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vendredi 29 novembre 2019

#HAITI, DU #PEYILOK 3.1 AU CALME PRECAIRE ? VERS UNE ENTENTE NATIONALE FORCÉE/ « UN ACCORD POLITIQUE » OU « UN COUP D’ETAT DE L’OPPOSITION POLITIQUE » ?


#HAITI, DU #PEYILOK 3.1 AU CALME PRECAIRE ? VERS UNE ENTENTE NATIONALE FORCÉE/ « UN ACCORD POLITIQUE » OU « UN COUP D’ETAT DE L’OPPOSITION POLITIQUE » ?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
29 NOVEMBRE 2019
REVU ET CORRIGE LE 2/12/19

Jusqu’à la 2e semaine de Novembre 2019, soit près de deux mois après le début  du 3e Peyilok, Haïti était totalement bloquée [1], sous l’instigation de l’opposition politique. Rien ne fonctionnait à cause des barricades érigées dans la majeure partie du pays, en particulier au niveau des grandes villes et les routes nationales par des militants politiques de connivence, très souvent, avec des bandits armés qui, selon certains membres de l’opposition, sont à la solde du pouvoir en place.  Pourtant, Arnel Belizaire, un des leaders de l’opposition, qui a déclaré publiquement avoir fait bloquer Arcahaie, Nationale No 1, et Chalon, Nationale No 2, pour ne citer que ces zones, vient d’être arrêté, durant la période d’accalmie précaire, par la police dans la nuit du 29 au 30 novembre 2019, avec armes de guerre, munitions, bagages et 7 autres acolytes.

C’est à la faveur de cette accalmie de la situation que l’Agr. Frantz Nelson, un ami et collègue, a osé affronter la rue. Il fut braqué, blessé à la jambe et déposé sans vie, le 9 novembre, à l’hôpital La Paix, à Delmas 33. L’insécurité venait de priver Haïti de l’un ses brillants esprits, dont le seul péché était de choisir de vivre et de travailler dans son pays. Cela aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous. Il a osé sortir pour acheter un médicament. Il a payé de sa vie son droit de passage, et sa dernière sortie dans les rues de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Combien de Frantz ont perdu leur vie dans cette période d’entropie politique [2] ? Combien de professionnels ? Combien de jeunes ? Combien de policiers ? Combien d’Haïtiens ? Combien de commissariats qui ont été incendiés ? Combien de tribunaux ? Combien d’écoles ? Combien de véhicules privés, combien de bus, combien de camions de transports de marchandises qui ont été pillés, incendiés, endommagés ou tout simplement immobilisés à cause de la crise? Quid des industries scolaires, touristiques, textiles, bancaires, et les activités connexes, restaurants, petites marchandes, les cireurs de bottes, les employés des entreprises, des banques, des hôtels, mis au chômage  etc., qui ont vu leurs activités réduire drastiquement? Combien de produits agricoles restés pourrir sur place faute de transports ? Combien de marchés communaux dont les activités sont réduites comme une peau de chagrin ? Quel est l’impact  de cette crise sur notre économie moribonde, sur la santé physique et mentale des haïtiens ?  Bref, combien de pertes et dommages enregistrés durant ces trois périodes de pays lock ?  

             « Une fourchette entre 35 et 50% du PIB »

Dans l’article du mois d’octobre 2019, j’ai osé émettre une hypothèse, en me basant sur le passage de Matthew sur Haïti (32% du PIB[3]), d’une fourchette comprise entre 35 et 50% du PIB[4]. Nos experts et universités ont du pain sur la planche pour nous donner une évaluation acceptable et fiable de l’impact de la crise. Beaucoup d’études à faire. Il faut signaler que, selon le FMI, l’inflation dépasse 20%, le taux de croissance en glissement annuel est négatif (-1.2%). En clair, la pauvreté gagne de plus en plus de terrain, à cause de cette entropie politique qui s’est aggravée depuis juillet 2018, mais qui, depuis plus de trente ans, s’est installée dans le pays comme un mode de vie. Pour sortir de cette situation, il nous faudra de la stabilité politique, du calme, mais pas de ce calme précaire.

L’accalmie précaire et ses facteurs explicatifs

Maintenant, comment est-on arrivé à ce calme précaire?

Il  y a plusieurs facteurs qui pourraient, à mon avis, expliquer ce calme:

(i)          La fatigue des manifestants et la mauvaise gestion des barricades prises en otage, en grande partie, par des bandits qui rançonnent les passants à motos, en véhicules et même à pieds. Ces pratiques ont dérangé beaucoup de personnes d’autant que, dans certains cas, les bandits n’ont pas hésité à tirer à vue, alors que certains membres de l’opposition s’enorgueillissent de traverser les barricades sans être inquiétés.


(ii)         L’accord de Marriott entre les diverses oppositions au président J. Moïse et le processus du choix du président provisoire qui devrait sortir de la Cour  de Cassation et du premier ministre qui est de la responsabilité de l’Alternative consensuelle ; cet accord est certes applaudi comme un bon pas franchi par l’opposition plurielle mais il a aussi pour effet immédiat de démobiliser les manifestants, qui croyaient, une fois l’accord signé, le Président J. Moïse allait être automatiquement remplacé, au plus tard, le 18 Novembre 2019, comme promis par le porte-parole de l’opposition radicale, Me Miche André. Il n’en était rien.

(iii)         La lettre du Ministre des affaires étrangères, Bocchit Edmond, de demande d’assistance humanitaire et logistique à son homologue américain, mésinterprétée par l’opposition politique par la voix de Me Michel André, qui y voyait une manœuvre de Jovenel Moïse pour rester au pouvoir avec l’aide des américains, et l’arrivée, tout de suite après, de l’USNSCOMFORT, un bateau-hôpital, accompagné de 3 frégates et d’hélicoptères armées, perçue par une bonne partie de la population comme le début d’une occupation du pays par les américains venus pour appuyer Jovenel Moïse, alors que c’était une simple opération de routine au niveau de la Caraïbe dont Haïti ; durant le séjour de ce bateau dans la rade de Port-au-Prince, la zone de Grand Ravine, de Martissant et de Village de Dieu, dont les bandits ont pris clairement parti contre le pouvoir en place, était étonnamment calme.

(iv)        Le passage de l’émissaire américaine Mme Kelly Kraft en Haïti, ses rencontres avec l’opposition politique et le président J. Moïse et son souhait de voir les acteurs politiques « dépasser leurs différences et de trouver  une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien »[5].

