UN BILAN MITIGE DANS LA
CONTINUITE DE L’ETAT ET DANS UNE CONJONCTURE ECONOMIQUE DIFFICILE (?)
JEAN
ROBERT JEAN-NOEL
31 MAI
2013
Le mois de mai 2013
ramène un double anniversaire, le 1er anniversaire du gouvernement
dirigé par le Premier Ministre Lamothe et le 2e anniversaire de
l’administration du Président Martelly. Etait-ce déjà l’heure du bilan ?
Il est difficile d’évaluer correctement le bilan d’une administration après
seulement deux ans de gouvernance. En tout cas, en décembre 2012, nous avons
tenté d’évaluer le travail de cette administration en nous appuyant sur
certaines informations (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html).
Cette tentative de réaliser ce travail
bilan qualifié de mitigé sur le plan microéconomique demeure valable jusqu’à
date. C’est à se demander que cherche le couple Martelly-Lamothe en présentant
un bilan de l’administration au cours d’une année électorale et après la
démonstration de force de LAVALAS lors de la convocation du 8 mai 2013 de
l’ex-Président par la justice dans l’affaire Jean DOMINIQUE? Etait-ce
nécessaire de faire la fête pour la présentation d’un bilan de 2 ans dans une conjoncture économique qui aurait dû être
d’austérité ? Cet article : « Un
bilan mitigé dans la continuité de l’Etat et dans une conjoncture économique
difficile (?)» essaiera de fournir un éclairage objectif sur la
conjoncture haïtienne de ce mois de mai
2013 un peu particulier avec une série de faits habituels, traditionnels et exceptionnels,
des conclusions appropriées et des perspectives sous forme de conseils.
1- Les déplacements quasi mensuels des hauts dignitaires de l’Etat
Le président en Equateur et aux Caraïbes
Mensuellement, Haïti est habituée depuis
l’arrivée au pouvoir de M. Martelly aux déplacements de ses hauts dignitaires à
l’étranger. Ce mois-ci, le Président a
été en Equateur pour participer à l’investiture du Président Correa pour un
nouveau mandat, qui lui-même était en Haïti le mois dernier, et visiter les 49 jeunes haïtiens en formation
militaire en Equateur, selon une note de la présidence. Le
président Rafael Correa a remporté l'élection présidentielle de février 2013 avec
57% des voix et son parti Allianza Pais près des ¾ des sièges au Congrès face à
une opposition divisée. M. Martelly s’est ensuite rendu aux
Caraïbes dans son rôle de Président de la CARICOM pour signer l’accord cadre sur le
commerce et l’investissement (TIFA) avec Joe
Biden, le Vice-président Américain.
Le Premier Ministre à Cuba et au Brésil
Quant au Premier Ministre LAMOTHE, après
le voyage aux USA le mois dernier, il a été à Cuba avec une délégation de haut
niveau composé, entre autres, du Ministre de l’agriculture, Thomas JACQUES, du
Ministre à la Paysannerie, Mme Mimose FELIX pour renforcer les liens de
coopération avec ce pays en matière d’agriculture, de pêche, de santé, d’alphabétisation,
des travaux publics (Réf. http://www.haitilibre.com/article-8582-haiti-cuba-fin-de-la-visite-officielle-du-premier-ministre-lamothe.html).
Il s’est par la suite rendu au Brésil accompagné du Ministre chargé de l’énergie,
René JEAN-JUMEAU, d’hommes d’affaires haïtiens, MM. Mevs, Bigio, Poitvien,
Apaid, pour inviter les brésiliens à venir investir en Haïti toujours
« open for business » et aussi pour renforcer la coopération
haïtiano-brésilienne en matière d’investissements, de tourisme, de transport
aérien, etc. « Le Chef du Gouvernement a fait savoir que
le maire de São Paulo avait manifesté son intérêt de collaborer dans différents
services publics dont celui du transport et de la gestion des impôts, annonçant
la signature prochaine d’un accord et la venue en Haïti d’une délégation
brésilienne, rappelant que São Paulo, ville moderne de près de 20 millions
d’habitants, représente 12% du PIB brésilien » (Réf. http://www.haitilibre.com/article-8629-haiti-politique-laurent-lamothe-suscite-l-interet-du-secteur-des-affaires-bresilien.html). Très certainement le mois prochain, on
aurait droit à d’autres déplacements si la tradition se maintient. En tout cas,
ce n’est pas une mauvaise chose, s’il y aura des retombées positives pour notre
pays.
