudrait plus d’une autre transition. Elle veut aller le plus vite possible aux élections générales. Il se pose le problème du mandat du PM Henry qui, selon le dernier accord, devrait prendre fin le 7 février 2024 par le transfert du pouvoir aux élus issus d’élections générales dans le pays. Or rien n’a été fait en ce sens, pas de mise en place de conseil électoral, pas de nouvelle constitution/ou d’amendements à l’actuelle constitution et naturellement pas de consultation populaire y relative, et en fin de compte pas de nouvelles élections. Qui nous garantit que tout cela va se faire au cours de 2024 avec un Ariel Henry toujours au pouvoir ? Dans le cas où Henry devrait partir, comment le remplacer ? En l’absence de provision constitutionnelle, par un tweet de la communauté internationale ? Et les gangs dans tout ça ?

2.3.             Le règne des bandits, leurs exactions et la guerre des gangs

Les Gangs ne chôment pas. Ils continuent de kidnapper, de piller, de violer, de tuer, d’élargir leurs territoires et surtout de s’entretuer. Les gangs de Port-au-Prince par exemple se battent au niveau de Carrefour/Mariani, de Cité Soleil, de Solino, de Tabarre et Croix-des-Bouquets. Plusieurs membres et chefs de gangs sont tombés. C’est la même chose au niveau de Mariani, de Carrefour, de Martissant, de Bélair, et aussi de Tabarre dans le camp de Vitelhomme.

Quant aux Gangs de l’Artibonite, ils font des exactions terribles sur la population de la zone, agissant comme ceux de la zone métropolitaine mais ne se battent entre eux; ils détournent des camions de marchandises, violent et tuent des jeunes filles qui refusent de céder à  leurs avances sexuelles et même de coucher avec eux sous pression. Le Haut et le Bas Artibonite exigent l’intervention de la Police Nationale pour neutraliser ces gangs. Des manifestations de protestation sont organisées le 5 décembre aux Gonaïves et à Saint-Marc pour demander à M. Paul Menard, le commandant de la PNH au niveau du département de l’Artibonite, de prendre ses responsabilités, et lancent des appels au gouvernement et au commandant en chef de la PNH de fournir les moyens au responsable de l’Artibonite pour éradiquer les gangs au niveau de ce département, le principal grenier du pays.

2.4.             La situation de l’insécurité alimentaire tend à s’aggraver

Ces gangs tant au niveau de l’Ouest que de l’Artibonite, les deux plus grands départements du pays et mieux équipés en périmètres irrigués, réduisent considérablement la capacité de ces départements à produire suffisamment d’aliments pour le pays et empêchent la libre circulation des produits agricoles d’une zone à une autre. Ce qui augmente le niveau d’insécurité alimentaire dans le pays (plus de 5 M de personnes), d’autant que, avec le conflit avec la RD, la situation de l’insécurité alimentaire tend à s’aggraver. On ne sait pas ce qui va se passer. On sait que la force multinationale aura du pain sur la planche.

Pour Guy Philippe, le problème de l’insécurité globale pourrait se résoudre en 90 jours. La PNH et l’Armée d’Haïti pourraient trouver une solution durable à ce problème. Lui il est prêt si la population lui fait confiance et accepte de l’accompagner dans cette aventure. Il ne pense pas que la communauté internationale (le blanc) puisse faire grand'chose par rapport à cette problématique. Selon l'ancien rebelle de 2004, seuls les Haïtiens sont en mesure de résoudre définitivement la problématique de l’insécurité globale avec les forces de l’ordre du pays, à savoir l’Armée d’Haïti et la Police Nationale d’Haïti (PNH). Et enfin, Guy Philippe croit dur comme fer que le Kenya n’est pas capable de résoudre ce problème d’insécurité.

2.5.             Le Kenya viendra-t-il ou pas ?

Si l’on se réfère à la délégation kényane  qui a séjourné en Haïti ces derniers jours, tout serait fin prêt pour démarrer la mission au début de l’année 2024. Dans ces conditions, on dirait que les problèmes de moyens à mettre à dispositions du Kenya par la communauté internationale seraient résolus ainsi que ses problèmes internes. En tout cas, attendons voir ce qui va se passer. Pour nous qui suivons ce qui se passe au Kenya avec la Cour Suprême qui doit se prononcer définitivement sur le dossier Haïti, ainsi que la position de l’opposition politique de ce pays vis-à-vis du dossier, on aurait tendance à croire que rien n’est gagné d’avance.