(v)         La résistance du Président J. Moïse face aux assauts de l’opposition, ses diverses interventions dénonçant le « système pezesouse », le même langage que l’opposition, ses actions contre SOGENER, E-Power, les actions de la justice à tort ou à raison contre certains anciens hauts fonctionnaires de l’Etat impliqués dans le contrat avec SOGENER, ses principaux propriétaires, la reprise partielle du contrôle de la rue par la PNH avec l’aide du corps de génie de l’Armée,  et un certain nombre d’initiatives dont  ses actions, en négociation depuis des mois, en faveur (i) de 150 jeunes entrepreneurs à travers le ministère du commerce et de l’industrie (MCI), et (ii) de 49 coopératives de la Vallée de l’Artibonite à travers un crédit  282 M HTG de la Banque Nationale de crédit (BNC) à un taux préférentiel de 6% l’an.

Ces facteurs combinés sont peut-être à la base de cette accalmie observée depuis plus de deux semaines. Il est constaté des embouteillages au niveau de la zone métropolitaine et de certaines grandes villes de province. La communication entre les départements géographique est reprise timidement et prudemment. Car l’insécurité est toujours présente. Un couple français, venu adopter un enfant, a été assassiné ; le député Chéry a été kidnappé à Carrefour Peye et conduit à Savien (Artibonite) et puis relâché par les bandits qui ont confisqué son véhicule. Le maire des Cayes, Gabriel Fortuné, a été pris à Chalon (Nippes) par des jeunes qui ont moins de trente ans, heureusement relâché presque tout de suite, selon ce qu’il a rapporté à Valéry Numa (Radio Vision 2000).

« L’opposition déloyale » vs « La Présidence royale »

L’opposition politique n’en démord pas et ne jure que par la démission du président Moïse. Quant à ce dernier, dans ses diverses interventions, Voix de l’Amérique et autres, il affirme qu’il ne démissionnera pas, et, à chaque sortie, tend la main à l’opposition pour la mise en place « d’un gouvernement d’union nationale ». Il est à remarquer la similitude de langage du président avec Mme Kraft, « inclusion », et avec l’opposition, « changer le système PEZESOUSE ». L’opposition s’enorgueillit de « l’accord inclusif de Marriott » entre les forces de l’opposition.

J’avais appris quand on arrive à une même référence normative interne (RNI), le même langage, on se comprend mieux et on est mieux en mesure de convaincre et de transmettre aux autres sa vision, ses connaissances, et arriver à mieux s’entendre. Dans le cas d’espèce qui nous concerne, il semblerait que les mots n’aient pas la même signification. Si l’on se réfère à Frantz Duval du Nouvelliste, « l’Opposition  déloyale [6]» et « la Présidence Royale[7] », on est loin de sortir de l’auberge haïtienne. En effet, en Haïti, l’opposition dès l’annonce des résultats des élections se met  en bataille rangée pour capoter le pouvoir élu en transgressant toutes les normes démocratiques, et le Président revêt son habit de monarque pour appliquer ses propres règles par rapport aux normes établies. Et nous appuyons pleinement la conclusion lumineuse de Franz Duval : « Les oppositions déloyales sont tout aussi dangereuses que les présidences royales. L’une fait le lit de l’autre avec une régularité consternante en Haïti. » C’est pourquoi, dans le cadre du « peyilok2 », nous nous sommes permis d’écrire, « Des deux côtés, le mal est infini. »[8]

Une entente nationale forcée« un accord politique », « un coup d’Etat de l’opposition politique » ?

La mission politique du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) est en dans le pays depuis le 16 Octobre 2019, pour, entre autres, favoriser le dialogue inter-haïtien. Mme Kraft est venue nous parler d’une solution inclusive. Il est prévu pour le début du mois de Décembre 2019, l’arrivée du 3e personnage du Département d’Etat américain. « Après l’ambassadeur  Kelly Craft, le sous-secrétaire d'État américain aux Affaires politiques, David Hale, numéro 3 du Département d’Etat, devrait conduire une nouvelle mission en Haïti au tout début du mois de décembre 2019 dans le but d’encourager les leaders haïtiens à doter le pays d’un gouvernement fonctionnel, a appris le journal de sources concordantes. Le sous-secrétaire d’Etat David Hale doit rencontrer le président Jovenel Moïse et des leaders de l’opposition, de la société civile, du secteur des affaires. La crise sociopolitique et économique « préoccupe » les Américains qui multiplient leurs efforts pour qu’il y ait un gouvernement avant la Noël, ont indiqué nos sources », a informé le Journal Le Nouvelliste[9].

Allons-nous vers une entente nationale forcée par l’extérieur, « un accord politique », selon ce que suggère le président de la fédération des maires, Jude Edouard Pierre, ou vers un déchoucage de Jovenel, une sorte de « coup d’Etat de l’opposition politique », pour répéter Gabriel Fortuné ? De questionnement en questionnement, on finira par perdre son latin! Ayons toujours à l’esprit quel que soit votre camp politique: Haïti d’abord et avant tout ! (voir les recommandations de l’article du mois d’octobre 2019, réf 4).




[1] Sans même un corridor humanitaire
[2] Même la mère de la première dame est victime de cette situation
[3] PDNA 2017 MPCE.



dimanche 3 novembre 2019

HAITI, « PEYI LOK » 3.1, LE SUMMUM DE L’ENTROPIE POLITIQUE



HAITI, « PEYI LOK » 3.1, LE SUMMUM DE L’ENTROPIE POLITIQUE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
3 NOVEMBRE 2019


Après le Peyi Lok 1, en février 2019, on a eu droit au Peyi lok 2, en juin 2019, et  au mois de septembre 2019 jusqu’à date, c’est le Peyi Lok 3. Dans cet article, nous parlerons de Peyi lok 3.1. C’est comme un logiciel qu’on affine à chaque version. Cette version nous semble être le summum de l’entropie politique haïtienne.

Dans la version du mois de septembre 2019[1], nous avons démontré toute la stratégie mise en place par l’opposition politique haïtienne pour se débarrasser du Président Jovenel Moïse, en obtenant coûte que Coûte sa démission. Et l’ensemble des secteurs organisés sont amenés à l’évidence que le Président devrait partir, pour sauver ce qui peut être sauvé en Haïti, et, aussi, pour éviter d’être une victime expiatoire comme Dessalines, Salnave et Vilbrun Guillaume, tous les trois assassinés au pouvoir.

Comme par magie, malgré une mobilisation dans toutes les grandes villes du pays, une stratégie « Peyi lok » à nulle autre pareille, M. Moïse est encore président d’Haïti. Jusques à quand ? Personne ne sait. Si le Président est encore au Palais, ce n’est pas la faute de l’opposition politique, qui a su non seulement gagner la bataille médiatique, mais aussi et surtout rendre le pays invivable, avec, en plus, par un tour de passe-passe dont elle-seule a le secret, faire passer le Président de la République comme l’unique responsable de cette situation. Inouï !