2- Le mois de mai et ses traditions festives
Dessalines : « Coupé tèt boulé kay »,
Martelly : « Ranpli tèt konstwi kay »
Traditionnellement,
en mai, c’est la fête de l’agriculture et du travail qui a été grandiose durant
5 jours à Damien cette année malgré l’absence du Ministre Jacques qui a été à
Washington, à la Banque Mondiale, pour négocier des fonds en relation avec les
risques et désastres ; la participation populaire a été extraordinaire.
Dans son discours le Président Martelly s’est fermement engagé derrière le
programme triennal de relance agricole. « La célébration de la
Fête de l'Agriculture et du Travail ce 1er Mai 2013, est l'occasion pour mon
Administration de renouveler son engagement à appuyer les efforts de toutes les
institutions concernées afin de transformer le secteur agricole en Haïti ». En clair, l’administration Martelly mettrait les moyens à la
disposition du ministère de l’agriculture pour la mise en œuvre de cet
ambitieux programme. C’est la fête du drapeau où le Président en a profité
pour paraphraser différemment le fondateur de la patrie haïtienne : « Mais aujourd’hui pour gagner la bataille contre le chômage,
l’insécurité, la faim, l’analphabétisme, (…) il s’agit de construire des
maisons et remplir des têtes ».
« Livres en folie » et le Professeur Manigat
C’est ”Les livres
en folie ” depuis 19 ans cette année avec comme invité d’honneur, Lionel
Trouillot, « l’enfant terrible de la littérature haïtienne ».
Cette année, il y a 1436 titres exposés et 129
auteurs en signature dont des étrangers. « Livres en folie » se déroule
en même temps dans 16 villes. Parmi les titres, « L’Histoire comme
passion, Mélanges offerts à Leslie F. Manigat », sous la direction de Cary HECTOR, a été consacrée à L. F.
Manigat. Pour bien comprendre cet hommage au professeur, visiter ces liens
(Réf. http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=117257#.UaSWd_cLcqU.facebook,
http://www.radiotelevisioncaraibes.com/opinion/merci_professeur_manigat.html)
. La participation a été énorme, environ 16,000 personnes. (Ref.http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=117458).
Le 2e anniversaire de l’administration Martelly
Depuis 2 ans, c’est
l’anniversaire de la prise de pouvoir du Président Martelly. Ce 2e anniversaire a été grandiosement fêté aux
Champs de Mars avec la présence des partisans du Président Martelly en rose en
blanc. C’était naturellement l’occasion pour l’administration de Martelly de se
donner un satisfecit de réussite. Est-ce une réponse à cette manifestation lavalassienne
du 8 mai 2013 avec la participation des parlementaires pro-LAVALAS? Ceci
augure-t-il pour les prochaines
élections un deux camps entre les aristidistes et les martellistes? Comme par
hasard, les députés de la majorité
présidentielle étaient là pour illustrer le bilan du gouvernement
circonscription par circonscription. Et l’un d’entre eux était tellement
content qu’il a fait la génuflexion devant le Président.
Une interprétation exagérée d’un geste plutôt banal
L’interprétation de
ce geste par certains observateurs, surtout ceux en opposition à l’administration
Martelly, c’est le Parlement qui se serait agenouillé devant l’Exécutif. Je
comprendrais qu’on parlerait de la population de Ouanaminthe et même de la
majorité présidentielle fragile au Parlement qui se serait symboliquement
agenouillée devant l’Exécutif mais pas du Parlement qui est composé de la
Chambre Basse et du Sénat dont la plupart des éléments sont des farouches
opposants au Président de la République. Pour preuves, le Parlement vote très
peu de lois soumises par l’Exécutif, agrée très peu de postulants ambassadeurs
proposés par l’Exécutif, bloque même certaines initiatives de l’Exécutif et ne
prennent pas trop d’initiatives si ce n’est en général contre l’Exécutif. Certains
observateurs parlent même de « dictature parlementaire » depuis
l’arrivée de Martelly au pouvoir. Alors comment peut-on qualifier ce geste de
soumission du Parlement à l’Exécutif? C’est tout simplement de
l’exagération ! Comme a dit l’autre, « celui qui n’a pas son Luckner
Noël lui jette la première pierre ». En tout cas, quand l’Ex-Président,
Bill Clinton, a fait ce même geste l’année dernière vis-à-vis du Président
Obama, on n’avait pas crié au scandale. Déjà la cohabitation entre le Parlement
et l’Exécutif est très difficile. Alors évitons d’antagoniser davantage la
situation entre les deux pouvoirs d’Etat et de les faire échouer. Si le bilan
Martelly est mitigé, celui du Parlement est pitoyable. C’est le pays qui perd
et rien d’autre! Soulignons que toute
politique législative découle de la politique générale du Premier Ministre.
(Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html).
Rappelons que le bilan d’une administration quelconque, c’est le bilan de l’Etat ;
il concerne les trois pouvoirs le constituant et se fait toujours selon le
principe de la continuité de l’Etat.
Un bilan à l’aune de la continuité de l’Etat
Pour revenir au
bilan lui-même qui n’en est pas un à proprement parler, il faut dire que pour
l’opposition rien n’a été fait. Ce sont les actions entreprises par le
Président Préval – qui n’a rien foutu selon la plupart des membres de cette
même opposition - qui sont inaugurées par le Président Martelly. Ce n’est pas
tout à fait la vérité. De même, nous ne pouvons pas accepter non plus que l’administration
Martelly a fait davantage en deux (2) ans
que les autres administrations gouvernementales en 25 ans! La vérité, elle est
au milieu.
L’administration
Martelly a des actions propres à elle en ce qui concerne surtout le social et
certaines infrastructures. Dans le domaine des infrastructures qui prennent
beaucoup de temps avant leur achèvement et leur utilisation, c’est la
continuité de l’Etat qui a joué en grande partie en faveur de M. Martelly. Par
exemple, les complexes administratifs, dont celui du Cap-Haïtien qui vient
d’être inauguré par le Président Martelly et le Président de la BID, ont
démarré sous le gouvernement de transition (Réf. Georgemain Prophète, mai 2013).
Il en est de même de la route Croix-des-Bouquets-Mirebalais-Hinche. Le
Président Préval a continué l’œuvre de l’administration Alexandre-Latortue. Le
Président Martelly a complété ces travaux. Il en est de même pour la route
Port-au-Prince-Gonaïves. La partie qui est totalement à l’actif du Président
Martelly, c’est la réparation du tronçon Gonaïves-Cap-Haïtien. Un autre
exemple, la route Miragoâne-Petit Trou de Nippes en construction, c’est l’œuvre
de l’administration Préval qui sera complétée par l’administration actuelle. Il
faut souligner que certaines actions en relation avec l’Etat de droit et autres
remontaient au gouvernement de transition (réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/05/en-forgeant-la-transition.html).
Par contre, les
actions qui sont menées au niveau de certaines
villes de province, les logements sociaux, les actions relatives au
programme EDE PEP, à la reconstruction des bâtiments administratifs sont en
majeure partie à la charge de l’administration de Martelly. Il en est de même
pour les actions liées aux campagnes agricoles, programme post-cyclonique Isaac
et Sandy. Le programme triennal de relance agricole 2013-2016, un très bon
programme à l’actif de l’actuelle administration, se base sur la politique de
développement agricole 2010-2025, le plan national d’investissement agricole
2010-2016 et le plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle
2010-2025, donc des documents remontant à l’administration Préval. Tout ceci
pour dire qu’aucun gouvernement ne peut prétendre fonctionner en dehors du
principe de la continuité de l’Etat. On peut toujours l’omettre en
communication. Si on dit le contraire en travestissant la vérité, on est en
pleine propagande au risque de perdre toute crédibilité.
Une frontière très mince entre communication et
propagande
A l’actif de l’administration
Martelly, la manière d’agir est différente, en particulier en matière de
communication. Contrairement à ses prédécesseurs, cette administration
communique. Toutefois, la frontière entre la communication et la propagande est
très mince. Par exemple, l’achèvement de certains travaux par l’administration
Martelly est une bonne chose, c’est la mise en pratique du principe de
continuité de l’Etat. Le dire c’est la communication ; s’en attribuer l’entière
réussite (le mérite), c’est de la propagande. Et puis, un bilan c’est le taux de réalisation
par rapport à la prévision. En ce qui concerne le développement d’un pays, le
bilan est physico-financier. Qu’est-ce qui est réalisé ? Dans quel délai ?