Haïti devra donc se préparer pour bien gérer cette énième intervention de la communauté internationale à son avantage en s’organisant pour avoir un bon dossier de développement de notre pays qui tienne compte des aspects d’urgence, de relèvement et de développement.

3.   CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

 Une fois de plus, un petit problème de santé ne m’a pas permis  de produire à temps cette 42e chronique. Comme à mes habitudes, dans ces circonstances, et pour me faire pardonner, j’ai fait un certain nombre de vidéos en vue d’analyser les faits les plus saillants de cette période de deux mois tant au niveau mondial qu’au niveau national.

Au niveau mondial, malgré la rencontre, en Californie, entre les représentants des deux plus grandes puissances actuelles, à savoir les USA et la Chine, la guerre israélo-Amas et la guerre russo-ukrainienne occupent l’actualité internationale, avec une nette domination de la première, parce que c’est Israël et parce qu’aussi et surtout c’est le chouchou des américains et de l’Occident. Cette guerre fait des milliers de morts civiles. L’attaque surprise du Hamas du 7 octobre, a fait plus de 1300 victimes, tandis que la réponse Israélienne en a fait plus de 15,000 selon le Hamas. En tout cas, cette guerre pourrait embraser tout le Moyen-Orient au cas où une solution durable ne se pointerait pas à l’horizon le plus rapidement possible.

   Quant à la guerre russo-ukrainienne, la situation n’évolue pas de manière significative par rapport au mois de septembre 23. Peut-être en termes d’augmentation du nombre de morts des deux côtés. On a parlé de 900 morts par jour du côté russe, en particulier à Avdiivka, ce qui nous rappelle la bataille de Bakhmuth. On suppose que, eu égard aux confidences du Général Jaloujny à The Economist, un journal anglais, le nombre de morts du côté ukrainien est très significatif, peut-être pas au même niveau que celui des Russes.  Ce qui est sûr, c’est que les territoires sous contrôle russe pourront être difficilement récupérables par les ukrainiens ; donc la guerre sur ces territoires, particulièrement  au niveau du Donbass, pourra durer longtemps encore et consacrera la suprématie des drones comme la principale arme de cette guerre et des  guerres futures.

En Haïti, le Canal Massacre occupe toujours le devant de la scène. Les travaux avancent assez bien sous le label KPK (Kanal La Pap Kanpe), surtout au niveau de la prise principale. Les dominicains ont porté plainte à l’OEA contre le gouvernement haïtien  et envoient une délégation de haut  niveau à l’Union Européenne pour plaider leur cause en relation avec la construction du canal. Une délégation de l’OEA a été en République Dominicaine et ensuite en Haïti. Le Premier Ministre Ariel Henry a, en marge du Sommet Arabie Saoudite-CARICOM, sollicité l’appui de l’ex-Premier Ministre anglais, Tony Blair, pour une médiation entre Haïti et la République Dominicaine. Qu’adviendra-t-il de tout cela ?

En attendant, la situation politique n’a connu officiellement aucune évolution malgré l’insistance de la CARICOM pour trouver un consensus entre les protagonistes politiques haïtiens, en vue de la mise en place d’un gouvernement de consensus, l’élargissement du Haut Conseil de Transition, la mise en place du Conseil Electoral Provisoire, l’organisation des consultations populaires eu égard à la constitution, et l’organisation des élections générales dans le pays. Certaines entités de l’opposition restent sur leur position : le départ préalable d’Ariel Henry. Les gangs de leur côté mettent le pays à feu et à sang dans l’Ouest et dans l’Artibonite. Et le Kenya n’arrive pas à point pour prendre la tête de la force multinationale qui viendrait combattre les gangs, à cause des problèmes internes  et des moyens qui tardent à se mettre en place par la communauté internationale.

En attendant, le pays haïtien périclite sous le poids d’une insécurité alimentaire touchant plus de 5 millions de personnes, d’une insécurité globale qui pousse plus de 90,000 personnes à quitter le pays dans le cadre du programme Biden, et aussi des milliers d’autres par avion vers le Nicaragua, programme suspendu par les Américains et doublé de mesures drastiques contre les organisateurs de ces voyages. Sans compter ceux-là qui continuent de prendre de frêles embarcations vers des cieux plus cléments.

Tout cela sous le regard indifférent de nos politiciens dont les plus connus sont sous sanctions internationales et/ou menacés d’emprisonnement par les enquêtes de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), et le petit groupe restant se bat pour le maintien et l’accès à tout prix aux broutilles du pouvoir politique. Y-a-t-il de l’Espoir pour Haïti ?