En effet, le mode opératoire utilisé par l’opposition est le krazebrize. Le pays est bloqué par des barricades. Aucune communication entre la Capitale Port-au-Prince et la province, aucune communication entre les départements du pays, et même entre la plupart des communes et sections communales, sauf dans de rares cas. Le porte-parole de l’opposition, Me Michel André, s’en donne à cœur joie, en incitant la population à monter plus hautes encore les barricades, avec des dérapages au niveau de ces barricades, rançonnement des passants en véhicules, motocyclettes, automobiles, camions de transport. Plus grave encore, ce sont les jets de pierres, les tirs d’armes à feu. Lors des manifestations « pacifiques », les casses de véhicules, de magasins, les attaques de commissariats de police, de tribunaux, d’écoles,  des stations d’essences, de radios, et, qui pis est, des pertes en vies humaines par balles et autres, plus d’une centaine, naturellement attribuées à la Police Nationale d’Haïti (PNH), la seule institution qui fonctionne encore dans le pays. Le seul responsable de toute cette entropie politique est M. J. Moïse, selon l’opposition politique, et personne n’a le droit de penser autrement et surtout de dire le contraire.

Le Président a tenté à plusieurs reprises d’expliquer à la population et à travers la presse, le bien-fondé de sa présence au Palais, la nécessité d’un dialogue inter haïtien pour sortir le pays de cette situation, et, à chaque fois, a réitéré ses appels au dialogue aussitôt rejetés par l'opposition. A chaque sortie, on dirait qu’il jette de l’huile sur le feu. Barikad Pired ! Comme l’opposition et comme il l’a fait à l’Arcahaie, le 18 Mai 2019, en réponse au discours accusateur de la Mairesse de l’Arcahaie[2], il a dénoncé le système et arrêté un certain nombre de mesures à l’encontre de certains acteurs, profiteurs et maitres du système, (casser des contrats d’énergie, engager des firmes d’avocats pour récupérer 123 M d’USD « surfacturés »), passer aux institutions de sécurité publique des instructions pour reprendre le contrôle de la rue. Pourtant, on n’a pas l’impression d’une cassure dans la mobilisation. Au contraire !

En tout cas, chaque axe routier dégagé au niveau de la zone métropolitaine au cours de la nuit, se retrouve barricadé le lendemain. Et les leaders de l’opposition passent de station de radio en station de radio, pour motiver la population et attaquer les mesures adoptées. C’est une véritable guerre psychologique. Entre temps, le pays se meurt. Les barricades fonctionnent à plein régime. Dans la zone de Croix-des-Bouquets, des tirs sporadiques suivis de tirs de gaz lacrymogène vous coupent la respiration, vous font pleurer tant qu’au propre qu’au figuré comme une madeleine. Sortir et revenir n’est pas garanti, de plus, il faut payer votre droit de passage aller-retour à la maison en cas d’extrême nécessité (maladie, récupérer un cousin, un ami à l’aéroport, etc.).

L’inflation passe à 20%, le taux de croissance de PIB est à -1%, le taux de chômage à 66%, selon l’économiste Dr Eddy Labossière. Chaque jour qui passe le pays devient plus pauvre. La situation de l’insécurité alimentaire est alarmante. C’est le cri d’alarme des organisations humanitaires. Les prisonniers meurent de faim, la population également. Les malades ne reçoivent plus de soins, rupture de stocks de médicaments, pénurie de tout, faute de communication entre la capitale et les villes de province. On est en pleine crise humanitaire. Quel sera le prix de ce peyi lok ? En comparaison à l’ouragan Matthew (Octobre 2016), autour de 35 à 50% du PIB de 2018 ? Les études viendront confirmer ou infirmer mon hypothèse.

C’est le contrôle du pays par « djab mele ak bon mas », l’administration ne contrôle rien. Regarder le fonctionnement des barricades ; contrairement à l’affirmation de Me André, ce ne sont pas les pétrochallengeurs qui en ont le contrôle, ce sont, pour la grande majorité, de véritables bandits armés. Trois de mes amis agronomes et ingénieur ont failli y laisser leur peau. L’opposition par l’organe de Me André dit qu’elle circule dans le pays sans aucune difficulté. Elle a pu traverser sans problème une cinquantaine de barricades de Croix-des-Bouquets à Mirebalais, alors que les médecins qui travaillent à l’hôpital de Référence de Mirebalais ont toutes les peines du monde à s’y rendre. C’est le tableau grimaçant de cette entropie politique.

Dans cette bataille rangée entre nous, le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), opérationnel depuis le 16 Octobre 2019, ne se fait pas encore sentir. Les américains regardent d’un œil distrait ce qui se passe dans ce « pays de merde » car le Président Trump est empêtré dans une procédure de destitution votée par la Chambre des Représentant à majorité démocrate. Les pays amis d’Haïti sont plus dans l’expectative qu’autre chose. On annonce l’arrivée sous peu d’un navire hôpital américain dans la rade de Port-au-Prince, on parle aussi d’arrivée d’aide humanitaire doublée d’une aide logistique sollicitée par l’Administration haïtienne auprès de l’Administration américaine, cette aide commencerait à arriver par avions selon ce qui circule sur les réseaux sociaux. Il semblerait que deux autres bateaux américains devraient arriver incessamment. Lors d’une des interventions du Président Moïse, il a parlé d’un programme de 70,000 emplois qui serait en cours dans le pays. Il faudrait arriver à la concrétisation de tout cela pour atténuer cette entropie politique et ses conséquences sur le social et l’économie, qui ont atteint leur summum  à partir de ce Pays Lock 3.1.

Dans l’hypothèse de n’importe quelle solution à l'amorce de la résolution de la crise, il faudrait  (i) mettre en place un gouvernement inclusif, (ii) contrôler la situation d’insécurité, en particulier les bandits au niveau des barricades et dans les zones de non droit, (iii) mettre en place un programme humanitaire d’une durée de 6 mois et à reprendre chaque année jusqu’à atteindre un niveau acceptable d’apaisement social dans le pays, (iv) redémarrer les programmes de développement mis en veilleuse par l’entropie politique tout en les renforçant par d’autres programmes du même genre, (v) préparer et organiser la grande concertation nationale, (vi) amender et/ou élaborer une nouvelle constitution, (vii) Jeter les bases du nouveau système, (viii) préparer et organiser le procès Petrocaribe et les autres procès exigés par la population, (ix), Organiser les élections générales par un Conseil Electoral Permanent, et (x) Mettre correctement en œuvre  le nouveau système pour que, plus jamais,  on ne retombe dans une situation de Pays Lock, avec une entropie politique qui a atteint son summun au cours de cette période sous réflexions et dont la fin est loin d’être prévisible. Que Dieu nous vienne en aide ! Ayez toujours à l’esprit Haïti d’abord et avant tout !

mercredi 2 octobre 2019

PAYS LOCK PHASE 3 : HAITI AU BORD DE L’ASPHIXIE



PAYS LOCK PHASE 3 : HAITI AU BORD DE L’ASPHIXIE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
30 SEPTEMBRE 2019 .Revu le 3 Octobre 2019


On  avait annoncé que le lundi 30 septembre 2019 serait beaucoup terrible que  le vendredi 27 septembre 2019. Tout le monde était sur le qui-vive. Heureusement, c’était moins grave que le 27 septembre. Dieu nous en a préservés.