Et avec quel coût? C’est la trilogie de la performance globale. Toute bonne performance
nécessite un équilibre entre ces trois éléments fondamentaux de la gestion,
surtout quand on est dans une conjoncture économique difficile perturbée par
des faits exceptionnels et inquiétants.
3- Les faits exceptionnels et les inquiétudes de la conjoncture économique
Exceptionnellement,
c’était la convocation de l’Ex-Président Aristide dans le cadre de l’affaire
Jean DOMINIQUE et sa démonstration de force dans le cadre d’une manifestation
monstre en pleine année électorale et « sans violence » si ce n’est
l’arrachement au passage de quelques photos de MM. Martelly et Lamothe et le
mauvais quart d’heure que certains manifestants ont fait passer à un
journaliste de Radio-Télé Guinen (Réf. Note de presse ANMH). C’était le
lancement du Cadre de Coopération de l’Aide Externe au Développement (CAED)
avec ses 32 membres (16 haïtiens et 16 étrangers) en remplacement de la fameuse
CIRH qui a fait couler beaucoup d’encre de 2010 à 2012 (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/07/haiti-reconstruction-la-cirh-et-le.html
). C’est le démarrage tardif de la
saison pluvieuse cette année. Les
premières grosses pluies ont causé des inondations dans la zone métropolitaine,
en particulier à Tabarre, Plaine du Cul de Sac, mais aussi à travers certaines parties du pays troublant la
situation des usagers de la route (en
terre battue) des zones rurales du pays.
Une conjoncture économique inquiétante ?
La gourde donne des
signes d’inquiétude par rapport au dollar (1 USD autour de 44 HTG). Le taux d’inflation
est de 7.3% en glissement annuel au mois
d’avril 2013, alors que les hypothèses du ministère de l’économie et des
finances (MEF) étaient autour de (i) un taux de change de 42 HTG pour 1 USD, et (ii) un taux d’inflation confiné entre 6 et
7% (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/12/haiti-bilan-2012-et-perspectives-2013.html).
La BRH a constaté une diminution de 1% des importations, une augmentation de 19%
des exportations et une croissance de 8% des transferts de la diaspora. Le
Gouverneur de la BRH, M. Castel, rassure en insistant sur les réserves de
changes brutes de l’ordre de 2 Mrds d’USD et nettes de 1.2 Mrds dont dispose la
BRH, et des instruments qui sont actionnés pour stabiliser le marché des
changes dont 15 M d’USD sont injectés sur le marché dans cette perspective.
Pourtant, certains analystes économiques et financiers, dont M. Charlmers,
s’inquiètent ainsi que le Président de la Commission des finances du Sénat, M.
Privert, en évoquant le déficit budgétaire, la baisse des recettes fiscales, en
insistant sur la dépréciation de la gourde. C’est aussi la position de Frantz
Duval du journal Le Nouvelliste dont l’inquiétude s’articule autour de la
dépréciation de la gourde par rapport au dollar qui pourrait contribuer dans
les prochains mois à augmenter la vie chère. Selon la
BRH, «La hausse du taux de change
s'explique d'une part par l'augmentation de la demande de dollar telle que
reflétée par la hausse du volume de transactions sur le marché des changes
combinée à un déficit de l'offre de devises. D'autre part, le taux de change a
subi l'influence des anticipations négatives de la part des agents économiques,
lesquelles ont été alimentées par certaines rumeurs fantaisistes ». Plus
loin, la BRH concède :
«L'incertitude générée par la situation socioéconomique et politique a
contribué au renforcement de la préférence des agents économiques pour la
devise américaine dans la constitution de l'épargne de précaution alors que,
parallèlement, l'utilisation du dollar pour le règlement de certaines
transactions à l'étranger a augmenté.»
Pour expliquer le déficit budgétaire,
contrairement à certains analystes qui y voient un gaspillage des deniers
publics par l’administration Martelly, la BRH l’attribue, selon ce que rapporte
Thomas Lalime dans Le Nouvelliste du 27 mai 2013, à des investissements publics : « Parallèlement à la baisse des recettes,
les dépenses publiques ont considérablement augmenté en totalisant 13,4
milliards de gourdes pour le deuxième trimestre 2013, contre 9,8 milliards de
gourdes à la même période de l'exercice précédent, soit une hausse de 37 %. La
croissance des dépenses publiques est en grande partie due, selon la BRH, à la
hausse des dépenses d'investissement évaluées à 3,11 milliards de gourdes. En
comparaison au deuxième trimestre 2012, les dépenses d'investissement affichent
une croissance de 131 %. Ces dépenses sont réalisées dans le cadre de la mise
en œuvre de projets dans le domaine de l'éducation, des infrastructures
sanitaires et routières et de la reconstruction des bâtiments publics ».