En effet, depuis environ  trois semaines, le pays est fermé. Rien ne fonctionne. Le gouvernement de Michel, qui a passé l’épreuve de la Chambre Basse, n’a pu se présenter à la Chambre Haute. Les Sénateurs de l’opposition en ont décidé ainsi par des moyens peu orthodoxes, l’invitation de leurs partisans, armés pour la plupart,  au sein du Parlement : la casse des matériels de bureau, l’utilisation par leurs partisans  de matières fécales pour décourager les autres  Sénateurs à participer aux séances programmées et avortées grâce à ces manœuvres.  La dernière séance s’est soldée par des tirs, dont ceux d’un Sénateur proche du pouvoir, le Sénateur Féthière, avec, à la solde, la blessure par balle de deux personnes dont un journaliste photographe, et par un sauve-qui-peut indescriptible des Sénateurs proches du pouvoir sous la pression des partisans des Sénateurs de l’opposition. Le Sénateur de l’opposition, Anthonio Cheramy (Don Kato), en a profité pour lancer une manifestation improvisée, qui a été l’annonciatrice de toutes les autres manifestations durant les trois semaines de pays lock phase 3. Ce pays lock 3 est plus terrible que les deux premiers (Février et Juin 2019), la crise du carburant, entre autres, aidant.

Le Mois de Septembre 2019 est un mois perdu (les économistes nous en diront plus). Durant, la première semaine, l’opposition politique a affiné sa stratégie unitaire dans le département du Centre pour obtenir le « rache mayok » du Président Moïse, le diable personnifié. Le dimanche 8 septembre, c’était le dernier round à Mirebalais[1]. Le 9 septembre 2019, l’UNOH (l’Union des Normaliens Haïtiens), a lancé timidement, à Port-au-Prince, les premières escarmouches. Une huitaine de jours après les premiers mots d’ordre, le pays s’est embrasé de manière progressive jusqu’à la date fatidique du vendredi 27 septembre 2019 et jusqu’à la journée de la peur, de la frayeur du lundi 30 septembre 2019.

Il faut noter qu'avant la date fatidique du 27 septembre, le Président est intervenu pour proposer un ènième dialgue à ses adversaires politiques et un gouvernement d'union nationale. Il a replacé Lapin à la tête d'un gouvernement d'austérité, qu'il a réduit et regroupé autour de 12 ministres, fermant par ainsi la parenthèse du gouvernement Michel. Il a aussi mis à pied le Directeur Général du ministère de l'intérieur, M. Monchéry, et le Délégué Départémental de l'Ouest, M. Duplan, tous les deux indexés dans le dossier du massacre de La Saline.  On dirait que cette intervention et ces mesures ont plutot jeté de l'huile sur le feu.

Pour revenir aux 27 et 30 septembre, il faut signaler que la veille au soir et dans la nuit, les pneus enflammés ont rendu l’atmosphère irrespirable et les fumées des caoutchoucs ont noirci les recoins les plus intimes des maisons situées à proximité des barricades enflammées, les tirs sporadiques ont poussé les familles à se mettre à l’abri dans des endroits les plus surs de leur maison et ont empêché mêmes les plus braves à dormir tranquille. Cela a été un exercice à répétition durant toute cette période. On comprend pourquoi la majorité des haïtiens se sont terrés chez eux .

De plus, les nouvelles sur les réseaux sociaux, à la radio, à la télévision,  ont fait état d’incendies et de pillage de magasins,  d’institutions publiques (postes et commissariats de police,  écoles, etc.), de casse de véhicules,. La circulation était réduite à quelques rares véhicules privés et des motos qui  pétaradaient dès 5h am jusqu’à 7-8h pm, et, souvent tout de suite après leur passage, des tirs, des crépitements de balles. Dans ces conditions, l’école, le commerce, l’industrie, l’administration publique n’ont pas fonctionné. Le pays a été, une fois de plus, une fois de trop, bloqué, sans aucune considération pour les malades, les femmes enceintes (émissions grand boulevard de Radio Caraïbe), les centres hospitaliers, les ambulances (Invité du Jour de Radio Vision 2000), les écoles (certains écoliers ont même  été fouettés selon Rosny Desroches sur Radio Métropole). A noter enfin, aucune liaison terrestre entre les départements géographiques du pays, routes barricadées, pénurie de carburant, de médicaments et autres. Les banques de province sont en panne de liquidités. Que dire des gens qui ne pouvaient pas s'approvisionner en nourriture, soit ils ne pouvaient pas sortir, soit ils n'avaient pas d'argent.  Un tableau très sombre de l'Haïti d'aujourd'hui. Heureusement, on a cette accalmie depuis mardi 1er octobre 2019! Pour combien de temps?

Tout cela pour obtenir la démission d’un Président élu et qui refuse de céder à la pression de la rue. Pour obtenir cette démission, ce déchoucage, l’opposition décide d’asphyxier le pays. Elle est arrivée à faire croire à tout le monde que c’est le Président, le seul responsable de la situation, puisqu’il est un inculpé, un voleur, un mal élu, un incompétent, un arrogant, un assassin. Bref, le diable personnifié. Une fois parti, le pays deviendrait une sorte de paradis. Car, elle promet de mettre en place un gouvernement de transition de trois ans,  qui organiserait la conférence nationale souveraine, le procès PETROCARIBE, et de changer le système peze souse dont Jovenel Moïse est le garant. L'opposition a déjà mis en place sa commission de passation de pouvoir pour recevoir la démission du Chef de l'Etat. Comme ce dernier n’arrive pas, jusqu’à présent, et ce, depuis les 6,7 et 8 juillet 2018, à diriger ni même à contrecarrer les manœuvres de l’opposition, on est amené à croire et à accepter qu’il est le problème, et que la solution passe par son départ. L'appel au dialogue du Core Group fait à l'opposition représentée en la circonstance par M.M. Latortue, Lambert, Leblanc, Mme Beauzile, et à "l'allié rebel" du pouvoir, M. Paul, a été rejeté d'un revers de main, sauf "un départ ordonné et immédiat de Jovenel" pourrait être accepté par l'opposition.

Quand j’ai vu, dans une vidéo, ce jeune homme de 31 ans, père d’un enfant qu’il n’a pu envoyer à l’école faute de moyens, et qui demande un révolver  pour aller tuer le Président, j’ai compris le niveau de haine transmise à ce malheureux. Quand j'ai vu, dans une autre vidéo, certains éléments d'une unité d'élite de la police prendre la fuite devant un groupe de manifestants armés de roches, de batons, etc., et quand j’ai entendu les menaces à peine voilées de certains leaders politiques, et non des moindres, vis-à-vis du Président de la République, j’ai compris que le sort réservé à Dessalines, Salnave, Vilbrun Guillaume Sam, etc., pourrait se répéter. Je suis arrivé à la conclusion que Jovenel devrait partir. Ce serait tellement triste et douloureux de voir ce bon peuple assassiner un Président de la République en plein 21e siècle! Quand j'ai lu la position de certaines institutions religieuses, de la société civile, etc., et quands j'ai lu certains textes de nos écrivains les plus célèbres et ceux de certaines personnalités moins connues, avec des diatribles anti-Jovenel et anti-PHTK, ma conviction s'est renforcée davantage: Jovenel devrait démissionner pour éviter le pire au pays et à lui-même.

En tout cas, le Président, une fois parti ou crucifié (victime expiatoire), les problèmes liés au ravage de ce cyclone politique exigeront des solutions urgentes, des solutions de long terme et la nécessité de mettre en place ce nouveau système (voir Fig. ci-contre ) réclamé par les jeunes de Petrochallengers et toute la jeunesse haïtienne ainsi que par la majorité silencieuse, un système favorisant un équilibre parfait entre les trois pouvoirs d’Etat, un système équilatéral, capable de produire un autre haïtien, en parfaite santé (sécurité alimentaire et nutritionnelle), bien éduqué, vivant dans un environnement régénéré et sécuritaire,  bien équipé (infrastructures bien normées et suffisantes), économiquement équitable et politiquement responsable, avec une gouvernance économique, financière et politique orientée vers le bien-être du peuple haïtien où, grâce à un système judiciaire aussi fort que les deux autres pouvoirs d’Etat, la corruption serait réduite à sa plus simple expression.

Qui est-ce qui va expliquer tout cela au peuple haïtien ? Car, il est beaucoup plus facile pour nos politiciens de se mettre ensemble contre quelque chose ou quelqu’un, de trouver des stratégies pour renverser leurs adversaires politiques par la diabolisation de l’autre, sans aucun égard pour le pays. C’est une constante tout le long de notre histoire de peuple. La bataille pour le pouvoir a toujours été privilégiée par rapport à la bataille pour le développement du pays. C’est pourquoi le résultat est ce qu’il est aujourd’hui. Naturellement, comme l’avait prévu, Fritz Jean[2], c’est Jovenel Moïse qui porte le chapeau, car il a hérité de cette situation et n’étant pas en mesure d’y remédier comme promis (campagne électorale), il en est donc perçu comme le principal responsable, ses adversaires politiques aidant (bâtons dans les roues et bataille médiatique gagnée).

J’ose espérer que, cette fois-ci, mettre Haïti au bord de l’asphyxie pour obtenir le départ du « diable » Jovenel Moïse en vaudrait la peine et déboucherait sur la mise en place de «  la 3e République » pour répéter Michel Soukar, une République plus solidaire, plus égalitaire et plus libre où ses fils et filles vivraient en harmonie les uns avec les autres et en parfait amour les uns pour les autres. Sans déchoucage cyclique. 

Cette République est possible si et seulement si nos hommes politiques actuels, qui se battent pour renverser l’actuelle administration, accusée de tous les maux d’Israël, ne visent pas uniquement le pouvoir pour leurs clans respectifs au détriment de la pauvre Haïti. Si le développement d’Haïti n’est pas vraiment l’enjeu de cette lutte acharnée, alors, mes frères, je vous garantis que vous connaitrez le même sort réservé à votre adversaire (ennemi) d’aujourd’hui et même pire encore. Soyez responsables et ne vous faites pas traités de menteurs à votre tour. HAITI D’ABORD ET AVANT TOUT ! A bon entendeur, Salut !!!



dimanche 8 septembre 2019

HAITI : L’ECOLE PRISE EN OTAGE



HAITI : L’ECOLE PRISE EN OTAGE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
8 SEPTEMBRE 2019

Le pays lock, phase2, dont l’objectif fixé par l’opposition politique a été de forcer le Président J. Moïse à donner sa démission, suite à la sortie, le  31 Mai 2019, du 2e rapport PETROCARIBE, s’est produit à partir du dimanche 9 juin 2019, en pleine période de fermeture des classes et juste avant la période d’examens d’Etat. Si ce n’était l’excellent parcours de l’équipe nationale masculine à la Gold Cup et du Brésil à la Copa América[1], l’opposition politique aurait maintenu la mobilisation jusqu’au départ de Jovenel Moïse du pouvoir, quitte à sacrifier les examens d’Etat programmés pour juillet 2019.

Durant les deux mois de vacance scolaire (Juillet-Aout 2019), toutes les tentatives de mobilisation politique de rue ont piteusement échoué. L’opposition a dû choisir un long moment de  réflexion et l’utilisation de l’opposition institutionnelle (Parlement) pour lutter contre l’administration en place. Ce long moment de réflexion a favorisé la mise en commun des propositions de sortie de crise sans Jovenel Moïse. C’est ce qui a permis la sortie de la proposition consensuelle d’alternative à Jovenel Moïse. Sur cette base, le rendez-vous est pris le 8 septembre 2019[2] pour sa présentation officielle à la nation et le 9 septembre  pour relancer la mobilisation anti- J. Moïse, le jour même de la rentrée des classes, la présence d’écoliers dans la rue étant devenue depuis un bon bout de temps l’indicateur clé de la réussite ou non d’un mouvement politique (grève, manifestation de rue, en général assortie de menaces contre les écoliers[3]).

Depuis 1946 et peut-être avant, l’instrumentalisation de l’école dans la bataille politique est devenue une pratique courante en Haïti (la chute du Président Lescot). Rappelez-vous aussi la chute du Président Magloire. Duvalier père l’a si bien compris qu’il a utilisé tout le système éducatif à son compte, de l’école primaire, en passant par l’école secondaire jusqu’à l’université. Pour rentrer à l’école et à l’université, qui étaient en majeure partie des structures étatique, mises à part certaines écoles congréganistes d’obédience catholique ou protestante et quelques rares écoles privées dignes de ce nom, il a fallu avoir un parrain. Et le parrain était souvent un macoute de renom,  l’exemple de Zacari Delva (parenn), dans l’Artibonite et « leader national » jusqu’à l’arrivée de Jean Claude Duvalier en 1971, en dit long.