L’inquiétude, c’est l’inflation à venir ?
Mais là où le bat blesse, toujours selon
Thomas Lalime analysant la note de la BRH : « Dans l'ensemble, les opérations financières de l'État pour le
deuxième trimestre de l'exercice fiscal se sont soldées par un déficit du solde
global d'un montant de 3,9 milliards de gourdes. Ce résultat enregistré au
deuxième trimestre 2013 a contraint les autorités fiscales, en plus des
émissions de billets de trésorerie pour un montant de 3,2 milliards de gourdes,
à recourir à un financement monétaire d'un montant de 2,1 milliards de gourdes
au 20 mars 2013, selon la note. Cette dernière phrase, soulignée par nous,
est la plus importante de la publication de la BRH puisque financement
monétaire rime avec inflation, c'est un des rares phénomènes sur lesquels les
économistes semblent s'entendre. Les données utilisées contenues dans la note
datent du 20 mars 2013. Les choses se sont-elles améliorées depuis ? On attend
la note du troisième trimestre fiscal pour le savoir avec exactitude. Le
déficit serait réduit entre-temps à 2,6 milliards, selon le gouverneur. Mais si
les autorités avaient prévu une amélioration significative des finances
publiques, il n'y aurait nullement besoin d'un financement monétaire ».
Pour conclure cette partie de l’article
du mois de mai 2013, faisons appel encore à l’économiste, Thomas Lalime : « La note sur la politique monétaire de
la BRH est claire : Il y a bel et bien un déficit budgétaire et ce déficit est
financé en partie par l'émission monétaire. Serait-ce une exception tolérée une
fois par la Banque centrale ? S'agit-il d'un retour à une mauvaise pratique
abandonnée depuis le gouvernement de transition en 2004? Pourquoi les recettes du
premier semestre de l'année fiscale sont-elles en baisse par rapport à la même
période de l'exercice précédent, malgré l'intensification des efforts du
gouvernement pour augmenter les recettes? Pourquoi les dépenses sont-elles à la
hausse ? Est-ce uniquement à cause des investissements publics dans
l'éducation, la santé et les routes, comme le souligne la note de la BRH? À
quoi servent les investissements publics s'ils engendrent un déficit financé
par la BRH qui engendrera l'inflation et la décote de la gourde ? Aucun agent
économique autre que le gouvernement ne peut répondre à ces questions. »
(Réf. http://lesmeilleurstextes.blogspot.com/2013/05/quand-la-politique-fait-chuter-la-gourde.html).
4- Conclusions et perspectives
La vérité, le bilan
des 2 ans de l’administration Martelly est mitigé. Il s’inscrit dans le
principe de continuité de l’Etat et dans une conjoncture économique qui
pourrait déboucher sur une situation inflationniste plus ou moins maitrisée
depuis le passage du gouvernement de transition (2004-2006). Au cas où cette
hypothèse (inflation galopante) se vérifierait dans les prochains mois, l’administration
Martelly aurait toutes sortes de difficultés à en gérer les impondérables.
Certes, cette administration n’a pas les moyens de son ambitieuse politique
exprimée dans l’énoncé de politique
générale du PM Conille (15 Mrds USD), soit un montant de 3 Mrds/an (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/10/haiti-politique-generale-du-dr-conille.html)
et confirmée dans celui du PM Lamothe.
Mais la solution n’est pas dans la planche à billets qui crée l’inflation, elle
est plutôt dans la recherche de l’équilibre
budgétaire, les négociations sérieuses
avec la coopération internationale Nord-Sud, Sud-Sud comme cette administration
semble le comprendre, et la gestion optimum des maigres ressources du Trésor
Public. Elle est aussi et surtout dans la recherche de bonnes relations entre
les trois pouvoirs d’Etat, l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, dont les
hommes qui intègrent ces structures ne doivent avoir en tête qu’un seul souci, qu'un seul but, qu'une seule finalité,
le développement intégral d’Haïti. D’où l’impérieuse nécessité de faire taire leurs
intérêts claniques, personnels et égoïstes au profit de ceux d’Haïti ! Sommes- nous trop petits pour voir aussi
grand?