Sous le règne de Jean Claude Duvalier, c’était moins strict, d’autant que, face aux carences de l’Etat dans la mise en place des établissements scolaires, le privé va s’imposer dans le système éducatif au point de dépasser l’Etat dans la distribution du pain de l’instruction. Et la dictature veillait au grain pour qu’il n’y ait pas de dérapage. Ce n’est qu’à la fin du règne des Duvalier que les élèves  des Gonaïves et de  Petit-Goâve allaient sonner  le glas du régime par des manifestations de rue soldées par la mort de  la plupart d’entre eux, dont  les plus connus sont les jeunes gonaïviens Daniel Israël, Mackenson Michel et Jean Robert Cius.

Du départ de Jean Claude Duvalier à date, il est devenu légion de voir l’utilisation des étudiants et des élèves dans les luttes politiques. Qui ne se souvient des élèves de ZEL (Zafè Elèv Lekol), des étudiants de FENEH (Fédération Nationale des Etudiants Haïtiens), qui participaient, aux côtés des partis politiques, des syndicats, des associations de la société civile, à toutes les activités politiques. Ils ont poussé même la plupart des élèves à boycotter les examens d’Etat, sous prétexte que la bataille pour le changement, que les politiciens de l’époque menaient,  allait changer la donne politique et, par ainsi, favoriser l’émergence de la nouvelle Haïti.  Les élèves, les étudiants ont bravé l’Armée d’Haïti lors du coup d’Etat contre le Président Aristide et durant toute la période d’embargo (1991-1994). Les politiciens de tous bords ont toujours utilisé les élèves, ou, tout au moins, récupérer leurs mouvements revendicatifs pour régler leurs propres affaires, en écartant leurs adversaires politiques en vue d’accéder au pouvoir. C’est devenu une constante dans le paysage politique haïtien.

Par conséquent, il n’y a rien de nouveau sous le soleil avec les politiciens actuels. Sacrifier l’éducation des enfants est le souci cadet de nos politiciens. Quand ils sont au pouvoir, ils condamnent cette pratique, quand ils sont dans l’opposition, ils la justifient. Car tous les moyens sont bons pour assauter le pouvoir. Cette fois-ci, ils vont encore peser plus sur l’accélérateur puisque le système a atteint ses limites, tenu sous perfusion par ses vrais maîtres et profiteurs, et eux, en bons pères de famille et opportunistes, ils veulent changer le système, tout au moins au niveau du discours, pour permettre à ces enfants d’avoir un meilleur système éducatif, un meilleur système de santé, un meilleur environnement. Tout ce que le régime actuel, le seul profiteur du système, devenu un vrai oligopole corrompu, producteur de pauvreté et gangréné jusqu’à la moelle par « des incompétents arrogants sans décorum », « des menteurs et voleurs », ne peut ni promettre, ni  faire. Donc, un petit sacrifice en plus de nos élèves pour sauver la République, ce n’est pas trop demandé aux enfants, leur avenir en dépend. Mon œil !

A quoi s’attendait-on si, depuis plus de 30 ans, la prise en otage de l’école s’est intensifiée de manière systématique? Si nous nous sommes arrangés pour réduire la qualité de l’éducation? Durant ces trente dernières années et plus, nous avons délibérément choisi de galvauder notre capital humain, en démocratisant l’école haïtienne sans nous soucier de la qualité de l’éducation, en utilisant encore plus l’école dans nos luttes pour accéder au pouvoir, sans penser aux conséquences.

On s’étonne maintenant de l’incompétence qui caractérise les pouvoirs d’Etat, du manque et de la qualité des services fournis par l’Etat, de la médiocrité de la majorité des cadres qui investissent l’appareil étatique et de la laideur du paysage politique actuel! En outre, nos politiciens, au lieu d’innover, de changer de cap dans leur manière d’opérer, s’acharnent sur l’école et sur nos enfants, surtout que, pour la plupart, leurs propres enfants fréquentent de bonnes écoles et des universités à l’extérieur du pays. Le calcul est simple : abrutissez les enfants de l’intérieur, rendez- les encore plus médiocres, au moment opportun, les enfants formés à l’extérieur (fils et filles de nos politiciens, de nos bourgeois, et des couches moyennes) reviendront pour sauver ce qui reste d’Haïti, de notre pays meurtri.

Assez ! C’est la même stratégie pratiquée depuis belle lurette qui nous a valu la situation catastrophique d’aujourd’hui. Il faut changer de disque. Arrangez-vous autrement pour jeter le régime en place et prendre sa place (ôte-toi que je m’y mette), laissez les enfants aller à l’école, même si on sait que seulement 10% de ces enfants ( comme vous et moi, les génies du système éducatif actuel) auront la chance de traverser la grille de ce système éducatif sélectif[4] mise en place beaucoup  plus pour perpétuer le système global actuel, fait de prébendes, de prédations, de corruption, que pour amorcer le développement réel, équitable et durable du pays Haïtien. Il nous faudrait donc la mise en place d’un système équilatéral parfait, issu d’une grande concertation nationale entre nous (les bons et les mauvais, produits du système global actuel). Pour cela, nous devrions penser, à l’intérieur du nouveau système global basé sur un équilibre parfait entre les trois pouvoirs d’Etat[5], un système éducatif susceptible d’absorber la masse de nos enfants ( tenants et aboutissants du nouveau système), et de les éduquer autrement en vue de les voir prendre en charge, dans le futur, notre beau pays d’Haïti, avec une seule finalité, un seul leitmotive : Haïti d’abord et avant tout !!!



[3] Parfois, certains n’hésitent même pas à promettre, sans être inquiétés, la mort aux enfants : « make non yo anba pye yo  pou paran yo ka rekonet kadav yo»
[4] Car chaque individu qui arrive à traverser la grille correctement se croit un ayant droit du système et considère la majorité comme des crétins exploitables à souhait.

lundi 2 septembre 2019

HAITI, CRISES VS CHANGEMENT DU SYSTÈME ACTUEL



HAITI, CRISES VS CHANGEMENT DU SYSTÈME ACTUEL
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
2 SEPTEMBRE 2019
Mis a jour le 4 septembre 2019

Le pays haïtien est entré dans une crise gouvernementale depuis plusieurs mois (172 jours au 3septemebre 2019). Cette crise gouvernementale se perpétue, en aout 2019, avec (i) la mise en accusation du Président, (ii) la situation d’insécurité dans le pays, en particulier au niveau de Martissant et de Carrefour Peye (Artibonite), (iii) le passage du Sénateur Lambert à l’opposition, (iv) la crise sous-jacente du carburant, (v)  l’implication du Sénateur Onondieu Louis, questeur de la Chambre haute, dans une affaire de corruption, selon un rapport de la Fondation Je Klere (FJK) et (vi) la préparation de la reprise de la mobilisation de l’opposition contre Jovenel Moïse pour la rentrée prochaine des classes[1]. Ces 6 faits sont autant de crises dans la crise qui mine le pays à petit feu et qui s’est accélérée depuis les événements des 6,7 et 8 Juillet 2018. Cette accélération a mis à nu les faiblesses du système initié en 1804 et affiné en 1806. Comme on l’a fait remarquer dans l’article du mois de Juillet 2019, c’est un système bancal, en déséquilibre, qui pourrait être comparé à un triangle quelconque en rouge dans le schéma ci-dessous, avec un grand coté représentant le pouvoir législatif, un moyen coté représentant le pouvoir exécutif et un petit côté représentant le pouvoir judiciaire. Ce système est producteur de pauvreté, favorise la corruption, les pratiques de prébendes et s’est transformé ces derniers temps en un véritable oligopole. (Voir figure 1)

C’est dans ce système à bout de souffle, qui est tenu sous perfusion par ses vrais maitres et profiteurs, que nous évoluons. La ratification du nouveau premier ministre nommé Michel devra se faire dans le cadre de ce système pour permettre au pays d’avoir un semblant de fonctionnement. Malheureusement, l’opposition politique, qui lie malignement le système à  la présence de Jovenel Moïse au Palais, fait tout pour bloquer cette ratification, une manière de complexifier davantage la situation du pays en vue pousser la population à la révolte, faute d’un minimum de services de la part du gouvernement.


La mise en accusation du Président Jovenel Moïse, une sorte de perte de temps

La ratification du gouvernement de Michel n’a donc pu avoir lieu ; le Parlement, en particulier la Chambre des Députés, à partir des exigences d’une vingtaine de députés de l’opposition politique dite l’opposition institutionnelle, a préféré prioriser la mise en accusation du Président de la République, Jovenel Moïse. C’était le principal fait saillant du mois d’Aout 2019, mis à part le remplacement de Michael GEDEON par Normil Rameau à la tete de la Police Nationale d'Haiti (PNH). L’actualité était principalement dominée par cette mise en accusation. De séance en continuation en séance en continuation, cette mise en accusation s’est soldée, comme l’avait prévu le Député Rolphe Papiillon de Corail, le 9 Juillet 2019[2], par 53 votes contre, 3 votes pour et 5 abstentions. C’était une sorte de perte de temps, car on savait que cette mise en accusation, pour être valide, devrait avoir l’aval de 2/3 de la Chambre Basse (80 députés). Donc, avec la majorité relative dont dispose le Président de la République, il n’y avait aucune chance pour que cette mise en accusation aboutisse. En tout cas, à quelque chose malheur est bon, on a pu apprendre que c’était une pratique courante tout le long de notre histoire de peuple, de Toussaint Louverture à Jean Claude Duvalier, en passant par Alexandre Pétion et autres, grâce à l’ancien ministre de communication, journaliste et historien, Ady Jean Gardy, dans une émission Le Point de Radio Métropole[3] animée par Wendell Theodore. Donc, « il n’y a rien de nouveau sous le soleil », selon Ady Jean Gardy. « L’histoire est une racine sans fin » a conclu Ady Jean Gardy, citant Toussaint Louverture.

La situation d’insécurité est montée d’un cran

Entre temps, le pays fonctionne avec deux gouvernements, et deux premiers ministres, Lapin et Michel. Pour être plus clair, le pays n’a pas de premier ministre, car  il ne fonctionne pas du tout. La crise persiste. Durant toute la période des séances de mise en accusation, la situation d’insécurité est montée d’un cran. La zone de Martissant, de village de Dieu, et même de Bicentenaire à quelques encablures du Parlement,  se retrouve, de manière sporadique, sous les feux nourris des armes des bandits, et le Parlement sous la pression des partisans de l’opposition politique, voulant, à tout prix, forcer les députés à mettre en accusation le Président de la République. Les partisans de Arnel Joseph, dont le cas est remis à un juge d’instruction, ont défilé, sans inquiétude, dans la ville de Marchand-Dessalines, et les partisans d’un autre chef de Gang, surnommé Odma, ont, au niveau de Carrefour Peye, criblé de balles un bus faisant le trajet Desdunes-Port-au-Prince, dont un des passager aurait reçu une balle au cou sans mettre sa vie en danger ; cette information est rapportée par le Député de Desdunes.

Le remaniement forcé du Gouvernement du PM Michel[4]

En outre, le gouvernement Michel a dû être remanié puisque la commission de la Chambre Basse a relevé des irrégularités dans les dossiers de 4 ministres, deux ont officiellement donné leur démission, Marjorie Alexandre Brunache  des Affaires étrangères, et Pradel Henriquez de la communication et de la culture. La présidence a pris un autre arrêté pour changer les ministres démissionnaires et d’autres ministres dont les dossiers ne sont pas corrects aux yeux de la commission de la Chambre Basse. Ce nouvel arrêté présidentiel devrait, en principe, relancer la question de la ratification de la politique générale du Premier Ministre Michel au niveau de la Chambre Basse. Rien n’est encore sûr, d’autant que deux commissaires de l’opposition n’ont pas signé le rapport d’analyse des pièces des membres du nouveau gouvernement. Avec la majorité relative du Président Jovenel Moïse au niveau de la Chambre Basse, la ratification du PM Michel devrait être une simple formalité au cours de la séance prévue pour le mardi 3 septembre 2019[5]. Là encore, rien n’est sûr. Aux dernières nouvelles, Il a passé  haut la main le cap de la Chambre Basse avec 76 deputés pour et 3 abstentions. Il ne lui reste que le Sénat. D’autant que, avec le passage du Sénateur Lambert à l’opposition, justement parce que le Président a choisi Michel à son détriment sans même une excuse préalable, Lambert a prédit un mauvais sort à Michel au niveau de la Chambre Haute. Et, pour une raison ou une autre que le commun des mortels ignore, le Président de la Chambre Basse, M. Bodeau, avait menacé (bien avant le vote du 3 septembre), lui aussi, de passer à l’opposition. Que se passait-t-il ? N’est-ce pas ce même M. Bodeau que la rumeur prétend être le vrai patron du PM Michel ? On nage donc en pleine comédie. Et le pays se meurt.

             Le Sénateur Onondieu Louis serait impliqué dans un scandale de corruption

Pour comble de notre malheur, un autre scandale vient assombrir le Parlement, en particulier la Chambre Haute, une fois de plus, un Sénateur, proche du pouvoir, Onondieu Louis, serait impliqué dans une affaire de corruption. Des gens proches du Sénateur auraient échangé près de 29 millions de gourdes en provenance du Trésor Public, selon la FJK. Après l’implication du Sénateur Gracia Delva dans le cas d’Arnel Joseph, ce cas d’Onondieu Louis, qui s’est naturellement défendu d’être impliqué dans une quelconque affaire louche, a défrayé la chronique. Le Sénateur Patrice Dumont est monté au créneau pour demander au Président du Sénat, Dr Carl Murat Cantave, de sévir contre le Sénateur Louis et contre une dame qui travaille au Senat et qui serait impliquée dans toutes les magouilles à la questure. Toutes ces histoires ternissent davantage l’image du Parlement, qui, de haut en bas, laisse l’impression de se foutre pas mal du sort du peuple haïtien pour lequel les sénateurs et les députés disent tous se battre. Quel drôle de façon de se battre pour un peuple aux abois.

La crise du carburant… en passe d’être atténuée

D’un autre côté, le pays fait face, de manière sporadique, à une crise de carburant. L’Etat haïtien aurait des dettes estimées à plus de 8 milliards de gourdes vis-à-vis des compagnies pétrolières. Malgré  une avance de 2 milliards de gourdes sur la dette, la situation est loin de se résoudre. L’Etat n’a plus les moyens de subventionner le carburant comme il le fait actuellement. A titre d’exemple, sur chaque gallon de gazoline vendu, l’Etat perd 71.77 G, a-t-on appris sur Radio Métropole, où participaient à une émission Le Point[6], un expert en énergie, le président de l’ANADIP (Association nationale des distributeurs de produits pétroliers) et l’économiste Etzer Emile. Et politiquement, il ne peut pas ajuster le prix. A chaque fois, il y a une petite cargaison qui arrive, elle n’arrive pas à couvrir les besoins de la population qui consomme 12000 barils de diesel, 5000 de gazoline et 3000 de kérosène par jour. Ces derniers temps, on enregistre de longues files de véhicules dans les stations d’essence et aussi un marché noir du carburant. Les stations d’essence fonctionnent 1 jour sur 3. Il semblerait que le problème serait en voie de résolution s’il faut se fier à la déclaration de M. Ignace St Fleur, responsable du bureau de monétisation (BMPAD), 258,000 barils seraient disponibles[7]. Une sorte de palliatif pour atténuer la situation. Que faire pour résoudre définitivement le problème? Il faudrait réorienter la subvention vers le transport en commun, augmenter le prix du kérosène  tout en subventionnant les lampes solaires, tout en ajustant de manière progressive les prix,  augmenter le prix du diesel en le mettant au même niveau que la gazoline, changer la structure énergétique 2030-2040, tout ceci devrait être accompagné d’un travail d’information  et de sensibilisation, car, à cause même de la subvention actuelle, l’Etat n’arrive plus à faire des investissements sérieux dans le pays.

Relancer la mobilisation pour obtenir le « raché manyok » de Jovenel Moïse

Enfin, le forum 4 JE KONTRE de l’opposition politique, qui s’est tenu au Plateau Central, a décidé de relancer la mobilisation pour obtenir le « rache manyok » de Jovenel Moïse et du régime PHTK, le renvoi du Parlement, la mise en place d’un gouvernement de transition pour 3 ans, la réalisation de la conférence nationale, l’organisation du procès PETROCARIBE. On serait donc revenu en 2004. Le malheur de ce pays serait le régime en place, responsable de tous les maux du pays. Tout va se faire contre le PHTK comme en 2004 contre Lavalas, avec quelques nuances. L’administration de transition remplacerait- elle tout simplement l’administration actuelle ? Pour la feuille de route de la nouvelle administration, où est-ce que l’administration de transition trouverait-elle les moyens ? Où trouverait-elle sa légitimité pour convaincre la communauté internationale de lui venir en aide[8]? La conférence nationale serait-t-elle inclusive ? Le procès Petrocaribe serait-il équitable ou une simple mise en accusation du régime PHTK ? Quid du changement du système ? Autant d’interrogations qui laissent perplexes les observateurs avisés de la politique haïtienne.  Il nous faut trouver entre nous un terrain d’entente, car nous sommes avant tout des haïtiens.  Je ne comprends pas pourquoi des haïtiens, qui clament partout ils sont prêts à se sacrifier pour sauver Haïti, n’arrivent pas à s’entendre entre eux au nom de notre pays meurtri. Pour changer le système, il faut la participation  de tout le monde. Sans exclusive !

VISION : Haïti pays émergent en 2040 et phare du monde en 2054

En tout cas, l’une des leçons apprises de la situation du pays depuis le 17 octobre 2018[9], il faut changer radicalement notre manière d’agir. Il faudrait rééquilibrer le système par la mise en place d’un triangle équilatéral en rouge dans le schéma, avec le pouvoir judiciaire à la base, et les deux autres pouvoirs constituant les deux autres côtés. Le cercle Haïti serait circonscrit autour de ce triangle parfait. C’est pourquoi je qualifierais ce nouveau système, de système équilatéral, et que j’inventerais le concept « Equilatéralité du Système », voir FIG 2 : le schéma ci-dessous.

Il faut donc nous entendre pour (1) changer le système actuel, (2) favoriser l’émergence de ce système équilatéral avec un équilibre parfait entre les trois pouvoirs d’Etat, et (3) l’articuler autour de  (i) l’humain haïtien comme tenant et aboutissant du processus de développement, (ii) son système socio-culturel, (iii) son système environnemental et naturel, (iv) son système infrastructurel, (v) son système économique et financier, et  (vi) son système politique/gouvernance. La combinaison de ces six (6) axes fondamentaux déboucherait, selon la FONHDILAC[10], sur 36 éléments de développement devant faire de notre pays une Haïti émergente à l’horizon 2040 et phare du monde en 2054, l'année du 250e anniversaire de notre indépendance; une Haïti choisissant l’option  pro-croissance et en mesure de créer des emplois durables et de la richesse à distribuer équitablement, favorisant un vivre ensemble entre tous les Haïtiens sans exclusive, qu’ils soient de la diaspora ou de l’intérieur du pays,  une Haïti s’inspirant des modèles de la Scandinavie et du Rouanda, et, enfin, une Haïti orientée vers un développement durable à visage humain. 









[1] Il est à remarquer que la mobilisation contre l’administration en place s’est estompée avec les examens d’Etat  (fin juin 2019) et sera relancée à la réouverture des classes (début septembre 2019), simple coïncidence ou un complot contre l’éducation ?
[2] https://www.youtube.com/watch?v=jGpa6HymVbI, Pulsations Magazine du 9 Juillet 2019, Télé Pluriel, émission animée par la journaliste bien connue, Marie Lucie Bonhomme.
[3] https://www.youtube.com/watch?v=h4qOc7E_vkc, Le Point, Radio Métropole, 7 Aout 2019.
[8] Malgré la relative légitimité de l’administration actuelle (un président élu, un parlement élu), elle n’arrive pas à avoir accès à des fonds de la FMI, de Taiwan, faute d’un gouvernement légitime puisque non encore ratifié par le Parlement.